GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – Nov.-Dec.09 : Les Etats Modifiés de Conscience (extase, possession, hypnose et zen)
N°25 –Janv-Fev 2010 La matière, le vide, la nature, l'éducation
N°26 – Mars-Avril 2010 L'intelligence des femmes
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°26
L'intelligence des femmes
I. La sorcellerie et l'ethnopsychiatrie
"Si j'arrivais seulement à savoir pourquoi dans leurs confessions les sorcières ne manquent jamais de déclarer que le sperme du diable est "froid"."
(S. Freud, Lettre à Fliess, 24.01.1897. Lorsque "FREUD écrit cette phrase après avoir lu "Le marteau des sorcières" (Malleus Maleficarum, 1487,2009) et servant l'Inquisition, il n'a aucun élément qui étaye cette hypothèse) si ce n'est l'aura de FREUD lui-même. Le fait de propager pareille ânerie c'est ce que l'on appelle "la rumeur"("Il n'y a pas de fumée sans feu.")
Alors pourquoi choisir cette remarque en sous-titre ? Peut-être Tobie NATHAN("Le sperme di diable", Paris, PUF, 1995 comme moi avons-nous en commun, une formation de base à la psychologie sociale et dans notre discipline, il faut des observations directes et recoupées et non cette rumeur qui est seulement un fantasme transporté.
Outre-Atlantique, un des plus prolixes chercheurs de Palo Alto, Paul WATZLAWICK (Psychologie systémique) développe le concept des prédictions qui se réalisent toutes seules. Par exemple, dit-il, vous propagez à San Francisco la rumeur d'une pénurie d'essence proche et tous les automobilistes se ruent vers les pompes provoquant, ainsi l'effet prédit. Plus grave Rosenthal et Jacobson teste deux classes d'étudiants, chacune s'occupant d'un groupe de rat devant franchir un labyrinthe. Ils rassurent le premier groupe : les rats sont particulièrement doués et vont arriver sans peine à l'objectif. Pour le second groupe au contraire, ils le démotivent : les rats sont tarés et n'arriveront pas à passer ce labyrinthe. En fin d'épreuve, seul le groupe avec les rats doués (par la seule rumeur) a réussi, ce qui nous effrayent notamment quant à l'objectivité des maîtres face à autant d'échecs scolaires chez nous, on appelle cela "l'effet œdipien de la prédiction".
L''obscurantisme et la sorcellerie sont omniprésents en Afrique et ce sont des "foutaises" qui sont en recrudescence chez nous car il n'y a plus de repère pour les gens simples. Notons que chez nous, les rebouteux et guérisseurs de nos campagnes évoquent parfois des saints protecteurs, comme Sainte Rita, la sainte des causes désespérées ou St Antoine pour les objets perdus ou St Christophe pour les voyages. Les guérisseurs s'appuient le plus souvent sur du vent et un excellent savoir-faire relationnel. Ce sont des "malins" ayant un grand sens de l'observation et de la mise en scène. Nous athées et libres-penseurs devrions, dans ces cas, limiter notre tolérance car ces gens sèment des faux espoirs et par conséquent, créent beaucoup de souffrance, parfois par naïveté, parfois par esprit de lucre.
Cette poupée effrayante achetée aux puces de St Pholien est une copie inventée qui peut produire son effet. Elle est serrée à la gorge et ligotée aux jambes. Pour qu'elle soit "vraie", il faudrait y placer des matières humaines (ongles, cheveux, sueur sur un vêtement) et emmailloter le corps comme les bébés du XIX°, surtout les jambes? Il faudrait ensuite la "consacrer" lui projetant du jus mâchouillé de noix de Kola violette ou à défaut de jus de tabac et d'alcool. Ensuite sacrifier un petit animal comme un coq noir et asperger l'ensemble de sang, elle serait ainsi plus humaine et le rituel mimétique pourrait commencer. Notons que les épingles sont dans la poitrine alors qu'elles sont placées d'abord sur les articulations (base du dos, cervicales, épaules; puis cerveau et cœur). Si la poupée évoquant la personne X ne fonctionne toujours pas et ce sera le cas, c'est parce qu'elle n'a pas été dévoilée par…justement la rumeur. Imaginons qu'une bonne âme dise à X : "On cherche à t'envoûter, regarde sous ton lit avant de t'endormir" et que X y découvre non cachée notre poupée, encore plus massacrée avec du sang partout par exemple, cela devient impressionnant.
Je rappelle que d'une part je l'ai fabriquée pour les besoins de la planche et que d'autre part elle est juste didactique, mais il suffit d'y croire ! La Pr Pédagogue Roger ESTABLET de l'Université d'Aix-en Provence proposait à la télévision une valise de deux millions de francs français offerte à tout magicien qui viendrait montrer son pouvoir dans la lumière d'un laboratoire de psychologie, la valise est toujours là.
Notons par contre, l'image des trois sacs poubelles sales en fibres que j'ai affichés sous le lutrin : il s'agit là de véritable fétiche du peuple du Mali, image de l'anthropologue belge Jean-Paul COLLEYNS extrait de son dernier livre sur la sorcellerie : "BOLI"(2009). Je recommande ces travaux achetables en VHS-RTBF à propos des cultes de possessions.
En Afrique, le "fétiche" NKISI est la quintessence visible des forces invisibles du mal et du pouvoir sorcier alors que l'éducation par les sociétés initiatiques en constitue les versants lumière, morale et éthique.
HYPOTHESES :
1) L'obscurantisme est une attitude d'opposition à l'instruction, à la raison et au progrès.
L'activité sorcière est source de peur, de malheur et de mort. Ne pas combattre les superstitions et autres "malédictions" c'est leur laisser le champ libre.
2) La Raison n'a pas à être rigide mais à comprendre les différences culturelles pour s'adapter au langage des populations migrantes par exemple ou captées par une emprise sectaire afin de rétablir les lumières de l'intelligence.
1. La sorcellerie en général
Mes amis africains, quelle que soit leur religion officielle, baignent toujours pour la plupart dans cette culture de l'animisme et son versus "magie noire" de la terreur sorcière. Le Nganga est un guérisseur pratiquant la "magie blanche" (parfois noire) avec une fine connaissance des plantes remèdes et surtout une maîtrise de la psychothérapie individuelle comme de groupe. Il utilise des effets placebo mis en scène par des cauris et des incantations mais aussi des psychodrames collectifs pour soigner "le malade et sa peur" en l'insérant dans un tissu de chaleur humaine, la collectivité du village qui aide le guérisseur lors d'un "exorcisme".
La pratique des guérisseurs africains (Nganga) ou asiatiques (chaman) est en redécouverte par les Occidentaux depuis les travaux de l'ethnopsychiatre Georges DEVEREUX et surtout de son élève Tobie NATHAN et de la clinique pluriethnique de l'ethnopsychiatrie. Notons que l'ethnopsychiatrie a peu de lien avec la psychiatrie. L'ethnopsychiatrie est l'utilisation des racines culturelles pour arriver à la guérison de l'âme. Aujourd'hui, on parlerait plutôt de psychosociologie relationnelle mais le successeur de Georges DEVEREUX, Tobie NATHAN a conservé l'appellation de son maître. Ce savoir-faire du désenvoûtement des Djinn (Sahel) et autres esprits vaudou (Nigéria, Bénin, Togo) ou candomblé (Brésil) par exemple, ne doit toutefois pas nous occulter la genèse de cet obscurantisme maffieux que constituent la sorcellerie, les jeteurs de sorts... et les curés culpabilisateurs.
Les sorcières
Dans notre histoire rurale, ce genre de chèvres-émissaires que représentaient des femmes seules, souvent pauvres et pas toujours très malignes étaient de mèche avec le malin avant de se faire torturer et brûler. Au Moyen-âge obscurantiste, les hommes sont priés de se fixer par l'institution du mariage pour stabiliser les familles et donc le village. Mais certaines femmes pas obligatoirement vieilles et laides préfèrent vivre seules et étudier les plantes qui soignent. Ces femmes libres et rieuses ne plaisent pas trop aux épouses rangées surtout si leur mari les regarde; ainsi la rumeur ira son train qu'elles font commerce avec le diable.
Tous les samedis pour le Sabbat, elles enfourchent leur balais volant pour se retrouver dans une clairière (de minuit à 3h) où elles dansent nues et embrassent sur l'anus un bouc (Satan).
Elles deviennent des démons incubes (démons masculins lubriques) ou succubes (démons féminins séduisants). Ces filles de Lilith, après "commerce" avec le diable reviendront au village comme des viles tentatrices. Pour éviter le "maugrée" (la malchance) dans les fermes, il faut détruire ces monstres, disent les curés.
Ainsi, à l'instigation des prêtres anti-femmes, on va les ficeler et les jeter dans une rivière profonde; si ce sont des sorcières, elles flotteront et seront brûlées, sinon elles se noient dans le fond de la rivière et personne ne proteste. Le philosophe Cornélius Castoriadis nous dit :
- "Il y a 300 ans que l'on a brûlé la dernière sorcière à Salem !"
Où sont-elles passées depuis ?
Elles vont changer de forme et devenir des possédées, puis des hystériques ou des libres-penseuses. En 1889, mon arrière-arrière grand-mère veuve et athée élevait seule ses trois enfants avec un petit commerce de mercerie dans la grande rue de Pepinster, en face de l'Eglise et le curé en chaire de vérité incitait ses ouailles à ne pas acheter chez Lange car c'était une athée qui sentait le souffre.
Un ami pédagogue à Abidjan à qui je parlais de nos sorcières me parla lui des "mangeuses d'âme" qui, pour avoir des pouvoirs occultes, devaient tuer un enfant de leur propre famille. Un autre ami de Bamako me raconta qu'un avion était tombé et que le seul survivant avait autour du bras un bracelet de protection Dogon ! Je lui répondis que probablement tous les autres voyageurs avaient aussi chacun un gri-gri ou une amulette.
Mais il réussit à me convaincre avec une autre histoire où l'explication psychosociale est transparente. Il me raconta que son épouse avait un amant et que le marabout lui avait donné un charme à mettre au-dessus du chambranle de sa porte pour rendre impuissant son rival. Lorsque l'amant arriva dès le départ du mari, l'épouse infidèle lui expliqua en lui montrant le charme et il fut "noué". Et c'est bien vrai que l'érection est une chose fragile. Il promit au mari de ne plus venir s'il lui rendait sa virilité; ils allèrent ensemble chez le marabout qui défit le charme, soit de la psychologie appliquée aux ménages.
Les possédées
Dans la bourgeoisie et la petite bourgeoisie du XVII°, on vit une évolution avec les possédées. Des femmes qui n'étaient plus complices mais victimes car de bonne naissance. Un démon avait pris possession de leur corps. Ce fut le règne des exorcistes pour purger les dames de leurs démons.
Les Occidentaux peuvent être possédés par le désir ou hantés par lui (retour du refoulé) alors que les africains peuvent être possédés par des représentations externes des esprits mauvais comme les Djinn. Ce même phénomène peut être désiré et se faire avec leur consentement lors de la transe s'il s'agit d'un Dieu ou d'un ancêtre. L'esprit entre alors dans le sujet par le haut du corps, il se glisse dans son corps et au fond, le sujet prête son enveloppe à la divinité. Pour nous, avec la frontière du moi-peau, l'inconscient est DEDANS (dans la tête, les neurones, le sexe, le corps, la psyché, l'histoire de vie familiale et les fantômes) et pour les africains, culturellement leur histoire conflictuelle est structurée sur le versant DEHORS opposé au-dedans.
2. Bref survol historique
L'ennemi le plus affiché de la femme est l'homme religieux. Il y a de tous temps une haine méthodique vis-à-vis d'Eve et des porteuses de vie (l'enfantement) par ceux qui voudraient assurer un pouvoir totalitaire sur les âmes. La femme est joyeuse et sent bon la vie (au propre comme au figuré), c'est pourquoi elle est la principale cible des prêtres.
Elle est aqueuse et chaude à l'état de nature non altéré par les religions et c'est pourquoi ils ont pris la déplorable habitude de la faire sécher sur un bûcher.
L'enfermement de la femme "seule" dans la représentation d'une sorcière maléfique et lubrique s'étale à partir de la fin du Moyen Age, s'épanouit à la Renaissance et s'étiole à partir du XVII° siècle. Depuis le XII°, l'Eglise poursuit la construction méthodique d'un ennemi affiché, un contre-pouvoir diabolique (les forces du mal) contre lequel les croyants doivent se battre au lieu de réfléchir.
Toutes les peurs obscurantistes sont cohérentes avec l'angoisse humaine et le conditionnement de référence des époques passées quand La pensée scientifique moderne n'existait pas. Du temps des esprits frappeurs en lieu et place de l'esprit critique.
Notre diable à nous, selon notre spécificité culturelle, naît à la fin du Moyen Age, au XII°s. Il provient de diverses mythologies de l'Antiquité gréco-romaine et prendra le statut d'un ange déchu : Satan, le matricule 666. Satan est l'ennemi extérieur pour la religion catholique qui s'organise en église et puissance temporelle.
Ce sera en 1326 que le pape Jean XXII pond une bulle formant un arc de feu et de sang entre l'hérésie et la sorcellerie. La persécution organisée et systématique par la religion de la magie et des païens concurrents en général se radicalise donc au XIV° s. Ce sera en 1484 que le pape Innocent VIII avec sa bulle lance le ballon de méthane explicite de la haine et de la condamnation des femmes non-conformes/non soumises.
Selon Pierre NODE, démonologue du XVI°, la femme est influençable et vulnérable dans son corps et dans son esprit. Si l'homme apprécie le sexe; la femme, elle, est d'une concupiscence bien supérieure : " elle est séductrice et perverse, elle manipule et attire par son sexe les hommes car elle est elle-même manipulée par le diable", nous dit l'expert.
Comme je l'ai déjà dit, la sorcière dans les villages est généralement une femme seule (parfois une veuve) et marginale qui supporte mal la solitude et donc qui peut se servir de ses pouvoirs pour sa libido et séduire les hommes mariés (qui eux ne sont que de pauvres victimes bien entendu).
En 1487, sort un ouvrage technique pour l'Inquisition : Le Marteau des sorcières ou Malleus Maleficarum. Pour lutter contre cette épidémie d'hérésie, la torture (abolie en 866) sera rétablie en 1252.
Un des quatre derniers grands procès en sorcellerie en France sera Loudun (1632-1640). Des jeunes femmes joyeuses et pleines de vie cloîtrées par leur famille et travaillées par le désir sexuel inconscient vont "feindre de tomber dans des convulsions et s'exercer à faire des contorsions et des postures de leurs corps" et avec des propos obscènes.
Cette affaire, bien étudiée par Edgar Morin est en fait un règlement de compte pour disqualifier l'Abbé Urbain GRANDIER qui aurait exprimé des propos séditieux à l'encontre du Cardinal de RICHELIEU. Il va être accusé par l'Abbesse Sœur Jeanne des Anges, Mère du couvent des Ursulines avec la complicité des autres religieuses. Le procès débute en juillet 1634, on fait parler les diables sous la question (la torture) et GRANDIER sera brûlé vif le jour de son jugement le 18 août 1634. Pour Jean-Martin CHARCOT (prof de FREUD), la prieure de Loudun est sans équivoque comme Sainte Thérèse : une hystérique. Les hallucinations visuelles construites à partir des fantasmes érotiques de la religieuse sont aujourd'hui une banalité pour la psychanalyse et l'ethnopsychiatrie. Comme dans le cas des possédées de Loudun, dans les observations de transe aujourd'hui, on remarque des mouvements hachés et désordonnés, une contamination de la transe d'un ou deux individus au reste du groupe (hystérie collective), une abondante saponification de salive qui déborde de la bouche comme le symptôme de la rage, des voix différentes de celui ou celle qui est le cheval du Dieu et un ou plusieurs oracles qui s'expriment par l'intermédiaire du cheval, une voyance genre Pythie de Delphes.
Les hystériques
Notons que le léviatan (un des sept démons principaux), est celui que l'on retrouve avec Carl Gustav JUNG dans le chakra de l'eau, le calice féminin de la sexualité. De là, le chemin est tout tracé pour que de possédées, les femmes "névrosées" deviennent des hystériques, une pseudo-maladie qui a fondé la clinique psychothérapeutique et psychanalytique. Je renvoie à ce propos au premier ouvrage cosigné en 1895 par le Dr BREUER et S. FREUD (Etudes sur l'hystérie, Paris, PUF, 2000). L'hystérie est déclarée aujourd'hui dépassée et le monde de la psychologie scientifique est embarrassé avec cette pseudo-maladie de l'utérus car on ne sait pas en fournir des symptômes stables pour un diagnostic crédible. Par exemple, comme pour les sorcières, avoir certaines zones du corps insensible mais hélas qui sont variables selon le professeur concerné et son sujet acclimaté.
La problématique des sorcières et des possédées semble partiellement élucidée par une expérience en psychologie sociale par les odeurs dites PHERORMONES. L'expérience a lieu dans une salle d'attente d'un praticien où l'on a demandé à un beau jeune mâle en sueur de s'asseoir sur un des sièges de cette salle.
Ensuite, les clientes entrent une seule à la fois pour avoir la liberté de s'asseoir sur n'importe quel siège et dans une proportion statistiquement significative, elles choisiront le siège du beau mâle qui conserve des phérormones. On peut aujourd'hui faire l'hypothèse que lorsque le curé de LOUDUN entrait dans le couvent avec son odeur virile (l'hygiène de l'époque n'étant pas semblable à la nôtre), il pouvait enclencher cette hystérie collective. Les prêtres de tout bord ne savent pas littéralement supporter de sentir l'odeur femelle
3. L'ethnopsychiatrie, une psychologie relationnelle multiculturelle
Ce sera par des interactions vraies que l'observateur peut initier chez l'autre de nouvelles attitudes plus pertinentes et donc infléchir un comportement inadéquat. Deux personnes qui agissent en réciprocité.
L'ethnopsychiatrie va résulter d'une loi française de 1974 sur le regroupement familial des populations migrantes. C'est en 1979 que Tobie NATHAN a créé sa première consultation d'ethnopsychiatrie de groupe à l'hôpital Avicenne à Bobigny. Lorsqu'une dame malienne enceinte et étant passée en-dessous d'un arbre près d'un puits se sent possédée par un Djinn qui a pénétré par son vagin, le médecin cartésien se fâche et la rabroue pour ses enfantillages. NATHAN au contraire va écouter la patiente avec sérieux en lui parlant selon la coutume (tout le monde sait que les Djinn se laissent tomber des arbres lorsqu'on passe en-dessous et à proximité d'un point d'eau) et de plus dans sa langue car il réalise ses consultations avec toute une équipe plurilingue donc capable de parler aussi bien wolof que bambara que peul, etc. Il va ainsi réhabiliter l'éthologie sorcière des guérisseurs et s'adresser à l'esprit qui possède la patiente avec le même sérieux que les populations qui le connaissent.
Par exemple, à la femme possédée par un DJINN, NATHAN donne un œuf de poule fécondé avec la consigne de le placer sous son oreiller et dormir de cette manière trois semaines sans le casser, puis de revenir. Le jour dit, avec un décorum approprié et quelques incantations, il fait sortir le Djinn de la femme pour le concentrer dans l'œuf et la déclare libérée. Accessoirement, il va lui en fournir la preuve : il casse l'œuf dans une assiette et il s'en échappe une substance noirâtre, épaisse et puante (H2S) qu'il appelle le DJINN (et que nous, nous appellerions le poussin non couvé en putréfaction).
La psychologie relationnelle n'a plus la naïveté de croire que le travail sur une partie, en l'occurrence le cerveau peut englober le tout c'est-à-dire le corps, la conscience, les autres, l'environnement et le cosmos. Proche des histoires de vie, il s'agit d'une technique de psychologie relationnelle de groupe qui écoute la souffrance humaine lorsqu'elle se raconte à la première personne.
C'est le travail social d'une ouverture vers une anthropologie culturelle multi-référentielle. C'est aussi une technique de groupe où la personne est un membre à part entière au même titre que les dits "spécialistes" du groupe : traducteurs et cliniciens. La personne est acceptée, nommée, parle seule en son nom et est en corollaire invitée par le dispositif à grandir.
Cette pratique met donc l'accent sur le souffrant et non sur la maladie; du coup, l'expertise culturelle propre à l'intelligence de la personne dans le cadre de son ethnie devient stratégie de vie, soit une reconnaissance à part entière dans notre société moderne.
Le questionnement s'ouvre et se retourne sur une réflexion à propos de nos pratiques sociales concrètes et la place que nous réservons – dans la globalisation à visage uniquement économique – aux modes de pensées des autres mondes (le Tiers et le Quart). Il s'agit d'écouter un partenaire de vie: le "patient expert".
La langue est un objet fabriqué par un groupe ethnique et qui rétroagit en modelant chaque individu de ce groupe. La culture est donc une socialisation du groupe d'appartenance qui "fabrique" le sujet du groupe concerné et l'échange multiculturel se fera dans le respect pointu des différences.
Il s'agit ici de s'autoriser à observer de façon rigoureuse les thérapies culturelles qui guérissent. Il s'agit surtout d'aider un autre humain à sortir d'une souffrance psychique récurrente au lieu de juger de la pertinence ou non de ses énoncés. Le chaman, selon Georges DEVEREUX, propose au malade une "expérience affective corrective" qui l'aidera à réorganiser lui-même son système de défense psychique. Y coller une étiquette de "suggestion", d'autohypnose et/ou d'effet placebo serait encore des séquelles de notre croyance en la supériorité occidentale explicative.
Nous, nous prenons des anxiolytiques, des euphorisants, des calmants et des somnifères, comment dès lors se permettre de juger de façon condescendante les autres pratiques thérapeutiques.
Notre ethnocentrisme qui consiste à prendre notre culture du livre comme la référence absolue dans une sorte de complexe de supériorité par rapport aux peuples à tradition orale nous empêche de nous enrichir des différences, de comprendre les complémentarités pour un apprentissage planétaire, tant que la culture "mondialisatrice" du Coca-Cola n'a pas encore nivelé l'ensemble. L'ethnopsychiatrie propose de jouer l'autre jeu culturel, à savoir après l'avoir identifié de convoquer le "démon" (du djinn aux esprits de la nature) et puis enfin de marchander son départ (et non de l'exiger comme dans les exorcismes catholiques : "VADE RETRO SATANA") avec une clé de vie par exemple.
L'acte sorcier procède surtout par le sort qui doit être connu de la victime et qui déclenche en elle une terreur terrible. La pratique sorcière est une mise en scène où le sujet doit constater par lui-même son vécu, son perçu et son conçu. Une guérisseuse tunisienne fait avaler au patient une boule de mie de pain attachée à un fil puis tire lentement sur ce fil pour retirer ce bol alimentaire, boule de matière gluante et jaunâtre qu'elle nomme poison ou philtre. Le sujet avec son vécu problématique a perçu ce trajet à rebours dans son œsophage et l'explication de la guérisseuse va renforcer le conçu.
Pour nous athées, le concept non défini de Dieu n'est pas dérangeant si, pour d'autres esprits, il peut être une consolation subjective. Par contre, l'esprit de religion étant équivalent à la domination d'une caste sociale sur les autres couches de la population (celle des prêtres, lamas, imans,…), il faudrait – au nom de l'éthique de la responsabilité – répondre à l'intolérance mortifère et souvent sanglante par une fermeté d'opposition à cette main mise sur les esprits par la terreur. Aujourd'hui, les enfants de rue à Kinshasa qui ont une quelconque difformité, on les nomme "enfants sorciers" pour s'en débarrasser, ce sont des victimes.
Lorsque l'homme développa son cortex et donc sa conscience anticipatrice il se représenta son monde à partir du chaos de la matière et inconsciemment de l'immensité de son inconnaissance, avec cette part des ténèbres il fabriqua les idoles mais aussi les rites de protection et par delà la socialisation et les rituels de reliance.
La souffrance psychique est une réalité et certains hommes sans conscience exploitent cette pauvreté de l'âme. En parcourant par hasard un "toute-boîte" de Liège j'y ai découvert un tsunami de requins venus d'Afrique qui exploitent la misère psychique chez nous : pas moins de 68 petites annonces de voyants et autres Marabouts "Sais-tout" qui promettent l'impossible, avec des contradictions énormes, par exemple : "grâce à mon don héréditaire, je te rends ton amie, fidèle et soumise à TA volonté"; c'est oublier que plus de la moitié de sa clientèle potentielle sont des femmes. La petite vieille naïve qui va consulter un de ces charlatans va être mise en confiance la première fois car le marabout ne lui demandera rien, ensuite des sommes modestes puis déraisonnables à mesure qu'il fait croître la foi de sa victime (cette technique de manipulation psychique est dite l'amorçage).
Pour conclure :
En synthèse pour la sorcellerie
Le bien et le mal sont liés mais tout ce qui méconnait ou aplanit l'unité complexe du phénomène nommé vie est ce qui en même temps occulte et scotomise le sujet. Le prêtre qui console est parent de celui qui torturait les sorcières lors de l'Inquisition. De même, le sorcier africain Nganga pratique la magie noire mais aussi la magie blanche (guérisseur).
La magie intervient lorsqu'il y a pénurie d'amour et de reconnaissance et la moindre faille dans notre esprit ("et si c'était vrai ?"). Sans une réceptivité de notre part, le sorcier n'a de pouvoir que par l'usage des poisons.
La sorcellerie s'effectue par le truchement de symboles frappants (inscriptions, noms, images, statuettes, statues de saints, reliques, cheveux, rognures d'ongles,…) avec des opérations magiques sur ces objets (assujettissement des génies ou des djinn, métamorphose, ubiquité, malédiction, divination, prédiction,…). Cet objet de focalisation est donc animé par la magie du souffle et de la parole (incantations, crachat de noix de Kola, évocation de forces occultes, formules rituelles,…) et cela devant un auditoire. La magie sera supposée agir par les doubles (le double du sorcier et le double du sujet qu'il veut envouter (magie dite "de sympathie") : poupée épinglée, figurines ou autres objets symboliques. La magie mimétique (poupée/personne) peut être aussi anthropophagique (comme l'Eucharistie).
Les sacrifices (sang, bouillie de mil, argent,…) sont nécessaires pour être agréable aux forces invisibles et obtenir leur protection et pour transférer le mal (et la culpabilité) sur une victime expiatoire (un œuf, un membre de la famille). La magie est une croyance archaïque fondée sur le langage, le mime, le rite et le public : elle est manipulation mentale.
Il y a un commun fonctionnement à la croyance allant des envoûtements individualisés au phénomène sectaire en passant par l'hystérie. "mimésis, hystérie et possession", nous dit en substance Edgar MORIN. L'hystérie est le nom ordinaire de la simulation comme nous l'avons vu dans la possession par les démons des religieuses du couvent de Loudun. Nous-mêmes, nous passons d'une personnalité à une autre sous l'emprise de la colère par exemple, c'est-à-dire que nous vivons hystériquement nos états psychiques : la personne en rage est pour un temps notre personne.
Enfin disons le non-dit de notre européocentrisme : la psychiatrie échoue vis-à-vis des populations immigrées car elle ne sait pas écouter l'être en souffrance avec ses références culturelles au point de pouvoir y répondre dans la même langue. Tobie NATHAN veut revaloriser le "climat" des guérisseurs – même si nous le jugeons du haut de notre superbe comme effet placebo – il y a une influence qui guérit. Avec l'ethnopsychiatrie, il s'agit de déclencher chez la personne un mécanisme et non de le lui expliquer; ou encore de lui raconter une pratique magique ou de la séduire dans un psychodrame.
En synthèse de l'ethnopsychiatrie
Il s'agit d'une psychologie relationnelle avec acceptation des spécificités culturelles de la personne pour l'inviter doucement à réapprendre à apprendre. La pensée doit affronter l'effroi de l'impensé qui la contrôle. Par les servitudes qu'elle pourrait transformer dans son esprit, cette personne va se positionner en acteur et reconquérir son autonomie.
Sur un plan interpersonnel, il s'agit de la reconnaissance inconditionnelle de l'autre (empathie), même si son histoire heurte nos propres croyances scientifiques. Aider à redevenir progressivement capable de détecter l'illusion et l'erreur, c'est permettre la réorientation de l'amour égaré et trompeur qui se perd en prière ou en des offrandes à des nuées mortelles. Au-delà du message échangé (le signifié), il y a la fraternité et l'accueil de la parole de l'autre(le signifiant, l'enveloppe). C'est un travail d'intelligence et d'amour.
Sur un plan citoyen, activer le triangle rouge de la résistance avec les trois pointes de l'intelligence, de la pensée et de la conscience, c'est d'abord armer le sujet pour l'émancipation de ses peurs et puis ensuite pour une entreprise de démythification.
NATHAN à propos de la réinsertion de jeunes libérés d'une emprise sectaire, nous dit : "il est sorti de la secte mais celle-ci est toujours dans sa tête". Il s'agit par la raison appliquée et le relationnel de lutter contre le gourou, les superstitions, l'obscurantisme, les sectes et les religions et non de laisser le jeune face à l'indifférence ré-idéaliser la pseudo-chaleur humaine de la secte. Nous sommes dans l'ère des idées barbares (doctrines, dogmes fondamentalistes, idéologies, théories réductrices, etc.) où nous devons nous engager tous à exclure l'exclusion et refuser un système d'offense, de mépris et de haine.
Le problème du sous-développement de l'esprit humain n'est pas à limiter aux croyances superstitieuses mais il nous faut élargir la critique également envers la techno-science instrumentalisée des experts politiques et technocrates (prêtres de notre postmodernité) qui recolonisent notre monde avec la pensée unique mutilante du profit et de l'exploitation de la planète au détriment de nos enfants.
Des pistes d'autoformation :
- Civiliser notre relation avec l'ego-moi-je de notre persona car nous sommes des monstres de possessivité, d'autoritarisme et de violence.
- Maintenir la conscience qui nous permet à la fois de nous autocritiquer, de nous entre-critiquer et de nous entre-comprendre.
- Reconnaître l'altérité de l'autre et l'identité commune que nous formons avec l'humanité par une volonté de maîtrise de nos passions animales; mais aussi, en alliant notre cerveau gauche (animus mâle) et notre cerveau droit (anima, femelle), placer un peu plus d'amour dans notre regard pour vivre, penser et agir avec l'éthique et la pensée positive.
Enfin pour le détail : le sperme du diable n'est pas froid comme le serpent et de même l'enfer n'est pas chaud et punitif car Satan est juste une représentation de notre imaginaire et l'enfer par contre est bien sur terre avec nos mesquineries, les humiliations subies, les pertes de nos rêves et la famine en recrudescence dans le tiers-monde.
II. Eléments d'étude psychosociale sur le racisme envers le genre féminin
"Que font les sorcières contre l'esprit du Moyen-âge. Elles professèrent hardiment : "Rien d'impur et rien d'immonde." L'étude de la matière fut dès lors illimitée, affranchie. La médecine fut possible. Rien d'impur que le mal moral. Toute chose physique est pure; nulle ne peut être éloignée du regard et de l'étude, interdite par un vain spiritualisme, encore moins par un sot dégoût.(…)On appela les sorcières sales, indécentes, impudiques, immorales. Cependant leurs premiers pas dans cette voie furent, on peut le dire, une heureuse révolution dans ce qui est le plus moral, la bonté , la charité."[1]
"Si tu n'as pas de chien, bats ta femme; si tu ne sais pas pourquoi, elle, elle le sait !""(Proverbe imbécile)
"Dis : Je cherche un asile auprès de Dieu dès l'aube du jour, contre la méchanceté des êtres qu'il a créés, contre le malheur de la nuit ténébreuse quand elle nous surprend, contre la méchanceté des sorcières qui soufflent sur les nœuds, contre le malheur de l'envieux qui nous envie."[2]
De tous temps, il y eut l'ambivalence amour-haine (FREUD), particulièrement dans les couples, la passion première cédant parfois par la routine à son contraire la haine ou pire à l'indifférence. Parce que cela entremêle les émotions, les corps et les représentations subjectives, l'histoire du monde a toujours préféré se pencher sur l'avenir des institués (les rois, princes et prélats) plutôt que sur la vie quotidienne de la multitude. Ce ne sera qu'en 1918 qu'une grande enquête sur l'intégration des paysans polonais en Amérique donnera ses lettres de noblesse à la pratique psychosociale des histoires de vie.
Aujourd'hui, nous sommes outrés (sauf les politiciens) du comportement des maghrébins musulmans radicaux hôtes de nos contrées. Le malaise est qu'ils revendiquent de plus en plus de droits mais sans respecter les devoirs qui sont les valeurs du peuple d'accueil, notamment la Déclaration Universelle des droits de l'homme (ONU, 1948) qui reconnaît que chaque HOMME (et donc femme) naît libre et égal en droits et en dignité.
Pour les sourds et malentendants des alentours de la gare du midi, cela signifie que les femmes ont autant de droits que les hommes et que l'on ne peut pas les battre, les séquestrer dans leur maison, les priver d'éducation, les cacher sous des sacs poubelles (burka) ou des foulards (Hidjab), les priver de soins médicaux si le médecin est un homme, les priver de montrer leurs charmes à la piscine ou à la plage et les lapider si elles ont été infidèles toutes seules (car personne n'a jamais vu l'amant lapidé). Pendant ce temps, l'homme va au café, glande ou est dealer et insulte nos femmes qui portent encore des jupes et qui vivent dans notre pays sous la protection de nos lois et de ce principe multiethnique des droits de l'homme. Quand il crève de misère dans son pays du tiers-monde, l'homme peut séduire une touriste, lui promettre le mariage et son amour devant Allah et si la pauvre y croit, son calvaire commence car si elle est enceinte, après le mariage et la naturalisation belge, l'homme revendique ses enfants et/ou les enlève pour son pays d'origine; s'il reste et développe une activité économique en Belgique, il n'y investit rien et transfère par Western Union ses gains là d'où il vient où il enverra ses filles pour les marier de force avec un vieux barbon.
Bien sûr, je caricature car je suis de gauche (rouge/noir et non rose) et je combats aussi bien ce racisme social sexuel que l'extrême droite qui va y faire son marché. Je suis athée et donc tolérant mais pas mièvre, autrement dit intolérant vis-à-vis des intolérants. Si je faisais chez eux le dixième de ce que certains arabo-musulmans se permettent en barbare chez nous, je serais lynché sans problème. Notons que l'Hégire de l'Islam débute en 622 de l'ère chrétienne, date à laquelle Mahomet s'enfuit à Médine. Si nous retranchons de 2010 le début de cette mouvance théocratique, nous sommes au XIV siècle en 1388 correspondant à notre phase d'Inquisition et d'intolérance envers toutes les hérésies lorsque des milliers de gens et tout particulièrement des sorcières ont été torturées et brûlées par un clergé similaire. Cessons donc de ressasser ces outrages culturels, encouragés par des politiciens mous, plus soucieux des voix à acquérir ou d' asseoir leur descendance dans leur fonction (oligarchie) et qui nous conduiront (comme en 1939 par lâcheté) à une guerre sainte des plus sanglantes qui aura comme déclencheur le réveil de l'Archange St Michel face aux hordes intégristes islamistes qui insultent notre sens de l'humour et des caricatures en brûlant des ambassades, en envoyant des kamikazes y compris entre leurs factions et en commettant des actes de terrorisme (remember le 11 septembre 2001 à New-York). Fatwa laïque contre ces imbéciles jaloux dénoncés dans la sourate 113 (je plaisante, surtout ne tuez personne même s'il est con).
Donc si nous ne pouvons rien faire – avec la déliquescence du monde des politiciens qui contrôlent le pouvoir et le contre-pouvoir – nous pouvons toujours essayer de comprendre et d'apprendre pour ne pas tomber dans ce jeu pervers de la violence au nom des fois religieuses, toutes dogmatiques et anti-femmes. Par exemple, au gentil TIBET, si, dans un monastère, une touriste femme fatiguée veut s'asseoir sur le coussin d'un lama, on va l'en empêcher et sinon on va brûler ce coussin puisqu'il est à présent impur.
Qu'en était-il dans nos contrées à la fin du Moyen-âge ?
En 1486, à la suite d'une commande du Pape Innocent III, deux dominicains rédigent "Le Marteau des sorcières" ou MALLEUS MALEFICARUM[3] comme outil pour l'Inquisition et le "jugement" des sorcières. Jacques SPRENGER en semble l'auteur principal; c'est le livre d'un sot et pédant personnage qui a été calqué sur les subdivisions de la somme de St Thomas d'Aquin pour lui donner un vernis de logique et de structure là où il n'y en a pas.
SPRENGER est un homme effrayé par le gibier qu'il traque et brûle sans remord, les femmes. Il n'est pas à une contradiction près : entre les anges fidèles et les anges déchus conduits par Lucifer, il y eut un terrible duel à la suite duquel, si l'on en croit le Marteau, Dieu perd de son omnipotence. En effet, SPRENGER écrit plusieurs fois : "Dieu permet généralement que le Diable ait l'avantage" car les hommes ont le choix par le libre-arbitre.
Une autre lecture serait que les hommes sont pour leur âme les victimes d'une lutte de pouvoir entre ces puissances célestes; dans ce cas, pourquoi torturer et brûler de simples créatures instrumentalisées (toujours du bas peuple jamais des nobles) tant par les divinités noires que par les dominants ecclésiastiques de l'Inquisition ? Dieu lui reste neutre et impassible comme le Pape Pie XII, bientôt Saint, lors du génocide de la SHOAH (6 millions de juifs).
Au début, l'Inquisition déboisa nos forêts pour flamber les créatures ayant un pacte avec le Malin surtout en Espagne, la France s'y opposa (sauf à Toulouse) ainsi que l'Allemagne. Pourtant, elle démarra aussi en Allemagne en 1349 pour briser les juifs puis ensuite pour briser tous les esprits rebelles à la sainte soumission.
Pour SPRENGER, le concept "maléfice" est assimilé aux mauvaises opinions, ce qui veut dire que tout sorcier est un hérétique et que tout libre-penseur est un sorcier. On peut donc brûler comme sorciers tous ceux qui pensent mal, ce qui veut dire que tout juge ou avocat honnête ayant des doutes humanitaires ne peut broncher sinon il se condamne et se brule lui-même.
Si on lit bien l'iconoclaste SPRENGER, pourtant outil des dominants, le genre humain sauvé par le sacrifice de Jésus le fut en pure perte puisque chaque fois le Diable gagne du terrain et Dieu en perd; nous sommes maudits mes frères car la terre devient conquête du Diable avec l'assentiment tacite de Dieu ? Notons, à propos du délit de non assistance à personne en danger, qu'une porte ne peut être à la fois ouverte et fermée : ou bien on entend crier "au secours" et on agit, ou bien on fait semblant de rien et on laisse faire. Je prie mes amis croyants de ne pas se choquer de mes analyses didactiques, le concept du sacré et du divin pouvant avoir d'autres dimensions que l'Ancien Testament lu par un sot.
Nous sortirons de ce cauchemar surréaliste d'hypothèses non vérifiables mais sanglantes après le 17ème siècle par la révolution scientifique et l'époque des LUMIERES de Voltaire (1694-1778), Diderot (1713-1784) et Cie.
SPRENGER, champion de la lutte contre les suppôts de Satan que sont les sorcières et donc les femmes en général, arrive à dénigrer le genre féminin en une page et demi de son ouvrage; on se croirait au temps de l'Apartheid : "MEN ONLY" pour les bancs publics.
"La perfidie se trouve plus souvent chez des femmes que chez des hommes, elles sont déficientes dans leurs forces d'âmes et de corps(…). Pour ce qui est de l'intelligence et de la compréhension des choses spirituelles, elles semblent d'une nature différente de celle des hommes(…)Les femmes sont presque comme des enfants pour la légèreté de la pensée(…). Décrire une femme : un anneau d'or au groin d'un pourceau = une femme belle mais dépourvue de tact.(…) Elle est plus charnelle que l'homme, on le voit de par ses multiples turpitudes (…) Elle déçoit toujours (…) par nature elle a une foi plus faible.(…) Elle tenta Adam au paradis(…)FEMINA vient de Fe et minus car toujours elle a et garde moins de foi(…).
Lorsqu'elle hait quelqu'un qu'elle a d'abord aimé, alors elle brûle de colère et de jalousie(…) Elles se disputent entre elles, combien plus avec les hommes.(…)Ce duel pénible entre les femmes mariées et non mariées et les hommes."[4]
Quelle erreur fondamentale de défier les lois de la nature et les pulsions sexuelles en inventant le célibat des prêtres, des moines et des nonnes au détriment des victimes, d'abord les enfants victimes de pédophilie et ensuite cette haine du genre féminin, pourtant fidèle pour la masse des grenouilles de bénitiers ?
Les possédées de LOUDUN (1632-1634)
L'affaire de Loudun par exemple, bien étudiée par le sociologue Edgar MORIN, l'historien Jules MICHELET et d'autres psychosociologues, est un règlement de compte pour disqualifier l'Abbé Urbain GRANDIER qui aurait exprimé des propos séditieux à l'encontre du Cardinal RICHELIEU. Il va être accusé par l'Abbesse Sœur Jeanne des Anges, Mère du couvent des Ursulines avec la complicité des autres religieuses. Le canular tournera court puis sera repris sur l'instance de Jean-Martin de LAUBARDEMONT, conseiller du roi et homme de RICHELIEU. Le procès débute en juillet 1634, on fait parler les diables sous la question et GRANDIER sera brûlé vif le jour de son jugement le 18 août 1634.
La Mère supérieure va être par après une nouvelle fois exorcisée par le Révérend Père Jean-Joseph SURIN dont le modèle spirituel est Sainte Thérèse d'Avila. Les psychologues Gabriel LEGUE et Gilles de la TOURETTE sont formels au sujet de ce prêtre : " c'était une sorte d'illuminé et (…) un hystérique nettement caractérisé."[5] Pour Jean-Martin CHARCOT, la prieure de Loudun est sans équivoque, comme Sainte Thérèse, une hystérique. Les hallucinations visuelles construites à partir des fantasmes érotiques de la religieuse sont aujourd'hui une banalité pour la psychanalyse et l'ethnopsychiatrie.
Comme dans le cas des possédées de Loudun, les critères de possession ont des similitudes : on remarque des mouvements hachés et désordonnés, une contamination de la transe d'un ou deux individus au reste du groupe (hystérie collective), une abondante saponification de salive qui déborde de la bouche comme le symptôme de la rage, des voix différentes de celui ou celle qui est le possédé. Le culte de possession a été admirablement étudié par l'étude psychologique de cette extériorisation phénoménologique de la psyché par Georges LAPASSADE dans ses ouvrages "Transes".[6] et "Etats Modifiés de Conscience" [7].
Pour le psychiatre et psychothérapeute MALARAREWICZ, nous sommes partis d'une procédure anti-cathare pour asseoir – par la terreur – la dominance de l'église catholique et ce fut une répétition, un rodage pour l'Inquisition qui du XII au XVIII° a fait plus de 60.000 victimes en France.
Les victimes expiatoires étaient donc à l'époque des sorcières vieilles et décrépies qui ont passé de mode. La possession fut la deuxième époque avec un changement radical de statut car les possédées étaient non plus les instigatrices de Sabbat mais – de classes plus aisées – les victimes des démons.
Notons qu'un des sept démons [8] le léviatan est celui que l'on retrouve avec Carl Gustav JUNG dans le Hâta YOGA avec le chakra de l'eau, le calice féminin de la sexualité. De là le chemin est tout tracé pour que de possédées, les femmes névrosées deviennent des hystériques, une pseudo maladie qui a fondé la clinique psychothérapeutique et psychanalytique (premier ouvrage cosigné en 1886 par le Dr BREUER et S. FREUD[9] ), l'hystérie est déclarée aujourd'hui dépassée.
En 1633, le Père Joseph, moine capucin expliquait dans son écrit "Mémoires d'Etat" une hérésie venue d'Espagne : ALUMBRADOS (les illuminés ou quiétistes) une secte réfugiée dans les couvents de France car trop persécutée en Espagne. Elle propageait un doux poison, le QUI7TISME de MOLINOS : une folie d'amour mystique avec luxure pour le bas du corps. Sous Henri IV, les religieuses recevaient le beau monde, donnaient des bals, dansaient, recevaient dans leur cellule, etc.
Après la réforme du Concile de Trente appliquée par le Cardinal de La Rochefoucauld, jésuite, un seul homme pouvait entrer au couvent et dans les cellules, le prêtre confesseur. En réaction, nombre de religieuses devinrent furieuses d'amour physique. Les directeurs de conscience devaient être de marbre pour recevoir la confession de leurs faiblesses et de leurs langueurs. Ajouté à la pression de la pulsion naturelle, il y avait aussi l'ennui d'une vie monotone et répétitive au moment où le monde évoluait (l'imprimerie, les romans, les voyages,…). Avec le quiétisme, pour les religieuses, la partie supérieure est tellement divine qu'elle ne sait plus ce que fait l'autre ou encore l'adage "faire mourir le péché par le péché"(Quiétisme). Rappelons la table d'Emeraude d'HERMES TRIMEGISTE "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas" ainsi que JUNG commentant les chakras du yoga: la terre, l'eau, l'air sont aussi importants que le souffle (paroles et ouïe) que la pensée et la conscience.
Les moines capucins, récollets, carmes, dominicains, etc. souvent reclus et malpropres jalousaient, haïssaient le clergé séculier ayant contact avec le monde profane et les femmes. Richelieu permit un seul procès contre un curé magicien et ce fut l'affaire GRANDIER (possédé, dit-on, par Astaroth des dominants). Urbain GRANDIER est un prêtre libertin, lettré et agréable, élève des jésuites, écrivain, beau parleur et séducteur. Frimeur en chaire, il conquit - dans la partie catholique de cette petite ville Huguenote - les femmes en faisant presque l'unanimité des hommes contre lui. En effet, la nuit, il se glissait dans les demeures par les portes de derrière et "toutes lui furent à discrétion", nous dit MICHELET. La rumeur du séducteur courut et dans le couvent des Ursulines pour demoiselles nobles et pauvres, les nonnes rêvaient de GRANDIER, certaines le sentirent dans leur cellule, dans leur lit sans le voir la nuit.
Il fut accusé puis lavé de la calomnie au tribunal de Poitiers. La supérieure avait les stigmates du diable sur les mains et on s'aperçut qu'il s'agissait d'une peinture rafraîchie tous les jours. L'affaire rebondit avec la sœur supérieure et une sœur converse qui eurent des convulsions et jargonnèrent diaboliquement, puis d'autres les imitèrent, les moines les exorcisent par 3,4 dans deux églises, la foule y court et six filles de la ville seront également possédées (hystérie collective). Le roi de France y croit mais non le peuple de LOUDUN qui n'est pas dupe de ces sœurs parlant mal le latin et répétant le matin ce qu'on leur apprenait la veille.
de LAUBARDEMONT, conseiller du roi, fit alors entendre à RICHELIEU que le curé était un agent de Marie de MEDICIS. GRANDIER fut à nouveau confronté aux nonnes qui devant le public lâchaient la furie des sens avec des mots crus. RICHELIEU commit une erreur : il paya les exorcistes et les religieuses, ce qui exalta la cabale, les nonnes en firent trop. Après cette orgie de fureurs sensuelles et de cris impudiques, deux ou trois se prirent en dégoût et malgré le risque de représailles de l'église affirmèrent que GRANDIER était innocent et qu'elles avaient joué le diable. Rien n'y fit, on condamna GRANDIER au bûcher le 18 août 1634 ainsi que les 2,3 sœurs repenties.
Pour en finir avec le maléfice des Ecclésiastiques et des fous de Dieu
L'ennemi est en nous, la plupart de nos colères proviennent de la projection de notre amour-propre sur une parole de l'autre ou d'une frustration de nos sens. Au lieu de répondre et d'attiser le feu, soyons lucides et faisons preuve de compassion envers les sœurs de notre seule race humaine. En nous changeant, nous porterons ainsi témoignage qu'un monde de paix, de fraternité, de science et d'harmonie serait possible. Pour arriver à la sagesse, il faut toutefois vaincre nos passions animales dans leurs excès de façon à employer le temps qu'il nous reste de vie à la bien vivre.
Arrêtons de porter la croix de notre surmoi et de nous flageller de nos devoirs, arrêtons les jugements de valeur, les préjugés et les stéréotypes pour être comme la rose, sans pourquoi (HEIDEGGER). Arrêtons de nous lamenter sur nous-mêmes avec nos tracas et culpabilisations diverses qui sont du passé et donc passées, le cercueil (la peur de la mort) comme la croix sont en bois sur lequel on se couche. Arrêtons avec les sacrifices de toutes sortes et tendons la main à ceux qui sont dans le besoin, rions et donnons, ouvrons notre cœur pour y faire fleurir la connaissance qui combat l'ignorance, presque toujours méchante. Redressons-nous pour voir la sagesse et la force de la nature et ce qui en fait sa beauté. Soyons intelligents et lucides avec générosité et tolérance, vivons debout selon notre éthique du monde et notre liberté de pensée.
Vivre debout, c'est choisir de n'avoir au-dessus de nous que le ciel étoilé (KANT) et comme volonté, celle de travailler à l'unité du genre humain quel que soit son sexe en privilégiant ce qui rapproche plutôt que ce qui divise (la discrimination des genres sexuels féminin et homosexuel) Faisons le projet de dialectiser nos petitesses en prenant le parti du bien et du vivant contre le mal et le dogmatisme, de nous battre – sans haine, ni violence – pour la liberté de pensée, de conscience et d'expression étouffées par les forces d'oppression politiques, militaires et surtout religieuses. Et enfin engageons-nous à apporter aide et assistance (morale ou matérielle) à celles ou ceux qui sont dans la détresse morale ou physique et vivent sous la terreur d'un Diable créé par Dieu sait qui.
III. JUNG, le "numineux" et l'ombre de nous-mêmes, notre double
""La société est un échelon intermédiaire sur le chemin de l'individuation : on confie encore à une organisation collective le soin de se laisser différencier par elle; c'est-à-dire que l'on n'a pas encore discerné qu'à proprement parler c'est la tâche de l'individu, de se tenir sur ses propres pieds et d'être différent de tous les autres.(…) (mais) il serait erroné de considérer ce degré intermédiaire comme un obstacle; il représente au contraire, et encore pour longtemps, la seule possibilité d'existence de l'individu qui, aujourd'hui plus que jamais, se retrouve menacé d'anonymat. Cette appartenance à une organisation collective est si importante à notre époque qu'avec un certain droit elle paraît à beaucoup être un but définitif, tandis que toute tentative de suggérer à l'homme l'éventualité d'un pas de plus sur la voie de l'autonomie personnelle est considérée comme présomption ou défi prométhéen, comme phantasme ou impossibilité."[10]
Hypothèses
JUNG, Dauphin de Freud poursuit l'œuvre de son mentor en n'arrêtant pas arbitrairement une analyse à la seule durée d'une vie et – comme les bouddhistes- évoque une 8ème conscience qui serait archaïque et collective à l'humanité. C'est également l'hypothèse de Maria TOROK et Nicolas ABRAHAM [11] celle que nos ancêtres sont inscrits dans notre inconscient et peuvent se manifester sous forme de fantômes (soit des problèmes psychiques non résolus datant d'une autre époque repris par loyauté familiale par le sujet).
En 1911, Freud crée l 'AIP, Association Internationale de Psychanalyse, il en exclura tous les membres (y compris Ferenczi et Jung) sauf sa fille Anna et son biographe américain Jones et régnera seul sur cette discipline de recherche pendant près de 100 ans. Seul LACAN revivifiera l'approche du maître de façon significative. Pendant ce temps, une autre psychologie, celle de Pierre JANET deviendra l'orientation du collège invisible de Palo Alto (WATZALWIK, BATESON, ERICKSON,…).
Carl Gustav JUNG (1894-1964) était, dit la rumeur, le fil naturel de Wolfgang GOETHE le poète. Le grand-père de JUNG s'appelant aussi Carl Gustav était Pasteur et Franc-maçon[12] en Suisse sur les bords du lac de Constance. Jung Jr fut un temps le dauphin de Freud pour la direction de la psychanalyse puis leurs vues se séparèrent. Pour Freud, la libido est la sexualité et pour Jung la libido, est la pulsion de vie (y compris la sexualité), ce que SCHOPENHAUER appelle lui le vouloir-vivre. Dans la tour de Bolligen où il vécut ,Jung traça de nombreux mandalas de sa propre inspiration ou de sources tibétaines ainsi que des outils et des symboles alchimistes. Selon son autobiographie remarquable (Ma vie), il se définit lui-même comme scientifique (dans ses recherches) avant que d'appartenir à la communauté chrétienne (dans ses convictions). A l'époque où Freud rééditait son best-seller, "L'interprétation des rêves"(1899,1900), Jung soutenait sa thèse de doctorat sur les phénomènes dits occultes. IL ne fait pas mystère des ses valeurs, similaires à celles de son père Johann Paul Achille Jung Sr, franc-maçon écossais, chevalier de la Rose-Croix : liberté, égalité, fraternité, universalisme, tolérance, laïcité, refus du despotisme et des dogmes, éloge de la raison et du pragmatique. Les rituels ne sont que des démarches symboliques pour atteindre par divers passages une transformation spirituelle du sujet que celui-ci mène seul. Même si JUNG Jr parle beaucoup d'alchimie, il ne s'agit plus de transformer du plomb en or mais de métamorphoser le sujet en une personne humaniste et socialisante.
Pour JUNG, c'est une voie visant un processus d'individuation sur un sujet, l'harmonie physique et psychique d'un individu singulier pleinement réalisé et ayant rejoint son centre au plus proche de Soi. Le travail de ce formateur-thérapeute est l'autoquestionnement de notre être pour aboutir à le délivrer de ses propres démons. Jung refuse tous les dogmes et les systèmes définis une fois pour toutes, y compris "l'analyse jungienne".
INDIVIDUATION " Processus par lequel un être devient une unité autonome et indivisible, une totalité".[13] Soit la forme de notre unicité la plus intime, la réalisation du Soi, rebelle à toute comparaison.
Jung a comme chemin le labyrinthe, il conserve l'œil de RÂ (Rê), la pierre brute, le soleil et la lune et il opère une synthèse avec le TAO et le YOGA, la spiritualité immanente de l'humanité par l'acceptation consciente des contraires avec la valeur de l'éthique. La psychologie des profondeurs de JUNG interroge le sens de la vie avec une orientation anthropologique tirant l'énigme de la mort vers le sacré de l'homme.
L'œuvre de JUNG est luxuriante comme une forêt primaire non prospectée et "border line" car, comme il s'avance aux limites de la compréhension humaine, il fleurte parfois avec la parapsychologie (du mouvement théosophique de Mme BLAWETSKY), des voies de garage démontées depuis. Tout en se définissant comme scientifique, il fleurte également avec les religions archaïques et fit appel à ses fantômes ancestraux (les 7 sermons sur la montagne), ce qui correspond aujourd'hui à la technique de la psychogénéalogie.
L'individu a deux capteurs, la perception et la projection et l'individu a une évolution endogène critique, c'est l'ouverture grand angle de ses potentialités, c'est un fil rouge, une échelle de spéléologue pour descendre dans les grottes de l'âme, c'est aussi une mise à plat des complexes pour les analyser et accéder aux "numineux" de nous-mêmes. Il y a la relation de face à face avec l'autre, le dialogue et le respect des silences qui parlent et la dimension méta-groupale qui relie toutes les cellules de l'humanité. C'est bien cela l'EGREGORE de JUNG, une secrète alchimie fraternelle comme si le groupe rassemblé était aussi un être collectif immatériel et affectif composé des parties des membres du groupe. Ce ne sont pas les rituels humains par eux-mêmes qui sont intéressants mais le fait qu'ils constituent des épreuves qui soudent et développent une spiritualité humaniste, un sacré sans Dieu. Lacan dirait que ce n'est pas le signifié qui importe mais le signifiant. D'un côté, il y a le stade du miroir où le compagnon a vu le vrai visage de Dieu et de l'autre, il y a la salle humide et les agapes où les frères n'ayant en principe rien de commun peuvent boire, chanter, ripailler et rire ensemble. Au bout d'une décennie peut-être, on s'aperçoit que les pompes des rites ne valent rien sans les pompes à bière.
Le chaman et le psychothérapeute
Dans le monde des sorciers et des chamans, le phénomène d'ubiquité est récurrent. Par exemple, si un sujet perd son âme, le guérisseur chaman se placera en catalepsie (variante de la transe) pour lancer son double à la recherche de l'âme de son patient, en voyageant aussi bien dans les mondes d'en-haut que dans les mondes d'en-bas.
Cela est parlant avec nos concepts d'inconscient où le psychanalyste ou le psychologue clinicien essayent que le sujet forclos (fixé sur un moment répétitif) se remémore l'évènement pour l'intégrer au-delà de son effroi provoqué. Les doubles ne sont pas que des ombres portées du soleil, ils ont aussi pour les praticiens du rêve leur propre vie et lorsque l'on perd son double invisible, l'image du Soi ne se reflète plus dans le miroir. Le sujet perd sa propre estime et est victime d'une grande lassitude; il est capté disent les sorciers, il est en "grosse fatigue", en dépression ou en burn-out, diraient les psychologues.
D'où vient la compétence du chaman ? Du fait qu'il a été lui-même perturbé psychiquement ou socialement et cela lui donne une sensibilité du cœur pour l'aider d'abord à restructurer ses marques, à retrouver sa propre âme, son double pas toujours positif (comme le côté ombre de l'inconscient) avant de se consacrer à soigner tous les autres de la communauté. En Afrique, dans un village, lorsque la mort d'un jeune du clan est inexpliquée, on va chercher dans sa famille quelle personne aurait pu le jalouser au point de souhaiter sa mort. Lorsque le sorcier Nganga l'a identifié, il convoque la personne pour l'informer que son double a commis un crime et qu'il doit participer à une cérémonie de purification. Ne jetons pas l'enfant avec l'eau du bain à partir de notre carré cartésianiste car si l'inconscient est dans les forces externes de l'animisme en Afrique, il est chez nous dedans notre moi-peau et nous pouvons souffrir de possession ou de personnalités multiples comme si, au sein de notre enveloppe corporelle, deux âmes dialoguaient : notre ange gardien et notre démon pour imager l'importance de ce mal à être qui est refoulé hors de la conscience.
L'identification du SOI
Les bouddhistes disent que nous avons six consciences qui constituent notre illusoire ego : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher et la pensée. Notre 7ème conscience correspond à l'inconscient freudien : le refoulé. Mais ils parlent aussi de ÂLAYAVIJNÂNA (conscience "base-de-tout" ou conscience fondamentale[14]), la 8ème conscience qui serait une conscience neutre et impartiale en nous et en reliance avec les autres vivants, là où les semences d'une pensée positive ou négative peuvent germer. Dans la clinique de Jean-Martin CHARCOT, c'est peut-être cela que l'on nommait la possession et les doubles personnalités, ce que MORIN appelle les démons ?
C'est en tout cas l'autre de la personne ("Je est un autre" dit Arthur RIMBAUD) que les hypnotiseurs, à la suite d'ERICKSON (psychologie systémique : autohypnose), convoquent après la mise en veille du moi conscient. C'est également à l'entité sensée posséder le migrant que l'ethnopsychiatre s'adresse et qu'il questionne pour lui demander de sortir de la conscience primaire et ainsi libérer le sujet (qui écoute) de son effroyable sensation d'abriter aussi une autre personne sous son moi-peau. Ces perturbations psychiques arrivent lorsque le cerveau est en surchauffe, en suractivité compulsive et cet état hyperactif peut avoir des conséquences lourdes dépassant la névrose comme la catatonie ou la psychose de la schizophrénie avec un sujet qui entend des voix et voit des hallucinations.
Les méthodes spécifiques
Psychogénéalogie
Je fais l'hypothèse que JUNG avec son concept d'inconscient archaïque et ses connaissances orientales avait assez d'éléments pour critiquer le maître FREUD à propos de la LIBIDO qui n'était pas seulement pour lui la pulsion sexuelle mais bien plus, englobant l'élan de vie, le vouloir-vivre, l'énergie psychique, avons-nous dit. Notre 8ème conscience a un côté ombre et un côté lumière et représente plus que les rôles et statuts que nous avons choisis pour masquer notre être de la personnalité (persona = le masque). Elle est le Soi immanent de l'être.
Par exemple, l'autohypnose invite le sujet à se détendre, à se relaxer et l'intervenant est en face à face avec la même posture, les mêmes attitudes ainsi qu'une voix douce et apaisante. Lorsqu'il demande au sujet de concentrer son regard sur la lumière d'un pendule, c'est surtout pour court-circuiter le cerveau gauche logique qui n'arrête pas de penser de façon occupationnelle. Le pendule est un leurre pour capter l'attention, l'intervenant demande au sujet de fermer les yeux et opère quelques vérifications simples comme lever un bras, le sentir lourd, etc. Puis il s'adresse à l'autre de la personne comme s'il était physiquement présent et lui demande de répondre, pour parfois négocier poliment son départ s'il s'agit d'un fantôme, soit une autre tactique que celle des exorcistes catholiques effrayés qui exigeaient l'épreuve de force (VADE RETRO SATANA !).
Avec Nicolas ABRAHAM et Maria TOROK, l'option JUNG est privilégiée sur celle de FREUD, critiquée sans ambiguïté : comment une vie pourrait-elle commencer à notre naissance et finir à notre mort. Nous grandissons dans une famille qui parle et nous allons parfois capter des bribes de secrets de famille, tabous qui deviendront nos fantômes. Parfois, nous portons en nous une problématique enfouie non résolvable par la psychanalyse impuissante à faire ressortir les frasques de ce fantôme qui nous affecte. La psychogénéalogie avec THOVERON, ABRAHAM, TOROK, RAND, DUMAS, etc. va utiliser le génosociogramme de Vincent de GAULEJAC ou d'Anne ANCELIN SCHÜTZENBERGER pour remonter 8 générations dans l'histoire de la personne.
Méditation et mandala
JUNG s'intéresse à la psychologie bouddhiste (Abi-dharma) par l'étude des mandalas. Le mandala est un palais symbolique souvent en carré, entouré de cercles avec quatre portes au centre de chacun des côtés et un Bouddha dit transcendantal et que nous pouvons lire symboliquement avec les émotions humaines, le mandala étant une projection du Soi. En effet, chacun des Bouddha est le symbole d'une qualité de vie complétée de son défaut correspondant pour nous faire réfléchir sur le temple que nous sommes.
Pour ne pas compliquer et disperser l'attention, je ne nomme pas les 5 Bouddha mais leur situation géographique. A l'Est, il y a celui de la sérénité, de la paix de l'âme (ataraxie) et son contraire la colère et son élément est l'eau (féminin); au sud, il y a la perception fine et son contraire l'arrogance (avec la terre, élément féminin); à l'ouest, il y a la conscience Awareness dite profonde et son contraire la passion (le feu, mâle); au nord, il y a l'action juste et la jalousie (la possession d'un autre)(l'air, mâle) et enfin au centre, il y a la connaissance du savoir-être et son corollaire l'aveuglement.
Les gens pauvres d'esprit confrontés à un problème sont malheureux car les choses ne s'agencent pas selon leur désir et donc leur incompréhension les ramène à la première porte et à la colère contre le monde. Ainsi le premier travail du formateur (ou du thérapeute) sera d'analyser les fondements de cette colère (qui peut aussi certes résulter d'un Q.I. trop bas).
Les stratégies et les tactiques sont les boîtes à outils des intervenants psychosociaux et leur appartiennent en propre. Restons donc sur les grands principes méthodologiques compris par JUNG, ce chercheur permanent. Avec la méditation, il est proche d'un bouddhisme dit de virtuose (pour érudits) et il va alimenter sa réflexion aussi bien avec le zen qu'avec les UPANISHADS, le YOGA ou le bouddhisme tantrique.
Lorsqu'on évoque le terme yoga, on pense à une gymnastique compliquée pour Jane FONDA ou pour les fakirs (SHADU). Je ne suis capable d'aucune performance physique et je ne pourrais pas, comme les SHADU attacher une pierre à mon pénis et la faire tournoyer. Si je dois déplacer une pierre, je me servirai de mes mains, de mes bras et de mon esprit. Le YOGA n'a rien à voir avec ces tours de cirque, il s'agit de la maîtrise du souffle et du réveil de l'énergie vitale (la Kundalinî). Les 6 chakras du corps des yogistes sont des anneaux de force dans lesquels passent trois méridiens du corps en parallèle à la colonne vertébrale.
L'énergie de latence KUNDALINÎ est enroulée comme un serpent au fond de nous (le périnée). Pour que le sujet accède à la connaissance du macro-cosmos, il faut qu'il déploie son micro-cosmos et se libère de ses aliénations propose le HATAYOGA.
La KUNDALINÎ représente l'énergie féminine "enroulée" dans chaque être humain (ainsi que dans chaque atome). Cette énergie peut demeurer en sommeil toute l'existence d'un sujet sans qu'il en prenne conscience. LA KUNDALINÎ-SHAKTI (énergie féminine enroulée) doit rejoindre SHIVA dans notre tête : la reliance du corps (dynamique) et de l'esprit (statique). Au départ, c'est le serpent replié en trois cercles et demi et qui se mord la queue et s'enroule à la base du linga (pénis).
Il est inutile de chercher les canaux ou les chakras au scanner, il s'agit du corps dit subtil de notre double distinct de notre corps physique. L'enveloppe physique du corps est la force physique universelle de la terre de l'eau et du feu, les éléments air et éther ouvrent à la dimension cosmique.
Les trois canaux méridiens ou NÂDÎS sont composés du canal central SUSHUMNÂ et de chaque côtés; à gauche, IDA le Nadî blanc lunaire (féminin) et à droite, PINGALA le nadî rouge solaire (masculin)
Le premier chakra est à la base de la colonne vertébrale au périnée : lorsque l'énergie aura remonté l'ensemble du corps et arrivera entre les sourcils, SUSHUMÂ s'éveillera.
La méditation consiste à se concentrer sur l'immobilité du corps et la régularité du souffle tout en pratiquant des respirations profondes oxygénant l'ensemble de notre corps. Inspiration – rétention du souffle – expiration (1 : 4 : 2). On inspire l'air lentement par la narine gauche reliée à IDÂ tout en fermant la narine droite du pouce, on retient son souffle puis on expire, puis on fait de même avec la narine droite reliée à PINGALA.
La KUNDALINÎ s'éveille et se déroule et entreprend son ascension perçant les chakras comme un serpent de feu. Le but symbolique de la réunion de SAKHI et SHIVA est le SAMÂDHI ou l'enstase (l'union). Avec la montée de l'énergie, l'être devient plus ouvert, non limité, les portes liant le conscient et l'inconscient s'ouvrent. Jung a une image pour ce voyage interne : la spirale s'élevant sur un cône.
Le premier chakra que transperce l'énergie est celui de la terre (un carré jaune) à la base de la colonne vertébrale au niveau du sacrum. Au centre du carré, un triangle inversé représente la Kundalinî non manifestée. C'est la résistance et la solidité de l'élément terre, correspondant à l'odorat et ayant pour symbole l'éléphant.
Le deuxième au-dessus des organes génitaux est l'élément eau (un croissant de lune). C'est VISHNU (bleu foncé) symbolisant la force vitale imprégnant l'univers, l'animal support est le MAKARA vert (comparable au LEVIATHAN des 7 démons, et aussi au crocodile), ce chakra gouverne le principe du goût.
Le troisième est au plexus solaire, c'est le feu, le triangle rouge inversé, c'est la force qui chasse la crainte, c'est SHAKTI. C'est la vue, la flamme, la lumière et l'animal symbole est Agni, le bélier rouge.
Le quatrième "non frappé" est au niveau du cœur, un triangle doré avec le linga. Ce chakra jaune est associé à l'élément air, au toucher et au souffle vital. Son animal symbole est la gazelle, le vent, la légèreté de la substance physique.
Le cinquième est au plexus rachidien, derrière la gorge (larynx) avec SHIVA en blanc et SHAKTI en doré. Ce chakra est celui du son et de l'ouïe, il est associé au souffle vital et au cosmos. Son animal est l'éléphant blanc à six trompes.
Le sixième est entre les sourcils et est "commandement"(le lotus à deux pétales), il gouverne toute la personnalité. Un triangle inversé blanc comme la lune referme le linga et donc SHIVA-SHAKTI en YAB-YUM (père-mère accouplé).
Ce chakra siège des facultés cognitives génère des images mentales abstraites, c'est là que cesse la dualité entre les contraires. Les nadîs latéraux séparés se rejoignent dans SUSHUMNÂ à ce niveau.
Un septième chakra est situé hors du corps, le lotus aux mille pétales légèrement au-dessus de la tête est la rencontre fusionnelle de SHIVA et SHAKTI, c'est le cercle de la conscience cosmique et de la réunification de tous les contraires sans transcendance mystique.
Les chakras sont une théorie symbolique de la psyché, une connaissance intuitive des portes pour comprendre au-delà de l'espace et du temps la perspective cosmique.
Pour conclure avec JUNG, la psyché devient une totalité équilibrée lorsque le lien est fait entre pensées, sentiments, sensations et intuition. Il y a la cohésion-inertie de la terre (le socle) et l'eau, des énergies qui tendent à s'écouler vers le bas et le feu mouvement qui consume vers le haut, ainsi que l'air qui évolue dans toutes les directions (l'atmosphère, l'espace, le transporteur de son et de la pensée) puis l'éther où tous les éléments fusionnent. L'individuation sera donc de dépasser les contraires dans chaque chakra agissant sur le sujet, d'équilibrer les forces aux niveaux inférieurs puis de progresser vers les niveaux supérieurs de l'harmonie.
Tantrisme
Le tantrisme de la main gauche stipule que l'on ne peut dépasser les passions/désirs que si on les a préalablement vécus. Ainsi après des agapes de vin, de viande, de poisson et de céréales séchées, les adeptes pratiquent-ils l'union sexuelle pour parvenir à la libération spirituelle.
Le rituel du tantra-asana avec un partenaire de sexe opposé prévoit un lien calme et serein. Les adeptes se baignent, s'habillent et méditent avant de copuler. "L'homme et la femme se retrouvent l'un dans l'autre et chacun est ainsi relié à son propre Soi, ils représentent les principes opposés (SHIVA-SHAKTI) et parviennent à une conscience existentielle par le cercle. Notons que cette union entre le soleil et la lune doit se consommer sans éjaculation, soit l'arrêt des souffles et le retour du semen." (Mircea ELIADE, Le YOGA). Ce retour des éléments dans le corps produirait (?) une force indéfinissable ou OJAS. L'OJAS rendrait le cerveau de l'homme plus fort , plus solide sur le plan intellectuel et spirituel. Nous employons le conditionnel car nous ne pouvons être en accord avec cette spéculation où, dans ce cas, la femme serait simplement instrumentalisée.
Le TAO de JUNG : ANIMA/ANIMUS
"Si l'explication avec l'ombre est l'œuvre de l'apprenti et du compagnon, l'explication avec l'anima est l'œuvre du maître."[15]
L'ANIMA est l'image intériorisée de la femme que l'homme porte (un conglomérat héréditaire inconscient de toutes les femmes et mères). L'ANIMUS est l'image intériorisée de l'homme que la femme porte en elle, une image de l'homme idéalisé qu'elle projette inconsciemment sur les hommes aimés, soit un nœud pas triste de l'inconscient collectif. L'homme est facilement satisfait mais la nature humaine veut que nous changeons tous et dès que son élue se transforme en dominante, il n'ose rien lui-dire et va voir ailleurs. La femme est rarement satisfaite car le prince charmant idéalisé n'existe pas. Un ami m'a envoyé une blague d'internet que je transmets de mémoire pour illustrer : un magasin offre sur 6 étages le mari idéal. Attention, dit la consigne, après le 6ème, vous serez expulsée du magasin. Une femme entre et voit un prototype beau, c'est OK mais insuffisant; au deuxième étage, elle voit un prototype beau et gentil, certes …; au troisième étage, elle voit un prototype beau, gentil et intelligent; elle passe au quatrième où le prototype est beau, gentil, intelligent et tendre/attentionné; au 5ème l'homme beau, gentil, intelligent, tendre/attentionné, qui s'occupe bien des enfants et du ménage et qui est romantique. Elle se retrouve au sixième étage où elle expulsée, sans avoir réussi un choix. Un homme va dans le magasin correspondant et le prototype est une femme sexy, il hésite; puis au deuxième où le prototype est sexy et cordon bleu et il ne dépassera pas le deuxième étage.
L'animus engendre des opinions spontanées non préméditées, nous dit JUNG, alors que l'anima engendre des sentiments, de la tendresse. L'animus se projette sur des personnalités, des héros, des artistes de la chanson et autres alors que l'anima s'empare de ce qui chez la femme est désemparé, obscur, vide, incapable de relation. L'anima de l'homme cherche alors à rassembler, à unir (il est polygame) et l'animus de la femme cherche à différencier, à reconnaître, il lui faut un chasseur pour pouvoir élever ses enfants en sécurité.
Cette spécificité sexuée des inconscients crée, au plan de la réalité consciente, des situations conflictuelles souvent du chef de la femme. Des femmes mûres en séminaire histoires de vie veulent toutes trouver un homme pour refaire un bout de chemin ensemble et rarement le contraire; les hommes n'ayant plus le feu imbécile de la libido (freudienne) préfèrent la solitude et le détachement tout en regrettant l'affection mais qu'ils trouvent trop compliquée dans le relationnel avec les femmes Pour les vieux, si auparavant le sexe dominait tout, lorsque la testostérone s'estompe, ils deviennent plus critiques, plus sages, dira-t-on pour enrober.
La femme se fait avec l'homme et avec le masculin qu'elle rencontre en elle-même. Pour JUNG, la trinité catholique est incomplète si on n'y intègre pas Satan (l'ombre). La relation est quaternaire entre l'homme et son anima et la femme concrète, de même la femme et son propre animus lorsqu'elle rencontre l'homme.
Le soleil du YANG est le feu qui peut dessécher s'il est trop chaud mais sans le soleil, tout pays est paralysé par le froid. La lune est YIN passif, l'eau, l'humidité et la nuit qui accueille la lumière du yang. Soit une dialectique actif-passif, jour-nuit, père-mère, droite-gauche, midi-minuit, Osiris-Isis, etc. La lutte des contraire se dépasse dans l'union SYZYGIE, les deux archétypes se répondent dans un mouvement à la fois constructeur et destructeur (SHIVA et SHAKTI), c'est le SAMSARA des bouddhistes, c'est MAYA la génératrice des illusions. C'est l'imago de la mère qui à la fois engloutit et protège et ainsi fabrique les "vieux garçons" qui reculent devant l'individuation et/ou se replient sur l'homosexualité narcissique masculine. Notons à ce propos que depuis 1789 et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (ONU, 1948), chacun, adulte responsable vit sa vie comme il veut, n'en déplaises à certains Etats théologiques et d'autres qui promulguent des lois anti-homosexuelles. En Occident, l'homophobie est un délit.
Il n'y a jamais de vérités absolues, elles sont toujours relatives et donc quel que soit mon parti-pris pour JUNG, reconnaissons l'important adage de FREUD : "Là où est le ça, il me fait advenir !". Cela signifie observer les phénomènes inconscients avec lucidité et réserve car libérer la part de l'ombre et du refoulé serait dangereux pour l'humanité (cf. le passage à l'acte des psychopathes). Il faut donc à la fois vivre la sexualité et le relationnel affectif et à la fois s'en détacher par exemple par la sublimation (la recherche, la création).
La conscience de l'homme, dit JUNG, est le logos et celle de la femme l'éros, la relation (la nature cognitive et la nature liante), mais comme nous savons aujourd'hui que l'hémisphère gauche logique et l'hémisphère droit intuitif sont présents aussi bien chez l'homme que chez la femme, on pourrait envisager une évolution positive de l'humanité par une métacommunication des partenaires. Si les conflits de couple sont activés par les inconscients complexes de l'amour (PHILIA) et de la haine (NEÏKOS), dénouer les projections devient une nécessité pour grandir et s'émanciper (de la mère et du père qui sont en chacun de nous). Voir l'ombre, c'est le projet utopique mais indispensable de rendre conscient l'inconscient personnel et puis de lâcher-prise avec les relations qui nous brisent.
L'intelligence, une composition de raison, d'intuition, d'émotions et de création
"Une expérience qui consiste à prendre conscience intensément du fait que nous faisons partie de la nature, qu'en ce sens nous sommes nous-mêmes cette nature infinie et indicible qui nous englobe totalement."(HADOT[16])
Lorsqu'en 1911, on demandait à Alfred BINET "qu'est-ce que l'intelligence ?",il répondait avec fatuité : "c'est ce que mesure mon test Q.I.", soit le test du Quotient intellectuel de Binet-Simon[17] où on ne distinguait pas le verbal et le non verbal (l'éducation familiale soit l'éducation normative, de la transmission scolaire des compétences, donc on évaluait le quotient culturel de la famille et non de l'enfant). Par après en pédagogie, la structure de l'intellect de GUILFORD[18] a dénombré 120 items de l'intelligence pouvant se combiner entre eux (la fluidité, l'originalité, la flexibilité, etc…), la taxonomie de BLOOM[19], plus pragmatique fut également appliquée en six étapes :
- la connaissance partagée avec le monde animal, (mémoire),
- la compréhension des phénomènes y compris abstraits (compréhension),
- la capacité à résoudre des problèmes nouveaux à partir des échelons précédents (l'application),
- la capacité d'analyser une situation complexe (analyse),
- pour en déterminer les principaux axes principaux à traiter (synthèse),
- la compétence de réaliser un choix à partir de la raison et en se servant de l'émotion (l'esprit critique).
Notons que les computers sont mille fois plus rapides qu'un cerveau humain pour calculer mais incompétents pour faire des choix car ceux-ci sont déterminés par le cerveau (droit – yin) alors que l'ordinateur n'est qu'analytique (Yang). Le temps où l'on assimilait l'intelligence à la capacité mnésique est révolu, c'est le temps de "rain man" et, de même, instruction scolaire et diplôme ne veulent pas nécessairement dire performance cérébrale opérationnelle car l'esprit critique signifie dépasser nos dogmatismes, préjugés et stéréotypes pour appréhender ce qui ne sera jamais qu'une partie du réel gauchie par l'espace temps et nos déterminismes.
Une étoile qui implose dans le cosmos, une éruption solaire, un météorite qui s'écrase sur la terre, c'est du mouvement[20] qui crée de l'énergie par frottement (sauf dans le vide sidéral où il n'y a pas de résistance), l'étincelle sur terre de la nature et/ou du vouloir-vivre, dirait SCHOPENHAUER[21]. Ces étincelles d'étoiles de photons de lumière, de feu et de chaleur rencontrent la matière passive (mais non inerte) le substrat de la terre. La terre, comme la lune, froides et non réchauffées (signes femelles) ne sont pas des matières inertes mais "ce qui est en bas (HERMES) et va répondre à ce qui est en haut" dans une interdépendance complexe.
Par exemple, la plantule se sert de la terre pour y fixer ses racines et en pomper des nutriments; avec la chlorophylle, elle se sert du rayonnement solaire pour la photosynthèse par ses feuilles qui vont transformer l'anhydrite carbonique (CO2) en O2 nécessaire à la vie aérobie. Mais si seuls ces deux éléments de base - la terre et la chaleur du feu - existaient, il n'y aurait pas de plantule car elle a aussi besoin de l'eau de pluie qui nettoie ses stomates et ses feuilles des poussières en général et solubilise les nutriments du sol; elle a besoin du vent pour, une fois mature, propager ses graines et de l'air (qu'elle fabrique en partie) pour elle-même respirer. Le Grand Pan, divinité symbolique de la nature, n'est pas mort, la nature est interdépendante et a besoin de tous ses éléments pour construire des qualités émergentes d'adaptation (évolutionnisme). Si nous n'appréhendons pas le phénomène du haut de sa complexité, nous ne pourrons le comprendre. Je prends souvent cet exemple d'un martien positiviste qui, armé d'une fine tronçonneuse, débite un humain en tranches pour l'étudier : il aura de la bouillie d'organes et des tranches de viande mais il ne comprendra pas l'humain vivant car trop près de son objet d'étude, il le tue. Un foie ou un estomac doivent s'appréhender dans leur fonction d'organe spécialisé du corps à une certaine distance pour voir le tout fonctionnant.
Il en va de même de la matière, ce qui nous apparaît solide est en fait constitué d'atomes mouvants avec beaucoup de vides interstitiels. Nos yeux voient la substance matérielle mais nous la connaissons peu. Certains ont inventé un monde subtil pour la spiritualité et qui, paraît-il, repose sur l'air de l'imaginaire pour les matérialistes. Toutefois, nous devons bien admettre que le mystique comme l'athée ont un système de représentation fondé sur la croyance en leur bon choix. Entre ces extrêmes (la spiritualité et le matérialisme), nous voudrions défendre un espace pour l'analyse de la psyché. Depuis Wilhelm WUNDT (1882-1920) et William JAMES (1842-1910), nous avons dépassé la seule introspection suspecte pour mesurer nos observations et les comparer aussi en psychologie. Les grecs appelaient psyché l'âme; la psychologie, c'est comment accéder à la spiritualité laïque à partir de ce qu'on est. La spiritualité, ce sont des valeurs universelles de l'humanité potentiellement accessibles à tous les hommes (tout homme est porteur de spiritualité)
Le psychisme peut se donner à voir par des mécanismes de défense (obsession, phobies,…) mais nous devons aussi reconnaître humblement que l'inconscient reste hors de portée de la conscience. Pour l'instant, on peut dire que la psyché est une réalité autonome énigmatique; comme un iceberg, seul une dixième est visible à la surface et de même, par rapport à nos potentialités cérébrales, nous en ignorons les trois quarts.
René GUENON[22] est un intellectuel mystique qui se lit agréablement mais chatouille, l'air de rien, certains concepts qui n'ont pas le même sens pour tous. L'agnostique est celui qui n'a aucune preuve de Dieu et réserve son avis, l'athée est une personne qui, constatant qu'il n'y a aucune preuve de Dieu depuis des millénaires, ne croit en rien mais cultive la tolérance vis-à-vis des gens qui ont besoin d'un système de consolation. Notons qu'il existe des athées rabiques tellement têtus qu'ils développent ainsi une croyance : la certitude que ce qui n'est pas connu n'existe pas. La physique quantique s'interroge sur les plus petites particules de matière, s'agit-il d'ondes ou de corpuscules ou bien d'une alternance ?
Nous avons évoqué l'énergie des masses en mouvement (météorites, gravitation) et de la substance passive de la terre et des roches qui les reçoivent mais jamais comme René GUENON de substance inerte. Au contraire, la terre fait partie de la fleur et vice versa de la même manière que, dans notre monde technique, les marteaux piqueurs et les foreuses utilisent de l'énergie pour exploiter encore plus d'énergie fossile(les hommes sont des apprentis-sorciers responsables du réchauffement accéléré de la planète); autrement dit, cette matière passive est mise en mouvement pour donner de l'énergie cinétique principalement et ne reste jamais "inerte" mais au contraire a toute une vie y compris lorsque les rejets de molécules de CO2 se combinent avec l'O2 pour former de l'Ozone 03 et le dangereux oxyde de carbone (CO).
Nous ignorons beaucoup de choses sur l'objet physique de la matière (substance) et plus encore sur l'objet psychique puisqu'il échappe à l'arbitraire de l'invention humaine (des religions) comme de la manipulation mentale de la conscience et ses racines plongent dans l'ombre de l'inconscient.
JUNG[23] a noté que des thèmes mythologiques étaient partagés dans le temps et l'espace par l'ensemble de l'humanité quelles que soient les civilisations. Il a nommé cet imaginaire collectif : les ARCHETYPES comme par exemple l'âme féminine ANIMA qui est aussi chez l'homme. Selon la philosophie chinoise du TAO, l'ANIMA (Po et Koui) est considérée comme la partie féminine de l'âme. Sans glisser dans des projections métaphysiques transcendantales, pour JUNG, l'ANIMA dans l'histoire humaine se présente comme la SYZYGIE[24] divine du mâle (Yang) et de la femelle (YIN) en Janus. Dans les mythologies primitives, ces Janus aux sexes complémentaires sont tout aussi présents que l'homme et la femme dans notre quotidien.
Définissons le concept de "projection" : il s'agit d'un phénomène inconscient et automatique par lequel une pensée dont le sujet n'a pas conscience est transférée sur un objet. Par exemple, ce n'est pas l'image consciente des parents ni leurs conseils qui sont engrammés chez les petits de moins de 4 ans mais le reflet de l'imago du père et de la mère lors de la prime enfance et refoulé parce que incestueux. Notons que l'acte de refoulement lui-même doit aussi s'effacer de la conscience pour qu'il ne persiste aucun souvenir de la réaction morale refoulante. Pour faire simple, on peut dire que c'est l'inconscient des deux parents qui s'imprime dans l'inconscient de l'enfant.
Petit excursus sur les diverses variantes de cet archétype anima/animus : mes maîtres grecs sont tous pour la complémentarité des contraires par le mouvement. "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, disait HERACLITE, tout coule !". Mais également le chimiste français Antoine de Lavoisier disait : "Sur terre, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme".
Et de même, l'axe de nos présentes réflexions, JUNG, selon les époques, a parfois des envolées mystiques (son père et son grand-père étaient Pasteur) mais affirme toujours sa volonté inébranlable d'être un psychologue scientifique et parle des forces complémentaires de la nature avec le YIN et le YANG et non d'une unicité de puissance transcendantale.
Ceci signifie que les phénomènes dont on ne voit ni ne constate les effets sont probablement le fruit de notre imagination mentale puisant dans ces mythes collectifs, les archétypes. La nature engendre le bien et le mal et on peut être du côté de ce qui fortifie et valorise la vie et le bonheur sans pour autant torturer toutes les forces du mal. En Inde, les sectateurs de Vishnu d'un village et ceux de Shiva du village voisin se massacrent allègrement entre eux alors que les érudits brahman disent que c'est le même Dieu trinitaire avec Brahma. La morale au fil de l'évolution pourrait se dégager de ses aprioris et devenir une éthique en cherchant un méta point de vue englobant Satan et ses œuvres et le Dieu passif qui lui correspond (je plaisante bien sûr).
Le TAO est le système le plus limpide car évoquant les anciens Dieux Janus symboliques d'avant les déesses mères (lune) et donc aussi avant le patriarcat des Dieux, prenant le pas sur l'humidité, le sombre et le froid comme substance passive incontournable pour se tourner vers le soleil, feu actif réchauffant. La lune est proche de la terre et de l'eau et le soleil de l'air et du feu, soit les quatre éléments de base des alchimistes. La pierre philosophale n'est pas un joyau ordinaire mais le cœur de l'Homme, sa psyché, son âme auraient dit les anciens grecs. Pour JUNG relisant les Vedantas et les Upanishads, il n'y a pas comme dans le bouddhisme une fusion dans un grand tout cosmique mais une infinité de PURUSHA (âmes), des étincelles de vie qui peuvent briller autrement car l'âme ne survit pas au corps.
"Le Beau, le Vrai existe tout de même.
Il n'est pas au-dehors où le cherche l'insensé
Il est en toi, tu le produis éternellement." (F. SCHILLER)
Le projet de JUNG
La démarche psychopédagogique de JUNG avec son concept d'individuation et donc du SOI autonome est d'aider le sujet à progresser vers un équilibre rationnel et structuré tout en acceptant l'incomplétude de sa personne avec sa part d'ombre refoulée, sa part de sacré et ses émotions contradictoires qui sont plus en connexion avec le corps qu'avec la raison.
Chacun a la possibilité de dépasser sa vie automatique de PANSU (comme un animal sans question) ou de s'engager dans une démarche personnelle de développement du Soi, par-delà les croyances ou les non-croyances qui peuvent aussi devenir des certitudes. Se libérer de nos peurs, de nos inhibitions et accepter de voir en nous nos démons et nos pulsions, les vivre mais sans pour autant les assouvir ou les nier, les accepter comme notre part de nature animale puisque nous sommes bel et bien des mammifères (suants et secrétants), juste un maximum perturbés parce qu'ils ont conscience de leur finitude (l'angoisse existentielle).
Le projet est de devenir de notre vivant le plus possible nous-mêmes, une authenticité qui ne se courbe pas devant les attaques mesquines et méchantes mais qui reste droite sur ce qu'elle a décidé d'être, le travail de toute une existence, non celui d'apprendre des choses, non celui de maîtriser un savoir-faire technique mais, beaucoup plus, se lâcher et vivre son propre savoir-être avec estime de soi et compassion pour les autres qui sont différents tout en étant nous aussi. Comme les époques ont changé, notons par clarification que l'individuation n'est pas le fait de devenir un individu égoïste et consumériste sans empathie pour ses semblables mais qu'il s'agit plutôt, comme l'exprimait MASLOW dans sa pyramide des besoins, de la réalisation de soi-même sans conformité avec les normes de soumission dominantes et l'instrumentalisation vantée par le sabre et le goupillon. Il ne s'agit donc pas de tomber dans une jungle imbécile de rivalités incessantes pour des promotions institutionnelles récompensant les larbins et autres porteurs politiques de serviette mais d'un travail pour une harmonie intérieure qui peut rayonner et aimer les autres.
Vivre mieux et bien est le meilleur service que nous pouvons rendre à nos voisins, disait en substance SPINOZA.
Se perfectionner et tailler sa pierre, dit JUNG, c'est participer à l'édifice social, ce qui ne signifie pas oublier notre esprit critique de citoyen responsable. Par exemple, lorsqu'on me demande pourquoi je me laisse pousser les cheveux, je réponds en boutade que c'est parce qu'on l'interdit toujours aux militaires sans une justification probante, juste pour soumettre leur éventuel esprit de résistance.
Jean-Marie LANGE, 01.03.2010
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[1] MICHELET Jules, La sorcière, Paris, Flammarion, 1966, p.112.
[2] LE CORAN, Sourate 113 "L'Aube du jour". Donnée à La Mecque – 5 versets. Au nom de Dieu clément et miséricordieux, Parsi, Flammarion, 1970, p. 507.
[3] INSTITORIS Henry & SPRENGER Jacques, Le Marteau des sorcières, Paris, Jérôme Millon, 2009.
[4] INSTITORIS & SPRENGER, ibid., p. 161-162.
[5] "Le jésuite pris lui-même de délire érotique, et en proie à des attaques d'hystérie, ne lui laissait de repos ni jour ni nuit. Il la faisait mettre complètement nue devant lui et, sous prétexte de châtier Isaacaron, le démon de l'impureté dont elle ne pouvait se débarrasser il lui ordonnait de s'administrer la discipline. Jeanne exécutait l'ordre de cet halluciné." Gabriel Légué et Gilles de la Tourette (tous deux élèves de CHARCOT) préfacent selon leur analyse psychopathologique l'ouvrage "Sœur Jeanne des Anges, Autobiographie d'une hystérique possédée", Grenoble, 1886, Jérôme Million, 1990, p30 & 44, cité par MALAREWICZ, La femme possédée, ibid., p. 59 et 61.
[6] "(On distingue) les transes de vision – du chamanisme et de l'ensemble des cultures amérindiennes – et les transes rituelles de possession.(…) La transe de possession rituelle suppose que, dans le rite, des esprits puissants et autoritaires vont agir à la place des femmes dominées. En outre, les femmes qui fréquentent ces cérémonies sont celles qui rencontrent le plus de difficultés dans l'adaptation à leurs nouvelles conditions de vie; elles ont alors recours à l'évasion dans l'imaginaire qui leur est offerte par ces cérémonies. Chaque type de transe peut être analysé comme une réponse à des stress qui diffèrent selon les formes de société et la place des groupes dans ces sociétés. La transe de vision est une expérience tandis que la transe de possession permet l'exhibition d'une performance publique : un public lui est indispensable." LAPASSADE Georges, Les états modifiés de conscience, Nodules, PUF, 1987, p. 87-89.
[7] "L'induction hypnotique est l'aboutissement "laïcisé" des techniques d'exorcisme comportant la mise en transe des possédés avec l'intention d'expulser les démons qui les tourmentent; l'induction psychédélique en laboratoire se situe dans le prolongement de traditions qu'on rencontre un peu partout dans le monde – traditions qui impliquent une connaissance des effets hallucinogènes de certaines plantes; l'induction mystique, telle qu'on la pratique dans diverses formes de méditations, est l'aboutissement d'une très ancienne tradition de pratiques religieuses." LAPASSADE Georges, Les états modifiés de conscience, Paris, Nodules, PUF, 1987, p. 29.
[8] "Sœur Jeanne des Anges a été possédée par sept diables, dont trois furent chassés le samedi 20 mai 1634 (et firent pour signe de leur sortie, trois ouvertures en son côté droit), il s'agissait d'ASMODEE des Throsnes, d'AMAN des Puissances, de GREZIL des Throsnes, les quatre autres sont LEVIATAN des Séraphins, qui a sa résidence au milieu du front et a promis pour signe d'y faire une croix de sang, BEHEMOTH des Throsnes, qui a sa résidence en l'estomac et a promis pour signe d'enlever la fille de deux pieds de haut, BALAAM des Dominations qui a sa résidence à la seconde côte du côté droit et pour signe doit écrire sur la main gauche de la fille son nom qui y doit demeurer toute sa vie. ISAACARON des Puissances a sa résidence sous la dernière côte du côté droit, et pour signe a promis de fendre le gros doigt de la main gauche, autant qu'en emporte l'ongle des deux côtés." La démonomanie de Lodvn, La flèche, chez George Griveau, 1634, p. 57; cité par MALAREWICCZ Jacques-Antoine, La femme possédée. Sorcières, hystériques et personnalité&s multiples, Paris, Laffont, 2005, p. 82,
[9] BREUER Joseph, FREUD Sigmund, Etudes sur l'hystérie, Paris, PUF, 2000 : "Nous transformerons notre patient en collaborateur et l'amènerons à s'étudier lui-même avec l'intérêt objectif propre aux chercheurs. C'est ainsi que nous parviendrons à étouffer une résistance fondée sur l'affectivité."(p. 228).
[10] JUNG C.G., "ma vie", Paris, Gallimard, 1973, p.389.
[11] ABRAHAM N. & TOROK M., L'écorce et le noyau, Paris, Flammarion, 1996.
[12] MAXENCE Jean-Luc, JUNG est l'avenir de la Franc-maçonnerie, Paris, Dervis, 2005.
[13] JUNG CG, La guérison psychologique, Chastel, Ed. Buchet, 1953.
[14] CORNU Philipp, Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Paris, Seuil, 2001.
[15] JUNG C.G., Les racines de la conscience, Paris, Buchet/Chastel, 1971, p.44.
[16] HADOT Pierre, Le voile d'ISIS, Paris Folio/Essais, 2008, p.408.
[17] De LANDSHEERE G., Introduction à la recherche en éducation, Liège, G. Thone, 1982.
[18] GUILFORD J.P., The Nature of Human Intelligence, New-York, McGraw-Hill, 1967.
[19] BLOOM B.S., et al. Taxonomie des objectifs pédagogiques, Domaine cognitif, Montréal, Ed. Nouvelle, 1969.
[20] Certains appellent ces forces cosmiques, le Grand Géomètre de l'Univers, une façon anthropomorphique de ne pas lâcher prise avec le déterminisme religieux.
[21] SCHOPENHAUER A., Le monde comme volonté et comme représentation, Paris, Quadrige, PUF, 2003.
[22] GUENON R., Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Paris, Gallimard, 1945, 2009.
[23] JUNG C.G., Les Racines de la conscience, Paris, Le Livre de Poche, 1954, 2008.
[24] SYZYGIE : "union, conjonction de la Lune avce le Soleil (nouvelle ou pleine lune)"Petit Larousse, 1994.
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