mercredi 27 juillet 2011

CAPI n°35 Nous sommes tous contre le faschisme

CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle
GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;


CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – Nov.-Dec.09 : Les Etats Modifiés de Conscience (extase, possession, hypnose et zen)
N°25 –Janv-Fev 2010 La matière, le vide, la nature, l'éducation
N°26 – Mars-Avril 2010 L'intelligence des femmes
N°27 - Mai-Juin 2010 L’imaginaire, le symbolique et la réalité sociale
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative
N°30 – Nov-dec10 : Les sans-papiers
N°31 – Janv-Fév 11 : le couple et l’institution du mariage (Médiation couple - opus 2)
N°32 – Mars –avril 11 : La psychologie systémique et le chamanisme
N°33 – Mai-juin 11 : Vers une éthique sociale contre les barbaries
N°34- Juil-août 11 : La sexualité, l’éthique et le pouvoir
N°35 – Sept-oct 11 : La Noosphère : attachement et détachement


CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°35 Sept-oct 2011

La NOOSPHERE : L’attachement et le détachement psychologiques de SCHOPENHAUER Arthur[1]
« Nous ne voyons pas le réel mais les représentations que nous en avons. »(EPICTETE)
« Sois à toi-même ton propre flambeau. »(BOUDDHA)
« Les causes qui viennent de nous contribuent plus au bonheur que celles qui viennent des choses. » METRODOTE premier élève d’EPICURE
« Plus l’esprit connaît de choses, mieux il comprend et ses propres forces, et l’ordre de la Nature : or, mieux il comprend ses propres forces, plus il lui est facile de se diriger et de se proposer des règles ; et mieux il comprend l’ordre de la Nature, plus il lui est facile de se garder des inutilités. »[2]
Pour Arthur, la force physiologique privilégiée est celle de la réflexion intellectuelle. Nous prenons appui sur nos deux jambes pour assurer notre stabilité de bipède. Nous pourrions dire qu’une d’entre elles est la colonne Boaz, la force et l’autre (que nous retrouvons dans son œuvre principale « Le monde comme volonté et comme représentation »), la colonne Jakin, la volonté. La volonté de vivre commence avec celle de naître et de se développer, regardons des nouveau-nés, certains ont un bon tonus musculaire et d’autres sont un peu « flasques ». Le problème de notre langue, c’est que les mots peuvent être polysémantiques. Je pense que, dans l’esprit d’Arthur, il s’agit bien de l’énergie vitale et non d’une illusion de notre persona (personnalité inventée) qui peut donc parfois glisser vers l’énergie sexuelle et l’impossible satisfaction du désir. Pour reprendre ce point essentiel, nous avons la matière physique dont chez l’homme la force intellectuelle est la spécificité et l’énergie ou volonté. A l’orée de l’automne, la feuille jaunie tremble car elle sait qu’elle va mourir ; pourtant, elle n’est qu’une forme de la matière et au printemps, l’arbre reverdira.


Nous sommes des êtres capables de langage, de réflexion et d’imagination, nous pouvons être créatifs, inventer l’impensé mais aussi anticiper notre inéluctable disparition, l’angoisse de mort ; nous ne pourrons donc qu’être subjectifs même si nous voulons atteindre l’objectivité scientifique. Suis-je mal dans ma vie ou suis-je avec des moments de bien-être, voilà bien une question de représentation.
Le prisonnier seul dans sa cellule (Le mur de Sartre) peut se créer des instants de bonheur tout comme le millionnaire dépressif peut lui en être incapable. L’argent, le sexe et le pouvoir peuvent être des outils de griserie mais deviennent à terme des leurres. De Fidel Castro à Silvio Berlusconi, de Murdock à Bill Gates, cela fatigue mais pourtant cela attache, comme une tâche indélébile ; les leaders ne veulent pas céder le pouvoir et on enterre les millionnaires en bouchant les espaces de leur cercueil avec des billets de cent dollars car ils sont tous, comme la feuille et nous, éphémères.
Qu’est-ce qui se passe en nous ? Notre sensibilité, notre volonté et nos pensées sont déterminantes sur nos vies malgré les influences externes sociales. Nous sommes des êtres grégaires; nous avons bien sûr besoin du regard des autres pour exister, être reconnus mais après ? Selon la typologie de MASLOW, cette reconnaissance minimale sociale est une condition nécessaire mais non suffisante, le stade de développement suivant est de se réaliser comme l’artiste qui n’est plus sensible à la critique mais qui fait confiance à son intuition, sa sensibilité. Un philosophe social de notre époque, Cornélius CASTORIADIS, parle lui de la sublimation des instincts par les artistes et ceux qui ont découvert l’éducation permanente. « Connais-toi toi-même » nous invite SOCRATE.
Toute conscience profonde est composée de deux moitiés : le sujet et l’objet. Chacun est collé dans sa conscience comme dans sa peau avec une moitié objective et l’autre subjective. Par exemple, deux personnes placées dans un milieu similaire peuvent vivre celui-ci de façon très différente.
Tout ce qui existe pour l’homme n’existe que dans sa conscience, le milieu extérieur a bien sûr du poids mais comme le pendule de Foucault, dans l’oscillation entre l’inné et l’acquis. Le verre de vin peut être à moitié plein ou à moitié vide, ce sont des images réfléchies, tout vient de l’orientation du penseur.
L’individualité et le bonheur de l’homme ne dépendent donc pas de sa fortune mais de ses forces intellectuelles qui fondent son aptitude aux jouissances. L’instruction peut être une aide mais la possibilité de jouissance est surtout dans l’esprit autonome. Pour quelqu’un de riche ou de puissant mais frustre d’esprit (Kadhafi, Bush, Chavez, Bart de Wever,…), le bien-être humain ordinaire, à demi-animal, est possible par les jouissances sensuelles mais limités par les frustrations. Alors que le monde croit que le bonheur est ce que nous avons ou ce que nous représentons, Arthur nous dit que notre bien-être dépend de ce que nous sommes, de notre individualité provisoire. Une bonne santé, un tempérament calme, une raison lucide et vive, une volonté tenace et douce feront ce qu’un homme est en soi-même, ce que nul ne saurait lui donner ou lui prendre.
Ce que l’on est contribue plus au bien-être que ce que l’on possède. La condition première pour une vie agréable est donc notre personnalité, entendue dans le sens de ce que nous sommes et non ce que nous imaginons être. Bien sûr, nous allons nous altérer physiquement avec le temps qui file, notre carcasse n’est guère une valeur durable et nos qualités physiques et intellectuelles déclineront, seul notre caractère moral demeure inaccessible à l’empreinte du temps et peut agir sa micro-influence sur notre communauté humaine. « Ce que la vertu a uni, la mort ne peut le séparer. » « Tu ne peux t’échapper à toi-même. Aucun temps, aucune puissance ne brise la forme empreinte qui se développe dans le cours de la vie. » disait GOETHE.
La souffrance et l’ennui sont les deux ennemis du bonheur humain et notre vie oscille souvent entre les deux maux. En effet, le besoin et la privation engendrent la souffrance tout comme l’aise et l’abondance font naître l’ennui. Entre ces pôles dialectiques antagonistes, nous pouvons trouver le juste milieu de la richesse intérieure de l’esprit (une spiritualité laïque et non un délire métaphysique). L’activité incessante des pensées et des méditations place l’esprit hors de portée de l’ennui et développe une sensibilité plus vive, une impétuosité de la volonté et des réalisations. Toutefois, les réalisations peuvent conduire à l’échec et à la douleur morale si le sujet s’attache à son projet et qu’il se retrouve face à un quelconque obstacle.
Schopenhauer[3] est un des premiers lecteurs de la philosophie bouddhiste : il faut agir bien sûr selon notre personnalité mais ne pas nous attacher aux fruits de nos actions, c’est ce que l’on appellera le lâcher-prise.
« La mort nous enlève jusqu’aux amis et parents. C’est à ce moment, plus que jamais, qu’il est important de savoir ce que l’on possède par soi-même. Il n’y a que cela, en effet, qui résistera le plus longtemps. A tout âge, sans distinction, cela est et demeure la source véritable du bonheur, la seule permanence. Car il n’y a pas beaucoup à gagner dans ce monde : la misère et la douleur le remplissent, ceux qui leur ont échappé, l’ennui les guette de tous les coins ; c’est d’ordinaire la perversité qui y gouverne, la sottise qui y parle haut. Le destin est cruel, les hommes pitoyables. »[4]
En bref résumé, pour le concept de force, Schopenhauer distingue trois forces physiologiques fondamentales :
La puissance reproductive du serpent : manger, boire, digérer, copuler et dormir.
La puissance compétitive du mammifère : la lutte, les parades sexuelles, les voyages, les jeux athlétiques, la chasse, les combats, la guerre.
La puissance de la sensibilité : contempler, ressentir, penser, étudier, lire, méditer, créer et philosopher.
Le premier rang selon le sage est celui qui nous distingue des autres espèces animales. Donc sans nier les deux premières forces, reconnaissons que la sensibilité propre à l’homme comprend nos forces intellectuelles que nous pouvons alimenter par la puissance de la connaissance. « Le repos sans l’étude est une sorte de mort mettant l’homme au tombeau tout vivant. »(SENEQUE)
Un autre handicap de l’homme est de travailler le tiers de son temps pour le seul profit de quelques-uns. On devrait tous être comme les élus belges payés plus de 404 jours pour ne rien faire (en principe chargés de constituer un gouvernement après leur élection) car il faut à l’homme du loisir pour se perfectionner, développer son esprit critique, interroger ses dogmes et autres certitudes, donc pouvoir jouir de ses richesses intérieures. Mon commentaire personnel est que je verrai bien nos peuples comme la famille royale ou les indiens Yanomami du Brésil vivre sans travailler en percevant tous une allocation de vie décente et uniquement ceux qui le veulent travaillent. Je suis sûr que même avec cette utopie activée, je retravaillerais mes 40 ans dans l’enseignement car cela fut un plaisir et une œuvre et non un labeur. Arthur nous parle également d’EPICURE qui divise les besoins en trois classes :
· Les besoins naturels et nécessaires bref facile à satisfaire (on retrouve le cerveau reptilien de MacLean).
· Les besoins naturels non nécessaires plus difficiles comme la satisfaction à la fois sexuelle et affective.
· Les désirs de luxe, d’abondance, de faste et d’éclat (de strass dirions-nous aujourd’hui) qui sont sans fin et difficiles voire impossibles à satisfaire car il manquera toujours un objet ou une quantité convoitée. La richesse et la gloire sont comme l’eau de mer, dit Arthur, « plus on en boit, plus on devient assoiffé. »
Dans ce que l’on possède, Schopenhauer n’inclut pas les femmes car on est plutôt possédé par elles, dit-il. L’honneur féminin, selon les conventions de son époque, était que la fille ne s’était donnée à aucun homme avant son mari. L’opinion d’Arthur est bien sûr un peu obsolète, bien avant l’émancipation féminine de 1968 pourrions-nous ajouter. Il nous dit :
« Le sexe féminin réclame et attend absolument tout du sexe masculin, tout ce qu’il désire, tout ce qui lui est nécessaire. Le sexe masculin ne demande à l’autre, avant tout et directement qu’une seule chose (« cocher » ndlr). Il a donc fallu s’arranger, en sorte que le sexe masculin ne pût obtenir cette unique chose qu’à la condition de prendre soin du tout, et par-dessus le marché des enfants à naître.(…) A travers de telles exagérations, on attribue à l’honneur sexuel une valeur absolue alors que, plus que tout autre honneur, il n’en a qu’une relative. On peut même dire qu’il possède une valeur conventionnelle. »[5]
En tant que psychologue du XXI° siècle, je me dois d’apporter un commentaire subjectif : on sent très bien la misogynie d’Arthur (celle de FREUD était plus discrète) mais cela n’enlève rien à la qualité de ses pensées dégagées de la gangue des normes de son époque. Nous sommes tous des êtres humaines égaux en genre et en ethnie, ce chemin du respect de tous les humains quel qu’en soit le sexe fait son chemin dans l’intelligentsia européenne mais a encore un long parcours à effectuer à travers le monde, je pense notamment aux mutilations sexuelles en Afrique pour « couper » le plaisir aux femmes avec leur clitoris enlevé, une barbarie inqualifiable contre laquelle je pense, même en étant pacifiste, qu’une guerre serait justifiée (i.e. libérer de l’assujettissement dans la souffrance la moitié de l’humanité féminine) car la femme est un homme comme les autres, disait dernièrement un slogan de marketing.
Depuis plus de 2000 ans, déjà du temps des romains, on inculque aux femmes des normes de soumission , d’allégeance et de fidélité alors que le pater familias lui peut prendre des licences ? Il faut en finir avec cette hypocrisie millénaire. Lors de la Commune de 1871, Louise Michel disait avec le style pompeux de l’époque « Oh Hommes, vous seriez plus heureux si vos femmes l’étaient aussi ! »
Occupons-nous de nous-mêmes, c’est le meilleur service à rendre aux autres, disait ainsi Arthur en 1851 soit environ deux siècles après son prédécesseur Baruch SPINOZA (1632-1677) : « C’est lorsque chaque homme recherche le plus possible ce qui lui est utile, que les hommes s’avèrent les plus utiles les uns aux autres (cor.2) »[6] On peut le dire autrement, la pensée humaine est un continuum : Arthur avait lu Goethe, le poète allemand de son époque (qui influencera JUNG) mais il avait lu aussi le hollandais Benoît SPINOZA tout comme FREUD aura lu Schopenhauer ainsi que Groddeck pour établir les assises de sa théorie, la psychanalyse. Nous n’écrivons jamais à partir d’une page blanche mais influencés par nos penseurs anciens.
Pour revenir à la misogynie de Schopenhauer qui était la norme de son époque et aussi de la suivante puisque FREUD l’était aussi, il serait donc intéressant à partir d’ici d’exercer notre esprit critique, ce qui précède étant la représentation de sages anciens. En effet, le cerveau permet la pensée et la pensée peut déboucher sur une philosophie ouverte ou parfois se retrouver enfermée dans la gangue d’une idéologie. Il est important d’explorer le monde des idées avec une perspective critique résolument humaniste.
Aujourd’hui, les blagues sur les femmes bimbos blondes existent toujours bien après l’après-guerre (sois belle et tais-toi !) et nous ne pouvons accepter de cautionner des positions racistes. Je l’ai déjà beaucoup écrit mais cela vaut la peine de le redire, le principal racisme fut l’esclavage (pratiqué aussi précédemment en Afrique du Nord) puis les relations de domination des hommes vis-à-vis du genre féminin de la même espèce et de la même ethnie (notamment à travers des mutilations, les pieds des chinoises par exemple), soit une bêtise profonde où l’objectif est de casser, de dévaluer, de juger mais de ne jamais faire de propositions constructives pour l’égalité humaine.
Alors prenons nos distances avec le misogyne Arthur, pas seulement avec la pensée (qui n’est jamais qu’une capacité fonctionnelle) mais avec l’esprit critique en réaction à notre monde d’aujourd’hui. J’écoutais hier un reportage de FR3 « Faut pas rêver » où des jeunes filles kényanes vierges étaient tout à fait décidées à se prostituer avec un blanc quel que soit son âge car c’était pour elles un moyen d’obtenir de la richesse, donc du bonheur. Je déplore bien sûr ce raisonnement stupide qui va faire de ces gazelles les proies sexuelles de prédateurs mâles peu scrupuleux mais il y a bien pire que ces donzelles de 16 ans qui ont leur libre-arbitre : le bébé que l’on va charcuter en coupant son clitoris et en cousant les lèvres de sa vulve (infibulation) et qui n’a pas la possibilité de choix. On lui dira plus tard : « c’était la coutume », mais sa vie sexuelle aura été brisée par des matrones « coupeuses » et bêtes. Un crime contre l’humanité, contre l’HABEAS CORPUS diront les anglais : on ne peut pas mutiler le corps d’un autre d’autant plus s’il s’agit d’un bébé ou d’un enfant d’âge tendre.
Les idées peuvent constituer un terreau de révolte pour l’esprit critique du libre-examen OU BIEN devenir une idéologie structurée, une religion ou encore un discours politique ou encore simplement s’inscrire dans les normes de fonctionnement d’une ethnie qui ne conscientise pas son crime et sa cruauté contre l’humanité de ces fillettes.
Le premier qui a récupéré sa biographie pour en faire une apologie ou idéologie politique fut NAPOLEON mais depuis la mode est toujours là. Par exemple, pour un monde plus social, plus fraternel et convivial, on ne cherche plus les critères objectifs comme la sécurité sociale, l’éducation, l’épanouissement de tous les êtres par une allocation d’argent décente mais, au contraire, on masque ces critères sous un discours poujadiste qui n’a plus grand-chose à voir avec les décisions concrètes au service du peuple. Henri LABORIT l’a dit très justement lors de son passage à la célèbre émission RTBF « Noms de Dieux » : « Peut-être que l’homme est une impasse ! Non je ne pense pas qu’il soit une impasse ; il suffirait qu’il n’y ait plus d’hommes politiques. Mais oui ! Ce sont les grands sauriens, ils sont encore à l’époque secondaire, et tout le monde les croit ! Alors que ce sont des dinosaures. »[7] Rappelons pour mémoire que lors de la fête nationale belge du 21.07.2011, il y avait une Belgique sans gouvernement depuis 404 jours grâce à un parti séparatiste flamingant (la N-VA) qui paralysait la majorité et menaçait indirectement le pays de scission entre la Flandre et la Wallonie francophone en absorbant Bruxelles comme capitale alors qu’il n’y vit que 6% de flamands.
Nous avons tous des préjugés qui, lorsqu’ils sont appréhendés en groupe, s’appellent des stéréotypes cognitifs, des croyances pas nécessairement métaphysiques mais basées sur la pérennité d’un conformisme, d’une évidence non démontrée. Les sceptiques diront depuis DESCARTES qu’il faut douter de tout - et nous pouvons y ajouter - en faisant preuve de tolérance limitée vis-à-vis des êtres obtus.

Le conformisme cognitif est un imprinting culturel (comme Conrad LORENZ le démontre avec les oisillons prenant pour leur mère le premier animal à sang chaud qui passe), ce que nous appelons en psychologie sociale la normalisation. Par exemple, un lapin brun dans une collection de lapins blancs albinos est une erreur dans la norme du groupe, alors que c’est bien lui qui représente la normalité de son espèce. Nous ne sommes pas des oies et notre conditionnement est bien plus raffiné et asséné dans nos habitus : il y a la famille qui dit le bien et le mal, puis l’école et la culture et ensuite l’université et la profession.
Sans formation spécifique à l’esprit critique, nous ne sommes plus capables de voir autre chose que la force des tabous qui ont déterminé comme néfastes toutes les idées non conformes. J’admire le peintre namurois Félicien ROPS, au-delà de son œuvre, pour son courage d’avoir vécu toute sa vie avec deux sœurs, donc en marge car cela ne se fait pas chez nous. Nous sommes dans l’idéologie de la monogamie alors que la quasi-totalité du monde animal est polygame et notre conditionnement ethnocentriste nous fera percevoir ce genre de vie comme choquant alors que nous restons indifférents au fait que dans certains pays, plus de 90% des fillettes sont mutilées pour les couper de leur source de plaisir sexuel.
La normalisation se fait souvent de façon répressive ou intimidatrice (du genre « cela ne se fait pas ! »). Attention, cependant nous avons besoin de lois et de contraintes minimales pour vivre ensemble. Aujourd’hui, on vote en Belgique la loi contre le port du TCHADOR que j’applaudis non seulement parce que ce masque est un asservissement des femmes qui doivent être cachées mais pour les dérives que cela peut provoquer. Si la loi ne passait pas, je demanderais à changer la photographie de ma carte d’identité pour celle d’un individu cagoulé inidentifiable et ce serait alors aussi mon droit mais la liberté d’expression ou d’opinion s’arrête là où elle devient une menace pour d’autres (n’en déplaise à ces avocats prostitués qui se réclament des droits de l’homme pour faire échec à cette loi). Par exemple, je suis un terroriste taliban camouflé derrière l’accoutrement d’une femme avec tchador et gants noirs et je peux ainsi tuer avec mes bombes des milliers de civils occidentaux ? Il y a des limites à l’exploitation de la démocratie par les gens des Etats théocratiques qui envahissent nos campagnes et contestent cette loi antiterroriste même s’ils ont acquis la nationalité belge. Ils peuvent bien entendu porter ce camouflage mais alors retourner dans leurs pays d’origine avec les dogmes du djihad.
Je suis un radical d’une gauche non violente et si nous ne sommes pas fermes en tant que collectivité, nous risquons de voir se généraliser les comportements de fous d’extrême droite comme ce norvégien qui, après avoir posé une bombe à Oslo, a tué sur une île proche plus de septante jeunes gens d’un parti travailliste. Nous devons bien sûr aussi balayer devant notre porte et reconnaître dans le temps nos massacres religieux : les cathares, sorcières et autres hérétiques, puis le massacre des protestants et enfin des musulmans lors des croisades, guerres d’invasion au nom du Christ. Comment des hommes se revendiquant de Dieu ont-ils pu faire couler le sang de leurs semblables adorant le même Dieu mais sous un autre nom ?
L’espèce humaine est déroutante, capable de grandes choses mais aussi de tuer son frère de la même espèce, ce que les pires prédateurs ne font pas, et d’inventer des écoles de guerre où l’on apprend à obéir et à torturer ou tuer son semblable. Il n’y a aucune vérité absolue qui justifie la liquidation physique d’un seul homme ou d’une seule femme, par lapidation par exemple.
En « Dynamique des Groupes » (DG), il a été démontré que, si un leader permanent impose ses normes, il va focaliser l’attention de son groupe sur un ennemi extérieur qui deviendra en quelque sorte le bouc émissaire (que l’on peut appeler aussi bien le juif, le palestinien ou la tête de turc). Dès qu’il y a une doctrine normative, il y a une pression à la conformité et ceux qui contestent auront la tête tranchée.
Avec HERACLITE d’Ephèse, nous avons une autre manière de penser qui s’appelle la dialectique et qui consiste à se représenter un point de vue puis l’opinion opposée pour prendre en compte les deux pôles dans un compromis. Cela induit un relâchement de la pression normative et permet à des esprits autonomes de s’exprimer en toute liberté et aux déviances normatives de se structurer pour permettre peut-être un jour un changement social ?
Le pire ennemi de la pensée critique est le fanatisme religieux qui veut imposer ses dogmes ; son principe est enfantin : c’est moi qui possède la vérité et le reste du monde est dans l’erreur. Une culture porte en germe ce qui la ruinera. Le déterminisme mécaniste de notre époque ultralibérale (dite de mondialisation) s’autodétruira de ses propres contradictions peut-être avant que notre espèce ait détruit la terre par son exploitation provoquant le dérèglement climatique. Les blancs, tout particulièrement les américains jouent aux gendarmes du monde au nom de la démocratie (mais la moitié femme de l’humanité y compris en Occident-Atlantique n’a pas les mêmes droits que les hommes) ; ces dernières décennies, avec la CIA, ils ont envahi l’Irak, l’Afghanistan, le Nicaragua, l’île de la Grenade, le Panama, le Vietnam et ils donnent des leçons à l’économie grecque alors qu’eux-mêmes ne sont ni brillants gestionnaires ni aussi cultivés que les grecs.
Je dois pouvoir rencontrer un autre être humain à l’idéologie opposée à la mienne (notons que l’idéologie du changement est toujours une idéologie) sans l’agonir d’injures mais en acceptant de l’écouter et en étant capable de reformuler ses propos sans pour cela m’y soumettre. Notons toutefois qu’il n’y a pas de relation causale directe entre l’activité économique qui domine le monde avec ses conséquences sur les famines en Afrique et la finesse de l’intelligence. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les présocratiques pour exploiter son semblable et affamer ses enfants.
« La connaissance autonome se développe contre la pression sociale, mais de façon sociologiquement conditionnée. La véritable création est individuelle, mais elle ne peut s’opérer que dans des conditions culturelles sinon permissives, du moins non prohibitives. Alors l’auteur, l’écrivain, le penseur sont ceux qui se servent de leur culture pour exprimer, découvrir, élaborer ce qu’il n’y avait pas dans leur culture, et qu’ils introduisent dans leur culture. »[8] Par exemple, en Europe, la majorité des gens sont incroyants et contrôlent les naissances dans leur famille en tolérant les religieux qui eux ne les tolèrent pas ; notre Roi constitutionnel Baudouin faisant partie de la secte du Renouveau charismatique a eu la lâcheté de ne pas abdiquer alors qu’il devait signer la loi sur l’IVG, il a inventé l’impossibilité de régner pour ce jour-là ; pour la même faute grave, un travailleur syndiqué aurait été remercié. Il en va de même aux Etats-Unis où tous ceux qui ne sont pas protestants sont mal vus.
Nous devons affirmer nos idées en les argumentant (et non en criant plus fort) mais toujours en pensant au doute cartésien. « Et si c’était l’autre qui avait raison ? Le vietnamien marxiste envahi qui lutte pour son indépendance d’esprit et de vie ? » pensaient peut-être certains GI’s pendant leur atroce invasion ; autrement dit, il faut se détacher de nos opinions et points de vue pour les analyser de façon critique également. Cela va entraîner un flux vers la positivité. Au lieu de chercher le défaut de la cuirasse chez mon détracteur (malhonnêteté jésuitique), si je recherche dans son discours les points positifs, je deviens plus fort, plus crédible en montrant mon écoute sincère capable de discerner le positif comme le négatif. En gestion des conflits par exemple, c’est en fait l’inviter implicitement à faire de même et chercher à comprendre mon point de vue plutôt que de m’insulter comme un chien qui aboie.

A partir de cette confrontation plus dialectique entre l’institué (les règles, le bétonné, la force brute) et l’instituant (le changement, la créativité, l’égalité), nous pouvons alors déboucher sur l’institutionnalisation (le compromis, l’accord, la création commune). Attention toutefois à ne pas encenser la connaissance scientifique qui peut recouvrir une techno-science d’asservissement. Einstein s’en est mordu les doigts). Je parle d’esprit critique et de dialectique et non d’une néo-vérité de notre époque qui, sous forme d’équation savante, semble neutre mais peut déboucher sur les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. HABERMAS, nous invite en toute chose à se poser la question du critère d’émancipation sociale ou non : est-ce que cette découverte scientifique est pour le bien de tous ou pour le profit des plus riches ? Par exemple, les OGM sont un bien pour le profit (le rendement) mais est-ce bien pour la biosphère ? pour la diversité génétique ? ou encore pour l’émancipation du petit paysan pauvre du sud qui achète des semences F1 c’est-à-dire non reproductibles pour la prochaine saison (il faut en racheter des nouvelles, d’où dépendance via Monsantos.
Nous devons combattre les vérités immuables, les superstitions et l’obscurantisme avec la Raison et la sensibilité affective vis-à-vis des injustices sociales de plus en plus cyniques ; par exemple, des camps de réfugiés flambants neufs ont été construits au Kenya pour les somaliens fuyant la famine par OXFAM et les autorités régionales ne veulent pas les ouvrir de peur de voir ces populations s’y installer définitivement ! C’est une question d’honneur et de coresponsabilité entre des hommes égaux mais comme je l’ai déjà dit, il ne suffit pas d’opposer notre utopie de citoyen du monde à l’idéologie dominante du profit, il faut aussi balayer devant notre porte interne en essayant de comprendre puis de domestiquer nos colères irrationnelles, soit un long et infini travail de perfectionnement pour nous faire émerger de la bête impulsive que nous sommes toujours au fond de nous. S’auto-questionner ? Bonjour ma colère d’où viens-tu ? pourquoi es-tu là ? pourquoi l’autre a-t-il pu actionner chez moi mon talon d’Achille représentant – pour moi – un tabou et comment se débarrasser de ce tabou sinon en décidant que je n’en veux plus, ce qui - CQFDd - demande un travail sur soi.
Armer de ces considérations sur l’autocritique, je reviens sur ma relecture du philosophe SCHOPENHAUER et en particulier son ostracisme envers les femmes (comme tous les hommes de Dieu cela dit). Et si au lieu de le qualifier par un quelconque jugement de valeur avec la bannière du féminisme, je m’interroge sur ce qu’il fuit en posant la question basique : est-ce que c’est l’autre humain différent en genre ou la sexualité en général qui le dérange ? Lorsqu’on analyse la forme de ses textes et le choix de certains termes comme « jouissance » (plutôt que plaisir) qui revient beaucoup en confrontant cela avec son portrait de la première page de ces réflexions, on peut dire que ses traits ne sont pas avenants et on pourrait aussi faire l’hypothèse que c’est de l’organisme qu’il se défie ? Il n’a pas le « profil » d’un joyeux drille profitant des plaisirs de l’existence. Dans la citation un peu longue que j’ai fait d’un de ces textes, il dit en substance que l’homme (ayant 5x plus de testostérone) veut obsessionnellement faire l’amour, la femme aussi mais avec d’autres profits en plus, et alors ? Si l’homme et la femme se ressemblaient, la vie serait d’un grand ennui ; par contre, grâce à une tolérance réciproque et une volonté de trouver ensemble des solutions à des fâcheries parfois stupides, nous créons la connivence, l’estime et le respect mutuel.
Le malentendu le plus sournois est dans la venue des enfants , comme si l’amour avait à choisir et non à englober.


Le processus complexe de l’attachement affectif bien décrit par Conrad Lorenz et développé par Boris CYRULNINK[9] (pédopsychiatre) nous explique cette loi de l’interdépendance où la femme moderne émancipée perd patience vis-à-vis de son compagnon qui aurait dû être un prince charmant et le congédie alors qu’un jour les oisillons quitteront le nid et la femelle dévouée se retrouvera alors toute seule, un peu nostalgique peut-être (pas toujours) d’avoir mis son mec à la porte.
Je me répète car je l’ai souvent écrit : ce sont les femmes qui choisissent leur homme et ce sont elles qui le quittent en désamour alors que l’homme n’a rien vu venir car elle sont plus entières, plus vraies, plus sensibles et donc également paradoxalement plus dépendantes de l’attachement, autrement dit ayant plus de travail à faire pour le détachement. Ce sera souvent lorsque les enfants commencent leur adolescence que la femme se déprend de son compagnon à qui elle a trop donné même si lui n’en demandait pas tant. Alors commence un parcours de la combattante qui a perdu le charme de ses vingt ans ; la beauté est un leurre qui a gangrené aussi notre esprit critique : pourquoi choisir un playboy bien désodorisé et qui fait de la musculation ou une nana qui mange des Kelloggs en robe rouge avec des lolos surdimensionnés ? Et non une autre âme qui complète la nôtre ?
Ne pourrions-nous pas envisager un compromis de vie qui respecte les différences et besoins de chacun, par exemple où l’on dépasserait cette norme que ce sont les hommes qui draguent et les femmes qui attendent tout en prenant des distances avec les scénarii répétitifs de vie quotidienne parfois lassants et qui agacent l’un comme l’autre des partenaires (là aussi avec les normes formatées en nous : pour caricaturiser les hommes adorent les poussières et les femmes la propreté) et à la place se voir tel qu’on est, se rencontrer pour se parler avec respect sans velléité de contrôler la vie de l’autre (petit exemple de détail : les hommes sont fiers de piser debout et certaines femmes les poussent à s’asseoir sur la cuvette puis les méprisent de leur abdication.)

Imaginons un autre programme que boulot-métro-TV-dodo, Monsieur invite Madame au restaurant avec des vins délicieux, le couple parle beaucoup (un effort particulier est demandé aux hommes) et ils vont faire l’amour pour se faire l’un l’autre « avoir bon », chacun sachant qu’il ne s’agit que d’une secousse animale agréable, nécessaire mais non suffisante, l’essentiel étant dans la communication entre les genres (le don des corps étant dans un plaisir partagé d’enfants et non une finalité détournée par les religieux). Cela sous-entend un détachement de nos formatages à l’eau de rose à propos des princes charmants (qui dans la réalité ont du bide et des rides) et des princesses qui défèquent comme toutes les autres entités animales. « Dans » et par le détachement de nos illusions, nous dépassons Wilhelm REICH ainsi que ce casse-couille d’Arthur pour réinventer un amour sans possession, la voie du milieu du Bouddha et de l’anarchiste PROUDHON qui ne pourrait plus dire « la propriété c’est le vol » car les humains seront autonomes et libres et gestionnaires de leur propre corps provisoire.
« Tant que nous n’aurons pas progressé dans ces relations, nous demeurerons dans l’ère des barbares (doctrines, idéologies, théories réductrices et mutilantes), qui est en même temps l’ère de la barbarie dans nos relations avec la noosphère (possession aveugle par l’idée) et l’ère de la préhistoire de l’esprit humain (sous-développement de ses potentialités complexes).(…)Le sous-développement n’est pas seulement celui des esprits voués aux illusions mythologiques, aux croyances superstitieuses, et aux grossièretés idéologiques. C’est aussi l’esprit de la techno-science hyperspécialisé, unidimensionnel et abstrait, voué aux théories réductrices et obéissant aux paradigmes mutilants ; l’abstraction colonise notre monde, et il est nécessaire de coloniser les abstractions qui nous colonisent. »[10]
Je réfléchis ici pour ma propre société occidentale-Atlantique mais je sais que si mes amis africains choisissaient aussi le risque de l’émancipation de leurs femmes (avec une instruction similaire aux hommes, non mutilées dans leur chair et non contraintes par des normes d’habillement), ils y gagneraient en complicité d’égaux en pouvant ainsi échanger avec les humains de l’autre genre de façon plus joyeuse et rieuse car elles seraient alors leurs amies et non leurs propriétés.
Jean-Marie LANGE, formateur GAP, 31.07.2011



[1] Sources : SCHOPENHAUER A., Le monde comme volonté et comme représentation, Paris, PUF, 2003.
SCHOPENHAUER A., Le Fondement de la morale, Paris, Livre de Poche, 2007.
SCHOPENHAUER A., La philosophie universitaire, Paris, Mille et une nuits, 2006.
SCHOPENHAUER A., Parerga & Paralipomena, Petits écrits philosophiques, Paris, Coda, 2010.
SCHOPENHAUER A. Schopenhauer dans tous ses états. Une anthologie inédite par RAYMOND D. et PAJAK F., Paris, Gallimard, 2009.
[2] SPINOZA Benoît, Traité de l’amendement intellectuel, Paris, Allia, 2009, p.63.
[3] Notons qu’ à l’instar de Jean-Jacques ROUSSEAU qui a écrit « L’Emile » (magnifique éloge de la pédagogie) et a placé ses enfants à l’assistance publique, Schopenhauer est un philosophe qui aide à vivre mais qui fut un misogyne hors pair : par exemple au restaurant, il mangeait seul et réservait la place lui faisant face pour qu’elle reste vide, de peur qu’une femme lui propose sa compagnie.
[4] Schopenhauer, Parerga &, ibid., p. 269.
[5] Schopenhauer, Parerga &, ibid., p.296-297.
[6] Spinoza Benoît, L’éthique, Monaco, Du Rocher, 11974, p.240.
[7] LABORIT Henri, Comme l’eau qui jaillit, Liège, Noms de Dieux, 2000, Alice, p.74.
[8] MORIN Edgar, La méthode tome IV, Les idées, Paris, Le Seuil, 1991, p.48.
[9] CYRULNIK B., Les nourritures affectives, Paris, Odile Jacob, 2.000.
CYRULNIK B. Sous le signe du lien, Paris, Hachette,2003.
CYRULNIK B. L'ensorcellement du monde, Paris, Odile JACOB, 2001.
CYRULNIK B. Un merveilleux malheur, Paris, Odile JACOB, 2002.
CYRULNIK B. Parler d'amour au bord du gouffre, Paris, Odile JACOB,2004.
CYRULNIK B., Les vilains petits canards, Paris, Odile JACOB, 2004.
CYRULNIK B., De chair et d'âme, Odile JACOB, 2006.
CYRULNIK B., La naissance du sens, Paris, Hachette, 2006.
CYRULNIK Boris, Autobiographie d'un épouvantail, Paris, Odile JACOB, 2008.
CYRULNIK B., Je me souviens, Paris, L'Esprit du temps, 2009.


[10] Morin E., Les idées, ibid., p.246.

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