lundi 9 août 2010

Combat pour la démocratie participative

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;


CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP

N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – nov.dec.09
N°25 – Janv.fev10 : la matière, le vide, la nature et l’éducation.
N°26 – Mars-Avril10 : Le sexisme, forme principale de racisme.
N°27 – Mai-juin 10 : Sorcellerie et ethnopsychiatrie
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative

N°29 Septembre-Octobre 2010 :






Le combat perpétuel de la démocratie participative

A la mémoire du résistant Marcel DEPREZ

« L’histoire ne progresse pas de façon frontale mais par des déviances devenant tendances. »(MORIN)[1]

« Quand ils ont arrêté les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste ; quand ils ont arrêté les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicalistes ; quand ils ont arrêté les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif ; quand ils sont venus m’arrêter, il n’y avait plus personne pour protester. »(Martin NIEMÖLLER, Pasteur allemand antinazi).

Préambule

« Dynamique des groupes et démocratie participative ». Très souvent, j’ai réfléchi sur ces thèmes associés sur le plan des techniques et/ou sur le plan des valeurs mais non de la faisabilité d’une utopie de gauche, avec une créativité institutionnelle. Je prends ici la précaution, pour éviter l’étiquette de sénile précoce qui rabâche toujours ses mêmes idées, de faire un bref rappel de mes développements précédents en les illustrant dans le contexte de ma propre histoire de vie.

Avec les autres coopérants belges, ,j’ai été éjecté en 1972 du Congo-Zaïre du dictateur MOBUTU lors de son opération « zaïrianisation des cadres ». De retour à Verviers, je reprends des études d’éducateur spécialisé et j’adhère au mouvement d’EDUCATION PERMANENTE « Peuple et Culture – France ». Avec un de mes profs, ma militance consistait à nous rendre dans des endroits culturellement défavorisés armés des fiches de lecture de PEC (de la rue Cassette, à Paris) pour raconter l’histoire d’un livre en moins de 50 minutes. L’objectif était la lutte contre l’illettrisme, redonner le goût de lire et d’apprendre par soi-même

En 1974, j’adhère à PEC-Wallonie qui deviendra asbl en 1976 et où la méthodologie ENTRAÎNEMENT MENTAL (EM) prend l’essentiel du travail en oubliant le sens premier : l’aide aux défavorisés. J’ai toujours dit à l’époque qu’il valait mieux que les non-nantis fassent du mauvais EM mais retrouvent un peu de confiance en eux plutôt que d’être « grondés » sur des points de détail de la méthode. Ce sera pour moi une histoire d’amour et de haine car l’EM deviendra de plus en plus le credo avec le charisme de l’excellent formateur Pierre DAVREUX. Lors de nos réunions entre formateurs, je clame que nous devons continuer à apprendre nous-mêmes, notamment à animer et à conduire une réunion de façon à ce que les plus timides s’expriment et on me répond avec le livre saint : « l’EM peut tout : animer et digérer des briques ! ».

En 1977, frustré par PEC Wallonie/Bruxelles et sa caste d’inspecteurs généraux de la culture (les lamas de PEC), bien différents de la plèbe dont je suis, j’applique à moi-même mon intuition et je m’inscris à un séminaire de « DYNAMIQUE DES GROUPES »(DG) au CDGAI (Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse Institutionnelle) du service de psychologie sociale de l’ULG. J’y resterai jusqu’en 1992 (la loi de Bondt interdisait après 1992 le moindre cumul aux enseignants mais non aux politiciens). Il me faudra 5 ans pour devenir animateur-dynamicien de groupe. Ensuite, ce sera plus facile : licence en FAEP (Formation des Adultes et Education Permanente), agrégation, 3ème cycle (DES) en intervention psychosociale et doctorat d’Etat en 1991. J’y serai coopté comme collaborateur de l’université et formateur au CDGAI.

La DG dit en substance qu’en respectant des règles d’animation et de conduite de réunion, on peut dans de petits groupes communaux instaurer un réel fonctionnement de démocratie participative avec des règles évaluables et renégociables et que cet apprentissage de microcosme pourrait aisément être transféré au macrocosme d’une politique citoyenne qui ne serait plus axée sur la pensée unique ultralibérale mais sur les besoins et les responsabilités impliquées des gens. Notons enfin que je suis traversé par la psychologie systémique de l’Ecole de Palo Alto (Californie) avec Bateson, Watzlawick , Erickson,… « La Nouvelle alliance » des belges Prigogine et Stengers et l’œuvre du français Edgar MORIN (notamment « La méthode » en six volumes). Morin sera mon fil rouge pour les présentes réflexions. J’arrête ici ce préambule et je renvoie les lecteurs intéressés à mes précédents articles sur la démocratie participative.

Engagements

J’ai toujours adhéré à la gauche libertaire non-violente, pour une créativité alternative dès que, (venant du fond de la brousse) en 1972, j’ai repris contact avec les livres et l’actualité. Je ne pouvais ignorer le bolchevisme stalinien, ses déportations, tortures et exécutions massives, l’invasion de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie, Pol Pot, les Khmers rouge et le génocide cambodgien soutenu par les armes chinoises, la guerre ethnique des serbes contre leurs voisins et leur massacre systématique des hommes, les génocides au Rwanda et au Burundi, etc. Trente ans plus tôt, j’aurais certainement été communiste pour lutter contre le fascisme mais, à mon époque, même sourd et aveugle, il était impossible de soutenir cette forme de totalitarisme, un déni total des Lumières et de la déclaration universelle des droits de l’homme (ONU, 1948).

Mon premier engagement, avec mon épouse, fut dès 1972 de lutter pour la libération des prisonniers d’opinion, contre la torture et la peine de mort pendant 8 ans avec Amnesty International. Ce fut lorsque j’écrivis à Robert Badinter, alors Garde des Sceaux pour réclamer la libération d’un autonomiste breton emprisonné parce que en tant qu’objecteur de conscience il refusait d’accomplir son service militaire que cela s’est gâté avec Londres.

Mon deuxième fut philosophique pour la dialectique d’Héraclite et de Gurvitch, non pas une dialectique apologétique et consolante et nécessairement ascendante comme celle de Marx mais une façon de penser par delà le bien et le mal, toujours en terme de contradictions, avec Proudhon, Bakounine, Reclus, Michel, Stirner, Marcuse, Reich, l’Ecole de Francfort, Castoriadis, Bouddha, etc.

Ma troisième axiologie fut la libération par l’éducation avec Freire, et le tiers-monde, là où les enfants ne sont pas scolarisés, surtout les filles, mais où les gens meurent de faim parce que l’on spécule au Nord. On prévoit, pour 2011, 30% d’augmentation des famines en Afrique. Pourquoi dès lors l’Europe va-t-elle détruire ses excédents agricoles ? Pour la stabilité des marchés au détriment de vies humaines ? Je suis pour le développement des pays sous-développés, disait-on alors, et non pour celui de la corruption généralisée dans le sud. Lorsque des projets d’aide de la coopération belge sont programmés, quelle est la part du budget qui arrive concrètement aux « nécessiteux » et la part logistique pour les experts (frais de dossier, voyages, 4x4 climatisée, hôtel à 200 euros la nuit, etc.). En 2007, la FAO a annoncé sur internet un projet de don de houes et de haricots pour 12.000 familles dans la région de Makamba où notre asbl d’aide humanitaire a un chantier. Nous avons été voir la FAO pour connaître leur répartition et il nous fut répondu que le recensement des nécessiteux n’était toujours pas achevé, bonjour la joie des charançons sur les semences de haricots. Notre asbl le « Groupe d’Autoformation Psychosociale »(GAP) est pour l’autonomie de chacun par un enseignement de qualité, pour l’émancipation sociale et l’autonomisation économique solidaire des villages, pour la compréhension interculturelle et une meilleures qualité de vie grâce à des salaires décents mais aussi pour un enveloppement dans le cocon culturel des traditions et initiations sociales et civiques, pour le respect des modes de vie des peuples à tradition orale, pour la convivialité et la lenteur qui permettent la fraternité par la palabre et le développement d’une vie intérieure, d’une spiritualité laïque débarrassée des peurs et culpabilisations de l’obscurantisme de l’animisme ou des religions. Pourquoi amalgamer les jeteurs de sorts et tueurs à gage avec les guérisseurs et chamans ? Pourquoi cet anthropocentrisme (européocentrisme) où nous avons toujours ce besoin de juger en noir et blanc, dichotomie malsaine juste acceptable par des bambins de 5 ans et génératrice de racisme ?

Mon quatrième engagement est pour l’écologie mondiale que le néolibéralisme de la globalisation assassine. Nous ne voulons pas de la croissance au prix de la non survie de notre planète mais nous ne voulons pas non plus de décroissance romantique où nos femmes retourneraient laver le linge à la rivière , en hiver, comme le prône le Vénérable moine zen vietnamien THICH NHAT HANH, un remake de Jean-Jacques ROUSSEAU et du bon sauvage et de la société qui le corrompt. Nous devons trouver un équilibre avec nos valeurs de gauche et l’écologie mondiale sans renier les bonnes choses de nos civilisations.

Mon cinquième engagement est la probité et la résistance au pouvoir dominant la Wallonie depuis plus de 40 ans, ma région d’Europe menacée par les flamands du nord qui réfutent le droit des gens au profit du droit du sol dans la belle indifférence de l’Europe et de l’OCDE. C’est pourquoi je me suis engagé avec utopie dans le Mouvement Socialiste Plus opposé aux politiciens gestionnaires des partis socialistes centristes (social-démocratie) où les experts et les statistiques ont remplacé l’écoute valorisante des citoyens. Pourquoi ai-je poursuivi une si longue quête de diplômes universitaires ? Parce j’étais révolté du clientélisme du PS et de son contrôle du contre-pouvoir syndical. Comment engage-t-on les enseignants ? En allant débaucher les meilleurs cerveaux dans le privé ? Que nenni ! On cherche partout l’économie et les agents pas trop diplômés seront moins couteux ; tant pis s’ils sont un peu inexpérimentés.
Avec un bac+3 et un CAPAES stupide, ils auront ainsi un titre pédagogique mais un statut moindre, soit tout bénéfice pour les enveloppes fermées des écoles mais non pour les apprenants. Avant, les étudiants des Hautes Ecoles avaient des professeurs invités venus du privé qui parlaient de leur expérience, trop cher aujourd’hui. Pourquoi les services publics sont-ils partout privatisés alors que les dégâts sont visibles dès les premières tentatives comme l’explique le cinéaste anglais engagé Ken Loch (« The Navigator ») à propos du chemin de fer britannique, comme la privatisation de Belgacom avec des milliers de travailleurs licenciés (essayer de contacter les services Belgacom sur leur numéro vert en moins de 5 jours si vous êtes en panne, toutes les lignes sont occupées et ils n’ont pas d’e-mail), comme aujourd’hui les chemins de fer belges et demain la poste déjà vendue à un opérateur privé danois qui sous-payera les facteurs. La dernière lutte syndicale qui semblait correcte fut contre la directive européenne BOLKERSTEIN qui voulait libéraliser le marché du travail, elle a été retirée puis votée trois mois après. Aujourd’hui, les autobus polonais débarquent chaque semaine ces travailleurs moins coûteux au coin de la rue de La Goffe et de la rue de la Cité, près de la place St Lambert, sans problème dans une Europe de droite et des marchés. Pas de chance pour les sans-papiers !

Rêvons certes à un monde meilleur mais avec lucidité et sans naïveté, les libertaires de gauche ont tous entre 60 et 70 ans. Les politiciens actuels sont des technocrates et les ex-travailleurs qui votaient socialiste ou communiste en France, écœurés de leurs leaders mous, votent pour le Front National de Jean-Marie LE PEN, l’extrême-droite. Nous sommes le cul entre deux chaises froides : sur l’une, la barbarie de LE PEN, de la haine et du mépris des autres ethnies (le XX° s nous a saoulés de boucheries humaines appelées guerres et nos dirigeants n’ont toujours pas compris ce froid mortel du fascisme venu de la nuit des temps) et sur l’autre, la barbarie déshumanisée du profit et de la technique. Au moment où j’écris ces lignes, le groupe BP pollue depuis plus d’un mois et de façon irréversible les côtes de la Louisiane et du Golfe du Mexique. Mais les spéculateurs ne seront pas punis, on fait juste sauter un boulon : le directeur général british est remplacé par un américain !? Notons que depuis l’EXON Valdès, jamais aucune mesure préventive n’a été prise et qu’il n’y a pas que BP qui est en lui-même une nuisance ; pensons à Total qui soutient la junte birmane contre le peuple du MYANMAR réduit en esclavage.

Analyse

Un service public n’a pas à être rentable mais performant, il s’agit d’un service à la population et non d’une entreprise qui doit réaliser des bénéfices. Si j’étais invité à recruter un directeur d’école, je regarderais ses compétences transversales morales et humaines. Sera-t-il bienveillant pour son personnel ? Respectueux de ses collaborateurs et encourageant ? Dévoué à son institution plutôt qu’à la bureaucratie de la Communauté Française ? Ayant un souci de dynamisation de ses collaborateurs pédagogiques ? Pratiquant des valeurs d’équité, de justice et de compassion ?

Personnellement, dans mon expérience peut-être isolée, mis à part deux directeurs, en 40 ans de carrière, je n’ai reçu que des remontrances, des blâmes pour initiatives de pédagogie de projet, diverses tentatives pour me faire perdre mon emploi (avec collusion syndicale), jamais de félicitations pour mon travail zéro défaut et sans journée d’absence (sauf une pour lumbago et un mois pour pied cassé auquel on a rajouté les deux mois de vacances). Pourtant, la recherche en management est sans ambiguïté : un travailleur heureux et bien dans sa peau transmettra son rayonnement aux enfants dont il a la charge d’éduquer l’esprit critique et pas seulement instruire et sélectionner.

Cela étant posé et pour éclaircir ces propos d’engagement par la psychologie systémique, il nous faut inclure la complexité de toutes les actions.

Après le XIX°s et son idéologie positiviste d’Auguste COMTE et le XX°s et son idéologie behaviorisme (psychologie du seul comportement observable, stimulus-réponse), nous devons prendre en compte un des premiers concepts systémiques : le FEED-BACK ou RETROACTION.

Par exemple, pendant une guerre, le tireur d’obus observe où son projectile tombe pour ensuite mieux ajuster son canon à sa cible. De même, au temps du béhaviorisme, on observait la réaction à un stimulus perturbant et en refaisant mille fois l’expérience. Aujourd’hui en application en sciences humaines, cette simplification ne peut être transposée aux humains qui réfléchissent et modulent leurs réponses en cas d’échec de celle-ci, ce qui veut dire que l’on ne peut pas prédire la/les réactions. Tout acte échappe aux intentions premières de l’expérimentateur, nous dit MORIN, pour réagir avec les divers et contradictoires feed-back du milieu, ce qui peut donc déclencher le contraire de l’effet souhaité.

« LE CONFLIT EST LE PÈRE DE TOUTE CHOSE »(HERACLITE). Dans les couples, il y a rencontre par le désir qui vient du désir de rien, celui de posséder ce que l’on n’a pas et ensuite, s’il n’y a ni estime réciproque ni jeux communs et plaisir, il y aura l’ennui, principal facteur de rupture qui appelle un changement,…pour d’autres désirs (pas seulement sexuel).

Dans les groupes, le premier moment est toujours de timidité et de réserve face à un groupe que l’on ne connaît pas, on appelle cela l’UNIVERSALITE : tout le monde est beau et gentil car on a peur des jugements de ce groupe d’inconnus. Puis avec le temps, il y a adaptation et apparition de conflits interpersonnels où l’on dit à l’autre ce qui nous agace chez lui, ce sont les conflits avec le stade de PARTICULARITE où tous s’affrontent avec leurs différences, leurs spécificités. C’est le moment où cela passe ou craque; si les membres du groupe ont un quelconque intérêt à ce que celui-ci survive (qu’il a vraiment besoin de ses membres), on va alors négocier et mettre de l’eau dans son vin pour faire des compromis car on n’est pas obligé de s’aimer tous pour travailler ensemble, c’est le moment de la maturité et de la SINGULARITE où l’on agit pour l’intérêt général tout en conservant nos particularités et où l’unanimité n’est pas nécessaire. Toutefois, si l’on n’est pas vigilant à conserver l’équilibre des différences, on retombe dans le ronron des habitudes et l’illusion groupale (le groupe fusionnel) sans tension, ce qui est impossible et va peu à peu raviver des conflits et on repart…

Dans une société, il en va de même; il y a un chef nommé l’INSTITUE (le roi, le parti dominant) et ce pouvoir absolu va générer une opposition, les déviants qui vont s’organiser et entrer en conflit avec le pouvoir en place, les INSTITUANTS. Ceux-ci seront peut-être matés/écrasés ou s’ils sont très forts et pugnaces (comme les altermondialistes s’opposant au G8 et au G20), le pouvoir va alors négocier avec eux, c’est le moment de l’INSTITUTIONNALISATION (soit par le compromis, soit, plus rare, là où le chef de la révolution devient le chef du pays, Fidel CASTRO par exemple).

Les Grecs du temps de PERICLES préconisaient de ne pas gérer le pouvoir de la cité pendant plus de 5 ans car celui-ci « monte à la tête » et les maîtres oublient alors les citoyens ; l’analyse institutionnelle fondée par le sociologue et philosophe Cornélius CASTORIADIS ne dit pas autre chose. L’ex-instituant va oublier qu’il s’est battu pour le peuple et devient à son tour l’INSTITUE avec des prisonniers de conscience/d’opinion, ceux qui le critiquent. Une nouvelle vague instituante (non programmable dans le temps) viendra à son tour le renverser et le mouvement en spirale continuera et pas nécessairement une spirale ascendante vers le progrès.

Il n’y a eu que dans les religions laïques marxistes l’exposition d’un possible paradis communiste sans conflit sur terre, la sotériologie tournant autour d’un prolétariat rédempteur, un non-sens niant l’énergie, le mouvement et le changement permanent.

L’erreur des partis socialistes, en tout cas pour ce qui concerne celui de la Wallonie, a été d’infiltrer, pour le contrôler, le contre-pouvoir syndical (ce n’est pas normal d’être à la fois un permanent syndical décideur et un député décideur s’il y a conflit d’intérêt). Lors de la prochaine montée instituante (pas nécessairement violente), le syndicat coursera derrière un mouvement spontané pour le contrôler mais n’y arrivera plus car il a aujourd’hui trop croqué la pomme du pouvoir dit légitime, il a ses permanents à vie (des experts) et non des citoyens responsables et anonymes. Avec mes camarades, nous avons été des « formateurs extérieurs » de la Fondation André RENARD (FAR à Liège) et puis tous remerciés par rationalisation (ce qui n’a rien à voir avec la raison) car nous représentions une gauche plurielle et non des apparatchiks du PS.



L’absence brillante de la démocratie cognitive

« Le fossé qui s’accroît entre une techno-science hyperspécialisée, et les connaissances dont disposent les citoyens, crée une dualité entre les connaissants - dont la connaissance est du reste morcelée, incapable de contextualiser et globaliser – et les ignorants, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens. Ce qui nous amène à la nécessité d’œuvrer pour une démocratisation de la connaissance, c’est-à-dire une démocratie cognitive. Cette tâche peut sembler absurde aux technocrates, soit impossible aux citoyens eux-mêmes : elle ne peut être entreprise qu’en favorisant la diffusion des savoirs au-delà de l’âge étudiant par une réforme de pensée qui permettrait d’ articuler les savoirs les uns aux autres. »[2]

J’ai quitté l’enseignement au meilleur de ma forme quatre ans trop tôt parce que je ne me sentais plus respecté.
Il faut être capable de dire le non-dit : par les nord-africains en majorité (et non par les africains) manquant de la politesse la plus élémentaire mais aussi par cette ouverture massive des Hautes Ecoles à des jeunes qui n’y sont pas préparés et qui portent plainte au directeur (dans l’enseignement laïque) parce que l’enseignant ne respecte pas assez leur foi catholique, ou d’autres qui entrent en classe comme dans un moulin (avec ¼ d’heure à 20 minutes de retard ) et qui se sentent victimes s’ils ont des remarques (en classe de bac+3), d’autres encore qui contestent en justice l’évaluation du prof dès la première session, etc. Les écoles prises dans le tourbillon néolibéral visent, elles aussi, le quantitatif au détriment du qualitatif et confondent les instructions technologiques avec l’éducation de base qui n’est plus au programme, ce qui fait que des magrébins venus de l’Atlas profond n’ont pas les repères de l’école bourgeoise et pas de parents qualifiés pour les leur enseigner. Notons pour insister, avec BOURDIEU, qu’un jeune fils de bonne famille de Rabat qui vient suivre des études de médecine chez nous n’aura aucun problème et passera inaperçu car très courtois.

Il en va de même pour l’apprentissage de la solidarité humaine. Peut-être un jour la Belgique n’existera-t-elle plus car l’ethnie riche et dominante des flamands veut supprimer les mécanismes d’entraide de la sécurité sociale envers notre ethnie francophone pauvre et dominée (la Wallonie). Les belges étaient fiers de leur sécurité sociale de l’après-guerre affirmant une solidarité entre les communautés ; pourtant aujourd’hui, elle se délite dans une bureaucratie administrative sans âme avec des politiciens flamands séparatistes.

Depuis les années 1990, la qualité de l’aide sociale se dépersonnalise et s’alourdit de processus complexes bureaucratiques qui déstabilisent les vieux, les malades et les sans emploi, ceux qui ne s’adaptent pas aux bouleversements de la technologie informatique. La formation des assistants sociaux (AS) suit le même mouvement : on traite des dossiers mais il n’y a plus d’AS pour discuter, sécuriser et valoriser les « paumés » (pas rentable). Les sujets sont donc atomisés dans une foule urbaine et subissent des souffrances dues à la difficulté de s’y retrouver dans les arcanes de plus en plus ubuesques de la machinerie administrative. Les agents chargés de l’aide sociale ne sont plus convenablement formés à des techniques d’approche relationnelle, ils se retrouvent impuissants devant la solitude, le malheur et le désespoir des couches moins favorisées avec des outils instrumentalisés et non adaptés à l’humanisme, soit à un minimum de compassion par la conversation.

De même, la police renforce les effectifs de ses cadres administratifs, mais les drogués, mendiants agressifs sont légions et les petits vieux angoissent de sortir au cœur de Liège après 18h : ils redoutent les agressions de rue car lorsque la foule qui protège se dissipe, il en va de même des patrouilles de police (qui deviendraient à ces heures utiles). Dans mon quartier, l’espace St Léonard, limite d’une ghettoïsation volontaire des maghrébins et non des autochtones, les gens du cru garent leurs voitures dans les rues maghrébines pour ne pas se retrouver avec les vitres brisées (même s’il n’y a rien à voler).

Le mal sociologique ethnique n’est pas dû à la non intégration des jeunes délinquants d’origine nord africaine mais aux ratés de l’intégration. Les vols, les viols, la drogue, les tags et les dégradations urbaines des gangs de jeunes désœuvrés sont d’abord dus à un manque de régénération du tissu social, à un manque d’une « POLITIQUE DE CIVILISATION ». Notons pour l’anecdote que lorsque l’opportuniste SARKOSY a récupéré ce slogan d’Edgar MORIN, celui-ci, sur les chaînes télévisées, était furieux de ce détournement de sens.

Les gens sont de plus en plus lâches et dans les bus liégeois du centre ville, lorsque qu’une équipe de trois jeunes filles Rom pratique le pickpocket organisé, les gens restent amorphes, il n’y a que quelques vieux cons comme moi qui crient tout haut pour avertir les autres voyageurs par solidarité. Inutile de dire que cette équipe de voleuses spécialisées ne m’apprécie pas et me montre un vilain doigt avant de déguerpir chaque fois que l’on se croise dans un bus. De même, lorsqu’un petit groupe de jeunes gens à des heures scolaires (donc pas des étudiants) agressent une jeune fille dans le bus avec des visées sexuelles, on dirait que tous les autres voyageurs sont paralysés, tétanisés et se font tout petits alors qu’ensemble, avec un sens de la solidarité, ils représenteraient une force par rapport aux voyous toujours impunis. Notons pour l’anthropologie comparée que, lorsque je suis sur un marché densément peuplé au Mali et qu’un malandrin s’intéresse de trop prês à mon sac à dos, la foule spontanément réagit et il y a très peu de voleurs de ce type. Chez nous, c’est un peu comme si les individus pensaient chacun : « ce n’est pas mon rôle, je risque de ramasser un mauvais coup et d’ailleurs, il y a les flics pour cela ! ».

Le mal initial est une dérive civilisationnelle par manque d’éducation civique et éthique qui crée la solitude et la peur mais la misère sociale ne sera prise en compte que lorsqu’elle dérapera sous une forme psychosomatique ou psychiatrique.



Prospectives

La soft révolution que nous appelons de nos vœux serait encore à écrire mais sans atermoiement pour sanctionner tout ce qui dégrade et exploite l’homme par l’homme, contre les dépendances, les assujettissements, les humiliations, les ségrégations.

La formule de Proudhon « la propriété, c’est le vol ! » est obsolète et devrait être radicalisée pour la survie planétaire en inscrivant dans toutes les constitutions que l’exploitation de l’homme par l’homme est un délit punissable au même titre que la traite des êtres humains (prostitution, travail des enfants,…). Etienne de La BOETIE nous disait : « vous êtes des milliers d’assujettis, arrêtez de soutenir les colosses aux pieds d’argile et ils s’effondreront tout seuls ».

Aujourd’hui, à chaque sommet du G8 ou du G20, il y a des manifestants sortis de nulle part qui contestent violemment le pouvoir de gestion du monde par les plus riches de la planète et cette information relayée par les télévisions arrive dans les bidonvilles des plus pauvres et enseigne que l’on peut se révolter. Aujourd’hui les fanatiques islamistes d’Al Quaida assassinent dans le désert du Mali un septuagénaire blanc voulant construire des écoles pour les jeunes Touaregs, en Afghanistan une jeune femme a le nez coupé ainsi que les oreilles par son mari taliban, parce qu’elle voulait s’enfuir de chez lui. Quid des milliers de musulmans pacifistes qui reçoivent cette mal-image de l’islam que s’approprient les terroristes, ils ont la honte. On parle des Etats voyous de la Somalie (le piratage), de la Corée du Nord et de l’Iran (leur bombe atomique) ou de l’Afghanistan et ses attentats aveugles dans les marchés sur sa propre population mais qui fournit ces barbares en armes de destruction massive, en plutonium enrichi et en technologie de manipulation télévisuelle si ce n’est certains membres du G8 qui jouent double jeu ?

La démocratie participative de demain ne pourra être qu’écologique et devra en finir radicalement avec cette farce des structures partidaires existantes. L’idée même de privilégier ceux de son parti au détriment des autres est un non-sens à une époque où la terre est un village planétaire. Il n’y a qu’une seule humanité qui ne veut ni les partis (à l’Europe les verts siègent avec les séparatistes flamingants de la N-VA) ni le totalitarisme (de gauche comme de droite) mais une démocratie soucieuse des gens (pensions, soins de santé, éducation, aide sociale,…), du respect des particularités culturelles de chaque communautés sur son territoire(pour éviter la prolifération des églises catholiques au Maghreb par exemple) afin d’enrayer le phénomène de transhumance mythique vers un El Dorado mais d’accueillir avec courtoisie et assistance tous les sans-papiers quels qu’ils soient pour autant qu’ils respectent les droits des femmes et ne soient pas des délinquants ou dealers de drogue notoires. Nous voulons un monde meilleur, plus humain et non un genre de système à la Big Brother chez nous, par l’hypnose télévisuelle.

La raison, les raisonnements lucides et l’esprit critique doivent nous animer contre les rationalisations de n’importe quoi basculées d’un ton neutre par les médias. Nous ne sommes plus à l’époque du communisme où un sauveur, MARX, remplaçait la croyance en dieu. Avec le socialisme totalitaire, le terme s’est dégradé et plus personne ne croit qu’il suffirait de détruire la capitalisme pour extirper la volonté de pouvoir et de domination de certains nains de jardin. Nous savons que LE politique s’est noyé dans l’économique et qu’il n’y a plus de fraternité prolétarienne solidaire (la précarité, la mobilité et les emplois renouvelables sont là pour enrayer une renaissance de cette solidarité). Nous sommes des gens conditionnés et formatés à ne plus rêver des alternatives sociales équitables mais à consommer et posséder chacun dans nos clapiers de l’argent caca que l’on placera dans nos cercueils. Il n’est pas question non plus de rejouer l’horreur ou l’indifférence (îles Caïmans par exemple), ce ne sont plus des alternatives acceptables. Nous irons vers un changement non prédictible : vers l’anéantissement (la disparition de la planète) ou l’adaptation de notre espèce en chassant les nuisibles clairement identifiés. La guerre froide et la course aux armements permettaient déjà amplement de détruire la planète mais le danger est plus grave encore. Peu de personnes ont conscientisé, lors du sommet de Stockholm, l’horreur des chinois refusant de s’autoréguler au niveau de leur suprématie en pollution. Les écosystèmes détruits ne seront pas réparables et personne ne nous sauvera s’il n’y a pas de changement éducatif radical. Pour prévenir de la peste ; il faut éviter la prolifération des rats et nous devons faire de même face aux consortiums militaro-industriels, aux spéculateurs et aux politiciens, il faut faire disparaitre cette nuisance (pas les hommes mais les chancres qu’ils représentent).

Sur le plan personnel, les sujets sont malades de cette société sans sens autre que celui absurde du travail aliénant (de plus en plus et de plus en plus vite) où l’on ne prend plus le temps de fixer des limites/repères à nos enfants. Le prozac (euphorisant) est une drogue lénifiante qui fait fureur aux Etats-Unis ; chez nous ce sont davantage les psy, l’alcool et autres dérivatifs comme le sport regardé qui programmeront des sujets béats et soumis.
Lorsque je vais chez mes amis maliens, il n’y a pas d’argent ni de technologie mais un respect pointu des autres et c’est ce que nous devrions enseigner dans les familles et les écoles en interdisant par exemple la banalisation de la violence par les jeux vidéos et les consoles D.S. Nous sommes tous dans un sous-développement éthique et affectif profond, nous aimons nos enfants mais nous ne les maîtrisons pas ; alors, ils pètent les plombs et leurs repères et les parents divorcent. Rappelons-nous que l’amour est un mythe entre le désir vide et l’ennui de la répétition. Nous avons des devoirs d’éducateurs envers ces petits, celui de dire NON à ces technologies sournoises qui valorisent des héros solitaires et violents , comme CONNARD/CONAN le barbare.

Que nous montre la télévision : l’entraide et la coopération Nord/Sud, non mais des jeux où il faut être « le seul survivant » (KHO-LANTA) ou des séries américaines où la torture et les meurtres sont banalisés. Pourquoi n’y a-t-il pas la moindre chaîne programmant des émissions de réflexion sur les philosophies comparées ? Une éducation pour vivre ensemble. Le journal télévisé, lorsqu’il n’est pas monopolisé par les compétitions sportives, annonce négligemment la venue prochaine de nouvelles famines dans le Sahel (30% de précipitation en moins).

Nous avons réellement la possibilité technique de nourrir toute la planète et d’assurer une vie décente à tous démontre le sociologue suisse Jean ZIEGLER, chiffres à l’appui mais les gouvernements ne bougeront pas et on détruira les excédents agricoles européens alors que la famine frappera ¼ de l’humanité et nous ne bougerons pas non plus, nous les gens de gauche, leurrés par les partis socialistes ? Imaginez que vous avez un bébé squelettique dans les mains et qu’il rend le dernier soupir et peut-être auriez-vous alors une émotion. Mais nous sommes manipulés pour avoir bonne conscience, « médecins sans frontière » s’en occupe ou encore « SOS Faim » et où va l’aide bilatérale prévue au tiers-monde ? Le phénomène de la distance a été étudié en psychologie sociale : si vous demandez à un quidam de trancher la gorge d’un bébé avec un couteau, il refusera cette horreur, mais si vous le placez dans un bombardier et que vous lui dites de presser le bouton de largage, il va le faire et tuer des milliers de bébé vietnamiens, par exemple.

Les citoyens sont fatigués d’avoir été manipulés et abusés par les politiciens à la solde du grand capital, ils sont fatigués des élections obligatoires où les promesses ne sont jamais tenues (il faudrait donc arrêter d’en faire par démagogie), il y a une dépolitisation massive car personne n’est assez motivé pour lutter contre cette merde de la particratie (notre dernière chance aurait pu être les syndicats mais c’est trop tard, ils sont infiltrés avons-nous déjà dit). Les politiciens honnêtes dans les partis devraient œuvrer à leur propre sabordage et virer les technocrates (qui confondent service au public et rentabilité) mais c’est trop tard, les gens sont dépossédés des problèmes de la cité. La régression démocratique est comme un gigantesque tsunami qui noie les petits poissons mais s’il ne reste que les prédateurs, ils mourront tout seuls faute de proies.

C’est le mythe de Sisyphe, tout progrès relationnel vient d’un travail de maturation que nous accomplissons – ou non – sur nous-mêmes. Nous ne pouvons changer l’autre mais bien notre manière de réagir à l’autre (par la désobéissance civile par exemple). Mais tout progrès sera toujours récupéré et détourné par des avides de pouvoir personnel sans état d’âme et qui oublient de consulter les gens au nom de qui, en principe, ils parlent. Notons que le phénomène est complémentaire et beaucoup d’entre nous sont paresseux et adorent être dirigés par d’autres (la soumission exquise étudiée par le psychologue social Jean-Léon BEAUVOIS).

Nous sommes ennemis les uns des autres et ennemis de nous-mêmes. Ce serait à partir de là qu’il faudrait reconstruire une anthropologie émancipatrice de Soi et de la fraternité avec les autres. Dans une période de 1966 à 1968, nous étions sur la route en autostop (KEROUAC) et au bivouac le soir, les différents stoppeurs se rassemblaient et partageaient leurs quelques victuailles ; c’était le temps du franquisme en Espagne où les douaniers coupaient de force les cheveux longs des beatniks. Mais aujourd’hui, sous une autre forme, avec internet, nous voyons des jeunes qui voyagent et créent des amitiés de par le monde en demandant juste à d’autres jeunes de pays plus éloignés un canapé pour y passer une nuit, soit une réécriture d’un tourisme humain qui ne se coupe pas des autochtones et ne dépense pas un franc dans le système hôtelier, chouette ?

Nous sommes une seule race HOMO SAPIENS avec des diversités culturelles. Nos connaissances du cosmos nous laissent sans espoir devant l’immensité glacée. Notre galaxie est secondaire et notre soleil fatigué s’éteindra un jour, ce qui signifie que nous ne laisserons aucune trace sur la planète bleue car la terre elle-même disparaîtra.



En attendant, il nous reste cette espérance provisoire de l’humanité à construire en nous appuyant, non plus cette fois sur des religions avides de sang et de conversions forcées (djihad), mais sur la révolution à portée mondiale sur le modèle de la France de 1789 avec ses finalités : LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE et la chartre des droits de l’homme qui protège le faible contre le fort, l’enfant contre les abuseurs (curés ou soldats).

Entre la tecno-science handicapée affective et le retour annoncé des guerres saintes et barbares, nous n’avons que ce choix du milieu : réformer la mauvaise gouvernance de la planète (la seule utilisation du budget de la force de frappe britannique pourrait à elle seule faire démarrer l’économie sociale de tous les pays du Sahel sous réserve de la suppression des accords de corruption tacites de part et d’autre) et réinventer le concept de citoyen du monde. L’égalité restera toujours un vœu souhaitable dans l’absolu mais cependant, on pourrait interdire les inégalités nocives (comme le droit de polluer côté en bourse) et imposer correctement les grosses fortunes au prorata des gains ?

La liberté est impossible car nous serons toujours prisonniers de nos inconscients, déterminismes et préjugés mais on pourrait en partager une plus grosse portion en ne la confondant plus avec le néolibéralisme liberticide ? La fraternité enfin ne pourra jamais s’imposer par décret mais s’enseigner dans les écoles et se pratiquer dans les quartiers. Il existe réellement des peuples pauvres et fiers qui n’ont rien mais donneraient leur chemise car posséder des choses est un mythe alors que l’échange peut devenir une réalité. Et nous n’avons pas besoin d’une unanimité pour l’essayer, nous sommes l’écrasante majorité qui doit se réveiller.

Nous avons des ressources mentales dont nous ignorons encore à ce jour l’utilité, nous pouvons faire l’hypothèse que cette intelligence non éveillée pourra l’être un jour au service de la création d’une harmonie sociale. Toutefois, tout comme l’éducation doit être permanente, le combat social aussi. Il faut - sans haine , ni violence - se battre avec pugnacité contre les injustices sociales et les arrivistes pistonnés qui ne pensent qu’à leur pouvoir (le père et le fils SARKOSY par exemple), pour l’inaccessible étoile d’une humanité des droits de l’homme et de la femme et une démocratie planétaire participative, en sachant qu’il n’y a pas de récompense, juste l’avenir de nos enfants et la survie limitée de notre monde car tout est impermanent.

Jean-Marie LANGE,01-08.08.10

[1] MORIN Edgar, MA gauche, Paris, François BOURIN, 2010, p.237.
[2] MORIN Edgar, Ma gauche, Paris, François Bourin, 2010, p.108.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire