vendredi 6 décembre 2013



CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°47


L’AMOUR ?


Est-ce le plaisir du coït ? l’amitié au-delà des genres ? ou un sentiment océanique envers les hommes ?


                Peu d’études sérieuses ont été faites sur cette attirance socio-affective ; bien sûr Masters et Johnson[1] ont étudié de façon scientifique tout ce qui concernait le fonctionnement observable du sexe, mais peu des tempêtes ou de la sérénité extatique qu’il peut susciter.(Cf. Thérèse d’Avila évoquant l’orgasme dans ses prières à Dieu.)

                Définir ce terme très connoté est difficile car, avant le XVIII, il y avait surtout d’une part le plaisir du coït (la jouissance orgasmique) et d’autre part le mariage arrangé pour éviter par exemple de scinder un bien, une terre. Bien sûr au Moyen-âge, il y eut l’amour courtois des ménestrels doublé des ceintures de chasteté (on n’est jamais trop prudent) mais nous allons tenter de comprendre les pistes psychosociales plutôt que la piste du romantisme (une autre illusion).

                « La propriété, c’est le vol ! » disait Proudhon et la propriété d’êtres humains, c’est de l’esclavage ou de la traite d’êtres humains. L’Eglise a eu besoin d’inventer la clôture autour des femmes qui elles sont toujours sûres de leur maternité et d’inventer la famille pour juguler le plaisir de l’amour fou et ordonner la société dont dès lors la première cellule devient le mariage.

                Olympe de Gouges (1748-1793) a rédigé  la Déclaration des droit de la femme et de la citoyenne en 1791. Olympe réclamait un traitement égalitaire envers les femmes dans tous les domaines de la vie, tant publics comme privés : droit au vote et à la propriété privée, pouvoir prendre part à l’éducation et à l’armée, et exercer des charges publiques, en arrivant même à demander l’égalité de pouvoir dans la famille et dans l’Eglisse. La phrase la plus célèbre de sa Déclaration est : «  La Femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. Elle fut  guillotinée le 3 novembre 1793.


Les amalgames


                Dans certaines théories non recoupées par la rigueur de la science, on prétend que les hommes infidèles sont des petits garçons qui ont eu des parents distants. Parce qu’ils en ont souffert, ils seraient incapables de faire confiance à une femme, d’accepter une intimité dont la perte pourrait les dévaster. C’est malhonnête de qualifier ainsi le genre sexuel féminin d’oie blanche car en principe, pour faire l’amour, il faut un partenaire. N’oublions pas que la psychanalyse a plus de cent ans et plus toutes ses dents.

                Dans des brèves thérapies dérivées de la psychologie systémique (école de Palo Alto) qui s’adressaient à des couples en crise dont l’amour se change en haine, j’ai souvent suggéré, après les 5 séances permettant la communication, une médiation plus longue chez l’un ou l’autre collègue pour s’entendre au-delà des cris de la peur d’être abandonné(e) et/ou de la maladie dite « jalousie »(une souffrance). Nous vivons des vies très dures avec le métier , les enfants, le ménage ; il est temps que les compagnons aident un peu mais cela fait plus de 2 mille ans qu’ils ne font pas grand-chose et donc, donnons du temps au temps.

                « Un homme, ça ne sert plus à rien de nos jours. Ca ne fait pas la vaisselle, ça ne s’occupe pas des enfants, ça ne fait même pas l’amour, parfois ça ne gagne pas d’argent et ça salit du linge. Dans le cadre du mariage, ça n’assume le statut ni d’époux, ni de père, ni d’amant. C’est juste encombrant. » Eliette ABECASSIS « Une affaire conjugale ».     

                En effet, dans les fermes modernes, il n’y a plus que les vaches productrices qui donnent du lait et des veaux, le sperme de taureau se commande sur catalogue. Seuls les fermiers romantiques, en gardent un pour réceptionner les odeurs sui generis et produire des phéromones encourageant la maturation des follicules de de Graff. Mais pour vulgariser en analysant un peu, il serait bon de distinguer le plaisir de la relation amoureuse. Dans des expériences béhavioristes, des rats en cage de Skinner sont conditionnés à pousser sur une pédale pour recevoir de la nourriture. On leur relie une électrode au centre du plaisir, en plaçant la pédale ad hoc éloignée de celle de la nourriture. Et ils deviennent « accroc », dépendant du plaisir, ils ne poussent plus que cette pédale au point de se laisser mourir de faim. On pourrait, si nous n’avions pas l’assuétude « métro-boulot-dodo », faire de même par la masturbation mais toutefois, dans le plaisir à deux, il y a plus qu’un éjaculat balayant des cils vibratoires, il y a le toucher, la chaleur, les odeurs, les regards (Lacan dit « Aimer un/une autre, c’est lorsque je perçois des reflets d’amour dans son regard ! »).

En somme, l’amour est toujours narcissique. Nous avons le besoin d’être aimé tout comme celui d’être reconnus. Ce sont alors les prédictions qui se réalisent toutes seules, nous dit Paul WATZLAWICK (Ecole de Palo Alto de psychologie systémique).

                C’est pourquoi dans l’éducation des jeunes, c’est bon de les complimenter lorsqu’ils font quelque chose de chouette et de moins les gronder car cela altère leur confiance en eux-mêmes. Dans l’observation des behavioristes sur les jumeaux, on constate que, dans un couple de jumeaux de 15 ans, la fille est une jeune femme avec formes et menstrues et le garçon un garçonnet qui joue toujours non plus au soldats mais avec un Gameboy. Nous n’avons qu’une vie et il est dommage de la gaspiller ; le poète Ronsard disait « Mignonne tant que votre âge fleuronne cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie ». Notre société a choisi l’opposé, la peur de Dutroux et des salopards de son espèce. On parle de l’andropause pour les hommes mais je pense au contraire que ce sont des « scouts toujours prêts » alors que la  ménopause correspond à un réel changement endocrinien. Je suis athée et tolérant, les humains sont libres et je respecte les homosexuels comme les lesbiennes mais, pour ma part, je trouve que la nature de Dieu est si bien faite (sauf les prêtres) que c’est un plaisir de faire l’amour avec une complice (je hais le mariage qui est un acte de propriété).

                Pour en venir à mon métier de psychologue et de pédagogue, je signale que, de plus en plus, les thérapeutes occidentaux utilisent la narration de l’histoire de vie, il s’agit que la parole circule à nouveau, que l’histoire reprenne son cours comme expérience de plaisir et/ou de souffrance. Mais dans notre monde trop rationnalisé, la capacité de se faire et de faire un récit de son histoire de vie est de plus en plus difficile, surtout chez les jeunes avec l’électronique invasive qui crée des autistes, qui prive la croissance du jeune sujet d’échanges interpersonnels (et non avec des machines). Notre monde se déshumanise, les spéculateurs phagocytent les managers, les machines avalent les travailleurs, recherchent le rendement et augmentent les cadences, ce qui conduit au burn-out, la vie sociale et amoureuse dépérit par le capitalisme consumériste. Le citoyen se métamorphose en un consommateur individualiste, boulimique ou frustré et les politiciens deviennent des produits de marketing comme des savonnettes qui perdent leur texture après un court usage avant de laisser un résidu d’huile de palme acide et cynique.

                Mon épouse et moi avons voyagé beaucoup avec nos sacs à dos et notamment au centre de l’Inde où, à Khajurâho, nous avons admiré des temples érotiques dépassant le KAMA-SUTRA athlétique et choquant pour des pères de famille non préparés à cette nature culturalisée.






                




               
         Nous avons eu la chance de rencontrer un guide érudit qui nous expliqua avec humour les fresques et positions artistiques comme « remontez les chaussettes ». Pour ceux qui prenaient la peine de l’écouter, c’était un enseignement de la sagesse passant du Dieu EROS (ou Bacchus ou Dionysos chez nous) à la PHILEA (amitié) et à l’Agapè (l’amour universel) en nous faisant découvrir les temples imbriqués et en les décryptant comme passage avec une liberté de passer par le pont de la tolérance de l’un à l’autre.




                « Le refoulement de l’orgasme au féminin s’inscrit dans une tradition séculaire de la répression des femmes. Le déni culturel de leurs besoins sexuels est le miroir d’un système social dans sa globalité, lequel fait des femmes des individus de deuxième zone. Pour cette raison, l’orgasme est une métaphore du pouvoir d’action des femmes dans la société.(….) Concrètement, aujourd’hui encore, la sexualité (centrale dans tout système qui opprime le deuxième sexe) reste une des clés de la liberté et de l’égalité des sexes, ainsi que le confirme sans équivoque la Déclaration des Nations unies signée par 140 pays à Beijing en 1995. »[2]


L’érotisme sacré[3]


                Dans l’Hindouisme, nous savons qu’il existe trois grands dieux : BRAHMA le créateur curieusement fait l’objet de peu de culte, VISHNOU et/ou son avatar KRISHNA sont les dieux de l’amour physique, le dieu est représenté avec une flûte traversière, bleu comme un Schtroumpf et ayant la réputation d’avoir séduit 200 gompas, bergères désœuvrées et enfin le Maître des dieux du coin au sommet du Phallus lingam, SHIVA  le destructeur et le constructeur, porté par un taureau à bosse  noir de peau et tirant une longue langue rose et le sabre dans la main. Dans les textes des Védas (textes anciens de Upanisads), ce sera lui le précurseur du tantrisme (je fais ici un raccourci) qui donnera le troisième véhicule du bouddhisme, celui du diamant et des tantras.               

                Nous sommes athées et donc libres-penseurs, curieux des cultures souvent bâties sur des religions intolérantes. Par exemple, au sujet des trois dieux précités, des villages voisins se combattaient par dogme et un brâhmane (caste des prêtres portant à même la peau une cordelette en baudrier) nous a expliqué que ces 3 dieux étaient liés et constituaient des faces d’un même décor imaginaire qui pourtant faisait couler le sang des pauvres et fanatiques croyants.

                Nous sommes une seule race humaine HOMO SAPIENS SAPIENS, quel que soit notre genre sexuel ; nous sommes à la fois égaux et complémentaires. Le Coït est un plaisir sexuel, autant qu’une reproduction de l’espèce (aujourd’hui maîtrisée par la science pour tous). Comme je l’exprimais dans mes cours, le coït est une manière d’entrer en matière et en contact mais s’il n’y a qu’Eros, il va y avoir aussi lassitude (d’une soirée à 2 ans). Pourtant, c’est un passage obligé. On parle aujourd’hui de l’éventualité du mariage des prêtres catholiques et ce serait une bonne chose d’une part, pour respecter la divinité ayant créé la sexualité et d’autre part, pour éviter le retour du refoulé par la pédérastie (selon une étude hollandaise, l’abus d’enfants par les clergés célibataires est supérieur à ceux qui n’ont pas prononcé de tels vœux contre-nature, mais François 1er n’est pas d’accord). J’ai assisté à trois retraites zen dans le monastère de DIEULIVOL (dans le Lot) du Vénérable vietnamien THICH NHAT HANH et j’ai été offusqué dans l’une de ces retraites par l’ordination comme moine bouddhiste d’un jeune français de 18 ans qui renonçait ainsi aux échanges de la chair. J’ai donc repensé à ces passages obligés du sage de Khajurâho sous forme d’un KOAN : « Comment renoncer à quelque chose que l’on n’a pas vécu ni goûté ? » Je déteste très sincèrement toutes les religions pour le mal qu’elles font aux humains (culpabilisation, frustration, péché, renoncement, mauvaise conscience, etc.).



Le Phallus LINGAM (Brahma, Vishnou, Shiva).


La PHILIA ou amitié


                Il faut avoir vécu la liaison amoureuse pour aborder d’autres dimensions relationnelles mais sans pour autant renoncer aux corps. Dans un couple sexué, après un certain temps, il peut y avoir ennui et routine mais ce n’est pas mieux pour les personnes vivant seules, sans caresse, ni contact (je pense tout particulièrement aux gens en mission dans un pays étranger qui peuvent certes coïter mais non communiquer dans leur culture de base et qui souffrent du mal du pays).

                Donc, à partir de ces temples qui s’enchevêtrent, on peut passer du monde de l’’EROS à celui de la PHILEA, la complicité par le relationnel c’est-à-dire passer des pulsions animales (la terre et l’eau) et des phéromones à la connivence intellectuelle (le feu et l’air) par des projets communs, des voyages, des recherches, etc. Le couple se forme alors dans une autre dimension, parfois plus spiritualiste tout en conservant sa liberté de pensée avec une estime mutuelle et des buts communs basés sur une dialectique socratique. Pourquoi voir la paille dans l’œil du voisin ? Tout ce que nous voyons est représentation : la bouteille est déjà à moitié vide ou au contraire elle est encore à moitié pleine. On ne peut pas éviter les conflits car cela fait partie de notre nature première mais on peut méditer sur leur émergence et le pourquoi au lieu de trouver un bouc ou une chèvre émissaire ?

                 Ce sont les tensions inévitables entre deux sujets vivant dans la cage symbolique d’un appartement qui sont fatigués par le stress du travail,  la pression constante de la levée des impôts, le manque de satisfaction, etc. ce qui engendrent des tensions que nous reprochons au premier animal à sang chaud rencontré c’est-à-dire l’autre du couple. Le conflit peut surgir pour des querelles secondaires à propos de l’éducation des enfants, de l’adultère ou des poubelles. Si la philia existe, le courroux se calmera sinon ce sera la rupture. Notons que dans le monde d’aujourd’hui, on zappe le partenaire assez rapidement et on se retrouve dans un clapier d’hommes seuls ou de femmes avec leurs enfants ; c’est triste surtout si la solitude s’installe.



                Parler ne veut pas dire communiquer mais parfois exprimer sa rage vis-à-vis de l’autre par des cris-paroles et non des paroles réfléchies, cela est vrai pour l’un comme l’autre et aussi pour les enfants-roi. J’entends des mères exposant une idée  se voir interrompues par des gamins qui veulent égocentriquement capter toutes les attentions et leur dire « je n’ai pas fini ma phrase ! » ; c’est de l’éducation, et là, il semble vrai que les pères sont un peu démissionnaires face à ces normes indispensables du vivre ensemble. Woody ALLEN le montre dans un de ses films « Coups de feu sur Broadway » où l’on voit sur un trottoir 5 personnes parler et ce sont 5 monologues différents. Chacun a besoin de se raconter pour se redéfinir constamment, alors que reformuler  avec respect ce que dit l’autre avant d’y réagir selon notre subjectivité pourrait constituer un exemple de l’empathie en montrant à l’autre qu’on l’a écouté et pourrait générer une contagion positive. En bref, distinguer les cris d’affect des paroles neutres ou aimantes est une façon de réduire les conflits d’humeur.

                 A notre époque de l’enfant roi, c’est surtout ce dernier qui sème la zizanie dans les couples, dressant les parents l’un contre l’autre  en s’affichant victime. Par exemple, si une petite fille  va pleurer dans les bras de son père sauveur prenant parti contre l’effort éducatif de sa compagne, la position du père risque de blesser celle-ci en la plaçant sur le même pied de l’enfant, alors qu’elle est sa partenaire. Nous devrions reprendre cette éducation délaissée des petits en échangeant tous ensemble au moment des repas, en limitant les heures de Gameboy et de TV et en sanctionnant à deux lorsqu’il y a dérive, par exemple le petit bout qui prend la télécommande (phallus de l’homme) pour changer de programme alors que tous regardent un film ! Disons tous sans violence : « L’ENFANT D’ABORD », donc l’éducation parentale prioritaire comme préalable à son insertion dans une scolarité où il respectera ses parents et ses professeurs.

                Rappelons que le mariage monogame est une décision culturelle qui s’est imposée avec l’Eglise (ou plutôt l’alliance du sabre et du goupillon) mais que les primates mammifères ainsi que la plupart des autres espèces sont naturellement polygames. Depuis les Romains (et probablement bien avant, il y avait la mater familiae, gardienne de la maison et génitrice des descendants légitimes puis des concubines et occasionnellement des péripatéticiennes (en Chine aussi). Le gène dit de l’ «infidélité » serait appelé allèle 334. Notons ce mélange de pseudo-scientificité et d’induction du côté naturel de la propriété  dans le terme car on pourrait parler de la pulsion à propager un maximum l’espèce en engrossant un maximum de femmes ? De même, selon des études( ?) qui ne citent pas leurs références, les hommes seraient infidèles à la fin de la vingtaine et les femmes au début de la trentaine (sous la poussée d’une multiplication des rapports pour la sauvegarde de l’espèce). Le désir sexuel  des femmes s’accroit à partir de trente ans en même temps qu’une plus grande confiance en soi (cela se recoupe avec l’observation de « se donner le droit au plaisir »). Il y aurait aussi comme motivation à l’aventure des femmes le manque de performance sexuelle de leur conjoint, d’où cet Eros incontournable dont nous avons parlé avons une évolution vers l’estime de l’autre suivie d’une évolution positive pour les enfants et l’humanité vers le « donner-recevoir »


L’AGAPE ou l’amour de l’humanité


                « C’est lorsque l’homme recherche le plus possible en lui ce qui lui est utile, que les hommes s’avèrent le plus utile les uns aux autres » (Baruch SPINOZA, L’éthique)

                Je n’aime pas tous les êtres humains, il y en a qui me répugnent par leur façon d’être et de mépriser la vie. Le message généreux de Jésus « Aimez-vous les uns les autres ! » est un mauvais conseil pouvant nous conduire à refouler nos répulsions (vis-à-vis des violeurs, des tueurs, des mafieux du capitalisme ou simplement des spéculateurs qui puent du bec, nous n’avons pas à justifier nos sympathies). Nous pouvons être empathiques avec nos frères de la même espèce mais pas toujours et jamais lorsque ce sont des prédateurs de notre propre espèce. Ce serait de la lâcheté ; il nous faut les combattre toujours – sans violence ni haine (un top manager qui gagne 2 millions d’euros à BELGACOM après un licenciement de plus d’un millier de travailleurs (rationalisation ?) et alors que les ¾ des habitants du monde vivent dans la pauvreté bien en-dessous de 400 €/mois).

                Le troisième temple symbolique s’ouvre donc sur la vacuité de toutes nos représentations et de notre petitesse vis-à-vis du cosmos, ce qui peut paradoxalement dépasser les clivages mesquins de haine envers un partenaire de vie et nous ouvrir à l’agapè et à la possibilité d’aimer globalement l’humanité quelles que soient l’ethnie, la caste ou la croyance. Pour mémoire, je suis hostile aux religions qui aliènent mentalement des gens simples mais je respecte tous les croyants au même titre que les laïques.

                L’agapè est une spiritualité horizontale laïque qui délaisse les fictions de la transcendance (suscitée par notre peur de la mort) pour reconnaître la parcelle de divin enfouie dans la majorité des hommes et des femmes (ce que les présocratiques appelaient l’âme et nous la psyché) ; la dialectique, c’est accepter chez l’autre comme chez nous qu’il y a à la fois un côté lumière et un côté ombre, à l’exception aussi - rappelons-le encore - des sots qui tuent ou provoquent les famines. PLAUTE disait que « L’homme est un loup pour l’homme » mais il s’agit là d’une insulte envers les loups qui, lorsqu’ils se battent entre eux, ne se tuent pas si le vaincu présente sa carotide au vainqueur qui lui fait grâce, ce qui n’est pas le cas des barbares fanatiques.

                Notons enfin qu’il n’est pas question de choisir entre ces trois niveaux de compréhension de la vie mais de les conjuguer avec l’adage de la révolution des droits de l’homme : LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE. « Ce qui est en haut est égal à ce qui est en bas » disait Hermès (avec son côté ombre Thot). L’égalité dans nos genres sexuels différents doit nous donner la liberté de l’amitié, ce que je déplore le plus vis-à-vis des femmes musulmanes qui ne sont pas considérées par les hommes comme des êtres égaux à eux. Mon amie n’est pas ma propriété privée mais un être complémentaire dans la joie. Elle peut se promener habillée légèrement (même en jupe courte) si elle le désire, ce n’est pas à moi de la traiter comme un enfant ou encore avoir des relations affectives avec d’autres (femmes ou hommes) sans avoir à me rendre des comptes. 





Cela étant dit et pour revenir sur la globalité de ce sujet de l’égalité entre les genres sexuels différents, il faut conserver à l’esprit que les femmes sont contraintes structurellement (la domination masculine dit Pierre BOURDIEU) et sont façonnées culturellement au niveau de leur classe sociale ainsi que dans l’espace et l’époque où elles vivent. Même si en Occident, elles se construisent des marges de liberté et d’action pour faire valoir et reconnaître  cette égalité, je trouve particulièrement irritantes les populations marocaines ayant migré chez nous qui se permettent à Bruxelles et ailleurs des remarques désobligeantes vis-à-vis des jupes courtes des femmes alors que nous les laissons se promener en djellaba et pratiquer librement leur culte. Notons que, comme partout, il y a des sages dans toutes les confessions. Nous avons connu deux guerres mondiales et par ces comportements irrespectueux, le racisme refleurit (surtout avec la NV-A à Anvers) ; c’est pourquoi, comme les gouvernements de Suisse et de Norvège, je suis d’accord avec la fermeté de l’expulsion prônée par l’ex-président français SARKOSY pour tous ceux qui ne respectent pas les droits humains.





Le plaisir et la joie

Le plaisir

                 
LE plaisir et aussi le « coup de foudre » ne sont pas vraiment l’amour mais le désir mutuel de faire l’amour avec une personne qui nous attire par sa beauté (intérieure et extérieure), son assurance mature, son humour, son esprit mais aussi par les phérormones et la testostérone de notre fondement de mammifère. Notons que chez les humains, il n’y a pas d’instinct (juste des pulsions) ni de période de rut et, comme chez nos cousins les singes BONOBO (1% de différence génétique), le plaisir du coït est aussi un signal social de paix pour calmer les agressivités, les potentialités d’agression. Toutefois  les BONOBO ont moins d’inhibition que nous et copuler est leur activité préférée (entre femelles aussi).

                Lors de la « parenthèse enchantée » de mai 68, il y eut des communautés humaines de libres échanges sexuels (beatniks, hippies) et toutes échouèrent faute d’organisation respectée par la responsabilisation de chacun et une saine coopération ; en effet, il est facile d’ «interdire d’interdire » mais il est nécessaire de se donner des règles de vie toujours renégociables bien entendu pour juguler les luttes primaires entre mâles pour les plus jeunes et jolies femmes d’une part, pour la répartition des tâches ménagères d’autre part. Notons à ce propos que même dans un couple, l’ « égalité totale » est une utopie nivelante qui peut rendre malheureux, ce qui ne dispense pas chaque partenaire d’être complémentaire aussi au niveau des tâches.

Cela dit, si Monsieur fait la lessive et le repassage et Madame tond le gazon et change les roues crevées, les instants de bonheur seront biaisés par les devoirs, nous sommes certes conditionnés par nos cultures et je vais faire peut-être bondir mes sœurs féministes mais l’essentiel est de vivre le moment dans l’ « ici et maintenant » où l’homme peut et doit faire un effort ménager (le repas, la vaisselle, les poubelles) sans se sentir devenir un esclave domestique qui pisse assis.

                Comme le disait FREUD (dépassé, mais…), le ça, c’est l’égocentrisme des petits enfants et l’absence de scrupule pour utiliser le chantage affectif des pleurs ou dresser les parents l’un contre l’autre, le surmoi moral viendra contrecarrer l’ego pour permettre de vivre ensemble mais lui aussi , dans nos civilisations judéo-chrétiennes est excessif dans ses exigences (frustrations, culpabilisations, obsessions,…). Autrement dit, le moi est toujours clivé entre ses désirs et sa raison responsable ; cela veut dire que notre principal ennemi, c’est nous-mêmes et lorsque nous agressons l’autre, nous faisons des projections. Si l’on arrive à concilier l’éros, la Philae et l’Agapè, tout comme faire vivre ensemble le ça, le moi et le surmoi de notre égo, nous pouvons alors arrêter de ruminer (contre nos parents par exemple) et pardonner et ainsi nous perfectionner dans l’auto-connaissance de nos mécanismes pour lâcher-prise vis-à-vis de l’avarice et/ou de la possession et de nos névroses répétitives ordinaires.

                Lorsque nous arrivons, par de longues méditations zen par exemple, à une relative paix intérieure, nous pouvons « voir » les autres comme des personnes et non des « faire-valoir », les entendre et les comprendre avec empathie ; nous développons alors notre SOI social dans la joie de Spinoza (ainsi que de Schopenhauer, de Jung, de Mead et de beaucoup d’autres sages).


La joie du « donner-recevoir »


                Edgar MORIN, chercheur au FNRS observa des mères souris peu affectives envers leurs souriceaux en les comparant avec des mères « tendresses » et il s’aperçut que les dendrites des neurones (cellules nerveuses) des souriceaux en manque de « câlins » étaient moins développées que celles des souriceaux ayant grandi dans un milieu sécure et caressant. Nous le savions déjà avec le mythe de l’enfant-loup, romancé par Kipling avec Mowgli ; il y a bien eu des orphelins humains adoptés par des louves mais s’ils sont récupérés dans notre civilisation, ils resteront toujours sans l’imprégnation humaine au point de vue physique également comme la déglutition par exemple c’est-à-dire qu’ils continuent à laper l’eau et non à la boire.

                Nous avons donc trois sources de croissance : la nourriture, l’apprentissage de la connaissance (et du savoir-être :« Connais-toi, toi-même » disait SOCRATE) et la chaleur affective et sécure qui peut provenir de n’importe quel adulte ayant une bonté naturelle vis-à-vis de n’importe quel enfant (certaines institutrices devraient être virées pour leur cruauté et leur sarcasme détruisant des petits) et n’est donc pas réductible aux seuls parents biologiques.

 Pour prendre un exemple concret, chez mes amis du Mali, il arrive que de jeunes étudiantes sont parfois abusées par des garçons lors de leurs études à Bamako puis lorsqu’elle veulent rentrer dans leur village, on peut les accepter mais sans leur enfant « naturel » qu’elles cherchent alors à faire adopter ou sinon elles les enterrent dans le sable.

                En Roumanie, au temps du dictateur Ceausescu, j’ai eu des amis belges qui ont été voir un bébé orphelin pour l’adopter ; alors que les papiers étaient signés, la stupide bureaucratie totalitaire fit traîner les choses si bien que, le petit resta plus de deux ans dans son lit-cage dans un orphelinat où les gosses sont seuls et où les puéricultrices avaient comme consigne imbécile de ne jamais leur donner des signaux d’affection. Lorsque l’enfant arriva en Belgique, il était détruit, caractériel et méchant (comme les enfants soldats d’Angola qui n’ont pas réussi à faire leur résilience et qui deviennent des crapules dans la banlieue de Grenoble), il fit exploser le couple de ses parents causant de nombreux dégâts affectifs pour les trois enfants ‘légitimes » et les deux adultes par l’intrusion d’un « enfant sorcier » (je ne devrais pas jouer sur ces termes car c’est le motif récurrent de couples congolais de Kinshasa qui rejettent à la rue certains de leurs enfants : la bêtise des croyances mais aussi la misère entretenue par les spéculateurs capitalistes occidentaux). Pour rester dialectique (mal/bien), je connais aussi un autre couple d’amis qui ont adopté tout à fait légalement une petite malienne venant d’un orphelinat et qui forment un trio d’amour (ce qui ne veut pas dire exempt de conflits interactifs propres à toutes nos vies).

                Le SOI est donc d’abord un travail sur le moi primaire et ensuite une conscientisation de la fraternité universelle pour les autres membres de notre espèce, un sentiment océanique désintéressé et voulant partager par les formations émancipatrices et autres actions humanitaires la quiétude acquise. Je suis sans croyance mais actif pour cette spiritualité horizontale de notre état de matière. Le sage vietnamien THICH NHAT HANH dit que nos vies sont comme les gouttes d’eau de la vague éphémère retournant ensuite à l’océan pour former d’autres vagues, OUROBOROS, l’éternel retour du cercle. Le philosophe SCHOPENHAUEUR dit de même que nos vies sont comme les feuilles jaunissantes de l’arbre et tombant à l’automne pour devenir humus et nourrir cet arbre dont elles font partie et qui reverdira. La vie se nourrit de mort.

                Plus pragmatiquement, le Vénérable sage surnommé THAY répond un jour aux E-U à un GI culpabilisé d’avoir tué avec des bombes au napalm de nombreux enfant à Mil ay au Vietnam ; il lui recommande de cesser de se regarder le nombril en pleurnichant et de s’occuper des enfants dans le monde qui chaque seconde meurent de faim ou souffrent de mauvais traitements. Bel enseignement en soi/en SOI : Tu as reçu, puis, sous l’influence des oligarchies, tu as commis des meurtres mais rachète-toi à toi-même en donnant cette fois ta positivité aux enfants abandonnés et vivant dans notre présent. Très grande sagesse ; j’ai connu beaucoup d’enfants abandonnés qui ont d’ eux-mêmes construit leur résilience en devenant éducateur et/ou formateur pour aider les gamins qu’ils furent jadis.


En conclusion sommaire


                La joie de SPINOZA ne consiste pas à se priver d’un morceau de tarte pour le donner à l’autre et ensuite le lui reprocher mais à manger notre portion à satiété sans thésaurisation du superflus pour ainsi partager nos surplus (au lieu de les détruire pour ne pas faire chuter les cours) avec ceux qui n’ont rien. Cela semble évident pour une humanité fraternelle qui n’existe pas encore !

                L’amour Eros est une nécessité biologique qu’il est malsain de contredire (comme les prêtres célibataires), l’amour Phileas est l’estime des autres (pas tous) et l’amitié fraternelle, l’agapè est cette spiritualité laïque d’un amour universel pour notre espèce humaine - quel que soit sa peau et son genre - et la nature ainsi que la psyché (âme) sont le divin qui est en nous mais qui disparaitra à notre mort. Si nous décidons de lâcher prise avec nos chimères de la personnalité et de regarder le monde comme étant le nôtre (avec ses côtés mauvais et bons), nous pourrons alors rayonner dans une dimension autre que celle des vautours minoritaires qui gouvernent notre planète vers cet amour à développer envers notre seule espèce d’humains. Cela implique toutefois de combattre - sans haine ni violence -le pseudo-communisme chinois qui exploite les travailleurs d’Ethiopie par des salaires de misères pour fabriquer des chaussures, de combattre l’impérialisme américain qui se croit le gendarme du monde au lieu de nettoyer le racisme qui lui est interne, de combattre l’ex-agent du KGB le mafieux Poutine qui parle au nom de ses citoyens non consultés et qui soutient le dictateur syrien Bachir Al-Assad quand il utilise le gaz moutarde pour tuer les femmes et les enfants civils innocents de son peuple. Nous devons tous nous indigner contre ces malfrats et contre nos députés de l’Europe de droite qui se sucrent alors que le petit peuple vit et se chauffe avec moins de 400 €/mois.

                Lorsque la haine secrétée par les complexes militaro-financiers, les guerres tribales et la dégradation climatique due à la pollution des industries auront détruit nos civilisations  du profit et de la honte, peut-être pourrons-nous construire (avant que la planète ne soit détruite) un autre monde avec tous les sages et dans une autre perspective de vie réellement sociale  où les femmes ne seront plus inféodées aux hommes et où les minoritaires financiers ne contrôleront plus ce monde – avec la complicité de certains politiciens corrompus par le pouvoir. Créons ce dont rêvaient les citoyens athéniens, une démocratie participative mondiale avec une égalité et une liberté des genres sexuels et une fraternité au-delà des cultures barbares et/ou de la mélanine qui colore nos peaux. Le paradis n’existe pas dans les cieux, mais nous pourrions le construire sur terre en éradiquant les différences mortifères (les grosses fortunes) que créent tous les capitalismes (chinois, américain, indiens, russe et européen). La grève de toute l’administration américaine contre la droite républicaine est un magnifique exemple. CARPE DIEM !

                 
L’AMOUR (II)


                « Il faut que nous vivions plus simplement, pour que d’autres puissent simplement vivre »GHANDI

                L’être primordial animal humain « Janus » se recompose dans la conjonction de l’étreinte physique du coït, l’étincelle divine est l’orgasme et de nouvelles vies viennent pour nous remplacer. Nous nageons, grandissons, déféquons et souffrons avec de temps en temps des moments éthérés de bonheur que nous conscientisons à peine. Nos enfants sont nos œuvres mais aussi nous-mêmes « Connais-toi toi-même et tu connaîtras les dieux et le monde », cette parole de SOCRATE écrite sur le fronton du temple de Delphes indique le chemin pour ne pas rester des «Plantu» (des mammifères seulement) disent les bouddhistes.


Les tortures faites aux femmes


                Lors de mes humanités techniques en agriculture tropicale, nous avions un excellent prof de gymnastique assez spartiate avec lequel après la gym, les apprenants prenaient des douches chaudes puis se roulaient nus dans la neige avant de retourner sous la douche (un bonheur qui aurait pu être partagé avec les filles mais à cette époque la mixité n’était pas encore de mise dans cette section, l’ombre de la calotte influençait les mœurs naturelles). Nos classes étaient en 1967 pour moitié constituées d’africains (du nord et du centre) et nous autres autochtones pouvions constater de visu que nous avions le pénis grec et eux de moitié plus long. Heureusement, Masters et Johnson ont démontré qu’en érection, il n’y avait que peu de différence. Il en va de même pour le genre féminin ; un député tunisien islamiste radical Habib Ellouze du parti Ennahda dit sans vérification scientifique sur un forum social qu’en Afrique, « les filles sont excisées car leurs clitoris sont trop grands et gênent la pénétration de leur époux ». La recherche psychosociale contredit cette base fallacieuse d’une coutume barbare intolérable , le rapport Hite basé sur des faits et recoupé par de très nombreux questionnaires aux femmes quant à leur sexualité  nous dit que l’essentiel de la fourche clitoridienne charnue est derrière les grandes lèvres et au sommet de la fente vaginale se trouve le bouton et son capuchon du clitoris qui sont de 5 à 6mm ; excité, il durcit (comme la verge) c’est tout.




                                                               

                Mes amis africains, de diverses provenances, m’ont tous dit avec honnêteté que « les femmes devaient être excisées, sinon elles sont trop frivoles », autrement dit, par jalousie, pour les garder pour eux. Aux eunuques des harems on coupait les bourses et aux femmes esclaves musulmanes, on coupe le clitoris pour les éloigner d’un plaisir non contrôlé par l’homme, soit une atteinte majeure aux droits de l’homme et de la femme.          





« Au XX° siècle par exemple, FREUD et KINSEY, qui savaient pertinemment que la stimulation clitoridienne (externe) excitait les femmes bien plus que la « pénétration vaginale », n’ont pas su tirer la conclusion qui s’imposait, à savoir qu’il est normal pour une femme , et non « anormal », de jouir lorsque sa zone clitoridienne est excitée. Ils auraient dû prôner une redéfinition du sexe et admettre que la société opprimait la libido des femmes, au lieu de quoi ils ont déclaré que c’était aux femmes de changer. »[4]

                Notre égalité en genre était magistralement exposée par le professeur Grosjean qui dessinait au tableau à la craie un embryon n’ayant pas encore pourvu de son appareil sexuel. Il expliquait que tout était joué lorsqu’un spermatozoïde (Y mâle ou X femelle) pénétrait l’ovule qui devenait un œuf ou zygote puis cet  excellent maître faisait  évoluer son dessin de l’embryon vers le fœtus et à l’emplacement génital boursouflé, nous voyions apparaître les grandes et petites lèvres féminines et au-dessus de la fente se formait le mini-pénis, petit bouton du clitoris apparent, tandis que chez le fœtus garçon, le pénis poussait et les bourses vides se formaient pour attendre les testicules situées à l’emplacement des ovaires. Bien plus tard, lors de l’adolescence, le processus de différenciation reprendra avec l’arrivée des poils pubiens, la barbe et un système pileux plus développé chez le garçon, les seins, le galbe des hanches et les menstrues chez les filles.





In « Medecins sans frontières » n°39. DEC. 1990 p. 15.       

                Ce sont les hormones qui façonnent un corps humain en genre complémentaire mais que l’on soit homme ou femme, on est d’abord des être humains. Les mutilations génitales féminines ne sont pas dans le Coran mais proviennent d’anciennes coutumes ; toutefois, les hommes qui ne se révoltent pas pour soutenir leurs sœurs sont complices de non assistance à personne en danger et ne devraient pas être acceptés dans les pays ayant signé les droits de l’homme en 1948 à l’ONU de Genève.

Pour résumer brièvement le cœur de la première partie, notre nature animale, grâce au plaisir, copule dans la joie, puis notre cerveau de mammifère (affectif) allié au cortex voit l’autre, le nomme et rit en sa compagnie développant un statut supérieur, celui de l’amitié (sans faire l’économie du coït) que les Grecs nommaient PHILIA.          Je me demande toujours comment le mal (les prêtres) a pu altérer notre conscience au point que, selon les normes culturelles, on ne peut faire l’amour qu’avec une seule femme (et non entre amis hommes, entre amies femmes ou entre amis hommes-femmes, comme nous l’enseigne l’observation de nos cousins singes BONOBO). Adolescent attardé de 66 ans, je reste avec mon mantra « ni dieu ni maître » et l’idée qu’avec une saine évolution humaine, en développant une réelle amitié avec un autre être humain (quel que soit son genre) on devrait pouvoir flirter et « baiser » sans tralala (de serment incohérent puisque nous sommes tous mortels) pour la joie et le plaisir. C’est pourquoi, comme je l’ai déjà écrit, un de mes paradoxes est d’être contre le mariage en étant toujours marié après 45 ans, je suis contre le mariage à vie secrétant la plupart du temps l’ennui répétitif et/ou un sentiment de propriétaire (surtout chez l’homme avec sa testostérone).


L’injustice de l’ultralibéralisme mondial


                Nous pourrions dépasser ce stade de frustration et de l’aliénation comme nous l’enseignent les indiens YANOMAMI de l’Amazone en supprimant le travail. Le travail est un sacrifice pour l’idole subjective de l’économie (l’économie, l’histoire, la psychologie et l’utopie sont toujours subjectives).

                Dernièrement, au TV journal (hypnose d’informations aseptisées) on apprend qu’une salariée boulangère a été licenciée parce que elle avait donné quelques biscuits à un mendiant ? Le cancer capitaliste de la globalisation ronge nos rapports humains et est partout y compris dans la petite tête de ce boulanger cupide qui attaque en justice (souvent injuste) son employée en lui réclamant une somme astronomique pour la perte financière de 5 biscuits ! Cet homme ne sait pas qu’un jour, après ses honteuses accumulation et ses insultes à la dignité des gens, il y aura peut-être un grand bond en avant révolutionnaire et une civilisation alternative humaine et soucieuse du respect de tous et qu’il serait alors pendu pour son crime antihumain.




                                                               

                Nous ne pourrons atteindre le troisième type d’amour des autres de notre espèce, l’agapè, que lorsque nous aurons dépassé en les maintenant actives les deux précédentes formes graduelles de l’amour-amitié, lorsque nos yeux se dessilleront sur ce cancer de l’ultralibéralisme (mondialisation du capitalisme) qui est la nouvelle idole du « village planétaire » où les quelques nantis font périr ou vivre dans la misère les ¾ de l’humanité (particulièrement le tiers-monde). Nous ne pouvons rien faire pour les douleurs des gens provenant d’une cause naturelle malgré les fabuleux progrès de la médecine (malformations et maladies chroniques par exemple) mais nous pourrions nous recentrer sur une autre civilisation qui vise le bien-être de tous dans l’humanité en limitant les souffrances physiques et psychiques de l’injustice sociale hypocrite actuelle.

                En 1789, il y a eu la révolution française et la lumière de l’adage « LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE », c’était il y a 224 ans ; il est grand temps  de se réveiller et de la recommencer pour lutter non plus cette fois contre la noblesse mais contre la lie de tous les privilégiés. Par exemple, BELGACOM (télécommunication belge) a licencié plus de 1400 travailleurs (on oublie cela) pour les remplacer par un « top manager » Didier BELENS qui gagne 2 millions d’euros/an (80 millions de francs belges) et réclame un parachute doré (prime de fin de carrière) tandis qu’au petit peuple, nos gouvernants de particratie de droite (y compris PS) réclament l’austérité.




                               

                Je n’ai rien contre cet homme que je méprise pour son inhumanité (car il est conscient de la misère du monde) mais je ne suis plus d’accord avec Amnesty International car ces gens, depuis la crise économique de 2008, devraient être guillotinés dans l’intérêt du bien-être du plus grand nombre. Etienne de La Boëtie (l’ami de Montaigne) disait déjà à son époque (au 16°s) qu’il fallait arrêter de soutenir les colosses aux pieds d’argile en leur louant nos mains et notre travail et qu’ils tomberaient tout seuls.

                De même, pourquoi ce petit bateau venant d’Afrique pour Lampedusa a t-il chaviré faisant 300 morts (les femmes et les enfants ne sachant pas nager) pour le FMI ? l’OCM, le G20 ? Pourquoi était-il si rempli ? Était-ce seulement par la cupidité du capitaine qui avait touché de tous ces malheureux 500.000 € ? Il faudrait peut-être qu’il rembourse les survivants avant d’être exécuté pour crime contre l’humanité, sinon il recommencera avec un autre bateau pourri acheté avec une partie de son butin.

                Quelle est la raison de cette fuite hasardeuse sinon la misère de l’Afrique, pourquoi cette misère parce que peu d’investisseurs s’y risquent (trop de corruption à tous les échelons). Que font les instances internationales ? Pourquoi ne contrôlent-elles pas l’argent qu’elle donne pour voir si un projet de développement a bien ou non été réalisé ? Depuis plusieurs années, je fréquente et j’aime le Mali pour la fierté et la dignité de ses ethnies. Je fais partie de l’Europe et à Bamako, il y a le FED (Fonds Européen de Développement) et j’aimerais beaucoup en tant que citoyen européen avoir un rapport détaillé de ce qu’il fait, à part le népotisme entre amis ; quelle est la somme réelle attribuée au peuple ? Je fais la simple hypothèse que si le FED construisait dans chaque pays une école de qualité tenue par des peaux blanches (je n’ai pas une once de racisme mais les fonctionnaires blancs n’ont pas encore l’habitude d’être corrompus) qui ont la culture formative de chez nous, un premier pas concret vers une citoyenneté responsable des déshérités serait ainsi un commencement. En Afghanistan, on apprend que 95% de l’aide fournie fut pour les actions militaires. Qui croit encore aux ajustements structurels des dettes du FMI de DSK ou maintenant de Christine La garde, face aux prix fixés unilatéralement par l’OCM (Office du commerce mondial) qui affament les producteurs ou à de l’effet de dumping du riz américain de surplus distribué par le PAM (Programme pour l’Agriculture Mondiale) et qui étouffe les producteurs locaux. Au Gabon par exemple, les royalties du pétrole servent-elles au peuple ou à l’enrichissement du fils d’Omar BONGO (ex-dictateur) et de sa famille, comme nous l’avons connu  avec le dictateur MOBUTU au Zaïre quand sa fortune personnelle piquée aux blancs s’élevait à la moitié du PIB national. Qui construit des écoles pour développer la raison et la liberté de pensée, pas les chinois qui proposent aux dictateurs une route ou un palais en échange d’une concession de terrain (c’est toujours un palais qui est demandé). Il s’achète ainsi des centaines d’hectare de terre avec villages et cimetières compris, adieu la culture.

                J’ai fait dernièrement une conférence sur les enjeux émancipateurs de l’EDUCATION PERMANENTE en complémentarité avec l’école de base et les acteurs de l’alphabétisation (comme « Lire et Ecrire »). Nous avons 15 % d’analphabètes en Belgique (dont la plupart viennent de l’immigration clandestine) et 70 % au Mali. Il faudrait partout dans notre pays comme dans le tiers-monde des petites équipes subsidiées par l’Europe (et évaluées) pour lutter d’abord contre l’analphabétisme et ensuite contre le monopole du Quatar et de l’Arabie Saoudite qui – avec leurs pétrodollars – construisent partout des mosquées et des médersas (école coranique qui n’a rien d’une école mais est un catéchisme malsain d’inculcation idéologique à des jeunes enfants immatures). Les arabes ne veulent pas d’écoles en Afrique car si les gens pensaient par eux-mêmes, ils revendiqueraient la liberté ou au moins leurs droits (je pense aux népalais néo-esclaves au Quatar). Notons comme autre exemple désolant une petite fille non excisée dont les parents se menacent l’un l’autre de divorce pour un accord ou non face à cette torture irréversible. Le père, un de mes amis, en désespoir de cause demande son avis à la gamine qui étudie dans l’enseignement fondamental et celle-ci de répondre, « je veux parce que dans ma classe tout le monde l’a fait ! » C’est comme ma petite fille qui veut aller dans l’enseignement catholique parce que son amie y va (argument fallacieux).

                Le capitalisme (de l’ouest, ou pire de la Chine) a conquis le monde, le travail pour le profit de quelques-uns est devenu une quasi « religion laïque ».Pourtant, la croissance est un leurre (masqué par l’inflation) qui a remplacé toutes les autres religions. Que les croyants me pardonnent mon analyse crue, La croissance est un leurre parce qu’elle ne comble plus les êtres humains désabusés devant son manque de sens. Le consumérisme ne rend pas heureux car il repose sur l’impossible satisfaction du désir et donc dès que l’on possède une chose, on s’en désintéresse et on en veut une autre (il en va comme cela pour les belles voitures comme pour les Harems). Les gens sans travail alléchés par la publicité télévisuelle ne peuvent s’acheter ce luxe ostentatoire sont frustrés, deviennent méchants et brûlent des voitures (« si ce n’est pas pour moi, je préfère casser le jouet plutôt que de voir un autre en bénéficier ») et agressent les jeunes filles pour les violenter ; ces nouveaux barbares à qui « il faut tout et tout de suite » sont les étrons puants de notre civilisation matérialiste.

                A la suite de mon exposé, un participant abonde dans mon sens en disant que cet « économisme » prévaut partout sur la richesse de l’altérité culturelle et sur la sagesse de « la psychologie relationnelle »[5]. Il faut nous réveiller et réconcilier l’homme avec lui-même (le moi clivé), ses racines et ses relations humaines ainsi que sa « spiritualité » horizontale universelle (croyants, agnostiques, laïques, athées) car il y a urgence pour retrouver un chemin convivial entre humains (sans les experts élus par prébendes) sans quoi notre société ne sera plus que « ruine sans âme ». Arrêtons d’obéir à des hommes qui ne nous représentent plus (qui ne nous écoutent jamais), refusons la consommation de ce luxe ostentatoire et le travail non correctement payé ainsi que l’exploitation de la traite des êtres humains et des marchands de sommeil. Recréons des coopératives et des mutualités centrées sur la fraternité entre les hommes et non sur le profit capitaliste.


La dialectique de l’amour


« Dans l’Hindouisme, Parvati et Shiva sont les incarnations divines de la nature (le féminin) et de la conscience(le masculin). Elle est la force génératrice de l’univers ; il lui donne vie. Ce qu’il rêve, elle le matérialise. Leur univers (ce qui le génère) et sa manifestation.(…) Tout au long de l’histoire, seules deux questions ont amenés les êtres humains à s’entre-tuer : jusqu’à quel point m’aimes-tu ? Et : Qui commande ?  »[6]

                Il n’ya pas de fraternité guimauve, la dialectique de l’affect sera toujours amour/haine, le conflit est présent dans tous les évènements de nos vies, il faut les affronter et dire le non-dit mais si possible sans violence ou auto violence par soumission.

A l’université de Liège, j’ai adapté un jeu de rôle de dynamique des groupes où il s’agit pour un groupe de sujets de choisir en 20’ un responsable de leur institution fictive. Ils ont des dossiers et leur choix dominant sera celui de « Marcel ». Lors de l’analyse, je demande à tous s’ils ont eu un sentiment de démocratie participative et ils répondent par l’affirmative. Puis, je demande à un des acteurs ayant reçu une instruction secrète de ma part de lire à voix haute pour tous ce billet dans lequel je l’incite à influencer le petit groupe pour qu’il vote pour Marcel. Devant la stupéfaction de cette rouerie, je signale que tout cela a été préparé en 2 minutes mais que, si j’avais plus de temps, je pourrais les manipuler plus finement. Donc « pas de règles entre nous ! » est une chimère ; au contraire, il faut des règles explicites (pouvant toujours être renégociées) pour éviter les manipulations cachées. Nous devons avoir des règles transparentes et une stricte évaluation de nos mandataires nommés pour un laps de temps restreint et non renouvelable. Ce ne sera que lorsque nous stabiliserons une démocratie participative non naïve que nous pourrons changer les macro-lois des experts permanents mettant hors la loi les spéculateurs ainsi que tous ceux qui abusent de nos frères et sœurs humains. Le conflit sociocognitif est de reformuler la proposition de l’autre puis de lui dire pourquoi nous ne sommes pas en accord avec son discours, calmement et en distinguant bien la problématique de son porteur qui lui ne doit pas se sentir agressé ;


L’agapè


                Comme le chantait en 1968 Graeme ALLWRIGHT (« protest song », il nous faut retrouver le jour de clarté : « Que tous les affamés, que tous les opprimés entendront tous l’appel du cri de liberté. Toutes les chaînes brisées tomberont pour l’éternité, on peut chanter tous les poèmes des sages, on peut parler de l’humilité mais il faut s’unir pour abolir injustice et pauvreté. Les hommes sont tous pareils, ils ont tous le même soleil et il faut préparer le jour de clarté. On peut discuter sur les droits de l’homme et on peut parler de fraternité et que l’on soit blanc ou noir, cessez vos préjugés, rejetez vos vieilles idées, apprenez seulement l’amitié. »

                Le Pr OUGHOURIAN nous rappelle que les Grecs avaient trois types d’amour l’éros (le désir érotique), la  philia (amitié et amour filial) et l’agapè (amour de notre espèce, fraternité, spiritualité non transcendantale). Ces trois typologies évoluent ensemble ; par exemple, après un amour passion physique, il peut y avoir un divorce sauvage avec une inversion des proportions. Notons à ce propos la distinction entre le besoin et le désir : j’ai besoin de manger, je mange, mon besoin est assouvi. Je désire telle voiture et lorsque je l’ai, j’en désire une autre, il y a une impossible satisfaction du désir mais celui-ci est toutefois le moteur de nos actions. De même dans la philia entre parents et enfants, il peut y avoir imitation[7] et/ou conflits envers les parents ou la fratrie. Le désir ne se développe que s’il y a quelque part un interdit. Dans notre monde consumériste « Les pauvres ont encore des besoins alors que les riches n’ont plus que des désirs »[8]. Sous un autre angle interrelationnel, par exemple, je n’aurai pas obtenu une licence, un DES de troisième cycle et un doctorat d’Etat (DEA) si mon père n’avait pas rejeté ma demande de poursuivre mes études au-delà de BAC+1. Ce sont les messages paradoxaux de l’analyse transactionnelle, par exemple « Ne sois plus haut que ton père ; c’était la guerre, je n’ai pas fait d’études » ou encore pour les jeunes filles « Sois à ton tour ma mère ! ». Dans l’agapè, il y aura très peu de désir de convoitise puisque le moi est supplanté par le Soi (le Self) du « donner-recevoir ».L’agapè est bien sûr une utopie car même si nous évoluons vers une société plus juste sans dieu ni maître, il nous faudra toujours des règles adaptables et révisables pour le « vivre ensemble » tout en contrôlant les méchants et les opportunistes.  

                Selon Henri LABORIT explorant Mc Lean et son interprétation darwinienne, notre premier cerveau (au sens de l’évolution des espèces donc) est le primitif reptilien mu par des besoins. Le serpent à sang froid se chauffe sur une pierre au soleil puis il reçoit de son estomac un signal d’appétit, il va se mettre à chasser, tuer et avaler une souris mais 4 heures après il ne se rappelle plus de l’évènement (j’ignore comment il a pu vérifier cela). Je rappelle que notre cerveau est une potentialité qui, comme les muscles, s’atrophie si on ne s’en sert pas. Imaginons donc « un beauf » très peu soucieux de se cultiver qui, ivre, ressent un besoin sexuel (l’alcool peut inhiber un surmoi accommodant) et viole une jeune fille (lui volant ainsi sa vie fantasmatique) puis qui, au poste de police, dit ne se souvenir de rien (cela peut aussi être une tactique imbécile).




 In Henri Laborit, « La légende des comportements ».

                Le deuxième cerveau est le système limbique des mammifères; il a une mémoire et une capacité d’apprentissage et est le siège de nos émotions (d’amour et de haine pour rester dialectique) ; il est en lien avec le cortex pour développer le mimétisme (imitation dixit les neurones miroirs).

                Le troisième cerveau cortex associatif appelé néocortex chez les hommes est capable de raison, de créativité et d’anticipation. Dès l’âge tendre, il est responsable de notre angoisse existentielle (nous avons conscience de notre mort inéluctable) qui, pour l’oublier, nous poussera à nous lancer à corps perdu (double sens non voulu) dans le travail, l’activisme ; notons cependant que cette possibilité d’anticipation peut nous permettre des projets à moyen ou long terme comme développer nos capacités intellectuelles (un bodybuilding cérébral) ou à l’inverse développer une hypoactivité mentale par le yoga ou la méditation zen, une évolution vers le détachement du stoïcisme.

                Le quatrième cerveau est invisible mais commun avec les autres mammifères, c’est celui de la psychologie interactionnelle. On le trouve dans le langage silencieux d’Edward Hall avec la proxémie (regardons des oiseaux sur un fil électrique, ils sont tous à une certaine distance l’un de l’autre, comme les humains seuls au cinéma), c’est un peu comme une aura autour de nous qui génère un malaise lorsqu’un autre la dépasse (observons un latinos à la distance interpersonnelle courte se penche en parlant vers un allemand qui retire son corps vers l’arrière non par peur des postillons mais se sentant envahi). L’anthropologue Grégory BATESON avec ses travaux à Bali « Naven » fonde en fait ce collège invisible de l’école de Palo Alto qui parlera de la psychologie systémique.

                Bateson observe les attitudes et comportements d’enfants balinais regardant un spectacle de guignol et leurs mimiques faciales de joie ou de peur lorsque Guignol est attaqué par derrière, ce mimétisme va se retrouver à l’identique chez tous les enfants du monde. On a également observé une maman singe qui lavait une patate douce de son sable devant des petits et dès lors cela deviendra un rite culturel dans ce groupe particulier. Ce mimétisme est aussi à la base de nos relations. Si au salon de l’agriculture, un politicien tend la main (signe de paix) à un quidam qui lui répond « touche pas moi ! », le premier intervenant va alors inverser  son ouverture et lui dire « casse toi pauvre con ! » ; l’offre du Président français de l’époque se change instantanément en haine rétroactive.

                Nous sommes dans des projections interactives : si j’envoie un message d’amour, j’aurai peut-être une réponse apaisante du même type (sauf avec des névrosés) et de même si j’envoie à l’autre un jugement de valeur issu de mes préjugés, je récolterai une hostilité du genre « ce type-là je ne sais pas le sentir ». Rappelons la sentence d’Epictète : « Nous ne voyons pas le réel, juste nos représentations ! ».

                L’amour comme la haine reflète notre propre état du moi affectif (le centre d’étude de la psychologie sociale, dit MOSCOVICI, est le conflit. En effet, si nous souffrons, nous allons être fâchés par cet état du moi et notre grogne va se manifester contre l’autre (pensons à la misogynie d’Arthur SCHOPENHAUER) et éloignera les autres humains de ce grincheux ; par contre, si nous développons une empathie et une compassion, nous recevrons, sans l’avoir sollicité, des sourires et de la générosité (« donner-recevoir ») de nos frères et sœurs humains par la positivité que nous avons choisie – avec le cortex – de développer à la place de ressentiments névrotiques. C’est le sens de mon KOAN : « Pardonnons à nos parents ! »

                Marshall Mc Luhan lui évoque la dialectique entre le système limbique et le cortex avec les deux hémisphères cérébraux : le gauche (masculin) analytique qui contrôle notre côté droit et le droit (féminin) analogique et artistique qui contrôle notre côté gauche et nous pousse à la créativité. Si nous n’avions que la raison analytique, nous ne serions pas plus que des ordinateurs ; c’est grâce au cerveau droit en alliance cortex et émotion que nous pouvons sur base des données de l’hémisphère gauche prendre des décisions avec notre hémisphère droit.

                Pour revenir aux psychanalystes et à la distinction entre le désir et le plaisir, le désir ne saurait être réduit à la recherche du plaisir de la vie (Eros) ; par contre, le désir lui nous dirige vers la pulsion de mort (Thanatos). Avec le mimétisme, nous avons une relation entre le héros et son médiateur, le disciple et son modèle. Plus le mentor sera intériorisé, plus il sera remis en cause par la déception subie. « L’échec du désir à terme peut donc se répercuter au-delà de l’objet et provoquer la mise en question du médiateur lui-même. L’idole vacille sur son piédestal puis s’écroule »[9] Les chamans ont toujours des résistances à initier des jeunes …rivaux car ceux-ci leur succéderont parfois trop vite en les critiquant, c’est ce que FREUD appelle « le meurtre du père ».

                Le désir, c’est aussi la cupidité, l’envie, le pouvoir, la volonté d’avoir plus que l’autre. C’est la volonté de posséder l’objet d’autrui ou même autrui – par la rivalité et le conflit violent, vouloir priver l’autre de ce qu’il possède même si on n’en profite pas. J’ai vu un enfant avec un jouet fragile que sa mère lui enjoignait de  rendre à son ami-propriétaire le briser certain que de cette manière l’autre ne l’aurait pas non plus. Je ne voudrais pas raviver le chagrin de certaines mais, à la suite d’une rupture, certaines ont été vitriolées (acide sulfurique H2SO4) et sont défigurées à vie, leur beauté est envolée/volée par un homme jaloux qui a préféré casser son objet sexuel comme si c’était une chose, un jouet. Par le côté «ombre» du désir, la femme de la conquête du jaloux, qui n’était pas une propriété, n’est donc plus désirable. L’éros est le plaisir ; le désir est la mort ; l’amitié, la joie et le lâcher-prise de notre personnalité construite (persona), c’est la sérénité et l’acceptation sincère de l’altérité et du respect de nos sœurs et frères dans l’humanité.

                Alors Narcisse a fini de se regarder le nombril dans le miroir, l’homme qui est en lui peut sortir et regarder le monde en conscientisant qu’il est lui-même une partie de ce monde.

                Rappelons cependant la positivité de ce « mal » désir, il est aussi le mouvement, le changement (d’un autre job, d’un autre pays, d’un autre couple, d’une autre vie). A ce propos, il faut avec Paul WATZLAWICK distinguer le changement 1 qui est de pure forme. Par exemple, le conseil des ministres des Soviets s‘appellera les commissaires du peuple est un changement 1 car au-delà de la forme, ils ont toujours tous leurs privilèges et leurs datchas sur la mer morte. Par contre, je suis dans un cauchemar, poursuivi par des jivaros réducteurs de tête et je cours dans la jungle et ils courent derrière moi me lançant des flèches ; j’arrive à une rivière, je détache toutes les pirogues et je m’enfuis sur la dernière mais ils ont rattrapé les autres et sont toujours à ma poursuite, que puis-je faire ? Le changement 2 sera de me réveiller pour sortir de mon cauchemar.

                Grâce au sage zen THICH NHAT HANK, j’ai appris la méditation et je peux rester 8h d’affilée sans bouger et sans penser dans une cellule monastique ou sur les bords du Bani à écouter le monde : le souffle du vent, la chaleur du soleil, le clapotis de la rivière, le rire des enfants qui jouent sur les berges de cet affluent du Niger, le bruit des oiseaux pécheurs, le braiement des ânes, les chocs sourds au loin des pilons qui écrasent les grains et aussi la sensation de la chaleur humaine du passant ). Lâcher-prise vis-à-vis de nos activismes permet de se reconnecter à une nature qui est là et que nous ne voyons plus. Avec le détachement, je peux aider sans que cela me coûte, par l’amour agapè. Je peux le soir boire le thé avec mes amis en écoutant leurs poèmes du désert sans jugement ou correction de maître d’école. Dans ces cas-là, paraît-il, j’ai un sourire innocent mais tout est relatif et chez nous en Belgique, un ami que j’écoutais m’a demandé pourquoi je me moquais de lui en souriant ? (Ce malentendu fut aussi celui de l’incompréhension culturelle des japonais coincés qui souriaient face aux GI’s qui, croyant à un sourire narquois, les assassinaient).

                C’est ainsi que les hommes vivent dans le conflit et les malentendus et avec ce besoin constant d’être reconnus (non moqué) er d’exister dans le regard de l’autre.


Conclusions sommaires sur mon propre parcours d’amour


                 J’ai répondu à mon ami qui me disait « pourquoi tu ris ? » que moi aussi « je l’aimais » mais sans pour cela qu’il y ait la moindre ambiguïté de part et d’autre car nous avions la ligne de l’agapè et de SPINOZA.

                J’ai commencé ma vie/mon karma dans la jalousie de ne pas pouvoir faire les mêmes études supérieures que mes camarades plus nantis financièrement mais, par l’action et la raison, j’ai pratiqué l’autoformation de l’autodidaxie puis des activités éveillées dans un cursus universitaire en échangeant de l’air/des paroles avec mes maîtres. En trouvant la terre et l’eau de notre nature humaine féminine, ma colère contre l’injustice du monde s’est mutée en un combat incessant - sans haine ni violence - pour l’égalité et l’émancipation humaine.

                J’ai connu le feu du désir-attachement, je le conserve dans l’apaisement de l’éros-amitié avec discernement et j’ai commencé à évolué vers la compassion. J’évolue vers le détachement de mes dernières certitudes, j’accepte mon ignorance sur l’essentiel et je me regarde face à l’univers comme une fourmi sur la pente d’un volcan (Haroun TAZIEFF). Je vais prochainement me décomposer en mes agrégats fondamentaux  et mon énergie de matière animera l’émergence d’une autre forme de vie, peut-être un cafard ou une fleur bleu. Je ne crois pas au karma car quelle est notre importance à l’échelle du cosmos. J’ai aimé et participé avec mon épouse à la naissance de trois filles, de trois petites-filles et de deux petits fils. J’aime de les aimer même si je ne l’exprime que gauchement. « Nous sommes poussières et nous y reviendrons avec le vent » dit l‘Ecclésiaste . En attendant ce jour, « Carpe Diem » aurait dit Brel.

Jean-Marie Lange, ce 10.10.2013



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WITTEZAELE J.J. & GARCIA T., A la recherche de l'école de Palo Alto, Paris, Seuil, 1992.




[1] Masters W.H. & Johnson V.E., Les réactions sexuelles, Paris, R. Laffont, 1970.

[2] HITE Shere, Le nouveau rapport HITE, Paris, Laffont, 2002, p. 13 & 15.

[3] De Souzenelle Annick, L’arc et la flèche. Merveilles de l’Eros, Paris, Albin Michel, 2003 ;  ALBRECHT Pierre-Yves & de Souzenelle Annick, L’initiation. Ouvrir les portes de notre cité intérieure, Paris, Le Relié, 2012.

[4]  HITE Shere, Le nouveau rapport Hite, Paris, Laffont R., 2002, p.17

[5] LANGE JM, Une introduction à la psychologie relationnelle, Paris, L’Harmattan, 2005.

[6] GILBERT Elisabeth, « Mange, prie, aime », Paris, Calmann-Lévy, 2008, p.244 & 251

[7] RIZZOLATTI & SINIGAGLIA, Les neurones miroirs, O. Jacob.

[8] OUGHOURLIAN, Le troisième cerveau, ibid., p.53.


[9] OUGHOURLIAN, Le troisième cerveau, ibid., p.43.

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