CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie
institutionnelle N°49
A propos de l’émancipation féminine :
de l’éros à la philia
« La
femelle est intérieur à tout Adam…un abîme inconnu (d’où le symbole des eaux et
des ténèbres qui lui est attaché), le RIEN.(…). L’Adam, comme endormi, n’a pas
conscience d’être ; il n’est âme vivante que par procuration donnée
inconsciemment à ses animaux intérieurs, qui ont barre sur lui et font la
loi.(…) Des plus grandes profondeurs de l’Adam s’élève un flux de désir,
l’éros ! ».[1]
La
génération de mes grands-parents avait comme joug dominant (particulièrement
les femmes) : « le péché de chair ». Les mâles bourgeois avaient
– comme du temps des romains – des concubines, des maîtresses (2ème
bureau dit-on en Afrique), des maisons closes et l’épouse « mater familias »
de bonne famille qui régnait sur la maison et les esclaves ou
serviteurs/bonnes, etc. Par contre, les prolétaires et la petite classe moyenne
n’avaient pas les moyens de ces plaisirs de sexes différents. On inculquait aux
jeunes filles que la copulation – acte dégoutant en soi, disaient les curés –
est permise juste pour faire des enfants. Il y avait donc les familles
nombreuses de 10-12 enfants avec une
mortalité infantile élevée et des femmes qui mourraient souvent de
fièvres puerpérales (un morceau de placenta encore accroché), de complications
à la naissance (pas de césarienne) et/ou d’accidents d’aiguilles à tricoter
(c’était avant nos lois sur l’IVG). Il n’était donc pas rare au vu de cette
mortalité (« une femme enceinte a un pied dans la tombe ! »
disait-on) que, sur la durée de son existence un homme soit polygame en
remplaçant l’épouse décédée par une plus jeune. Lorsque Jacob, le père de
FREUD, se remarie avec Amalia, elle a vingt ans, l’âge de ses deux grands
frères.
Sigismund a toujours cru qu’un de ses
frères était son père illégitime et en a toujours voulu à sa mère, qui eut par
après sept filles mais adula toujours son garçon médecin. Aux obsèques d’Amalia,
Freud enverra une de ses filles le représenter.
Quelles
que fussent les différentes civilisations, il y a toujours eu des fils rouges
anthropologiques pour relier l’humanité. Par exemple, du temps de mes
grands-parents, la jouissance féminine n’était pas automatique, cela étant dû à
la culpabilisation induite par les conditionnements des prêtres, traquant même
les péchés en pensée. Dans certains pays d’Afrique, ce même objectif sera
atteint par les mutilations sexuelles féminines dont l’ablation du clitoris. On
dirait que plaisir rime avec liberté et que les hommes veulent surtout une
propriété illusoire de leur progéniture ?
En
1968, eut lieu la révolution de la jeunesse contre les autorités excessives
(Wilhelm REICH). On en a beaucoup parlé comme d’une révolution sexuelle mais
elle fut peu vécue comme telle. Certaines féministes brûlèrent leur
soutien-gorge et on parlera d’amour libre mais c’est plutôt la technologie du
contrôle des naissances qui fit la révolution avec les préservatifs et la
pilule anticonceptionnelle. Des cours d’éducation sexuelle furent donnés dans
les écoles par des « vieux » profs de biologie centrés sur le
mécanisme de la reproduction et non les plaisirs de la chair et l’affection
d’un autre ou de plusieurs autres (quel que soit le genre) ainsi que
l’attachement pour les petits et leur devenir grâce à une croissance dans un
milieu sécure.
Aujourd’hui,
avec les sites internet, en particulier les sites de rencontre, le pendule de
FOUCAULT a basculé vers un autre extrême : la surconsommation plutôt que
l’abstinence. En effet, si l’homme est limité dans ses coïts, la femme elle est
bien plus disponible et c’est seulement maintenant que l’on assiste à une
émancipation sexuelle des femmes avec parfois des propagations de papillovirus
et autres germes peu encore identifiés. « Il n’y a pas de mal à se faire
du bien » dit un adage, mais la frustration des mères se raconte par le
côté volage des filles, il faudra longtemps avant que le pendule se stabilise
sur un juste milieu.
Qu’est-ce
qui se prépare du côté des enfants séparés de leurs géniteurs et évoluant en
famille recomposée ? Quelle sera la civilisation de demain, si, au plaisir
du sexe, on oubliait de joindre l’affection et la tendresse (des gestes de
reconnaissance et de joie qui ne doivent pas se confondre avec des cadeaux
et/ou de la compétition).
SCHOPENHAUEUR était un philosophe nihiliste
misanthrope mais surtout misogyne (il vivait avec son caniche et au restaurant
retenait la place à côté de lui pour que personne ne l’indispose), il est le
fondateur de la SPA n’ayant aucun intérêt pour les enfants mourant de famine en
Afrique et salivant devant les réclames « César » la viande prévue
pour les gros minets ou les chienchiens à leur maman.
Mais
toutefois sur son plan réflexif de « la raison au service de la
volonté de l’espèce », il n’avait pas tort ; ce qui compte chez les
animaux (dont nous sommes une des espèces), ce sont bien les femelles et leurs
portées. L’homme n’a même plus le rôle du guerrier (une femme avec une arme automatique
est tout aussi dangereuse) ou du fécondateur nécessaire même si le système le
plus naturel est bien (pour toutes les espèces) la polygamie. Notre avenir, si
nous en avons un avec les malades de l’enrichissement inutile qui bouleverse
l’équilibre climatique de façon irréversible, est non prévisible : nous
pouvons disparaître comme notre soleil un jour, revenir à un clivage entre
sociétés cultivées et barbaries (dont les femmes sont les premières têtes de
turque) ou bien concevoir une nouvelle civilisation où un homme serait partagé
par plusieurs femmes et surtout ne se pose plus en propriétaire de ces
dernières, où l’égalité, quel que soit le sexe, soit respectée dans la liberté
et la fraternité/sororité.
Petit excursus de zootechnie. Dans
l’élevage bovin, les canadiens ont amélioré notre pie-noire Holstein en une
« grande baraque » ; elle est tellement productive en lait que
le procédé FIVETE (Fécondation In Vitro et Transplantation d’Embryons) fut
inventé dès les années 1970. Il s’agit de féconder des ovules d’Holstein
améliorée par du sperme congelé dans de l’azote liquide (-345°C), les ovules
fécondés appelés alors zygotes sont transplantés dans les utérus de vache
ordinaire.
Certains éleveurs conserve par
nostalgie un taureau, bouche de trop à nourrir car le sperme se conservant des
centaines d’années, on n’a vraiment plus besoin de mâle. Une nouvelle science
morale est à naître : la BIOETHIQUE. Par exemple, nous sommes des
mammifères omnivores et donc, dans la chaîne des espèces, un prédateur qui a
besoin de viande au moins pour la croissance de ses bébés (longueur des
protéines animales) mais ce n’est pas une raison pour justifier la cruauté envers
nos cousins animaux : j’ai vu des lapins qui mourraient lentement en se
vidant de leur sang sur une croix, j’ai
vu des producteurs de cuisses de grenouilles qui, après avoir arraché les
parties convoitées, laissaient l’animal amputé agoniser lentement. IL faut
entre 800 et 1200 kg pour abattre un bœuf à l’engrais et je mange avec
parcimonie du bœuf car sa vie prise est nécessaire à mon organisme (et non le
seul soja), mais combien de lapins et de grenouilles faudrait-il tuer pour
arriver à cette masse viandeuse ? De même, je mange volontiers du porc car
plus économique et par résistance envers les barbares qui sans argument
rationnel veulent imposer leurs dogmes à l’Occident. Je jure que j’arrêterai de
manger du porc, lorsqu’ils ne traiteront plus leurs femmes (mes sœurs humaines)
comme du cheptel (torturées, enfermées, non éduquées, battues et assassinées si
elles forniquent alors que les hommes
séduits ou séducteurs eux ne sont pas lapidés). Par contre, manger un primate
est pour moi un tabou cannibalisme, j’ai vu un jour en brousse, un singe dans
une marmite dont la main similaire à notre espèce s’était accrochée au bord et
dépassait du couvercle. Brrr ! Fin de l’excursus.
Cet
excursus n’en est pas vraiment un ; c’est de la sensiblerie mal placée, me
répondra-t-on, face à la traite des êtres humains, hier des esclaves,
aujourd’hui des prostituées forcées ou des enfants exploités par le travail à
la chaîne. Dans un de mes cours, j’ai reçu une fois les doléances d’une
étudiante qui ne savait pas avoir tout de suite d’enfant (« tout et tout
de suite » semble être une gourmandise de notre époque) et qui se
plaignait auprès de moi d’avoir été grondée par son gynécologue parce qu’à la
place, elle avait adopté un petit chien (elle avait peut-être lu
Arthur ?). J’ai répondu doucement que tout était lié par l’interdépendance
et que peut-être un petit humain non adopté mourrait de faim au même moment. Les
animaux de compagnie m’horripilent ; les choisit-on pour leur docilité ou
parce qu’adopter un enfant de notre espèce implique une responsabilité
sociale ?
Si
demain, nous n’incluons pas la bioéthique dans nos valeurs, comme les embryons
excédentaires de FIVETE, il y aura des collectionneurs qui auront des embryons
humains coulés dans de la cire et plein de chats et de chiens. Avec la
globalisation et l’économie à outrance, c’est l’âme humaine qui s’effondre. Le
nazi MENGELE réalisait des abat-jours en peau de juifs ; nous n’en sommes
pas loin lorsque des pauvres des favelas brésiliennes vendent un de leurs deux
reins.
De
même, aux Etats-Unis, commander sur catalogue du sperme d’un bel athlète et/ou
d’un grand cerveau, c’est là renouer avec l’eugénisme de Francis GALTON qui a
inspiré les blonds Aryens du National-socialisme allemand ; tout est prêt,
avec FIVETE, il ne nous reste plus qu’à sélectionner des mères porteuses
crevant de faim dans le tiers-monde. Coïter comme une bête dans le plaisir et
concrétiser cette joie par le choix de faire un enfant pour notre espèce est
une belle chose (qui déplaît aux seuls démographes) ; pour ceux qui
cherchent un sens à leur existence, le sens est de vivre dans la nature animale
avec le cortex en plus.
Si
des sujets de notre espèce partagent une affection élitiste, quelle que soit
leur caste (En Inde), quel que soit leur genre (Yin ou Yang) ou quel que soit
leur âge (en adultes majeurs), peu importe. La seule restriction pouvant être
évoquée est dans les différences culturelles qui peuvent certes se niveler,
mais ? J’ai toujours été frappé par cette histoire d’un parisien ayant
épousé deux sœurs du Burkina : quelle souffrance au nom du paraître et de
l’argent.
Elles ont quitté le vieux blanc,
sortent en boîtes et s’éclatent avec la « House Music » et lui est
tout seul chez lui à écouter du Bach puis après une vie éphémère, ils seront
tous seul dans un cercueil.[2]
Méditons
sur l’idée du plaisir et de la responsabilité, ce ne sont pas des oppositions
mais des complémentaires dialectiques. Ne souffrons plus de nos maux psychiques
absurdes, vivons nos plaisir et nos joies en mangeant du steak avec notre
compagne/compagnon et notre enfant adopté et non le contraire, comme Schopenhauer[3],
en mangeant nos salades bios et fades dans la solitude avec notre toutou et son
Canigou. Peut-être, lorsque nous aurons une totale émancipation féminine et
responsable, pourrons-nous inventer une civilisation utopique qui ne sera plus
basée sur le couple institué mais sur le groupe familial, où le chasseur
s’occuperait encore de ses enfants dès qu’ils peuvent monter à cheval (8 ans)
pour donner une valorisation à l’un et un sens à l’autre, grâce aux femmes.
J’évoque le néolithique dans la complémentarité et non sous les dépendances
d’aujourd’hui ; les femmes étaient libres et pouvaient
« divorcer », par contre, dans les histoires de vie de mes grands-parents,
j’ai souvent entendu les femmes âgées se plaindre de leur compagnon tout en
disant qu’elles ne sauraient pas vivre de leurs seules ressources et être
autonomes et puis il y a les enfants qui ont bon dos ! Car si les
partenaires sont heureux et équilibrés, les petits seront alors dans un cocon.
J’ai
souvent entendu des femmes médire des hommes mais plus rarement le contraire.
Par contre, j’ai souvent entendu des hommes parler de sexe et jamais le
contraire. Mais – comme les frites MC Clain, ce ne sont pas ceux qui en parlent
le plus qui en mangent le plus - selon les recherches, ce seraient plutôt les
femmes qui en mangeraient beaucoup. CIORAN, dans « Précis de
décomposition » raconte les échanges verbaux de deux mégères sur le parvis
d’une église : « Ah mais moi j’ai des becs de perroquet ! Oui
mais moi j’ai des hanches artificielles et ils ne les ont pas
équilibrées ». Et les voila clopin-clopant suscitant la rage de
l’espagnol.
Au
fond une partie de moi est agacée, comme chez Cioran ou Schopenhauer, par
l’égoïsme récurrent des vieilles femmes ne travaillant pas et ayant bien leur
temps pour faire la conversation à un vendeur débordé par une file. Je faisais
la queue dernièrement chez un commerçant, mon billet de banque à la main, et,
lorsque la cliente me précédent, en se rappelant sans cesse qu’il lui fallait
autre chose, a eu toute sa marchandise, elle a alors ouvert son sac pour y farfouiller
après son porte-monnaie et compter ses pièces cuivrées pour trouver le juste
compte. Ce comportement avec un total mépris des alter-ego de la file
m’horripile. Je ne pourrais cependant pas affirmer que ce comportement est le
seul fait de la gent féminine.
Il
ne s’agit pas ici d’être réducteur avec la médisance des femmes retournée à
elles-mêmes, ni séducteur en proposant de se passer de ce genre masculin qui
parfois inculque aussi de l’ordre civique à ses enfants mais au contraire de
dépasser les représentations induites par la société pour simplement être vrai
et sincère, vivre l’ici et maintenant disant le non-dit même si les reproches
peuvent s’apparenter aux coups (ne jamais attaquer mais toujours se défendre).
Le Vénérable THICH NHAT HANK lors d’une conférence avec un bébé qui hurlait, fit
remarquer qu’il y avait deux conférenciers dans la salle et les pleurs durèrent
jusqu’à ce que la mère ait compris le silence du sage, que, pour les autres,
sortir avec son braillard, c’était mieux pour tous. Je déjeunais avec un vieux
monsieur et à la table à côté, même jeu ; mon ami se retourna vers la mère
pour lui expliquer que nous ne pouvions plus parler avec les hurlements de son
enfant.
Faut-il que nous devenions des
guimauves : se soumettre à la loi de ceux qui estiment ne pas avoir de
responsabilités ou défendre notre petit espace auditif ? DIRE LE NON-DIT
vertement s’il le faut aussi bien à Fabiola qu’aux marocains qui nous donnent
des leçons chez nous (mais par peur d’être taxés de raciste, les gens de gauche
se taisent et alors eux continuent à ne pas nous respecter).
Petit
volet social : « Le conflit est le père de toute chose », nous
dit le philosophe HERACLITE. Nous n’avons qu’une vie, souhaitons qu’elle soit
le plus agréable pour tous, le bien-être plutôt que le règne des puissants par
l’injustice des ressources et des moyens d’éluder l’impôt (FABIOLA) et les
guerres de domination (des territoires, des marchés, des femmes). Soyons
courageux pour limiter le visa d’entrée
chez nous à ceux qui font allégeance à notre laïcité des droits de l’homme. Et
boycottons le tourisme, pourvoyeur de fonds aux pays qui ne respectent pas
cette valeur universelle pour que les hommes vivent en paix. Les gens ne
veulent plus soutenir l’humanitaire en l’Afrique noire parce que certains
viennent tuer des innocents chez nous (les caricatures).
Soyons
intolérants pour ne pas octroyer notre aide économique là où les femmes sont
mutilées et les enfants sans école. Laissons aux chinois, comme des rats, le
soin de spolier le commerce de ces nations les plus pauvres. Blocus de tous contre le retour de la barbarie car
l’aide ne profite JAMAIS aux victimes des famines (dixit OXFAM) mais aux potentats
locaux. A ma connaissance, aucun millionnaire africain n’aide son prochain
malgré les valeurs religieuses prônées mais confisquées dans la vie concrète
par les gouvernements de l’Egypte, de la Tunisie, de la Turquie, du Maroc,…des
Frères musulmans en général. Arrêtons ce fonctionnement à la croyance en une
Europe vertueuse qui veut l’austérité en laissant crever ses citoyens :
dessillons nos yeux quand pour la seconde fois, la veuve du Roi Baudouin veut
éluder l’impôt qu’elle devrait payer comme les plus pauvres, regardons le
renflouement constant de DEXIA, les salaires des capitaines d’industrie et
leurs parapluies dorés ainsi que la richesse indécente en ces temps de crise du
Vatican malgré le jeu d’acteur de François 1er qui se voudrait bon
mais ne le peut pas puisqu’il ne sait pas suivre le message du Christ :
« Abandonnez tout ce que vous avez si vous voulez me suivre ! ».
Ne croyons plus que se déclarer socialiste est synonyme d’un mouvement de
gauche et ne croyons plus jamais que, dans les goulags, on rase
gratuit avec le monde que la collusion Américano-Occidentale nous prépare
et qui sera résolument ultralibérale ! Les pauvres en Grèce perçoivent une
allocation de 350 €/mois, ce qui les empêche de se payer les médicaments
nécessaires, les bonnes DOGON du Mali gagnent 12 €/mois pour travailler 12 h
par jour à 8ans, les indiens grâce aux équipements d’échographies présents dans
les épiceries ont euthanasié presque tous les fœtus filles et à présent pillent
les gamines du Népal ou du Bangladesh, les homosexuels sont contestés par la
droite en France et exécutés au Burundi. Etc…. Indignez-vous, disait
HESSEL !
En
conclusion partielle avec le temple de Salomon
Notons
que quand le triangle sur pointe et celui sur base fusionnent, ils forment
l’étoile de David, le sceau de Salomon. Hiram en a reconstruit le temple
extérieur et nous avons le travail de construire celui de l’intérieur AVEC
ensemble notre intelligence rationnelle et nos intuitions créatrices.
Freud
était un petit monsieur pillant des idées aux philosophes sans les citer et
limitant l’existence de la naissance biologique à la mort, ce qui n’en est qu’un
extrait, en gommant la culture du sujet, l’époque et les changements de peau du
serpent. C.G. JUNG a une autre envergure ; bien sûr, il a fait des erreurs
avec Paracelse ainsi qu’avec un trop long bouquin sur l’introversion et
l’extraversion mais ce fils de Pasteur protestant a toujours été scientifique et athée et a
fait de grandes découvertes sur la symbolique des mandala (le père/le fils, la
mère, Satan et l’Esprit saint/ou sain),
et de l’alchimie menant à une spiritualité laïque
Comme
je l’ai déjà dit, HERACLITE, dans un de ses fragments affirme que « le
conflit est père/mère de toute chose ! » et nous pourrions ajouter la
complémentarité dialectique « tout est reliance et interdépendance ».
Jung s’éclaire du soufisme, de la Bible, de la Torah ainsi que du bouddhisme.
Rappelons que le bouddhisme est une
religion sans dieu mais que ce principe divin toujours non prouvé fait moins
problème que les dogmes religieux. JUNG et d’autres expliquent « L’UN et
le TOUT » sur le socle des alchimistes. L’œuf du monde contenant un Janus
qui sera séparé, un des jumeaux est coagulo et l’autre solve, la dissolution et
peut donc être toujours dans l’éducation permanente par l’autodépassement ;
nous sommes ces deux tendances. L’homme est le principe du symbole solaire, le
feu et l’or pour affirmer la fixité du masculin. La femme est le principe
lunaire, l’eau, l’obscur et le froid pour exprimer le multiple, la
transformation du féminin. « 0n ne se baigne jamais deux fois dans le
même fleuve »(HERACLITE). La chute de tout ce qui s’écoule vers le bas, le
triangle isocèle sur pointe, l’eau, le yin, obscur, humide et froid du TAO
fécondé par ce qui monte, le soleil et le feu, triangle isocèle sur base, le
yang, ce qui fait croître sur une terre dégorgée. Les forces aquatiques et
lunaires feront obstacle à l’émergence du Soi (le mercure yin), les forces du
soleil et du feu participeront au dégagement du Soi (le soufre), soit le ciel
et la terre mais comme le dit Hermès « Ce qui est en bas vaut ce qui est
en haut ». La fixation dans la rigidité d’une personnalité inventée
(persona) peut donc devenir « un arrêt sur image »(le pansu) tout
comme le changement permanent peut devenir une dissolution de cette commode
personnalité qui nous aide à vivre. On ne peut séparer les contraires, le
mercure peut dissoudre les rigidifications de la psyché et le soufre peut
consolider la confiance en soi de la femme insufflée par l’homme.
Nous
formons des couples avec des connivences et des tensions, des interinfluences
et en marchant parfois « à côté de nos pompes » car il y a un autre
couple en chacun de nous formant, au-delà de nos conditions, notre être
intérieur. Brel nous dit « Parfois je vais au bourg voir la Veuve de Don
Pedro, elle me parle de mes chevaux et je lui parle enfin d’amour ». Se centrer par la méditation sur nos yin/yang,
c’est s’ouvrir, germer, fleurir , fructifier puis grandir. Notre travail
intérieur est d’unir nos deux natures le ciel et la terre, le feu et l’eau, le
soleil et la lune, l’humanité et la singularité, le mâle et la femelle coïtant,
la philia et l’agapè pour devenir le Un vertical de la seule humanité. Nous
sommes l’arc et nos enfants sont nos flèches, dit Khalil GILBRAN ; nous
améliorer, c’est aussi leur montrer (parfois leur transmettre) une
pensée-action juste et authentique.
La
pensée du philosophe grec HERACLITE (Ephèse, V° av JC) est d’envisager chaque
pôle d’une contradiction dialectique puis, au lieu de s’arrêter à la
contemplation des bouddhistes, de choisir la pensée-action dans l’ici et
maintenant. La vie est aussi faite de choix même si pour les conflits
domestiques, ce choix peut être un compromis. Par exemple, notre association
GAP (Groupe d’Autoformation Psychosociale, asbl 2005) n’a - pour rester adogmatique – que les valeurs
des droits de l’homme et du citoyen, nous acceptons l’autodétermination des
peuples bien entendu mais nous travaillons aussi activement pour l’émancipation
des jeunes mères et des jeunes filles égales en droit et en genre aux hommes au
lieu de donner 50 €/an aux nécessiteux du tiers-monde pour avoir une bonne conscience
d’Occidental en oubliant ainsi le fait d’autres humains (nos sœurs et frères)
démunis et condamnés à mourir de faim et/ou de maladies diverses.
LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE. « Comme un fleuve de feu, l’Eros prend
sa source dans le Rien. Il s’écoule avec une impétuosité torrentielle pour
s’engouffrer dans les râles du désir, dans l’exaltation des ravissements, puis
s’apaiser, se meurtrir aux rochers des ruptures, s’enliser dans les sables des
chagrins (…). PHILEA évoque l’amour-amitié ; AGAPE est une tendresse
dénuée de tout attachement, de toute possessivité, un amour purifié. Mais EROS
est l’amour (…) éclos de l’œuf primordial. »[4]
Jean-Marie LANGE, 06.06.2013,
formateur au GAP.
A propos d’émancipation féminine (II)
Préambule :
Un mouvement de gauche pour le bien-être de tous, y
compris la partie de l’humanité qui vit en-dessous du seuil de la pauvreté
« Chérissez l’amour.
Faites-en votre plus belle conquête, votre seule ambition. Après les hommes, il
y aura d’autres hommes. Après les livres, il y a d’autres livres. Après la
gloire, il y a d’autres gloires. Après l’argent, il y a encore de l’argent.
Mais après l’amour, après l’amour, il n’y a plus que le sel des larmes. »[5]
Si nous étions des
citoyens responsables de gauche, nous changerions le monde pour le bien-être de
tous au lieu du profit de l’ ultralibéralisme de quelques spéculateurs soutenus
par les politiciens de tous bords. Nous sommes tous contre l’extrême droite
avec les « Territoires de la mémoire » notamment mais c’est plus vicieux
qu’il n’y paraît, « le ver est souvent dans le fruit » ; nous
étions « les amis de la terre » lorsqu’un jour à Namur, quelqu’un
nous rassembla pour l’écologie politique, disait-il, ou pour devenir député
européen ? A cette première réunion, peut-être à cause de ma grande
gueule, on me proposa d’être secrétaire à Liège et l’arriviste d’ajouter qu’un
groupe pourrait venir pour noyauter les élections ;blême, j’ai quitté sur
le champ ce projet véreux. « Lorsque tu as fini de carillonner, descend du
clocher ! » disait Michel Bakounine. Avec des amis progressistes,
depuis quelques mois (et non depuis deux ans) nous voulons créer un
« mouvement de gauche » mais je suppute qu’il est déjà contrôlé par
un quelconque politicien qui n’a rien à faire de l’utopie d’une démocratie
participative (dont la faisabilité a été prouvée par les travaux du père de la
dynamique des groupes, Kurt LEWIN), un vrai projet sous-entend une assemblée
générale animée par un sage qui nomme un conseil d’administration et celui-ci
décide d’un porte-parole provisoire révocable et non un député sans parti dont
la première mesure sera de vouloir exclure deux militants liégeois et la
seconde d’occire son épouse.
Je
refuse le fonctionnement de groupe sans règles explicites car cela induit alors
un pouvoir implicite manipulateur. Notons qu’il y a 45 ans que je le démontre
dans toutes mes formations en utilisant des jeux de rôle qui exposent le
système de la confiscation du pouvoir.
Si
nous partons d’une assemblée générale (AG) qui se choisit un conseil
d’administration (CA) renouvelable tous les ans, nous pouvons parmi les membres
avoir un porte-parole qui reflète après un tour de table systématique l’avis du
CA et pas qui se sert de la structure comme marchepied pour continuer à toucher
un salaire de député à vie. Un jour dans ma ville de Waremme, au moment des
boat-peoples, nous avons créé une asbl « Mer de Chine. Aide aux
réfugiés » et nous avons de A à Z construit le projet d’accueillir une
famille de réfugiés laotiens, depuis des rencontres au Haut-commissariat pour
les réfugiés jusqu’à la restauration d’une maison et de l’installation de
meubles grâce aux petites mains du coin, soit pour une fois un projet
socioculturel avec un suivi car, lorsque cette famille est arrivée (un jeune
couple avec un petit garçon et dont la maman était enceinte), les assistantes
sociales de notre asbl se sont dévouées pour les familiariser aux courses, aux
coutumes et bref les intégrer. Dès la connaissance médiatique de notre projet,
les politiciens du coin se sont rués sur le fromage en disant tous qu’il
voulaient bien occuper des postes mais pas travailler ; du coup, le projet
a pourri et les citoyens l’ont délaissé à cause de sa récupération par le
politique. Je suis libertaire et je déteste la particratie d’une oligarchie de
prétendus experts. Parmi les slogans de mai 68, il y avait « interdit
d’interdire», c’est absurde car l’absence de règles démocratiques (autre qu’un
faux-semblant tous les 4 ans avec des élections obligatoires) laisse la place
aux charognards et désespère les petites gens qui, par dépit, votent alors
extrême droite. Lionel Jospin nous l’a démontré par l’absurde, la majorité des
ouvriers sans boulot du nord de la France ont voté FN Le Pen), non parce qu’ils
étaient d’un coup de droite mais pour un signal aux malentendants de la gauche
caviar(cf. le journal Le Monde de l’époque). Avant l’implosion de notre nature,
nous devrions nous débarrasser de toutes ces cliques et redécouvrir la commune
de 1871 (Louise Michel). Etienne de la Boëtie, l’ami de Montaigne disait
« qu’en arrêtant de soutenir les tyrans qui vivent grâce à nos mains et à
notre travail, les colosses aux pied
d’argile s’effondreraient tous seuls ».
Pour
cela, il faut revenir en arrière et réinventer la psychologie relationnelle avec
les concepts de l’amour charnel, de la Philia de l’amitié et de l’Agapè de
l’universalité, il n’y a qu’une seule espèce humaine HOMO SAPIENS SAPIENS qui
se déchire pour des illusions de pouvoir (le désir) et des gonflements de l’ego
sur le dos des autres. Restons des grenouilles sans nous prendre pour des
bœufs, il n’y a rien au-dessus de nous et nous n’avons qu’une vie.
Le Dieu EROS
EROS ? Le cri de la jouissance
de la femme qui orgasme est aussi beau que le chant d’un oiseau dans l’ici et
maintenant. Nous sommes tous égaux mais différents dans la complémentarité.
Le
ciel se couche sur GAÏA la terre et ils engendrent le dieu JANUS composé d’un
homme et d’une femme, ceux-ci se scinderont en s’empressant de faire une
projection sur un dieu extérieur invisible depuis toujours et en même temps
responsable de tout.
L’homme guerrier plus musclé mais
sans cervelle se retourna alors contre la femme/la mère et la détruisit, comme
il continue à détruire la nature. Il y eut bien des déesses chtoniennes qui
contrebalancèrent l’excès de testostérone de leur compagnon mais rien n’y fit.
Il y eut bien Déméter et la déesse
Lune qui fit germer plus vite mais rien n’y fit. L’homme était malade de
lui-même et de sa pulsion (le désir n’est pas que celui du sexe mais aussi
celui du pouvoir et, comme le dit Lacan, il y aura toujours l’impossible
satisfaction du désir, même en maltraitant les femmes et le petit peuple).
L’homme atteint de « double personnalité » (lui et son dieu
imaginaire) créa ensuite une institution d’autopunition, de culpabilisation et
de remords (les péchés) : la RELIGION.
De
mémoire d’homme, on n’a jamais vu un dieu autre que dans l’esprit de ceux-ci,
souvent un héros divinisé ou alors les génies de l’animisme. Par contre, toutes
les religions du livre et/ou croyances en une certitude furent à l’image de
Jéhovah, à son image cruelle et persécutrice. Le Bouddhisme est une exception
puisqu’il s’agit d’une religion sans dieu ; hélas, personnellement,
j’aurais préféré que le Bouddha soit divinisé en un dieu plutôt qu’un sage mais
qu’il n’y ait pas de religion castratrice.
Après
que les dieux féminins soient remplacés par des dieux masculins (Jéhovah,
Allah, Yahvé, Odin, Zeus, le Grand Manitou, etc.), la femme fut assujettie à
l’homme : esclave, séductrice, vestale, putain et maltraitée (battue,
torturée, mutilée, lapidée) principalement par les prêtres qui refusaient leur
nature de mâle et en voulaient aux sorcières tentatrices.
Pourtant,
s’il devait y avoir une image symbolique de dieu, ce devrait être une femme et la nature qu’elle représente. Un
homme ne fructifie pas, la femme si. Un homme a un sexe et un appétit sexuel,
la femme est sexe.
Notons
que je n’idéalise pas le genre féminin qui peut compter autant de chipies qu’il
y a de beaufs hommes mais rêvons d’une société dirigée par les femmes (sauf
Madame Thatcher bien sûr, la copine de Pinochet et de Reagan). L’homme dans son
ego insupportable ne voit pas que la sœur qu’il a soumise est son frère.
Imaginons le coït associé à la Philia, pour retrouver le Janus primordial qui
pourrait renaître avant la fin de la viabilité de la planète par le
réchauffement climatique.
Il
y eut un soir et il y eut un matin où l’eau symbole féminin arrosa la terre
féconde et fit germer les plantes, nos ancêtres dans la nature. Il y eut un
midi où le feu du soleil aida les plantes à grandir et à prospérer par la
photosynthèse mais, avant la tombée du soir, ce feu solaire les avait brulées
et avait évaporé l’eau ; ainsi, la terre se craquela . Et la rosée de la
fraicheur nocturne de la lune n’y changea rien. Mais la nature est persévérante
et l’eau se changea en pluie qui arrose les plantes et occulte les excès du
soleil, du moins chez nous en Belgique avec la « drache » nationale
mais non pas dans le Sahel.
La malédiction
de la petitesse envieuse des hommes
Un ancien film de Science-fiction,
dont j’ai oublié le nom, a comme intrigue un équipage humain qui colonise une
nouvelle planète ; dans la partie détente, un robot domestique
« ROBBY » est réglé « pour ne laisser entrer personne »
mais autour de la base sécurisée, une entité maléfique tue et rôde.
A la fin du film, on s’aperçoit que la puissance malveillante est
constituée de toutes les mauvaises intentions des hommes présents, ils ont crée
le diable à leur image ! Les alchimistes des temps anciens voulaient
transformer le plomb en or, il ne s’agissait pas de précapitalistes malfaisants
mais d’une herméneutique voulant transformer la lourdeur plombée des hommes en
les dotant d’un cœur en or. Il en va de même si on comprend la sentence du dieu
égyptien Thot (qui deviendra Hermès) : « ce qui est en bas importe
autant que ce qui est en haut », d’autres diront « sciences sans
conscience n’est que ruine de l’âme ». On peut faire le lien avec les
éléments alchimiques (terre, eau, feu, air) et des chortens ou stupa bouddhiste
qui sont des sépultures ou des reliquaires pour les sages mais aussi des
chemins à la croisée des chemins ; « par la gauche Sahib » dit
un sherpa au Capitaine Haddock qui dévale un chemin.
Les cinq
Bouddha symboliques
La
base d’un stupa est la terre jaune du Bouddha symbolique RATNASAMBHAVA, c’est
l’arrogance de l’ego qui peut se transformer par nos remises en question de
nous-mêmes en un des principes de la révolution sociale de 1789, l’EGALITE
entre les hommes et les femmes.
Le
deuxième élément est l’eau bleue du Bouddha AKSHOBHYA qui est la corporéité de
la vase mais aussi du vase, de l’utérus de la femme, son principe négatif est
la colère (qui a jamais vu une femme qui ne râlait pas, sur son homme !)
dont la maturité peut produire la perception neutre de la sagesse et de la
raison.
Le
troisième élément est le feu de la passion des hommes avec le Bouddha du soleil
couchant rouge AMITHAVBHA. Le feu réchauffe/sécurise et la passion donne un
sens provisoire à la vie si , par la pénétration de la méditation, elle se
transforme dialectiquement en devenant la conscience de la LIBERTE.
Le
quatrième élément est le vert du Bouddha AMOGASIDDHI qui peut être contaminé
par l’élément précédent (par le feu et la passion) en jalousie. C’est le vent,
le souffle, l’air mais aussi la parole (de l’air sur nos cordes vocales) qui
dans l’immaturité peut être destructrice et méchante mais dans la maturité,
compréhension empathique. L’air est la FRATERNITE car nous le partageons avec
les autres, ne fut-ce que par la respiration ; l’air de mes poumons ira
dans ceux de mon vis-à-vis (avec les microbes) et réciproquement. C’est la
conscience de l’agapè de notre unique humanité.
Nos
corps sont des agrégats de matière qui retourneront à la nature en atomes et
molécules basiques. Malgré la croyance bouddhiste au karma (bonne ou mauvaise
vie) et à la métempsycose (réincarnation), la philosophie zen dit qu’il n’y a
rien que la vacuité entre les électrons et le noyau de l’atome ; de même,
le moyeu d’une roue qui tourne est creux. Ni le corps ni l’âme ne peuvent se
réincarner mais par contre pourquoi pas entrer dans la composante d’un brin
d’herbe. Un très beau film espagnol résumait nos petitesses dans son titre :
« Personne ne parlera de nous lorsque nous serons mortes ! ».
Le
PHILTRUM ou doigt de l’ange (l’arc de cupidon) est la fossette que nous avons
entre la base du nez et la lèvre supérieure. Selon la légende, ce serait
l’endroit où un ange appuie son doigt pour nous faire oublier nos vies
antérieures. Serait-il heureux de repenser que nous étions auparavant un
poisson, pas pour les végétariens en tout cas. Notons à ce propos, que le
jaïnisme indien est contemporain du Bouddha, l’iconographie est similaire aux effigies
du Bouddha d’albâtre mais avec au plexus un svastika inversé. Les jaina ne
croient pas non plus en un dieu mais leur religion leur enseigne le respect de
toutes les vies. C’est pourquoi, lorsqu’ils se promènent, ils portent un masque
antipollution sur la bouche et le nez pour ne pas inhaler par inadvertance les
mouchettes et ils avancent courbés avec un petit balai (ce qui est con pour les
rhumatismes) pour balayer devant eux les fourmis ou autres petites bestioles
afin de ne pas leur marcher dessus. Au-delà du côté Wald-Disney, notons que
beaucoup figurent parmi les plus grosses fortunes d’Inde et qu’ils ne
s’émeuvent nullement lorsqu’un miséreux, un frère agonise de faim sur le
trottoir car c’est sa faute, il a eu un mauvais karma. Nous, nous dirions que
c’est la faute du luxe insolent des Maharadjahs qui phagocytent les richesses
sans les redistribuer aux nécessiteux ; je l’ai déjà dit mais je me
répète : toutes les croyances puent la pulsion de mort.
Lors
d’une de mes dernières conférences sur la répétition de la misère dans le
tiers-monde, j’ai eu connaissance d’une plaquette officielle« pourquoi
l’aide de la coopération belge échoue depuis 40 ans ? » Je n’ai pas
lu ce fascicule parce que je suis persuadé que la langue de bois évitera le
vrai problème de la corruption occidentale : le gâteau de la coopération
(et il en va de même au FED européen) se partage entre experts (300 euros une
chambre d’hôtel à Bamako…pas pour un budget malien mais pour les coopérants) et seulement quelques miettes arrivent aux
intéressés, les enfants dénutris de ce pays (je travaille dans l’aide
humanitaire avec notre asbl GAP depuis 2005 sans le moindre subside de la
coopération, juste avec nos petites retraites, je fais l’hypothèse que nous
sommes parmi les rares à ne pas être espionnés !).
Nos corps sont des agrégats de
matière disais-je donc avant ces excursus. Cependant, notre vie ne se limite
pas au moi-peau de notre corps, il y a une « électricité » biologique
qui produit autour de nous une aura non visible. Ce sera la proxémie du
cognitivisme ; regardez des hirondelles sur un fil électrique en hiver
elles gardent chacune une distance interpersonnelle alors qu’elles auraient
plus chaud en se resserrant ; c’est comme nous au cinéma, on maintient une
place vide de chaque côté de notre siège car on n’aime pas qu’un autre entre
dans notre espace non visible personnel (sauf si on aime cet autre). Il peut y
avoir des gens savants remplis de connaissance mais qui ont une grande cécité
spirituelle et émotionnelle.
Le
cinquième élément symbolique d’un stupa est l’éther qui par sa perception peut
ouvrir nos yeux à la sagesse du Bouddha blanc VAIROCANA ; les
connaissances érudites se transforment alors en perception du tout, en
compréhension universelle, en amour agapè.
Comme
un persan libertaire à Paris, je suis étonné devant nos contradictions ;
on a de la sympathie pour quelqu’un, on va manger un bout avec cette personne,
pourquoi pas aussi, comme les singes Bonobos, des relations sexuelles s’il y a
de la Philia (de l’amitié) et non de la traite d’êtres humains. Cette pratique
doit-elle être une partie des signes ostentatoires de richesses de
l’ultralibéralisme ou ne pourrait-elle pas, par le partage de plaisirs
naturels, être un signe de paix ? Dans une salle humide de salpêtre, j’ai
entendu un sage énoncer cette réflexion que nos civilisations sont uni
dimensionnellement centrées sur l’économie à outrance au détriment de la
culture, de la tendresse, des affects. Lorsque nous aurons guillotiné tous les
politiciens, nous ferons l’amour et non la guerre. CARPE DIEM.
Jean-Marie LANGE, ce 8 novembre 2013.
[1] De SOUZENELLE Annick, L’arc et la flèche. Merveille de l’Eros,
Paris, Albin Michel, 2003, p.18, inspirée par l’Evangile selon St Jean.
« O
Déesse Suzy ! De grâce ! Délivre –nous de la métaphysique mortifère,
libére-nous de la fascination pour l’impasse noire, arrache-nous à l’’emprise
des voix sépulcrales qui nous hypnotisent depuis un siècle et demi, chante-nous
une autre chanson – celle de l’humain, du jamais –trop-humain, avec tout ce
qu’il recèle d’inattendu. C’est là, le vrai infini. Et c’est le vrai
miracle. »[2]
Nancy
Huston a écrit « professeur de désespoir » (Babel 2004) à propos de
la philosophie nihiliste et misogyne dite « mélanomane » (passionné
du noir). Elle inverse la formule de Simone de Beauvoir « on ne naît pas
homme, on le devient ! ». Etre homme, dit-elle, c’est s’arranger de
l’influence naturelle originelle pour accomplir des exploits ou démontrer sa
maîtrise dans un domaine particulier comme celui de guerrier.
Les
hommes ont toujours été plus destructeurs que les femmes mais plus créateurs
aussi. Les femmes du temps jadis suivaient les cycles de la nature :
grossesses et accouchements et divers travaux domestiques et nourriciers. Puis,
dès la révolution de 1789, ces données dogmatiques furent bouleversées, les
femmes devinrent égales en droit et en genre avec les hommes. Le concept de
liberté inclut les femmes, les esclaves et anciens colonisés par l’école gratuite
et obligatoire pour tous, ainsi que l’argumentation scientifique et laïque. Pourtant,
après au moins 2000 ans de ce stéréotype, les hommes veulent toujours prouver
leur virilité même s’ils ne savent plus comment s’y prendre. La fin des rôles
fixés a ébranlé les convictions masculines. L’émancipation féminine a commencé
en fait pendant la deuxième guerre mondiale lorsque les femmes remplaçaient les
travailleurs enrôlés comme soldats. Dès la paix signée, elles ne voulurent plus
retourner à leurs rôles non rémunérés de pondeuses d’enfants et d’éleveuses
gratuites. Ce mouvement continue avec le passage promotionnel de l’école
ménagère (« comment être une bonne épouse ») à l’école supérieure, à
la contraception et à l’IVG. « Un métier qui ne serait pas possible pour
une femme n’existe pas ! » disait la secrétaire belge à la condition
féminine. Cela soulève un tollé en politique ainsi que dans le monde
philosophique en faisant germer le nihilisme.
En 1968 souffla un vent de
liberté (sexuelle, politique, artistique).
Sartre et Beauvoir furent les modèles de l’amour libre, de l’amour entre égaux.
Tout en conservant le privilège d’enfanter la vie, la femme est lien :
elle reçoit l’autre en elle et peut porter l’autre en elle. Par l’allaitement,
les femmes peuvent aussi nourrir les bébés à partir de leur corps , mais non
les hommes. [2]
Arthur
SCHOPENHAUER avec sa mère Johanna sont des prototypes de cette nouvelle
contradiction. Il prône la solitude et la misogynie alors que sa mère est
« frivole » et reçoit l’intelligentsia. Elle est une femme épanouie
(depuis que le père s’est suicidé) tant sur le plan sexuel qu’intellectuel,
elle crée un lieu que fréquentent les savants pour discuter en égaux et devenir
leur amie ou leur amante (elle sera longtemps la maîtresse de Johann Wolfgang
van GOETHE). Cette pulsion de vie chez Johanna suscite chez son fils un élan de
haine misogyne. Schopenhauer développe l’idée de la nature comme volonté, la
perpétuation des espèces et non la pulsion du plaisir et non un amour venu du
libre arbitre. Nous développons une personnalité sur laquelle nous n’avons
aucune prise. L’existence humaine est éphémère et sans importance, dit Arthur,
les individus seront remplacés par d’autres dans le grand projet de l’espèce /
de la nature.
Les
femmes ont été exploitées comme les enfants ou les habitants du tiers-monde,
Georges ORWELL avait créé le concept de « common decency » (honnêteté
élémentaire), une société décente pour tous. On peut ici faire le lien avec
l’anthropologue Marcel Mauss qui revalorise le don comme axiologie humaine
plutôt que le marché sans contrôle. Savoir donner (savoir être généreux), savoir recevoir (être capable d’accueillir un
cadeau) et savoir rendre (la gratitude).
Olympe de Gouge fut un modèle,
recherchons dans les média, une « chef » avec tous les symboles
pouvant rassurer les religions frileuses (croissant, croix, lune, soleil,
yin-Yang, phallus, petit pain au chocolat…)
pour créer pour un monde d’égaux en genre - pendant une durée de trois
ans - sans un seul mort, sans salaire
démesuré, sans veto des hommes pour poursuivre l’un ou l’autre massacre et
aussi capables de prendre des sanctions envers les dirigeants incompétents
(bien trop nombreux de part le monde). Nous avons besoin d’une amazone portant
le flambeau de la liberté et régnant pour le bien-être de tous.
[4] De SOUZENELLE A., L’arc…,
ibid. p. 9-10. Voir également de SOUZENELLE Annick et ALBRECHT Pierre-Yves,
L’INITIATION. Ouvrir les portes de notre cité intérieure, Paris, Le Relié,
2012.
[5] DICKER Joël, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert (roman), Paris,
L’âge d’Homme, 2012, p.510.
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