jeudi 2 juillet 2009

CAPI 0309 - n°21 - La Raison sensible

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIAL
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosocial : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr

CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP

N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
















CAPI – Cahier d'Autoformation et de Pédagogie Institutionnelle du Groupe d'Autoformation Psychosocial - GAP - N°21 -03/2009 – Mai-juin 2009
GROUPE D'AUTOFORMATION PSYCHOSOCIAL

Jean-Marie LANGE

"Nous ne sommes pas prisonniers du passé, ni de notre histoire, ni donc tout à fait de nous-mêmes. Chacun a le choix, sinon de son présent, du moins du chemin qu'il y suit ou, s'il en a le courage, qu'il y ouvre."(André COMTE-SPONVILLE)[1]

Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE:
gap.belgique@skynet.be ; Site http://soutien.et.autonomie.free.fr

CAPI N°21 : La RAISON SENSIBLE : INFIDELES ET MECREANTS se révoltent contre les fidèles et les dogmatiques ?

Introduction, échauffement

La laïcité", c'est la séparation entre la gestion d'un Etat démocratique et le monde religieux. En tant qu'"infidèles" (agnostiques ou athées majoritaires en Belgique mais non structurés en églises) faut-il combattre l'Islam dont les chantres "veulent tuer les infidèles ?" Les mesures terroristes et barbares des attentats aveugles reflètent-elles les préceptes du Coran ou s'agit-il d'un brutal retour à l'obscurantisme d'une minorité fondamentaliste, inexistante il y a à peine 50 ans ? Je visionne les films super8 de mes amies dans la Kasbah d'Alger, les cheveux libres dans le vent, le rouge aux lèvres et les jupes flottantes autour de leurs ravissantes jambes, sans contrainte et sans peur c'était d'authentiques musulmanes qui m'ont appris le côté lumière de leur culture.

La tolérance ne peut fonctionner que selon le respect de la chartre universelle des droits de l'homme et de la femme et ne peut être prétexte à une lâcheté de non ingérence envers ceux qui profitent tout en méprisant nos institutions comme l'école officielle, obligatoire et gratuite pour tous, un phare de lumière pour les flux d'émigrants pauvres venant du sud, ce que montre l'actrice tunisienne Isabelle ADJANI, dans sa prestation d'actrice dans le film "La jupe" :
- pourquoi les jeunes filles maghrébines ne peuvent-elles se comporter comme nos propres jeunes filles de notre pays d'accueil ? c'est-à-dire
- s'habiller comme elles le veulent avec des jupes et sans foulard (hormis les lieux saints) comme leurs grands-mères ou au moins les enlever dans ce qui est pour nous notre espace sacré, l'école publique ?
- sortir avec leurs amies occidentales le soir sans chaperon mâle ?
- aller à la piscine comme les autres ?
- recevoir en cas de besoin les soins d'un médecin homme (cf.les talibans) ?
- manger à la table des hommes lorsqu'elles sont invitées par des autochtones ?
- ne pas subir de mariage forcé ?
- ne pas être cloîtrée à la maison et dans l'illettrisme ?
- ne pas être mutilées par des superstitions sanglantes, douloureuses et dangereuses pour la survie (excisions, infibulations) ?
- avoir le droit de divorcer sans que cela soit accepté par des religieux islamiques ?
- ne pas être lapidée en cas d'adultère car, comme les hommes, elles ont écoutés leurs pulsions ?
- être aidée par leur époux dans une éducation sévère et stricte des enfants pour leur réussite à l'école (et non l'enfant que dit à sa mère comment elle doit s'habiller sans être remis à sa place par le père) ?
- avoir un amoureux non circoncis sans que celui-ci soit obligé de se convertir à L'Islam ?
- avoir le droit de rire et de vivre dans la joie tout en respectant les 5 préceptes, si c'est bien leur choix sans menace de mort ?
- Enfin, pour tous, dénoncer les jeunes machistes qui les insultent de meufs ou de poufiasses car le premier des racismes est bien le sexisme.

Développement

Je suis pacifiste, athée et j'ai donc choisi la valeur de tolérance, l'éthique de conviction de Max WEBER; je suis aussi contre toutes les formes de racismes et d'exploitation des êtres humains. Toutefois, je me pose la question de l'équilibre entre l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité que nous explique le sociologue Max Weber : être tolérant avec les barbares qui veulent s'installer parfois chez-nous de force au mépris des lois mais surtout nous imposer leurs coutumes anti-droits de l'homme, ne serait-ce pas de la lâcheté de ma part ? Entre Saint Michel, l'Archange et les drapeaux verts, n'y aurait-il pas une voie du milieu ?

Je me pose en fait non une question mais des questions :
- combien de musulmans ont-ils été tués à l'aveugle par des attentats intégristes contre des civils innocents ? (Les dommages collatéraux des guerres chirurgicales préventives et d'ingérence du sot BUSH en Irak ou les répressions disproportionnées de Sahal à Gaza sont tout aussi ignobles, mais ce n'est pas ma question). Combien de musulmans ont-ils été abattus parce qu'il avait fait une caricature de BUSH ? Quel est l'équivalent des fatwas lancées après les propos meurtriers d'Ousama Ben Laden envers l'Occident ? Salman Rushdie a-t-il le droit à la liberté d'expression garantie par notre bible à nous, les droits de l'homme ou devons-nous répliquer en attaquant l'Islam par des attentats chez eux ?

- L'émancipation du Tiers-monde pour laquelle je me bats a besoin en priorité de jeunes filles et de garçons éduqués, instruits dans notre enseignement officiel gratuit puisque chez eux, seules les écoles privées sont performantes:

Pourquoi dès lors insultent-ils leurs enseignants comme des merdes (ce que ne font pas les jeunes autochtones) et proposent-ils à ceux-ci des relations sexuelles avec leur vieille mère ("je nique ta mère !") sans être renvoyés sur le champ par SARKOSY au fond de nulle part.
Pourquoi en fonction de cette méconnaissance de nos normes d'éducation et de nos valeurs des droits de l'homme, lorsqu'ils se retrouvent dans des enseignements de relégation (école professionnelle et CEFA) et là, ayant enfin compris que ils ont échoué par leur comportement, agressent-ils leurs alliés, les enseignants qui veulent les remettre sur rails (cf. les films "Entre les murs", "La jupe",…).
Pourquoi ces diverses attitudes provocatrices comme la demande de dispense systématique de gym-piscine ou le port du foulard dans les classes alors que cet enseignement ne leur ai pas offert dans leur pays d'origine, que leurs grand-mères n'ont pas forcément mis ces signes exhibitionnistes sur leur tête, ou se sont battues contre et que Le Coran ne les impose pas.
pourquoi les hommes musulmans sous nos lois, dans nos contrées, qui peuvent se promener en djellabas et pratiquer leurs cultes dans leurs mosquées subsidiées par nous, ne respectent-ils pas leurs femmes comme nos lois le demandent (excisions, infibulations, violence conjugale, enfermement, refus de maillot, de bikini ou de topless, coups et blessures et harcèlements, mariages forcés, refus d'intervention d'un médecin homme lorsque la vie de la femme est en danger, refus du port du vêtement de son choix, choix religieux libre et sans menace de mort).
En un mot, pourquoi certains barbares ne veulent-ils rien apprendre de notre siècle des Lumières et nous menacent-ils d'avoir la tête tranchée si nous n'adoptons pas leur foi ? S'agit-il d'un argument ?

- Pourquoi ne pas s'interroger sur le sens profond des religions ? Il est statistiquement correct de dire que la religion d'un fidèle est au fond celle de ses parents, soit un endoctrinement logique des enfants par le milieu. Combien y a-t-il de musulmans de souche en Belgique et de catholiques en Afghanistan ? Notons que pour les sages, le nom de Dieu est multiple et que pour d'autres sa compréhension dépasse l'entendement et il peut être assimilé aux mouvements de la nature (SPINOZA).
- A côté des convictions dogmatiques qui font couler beaucoup de sang, il y a les scientifiques et les athées qui ne peuvent croire qu'en des phénomènes visibles depuis des millions d'années : les mouvements tectoniques des plaques sur le magma déplacent les montagnes et non la foi du charbonnier. L'athéisme est la marque d'une saine indépendance d'esprit, d'une santé psychique non aliénée et non aliénante sans jamais obliger les autres à se "déconvertir". Le reproche que je ferais à mes amis athées est dans leur trop grande réserve. Nous sommes en effet aussi nombreux que les épis de blé mais non fédérés en église et aucun ne peut parler au nom d'un autre. On les trouve très souvent dans l'élite intellectuelle silencieuse des pays mais pourquoi cette discrétion lorsque c'est la sœur humaine que l'on torture ou assassine ?
- Les religions sont des névroses obsessionnelles collectives de l'humanité, disait FREUD. Aujourd'hui, le dictionnaire Microsoft World définit une illusion "comme une fausse croyance persistante, à laquelle on tient obstinément devant la preuve du contraire, et qui se présente en particulier comme un symptôme de trouble psychiatrique". Les religions sont fondées sur des dogmes que l'on appelle la foi puisqu'elles ne reposent sur aucune preuve depuis la nuit de l'humanité.
- Les pensées et émotions proviennent d'interconnexions cérébrales. Un athée est une personne qui provisoirement (juste le temps de sa vie) pense qu'il n'y a rien au-delà du monde physique naturel, donc pas d'intelligence créatrice surnaturelle, surtout pas avec des caractères anthropomorphiques de blancs à la barbe blanche, vindicatifs, hargneux et psychopathes (cf. Les cinq premiers livres de l'Ancien Testament). Dans la Bible de Jérusalem, le Dieu YAVHE est jaloux, impitoyable, injuste et tracassier. Il est aussi assoiffé de sang et de sacrifices, homophobe, misogyne, raciste, mégalomane, sadomasochiste incitant à l'infanticide et au génocide de ceux qui divergent de la seule bonne interprétation des trois religions de l'arbre. Notons qu'après avoir détruit Sodome et Gomorrhe et changé la femme de Lot en statue de sel, il induit en quelque sorte le tabou central de la civilisation : l'inceste, puisque les filles de Lot couchèrent avec leur père.
Un THEISTE est quelqu'un qui croit, à la virgule prêt, au cauchemar sanglant de cette partie de la Bible.
Un DEISTE croit en une entité supérieure supranaturelle indéfinissable (VOLTAIRE, DIDEROT).
Un PANTHEISTE croit dans l'harmonie naturelle de tout ce qui existe et non à un Dieu qui se préoccupe du destin et des prières égocentrées des humains (SPINOZA).Les panthéistes croient au fond aux lois de l'univers alors que les déistes croient en une intelligence cosmique (un théisme dilué).
"Le Dieu métaphorique ou panthéiste des physiciens est à des années-lumière du Dieu de la Bible, ce Dieu des prêtres, des mollahs et des rabbins et du langage ordinaire, ce Dieu interventionniste, faiseur de miracles, qui lit dans les pensées, punit les péchés et répond aux prières. Confondre volontairement les deux relève à mon avis de la haute trahison intellectuelle."[2]
Un ATHEE est un scientifique comme EINSTEIN que les croyants ont essayé de récupérer en sortant de leur contexte des sentences du genre "Dieu ne joue pas aux dès !", sous-entendu, il sait ce qu'il fait lors des génocides ou des déluges. Il pense, comme EPICURE, que notre âme (psyché) est une propriété émergente de notre corps, que nous ne vivrons qu'une seule fois et que seuls nos atomes ou molécules (si nous refusons l'incinération) auront un bel avenir !

Pour combattre enfin les fidèles au nom des infidèles (II) :
La RAISON SENSIBLE

" Les religions sont des névroses obsessionnelles collectives"(FREUD)

"J'voudrais avoir la foi
La foi de mon charbonnier
Qu'est heureux comme un pape
Et con comme un panier."
(Georges BRASSENS)

Une très belle ballade dans la beauté rayonnante de la nature et dans l'art roman est celle que l'on découvre sur les chemins de pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle; dans les auberges, les coquillages du même nom avec un petit vin blanc sec sont un régal des Dieux. Toutefois à Santiago, on ne trouvera que des coquilles vides. L'important n'est pas un but illusoire mais de goûter le chemin.

Le foulard HIDJAB qui émeut tant les écoles officielles n'est-il pas aussi un voile qui est sur nos propres yeux et qui nous empêche de penser aux crimes contre l'humanité des fondamentalistes ? Par exemple, 90% des petites filles du SOUDAN sont excisées, certaines meurent d'hémorragies, d'infections, sont affectées de problèmes d'incontinence à vie (lorsque la vessie est touchée)…et dans notre indifférence devant cette boucherie. En Afghanistan, les ennemis des talibans ont la tête tranchée devant une caméra au couteau et non à la hache, ce qui prend plus de temps mais "c'est pour la bonne cause" ?



Représentations en regards croisés

Beaucoup ont pris des distances par rapport à nos propres superstitions religieuses mais malgré tout, la guerre des frères entre les trois religions du livre perdure bien après les croisades. (Notons qu'il en va de même en Inde entre les hindouistes et les musulmans malgré la partition de l'Inde en Pakistan et Bengla Desh). En Europe, ce n'est pas triste : le Pape de France SARKOSY, pragmatique, nous dit que "Paris vaut bien une messe" et lèche les bottes du Pape fou Benoît XVI. Celui-ci interdit aux catholiques africains l'usage des préservatifs et par sa rigidité condamne à mort des millions de fidèles noirs; certains disent que c'est une stratégie pour réaffermir les normes de son église par rapport aux sectes chrétiennes déferlantes des USA. (Les catholiques progressistes sont outrés de ce retour en arrière, mais c'est l'infaillibilité du Pape, n'est-ce pas ?)

On aurait tendance à oublier l'actuelle offensive anglo-saxonne avec les prêtres pédérastes (Canada et USA) de façon statistiquement significative par rapport aux gens ayant une sexualité non refoulée mais aussi le négationnisme des camps de concentration (Monseigneur WILLIAMSON non désavoué par Ratzinger, une habitude papale puisque Pie XII n'a jamais critiqué Hitler) ainsi que le tsunami des créationnistes évangélistes américains (anti-darwiniens).

L'amorce étant posée, je dois signaler que j'ai de nombreux amis musulmans au Sahel et que nous respectons nos différences. Je respecte leur foi et eux mon athéisme. Et je m'inquiète un peu de la crispation de certains de mes amis laïques autochtones focalisés contre ces immigrants qui veulent, paraît-il, nous imposer leurs lois théistes (HADJIDS et CHARIA). S'agit-il d'un reliquat de la lutte contre l'hégémonie cléricale de nos pays ("à bas la calotte !") et dont les plaies ne cicatrisent pas grâce à la lâcheté de nos politiciens qui subventionnent, avec l'argent de tous, les écoles confessionnelles au but avoué de propager les évangiles et non le libre-examen ?
En France par exemple, l'école privée catholique compte entre 15 à 17% des établissements contre 50% en Belgique ce qui rend le budget de l'éducation exsangue car il subsidie en double emploi au nom des objectifs laïques de la Communauté française de Belgique :
- Epanouissement de la personne au-delà des superstitions et peurs incohérentes,
- Emancipation sociale par des cours de philosophie (non organisés en Belgique [3]) permettant à chacun un libre choix après examen,
- Octroi d'une formation technologique de haute compétence,
- Pédagogie de la réussite donc pour la mixité sociale et contre les écoles élitistes [4].
Ou bien s'agit-il d'un "relookage" du racisme ordinaire qui, il y a 50 ans, conspuait les vagues d'immigrants italiens et aujourd'hui les marocains de Belgique ? L'Egérie est née avec le Prophète Mohammed environ 670 ans après la chrétienté, quelles étaient les attitudes des catholiques il y a environ 600 ans ?
Le sang, la torture de l'Inquisition, les larmes, les massacres de protestants (St Barthelemy), la chasse aux sorcières et aux hérétiques, etc.

Mes amis musulmans détestent les américains, gendarmes du monde, qui envahissent l'IRAK (sous un prétexte futile et sans l'ombre d'une preuve de ce prétexte avec plus de 4000 GI's tués par BUSH) après l'AFGAHNISTAN (mais aussi après le Vietnam, l'île de la Grenade, Panama, la Somalie, etc.) et qui sont ouvertement les alliés des lobbies juifs contre les fidèles de l'Islam (première religion mondiale).

On peut aussi sans peine donner l'Oscar de l'hypocrisie politique aux américains religieux qui ne lésinent pas pour dispenser la peine de mort dans la majorité de leurs prisons d'Etats et en même temps s'offusquer si la science cherche à progresser dans les cellules souches à partir des embryons surnuméraires congelés pour guérir et réparer des humains vivants en souffrance.

Notons également les publicités des Etats non théocratiques pour le produit Dieu : sur les ceinturons des soldats allemands d'Hitler "GOD MIT UNS"; sur le billet d'un dollar US "En Dieu nous croyons !".
"Les religions sont des sectes qui ont réussi" nous dit la sociologue de l'ULB Anne MORELI et quel que soit leur importance, elles resteront sectaires et intransigeantes en réclamant des laïques leur tolérance à sens unique.

Analyse

Rien n'a fondamentalement changé, si j'ose dire : le monde manque d'instruction et d'écoles pour en finir avec les diverses formes des dogmatismes sanglants. Si nous voulons aborder le cœur de la problématique, il ne nous faut pas dévier sur les flux migratoires inéluctables qui envahiront de toute façon l'Europe et l'Amérique et renforcer ainsi une haine raciale qui existe entre les terroristes du Hamas de GAZA et l'armée juive suréquipée de SAHAL commettant des actes de répression disproportionnés et non ciblés sur les islamistes fanatiques mais tuant à l'aveugle des familles musulmanes.

NON ! Le cœur est plus loin, il est dans l'angoisse existentielle car grâce à notre néocortex, nous pouvons faire des projets certes mais aussi anticiper l'avenir et savoir que nous allons tous mourir sans laisser de trace. Notre corps a vu comme émergence systémique notre cerveau-esprit et celui-ci a construit une personnalité inventée appelée l'ego. L'égo est une illusion formatée pour lutter contre notre angoisse car personne ne veut mourir et nos ego ont inventé la foi reposant sur des dogmes et promettant la vie éternelle.
C'est-à-dire des idées jamais prouvées, jamais démontrées mais a contrario bien démontées par la psychologie moderne : les pseudo-miracles et les hallucinations de la vierge depuis des milliers d'années et qui nous arrangent bien.

L'éducation permanente et la recherche scientifique nous délivrent de cette névrose collective par l'acceptation, difficile certes, de l'inéluctable. Notons toutefois qu'il existe de rares scientifiques qui restent croyants malgré ce caractère non conciliable de la remise en question permanente de la science au gré des nouvelles découvertes et la pérennité jamais questionnée de la foi.

Le philosophe André COMTE-SPONVILLE a dû faire ses études chez les jésuites pour y être formaté à la rhétorique car il parvient à nous expliquer les vertus théologales (la foi, l'espérance et la charité) en des termes philosophiques toutefois un peu trafiqués. Il change par exemple la foi en la fidélité à nos idéaux, ce qui n'est guère similaire; en effet, en psychologie sociale, on a démontré expérimentalement que nous retournions nos vestes tout au long de notre existence et que parfois "nous brûlions ce que nous avions adoré !" Cela est une preuve de vie et d'adaptation et nous pouvons être fidèles à nos idéaux de 40 ans qui sont plus murs et différents de ceux plus romantiques de nos 20 ans ? Rien n'est plus faux que de se regarder dans un miroir et de se dire qu'à part quelques rides nous n'avons pas changé ! Alors que par contre la foi, elle, est la rigidité même ! De plus, nous ne l'avons pas choisie car cela résulte de notre milieu et de l'influence dans notre tendre enfance de nos parents, de leurs convictions et de notre loyauté parentale, nous dira la psychogénéalogie.

Nous pouvons être loyalement fidèles à nos idéaux et à nos femmes provisoires ainsi qu'à nos conceptions scientifiques jusqu'à ce qu'un fait nouveau permette à notre cerveau non obtus de réorganiser nos opinions. "Nous ne voyons pas le réel mais seulement nos représentations du réel" disait EPICTETE, une sentence que je martèle depuis des années en fidélité à cette pensée du changement permanent et des vérités toujours relatives.


Notons en bref excursus, que je viens écrire "nos femmes" et que cela n'est pas un lapsus calami; en effet, je pense que la voie que nous a montrée DARWIN explique que, pour la sélection des espèces, le mâle est un luxe qui n'est pas essentiel. Les débuts de l'humanité parlaient de la déesse mère et les hommes avides de pouvoir (incompétents à donner la vie) sont parvenus à changer le sexe des Dieux, autrement dit la polygamie de mes frères musulmans est plus proche de l'état de nature, n'en déplaise au mépris des Occidentaux ethnocentristes qui amalgament une valeur culturelle (la monogamie) avec cet état de nature. Je suis fidèle à ma culture de la monogamie même si elle n'est pas représentative des différents modes de reproduction des êtres vivants. Cela a comme conséquence au moins de me protéger de devenir un donneur de leçon à ceux qui vivent selon des normes différentes des miennes et être un formateur compatissant envers ces hommes qui se font piéger par leurs pulsions vers l'anima, nous dira JUNG. "C'est la faute de la nature !" dirait un croyant; non, c'est une loi de la nature pour le brassage des gènes. Les hommes sont comme le pissenlit de Madame Larousse, ils doivent semer à tout vent et ils s'imaginent que c'est leur choix. C'est là un des plus grands vices des religions d'exploiter cette souffrance potentielle de l'attraction sexuelle (différente de l'attachement affectif), le "péché de chair" et la misogynie des prêtres de toutes espèces envers la réalité naturelle : la femme est la vie et ses charmes servent à attirer, comme les fleurs, les abeilles mâles et les seuls malsains de cette lecture, ce sont les soutanes (orthodoxes ou catholiques), les pasteurs, les imans ,les lamas et grands muftis qui sentent la naphtaline sous leur robe peu sexy, qui par conditionnement détestent le beau sexe et puent la mort psychique et physique. Fin de l'excursus.

Pour revenir à la Foi en Dieu, la raison des athées sera toujours impuissante à amener les charbonniers à se débarbouiller d'une chose qui n'existe scientifiquement pas sans preuve (qui manifeste de la bonté selon les évangiles et de la cruauté arbitraire selon l'Ancien Testament); il faut vraiment avoir la foi pour ne pas relever les innombrables contradictions compilées dans la bible. L'existence et la forme d'un Dieu ou sa non existence sont équiprobables. Le philosophe Bertrand RUSSERL (phénoménologie) évoque la métaphore de la forme d'une théière céleste en porcelaine, forme de Dieu qui gravite autour du soleil en orbite elliptique et puisqu'elle est trop petite ne serait pas visible de nos télescopes. Qui pourrait réfuter cette divinité ? Les athées ? Mais les croyants du livre sont aussi des athées à propos des autres Dieux (Zeus, Apollon, Amon, Râ, Mithra, Baal, Belzébuth, Thor; Wotan, le veau d'or, le grand Manitou et les chaussettes noires).

Que veulent les théistes pratiquants, que ce soit sur un prie-Dieu ou sur un tapis de prière sinon trop souvent des revendications infantiles et égoïstes : "Mon Dieu, fais-moi gagner aux jeux olympiques contre mes concurrents plus aptes que moi à remporter la victoire !". Attention à ne pas être trop réductionniste par volonté pédagogique, je crois que des croyants sincères peuvent se dépasser de façon altruiste par la prière comme nous par la méditation. Il y a plusieurs chemins pour atteindre Rome, sans passer par la case Vatican. Mais en général, la prière, c'est demander à une puissance surnaturelle que les lois de l'univers soient abolies en la faveur de notre minable ego. Un Dieu qui ne fait pas de miracle et ne fait pas gagner au lotto, peut-il être intéressant pour la masse ? C'est la même déviance dans le polythéisme camouflé des catholiques : je préfère prier Sainte Rita, la sainte spécialisée dans les causes désespérées ou Saint Antoine plutôt qu'un Dieu trop compliqué en sa trinité, n'est-il pas ?

Selon NIETZCHE "Rien n'est vrai, tout est permis !" signifie que l'espérance est morte. Pourtant, nous pourrions revoir cette sentence avec l'éclairage de la pulsion de vie ou bien celui de la pulsion de mort ?
Nous pouvons adhérer à l'idée de "Par delà le bien et le mal" de nos normes bourgeoises étriquées et hypocrites qui fustigent le sexe et les plaisirs de vivre pour le profit de quelques-uns en étant aliénés au travail tout au long de notre existence. Avec Hannah ARENDT, il faut également distinguer le travail, labeur physique et suant, de l'œuvre; en effet, l'artiste-peintre ou l'enseignant ne travaillent pas, ils œuvrent.

Au-delà du bien sexuel et des plaisirs et du mal culpabilisateur et normatif, nous pouvons donc prendre conscience de la seconde contradiction basée sur la pulsion de mort dans le sens de détruire : le nazisme et autres totalitarismes génocidaires étaient et sont des véritables enfers sur terre, où la vie est assassinée. Le mal absolu n'est pas à limiter à des leaders démoniaques comme Hitler, Staline ou Pol pot mais à élargir à notre monde sans cœur de la spéculation économique.

Pour augmenter encore plus les profits des très riches, des enfants meurent dans le Tiers-monde. Il n'y a plus d'espoir, la disparité de la société duale est énorme mais il reste encore l'espérance utopique en une révolution qui bouscule les tyrans aux pieds d'argile, nous dit La Boétie.[5]

Pendant toute mon existence jusqu'à aujourd'hui, j'ai été pacifiste et libertaire et, quel que soit mon délabrement futur inéluctable, je resterai jusqu'à mon dernier souffle par devoir humaniste pour la désobéissance civile avec cette finalité utopique que les riches ne soient plus de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres grâce au silence des pantoufles ayant remplacé le bruit des bottes. Il n'y a que peu d'espoir en un changement de la nature humaine prédatrice et conquérante mais il y a toujours l'espérance d'une révolution mondiale de cette masse de 6 milliards d'hommes dont les 2/3 n'ont pas de quoi vivre dans la dignité.

"L'espoir fait vivre !" est un leurre qui fait que l'on ne fait rien, ou peu, comme après l'échec des soviets en 1917, on pouvait dire "Demain, on rase gratuit !", il s'agit de croyances et d'aliénation. Par contre, plus modestement, on peut avoir la lumière d'une éclaircie en hiver et l'espérance des lendemains qui chantent, le temps d'une saison. Si tous, nous avions des exigences pour la reprise du contrôle démocratique sur l'oligarchie des partis politiques, nous ferions un petit pas vers le progrès de l'humanité.

Mais ne rêvons pas ! Le combat ne peut être que permanent par l'éducation car, depuis que l'humanité existe, la soif du pouvoir alliée à la soif de l'or ont toujours été les plus fortes et les périodes tyranniques reviendront en spirale temporelle et nos espérances en des institutions réellement au service du peuple (comme en Suède) seront toujours à terme désenchantées. Le principal ennemi à combattre n'est pas à l'extérieur de nous mais dans notre intérieur : il est constitué de nos préjugés, stéréotypes, colères. L'éducation permanente dans mon métier de formateur implique la remise en question permanente. "Là où est le ça, il me faut advenir" dit CASTORIADIS reprenant une phrase, parfois mal comprise, de FREUD. Cela signifie que je dois ouvrir mes yeux vers l'intérieur et regarder et accepter cette autre partie de moi restée dans l'ombre et faite de mesquineries, de ressentiments et de colère refoulée pour "lâcher-prise" et pardonner, non pas dans le seul sens chrétien, mais plutôt dans la perspective psychologique de me dégager d'un passé et de souffrances anciennes qui n'existent plus puisqu'elles sont passées. Avant de vouloir sincèrement aimer mes frères humains, je dois m'aimer moi-même tel que je suis et là est le travail de la spiritualité, le reste en découle "naturellement". Je suis ce que je fais.

"Grandir à tous niveaux, et même au niveau spirituel est une forme d'abandon. Il n'y a pas à faire, juste à laisser faire."(KRISHNAMURTI, Plénitude de la vie)

L'engagement

La tolérance est une valeur des droits de l'homme qui doit être cultivée mais non la neutralité envers la barbarie. Nous sommes complices des massacreurs du KIVU (et les 17.000 casques bleus amorphes le sont aussi), nous sommes toujours complices lorsque nous nous taisons face aux crimes contre l'humanité comme au Kivu et au Darfour, au créationnisme (niant la science de Darwin) ou au négationnisme (l'Evêque Williamson, dernier en date). Mai 68 fut un sursaut libertaire nécessaire et joyeux (l'émancipation féminine, la pilule et la liberté des temps avant sida) mais le slogan "interdit d'interdire" hors contexte était dangereux.
Si nous n'avons pas de valeurs, de devoirs et d'espérance en l'humanité, pourquoi alors combattrions-nous les famines, les massacres et l'injustice en général ?

Osons réfléchir et soumettre nos actions à la raison et à l'humanisme. Après l'éducation, nous ne pouvons plus dire que "nous ne savions pas" que 6 millions de juifs ont été systématiquement tués lors de la SHOAH pendant la guerre 40-45 mais aussi 1,4 millions de tutsi massacrés à la machette en cent jours dès mars 1994 ! Bien sûr, toutes nos espérances légitimes (contre les guerres, les génocides et les famines) s'écraseront sur le néant ultime de notre mort, que l'on soit bourreau, victime ou vengeur. La nature est aveugle, nos désirs de pouvoir toujours renaissants et seule THANATOS, la mort est immortelle.





Sévaré, Mali, Janvier 2009

Cela ne doit pas nous empêcher de vivre l'instant debout et de vivre dans l'ici et maintenant en disant le non-dit de l'injustice de la corruption instituée au service de ceux qui ne savent pas bien écrire et/ou mal s'exprimer. Désirer ce qui dépend de nous, c'est profiter de l'instant, développer de l'espérance pour un changement social; c'est prendre le risque du coup de bâton ou de l'impuissance. Et alors ? Devons-nous vivre frileux dans notre fauteuil avec RTL chez nous ou ne pourrions-nous pas avoir la volonté d'agir en nous engageant pour les droits des hommes ?

La compassion

Nous ne voulons pas de l'aigreur des consommateurs frustrés, nous ne voulons pas les ressentiments et les pleurs mais la miséricorde, l'amour océanique pour tous les autres membres de notre seule espèce Homo Sapiens Sapiens.

Avec des amis athées, agnostiques et laïques (et une catholique sincère), nous avons créé une asbl association humanitaire "Groupe d'Autoformation Psychosocial –GAP"[6] qui vise l'autonomie et l'autogestion pour survivre en Afrique noire.


Kayoba, Sud Burundi, 2007.

Nous avons tous vu des films sur les prisonniers des camps de concentration datant de la libération et bien, nous, nous avons vu cela en direct : des grosses têtes décharnées, des corps squelettiques, des énergies anéanties: cela se passe actuellement à Yougo Piri en pays Dogon au Mali mais aussi au Burundi et ailleurs. A Yougo, il n'y a rien à manger, la sécheresse est devenue permanente, il reste juste la chasse aux chauves-souris cibles de lance-pierres.

Et pourtant la FAO et les autres organismes internationaux sont là avec des 4x4 dernier cri et climatisés et les sacs de riz du PAM (Programme d'Aide Alimentaire) sont là aussi sur les marchés à des prix de dumping qui concurrencent les petits producteurs locaux qui arrêtent donc de cultiver pour devenir des assistés permanents. Est-ce ainsi que les hommes vivent, grâce au silence des occidentaux et la bêtise récurrente des américains ?

Bien sûr l'existence est courte et unique, bien sûr les prédateurs renaîtront encore et encore de l'enfer mais est-ce une raison suffisante pour ne plus se battre ? Non pour la charité, concept péjoratif évoquant une logique de bonnes sœurs et d'assistés qui doivent dire merci mais pour la dignité humaine à laquelle chacun à droit. La paix et la justice ne seront jamais définitivement acquises et alors ?

La charité, l'euthanasie.

Pour que nos enfants aient une chance de vivre dans un monde un peu moins injuste et légèrement plus mature, rien que cela en vaut la peine. Il n'y a aucun espoir mais l'espérance utopique peut nous guider. Commençons "à faire" et après on verra bien.

Croyants et non croyants, unissons nos forces d'honnêtes hommes pour combattre ensemble contre les spoliateurs et les tueurs, les profiteurs et les arrivistes, les fanatiques et les cyniques. Ce qui nous rapproche, c'est le prix inestimable que nous accordons à une seule vie humaine, pourtant si provisoire.

En synthèse, la raison sensible

Edgar MORIN, nous réexplique avec sa dialogique la dialectique d'HERACLITE : il faut s'ouvrir aux deux termes d'une contradiction pour pouvoir la dépasser sans haine en un méta-point de vue englobant, ce qui ne signifie nullement de ne pas prendre position mais au contraire de se battre pour les droits de l'homme sans haine ni violence.

Le spermatozoïde gagnant à la loterie de la nature sera celui qui va percer la membrane de l'ovule pour fusionner et devenir l'œuf ou zygote (en perdant son flagelle, et oui déjà !); oublions donc les milliers d'autres qui étaient dans la course. C'est une des lois de la nature de produire ainsi des multitudes de têtards ou de bébés tortues dont peu réussiront à gagner la mer (la mère), croqués par des prédateurs ailés. Si le Dieu qui joue aux dés existait nous devrions le remercier de son arbitraire et de figurer parmi le très petit nombre de privilégiés qui ont gagné le droit de naître et de vivre une existence. Comment osons-nous nous plaindre (et à qui de droit, s'il vous plaît !) de notre retour inévitable à la matière brute d'où l'immensité des êtres potentiels n'ont pas émergés.
Sans rédempteur, nous sommes "sauvés" (de quoi ?) avec le privilège de ceux qui sont nés une fois, pour vivre l'ici et maintenant et mourir un jour, que nous soyons riches et célèbres ou exclus.

Nous sommes les pistonnés qui, sauf preuve contraire, n'existent pas, les produits de la matière en mouvement qui pour réussir une omelette casse beaucoup d'œufs. Cette matière est parfois capable de raison sensible (la raison couplée au ressenti du corps) c'est-à-dire capable de vivre avec une logique scientifique basée sur des faits observables et expériencés et sensible par le ressenti du corps (les émotions?) à la force de cette nature et à sa générosité sans état d'âme, à sa beauté et à la sagesse qui en découle lorsque l'on perçoit dans la vision englobante l'évolution.



La spiritualité concerne l'esprit et la psyché et n'est pas la propriété privée des mystiques excités. Nous sommes à l'ère du connexionnisme (Francisco VARELA), une spécificité du cognitivisme et des analyses par résonance magnétique (IRM) ainsi que des scanners montrant les diverses activités cérébrales selon les actions. Avec le schéma de FISCHER (repris par MORIN dans son tome 3 de La méthode), nous constatons que l'hyper activité cérébrale peut conduire à la catatonie, à la schizophrénie et à l'exaltation mystique allant jusqu'à l'apparition juste à la surface de la peau des stigmates du Christ et à l'autre bout de ce potentiomètre cérébral, il y a les états yogistes et zen de l'apaisement et de l'hypoactivité cérébrale de ce cerveau toujours en principe en ébullition activiste pour fuir l'idée de sa disparition programmée.

C'est là dans le calme du vide du moyeu de la roue que l'on peut concevoir la spiritualité matérialiste et la compassion pour tout ce qui vit (pas les pierres, non !). Malheureusement, les hommes peureux ont déjà colonisé ces horizons lointains en en faisant une religion sans Dieu, le bouddhisme (mélange d'animisme Bön, de magie et de superstitions, comme toutes les religions). Il y a pire que la croyance en Dieu, c'est la croyance aux religions. Gageons que le philosophe Jésus n'aurait jamais été catholique et que le Bouddha n'aurait jamais été bouddhiste, ce ne sont pas les mêmes discours mais leurs exacts contraires. Aux armes, citoyens du monde laïque et des croyants progressistes, battons-nous joyeusement pour la force, la beauté et la sagesse, sans pour autant "mourir pour des idées" (BRASSENS)

Le programme de simulation du cerveau lorsqu'il est en hyperactivité nous permet d'entendre des voix et des consignes simples comme "Bouter l'anglois hors de France !" dit le Dieu des français à Jeanne d'Arc, la Pucelle d'Orléans, ce que récupérera Jean-Marie LE PEN en voulant bouter les étrangers hors de France, et que l'on appelle le racisme.

Le rêve, c'est lorsque l'on dort (20 minutes toutes les deux heures); quand l'enfant est éveillé, c'est de l'imagination; quand l'adulte est "possédé", il s'agit alors d'hallucinations, de la vierge Marie ou des éléphants roses selon l'état éthylique. Dans son œuvre littéraire et philosophique, Alexandra DAVID-NEEL raconte la formation d'un jeune moine. Son lama formateur lui apprend à méditer et à se concentrer, puis il lui demande de visualiser son YI-DAM (Dieu Lare, divinité personnelle). L'enfant retourne dans sa cellule et, après quelques mois, revient près de son maître attesté de son apparition. "Très bien !" dit le maître mais cela n'est pas suffisant : "il faut que tu sentes ses pieds toucher ta tête !", l'apprenti repart et revient de longs mois après attester de cette manifestation physique. "C'est très bien !" dit le maître, ton apprentissage est terminé.
Peut-être un an après, l'élève revient trouver le maître et lui demande si tout cela n'était pas le fruit de son imagination ? "Oui" dit alors le maître "tout n'est qu'illusion" et la véritable formation de l'apprenti lama peut commencer, lorsqu'il n'a plus la foi en une quelconque déité. Nous sommes le Bouddha avec le vide du cosmos.

Nous pouvons par contre nous servir de nos symboles pour affirmer et défendre notre humanité. Lorsque nos ancêtres du Neandertal, après avoir pleuré leurs défunts, éprouvaient un certain malaise à ce que les corps soient les proies des charognards, ils inventèrent les funérailles et enterrèrent leurs morts par respect pour cette coque vide, objet de disputes pour les chacals. Notons en passant que les lamaïstes ont évolué de façon inverse mais tout aussi symbolique : ils découpent eux-mêmes les cadavres sur un cimetière céleste (une colline) pour aider la vie qui continue dans la digestion des vautours, amateurs de lamas.

L'existence humaine est constituée plus de souffrance que de moments heureux, c'est pour cela que le symbole de la croix du Christ est porteur de sens dans nos cultures. Par contre, ailleurs, chez les Indiens d'Amérique, le symbole d'un instrument de torture et d'un Dieu crucifié ne fut pas très apprécié.

Le philosophe Martin HEIDEGGER [7], nous dit qu'il faut que nous devenions comme la rose sans pourquoi. Allégorie magnifique car la vie en soi n'a pas à se justifier mais à se respirer et à se goûter.
ANKH, clé de vie, contre les Djinns

Lorsque j'admire la rose et que j'apprécie son parfum, pourquoi faudrait-il que je la coupe, que je la tue pour mettre son cadavre dans un vase et en jouir ainsi seulement quelques jours ? Lorsque je suis invité chez des amis, j'apporte des plantes en pot ou une bouteille de vin mais jamais des fleurs flétries par mes soins.

Mon fondement philosophique personnel me nourrit des philosophes de l'antiquité grecque : d'une part HERACLITE et son principe moteur de la dialectique, du mouvement grâce à l'opposition des contraires (les protons et les électrons par exemple) pour une progression en spirale labyrinthique et d'autre part EPICURE avec son principe de vie en pleine conscience dans le moment présent, l'ici et maintenant que me procure la beauté de la rose dans son biotope. Mais je ne peux privilégier cette lumière de la vie sans son contraire associé : la pourriture et la décomposition de la rose. Etre comme la rose et vivre sans pourquoi certes mais cela demande en fait un très long travail de détachement et d'acceptation de la flétrissure naturelle de la rose, même si le rosier survit, dirait SCHOPENHAUER.

En synthèse, pour goûter la vie, il nous faut accepter ce que l'on ne peut changer à savoir la souffrance, la dégénérescence et la mort pour devenir à son tour substrat d'une autre rose dans un autre espace-temps. Ma grand-mère catholique me disait que "chacun porte sa croix !". Je suis athée mais j'accepte le symbole de la croix comme idée de mort avec la tige de la rose qui s'en sert comme tuteur avant de refleurir.

Jean-Marie LANGE, 24 mars 2009.
[1] COMTE-SPONVILLE André, Le miel et l'absinthe, Paris, Ed. Hermann, 2008, p.161.

[2] DAWKINS Richard, Pour en finir avec Dieu, Paris, Tempus, Perrin, 2008, p.32
[3] "La Belgique est un des rares pays où la philosophie n'est pas enseignée dans les écoles primaire et secondaire. En fait, elle est un enjeu de pouvoir pour les détenteurs d'une forme d'autorité religieuse, spirituelle ou convictionnelle et, en conséquence, étouffée par la volonté de puissance des uns et des autres. Nos enfants peuvent ainsi vivre ensemble sans apprendre à partager et débattre de leurs idées. Ce choix politique est celui de la langue de bois. Le déficit de nombreux jeunes (et plus vieux) en matière logique et argumentative est largement imputable à ce manque de lucidité pédagogique." Eric de BEUKELAER & Baudouin DECHARNEUX, Une cuillère d'eau bénite et un zeste de soufre. Regards croisés et joute amicale en 55 mots-clefs, Bruxelles, EME, 2008, p. 122. Ajoutons pour dépasser la propre langue de bois de Baudouin, que le CDH est clair, qu'ECOLO dès sa naissance a refusé de s'engager à gauche pour récolter un maximum de voix et que les partis engagés dans la laïcité, le MR et le PS, sont d'une lâcheté confondante depuis l'enterrement de la guerre scolaire de 1958.

[4] "Si nos élites persistent, le mot politique deviendra bientôt synonyme de désespoir.(…) La démocratie ne peut s'épanouir sans un terrain fécond. L'éducation devrait être inscrite comme la priorité absolue pour toute politique un tant soi peu soucieuse de respecter le citoyen. L'état de nos écoles, comme un coup de poing dans l'œil, symbolise notre déficit démocratique. Nos enfants et adolescents évoluent dans des espaces où aucun adulte n'accepterait de travailler (sauf les profs qui apparemment sont hors catégorie)." De BEUKELAER et DECHARNEUX, ibid., p.124. Notons une fois encore, tout en étant en accord avec Baudouin, que celui-ci pratique un peu la langue de bois et que l'esprit de la résistance ne doit pas nous faire oublier les actes posés contre l'enseignement officiel par des politiciens se déclarant laïques et de gauche. Par exemple l'enseignement lors des grandes grèves de l'hiver 1990-1991 (6 mois sans une seule concession), soit 3500 profs liquidés pour rentrer dans le serpent monétaire de l'EURO. L'enseignement technique ne s'en est jamais relevé. Devoir de mémoire donc.
[5] De La Boétie Etienne, La Servitude volontaire, Paris, Arléa, 2007 : " Celui qui vous maîtrise tant n'a que deux yeux, n'a que deux mains, n'a qu'un corps et n'a autre chose que ce qu'a le moindre homme du grand et infini nombre de vos villes, sinon qu'il a plus que vous tous : c'est l'avantage que vous lui faites pour vous détruire. D'où a-t-il pris tant d'yeux dont il vous épie si vous ne les lui donnez. Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper s'il ne les prend de vous ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous que par vous ?" p.19.
[6] GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIAL
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosocial : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique. Le GAP est pour l'auto émancipation collective des villageois du Tiers-monde vis-à-vis des pouvoirs qui les exploitent, ce qui implique une formation individuelle à l'autonomie et aux droits de l'homme vis-à-vis des institutions, des normes et des croyances qui aliènent.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr
Installation des deux fours solaires - Koyoba et Makamba, 2008
[7] "Au fond le plus caché de son être l'homme n'est véritablement que quand, à sa manière, il est comme la rose, sans pourquoi" (HEIDEGGER) in SCHÜRMANN Reiner, Le principe d'anarchie. Heidegger et la question de l'agir, Paris, Seuil, 1982, p.19.

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