mercredi 27 juin 2012

CAPI N°40 juil-août 2012 - L'OTAN

Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°40 GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE, Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ; Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires. L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique. Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com; CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle - SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE, Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ; Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires. L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique. Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com; CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle - SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ? N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP. N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1) N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2) N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1) N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité. N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet. N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007" N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ? N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne. N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention. N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide. N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions. N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles). N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation N°24 – Nov.-Dec.09 : Les Etats Modifiés de Conscience (extase, possession, hypnose et zen) N°25 –Janv-Fev 2010 La matière, le vide, la nature, l'éducation N°26 – Mars-Avril 2010 L'intelligence des femmes N°27 - Mai-Juin 2010 L’imaginaire, le symbolique et la réalité sociale N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative N°30 – Nov-dec10 : Les sans-papiers N°31 – Janv-Fév 11 : le couple et l’institution du mariage (Médiation couple - opus 2) N°32 – Mars –avril 11 : La psychologie systémique et le chamanisme N°33 – Mai-juin 11 : Vers une éthique sociale contre les barbaries N°34 – Juil-Août11 : Nous sommes tous contre le fascisme. N°35 Sept-Octobre 11 : le méta point de vue et le non-agir. N°36 Nov. Dec. 11 : Fidélité et soumission. N°37 Janv-Fev. 2012 : L’autonomie et l’émancipation des femmes au tiers-monde (1ère partie) N°38 Mars-avril 2012 : L’autonomie des femmes au Mali (2ème partie).La faim ou la fin : l’humanité en péril N°39 Mai-juin 2012 : L’excision au Mali (3ème partie) N°40 Juil-Août2012 : En Belgique, il pleut, l’OTAN n’est jamais beau ! CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°40 CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle – Philosophie sociale : En Belgique, il pleut, l’OTAN n’est jamais beau ! 1.Philosophie sociale avec l’Ecole de FRANCFORT En Belgique, il pleut, l’OTAN n’est jamais beau » (slogan pacifiste) Après KANT et NIETZCHE, la rationalité des procédures par la langage sur une base de scientificité va devenir le socle de la prise en compte d’une proposition sur des critères de véracité (vrai/faux). Toutefois, la phénoménologie et l’historicité des sujets inscrivent aussi le processus de raison dans la temporalité d’une époque. La conscience se concrétise donc dans la pratique du monde vécu ET des incarnations historiques. L’ontologie prend la place de la transcendance. L’anthropologie culturelle et sociale, avec l’action, le corps et le langage, complexifie à son tour l’agir communicationnel. Avec le dernier représentant de l’Ecole de Francfort, Jürgen HABERMAS, il n’y a plus seulement la radicalisation de la praxis (pratique et théorie de Marx) mais aussi l’hypothèse que nos opérations cognitives sont issues du rapport préscientifique de l’expérience vécue (MEAD, DEWEY, PIAGET, VYGOTSKI). Déjà avec la praxis, il ne restait plus de place pour des vérités assertoriques sorties de nulle part (les concepts économiques de la légitimité de l’exploitation des hommes) et occultant les interactions vécues dans un monde de conflits de classes mais symboliquement structuré, en oubliant donc l’intersubjectivité de groupe et l’agir communicationnel. Pour accepter les concepts de valeurs qui nous tiennent à cœur tels l’éthique, la morale sociale, l’individuation de la personne, la liberté et l’émancipation, l’autonomie et l’autogestion, il nous faut retourner dans le temps pour mieux comprendre les mécanismes de la pensée sotériologique judéo-chrétienne et musulmane, en fait, une analyse critique des religions universelles et leurs possibilités polysémantiques avec une herméneutique dépassant la transcendance (SOUFI, KABALLE,…). Si nous ne pensons pas à la genèse de notre socialisation, le lieu d’où nous parlons comme la résistance et la liberté ne sera plus compris par nos jeunes (Les Territoires de la mémoire). Le projet émancipateur d’HABERMAS est de ne pas oublier la lutte contre le fascisme et l’impérieuse nécessité de nous comporter humainement les uns vis-à-vis des autres pour ne pas oublier la barbarie d’où nous venons et qui pourrait renaître de ses cendres (comme l’intégrisme fanatique). Les universaux idéalistes étaient déjà critiqués par HORKHEIMER comme étant une métaphysique trop lisse et complaisante vis-à-vis de la souffrance concrète que provoquent des conditions de vie humiliantes (comme les ghettos du nazisme). Pour illustrer par un exemple récent, une amie anthropologue malienne m’écrivait que SARKOSY devrait être jugé pour crime contre l’humanité. Il est vrai qu’en 2007, KADHAFI a soutenu la campagne présidentielle de SARKOSY, puis investit beaucoup au Mali ; lorsque l’OTAN a attaqué la Lybie (pourquoi pas la Syrie ?), le président malien ATT a témoigné de la solidarité avec le leader libyen et aujourd’hui, on ne compte pas moins de 4 guerres depuis février 2012 : une fraction de l’armée contre les rebelles du Colonel Sanogo, les Touaregs venus du NORD et les bandits d’Al-Qaïda (ALQMI – Al-Qaïda au Maghreb islamique). Nos médias sont étonnement silencieux sur ce qui se passe et sur les mouvements des réfugiés ; ajoutons à cela la prochaine sécheresse avec un embargo des autres pays « aux ordres des américano-occidentaux » et ce sont des milliers de personnes qui mourront de faim prochainement dans l’indifférence générale. Aujourd’hui, il ne faut plus craindre le bruit des bottes mais le silence des pantoufles. L’Ecole de Francfort est une mouvance de la philosophie sociale (comme l’Ecole de Palo Alto pour la psychologie en Californie) luttant contre les dérives staliniennes du marxisme tout en combattant dans le même temps le capitalisme. HORKHEIMER est connu par sa « théorie critique » luttant contre toutes les aliénations. MARCUSE et FROMM sont marqués par le marxo freudisme ; ADORNO, BLOCH et BENJAMIN s’attaquent à la culture de masse dominant l’esthétisme ; ALTHUSSER (France) préconise un marxisme structurel des sciences modernes ; LUKACS, SARTRE et HEIDEGGER veulent pressentir une alternative libertaire et HABERMAS est le petit dernier à produire sur une philosophie de niveau universitaire. Les nouveaux concepts du droit formel bourgeois ont offert au système néolibéral la projection normative d’un ordre politique (globalisation) conçu comme un mécanisme rationnel. La politique se déleste d’une société conçue dans sa complexité, elle se veut scientifique au rabais en oubliant les questions morales pratiques de la légitimité ( l’épistémologie continentale différente de ce qu’elle est en Grande Bretagne : une philosophe des sciences). En fait, ce qui concerne la légitimité des lois, ce sont des croyances élevant un mur doctrinal avec le problème de la rationalité (« En Dieu nous croyons » disent les billets d’un dollar). Par contre, l’anthropologie culturelle et sociale ne fait pas l’économie d’une adéquation (ou non) avec les contextes des mondes vécus par chacun, elle se confronte au spectre entier des manifestations de l’agir social. Pour ses disciplines (sociologie et anthropologie), on ne peut pas évoquer la maximisation des gains ou l’exercice du pouvoir en gommant comme biais les interventions de langage critique des citoyens majoritaires. La théorie de l’action est liée à la compréhension du sens dans l’interprétation. La liberté, ce n’est pas toujours une activité rationalisée par rapport à une fin matérielle. Nous sommes tous rationnels (les humains) mais le savoir peut être critiqué comme insuffisant. Par exemple, les slogans frappeurs des affiches électorales (« Bleu Marine) ne peuvent faire office de programme politique. Notons que lors d’une discussion sereine, nous exprimons des savoirs mais lors de joutes de pouvoir, la majorité de ce savoir est implicite car le candidat s’exprime en termes de but personnel (ou de parti mais personnel tout de même) et non de franche communication de raison. Pour en finir avec les bluffeurs et tyrans politiques, il faut refuser les beaux parleurs qui élèvent la prétention que leur comportement est juste au regard d’un contexte normatif reconnu par leur groupe comme légitime (le bon Aryen) et que leur action est valide/véridique car c’est l’expression de leurs expériences vécues (par exemple comme anciens nazis) à laquelle ils ont un accès privilégié . Notons que ce précepte est tout aussi invalidant pour les tièdes actuels de la social-démocratie de centre (François Hollande et Elio Di Rupo) qui, sans en prendre conscience, font beaucoup pour un retour nostalgique au National-socialisme d’un Hitler idéalisé par des gens déçus par de fausses promesses électorales (les banques d’abord, le bien-être du peuple après). Depuis Lionel Jospin, selon le Monde, les anciens mineurs et les chômeurs du nord de la France votent extrême-droite, un peu comme la Flandre qui avec les séparatistes du N-VA et le Vlaams Belang vote à plus de 50% pour l’extrême-droite sans une étude comparative avec la Grèce asphyxiée depuis deux ans par les mesures d’austérité sans le moindre projet de relance économique . Le seul lien rassembleur, au-delà des normes et du fonctionnement à la croyance en l’austérité, serait d’établir des règles pour un consensus qui reposerait sur la reconnaissance intersubjective d’une vérité bonne pour tous : - Un accord obtenu communicationnellement doit s’appuyer sur des arguments étayés (et non ceux du plus fort) ; - La pratique de l’argumentation renvoie à la raison, à la rationalité ; - La force d’un argument se mesure à la sagesse des raisons sur lesquelles il se fonde ; - Les erreurs sont possibles mais soumises à l’analyse élucidante de l’apprentissage. Une personne dans le domaine cognitif instrumental exprime des opinions fondées et agit avec efficacité, elle sera rationnelle en plus si elle procède également à l’évaluation de ses échecs pour tirer parti de ses fautes et se remettre en question ; - Dans le domaine moral-pratique, la personne qui peut justifier ses actions en référence à un contexte normatif existant, quelqu’un qui ne cède pas à la meilleure offre et ne poursuit pas non plus des intérêts immédiats (d’apparatchik) mais s’efforce de trouver un méta-pont de vie moral et/ou cherche à résoudre la problématique sous un mode consensuel, pratique la démocratie participative. Exemple d’application pratique de la “Théorie critique” de l’Ecole de Francfort : Lettre ouverte au Président du Mali, Monsieur Amatou Toumani TOURE (dit ATT) Liège, le 15 mai 2012 Monsieur le Président, Pendant deux mandats, vous avez assumé les plus hautes fonctions de l’Etat lors de et comme toute personne qui a gouté au pouvoir, vous avez du mal à le quitter, d’où le coup d’Etat du Colonel SANOGO le 22 mars 2012, qui a rendu le pouvoir le 8 avril au Président de l’Assemblée nationale sous la pression d’un éventuel embargo décrété par vos Etats voisins. Monsieur le Président, on n’arrive jamais aux hautes fonctions comme les vôtres par le seul mérite mais grâce à certaines manœuvres et manipulations (En Belgique également). Votre administration est corrompue jusqu’au petit orteil quand le flic d’un carrefour rackette tous les jours le même taximan pour 100 FCFA/jour. A cause de votre soif de pouvoir et de la soif d’argent de l’ensemble de votre administration, votre magnifique pays ne se développe pas depuis l’indépendance (ce qui est aussi le cas de la plupart des pays africains corrompus par les intérêts américano-occidentaux). Votre armée de braves soldats est non payée et non fournie en munition mais elle ne compte pas moins de 80 généraux qui eux, même en surnombre, sont trop payés ! Au-delà de l’insurrection qui plane sur votre pays par votre cupidité pour le pouvoir, votre nation est attaquée par les Touaregs du nord (MNLA) pour former avec d’autres pays du Sahara l’AZAWAD et à l’Est par les bandits de l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) qui, avec les stocks d’armes récupérés en Lybie, pillent les banques et détruisent les administrations de GAO, KIDAL et TOMBOUCTOU. A TOMBOUCTOU, les islamistes profanent également les tombes des saints de l’Islam et le monde entier ne comprend pas ? Je fréquente votre pays depuis 25 ans à peu près, et j’admire la fierté de son peuple cosmopolite et l’ouverture d’esprit de la plupart des habitants avec les toubabou. Malgré la collusion scandaleuse de Nicolas SARKOSY avec KHADAFI pour soutenir sa campagne électorale en 2007 (plusieurs millions d’euros) puis la trahison du nain de jardin qui a utilisé l’OTAN contre la Lybie (alors que le peuple syrien est lui massacré !), la seule chose que j’admire chez vous ATT, c’est votre loyauté vis-à-vis de KHADAFI qui a construit beaucoup d’hôtels et de bâtiments administratifs au Mali. Toutefois, le reste, comme la plupart des leaders, vous avez triché et privilégié sans compter la manne de la corruption en oubliant l’essentiel de votre responsabilité : le développement de votre pays. Même avec ses extravagances à Yamoussoukro, le « Vieux » Houphouët BOIGNY gérait l’économie de la Cote d’Ivoire. Par contre, j’ai beaucoup d’amis maliens (de gauche) qui sont écœurés de vos deux mandats, ils me disent que le pays régresse vers le primitivisme, qu’ils redeviennent les membres d’un pays sous-développé grâce à vous ? Peut être mais pourtant, tout cas vous avez fait voter cette loi qui enfin protège la moitié féminine de votre peuple en interdisant la pratique de l’excision. En cela, dialectiquement, vous avez posé un acte positif, car en tant qu’ami et observateur totalement indépendant des mœurs de votre pays, je constate dans la 8ème région et dans les villages DOGON et BAMBARA que la plupart des femmes d’aujourd’hui se définissent courageusement contre ces pratiques barbares et sanglantes handicapant ou tuant de nombreuses fillettes. Mais Voila, par la faute de votre soif du pouvoir, les bandits de l’AQMI, des fanatiques islamistes faisant honte au monde musulman vont peut-être imposer à votre pays un recul vers le Moyen-âge comme en Iran ou en Afghanistan. L’injustice fondamentale faite à votre peuple et que vous n’avez pas combattue est dans la scolarité laïque de votre jeunesse : pour un enseignement supérieur égalitaire et de qualité quels que soient les sexes. Bien sûr, je vois au Mali des petites filles à l’école et puis, lorsque les femmes de la famille leur demandent d’aider en cuisine, elles abandonnent leurs devoirs scolaires et ainsi ensuite leur espoir d’avoir un jour un diplôme déterminant. Votre pays est pauvre mais il était juste ; or, avec l’AQMI, il va devenir aussi obscurantiste que l’Afghanistan avec les Talibans. Les américains sont certes honnis par vous comme par nous pour leur non respect des différences culturelles ; ils se retirent après avoir déstabilisé l’Afghanistan (le Vietnam et l’Irak ne leur ont pas suffi) et déjà en Afghanistan 300 écoles ont été fermées aux filles. Dans le nord, il y a 95% d’illettrés mais pour le Parlement afghan, il faut un quota d’un tiers de femmes…alors que la plupart sont analphabètes ? Nous mêmes, avant les guerres mondiales, nous voulions tout le pouvoir au peuple mais après avoir compris que la SUISSE avec sa culture des « votations » dites démocratiques était le pays le plus arriéré de l’Europe en matière de reconnaissance du droit de vote des femmes, nous avons orienté notre axe démocratique vers une militance envers la citoyenneté responsable et égalitaire. Sil vous plaît, transmettez à votre successeur, cette impérieuse nécessité de l’éducation des filles, d’une façon aussi correcte que celle’ des garçons. Vous avez assez de mosquées, Allah le miséricordieux vous en est reconnaissant mais maintenant pensez au peuple avec des écoles de qualité et des professeurs d’excellence. La première chose que le nouveau Président français François Hollande a fait a été de rendre hommage à Jules FERRY, le père de l’enseignement libre et gratuit pour tous. Je suis un ancien professeur de pédagogie à la retraite et je serais bénévole pour venir enseigner gratuitement chez vous dans vos universités (…aux filles). A votre avis, pourquoi mon offre éthique n’est-elle pas compatible avec la corruption générale de vos universités ? Si votre équipe trouve le courage de sa réponse, sachez que je resterai disponible gratuitement (avec per diem) pour la formation des maîtres maliens. Recevez, Monsieur le Président, malgré mon franc parler, l’assurance de mon respect humaniste. Jean-Marie LANGE En synthèse, il s’agit de reconstruire, comme en analyse systémique, les conditions de la relation symétrique. L’argumentation peut être conçue comme une poursuite par des moyens réflexifs de l’activité orientée vers l’incompréhension. L’argumentation en tant que procédure peut être réglée comme une division du travail coopératif entre proposant et opposant, une interaction régulée spécifiquement par les règles de communication DE groupe et de Dynamique des Groupes par exemple. La citation précédente d’Habermas a un poids énorme sur nos modèles discursifs. Beaucoup de nos politiciens sont des charlatans qui l’emportent à l’esbroufe du genre « tu as lu cela ? » (sous-entendu reviens après) ou encore de pseudos-arguments dits d’autorité du genre « tu as vus son âge, tu sorts des propositions éculées depuis des lustres ! ». Il s’agit en somme de dévaloriser systématiquement le lieu d’où l’autre parle avec aussi parfois, de lui dénier la possibilité de finir ses phrases, soit une faute langagière guerrière n’ayant rien à voir avec la rationalité et la probité d’honnêtes hommes. BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE DURAND-GASSELIN J.M., L’école de Francfort, Paris, TEL, Gallimard, 2012. FROMM E., Aimer la vie, Paris, Epi, 1993. 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Philosophie sociale avec Michel de MONTAIGNE En Belgique, il pleut, l’OTAN n’est jamais beau » (slogan pacifiste) « Le socialisme s’était voué à la démocratisation de tout le tissu de la vie sociale ; sa version « soviétique » a supprimé toute démocratie, et sa version social-démocrate n’a pu empêcher les régressions démocratiques qui, pour des raisons diverses, rongent nos civilisations de l’intérieur. Ce projet de politique de civilisation qui était le projet initial du socialisme, s’est donc trouvé soit trahi et inversé, soit effiloché. La politique de civilisation reprend l’aspiration à plus de communauté, de fraternité et de liberté, tout en y reconnaissant, cette fois, la difficulté anthropologique et sociologique. » Le lieu d’où je parle J’ai travaillé comme cardeur de laine à Goé (seul autochtone parmi des immigrés), cela consiste à nettoyer la laine brute puante, à faire les 3X8, à rentrer chez soi au petit matin et se faire arrêter par les gens d’armes ou bras armé du gouvernement parce que j’avais un pneu lisse; l’amende m’a ouvert les yeux à l’injustice de la justice car elle correspondait à l’entièreté de ma nuit de travail mais c’était cela ou bien céder au pouvoir du PS contrôlant les emplois pour wallons. J’ai travaillé comme nettoyeur de bouteilles chez Interlait à Dison, j’ai fait la moisson, les fenaisons, de la peinture d’intérieur. J’ai abattu 2000 Ha de vieilles palmeraies à l’Equateur au Zaïre pour faire du replanting d’Elaeïs Guineensis Tenera. J’ai cultivé des cafiers et de l’hévéa dans l’Ubangui, j’ai travaillé comme surveillant d’école, comme éducateur, comme prof d’agriculture (où j’ai préparé plusieurs dizaines de cours), comme formateur d’objecteurs de consciences à Bruxelles, comme animateur de mouvements pacifistes à Namur (IRG et aussi CAN – Centre d’Alternative Nonviolente), j’ai enseigné comme prof de communication en promotion sociale (cours du soir), j’ai milité comme formateur d’adultes dans l’Education Permanente (EP) à PEC-W (Peuple et Culture-Wallonie), à la LEEP (Ligue de l’Enseignement et de l’EP), à Amnesty International, etc. J’ai travaillé comme moniteur de travaux pratiques pour psychologues sociaux en fin de formation puis comme formateur en Analyse Institutionnelle (AI) au CDGAI/ULG (Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse Institutionnelle/Université de Liège), puis comme collaborateur de l’université (ULG). J’ai travaillé comme chargé de mission au CEF (Centre d’Education et de Formation) pour le Ministère de l’Education à la chambre de l’Education aussi bien qu’à la chambre de la formation. J’ai réalisé des expertises pour le FED (Fond Européen de Développement – Thessaloniki) sur l’enseignement professionnel en France, puis pour former des cadres supérieurs au Mali. J’ai donné des cours de psychosociologie et de méthodes d’éducation active à la Haute Ecole de la province de Liège pour les assistants sociaux (AS) et assistants en psychologie (AP). J’ai formé des directeurs et sous-directeurs d’Académie et j’ai collectionné les diplômes universitaires, l’ethnographie africaine puis l’art africain et la peinture abstraite. J’ai souvent appris la vie en risquant de la perde (cela donne du goût à l’agressivité créatrice) et enfin, avec la collaboration essentielle de mon épouse, j’ai réalisé la plus belle chose de ma vie : trois êtres humains émancipés. Puis, en 2005, nous avons créée avec un groupe d’amis notre asbl d’aide humanitaire, le GAP (Groupe d’Autoformation Psychosociale). Je dispose de ma retraite pour vivre convenablement et de mes formations pour alimenter le GAP. Le premier formateur d’adultes « La méditation est une étude puissante et riche pour qui sait s’explorer et s’employer à se connaître : j’aime mieux façonner mon esprit que le meubler. Il n’y a pas d’occupation ou plus faible ou plus forte que celle qui consiste à s’entretenir avec ses pensées, selon l’esprit que l’on a. La lecture me sert spécialement à éveiller ma réflexion en lui fournissant divers sujets, à faire travailler mon jugement et non ma mémoire. » J’ai enseigné beaucoup de théories et de techniques psychosociales mais jamais la vérité ; celle-ci ne peut être que relative. C’est pourquoi, les « formateurs » différent des enseignants en préparant beaucoup plus avec le paradoxe qu’une « préparation » ne se voit pas, elle illustre par son invisibilité la belle phrase de Montaigne : « Je n’enseigne pas, je raconte ! ». Nous sommes une forme de vie avec un ego auto-construit appelé personnalité qui s’invente parfois des certitudes ou des dogmes. L’attitude de l’humanisme laïque est de renoncer à toute vérité absolue. Dans mon parcours d’étudiant en pédagogie, mes professeurs m’avaient alléché avec les trois tomes des Essais de Montaigne (Michel EYQUEM de MONTAIGNE (1533-1592) et j’avais fait comme beaucoup : les acheter mais ne jamais les lire car ils étaient écrits en vieux français où les S et les F se confondent. Ce sera seulement en 2009 que je profiterais du savoir de ce formateur en apparence dilettante grâce à André LANLY, prof émérite de l’université de Nancy qui a réalisé la prouesse de traduire cette œuvre en français de notre époque. Avec le savoir produit par des siècles de sages, nous pouvons – si nous le voulons – décoller de nos existences de mammifères pour tendre vers l’essence de l’humanité. Il faut reconnaître à Montaigne son courage de ne parler en somme que de son histoire de vie tout en nous apprenant l’intersubjectivité, autrement dit ce qui s’approche le plus d’une objectivité souhaitable mais impossible car nous sommes incapables de concevoir le tout. Courage car si parler est facile et évanescent, écrire par contre, c’est se soumettre à la critique permanente ; en effet, de par notre histoire et les influences culturelles, nous ne pouvons pas écrire une rationalité voulue car nous la biaisons de préjugés et de stéréotypes. Avec le soliloque de Montaigne (« Je parle au papier comme je parle au premier venu »), nous apprenons doucement à nous accepter avec humilité sans devenir un fat car l’orgueil est bien une scorie de la pensée. Le travail à faire sur nous-mêmes est de se détacher de la foi et des dogmes. La structure de la démocratie formelle empêche certainement les excès des barbaries théocratiques mais endort aussi la citoyenneté par le ronron des gouvernants permanents (une oligarchie de pères en fils à qui le pouvoir monte à la tête). Nous sommes encore loin de la démocratie athénienne avec des élus sollicités par le peuple et pour 5 ans pour mettre leur sagesse au service de la chose publique et sans enrichissement personnel avec les campagnes publicitaires basées sur des promesses jamais tenues, l’argent et la traîtrise du bien-être de tous. Gouverner sans vice est impossible, comment voulez-vous arriver aux plus hautes fonctions d’un Etat uniquement par le mérite ? L’arbre le plus haut a dû écraser des pousses plus jeunes pour s’accaparer le soleil de la photosynthèse au prix de la conscience. « Le bien public demande qu’on trahisse et qu’on mente et aussi qu’on massacre : abandonnons cette tâche à des gens plus obéissants et plus souples. » Montaigne nous invite avec d’autres mots que son ami Etienne de LA BOETIE (1530-1563) à ne plus soutenir les colosses aux pieds d’argile. (LA BOETIE est l’auteur du « Discours de la servitude volontaire ».) Observons notre crise européenne qui révèle les coulisses de l’alliance Merkel-Sarkosy imposant une austérité de plus de deux ans pour le peuple grec alors que la nouvelle alliance Obama-Hollande propose l’exact contraire, investir plutôt que de se serrer la ceinture. « Nous devons procéder à notre propre NEW DEAL en lançant des grands travaux d’infrastructures qui, du même coup, créeront des emplois, abaisseront drastiquement le chômage et relanceront l’économie, alors que la politique dite de rigueur conduit à une récession accrue, à de nouvelles pertes d’emplois, à des diminutions de salaires et de rétributions, à une baisse de la consommation, qui aggravent la crise sociale en croyant réduire la crise économique. » Les médias sont vendus aux gouvernants ; observons nos journaux télévisés et la place octroyée au sport et aux catastrophes nationales par rapport à la portion congrue laissée à l’actualité internationale. Quel est le citoyen qui sait que depuis la mi-février 2012, il y a trois guerres différentes au Mali, que les banques sont pillées et qu’outre l’invasion Touareg et celle de l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique ), il y a guerre insurrectionnelle d’une l’armée coupée en deux et s’entretuant avec des mouvements de réfugiés fuyant le nord et l’est ? Comme nous y invite Michel FOUCAULT il faut retrouver la parrêsia, le franc-parler en distinguant les rumeurs des faits comme les vivent les maliens, les syriens, les victimes des talibans afghans, etc. MONTAIGNE nous invite à parler vrai et sans peur (des assassinats politiques, des passe-droits, des mises à l’écart, etc.). Il y a quatre siècles qu’avec son ami LA BOETIE, ils nous crient tous les deux : INDIGNEZ-VOUS ! Montaigne puise dans sa grande culture non aseptisée des penseurs grecs pour citer par exemple HYPERIDE (389-322 av. JC) : « Messieurs, ne regardez pas si je suis trop libre, mais considérez que je le suis sans rien recevoir et sans améliorer par là ma situation personnelle. » « Indignons-nous donc ! » mais avec raison ; en effet, la colère et la haine sont des passions qui ressemblent parfois à ce qui est combattu. « Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine », dit-il. Servons-nous, comme les Stoïciens et les Epicuriens de la raison et du détachement. Aujourd’hui, nous pourrions dire aussi de la non-violence et de la pensée constructive d’alternatives plausibles. Nous devons toutefois nous engager dans la citoyenneté responsable de notre nation mais non dans des guerres étrangères en ajoutant ce commentaire : « auxquelles pourtant, selon nos lois, ne prend pas part celui qui ne veut pas ».(Livre III, p.959), ce qui signifie qu’à cette époque d’avant 1588 (la relecture des Essais), le service militaire n’était pas obligatoire et donc nos revendications du XX° s obtenant en 1964 le droit à l’objection de conscience pour les appelés n’avait alors pas de raison d’être. Ceci signifie aussi que le progrès dans le temps est parfois un mythe et non synonyme d’amélioration de l’humanisme laïque. Rappelons-nous que, particulièrement lors de la première guerre mondiale de 14-18, beaucoup de pacifistes obligés de prendre les armes furent fusillés par leurs camarades parce qu’ils refusaient de tirer sur d’autres êtres humains et que leurs juges ne furent ni jugés ni exécutés après guerre pour homicides volontaires et prémédités (des tueurs en série sur grande échelle). Travailler et faire toujours la même chose, ce n’est pas vivre mais survivre, un programme peu réjouissant forgé par le capitalisme sans visage humain : étudier pendant 20 ans, travailler pendant 40 ans et vivre une vieillesse dans la routine, au lieu de goûter la vie dans la force de l’âge avec ses plaisirs, ses découvertes, ses profondeurs et émotions. Nous devrions arrêter de travailler et penser au bien-être plutôt que de consommer comme des malades hypnotisés par les « réclames », affronter notre crainte de la mort autrement que par de l’activisme forcené ou des croyances naïves. Avec mon épouse, nous avons voyagé souvent à la dure sacs au dos un peu partout en Asie et en Afrique pour le plaisir de communiquer avec des gens d’autres cultures et prendre de la distance, non pas pour la seule beauté des paysages mais pour se découvrir soi-même. Nous ne sommes que poussières et il n’y a pas de transcendance et de dieux barbus cruels ; nous sommes des agrégats d’atomes sous la forme humaine et, comme un groupe est plus que la simple addition des parties, nous pourrions être plus grands si nous vivions nos émergences plutôt que seulement nos contraintes. Nous pourrions nous détacher de notre obsessionnel ego en reconnaissant nos désirs et notre fourmilière, sans sacrifice ni avidité pour notre égoïsme mais en agissant pour l’humanité sans en attendre une quelconque gloire ou un gain pris in fine sur le dos d’un pauvre bougre n’ayant pas le minimum pour vivre dignement. Nous sommes comme des cellules que se croient indépendantes alors que nous sommes tous interreliés. Lévi-Strauss rejoint Montaigne lorsqu’il dit : « Les yeux humains ne peuvent apercevoir les choses que par les formes de leurs connaissances humaines », connaissances toujours partielles, limitées et partiales, pourrions-nous ajouter. « Connais-toi toi-même ! » disait Socrate ; cherchons à nous perfectionner par les connaissances ajoute Montaigne mais ne nous leurrons pas sur la vérité et les dogmes car il n’y a de connaissance pour nous qu’humaine. Il n’y a de valeurs que subjectives ; alors, de quel droit envahir d’autres pays comme les E-U via l’OTAN et tuer d’autres hommes parce qu’ils ne pensent pas comme nous ? Nos valeurs d’athées sont d’abord la tolérance mais pas à l’injustice contre laquelle nous devons combattre sans haine ni violence. Beaucoup de choses peuvent passer par la négociation, par exemple l’aide des pays riches pourrais être conditionnée à la lutte contre la corruption maximale du tiers-monde : vous aurez des sous si nos sœurs humaines de vos ethnies ne sont pas forcées de s’habiller comme les hommes le veulent, ne sont battues, excisées, lapidées et ont droit à l’héritage de leurs parents. Ceci n’est qu’un exemple superficiel mais entre d’une part fermer les yeux sur les trafics et d’autre part envahir les pays pour leur pétrole, il y a de la marge pour une créativité dite utopique au lieu de la barbarie qui est dans tous les camps. Je peux agir avec et pour des familles d’islamistes qui eux me haïssent « sans haïr à mon tour » comme l’écrivait KIPLING dans KIM. Le monde occidental confond la menace des extrémistes islamistes avec l’ensemble des musulmans qui vivent, pour la plupart des femmes en tout cas, dans l’analphabétisme. Des gens vivent parfois dans les conditions de notre Moyen-âge avec une seule religion imposée mais l’accès à l’instruction peut rendre obsolète les idées après une génération ; regardons chez-nous les catholiques gênés de la rigidité de leur hiérarchie papale. A côté de la tolérance, notre autre grande valeur humaniste est la conscience de la valeur de la vie humaine (mais aussi des autres vies). Notre « évangile » post-métaphysique est de respecter la liberté de pensée et d’exprimer nos droits à la conscience et à son expression. Que ceux qui veulent la foi du charbonnier vivent cette pauvre consolation et qu’ils respectent ceux qui se gardent de toutes les religions mais qui les permettent. VOLTAIRE (François Marie Arouet dit - 1694-1778) disait « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire ! ». Mâtinons avec Georges BRASSENS le « jusqu’au bout » n’allant pas jusqu’à « mourir pour des idées ». La laïcité, c’est vivre ensemble, croyants et incroyants, donc avec aussi notre possibilité de vivre et d’agir humainement sans l’espoir d’en être récompensé par un bon père halluciné. Pour conclure, cette brève vulgarisation sur MONTAIGNE, n’oublions pas non plus son esprit libertaire, trop malin pour être anarchiste et déplaire aux despotes de son époque. Il est né en 1533 et mort en 1592. Montaigne, ce fut le temps de la bougie qui donnera les lumières de Denis DIDEROT (1713-1784) et de Jean Le Rond D’ALEMBERT(1717-1783) ou encore de Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778) . Il traduit LUCRECE qui était du fan-club d’EPICURE (341-270 av. JC). « Lorsque votre sexe est tourmenté par un violent désir, dans le premier corps venu jetez la liqueur amassée en vous. Et pourvoyez-y de bonne heure de peur que vous ne soyez dans la peine une fois que le désir vous a saisis. Si vous n’effacez pas de nouvelles plaies les premières blessures et si vous ne les confiez, encore fraîches, aux soins de quelques Vénus vagabondes » . Je cite ceci non pas pour ouvrir une autre réflexion mais pour contrer celle de professeurs encore influencés à notre époque par la pudibonderie maladive et religieuse induite il y a bientôt deux siècles par la Reine Victoria, enseignants qui commettaient collectivement un « péché » d’omission, comme si l’Encyclopédie n’existait pas ? Oui, Montaigne philosophait dans sa tour à sa manière originale et se promenait à cheval dans toute la France mais il était néanmoins homme avec des pulsions sexuelles. J’ai vu dans un monastère zen de THICH NHAT HANH dans le Lot, un jeune moine de 18 ans qui prononçait ses vœux de chasteté, c’est-à-dire de renoncer à la chair et cela m’a dégouté comme un obscénité car comment peut-on renoncer à quelque chose que l’on n’a pas connu ; c’est là en faire un fantasme, un fantôme sur l’inconscient et en plus, avec la complicité tacite de gens se croyant des sages. MONTAIGNE lui était un sage (comme EPICURE et les lumières) et il n’en était pas moins homme pour la cause et respectueux de la nature et de la sienne, n’en déplaise aux curés abuseurs d’aujourd’hui. Notons qu’il vécu contemporain de RABELAIS le moine à qui on doit la sentence « Carpe Diem » ! 3. Philosophie sociale avec PRAJNANPAD « En Belgique, il pleut, l’OTAN n’ai jamais beau »(slogan pacifiste) « Que signifie la tendance à ne pas vouloir vous séparer de ce que vous possédez ? Simplement ceci : « Je n’ai pas reçu ». Son opposé « ne pas être capable de donner », n’est qu’une réaction. Une réaction à quoi ? A « Je n’ai pas reçu. Je veux avoir, mais je n’obtiens pas…ou j’ai été privé de ce que j’avais. » - C’est pourquoi je dois m’accrocher fermement à tout ce que j’ai. Comment pourrais-je le donner ? La vraie raison qui m’empêche de me séparer de ce que je possède c’est que « moi-même je n’obtiens pas…ou j’ai été privé de ce que j’avais. » Le désespoir n’est pas la désespérance mais l’absence lucide d’espoir ou, dit autrement, le refus de toutes les consolations religieuses. Il y a le cosmos et le vide sidéral, le reste est représentation ; nous vivons comme entité dans l’ici et maintenant et c’est une raison situationniste suffisante. Le passé est passé même s’il y a parfois nostalgie et le futur est pure conjoncture. Monsieur le Premier Ministre traverse la rue et est écrasé par un camion et c’est la fin du corps et de l’âme, dirait LUCRECE. Il n’y a pas d’angoisse dans la mort puisque nous ne sommes plus et nos habiles constructions de nos personnalités s’évanouissent. Ce qui existe, c’est le présent et le devenir aléatoire que nous ne pouvons guère imaginer. L’impermanence de notre existence et la différence avec les autres ego restent le cadre de notre évolution vers la mort, voilà les deux faces de notre réalité. La différence, c’est aussi le changement ; tout est changeant, nous retournons notre veste plusieurs fois dans notre vie selon les flux, les processus, les évènements réels ou fantasmés. « TOUT COULE ! » ou encore « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » disait HERACLITE. Si nous vivons dans l’attente ou le désir nous serons toujours déçus car prisonniers du temps et de la représentation fluctuante. Je rêvais de MADONA et je vis avec Simone mais qui a l’allure d’une Madone. Marie ! Sauve-nous de ton sourire vrai ! JE n’existe pas, JE-ego est un agrégat cellulaire et exister, c’est changer, c’est se modifier ; le MOI n’existe pas de même, ce n’est qu’une PERSONA (personnalité) dit JUNG et il en va de même de l’alter ego. Pourtant, le sage est le contraire d’un amnésique (qui oublie son passé) ou d’un névrosé (pour qui le passé ne passe pas). Vivre au présent, n’est pas nier le passé mais s’en souvenir ici et maintenant sans ressentiment. La mémoire, c’est la pensée actuelle de ce qui fut et qui n’est plus mais peut servir à ne pas refaire les mêmes erreurs par exemple. « Je voudrais que l’autre satisfasse mon désir ; et comme il n’est en vérité occupé que du sien, je lui en veux de ne pas me satisfaire, je lui reproche son égoïsme, bien réel, mais qui ne me gêne qu’en tant qu’il s’oppose au mien, qui l’est tout autant… » La vie est faite d’une dialectique entre réflexions et actions créatrices et pour le résultat, à quoi bon s’en préoccuper ? Notre agir doit se défaire des éventuelles récompenses et/ou culpabilisations de nos échecs. Nous faisons du mieux possible ce que nous avons pensé (ou ce que notre organisme a décidé) et sans crainte de l’échec et sans espoir de la réussite car, au fond, une fois l’action accomplie, c’est du passé. Nous devrions être à la fois dans la concentration de l’action et dans le détachement vis-à-vis de tout profit attendu. L’archer zen fait corps avec sa flèche et sa cible et il l’atteindra d’autant mieux qu’il est à la fois concentré et serein, tout entier dans son acte, il est la flèche ! Il en va de même de la vie, elle n’a pas de cible. « La vie est elle-même à soi sa visée » disait MONTAIGNE. Le sage ne vit pas pour posséder ou gagner, il vit tout simplement. Ni espoir, ni regret, ni espérance, ni nostalgie, ni crainte, ni remord. L’agir, c’est l’ici et maintenant avec un zeste de souvenirs. « Personne ne peut trouver le bonheur » dit PRAJNANPAD (qui n’a jamais rien écrit). Le bonheur est une finalité que l’on n’atteint – par moment – qu’en y renonçant, qu’en cessant de l’espérer. L’approcher, c’est « être sans peur, ni anxiété, ni désir ». Comme le disait FREUD, nous ne savons désirer que ce qui nous manque, que ce qui n’est pas, le néant (le syndrome du nirvana dit-il à tort). Notons qu’il ne faut pas conceptualiser le samsara (et le plaisir fugace de la vie) avec le nirvana (quiétude) qui vont ensemble dans notre seule et unique existence, FREUD amalgame le nirvana, absence de besoin et de désir avec la mort, là où l’on n’existe plus. Nous devons pouvoir accepter la mort comme une fin et non avec le paradis caché de ce juif athée, paraît-il. L’espérance est toujours déçue et renaissante, il faudrait donc s’en détacher, s’en « dés-espérer » (COMTE-SPONVILLE), c’est la voie de la lucidité. Appréhender l’existence de façon lucide au lieu de croire au Père Noël, développer notre connaissance-compréhension au lieu d’espérer. Notons que nous partageons tous la frayeur de mourir, c’est bien pour cela qu’il faut s’y préparer pour ne pas s’accrocher le moment venu. Lors de son existence, l’homme fuit le malheur ; changeons ce que nous ne pouvons changer et acceptons l’inéluctable. La loi de la nature est que chaque être vivant recherche le plaisir et l’homme également. Prajnânpad nous dit qu’il ne faut pas chercher à camoufler nos propres désirs mais « il faut simplement s’en rendre libre ». La sexualité est naturelle et à l’origine de nos énergies vitales et de nos plaisirs ; nous ne pouvons pas la réprimer, juste sublimer son excès de puissance par la créativité ou l’apprentissage. En aucun cas la réprimer car cela n’aboutit alors qu’au refoulement ou à l’obsession. Notons que le plaisir est un moment HIC & NUNC alors que le désir est permanent ; or, toute chose est impermanente, ce pourquoi depuis la découverte de l’inconscient freudien, on ne parle que « d’impossible satisfaction du désir ». L’ego n’a pas d’existence propre, le moi n’existe que dans notre imaginaire ; il n’y a que l’action, le changement, l’apparition et la disparition ; une partie de notre conscience est embuée dans un scénario du mental. Je voudrais posséder, garder, retenir… Et tout s’en va et m’emporte, comment serais-je heureux puisque je vais mourir ? Il nous faut distinguer le désir de ce que l’on n’a pas comme illusion répétitive et s’abandonner au plaisir (du bien boire et bien manger et du sexe). L’orgasme libère, disait Wilhelm REICH…mais la lucidité sur l’impermanence (et donc le lâcher-prise) également. Pour évoluer vers la sérénité, répétons-nous que « tout ce qui vient, s’en va ! ». Acceptons le désespoir pour le libérer, l’abolir de la souffrance, du ressentiment mental, de la frustration, c’est ce que FREUD appelait le travail du deuil. Non pas renoncer à la vie comme des bigotes qui sont en enfer si elles perdent la foi mais accepter notre finitude irrémédiable. Quand la dépression (burn-out) vient, soyez cette dépression et laissez-la se dissiper. Essayez d’accepter ce qui arrive et ce qui est. Détachons-nous des vains espoirs et consentons au désespoir « en pardonnant à la vie de n’être que ce qu’elle est ». Ne plus juger l’autre mais le voir tel qu’il est et le comprendre. Restons actifs contre les injustices et voyons le monde avec ses turpitudes mais sans trop d’idéalisme. Ceci nous amène à la philosophie sociale, la « Théorie de l’agir communicationnel » (HABERMAS). Lorsque je pratiquais l’AÏKIDO, je commençais par me libérer de mes passions avant de combattre – sans haine ni violence - mais fermement et j’ai toujours continué ma vie durant à dire et à écrire que nos dominants (la particratie, l’oligarchie et le népotisme) quelles que soient leurs étiquettes de fantaisie devaient être combattus pour un jour établir une communauté de citoyens matures et responsables qui se soucient du bien-être futur de nos enfants et de la planète. Acceptons les déceptions du réel que nous voyons mais ne démissionnons pas dans un monastère ; travaillons sur nous-mêmes notre « non importance » pour arrêter tous les jugements de valeur que nous posons sur les autres car juger, c’est comparer et donc à partir de quel critère puisque tout est singulier ? Nous sommes ce que nous sommes dans l’ici et maintenant et ceux qui nous jugent veulent surtout nous faire du mal. Pourtant, bien et mal ne sont que des concepts affinés dans notre mental et qui arrivent à nous faire souffrir. J’ai parfois rencontré lors de formations en histoires de vie des « filles qui sont les mères de leur mère » ou « des enfants harceleurs moraux de leur mère ». Comment cela fonctionne-t-il ? Par devoir, par le surmoi inconscient de la personne qu’elle a donné à voir à l’autre et où l’inconscient de l’autre s’engouffre comme dans un talon d’Achille pour le dominer. La pulsion est dialectique, elle a son côté lumière sexuelle et son côté ombre de domination. En formation, j’avais conseillé à une dame de 60 ans de ne plus se lever à l’aube pour faire les courses pour sa mère dès l’ouverture des magasins comme sa mère l’avait décidé mais plutôt de lui rendre service à l’heure qui lui convenait à elle pour desserrer cette emprise sur le vieil enfant esclave de la mère, pour qu’elle redevienne libre, autant que faire se peut. Apprenons à accepter le désespoir mais sans renoncer à l’action selon nos choix, à concevoir ensemble la lucidité et le courage d’agir sur ce qui peut être fait sans juger à son tour évidemment car le « devoir » est méprisable. Il ne s’agit pas de refuser d’être ce que l’on est mais d’accepter notre tristesse si elle se montre. C’est un peu comme le malade chronique ; s’il n’accepte pas sa maladie (non comme une punition d’un dieu mauvais) comme un coup du sort, il ajoute alors l’angoisse à ses douleurs et le voilà alors au fond malade deux fois. ACCEPT YOURSELF AND BE HAPPY ! Nous avons des perceptions et celles-ci donnent des émotions telles que joie, fierté, colère, haine, jalousie, etc. Si nous acceptons que ce ressenti est un chatouillement de l’ego, nous pouvons transformer ces émotions en sentiments et affects raisonnés tels que la compassion, la tendresse, l’estime, l’affection libérée de l’ego propriétaire imaginaire de l’autre et sourire à la vie (comme le Dalaï-lama). « C’est lorsque l’homme recherche le plus possible ce qui lui est utile, que les hommes s’avèrent le plus utile les uns aux autres. » (SPINOZA, L’éthique) L’amour doit-il être d’espérance ou désintéressé ? Et pourquoi devrait-il être sélectif : s’aimer soi-même et aimer l’autre sans calcul ni émotion possessive ? (« Ce monde, je l’ai fait pour toi disait le père ; je sais, il me reste à le reconstruire disait l’enfant » (Maxime LEFORESTIER) Personnellement, je n’ai qu’une seule réserve : ce sont les Evangiles qu’il faudrait en préalable expliquer mieux aux curés catholiques frustrés de sexualité. « Laissez venir à moi les petits enfants ! » doit être compris dans son sens d’amour-affection et non dans ce déni de nature que sont les curés pédophiles (proportionnellement en plus grand nombre que les citoyens lambdas, selon une étude hollandaise). Il nous faut résister à la haine sans lui ressembler, dit Svâmiji, conscientiser que l’ego est une construction du mental mais qu’il ne faut pas pour autant le réprimer, l’humilier, le dénier mais plutôt l’orienter vers l’amour de l’humanité (l’AGAPE). Si je m’aime sans illusion (mais aussi sans m’en vouloir d’une quelconque culpabilité croyante), je peux aussi me détacher de l’idéalisme et pratiquer de même pour l’humanité c’est-à-dire l’aimer avec lucidité, sans illusion. Ne confondons pas cependant le détachement avec la résignation. La vanité de réussir financièrement dans la vie n’est pas la même chose que de réussir sa vie. Personne ne peut intimement vous connaître, tous ont une représentation/opinion et vous faites partie de leurs créations mentales mais au fond, personne ne vous voit. Qu’est-ce que cette psychologie indienne a à voir avec la philosophie sociale ? C’est simple, il s’agit en fait de savoir dire oui et accepter les coups du sort mais pour le reste savoir dire sereinement NON ! En effet, l’exploitation de l’homme par l’homme, n’est pas que dans l’économique et le politique mais aussi dans la vie quotidienne. Par exemple, la mère qui dit à sa fille « après tout ce que j’ai fait pour toi, tu me déçois ! », c’est crapuleux, n’est-il pas ? L’avarice nous ronge et la société de consommation nous aveugle, nous pouvons dépenser des sommes folles pour les jouets de nos enfants mais cela n’est pas la tendresse dont ils ont besoin. Lorsque j’enseignais et que mon chef d’atelier me demandait de faire quelques heures supplémentaires gratuites pour l’école « portes ouvertes », je disais NON sans justification car si notre société est capable de payer des sommes folles pour le patron de Belgacom ou pour un joueur vedette de foot, elle devrait aussi payer beaucoup mieux ses enseignants, responsables de l’épanouissement (ou non) de nos enfants. Donc, le travail à faire sur soi est aussi celui d’une citoyenneté responsable qui consiste à prendre ses distances vis-à-vis de la culpabilisation et des devoirs qui deviennent un style de management, à opposer à nos hiérarchies un NON catégorique car on n’a pas à s’excuser de vivre pour nous aussi. L’agressivité créatrice, c’est se servir de sa pulsion pour se défendre au lieu de survivre. Par exemple, le bouddhisme n’a jamais enseigné la non-violence (« l’AHIMSA » de Gandhi) mais de « s’abstenir de trop tuer » pour se nourrir ; c’est pourquoi, j’aime mieux manger un steack prélevé sur une bête de 800 Kg que 800 lapins. Je vois souvent des gens qui veulent à tout prix être aimés de tous ils sont alors trop gentils et se retrouvent constamment dominés par les autres. Je disais souvent à mes étudiants d’arrêter de « plier comme le roseau » mais de défendre leur territoire de vie. Agir dans l’ici et maintenant en pleine conscience (AWARANESS) et de sa propre pulsion (SAKTI), c’est l’expérience de l’énergie créatrice (ANANDA). C’est la joie que l’on éprouve à se libérer d’une tension en disant le non-dit, une joie de conquête et de libération de soi. La jouissance sexuelle, c’est UPASTHA et la petite partie de la pulsion sublimée utilisée pour être vraiment soi, c’est ANANDA, lorsque l’on devient libre de l’intérieur, la joie. La déesse SAKTI, c’est l’énergie sexuelle venant de la KUNDALINI (JUNG), une force endormie lovée comme un serpent entre les gonades et le périnée et qui doit remonter à travers les chakras (les nœuds) à la rencontre de SHIVA qui est le dieu masculin symbolisant l’équilibre, le calme, la paix, la liberté, la maîtrise de soi et le choix de nos actions. Lorsque SAKTI rencontre SHIVA, celui-ci se met alors « à danser » (en mouvement), il crée, il agit et détruit puis reconstruit. Cette symbolique signifie que lorsque l’expérience émotionnelle et l’expérience rationnelle se rencontrent, elle forme une énergie constante. « Il ne me suffit pas de lire que les sables des plages sont doux ; je veux que mes pieds nus le sentent…Toute connaissance que n’a pas précédée une sensation m’est inutile. » Par exemple, jouir n’est au fond qu’une secousse de plaisir mais absorber l’expérience d’un coït physique au mental dans un échange lucide est nourrissant pour le soi et l’alter-ego. Avaler machinalement un chocolat, ce sont des calories absorbées dans la distraction, savourer un petit café serré avec délectation, c’est se nourrir du plaisir de l’instant. Si je développe la confiance en moi de plus en plus par la conscience d’être ce que je veux être, c’est comme si je faisais du body building mental avec en prime l’aisance de dire NON ! NON au devoir, au « qu’en dira-t-on », à la culpabilisation, à la soumission aux normes et aux autres. C’est résister à toutes les pressions « pour notre bien » dit-on et être libre même en prison car personne ne peut enfermer l’esprit. CAMUS aurait pu écrire : « Il est libre Max, il y en a même qui l’ont vu voler ! » Si nous étions plus clairs à l’intérieur, nous serions plus citoyens responsables à l’extérieur. J’ai glosé longtemps sur la démocratie participative avant de conscientiser que le monde était de mieux en mieux verrouillé par l’influence des médias. Nous passons trop de temps devant la télévision de Big Brother à nous faire hypnotiser par les pubs en attendant vainement des nouvelles de la météo et des nouvelles de la situation internationale lors des journaux télévisés centrés sur le sport et les accidents nationaux. Je sais donc que le grand joueur de foot Eden HAZARD gagne 550.000 €/mois et que les matchs truqués peuvent rapporter deux millions d’euros par match. A côté de cela, l’égérie de Nicolas SARKOSY, à présent Présidente du FMI nous dénonce la pauvreté de l’enseignement en Afrique avec 3 petites filles par banc pour des cours partiels en l’opposant aux grecs qui refusent l’austérité consécutive au fait qu’ils ne payaient pas leurs impôts. On croit rêver : comparer les pauvres entre eux alors que l’on ne touche pas aux grosses fortunes (pas de taxation), que c’est l’Atlantico-Occident qui est le corrupteur de tous ces pays africains et que c’est le FMI – dans un passé récent – qui a aggravé situation avec « l’ajustement structurel » au lieu de surveiller par exemple où et à qui va l’argent du FED ? Je suis comme tout le monde pensant en Europe, content du départ de ce mafieux de SARKOSY (vendant des logiciels pointus à la Lybie, dixit Marianne du 1°juin). Mais suis-je content de Hollande ou de Di Rupo qui se disent socialistes ? Je rappelle que l’on ne devient pas chef suprême d’un pays sans avoir « quelque chose qui colle aux mains » aurait chanté le poète Gilbert BECAUD. Pour une brève synthèse, je pense toujours comme en 1968 : je veux faire l’amour plutôt que la guerre aux théocraties musulmanes qu’il suffirait de ne plus les subsidier tant que ne sont pas réouvertes les 300 écoles pour filles fermées par les talibans en AFGHANISTAN avec la complicité du gouvernement. Je n’ai aucune sympathie pour les « frères musulmans » qui vont s’emparer de l’EGYPTE, pour l’Iran, l’Afghanistan ou le fourbe PAKISTAN (qui sert de base arrière aux talibans) ni pour l’hypocrite et traître ARABIE SAOUDITE et les terroristes du YEMEN ; qu’ils se massacrent entre-eux, entre fanatiques chiites et sunnites. Par contre, je pense que l’on devrait mettre fin à ce droit de veto à l’ONU qui rend cette structure innopérante depuis le Congo de 1960. Après des mois de massacre de la population civile en SYRIE, le délégué Kofi YANAM s’indigne enfin et rencontre le boucher AL ASSAD mais il ne pourra rien faire puisque la Chine et la Russie ont usé de leur droit de veto. A mon avis, ces pays ont dû oublier la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui devrait primer sur les droits de veto lorsqu’il s’agit de massacres ou de dérèglement climatique. Donc, nous ne voulons plus de pseudo-démocratie où à travers la TV, comme le serpent de MOGWLY qui dit « aie confiance ! », on manipule les plus crédules d’entre nous. En tant que citoyen non consulté, je dis non pour créer une nouvelle piste d’aviation à côté de celle – militaire – de St Hubert (puisqu’il n’y a plus vraiment de régiments stratégiques en Ardennes depuis Peter De Craene) et non aussi aux pensions retardées pour permettre pareilles conneries. Je dis par contre OUI pour supprimer les parachutes dorés et les salaires insultants des grands sportifs en ces temps de crises économiques pour tous les petits en Europe. Mais je le rappelle, NON pour la réduction des soins de santé (on pressure les infirmières depuis des années et les hôpitaux oublient qu’ils étaient des services publics), NON à la révision des retraites vers le bas (sans envisager une fois de plus de taxer les grosses fortunes). Oui pour que la formation des maîtres soit universitaire et que les enseignants soient payés dignement (et non 1500 € en début de carrière). Un grand sociologue de l’ULB (Matéo ALALUF) a dit un jour que, si l’on manquait de maçons, c’est parce qu’on les payait trop peu ; on peut dire cela aussi aujourd’hui pour la pénurie des enseignants. OUI, faisons payer à la Flandre le même prix qu’en Wallonie pour l’eau wallonne. OUI, soyons tribalistes comme eux pour exiger une juste répartition sur le sol commun des outils industriels. Par exemple, si une usine de montage de voitures (ou n’importe quelle autre entreprise) se développe en Flandres, la suivante doit être implantée en Wallonie (à part celle de Vilvoorde au nord de Bruxelles flamand, elles sont toutes en Flandre). Et enfin, trois fois OUI, pour –après 60 ans d’observation de la vie politique belge -, une évaluation de nos politiciens professionnels dont pas un seul n’a été sanctionné pour incompétence. OUI aux sanctions envers le PS qui, malgré les avis répétés de dépolitisation nécessaire de la fonction publique du GERFA, continue avec un cynisme époustouflant à nommer des directeurs généraux de sa tendance (clientélisme). Je suis laïque et pour la tolérance mais non pour de pareilles malversations ; un jour, nous aurons un politicien de gauche comme Jean-Luc MELANCHON comme alternative à cette particratie de centre droite. Avec nos trois volets 1) Habermas sociologue refusant le communisme et le capitalisme pour rappeler le bien-être des gens (la force), 2) Montaigne, pédagogue refusant la « langue de bois » des arrivistes pour dire le non-dit (la beauté), 3) PRAJNANPAD, philosophe (et COMTE-SPONVILLE) pour nous rappeler que nous devons accepter ce que nous ne pouvons pas changer mais toujours agir en citoyen responsable (la sagesse),; nous donnons trois éclairages, trois spots totalement différents car il est temps de réveiller les moutons que nous sommes. Par exemple, les images montrant les manifestations contre l’OTAN à Chicago ont été censurées dès le deuxième jour pour laisser dormir les moutons. L’Europe est contrôlée par les agences de notation US, sabordons-nous par solidarité avec les grecs, les espagnols et les italiens, l’Europe des marchés n’est pas l’Europe sociale. Avec Stéphane HESSEL et Edgar MORIN, indignons-nous fermement et avec un sourire serein pour dire NON, boycottons la surconsommation et les marchés. N’allons pas voir les matchs à CHELSEA ! NON ! Jean-Marie LANGE, formateur GAP, 01.06.2012 Bibliographie sommaire COMTE-SPONVILLE A., De l'autre côté du désespoir, Introduction à la pensée de Svâmi Prajnânpad, Paris, Editions Accarias/L'originel, 1997. COMTE-SPONVILLE A., Valeur et vérité, Etudes cyniques, Paris, PUF, 1995. COMTE-SPONVILLE A., Impromptus, Paris, PUF, 1996. COMTE-SPONVILLE A., Le miel et l’absinthe, Paris, Hermann, 2008. COMTE-SPONVILLE A., Le goût de vivre et cent autres propos, Paris, Livre de Poche, 2012. COMTE-SPONVILLE A. & FERRY L., La sagesse des modernes, Paris, Laffont, 1998. CORDELLIER S. (Ed.), La mondialisation au-delà des mythes, Paris, La Découverte, 2000. COULON A., L'ethnométhodologie, Paris, PUF, 1987. CROZIER M., & FRIEDBERG E., L'acteur et le système, Paris, Seuil, 1981. CYRULNIK B., Les nourritures affectives, Paris, Odile Jacob, 2.000. CYRULNIK B. Sous le signe du lien, Paris, Hachette,2003. CYRULNIK B. L'ensorcellement du monde, Paris, Odile JACOB, 2001. CYRULNIK B. Un merveilleux malheur, Paris, Odile JACOB, 2002. CYRULNIK B. Parler d'amour au bord du gouffre, Paris, Odile JACOB,2004. CYRULNIK B., Les vilains petits canards, Paris, Odile JACOB, 2004. CYRULNIK B., De chair et d'âme, Odile JACOB, 2006. CYRULNIK B., La naissance du sens, Paris, Hachette, 2006. CYRULNIK B., Autobiographie d'un épouvantail, Paris, Odile JACOB, 2008. CYRULNIK B., Je me souviens, Paris, L'Esprit du temps, 2009. GIDE André, Les nourritures terrestres, Paris, Livre de Poche, 1964. HERRIGEL E., Le ZEN dans l’art chevaleresque du tir à l’arc, Paris, Devy, 1970, 2002. PRAKASH Sumangal & PRAJNANPAD, L’expérience de l’unité, Paris, ACCARIAS/L’originel, 1986 ROUMANOFF D., Psychanalyse et sagesse orientale, Paris, Accarias/L'Originel, 1996. ROUMANOFF D., Svâmi Prajnânpad, un Maître contemporain, vol II Le quotidien illuminé, Paris, La Table Ronde, 2002.

dimanche 3 juin 2012

Philosophie sociale

CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°40 GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE, Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ; Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires. L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique. Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com; CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle - SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE, Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ; Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires. L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique. Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com; CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle - SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ? N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP. N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1) N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2) N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1) N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité. N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet. N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007" N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ? N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne. N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention. N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide. N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions. N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles). N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation N°24 – Nov.-Dec.09 : Les Etats Modifiés de Conscience (extase, possession, hypnose et zen) N°25 –Janv-Fev 2010 La matière, le vide, la nature, l'éducation N°26 – Mars-Avril 2010 L'intelligence des femmes N°27 - Mai-Juin 2010 L’imaginaire, le symbolique et la réalité sociale N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative N°30 – Nov-dec10 : Les sans-papiers N°31 – Janv-Fév 11 : le couple et l’institution du mariage (Médiation couple - opus 2) N°32 – Mars –avril 11 : La psychologie systémique et le chamanisme N°33 – Mai-juin 11 : Vers une éthique sociale contre les barbaries N°34 – Juil-Août11 : Nous sommes tous contre le fascisme. N°35 Sept-Octobre 11 : le méta point de vue et le non-agir. N°36 Nov. Dec. 11 : Fidélité et soumission. N°37 Janv-Fev. 2012 : L’autonomie et l’émancipation des femmes au tiers-monde (1ère partie) N°38 Mars-avril 2012 : L’autonomie des femmes au Mali (2ème partie).La faim ou la fin : l’humanité en péril N°39 Mai-juin 2012 : L’excision au Mali (3ème partie) N°40 Juil-Août2012 : En Belgique, il pleut, l’OTAN n’est jamais beau ! CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°40 CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle – Philosophie sociale : En Belgique, il pleut, l’OTAN n’est jamais beau ! 1.Philosophie sociale avec l’Ecole de FRANCFORT En Belgique, il pleut, l’OTAN n’est jamais beau » (slogan pacifiste) Après KANT et NIETZCHE, la rationalité des procédures par la langage sur une base de scientificité va devenir le socle de la prise en compte d’une proposition sur des critères de véracité (vrai/faux). Toutefois, la phénoménologie et l’historicité des sujets inscrivent aussi le processus de raison dans la temporalité d’une époque. La conscience se concrétise donc dans la pratique du monde vécu ET des incarnations historiques. L’ontologie prend la place de la transcendance. L’anthropologie culturelle et sociale, avec l’action, le corps et le langage, complexifie à son tour l’agir communicationnel. Avec le dernier représentant de l’Ecole de Francfort, Jürgen HABERMAS, il n’y a plus seulement la radicalisation de la praxis (pratique et théorie de Marx) mais aussi l’hypothèse que nos opérations cognitives sont issues du rapport préscientifique de l’expérience vécue (MEAD, DEWEY, PIAGET, VYGOTSKI). Déjà avec la praxis, il ne restait plus de place pour des vérités assertoriques sorties de nulle part (les concepts économiques de la légitimité de l’exploitation des hommes) et occultant les interactions vécues dans un monde de conflits de classes mais symboliquement structuré, en oubliant donc l’intersubjectivité de groupe et l’agir communicationnel. Pour accepter les concepts de valeurs qui nous tiennent à cœur tels l’éthique, la morale sociale, l’individuation de la personne, la liberté et l’émancipation, l’autonomie et l’autogestion, il nous faut retourner dans le temps pour mieux comprendre les mécanismes de la pensée sotériologique judéo-chrétienne et musulmane, en fait, une analyse critique des religions universelles et leurs possibilités polysémantiques avec une herméneutique dépassant la transcendance (SOUFI, KABALLE,…). Si nous ne pensons pas à la genèse de notre socialisation, le lieu d’où nous parlons comme la résistance et la liberté ne sera plus compris par nos jeunes (Les Territoires de la mémoire). Le projet émancipateur d’HABERMAS est de ne pas oublier la lutte contre le fascisme et l’impérieuse nécessité de nous comporter humainement les uns vis-à-vis des autres pour ne pas oublier la barbarie d’où nous venons et qui pourrait renaître de ses cendres (comme l’intégrisme fanatique). Les universaux idéalistes étaient déjà critiqués par HORKHEIMER comme étant une métaphysique trop lisse et complaisante vis-à-vis de la souffrance concrète que provoquent des conditions de vie humiliantes (comme les ghettos du nazisme). Pour illustrer par un exemple récent, une amie anthropologue malienne m’écrivait que SARKOSY devrait être jugé pour crime contre l’humanité. Il est vrai qu’en 2007, KADHAFI a soutenu la campagne présidentielle de SARKOSY, puis investit beaucoup au Mali ; lorsque l’OTAN a attaqué la Lybie (pourquoi pas la Syrie ?), le président malien ATT a témoigné de la solidarité avec le leader libyen et aujourd’hui, on ne compte pas moins de 4 guerres depuis février 2012 : une fraction de l’armée contre les rebelles du Colonel Sanogo, les Touaregs venus du NORD et les bandits d’Al-Qaïda (ALQMI – Al-Qaïda au Maghreb islamique). Nos médias sont étonnement silencieux sur ce qui se passe et sur les mouvements des réfugiés ; ajoutons à cela la prochaine sécheresse avec un embargo des autres pays « aux ordres des américano-occidentaux » et ce sont des milliers de personnes qui mourront de faim prochainement dans l’indifférence générale. Aujourd’hui, il ne faut plus craindre le bruit des bottes mais le silence des pantoufles. L’Ecole de Francfort est une mouvance de la philosophie sociale (comme l’Ecole de Palo Alto pour la psychologie en Californie) luttant contre les dérives staliniennes du marxisme tout en combattant dans le même temps le capitalisme. HORKHEIMER est connu par sa « théorie critique » luttant contre toutes les aliénations. MARCUSE et FROMM sont marqués par le marxo freudisme ; ADORNO, BLOCH et BENJAMIN s’attaquent à la culture de masse dominant l’esthétisme ; ALTHUSSER (France) préconise un marxisme structurel des sciences modernes ; LUKACS, SARTRE et HEIDEGGER veulent pressentir une alternative libertaire et HABERMAS est le petit dernier à produire sur une philosophie de niveau universitaire. Les nouveaux concepts du droit formel bourgeois ont offert au système néolibéral la projection normative d’un ordre politique (globalisation) conçu comme un mécanisme rationnel. La politique se déleste d’une société conçue dans sa complexité, elle se veut scientifique au rabais en oubliant les questions morales pratiques de la légitimité ( l’épistémologie continentale différente de ce qu’elle est en Grande Bretagne : une philosophe des sciences). En fait, ce qui concerne la légitimité des lois, ce sont des croyances élevant un mur doctrinal avec le problème de la rationalité (« En Dieu nous croyons » disent les billets d’un dollar). Par contre, l’anthropologie culturelle et sociale ne fait pas l’économie d’une adéquation (ou non) avec les contextes des mondes vécus par chacun, elle se confronte au spectre entier des manifestations de l’agir social. Pour ses disciplines (sociologie et anthropologie), on ne peut pas évoquer la maximisation des gains ou l’exercice du pouvoir en gommant comme biais les interventions de langage critique des citoyens majoritaires. La théorie de l’action est liée à la compréhension du sens dans l’interprétation. La liberté, ce n’est pas toujours une activité rationalisée par rapport à une fin matérielle. Nous sommes tous rationnels (les humains) mais le savoir peut être critiqué comme insuffisant. Par exemple, les slogans frappeurs des affiches électorales (« Bleu Marine) ne peuvent faire office de programme politique. Notons que lors d’une discussion sereine, nous exprimons des savoirs mais lors de joutes de pouvoir, la majorité de ce savoir est implicite car le candidat s’exprime en termes de but personnel (ou de parti mais personnel tout de même) et non de franche communication de raison. Pour en finir avec les bluffeurs et tyrans politiques, il faut refuser les beaux parleurs qui élèvent la prétention que leur comportement est juste au regard d’un contexte normatif reconnu par leur groupe comme légitime (le bon Aryen) et que leur action est valide/véridique car c’est l’expression de leurs expériences vécues (par exemple comme anciens nazis) à laquelle ils ont un accès privilégié . Notons que ce précepte est tout aussi invalidant pour les tièdes actuels de la social-démocratie de centre (François Hollande et Elio Di Rupo) qui, sans en prendre conscience, font beaucoup pour un retour nostalgique au National-socialisme d’un Hitler idéalisé par des gens déçus par de fausses promesses électorales (les banques d’abord, le bien-être du peuple après). Depuis Lionel Jospin, selon le Monde, les anciens mineurs et les chômeurs du nord de la France votent extrême-droite, un peu comme la Flandre qui avec les séparatistes du N-VA et le Vlaams Belang vote à plus de 50% pour l’extrême-droite sans une étude comparative avec la Grèce asphyxiée depuis deux ans par les mesures d’austérité sans le moindre projet de relance économique . Le seul lien rassembleur, au-delà des normes et du fonctionnement à la croyance en l’austérité, serait d’établir des règles pour un consensus qui reposerait sur la reconnaissance intersubjective d’une vérité bonne pour tous : - Un accord obtenu communicationnellement doit s’appuyer sur des arguments étayés (et non ceux du plus fort) ; - La pratique de l’argumentation renvoie à la raison, à la rationalité ; - La force d’un argument se mesure à la sagesse des raisons sur lesquelles il se fonde ; - Les erreurs sont possibles mais soumises à l’analyse élucidante de l’apprentissage. Une personne dans le domaine cognitif instrumental exprime des opinions fondées et agit avec efficacité, elle sera rationnelle en plus si elle procède également à l’évaluation de ses échecs pour tirer parti de ses fautes et se remettre en question ; - Dans le domaine moral-pratique, la personne qui peut justifier ses actions en référence à un contexte normatif existant, quelqu’un qui ne cède pas à la meilleure offre et ne poursuit pas non plus des intérêts immédiats (d’apparatchik) mais s’efforce de trouver un méta-pont de vie moral et/ou cherche à résoudre la problématique sous un mode consensuel, pratique la démocratie participative. Exemple d’application pratique de la “Théorie critique” de l’Ecole de Francfort : Lettre ouverte au Président du Mali, Monsieur Amatou Toumani TOURE (dit ATT) Liège, le 15 mai 2012 Monsieur le Président, Pendant deux mandats, vous avez assumé les plus hautes fonctions de l’Etat lors de et comme toute personne qui a gouté au pouvoir, vous avez du mal à le quitter, d’où le coup d’Etat du Colonel SANOGO le 22 mars 2012, qui a rendu le pouvoir le 8 avril au Président de l’Assemblée nationale sous la pression d’un éventuel embargo décrété par vos Etats voisins. Monsieur le Président, on n’arrive jamais aux hautes fonctions comme les vôtres par le seul mérite mais grâce à certaines manœuvres et manipulations (En Belgique également). Votre administration est corrompue jusqu’au petit orteil quand le flic d’un carrefour rackette tous les jours le même taximan pour 100 FCFA/jour. A cause de votre soif de pouvoir et de la soif d’argent de l’ensemble de votre administration, votre magnifique pays ne se développe pas depuis l’indépendance (ce qui est aussi le cas de la plupart des pays africains corrompus par les intérêts américano-occidentaux). Votre armée de braves soldats est non payée et non fournie en munition mais elle ne compte pas moins de 80 généraux qui eux, même en surnombre, sont trop payés ! Au-delà de l’insurrection qui plane sur votre pays par votre cupidité pour le pouvoir, votre nation est attaquée par les Touaregs du nord (MNLA) pour former avec d’autres pays du Sahara l’AZAWAD et à l’Est par les bandits de l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) qui, avec les stocks d’armes récupérés en Lybie, pillent les banques et détruisent les administrations de GAO, KIDAL et TOMBOUCTOU. A TOMBOUCTOU, les islamistes profanent également les tombes des saints de l’Islam et le monde entier ne comprend pas ? Je fréquente votre pays depuis 25 ans à peu près, et j’admire la fierté de son peuple cosmopolite et l’ouverture d’esprit de la plupart des habitants avec les toubabou. Malgré la collusion scandaleuse de Nicolas SARKOSY avec KHADAFI pour soutenir sa campagne électorale en 2007 (plusieurs millions d’euros) puis la trahison du nain de jardin qui a utilisé l’OTAN contre la Lybie (alors que le peuple syrien est lui massacré !), la seule chose que j’admire chez vous ATT, c’est votre loyauté vis-à-vis de KHADAFI qui a construit beaucoup d’hôtels et de bâtiments administratifs au Mali. Toutefois, le reste, comme la plupart des leaders, vous avez triché et privilégié sans compter la manne de la corruption en oubliant l’essentiel de votre responsabilité : le développement de votre pays. Même avec ses extravagances à Yamoussoukro, le « Vieux » Houphouët BOIGNY gérait l’économie de la Cote d’Ivoire. Par contre, j’ai beaucoup d’amis maliens (de gauche) qui sont écœurés de vos deux mandats, ils me disent que le pays régresse vers le primitivisme, qu’ils redeviennent les membres d’un pays sous-développé grâce à vous ? Peut être mais pourtant, tout cas vous avez fait voter cette loi qui enfin protège la moitié féminine de votre peuple en interdisant la pratique de l’excision. En cela, dialectiquement, vous avez posé un acte positif, car en tant qu’ami et observateur totalement indépendant des mœurs de votre pays, je constate dans la 8ème région et dans les villages DOGON et BAMBARA que la plupart des femmes d’aujourd’hui se définissent courageusement contre ces pratiques barbares et sanglantes handicapant ou tuant de nombreuses fillettes. Mais Voila, par la faute de votre soif du pouvoir, les bandits de l’AQMI, des fanatiques islamistes faisant honte au monde musulman vont peut-être imposer à votre pays un recul vers le Moyen-âge comme en Iran ou en Afghanistan. L’injustice fondamentale faite à votre peuple et que vous n’avez pas combattue est dans la scolarité laïque de votre jeunesse : pour un enseignement supérieur égalitaire et de qualité quels que soient les sexes. Bien sûr, je vois au Mali des petites filles à l’école et puis, lorsque les femmes de la famille leur demandent d’aider en cuisine, elles abandonnent leurs devoirs scolaires et ainsi ensuite leur espoir d’avoir un jour un diplôme déterminant. Votre pays est pauvre mais il était juste ; or, avec l’AQMI, il va devenir aussi obscurantiste que l’Afghanistan avec les Talibans. Les américains sont certes honnis par vous comme par nous pour leur non respect des différences culturelles ; ils se retirent après avoir déstabilisé l’Afghanistan (le Vietnam et l’Irak ne leur ont pas suffi) et déjà en Afghanistan 300 écoles ont été fermées aux filles. Dans le nord, il y a 95% d’illettrés mais pour le Parlement afghan, il faut un quota d’un tiers de femmes…alors que la plupart sont analphabètes ? Nous mêmes, avant les guerres mondiales, nous voulions tout le pouvoir au peuple mais après avoir compris que la SUISSE avec sa culture des « votations » dites démocratiques était le pays le plus arriéré de l’Europe en matière de reconnaissance du droit de vote des femmes, nous avons orienté notre axe démocratique vers une militance envers la citoyenneté responsable et égalitaire. Sil vous plaît, transmettez à votre successeur, cette impérieuse nécessité de l’éducation des filles, d’une façon aussi correcte que celle’ des garçons. Vous avez assez de mosquées, Allah le miséricordieux vous en est reconnaissant mais maintenant pensez au peuple avec des écoles de qualité et des professeurs d’excellence. La première chose que le nouveau Président français François Hollande a fait a été de rendre hommage à Jules FERRY, le père de l’enseignement libre et gratuit pour tous. Je suis un ancien professeur de pédagogie à la retraite et je serais bénévole pour venir enseigner gratuitement chez vous dans vos universités (…aux filles). A votre avis, pourquoi mon offre éthique n’est-elle pas compatible avec la corruption générale de vos universités ? Si votre équipe trouve le courage de sa réponse, sachez que je resterai disponible gratuitement (avec per diem) pour la formation des maîtres maliens. Recevez, Monsieur le Président, malgré mon franc parler, l’assurance de mon respect humaniste. Jean-Marie LANGE En synthèse, il s’agit de reconstruire, comme en analyse systémique, les conditions de la relation symétrique. L’argumentation peut être conçue comme une poursuite par des moyens réflexifs de l’activité orientée vers l’incompréhension. L’argumentation en tant que procédure peut être réglée comme une division du travail coopératif entre proposant et opposant, une interaction régulée spécifiquement par les règles de communication DE groupe et de Dynamique des Groupes par exemple. La citation précédente d’Habermas a un poids énorme sur nos modèles discursifs. Beaucoup de nos politiciens sont des charlatans qui l’emportent à l’esbroufe du genre « tu as lu cela ? » (sous-entendu reviens après) ou encore de pseudos-arguments dits d’autorité du genre « tu as vus son âge, tu sorts des propositions éculées depuis des lustres ! ». Il s’agit en somme de dévaloriser systématiquement le lieu d’où l’autre parle avec aussi parfois, de lui dénier la possibilité de finir ses phrases, soit une faute langagière guerrière n’ayant rien à voir avec la rationalité et la probité d’honnêtes hommes. BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE DURAND-GASSELIN J.M., L’école de Francfort, Paris, TEL, Gallimard, 2012. FROMM E., Aimer la vie, Paris, Epi, 1993. 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Philosophie sociale avec Michel de MONTAIGNE En Belgique, il pleut, l’OTAN n’est jamais beau » (slogan pacifiste) « Le socialisme s’était voué à la démocratisation de tout le tissu de la vie sociale ; sa version « soviétique » a supprimé toute démocratie, et sa version social-démocrate n’a pu empêcher les régressions démocratiques qui, pour des raisons diverses, rongent nos civilisations de l’intérieur. Ce projet de politique de civilisation qui était le projet initial du socialisme, s’est donc trouvé soit trahi et inversé, soit effiloché. La politique de civilisation reprend l’aspiration à plus de communauté, de fraternité et de liberté, tout en y reconnaissant, cette fois, la difficulté anthropologique et sociologique. » Le lieu d’où je parle J’ai travaillé comme cardeur de laine à Goé (seul autochtone parmi des immigrés), cela consiste à nettoyer la laine brute puante, à faire les 3X8, à rentrer chez soi au petit matin et se faire arrêter par les gens d’armes ou bras armé du gouvernement parce que j’avais un pneu lisse; l’amende m’a ouvert les yeux à l’injustice de la justice car elle correspondait à l’entièreté de ma nuit de travail mais c’était cela ou bien céder au pouvoir du PS contrôlant les emplois pour wallons. J’ai travaillé comme nettoyeur de bouteilles chez Interlait à Dison, j’ai fait la moisson, les fenaisons, de la peinture d’intérieur. J’ai abattu 2000 Ha de vieilles palmeraies à l’Equateur au Zaïre pour faire du replanting d’Elaeïs Guineensis Tenera. J’ai cultivé des cafiers et de l’hévéa dans l’Ubangui, j’ai travaillé comme surveillant d’école, comme éducateur, comme prof d’agriculture (où j’ai préparé plusieurs dizaines de cours), comme formateur d’objecteurs de consciences à Bruxelles, comme animateur de mouvements pacifistes à Namur (IRG et aussi CAN – Centre d’Alternative Nonviolente), j’ai enseigné comme prof de communication en promotion sociale (cours du soir), j’ai milité comme formateur d’adultes dans l’Education Permanente (EP) à PEC-W (Peuple et Culture-Wallonie), à la LEEP (Ligue de l’Enseignement et de l’EP), à Amnesty International, etc. J’ai travaillé comme moniteur de travaux pratiques pour psychologues sociaux en fin de formation puis comme formateur en Analyse Institutionnelle (AI) au CDGAI/ULG (Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse Institutionnelle/Université de Liège), puis comme collaborateur de l’université (ULG). J’ai travaillé comme chargé de mission au CEF (Centre d’Education et de Formation) pour le Ministère de l’Education à la chambre de l’Education aussi bien qu’à la chambre de la formation. J’ai réalisé des expertises pour le FED (Fond Européen de Développement – Thessaloniki) sur l’enseignement professionnel en France, puis pour former des cadres supérieurs au Mali. J’ai donné des cours de psychosociologie et de méthodes d’éducation active à la Haute Ecole de la province de Liège pour les assistants sociaux (AS) et assistants en psychologie (AP). J’ai formé des directeurs et sous-directeurs d’Académie et j’ai collectionné les diplômes universitaires, l’ethnographie africaine puis l’art africain et la peinture abstraite. J’ai souvent appris la vie en risquant de la perde (cela donne du goût à l’agressivité créatrice) et enfin, avec la collaboration essentielle de mon épouse, j’ai réalisé la plus belle chose de ma vie : trois êtres humains émancipés. Puis, en 2005, nous avons créée avec un groupe d’amis notre asbl d’aide humanitaire, le GAP (Groupe d’Autoformation Psychosociale). Je dispose de ma retraite pour vivre convenablement et de mes formations pour alimenter le GAP. Le premier formateur d’adultes « La méditation est une étude puissante et riche pour qui sait s’explorer et s’employer à se connaître : j’aime mieux façonner mon esprit que le meubler. Il n’y a pas d’occupation ou plus faible ou plus forte que celle qui consiste à s’entretenir avec ses pensées, selon l’esprit que l’on a. La lecture me sert spécialement à éveiller ma réflexion en lui fournissant divers sujets, à faire travailler mon jugement et non ma mémoire. » J’ai enseigné beaucoup de théories et de techniques psychosociales mais jamais la vérité ; celle-ci ne peut être que relative. C’est pourquoi, les « formateurs » différent des enseignants en préparant beaucoup plus avec le paradoxe qu’une « préparation » ne se voit pas, elle illustre par son invisibilité la belle phrase de Montaigne : « Je n’enseigne pas, je raconte ! ». Nous sommes une forme de vie avec un ego auto-construit appelé personnalité qui s’invente parfois des certitudes ou des dogmes. L’attitude de l’humanisme laïque est de renoncer à toute vérité absolue. Dans mon parcours d’étudiant en pédagogie, mes professeurs m’avaient alléché avec les trois tomes des Essais de Montaigne (Michel EYQUEM de MONTAIGNE (1533-1592) et j’avais fait comme beaucoup : les acheter mais ne jamais les lire car ils étaient écrits en vieux français où les S et les F se confondent. Ce sera seulement en 2009 que je profiterais du savoir de ce formateur en apparence dilettante grâce à André LANLY, prof émérite de l’université de Nancy qui a réalisé la prouesse de traduire cette œuvre en français de notre époque. Avec le savoir produit par des siècles de sages, nous pouvons – si nous le voulons – décoller de nos existences de mammifères pour tendre vers l’essence de l’humanité. Il faut reconnaître à Montaigne son courage de ne parler en somme que de son histoire de vie tout en nous apprenant l’intersubjectivité, autrement dit ce qui s’approche le plus d’une objectivité souhaitable mais impossible car nous sommes incapables de concevoir le tout. Courage car si parler est facile et évanescent, écrire par contre, c’est se soumettre à la critique permanente ; en effet, de par notre histoire et les influences culturelles, nous ne pouvons pas écrire une rationalité voulue car nous la biaisons de préjugés et de stéréotypes. Avec le soliloque de Montaigne (« Je parle au papier comme je parle au premier venu »), nous apprenons doucement à nous accepter avec humilité sans devenir un fat car l’orgueil est bien une scorie de la pensée. Le travail à faire sur nous-mêmes est de se détacher de la foi et des dogmes. La structure de la démocratie formelle empêche certainement les excès des barbaries théocratiques mais endort aussi la citoyenneté par le ronron des gouvernants permanents (une oligarchie de pères en fils à qui le pouvoir monte à la tête). Nous sommes encore loin de la démocratie athénienne avec des élus sollicités par le peuple et pour 5 ans pour mettre leur sagesse au service de la chose publique et sans enrichissement personnel avec les campagnes publicitaires basées sur des promesses jamais tenues, l’argent et la traîtrise du bien-être de tous. Gouverner sans vice est impossible, comment voulez-vous arriver aux plus hautes fonctions d’un Etat uniquement par le mérite ? L’arbre le plus haut a dû écraser des pousses plus jeunes pour s’accaparer le soleil de la photosynthèse au prix de la conscience. « Le bien public demande qu’on trahisse et qu’on mente et aussi qu’on massacre : abandonnons cette tâche à des gens plus obéissants et plus souples. » Montaigne nous invite avec d’autres mots que son ami Etienne de LA BOETIE (1530-1563) à ne plus soutenir les colosses aux pieds d’argile. (LA BOETIE est l’auteur du « Discours de la servitude volontaire ».) Observons notre crise européenne qui révèle les coulisses de l’alliance Merkel-Sarkosy imposant une austérité de plus de deux ans pour le peuple grec alors que la nouvelle alliance Obama-Hollande propose l’exact contraire, investir plutôt que de se serrer la ceinture. « Nous devons procéder à notre propre NEW DEAL en lançant des grands travaux d’infrastructures qui, du même coup, créeront des emplois, abaisseront drastiquement le chômage et relanceront l’économie, alors que la politique dite de rigueur conduit à une récession accrue, à de nouvelles pertes d’emplois, à des diminutions de salaires et de rétributions, à une baisse de la consommation, qui aggravent la crise sociale en croyant réduire la crise économique. » Les médias sont vendus aux gouvernants ; observons nos journaux télévisés et la place octroyée au sport et aux catastrophes nationales par rapport à la portion congrue laissée à l’actualité internationale. Quel est le citoyen qui sait que depuis la mi-février 2012, il y a trois guerres différentes au Mali, que les banques sont pillées et qu’outre l’invasion Touareg et celle de l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique ), il y a guerre insurrectionnelle d’une l’armée coupée en deux et s’entretuant avec des mouvements de réfugiés fuyant le nord et l’est ? Comme nous y invite Michel FOUCAULT il faut retrouver la parrêsia, le franc-parler en distinguant les rumeurs des faits comme les vivent les maliens, les syriens, les victimes des talibans afghans, etc. MONTAIGNE nous invite à parler vrai et sans peur (des assassinats politiques, des passe-droits, des mises à l’écart, etc.). Il y a quatre siècles qu’avec son ami LA BOETIE, ils nous crient tous les deux : INDIGNEZ-VOUS ! Montaigne puise dans sa grande culture non aseptisée des penseurs grecs pour citer par exemple HYPERIDE (389-322 av. JC) : « Messieurs, ne regardez pas si je suis trop libre, mais considérez que je le suis sans rien recevoir et sans améliorer par là ma situation personnelle. » « Indignons-nous donc ! » mais avec raison ; en effet, la colère et la haine sont des passions qui ressemblent parfois à ce qui est combattu. « Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine », dit-il. Servons-nous, comme les Stoïciens et les Epicuriens de la raison et du détachement. Aujourd’hui, nous pourrions dire aussi de la non-violence et de la pensée constructive d’alternatives plausibles. Nous devons toutefois nous engager dans la citoyenneté responsable de notre nation mais non dans des guerres étrangères en ajoutant ce commentaire : « auxquelles pourtant, selon nos lois, ne prend pas part celui qui ne veut pas ».(Livre III, p.959), ce qui signifie qu’à cette époque d’avant 1588 (la relecture des Essais), le service militaire n’était pas obligatoire et donc nos revendications du XX° s obtenant en 1964 le droit à l’objection de conscience pour les appelés n’avait alors pas de raison d’être. Ceci signifie aussi que le progrès dans le temps est parfois un mythe et non synonyme d’amélioration de l’humanisme laïque. Rappelons-nous que, particulièrement lors de la première guerre mondiale de 14-18, beaucoup de pacifistes obligés de prendre les armes furent fusillés par leurs camarades parce qu’ils refusaient de tirer sur d’autres êtres humains et que leurs juges ne furent ni jugés ni exécutés après guerre pour homicides volontaires et prémédités (des tueurs en série sur grande échelle). Travailler et faire toujours la même chose, ce n’est pas vivre mais survivre, un programme peu réjouissant forgé par le capitalisme sans visage humain : étudier pendant 20 ans, travailler pendant 40 ans et vivre une vieillesse dans la routine, au lieu de goûter la vie dans la force de l’âge avec ses plaisirs, ses découvertes, ses profondeurs et émotions. Nous devrions arrêter de travailler et penser au bien-être plutôt que de consommer comme des malades hypnotisés par les « réclames », affronter notre crainte de la mort autrement que par de l’activisme forcené ou des croyances naïves. Avec mon épouse, nous avons voyagé souvent à la dure sacs au dos un peu partout en Asie et en Afrique pour le plaisir de communiquer avec des gens d’autres cultures et prendre de la distance, non pas pour la seule beauté des paysages mais pour se découvrir soi-même. Nous ne sommes que poussières et il n’y a pas de transcendance et de dieux barbus cruels ; nous sommes des agrégats d’atomes sous la forme humaine et, comme un groupe est plus que la simple addition des parties, nous pourrions être plus grands si nous vivions nos émergences plutôt que seulement nos contraintes. Nous pourrions nous détacher de notre obsessionnel ego en reconnaissant nos désirs et notre fourmilière, sans sacrifice ni avidité pour notre égoïsme mais en agissant pour l’humanité sans en attendre une quelconque gloire ou un gain pris in fine sur le dos d’un pauvre bougre n’ayant pas le minimum pour vivre dignement. Nous sommes comme des cellules que se croient indépendantes alors que nous sommes tous interreliés. Lévi-Strauss rejoint Montaigne lorsqu’il dit : « Les yeux humains ne peuvent apercevoir les choses que par les formes de leurs connaissances humaines », connaissances toujours partielles, limitées et partiales, pourrions-nous ajouter. « Connais-toi toi-même ! » disait Socrate ; cherchons à nous perfectionner par les connaissances ajoute Montaigne mais ne nous leurrons pas sur la vérité et les dogmes car il n’y a de connaissance pour nous qu’humaine. Il n’y a de valeurs que subjectives ; alors, de quel droit envahir d’autres pays comme les E-U via l’OTAN et tuer d’autres hommes parce qu’ils ne pensent pas comme nous ? Nos valeurs d’athées sont d’abord la tolérance mais pas à l’injustice contre laquelle nous devons combattre sans haine ni violence. Beaucoup de choses peuvent passer par la négociation, par exemple l’aide des pays riches pourrais être conditionnée à la lutte contre la corruption maximale du tiers-monde : vous aurez des sous si nos sœurs humaines de vos ethnies ne sont pas forcées de s’habiller comme les hommes le veulent, ne sont battues, excisées, lapidées et ont droit à l’héritage de leurs parents. Ceci n’est qu’un exemple superficiel mais entre d’une part fermer les yeux sur les trafics et d’autre part envahir les pays pour leur pétrole, il y a de la marge pour une créativité dite utopique au lieu de la barbarie qui est dans tous les camps. Je peux agir avec et pour des familles d’islamistes qui eux me haïssent « sans haïr à mon tour » comme l’écrivait KIPLING dans KIM. Le monde occidental confond la menace des extrémistes islamistes avec l’ensemble des musulmans qui vivent, pour la plupart des femmes en tout cas, dans l’analphabétisme. Des gens vivent parfois dans les conditions de notre Moyen-âge avec une seule religion imposée mais l’accès à l’instruction peut rendre obsolète les idées après une génération ; regardons chez-nous les catholiques gênés de la rigidité de leur hiérarchie papale. A côté de la tolérance, notre autre grande valeur humaniste est la conscience de la valeur de la vie humaine (mais aussi des autres vies). Notre « évangile » post-métaphysique est de respecter la liberté de pensée et d’exprimer nos droits à la conscience et à son expression. Que ceux qui veulent la foi du charbonnier vivent cette pauvre consolation et qu’ils respectent ceux qui se gardent de toutes les religions mais qui les permettent. VOLTAIRE (François Marie Arouet dit - 1694-1778) disait « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire ! ». Mâtinons avec Georges BRASSENS le « jusqu’au bout » n’allant pas jusqu’à « mourir pour des idées ». La laïcité, c’est vivre ensemble, croyants et incroyants, donc avec aussi notre possibilité de vivre et d’agir humainement sans l’espoir d’en être récompensé par un bon père halluciné. Pour conclure, cette brève vulgarisation sur MONTAIGNE, n’oublions pas non plus son esprit libertaire, trop malin pour être anarchiste et déplaire aux despotes de son époque. Il est né en 1533 et mort en 1592. Montaigne, ce fut le temps de la bougie qui donnera les lumières de Denis DIDEROT (1713-1784) et de Jean Le Rond D’ALEMBERT(1717-1783) ou encore de Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778) . Il traduit LUCRECE qui était du fan-club d’EPICURE (341-270 av. JC). « Lorsque votre sexe est tourmenté par un violent désir, dans le premier corps venu jetez la liqueur amassée en vous. Et pourvoyez-y de bonne heure de peur que vous ne soyez dans la peine une fois que le désir vous a saisis. Si vous n’effacez pas de nouvelles plaies les premières blessures et si vous ne les confiez, encore fraîches, aux soins de quelques Vénus vagabondes » . Je cite ceci non pas pour ouvrir une autre réflexion mais pour contrer celle de professeurs encore influencés à notre époque par la pudibonderie maladive et religieuse induite il y a bientôt deux siècles par la Reine Victoria, enseignants qui commettaient collectivement un « péché » d’omission, comme si l’Encyclopédie n’existait pas ? Oui, Montaigne philosophait dans sa tour à sa manière originale et se promenait à cheval dans toute la France mais il était néanmoins homme avec des pulsions sexuelles. J’ai vu dans un monastère zen de THICH NHAT HANH dans le Lot, un jeune moine de 18 ans qui prononçait ses vœux de chasteté, c’est-à-dire de renoncer à la chair et cela m’a dégouté comme un obscénité car comment peut-on renoncer à quelque chose que l’on n’a pas connu ; c’est là en faire un fantasme, un fantôme sur l’inconscient et en plus, avec la complicité tacite de gens se croyant des sages. MONTAIGNE lui était un sage (comme EPICURE et les lumières) et il n’en était pas moins homme pour la cause et respectueux de la nature et de la sienne, n’en déplaise aux curés abuseurs d’aujourd’hui. Notons qu’il vécu contemporain de RABELAIS le moine à qui on doit la sentence « Carpe Diem » ! 3. Philosophie sociale avec PRAJNANPAD « En Belgique, il pleut, l’OTAN n’ai jamais beau »(slogan pacifiste) « Que signifie la tendance à ne pas vouloir vous séparer de ce que vous possédez ? Simplement ceci : « Je n’ai pas reçu ». Son opposé « ne pas être capable de donner », n’est qu’une réaction. Une réaction à quoi ? A « Je n’ai pas reçu. Je veux avoir, mais je n’obtiens pas…ou j’ai été privé de ce que j’avais. » - C’est pourquoi je dois m’accrocher fermement à tout ce que j’ai. Comment pourrais-je le donner ? La vraie raison qui m’empêche de me séparer de ce que je possède c’est que « moi-même je n’obtiens pas…ou j’ai été privé de ce que j’avais. » Le désespoir n’est pas la désespérance mais l’absence lucide d’espoir ou, dit autrement, le refus de toutes les consolations religieuses. Il y a le cosmos et le vide sidéral, le reste est représentation ; nous vivons comme entité dans l’ici et maintenant et c’est une raison situationniste suffisante. Le passé est passé même s’il y a parfois nostalgie et le futur est pure conjoncture. Monsieur le Premier Ministre traverse la rue et est écrasé par un camion et c’est la fin du corps et de l’âme, dirait LUCRECE. Il n’y a pas d’angoisse dans la mort puisque nous ne sommes plus et nos habiles constructions de nos personnalités s’évanouissent. Ce qui existe, c’est le présent et le devenir aléatoire que nous ne pouvons guère imaginer. L’impermanence de notre existence et la différence avec les autres ego restent le cadre de notre évolution vers la mort, voilà les deux faces de notre réalité. La différence, c’est aussi le changement ; tout est changeant, nous retournons notre veste plusieurs fois dans notre vie selon les flux, les processus, les évènements réels ou fantasmés. « TOUT COULE ! » ou encore « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » disait HERACLITE. Si nous vivons dans l’attente ou le désir nous serons toujours déçus car prisonniers du temps et de la représentation fluctuante. Je rêvais de MADONA et je vis avec Simone mais qui a l’allure d’une Madone. Marie ! Sauve-nous de ton sourire vrai ! JE n’existe pas, JE-ego est un agrégat cellulaire et exister, c’est changer, c’est se modifier ; le MOI n’existe pas de même, ce n’est qu’une PERSONA (personnalité) dit JUNG et il en va de même de l’alter ego. Pourtant, le sage est le contraire d’un amnésique (qui oublie son passé) ou d’un névrosé (pour qui le passé ne passe pas). Vivre au présent, n’est pas nier le passé mais s’en souvenir ici et maintenant sans ressentiment. La mémoire, c’est la pensée actuelle de ce qui fut et qui n’est plus mais peut servir à ne pas refaire les mêmes erreurs par exemple. « Je voudrais que l’autre satisfasse mon désir ; et comme il n’est en vérité occupé que du sien, je lui en veux de ne pas me satisfaire, je lui reproche son égoïsme, bien réel, mais qui ne me gêne qu’en tant qu’il s’oppose au mien, qui l’est tout autant… » La vie est faite d’une dialectique entre réflexions et actions créatrices et pour le résultat, à quoi bon s’en préoccuper ? Notre agir doit se défaire des éventuelles récompenses et/ou culpabilisations de nos échecs. Nous faisons du mieux possible ce que nous avons pensé (ou ce que notre organisme a décidé) et sans crainte de l’échec et sans espoir de la réussite car, au fond, une fois l’action accomplie, c’est du passé. Nous devrions être à la fois dans la concentration de l’action et dans le détachement vis-à-vis de tout profit attendu. L’archer zen fait corps avec sa flèche et sa cible et il l’atteindra d’autant mieux qu’il est à la fois concentré et serein, tout entier dans son acte, il est la flèche ! Il en va de même de la vie, elle n’a pas de cible. « La vie est elle-même à soi sa visée » disait MONTAIGNE. Le sage ne vit pas pour posséder ou gagner, il vit tout simplement. Ni espoir, ni regret, ni espérance, ni nostalgie, ni crainte, ni remord. L’agir, c’est l’ici et maintenant avec un zeste de souvenirs. « Personne ne peut trouver le bonheur » dit PRAJNANPAD (qui n’a jamais rien écrit). Le bonheur est une finalité que l’on n’atteint – par moment – qu’en y renonçant, qu’en cessant de l’espérer. L’approcher, c’est « être sans peur, ni anxiété, ni désir ». Comme le disait FREUD, nous ne savons désirer que ce qui nous manque, que ce qui n’est pas, le néant (le syndrome du nirvana dit-il à tort). Notons qu’il ne faut pas conceptualiser le samsara (et le plaisir fugace de la vie) avec le nirvana (quiétude) qui vont ensemble dans notre seule et unique existence, FREUD amalgame le nirvana, absence de besoin et de désir avec la mort, là où l’on n’existe plus. Nous devons pouvoir accepter la mort comme une fin et non avec le paradis caché de ce juif athée, paraît-il. L’espérance est toujours déçue et renaissante, il faudrait donc s’en détacher, s’en « dés-espérer » (COMTE-SPONVILLE), c’est la voie de la lucidité. Appréhender l’existence de façon lucide au lieu de croire au Père Noël, développer notre connaissance-compréhension au lieu d’espérer. Notons que nous partageons tous la frayeur de mourir, c’est bien pour cela qu’il faut s’y préparer pour ne pas s’accrocher le moment venu. Lors de son existence, l’homme fuit le malheur ; changeons ce que nous ne pouvons changer et acceptons l’inéluctable. La loi de la nature est que chaque être vivant recherche le plaisir et l’homme également. Prajnânpad nous dit qu’il ne faut pas chercher à camoufler nos propres désirs mais « il faut simplement s’en rendre libre ». La sexualité est naturelle et à l’origine de nos énergies vitales et de nos plaisirs ; nous ne pouvons pas la réprimer, juste sublimer son excès de puissance par la créativité ou l’apprentissage. En aucun cas la réprimer car cela n’aboutit alors qu’au refoulement ou à l’obsession. Notons que le plaisir est un moment HIC & NUNC alors que le désir est permanent ; or, toute chose est impermanente, ce pourquoi depuis la découverte de l’inconscient freudien, on ne parle que « d’impossible satisfaction du désir ». L’ego n’a pas d’existence propre, le moi n’existe que dans notre imaginaire ; il n’y a que l’action, le changement, l’apparition et la disparition ; une partie de notre conscience est embuée dans un scénario du mental. Je voudrais posséder, garder, retenir… Et tout s’en va et m’emporte, comment serais-je heureux puisque je vais mourir ? Il nous faut distinguer le désir de ce que l’on n’a pas comme illusion répétitive et s’abandonner au plaisir (du bien boire et bien manger et du sexe). L’orgasme libère, disait Wilhelm REICH…mais la lucidité sur l’impermanence (et donc le lâcher-prise) également. Pour évoluer vers la sérénité, répétons-nous que « tout ce qui vient, s’en va ! ». Acceptons le désespoir pour le libérer, l’abolir de la souffrance, du ressentiment mental, de la frustration, c’est ce que FREUD appelait le travail du deuil. Non pas renoncer à la vie comme des bigotes qui sont en enfer si elles perdent la foi mais accepter notre finitude irrémédiable. Quand la dépression (burn-out) vient, soyez cette dépression et laissez-la se dissiper. Essayez d’accepter ce qui arrive et ce qui est. Détachons-nous des vains espoirs et consentons au désespoir « en pardonnant à la vie de n’être que ce qu’elle est ». Ne plus juger l’autre mais le voir tel qu’il est et le comprendre. Restons actifs contre les injustices et voyons le monde avec ses turpitudes mais sans trop d’idéalisme. Ceci nous amène à la philosophie sociale, la « Théorie de l’agir communicationnel » (HABERMAS). Lorsque je pratiquais l’AÏKIDO, je commençais par me libérer de mes passions avant de combattre – sans haine ni violence - mais fermement et j’ai toujours continué ma vie durant à dire et à écrire que nos dominants (la particratie, l’oligarchie et le népotisme) quelles que soient leurs étiquettes de fantaisie devaient être combattus pour un jour établir une communauté de citoyens matures et responsables qui se soucient du bien-être futur de nos enfants et de la planète. Acceptons les déceptions du réel que nous voyons mais ne démissionnons pas dans un monastère ; travaillons sur nous-mêmes notre « non importance » pour arrêter tous les jugements de valeur que nous posons sur les autres car juger, c’est comparer et donc à partir de quel critère puisque tout est singulier ? Nous sommes ce que nous sommes dans l’ici et maintenant et ceux qui nous jugent veulent surtout nous faire du mal. Pourtant, bien et mal ne sont que des concepts affinés dans notre mental et qui arrivent à nous faire souffrir. J’ai parfois rencontré lors de formations en histoires de vie des « filles qui sont les mères de leur mère » ou « des enfants harceleurs moraux de leur mère ». Comment cela fonctionne-t-il ? Par devoir, par le surmoi inconscient de la personne qu’elle a donné à voir à l’autre et où l’inconscient de l’autre s’engouffre comme dans un talon d’Achille pour le dominer. La pulsion est dialectique, elle a son côté lumière sexuelle et son côté ombre de domination. En formation, j’avais conseillé à une dame de 60 ans de ne plus se lever à l’aube pour faire les courses pour sa mère dès l’ouverture des magasins comme sa mère l’avait décidé mais plutôt de lui rendre service à l’heure qui lui convenait à elle pour desserrer cette emprise sur le vieil enfant esclave de la mère, pour qu’elle redevienne libre, autant que faire se peut. Apprenons à accepter le désespoir mais sans renoncer à l’action selon nos choix, à concevoir ensemble la lucidité et le courage d’agir sur ce qui peut être fait sans juger à son tour évidemment car le « devoir » est méprisable. Il ne s’agit pas de refuser d’être ce que l’on est mais d’accepter notre tristesse si elle se montre. C’est un peu comme le malade chronique ; s’il n’accepte pas sa maladie (non comme une punition d’un dieu mauvais) comme un coup du sort, il ajoute alors l’angoisse à ses douleurs et le voilà alors au fond malade deux fois. ACCEPT YOURSELF AND BE HAPPY ! Nous avons des perceptions et celles-ci donnent des émotions telles que joie, fierté, colère, haine, jalousie, etc. Si nous acceptons que ce ressenti est un chatouillement de l’ego, nous pouvons transformer ces émotions en sentiments et affects raisonnés tels que la compassion, la tendresse, l’estime, l’affection libérée de l’ego propriétaire imaginaire de l’autre et sourire à la vie (comme le Dalaï-lama). « C’est lorsque l’homme recherche le plus possible ce qui lui est utile, que les hommes s’avèrent le plus utile les uns aux autres. » (SPINOZA, L’éthique) L’amour doit-il être d’espérance ou désintéressé ? Et pourquoi devrait-il être sélectif : s’aimer soi-même et aimer l’autre sans calcul ni émotion possessive ? (« Ce monde, je l’ai fait pour toi disait le père ; je sais, il me reste à le reconstruire disait l’enfant » (Maxime LEFORESTIER) Personnellement, je n’ai qu’une seule réserve : ce sont les Evangiles qu’il faudrait en préalable expliquer mieux aux curés catholiques frustrés de sexualité. « Laissez venir à moi les petits enfants ! » doit être compris dans son sens d’amour-affection et non dans ce déni de nature que sont les curés pédophiles (proportionnellement en plus grand nombre que les citoyens lambdas, selon une étude hollandaise). Il nous faut résister à la haine sans lui ressembler, dit Svâmiji, conscientiser que l’ego est une construction du mental mais qu’il ne faut pas pour autant le réprimer, l’humilier, le dénier mais plutôt l’orienter vers l’amour de l’humanité (l’AGAPE). Si je m’aime sans illusion (mais aussi sans m’en vouloir d’une quelconque culpabilité croyante), je peux aussi me détacher de l’idéalisme et pratiquer de même pour l’humanité c’est-à-dire l’aimer avec lucidité, sans illusion. Ne confondons pas cependant le détachement avec la résignation. La vanité de réussir financièrement dans la vie n’est pas la même chose que de réussir sa vie. Personne ne peut intimement vous connaître, tous ont une représentation/opinion et vous faites partie de leurs créations mentales mais au fond, personne ne vous voit. Qu’est-ce que cette psychologie indienne a à voir avec la philosophie sociale ? C’est simple, il s’agit en fait de savoir dire oui et accepter les coups du sort mais pour le reste savoir dire sereinement NON ! En effet, l’exploitation de l’homme par l’homme, n’est pas que dans l’économique et le politique mais aussi dans la vie quotidienne. Par exemple, la mère qui dit à sa fille « après tout ce que j’ai fait pour toi, tu me déçois ! », c’est crapuleux, n’est-il pas ? L’avarice nous ronge et la société de consommation nous aveugle, nous pouvons dépenser des sommes folles pour les jouets de nos enfants mais cela n’est pas la tendresse dont ils ont besoin. Lorsque j’enseignais et que mon chef d’atelier me demandait de faire quelques heures supplémentaires gratuites pour l’école « portes ouvertes », je disais NON sans justification car si notre société est capable de payer des sommes folles pour le patron de Belgacom ou pour un joueur vedette de foot, elle devrait aussi payer beaucoup mieux ses enseignants, responsables de l’épanouissement (ou non) de nos enfants. Donc, le travail à faire sur soi est aussi celui d’une citoyenneté responsable qui consiste à prendre ses distances vis-à-vis de la culpabilisation et des devoirs qui deviennent un style de management, à opposer à nos hiérarchies un NON catégorique car on n’a pas à s’excuser de vivre pour nous aussi. L’agressivité créatrice, c’est se servir de sa pulsion pour se défendre au lieu de survivre. Par exemple, le bouddhisme n’a jamais enseigné la non-violence (« l’AHIMSA » de Gandhi) mais de « s’abstenir de trop tuer » pour se nourrir ; c’est pourquoi, j’aime mieux manger un steack prélevé sur une bête de 800 Kg que 800 lapins. Je vois souvent des gens qui veulent à tout prix être aimés de tous ils sont alors trop gentils et se retrouvent constamment dominés par les autres. Je disais souvent à mes étudiants d’arrêter de « plier comme le roseau » mais de défendre leur territoire de vie. Agir dans l’ici et maintenant en pleine conscience (AWARANESS) et de sa propre pulsion (SAKTI), c’est l’expérience de l’énergie créatrice (ANANDA). C’est la joie que l’on éprouve à se libérer d’une tension en disant le non-dit, une joie de conquête et de libération de soi. La jouissance sexuelle, c’est UPASTHA et la petite partie de la pulsion sublimée utilisée pour être vraiment soi, c’est ANANDA, lorsque l’on devient libre de l’intérieur, la joie. La déesse SAKTI, c’est l’énergie sexuelle venant de la KUNDALINI (JUNG), une force endormie lovée comme un serpent entre les gonades et le périnée et qui doit remonter à travers les chakras (les nœuds) à la rencontre de SHIVA qui est le dieu masculin symbolisant l’équilibre, le calme, la paix, la liberté, la maîtrise de soi et le choix de nos actions. Lorsque SAKTI rencontre SHIVA, celui-ci se met alors « à danser » (en mouvement), il crée, il agit et détruit puis reconstruit. Cette symbolique signifie que lorsque l’expérience émotionnelle et l’expérience rationnelle se rencontrent, elle forme une énergie constante. « Il ne me suffit pas de lire que les sables des plages sont doux ; je veux que mes pieds nus le sentent…Toute connaissance que n’a pas précédée une sensation m’est inutile. » Par exemple, jouir n’est au fond qu’une secousse de plaisir mais absorber l’expérience d’un coït physique au mental dans un échange lucide est nourrissant pour le soi et l’alter-ego. Avaler machinalement un chocolat, ce sont des calories absorbées dans la distraction, savourer un petit café serré avec délectation, c’est se nourrir du plaisir de l’instant. Si je développe la confiance en moi de plus en plus par la conscience d’être ce que je veux être, c’est comme si je faisais du body building mental avec en prime l’aisance de dire NON ! NON au devoir, au « qu’en dira-t-on », à la culpabilisation, à la soumission aux normes et aux autres. C’est résister à toutes les pressions « pour notre bien » dit-on et être libre même en prison car personne ne peut enfermer l’esprit. CAMUS aurait pu écrire : « Il est libre Max, il y en a même qui l’ont vu voler ! » Si nous étions plus clairs à l’intérieur, nous serions plus citoyens responsables à l’extérieur. J’ai glosé longtemps sur la démocratie participative avant de conscientiser que le monde était de mieux en mieux verrouillé par l’influence des médias. Nous passons trop de temps devant la télévision de Big Brother à nous faire hypnotiser par les pubs en attendant vainement des nouvelles de la météo et des nouvelles de la situation internationale lors des journaux télévisés centrés sur le sport et les accidents nationaux. Je sais donc que le grand joueur de foot Eden HAZARD gagne 550.000 €/mois et que les matchs truqués peuvent rapporter deux millions d’euros par match. A côté de cela, l’égérie de Nicolas SARKOSY, à présent Présidente du FMI nous dénonce la pauvreté de l’enseignement en Afrique avec 3 petites filles par banc pour des cours partiels en l’opposant aux grecs qui refusent l’austérité consécutive au fait qu’ils ne payaient pas leurs impôts. On croit rêver : comparer les pauvres entre eux alors que l’on ne touche pas aux grosses fortunes (pas de taxation), que c’est l’Atlantico-Occident qui est le corrupteur de tous ces pays africains et que c’est le FMI – dans un passé récent – qui a aggravé situation avec « l’ajustement structurel » au lieu de surveiller par exemple où et à qui va l’argent du FED ? Je suis comme tout le monde pensant en Europe, content du départ de ce mafieux de SARKOSY (vendant des logiciels pointus à la Lybie, dixit Marianne du 1°juin). Mais suis-je content de Hollande ou de Di Rupo qui se disent socialistes ? Je rappelle que l’on ne devient pas chef suprême d’un pays sans avoir « quelque chose qui colle aux mains » aurait chanté le poète Gilbert BECAUD. Pour une brève synthèse, je pense toujours comme en 1968 : je veux faire l’amour plutôt que la guerre aux théocraties musulmanes qu’il suffirait de ne plus les subsidier tant que ne sont pas réouvertes les 300 écoles pour filles fermées par les talibans en AFGHANISTAN avec la complicité du gouvernement. Je n’ai aucune sympathie pour les « frères musulmans » qui vont s’emparer de l’EGYPTE, pour l’Iran, l’Afghanistan ou le fourbe PAKISTAN (qui sert de base arrière aux talibans) ni pour l’hypocrite et traître ARABIE SAOUDITE et les terroristes du YEMEN ; qu’ils se massacrent entre-eux, entre fanatiques chiites et sunnites. Par contre, je pense que l’on devrait mettre fin à ce droit de veto à l’ONU qui rend cette structure innopérante depuis le Congo de 1960. Après des mois de massacre de la population civile en SYRIE, le délégué Kofi YANAM s’indigne enfin et rencontre le boucher AL ASSAD mais il ne pourra rien faire puisque la Chine et la Russie ont usé de leur droit de veto. A mon avis, ces pays ont dû oublier la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui devrait primer sur les droits de veto lorsqu’il s’agit de massacres ou de dérèglement climatique. Donc, nous ne voulons plus de pseudo-démocratie où à travers la TV, comme le serpent de MOGWLY qui dit « aie confiance ! », on manipule les plus crédules d’entre nous. En tant que citoyen non consulté, je dis non pour créer une nouvelle piste d’aviation à côté de celle – militaire – de St Hubert (puisqu’il n’y a plus vraiment de régiments stratégiques en Ardennes depuis Peter De Craene) et non aussi aux pensions retardées pour permettre pareilles conneries. Je dis par contre OUI pour supprimer les parachutes dorés et les salaires insultants des grands sportifs en ces temps de crises économiques pour tous les petits en Europe. Mais je le rappelle, NON pour la réduction des soins de santé (on pressure les infirmières depuis des années et les hôpitaux oublient qu’ils étaient des services publics), NON à la révision des retraites vers le bas (sans envisager une fois de plus de taxer les grosses fortunes). Oui pour que la formation des maîtres soit universitaire et que les enseignants soient payés dignement (et non 1500 € en début de carrière). Un grand sociologue de l’ULB (Matéo ALALUF) a dit un jour que, si l’on manquait de maçons, c’est parce qu’on les payait trop peu ; on peut dire cela aussi aujourd’hui pour la pénurie des enseignants. OUI, faisons payer à la Flandre le même prix qu’en Wallonie pour l’eau wallonne. OUI, soyons tribalistes comme eux pour exiger une juste répartition sur le sol commun des outils industriels. Par exemple, si une usine de montage de voitures (ou n’importe quelle autre entreprise) se développe en Flandres, la suivante doit être implantée en Wallonie (à part celle de Vilvoorde au nord de Bruxelles flamand, elles sont toutes en Flandre). Et enfin, trois fois OUI, pour –après 60 ans d’observation de la vie politique belge -, une évaluation de nos politiciens professionnels dont pas un seul n’a été sanctionné pour incompétence. OUI aux sanctions envers le PS qui, malgré les avis répétés de dépolitisation nécessaire de la fonction publique du GERFA, continue avec un cynisme époustouflant à nommer des directeurs généraux de sa tendance (clientélisme). Je suis laïque et pour la tolérance mais non pour de pareilles malversations ; un jour, nous aurons un politicien de gauche comme Jean-Luc MELANCHON comme alternative à cette particratie de centre droite. Avec nos trois volets 1) Habermas sociologue refusant le communisme et le capitalisme pour rappeler le bien-être des gens (la force), 2) Montaigne, pédagogue refusant la « langue de bois » des arrivistes pour dire le non-dit (la beauté), 3) PRAJNANPAD, philosophe (et COMTE-SPONVILLE) pour nous rappeler que nous devons accepter ce que nous ne pouvons pas changer mais toujours agir en citoyen responsable (la sagesse),; nous donnons trois éclairages, trois spots totalement différents car il est temps de réveiller les moutons que nous sommes. Par exemple, les images montrant les manifestations contre l’OTAN à Chicago ont été censurées dès le deuxième jour pour laisser dormir les moutons. L’Europe est contrôlée par les agences de notation US, sabordons-nous par solidarité avec les grecs, les espagnols et les italiens, l’Europe des marchés n’est pas l’Europe sociale. Avec Stéphane HESSEL et Edgar MORIN, indignons-nous fermement et avec un sourire serein pour dire NON, boycottons la surconsommation et les marchés. N’allons pas voir les matchs à CHELSEA ! NON ! Jean-Marie LANGE, formateur GAP, 01.06.2012 Bibliographie sommaire COMTE-SPONVILLE A., De l'autre côté du désespoir, Introduction à la pensée de Svâmi Prajnânpad, Paris, Editions Accarias/L'originel, 1997. COMTE-SPONVILLE A., Valeur et vérité, Etudes cyniques, Paris, PUF, 1995. COMTE-SPONVILLE A., Impromptus, Paris, PUF, 1996. COMTE-SPONVILLE A., Le miel et l’absinthe, Paris, Hermann, 2008. COMTE-SPONVILLE A., Le goût de vivre et cent autres propos, Paris, Livre de Poche, 2012. COMTE-SPONVILLE A. & FERRY L., La sagesse des modernes, Paris, Laffont, 1998. CORDELLIER S. (Ed.), La mondialisation au-delà des mythes, Paris, La Découverte, 2000. COULON A., L'ethnométhodologie, Paris, PUF, 1987. CROZIER M., & FRIEDBERG E., L'acteur et le système, Paris, Seuil, 1981. 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ROUMANOFF D., Svâmi Prajnânpad, un Maître contemporain, vol II Le quotidien illuminé, Paris, La Table Ronde, 2002.