jeudi 8 juillet 2010

L'impermanence

Le fini et l’INFINI du COSMOS
« Sur terre, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Antoine de Lavoisier)
Après notre saison de vie, nous jaunissons, nous nous ridons de craquelures et comme la feuille, nous tombons de l’arbre pour retourner au substrat humus.
Le temps linéaire est un concept inventé pour nous donner une structure facile à comprendre même s’il s’écoule doucement dans l’enfance puis trop vite dans la routine de la vie quotidienne. Seul existe le moment vécu dans sa pleine conscience.
Pour fuir la douleur physique et/ou la souffrance psychique, les gens ont inventés un paradis consolateur mais aussi la croyance au bonheur permanent dans une existence, ce qui ne peut être possible. Il y a des gens qui ont tellement mal qu’ils se saturent d’antidouleurs et ne sentent plus rien, même plus la vie ; d’autres sont tellement angoissés qu’ils se droguent au prozac ou autres anxiolytiques et survivent dans leur bulle.
Comme le dit en substance SPINOZA, la joie de l’instant ici et maintenant, elle, est possible mais demande à la fois du détachement (le lâcher prise de nos peurs et de nos colères) et de la concentration : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. » disait HERACLITE. Tout coule, tout est impermanent. Les touristes qui croient fixer le temps sur une phot se trompent : ce n’est que du passé mort tandis que la conscientisation dans la minute de vie est. L’émotion du coucher de soleil sur Angkor Watt est dans le moment, non dans le chromos.
Pour le reste (ce qui n’est ni joie ni émotion), ce n’est que l’illusion produite par notre cerveau compatissant pour notre corps. Toutefois, nous avons la possibilité de penser la minute, au prix élevé certes de l’angoisse et des somatisations que les animaux n’ont pas, c’est coûteux mais intéressant. Cependant, ne soyons pas méprisants pour notre animalité « ce qui est en bas », celle-ci fait partie de notre entité éphémère et doit être respectée dans ses besoins ; tout comme, notre esprit « ce qui est en haut » doit être cultivé dans la compréhension. Les gens les plus en souffrance sont ceux qui ressentent les choses sans les comprendre et qui se fâchent sur les phénomènes qui leur échappent (le fonctionnement trop rapide d’un bancontact par exemple). FREUD a organisé une piste de lecture de la psyché axée sur le désir sexuel, un bon début mais il y a plusieurs chemins pour atteindre Rome et cela occulte tous les autres désirs qui nous traversent (la puissance, les objets, le bonheur permanent). La plupart des disputes entre humains sont dans les couples. L’autre du couple était ma passion et puis avec le temps, je ne le supporte plus : il y a une lassitude, de l’ennui répétitif et nous projetons sur l’autre nos insatisfactions, notre mal à être au lieu de rompre avec cette quasi-hypnose névrotique des habitudes.
En tant qu’homme, je m’interroge sur la complexité relationnelle, j’ai des amis agréables et généreux qui payent leur chope alternativement et avec qui on peut rire et s’apprécier mutuellement ; dès lors, pourquoi entre homme et femme ne pourrait-il pas en être ainsi (puisqu’il y a en plus l’opportunité du plaisir sexuel partagé) ? Mais tout ce détricote avec l’ennui et des femmes tombent en désamour de leur mec sans même en préalable une définition qui serait cohérente de l’amour à ne pas confondre avec la copulation. Les hommes, selon les flux hormonaux de testostérone seraient 4 à 5 fois plus agressifs que les femmes. Mais les caractères fluctuants des femmes seraient dûs aux œstrogènes opposés à la progestérone, d’où le trait de caractère affreusement médisant de femmes entre elles vis-à-vis de leurs hommes. Ils sont tous décevants, eux, paraît-il.
Pour ne pas glisser dans cette simplification désuète, notons que l’agressivité naturelle des hommes n’est pas un cadeau et dresse l’homme contre l’homme s’il est bien manipulé par des dominants politiques qui vont exploiter cette noire tendance par la guerre et les tortures dont le but n’est pas d’arracher des renseignements mais de faire souffrir l’autre, le frère, dans sa chair avant de le tuer.
Pour aliéner les hommes dans ce qu’ils ont de plus mauvais, les dominants politiques (l’oligarchie des fils de) utilisent la défense du sol sacré (le BHV des flamands séparatistes) et/ou l’envahisseur étranger. Cela nous irrite tous mais nous devrions dépasser cette propagande car il y a partout des hommes bons et des hommes mauvais (mariés à des chipies).
Essayons de fraterniser dans un respect pointu de nos différences culturelles au lieu de nous déchirer ou pire de baisser notre culotte avec nos politiciens (ce qui excite l’agressivité des autres qui n’en reviennent pas de notre lâcheté pour défendre nos droits de l’homme et de la femme).
Tout n’est qu’illusion, donc mourir pour des idées ou aussi bien l’amour romantique dans lequel la littérature comme la télévision nous formatent. Lorsqu’un couple se rencontre, il y a l’attrait sexuel, condition nécessaire mais non suffisante, puis l’affection et la tendresse, puis l’estime de l’autre donc le respect de son altérité et enfin les projets que l’on peut faire ensemble, ce que j’ai appelé la stabilité du tabouret à quatre pieds. Mais pour réussir ce multiples facettes, il faut au préalable s’aimer soi-même (narcissisme) : être capable de geste désintéressé sans compter, se trouver correct et probe et avoir aussi des projets car comment aimer l’autre si l’on ne s’estime pas assez.
Que de vieux couples sont ensemble par lâcheté (plutôt la routine que l’inconnu), aigris et se reprochant l’un à l’autre le miroir qu’il constitue pour le self de l’autre. Nous ne pouvons pas être libres : il y a trop de conditionnements culturelles et biologiques (hormones) pour revendiquer le libre-choix sur environ 80% de nos existences. Nous ne pouvons pas être égaux, les néolibéraux y veillent, le manque d’instruction scolaire aussi mais également l’inné, ce que nous héritons de la nature. Il reste donc une seule porte pour nous épanouir dans l’instant : les autres, la fraternité.
Notre existence est un moment de représentation, nous ne sommes pas la feuille mais l’arbre de l’humanité, disait Schopenhauer ; tout comme nous ne sommes pas la vague éphémère mais l’océan source d’autres vagues, disait avec sa poésie THICH NHAT HANH. Nous sommes les cellules non fusionnées d’un autre corps qui est celui de notre espèce humaine unique.
Savoir écouter l’autre et pouvoir reformuler ses idées sans lui imposer en réflexe les nôtres. Ne pas le juger mais être capable de voir ses qualités plutôt que ses défauts et pouvoir lui payer un verre sans compter, sans avarice même s’il gagne plus d’argent que nous. Ce que nous faisons, c’est pour le fun gratuit de l’éthique et non pour un quelconque devoir moralisateur basé sur la fumisterie d’un paradis. Nous vivons l’enfer sur terre mais la joie de l’autre est une lumière qui ne peut qu’enrichir la nôtre.

Jean-Marie LANGE, 07.07.2010

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