samedi 14 août 2010

Brève du GAP

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;

La faim dans les régions isolées d’Afrique présage la fin du monde des humains civilisés
Nous, les enfants de l’après seconde guerre mondiale, nous avons tous vu les actualités Pathé Marconi au cinéma : des documentaires sur l’horreur des camps de concentration nazis, les charniers et les zombies hébétés et rescapés de ces génocides des juifs libérés par l’armée US, d’où l’engagement de tous dans la résistance à la soumission à l’autorité : « Plus jamais cela ! ».
En 1991, avec deux amies vétérinaires, mon épouse assistante sociale et moi-même, nous avions décidé - à partir des vieux plans de Marcel Griaule (de 1932) - de remonter vers le nord la partie non touristique de la falaise de Bandiagara (MALI). Le jeune guide DOGON voulant peut-être frimer devant les dames nous a épuisés dès le premier jour par une marche forcée de 35Km dans le désert et sous 40°C à l’ombre pour atteindre d’une traite YOUGO PIRI. (Ce que nous avions prévu en cinq jours, nous le ferons en fait en deux avec une semaine de récupération ensuite). Nous avons donc escaladé des dunes de sable, puis escaladé les rochers réfléchissant le soleil. Ma chemise était à tordre de transpiration et mon organisme était tellement bousculé que je vomissais tout le temps la moindre gorgée d’eau. Lorsque nous arrivons épuisés à la tombée de la nuit, le guide-boy s’occupe du repas et on nous désigne un toit de case sur lequel nous essayerons de dormir en vain. Le village est collé contre une falaise et celle-ci se termine par un aplomb formant auvent sous lequel des milliers de chauve-souris hurlent toute la nuit.
Nous sommes autour du feu où cuit notre riz, sales de transpiration avec dans nos gourdes de l’eau rationnée pour boire sans toucher à l’eau saumâtre résiduelle des mares brunâtres, sans endroit stable dans la rocaille pour déféquer ou pisser et nous observons cette casserole sur le feu, pleine d’une quantité excessive de riz pour nos quatre estomacs noués, tordus par l’effort. Une nuit sans étoile et un silence total (les chauve-souris se sont tues) ; par intuition, j’allume ma torche électrique et je balaye les alentours. Tout autour de notre petit cercle, un second cercle à un mètre de nous à peine où il fait noir de monde : tout le village est là, silencieux et concentré pour se partager nos éventuels restes. D’un commun accord, nous décidons de ne pas dîner et nous demandons au guide d’effectuer le partage du repas dans la dignité.
Le lendemain, à la lueur du jour, nous découvrirons l’horreur : tous les habitants sont nus avec des côtes saillantes, des bras et des jambes squelettiques, les petits avec des grosses têtes, un corps osseux et un gros ventre signe de malnutrition ; nous assistons en fait à la mort lente d’un peuple par la famine. Les hommes sont munis de lance-pierres et chassent les minuscules chauve-souris comme nourriture commune. Nous saluons les chefs et la population et nous nous sauvons littéralement de ce mouroir d’humains. Nous serons bloqués par une grosse pluie d’été sous un auvent où nous devrons attendre pour ne pas glisser dans la caillasse glissante et j’achèterai à un enfant son lance-pierre, seule preuve au fond que nous n’avons pas rêvé.
Un Euro est égal à 655 francs CFA et représente une fortune « relative » pour des gens en-dessous du seuil de la pauvreté dans des limites inhumaines. S’il vous plaît, donnez-nous au moins un euro pour le GAP (DEXIA : GAP : 068-246901-85) plutôt que de le jeter négligemment dans la sébile d’un mendiant drogué vivant dans notre pays reconnaissant le droit à l’aide sociale. Avec nos copains retraités, nous faisons le maximum pour payer de nos propres retraites nos vols, les frais de logements et de déplacements ainsi que la nourriture pour ne pas distraire un euro des dons versés au GAP. Et sur place, nous ne donnons pas d’argent mais de la nourriture pour les enfants (avec compléments nutritifs) ou des outils pour les agriculteurs faisant nôtre ce vieux dicton : « Si tu veux qu’un homme mange aujourd’hui donne-lui un poisson, si tu veux qu’il mange tous les jours, apprends lui à pécher », ce qui reste problématique lorsque l’on annonce une diminution des pluies de 30% pour 2011. Merci mille fois d’avance de conscientiser que si nôtre combat n’est qu’une goutte d’eau dans la misère, il est aussi le vôtre par la fraternité qui devrait prévaloir.

Jean-Marie Lange, formateur GAP, 14.08.2010.

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