samedi 20 novembre 2010

Lutte contre l'échec scolaire des migrants

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Association Sans But Lucratif (a.s.b.l.) n°874273371
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique: Jean-Marie LANGE jm.lange@skynet.be
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Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires. L'association de formation des cadres GAP est une association (asbl) spécialisée en management associatif, en recherche-action participative et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde en partenariat avec les villageois. Avant-hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali (2002) et hier, c'était l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi (de 2007 à 2010). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap.belgique3.blogspot.com;
La scolarisation et la lutte contre l’échec scolaire[1]
Après les Lumières (Diderot, Voltaire, Rousseau,…), nous avions l’Education Permanente (EP) qui visait l’émancipation sociale, c’est-à-dire permettre à des travailleurs qui, parce qu’ils n’ont pas de relations d’être accompagnés fraternellement par un formateur psychosocial pour sortir de l’obscurantisme et pour s’impliquer dans la citoyenneté responsable. Cela n’est possible que s’il n’y a pas d’élitisme, c’est-à-dire pas d’obligation de contacts privilégiés pour accéder au savoir-être, ce qui serait absurde car seul le sujet par lui-même peut décider s’il est ou non apte et être pour lui-même son propre flambeau (sans être en préalable coopté par des personnes hors de ses fréquentations habituelles) dit le BOUDDHA.
Bref survol historique[2]
· Le 29.07.1953, la loi HARMEL (psc) fixe la structure de l’Enseignement Technique et Professionnel dans les deux réseaux (public/privé) avec les prémisses de l’élitisme pour les uns et de la relégation pour les autres par réorientation ou glissement de l’enseignement général vers l’enseignement technique puis ensuite la relégation du technique au professionnel.
· L’Arrêté Royal du 01.07.1957 dit loi COLLARD (PS) confirme la ségrégation de 1954 avec d’autres intitulés A3 = ETSI, A2 = ETSS, A1 = ETS, les sections professionnelles A4 = EPSI existant depuis 1933. Par peur de raviver contre l’Etat la guerre scolaire d’une communauté privée mais habituée à diriger le pays, Léo COLLARD fige pour des décennies le progrès de l’école officielle dans un marasme sans fond.
· Une tentative timide d’humanisation verra le jour en 1976 avec la sortie du décret de l’Education Permanente dont les objectifs étaient constitués par les formations culturelles, civiques et citoyennes, ce dont l’école a tant besoin pour éviter dès la base les différents racismes en instaurant un cours obligatoire pourtant sur l’ensemble des philosophies religieuses et laïques pour permettre aux jeunes de faire un vrai choix avec leur esprit critique. L’EP sera vidée de son contenu sociopolitique par le prl-MR en lien avec le PS : « La Ligue de l’Enseignement et de l’EP »(Bx.) qui transformera les cours d’émancipation sociale en un récréatif loisir (batik, brame du cerf, danses orientales, chants, poteries …).
· Pour éviter de payer trop de jeunes chômeurs, la loi ONKELINX porte le 29.06.1983 l’obligation scolaire jusqu’à 18 ans et ouvre ainsi la boîte de Pandore des dégoutés de l’école qui pourrissent la manne des fruits encore sauvages. Du temps de l’après-guerre, travailler en entreprise dès 14 ans était moins humiliant que d’être obligé d’être présent de corps jusque 18 ans dans l’école (pour en fait des statistiques manipulées) et se retrouver de toute façon par après sans travail par causes d’échecs scolaires répétés dans le CV. Cette situation dévalorisante peut se transformer en échec de vie et en un assistanat permanent d’une famille dont les normes sont de vomir l’école et qui dépendra des pouvoirs publics sur plusieurs générations. Pour illustrer mon propos, j’ai entendu dans un bus un grand-père exclu (cela s’entend, cela se voit) qui expliquait à son petit-fils que l’école était une connerie et que lui avait bien vécu sans, ce qui est normal dans le chef du grand-père pour sauvegarder de sa dignité humaine.
· On s’enfoncera encore un peu plus dans le gouffre en créant le 12 .12.1986 un sous-enseignement professionnel : les CEFA (Centre d’Education et de Formation en Alternance). L’enseignement à horaire réduit consiste à suivre deux jours d’école et 3 jours d’entreprise en imaginant que l’entreprise va payer des moniteurs pour s’occuper des jeunes fâchés avec l’école ?
· Notre système est fondamentalement pernicieux car les dirigeants qui commettent des erreurs irrémédiables ne sont ni remerciés, ni sanctionnés (on peut être contre la peine de mort et exiger des peines d’emprisonnement ferme pour des actes répétés de mauvaise gestion du biens publics?). L’école officielle sera détruite par ONKELYNX pour rentrer dans la zone EURO sans toucher au catho, en permettant la salle de bain d’ARENA, les hélicoptères de COEME et les multiples affaires de pot de vin et de détournement de Seraing à Charleroi, sans compter les voyages du groupe HAPPART au Mexique, les parachutes dorés ou encore l’absentéisme époustouflant sur les bancs de la chambre par cumul de mandats? Notons pour mieux faire comprendre que, par la loi de Bondt de 1992, un enseignant ne peut lui exercer un seul mandat supplémentaire.
J’ai connu des tracasseries administratives parce plein temps dans ma Haute Ecole Troclet, j’étais collaborateur de l’université de Liège pour des formations ponctuelles ; j’ai démissionné de l’ULG, la loi fut abrogée mais c’était trop tard et j’ai toujours regretté cette contrainte idiote.
· En 1987, la Belgique est condamnée par l’Europe pour sa création de la voie sans issue des sections professionnelles supérieures. On invente alors en hâte une septième année de remise à niveau de cours généraux, une connerie immense pour les petits enfants de milieux défavorisés car c’est alors permettre artificiellement à des jeunes n’ayant pendant six ans jamais reçu des cours de base sérieux de les enseigner et l’horreur se vérifie lorsque de nombreux jeunes ne sachant pas écrire sans faute au tableau deviennent instituteurs !?
· En juillet 1997, la Ministre ONKELINK place la cerise sur le gâteau de l’horreur en publiant de façon anonyme (sans signer de son nom) le « Décret Mission » soufflé pour la plupart des articles par les cathos (car il semblerait que, dans les universités d’Etat, il n’y ait pas de pédagogue valable ?), ce sont des objectifs généraux très beaux tels épanouissement des élèves, émancipation sociale, lutte contre l’échec, formation de qualité mais sans le moindre moyen financier budgétisé pour les atteindre et sans méthodes probantes.
Le lieu d’où je parle
Auparavant existait une filière intermédiaire avant les sections professionnelles que l’on appelait l’enseignement technique qui donnait bien sûr des cours techniques MAIS AUSSI des cours généraux (math, français, physique, langues, biologie,…). Ma propre histoire de vie en est un témoignage, je me suis retrouvé technicien en agriculture alors que j’ai horreur de l’agriculture mais grâce aux cours généraux, j’ai pu – à mon époque – présenter à Bruxelles le jury central d’accès à l’enseignement supérieur et réussir ainsi sans vraiment de problème deux doctorats car le gros de la discrimination (pour fils d’ouvrier ou de migrant) se fait dans le secondaire. J’ai eu la chance de vivre une époque progressiste (les années 1970) et je n’aurais plus du tout les mêmes chances aujourd’hui de devenir pédagogue et psychologue d’intervention. Dans les années 1980, la réforme Chevènement en France supprimait la ségrégation pour s’aligner sur les pays nordiques, où théoriquement après une base convenable de bac+2, on peut alors faire un véritable choix de l’enseignement professionnel sans une altération de l’estime de soi. En Belgique (CFB), la Ministre PS ONKELINX, pour ne pas déplaire à l’école privée catholique, a maintenu à grands frais les deux réseaux (faisant double emploi au lieu de financer la seule école officielle) en rognant sur les subsides et en coupant les ailes aux meilleurs profs de l’enseignement technique tellement attaqués (cf. YLIEFF à la TV) que l’on ne trouve plus aujourd’hui de techniciens compétents pour s’engager dans ce métier.
De plus, nous avons copié la France avec les ZEP (Zone d’Education Prioritaire) en les nommant chez nous « Ecole à discrimination positive » et là aussi par manque de rigueur gouvernementale, la plupart des écoles (mêmes élitistes) ont droit à ce subside.
Analyse sociologique actuelle : corrélation échecs et délinquances
Selon BOURDIEU et PASSERON dans « Les Héritiers » et « La reproduction », nous étions tous conditionnés par les normes bourgeoises de l’école élitiste. Cela n’est plus le cas pour les jeunes issus des classes défavorisées. Il n’y a plus le soutien d’une volonté parentale pour que les petits soient mieux armés en valorisant l’ascenseur social que représentent l’école et les diplômes. Cette déliquescence de l’intérêt pour une classe de référence distincte de la classe d’appartenance se donne à voir dans l’irrespect des étudiants migrants envers les enseignants qui sont à leur service (et payés pour une forte partie par l’Etat). Du temps de nos parents, l’instit et le curé étaient les deux personnes les plus respectées du village. Aujourd’hui, dans l’enseignement supérieur post-bac, plus de 10% des étudiants (souvent des maghrébins, il faut le dire) nous parlent comme à des chiens, une inculture stupide puisque ce sont les profs qui ont en main les clefs de la réussite ou non, s’il s’agit d’un grossier personnage. Bien sûr, on dira que le comportement en classe n’a rien à voir avec les performances, libre aux naïfs de la croire mais en conseil de classe, une professeure qui a été agressée par un harcèlement sexuel constant fera-t-elle preuve de mansuétude envers son bourreau ?
En aucun cas, il récoltera au contraire ce qu’il aura lui-même semé. Cette nouvelle vague d’étudiants issus de populations migrantes en grande partie ignorantes n’ont pas les codes culturels pour devenir « les Héritiers ».
Très vite, le système de sélection se met en place et ces « handicapés » de la politesse, du respect et de la dignité du maître (les plus faibles du tiers-monde et du quart-monde) comprendront qu’ils sont condamnés dès 20 ans vers des filières stigmatisées et non rentables, celles dont personne ne veut.
Par contre, les élèves « non caractériels » (terme péjoratif, on devrait plutôt dire les élèves sans problème de discipline) comprennent aussi qu’ils ont une longue route avant de gagner des tunes (un médecin généraliste aujourd’hui 9 ans, un spécialiste 13 ans après le bac).Parmi les enseignants ayant pris conscience de cette sélection à peine feutrée, il y a des praticiens idéalistes des pédagogies relationnelles (Freinet, de groupe, du projet, différenciée, institutionnelle,…) qui veulent redresser la barre et susciter chez les apprenants le goût de l’effort, la volonté d’auto-apprentissage. En face, à droite, les profs moffleurs et élitistes eux n’ont pas de problèmes éthiques puisqu’ils visent justement la sélection naturelle des moins adaptés, soit 70 à 80% d’échecs scolaires pouvant devenir des échecs de vie qui constitue la norme subjective de ces moffleurs en série. Quelques-unes de leurs victimes seront sauvées par le conseil de classe, ce qui rabaisse le seuil du gâchis à 50 % d’échecs chaque année scolaire ! En principe, en fonction des objectifs généraux annoncés par la Communauté Française de Belgique, les profs formateurs devraient être soutenus face aux profs moffleurs. Non seulement, il n’en est rien mais les profs formateurs sont moins bien payés que les moffleurs ; en effet, ils préparent plus longtemps des exercices et jeux de rôle interactifs, ils se tiennent au courant de l’actualité et photocopient des documents récents, ils refondent chaque été de vacances leur syllabus pour les actualiser et sont rarement absents mais gagnent le même barème que les profs rigides qui lisent leur cours, ne préparent rien et sont d’une santé fragile chronique. C’est terriblement injuste mais c’est bien cela ! moins on en fait et proportionnellement, mieux on est payé dans l’enseignement. C’est pourquoi, par économie personnelle, il y a lassitude et presque tous finissent par revenir aux cours ex-cathedra des exposés moins investissant que des débats préparés. Tout le monde sait que pour certains, l’enseignement est un apostolat mais qu’il y a aussi des tire-au flanc à la santé ultra-fragile et le gouvernement hypocrite ferme les yeux.
« De notre temps ! » disent les professeurs qui enseignent de façon magistrale depuis les Grecs à un public intelligent certes mais ayant aujourd’hui des difficultés à se concentrer et justement à supporter la frustration d’un discours ex-cathedra ennuyeux. Les rigides ne comprennent pas pourquoi les élèves ne sont plus les enfants sages qu’ils croient qu’ils ont été. Alors, ils s’aigrissent et mofflent en haïssant notre génération de pédagogues. Ils jugent (jugement de valeur à partir de préjugés) que ceux qui pratiquent une pédagogie relationnelle abdiquent la transmission du savoir et rien n’est plus faux car ils l’enrichissent du savoir faire et du savoir-être. Avec la pratique d’une relation pédagogique de la communication, le prof, par l’échange, rencontre le besoin de savoir des élèves en les faisant parler. Mon propre maître Gilbert DE LANDHSEERE a dans une recherche montré que 80% du temps de parole dans une classe traditionnelle étaient monopolisés par le maître, les élèves étant considérés comme des récipients à remplir.
Toutefois, depuis que l’école n’est plus une conquête mais un droit disponible à chacun, il suffit parfois d’une pomme pourrie, présente juste pour les allocations familiales pour contaminer en négatif le groupe-classe. Un saboteur du travail d’un groupe-classe d’apprenants a en fait un grand pouvoir de destruction du fait d’une part de sa propre démotivation et d’autre part des sarcasmes dont il peut influencer les autres. N’en déplaise à ROUSSEAU, l’homme n’est pas bon et il peut être vil et destructeur en allant par exemple se plaindre au directeur de l’école (« il n’y a pas de fumée sans feu » dira la rumeur) et le directeur soucieux des inscriptions assurant les subsides risque d’écraser l’autorité du maître. On appelle cela l’effet CAPLOV dit de politisation où le numéro 1 (l’élève) d’une hiérarchie se plaint au numéro 3 du numéro 2 (le prof). Cette attitude malsaine entraîne une réaction en chaîne déstabilisante pour la motivation. L’enseignant comprend que quoi qu’il fasse, qu’il donne un cours barbant comme les autres ou qu’il construise laborieusement après journée des jeux de rôle, il aura le même salaire car tout le monde s’en fout des résultats obtenus. Donc il devient à son tour un « zombie » et le groupe-classe avec lui du fait d’un comportement démagogique d’un directeur qui n’est après tout qu’un fonctionnaire comme lui mais qui se mêle de sa pédagogie.
Pour créer un climat convivial et relationnel positif, l’enseignant doit « mouiller sa chemise », s’engager pour que les apprenants le suivent, inventer des méthodes attrayantes et donner à chaque séance un show pour accrocher son groupe-classe ravi… Hélas, cela n’intéresse personne dans la hiérarchie, surtout pas les ministres aux portefeuilles interchangeables.
L’école développe donc un discours hypocrite affichant des objectifs généraux humanistes d’épanouissement des jeunes et d’émancipation sociale et à l’épreuve des faits, elle pratique toujours la sélection sociale dénoncée par BOURDIEU, il y a un demi-siècle.
Les élitistes opposent les élèves « abstraits », chevaux de course pour les filières intellectuelles et l’intelligence des mains (sans neurone) des élèves « concrets » à qui correspondraient mieux les mulets des enseignements des filières techniques et professionnelles. Rien n’est plus faux que cet amalgame ségrégationniste. Le boucher comme le chirurgien travaillent tous les deux la chair mais tout les sépare : le chirurgien a choisi la médecine et est entré spécialisation qui lui donnera une valorisation sociale éminente et un salaire confortable alors que le boucher s’est retrouvé peut-être dans cette filière par réorientations successives le plus souvent et plus rarement par choix (sauf s’il est fils de).
Pour un accueil sincère des migrants
La mixité sociale est un mythe car les parents choisissent des écoles élitistes catholiques pour avoir le mieux pour leurs enfants qui….parfois y échouent faute de soutien parental pour les devoirs à la maison. Cette discrimination des écoles a été lancée comme rumeur par l’enseignement catholique (bien managé sans état d’âme par le SéGEC – Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique) et bon nombre de parents ne se rendent pas compte de l’absurdité de cette légende. Ce serait un peu comme si tous les profs médiocres choisissaient l’enseignement officiel et les meilleurs l’enseignement catholique ! Bon nombre de mes collègues ayant travaillé dans les deux réseaux confirment qu’il y a des bons et des mauvais partout avec toutefois une légère supériorité qualitative (selon les statistiques) chez les enseignants de l’officiel moins angoissés par d’éventuelles pertes d’emploi pour des raisons dépendant de leur vie privée (cfr. Mgr LEONARD).
Par contre, il est vrai que l’échec scolaire est corrélé avec la délinquance des adolescents. L’entrée et la réussite en CM2 en France (2ème degré, 2ème année primaire) est elle-même corrélée avec la réussite du CP (cours préparatoire) équivalent à la 3ème maternelle et du CM1. Toutefois, l’amalgame avec des déterminismes racistes est éventé par les études sociologiques récentes : la prise en compte des cultures différentes pourrait juguler les échecs scolaires ! La maman du Sahel est une excellente mère qui cajole et s’occupe très bien de ses bambins mais lorsqu’ils ont une autonomie physique, elles les laissent alors se débrouiller seuls pour s’occuper des plus jeunes (les familles ont de 5 à dix enfants). Par contre, les enfants des migrants asiatiques imprégnés de confucianisme (une culture vieille de 2000ans) et de la nécessité de la réussite scolaire s‘ennuient dans les collèges trop faciles dans l’attente du lycée.
Le temps consacré aux devoirs à domicile est également très significatif ainsi que l’importance de la fratrie.
Une famille malienne avec juste deux enfants est difficile à trouver alors que ce sera une norme en milieu asiatique et vivre dans une seule pièce avec les deux parents et un nombre important d’enfants devant la télévision ouverte en permanence n’est pas un facteur favorable de réussite scolaire.
Grosso modo, on constate aujourd’hui en France que pour un délinquant européen (de l’est par exemple), il y a deux délinquants turcs, 4 maghrébins et 8 sahéliens. Notons qu’en Belgique où, dans certains quartiers de Bruxelles, un bruxellois sur deux est marocain, les deux derniers chiffres sont inversés et nos prisons renferment 80% d’africains avec une nette dominance marocaine. Les actes de délinquance sont liés à une mésestime de soi due à l’échec scolaire.
Les réformes pour se réjouir ou pour pleurer
Chaque fois qu’il y a une énième réforme de l’enseignement (En France comme en Belgique) bricolée de bric et de broc avec des concepts anciens et obsolètes, les enseignants font le gros dos et attendent qu’elle s’étiole d’elle-même. Pendant deux ans, en tant que chargé de mission au CEF (Conseil de l’Enseignement et de la Formation de la CFB), je n’ai pas arrêté de demander aux attachés et experts des ministres qu’ils s’informent à la base, envoyant des missi dominici dans les classes pour discuter avec les gens de terrain sur ce qu’il serait bon ou non de faire ; en vain, « j’ai pissé dans un violon ». Pourtant, dans les années 1971-1972, nous avons eu « l’enseignement rénové », un magnifique outil qui prônait le travail de/en groupe sans en préalable former les enseignants à l’animation de groupe ; lynchons nos ministres et cela ne pourra pas être pire. On a fermé cette réforme environ vingt ans après parce que trop coûteuse à financer en même temps qu’un doublon de l’enseignement officiel (l’enseignement catholique).
Pour une réforme efficace et préventive de nos institutions scolaires, il suffirait comme les saumons de remonter la rivière pour agir à la source : le CP ou la 3ème maternelle. J’ai pu m’extasier au Québec, à Montréal devant des classes de 3ème maternelle où avec un petit groupe de 14-16 élèves (et non 32 comme chez nous, selon le bon vouloir du directeur), l’institutrice pratique une pédagogie de l’éveil (autoformation) assistée de deux orthopédagogues qui repèrent les gosses qui ne suivent pas et pratiquent alors avec eux en individuel de la pédagogie différenciée. Qu’est-ce que cela doit coûter, diront nos ministres ? Probablement beaucoup moins que l’entretien de nos prisons et les allocations sociales pour les exclus permanents de chez nous .
En synthèse pour lutter concrètement contre l’échec scolaire et la prévention de la délinquance
Au niveau de l’institution :
- Diminuer la surcharge par classe.
- Etoffer la formation des maîtres à l’animation des groupes et à la psychologie relationnelle.
- Evaluer sur des critères stricts l’efficacité et la présence effective des ministres permanents interchangeables.
Au niveau des parents :
- Disposer pour l’enfant d’un endroit sans TV bruyante pour les devoirs.
- Faire les devoirs avec l’enfant une heure chaque jour.
Au niveau de l’apprenant :
- Respecter les enseignants (politesse par exemple).
- Etre le moins possible absent et participer à toutes les activités proposées (y compris la piscine pour les filles).
- Poser des questions sur ce qui n’est pas compris.
- Faire des résumés chaque jour de ce que l’on a appris.
Je vois d’ici des ministres blasés me répondre qu’ils ont été enseignants eux-mêmes et que cela ne marchera jamais et je sais aussi que pendant 40 ans, j’ai donné ces règles à mes apprenants avec à la fois de fortes exigences qualitatives et un excellent taux de réussite. Alors, avec une petite campagne d’information/formation des parents, des mères surtout en réexpliquant ces 9 points, qu’est-ce que l’on risquerait, à part perdre dans le rapport PISA notre record d’être parmi les plus mauvaises écoles d’Europe à cause de notre indécente sélection gabegie ?

Jean-Marie Lange, formateur GAP
20.11.2010
[1] HIRTT N., L'école prostituée, L'offensive des entreprises sur l'enseignement, Bruxelles, Labor, 2001 ; DUBET François, DURU-BELLAT Marie, L’hypocrisie scolaire, Paris, Seuil, 2000..

[2] LANGE Jean-Marie, Pédagogie émancipatrice et revalorisation de l’enseignement technique, Paris, L’Harmattan, 2002 ; Mémoires de licences pourtant sur la lutte contre l’échec scolaire (2 tomes) « Pour que chacun entre dans la vie par le plafond », Liège, ULG, 1987.

mercredi 10 novembre 2010

La liberté (II) et la résistance

La LIBERTE (II) et la résistance :
1. La faille des pouvoirs publics dans l’accueil aux migrants
Les migrants étrangers, autrefois, s’appliquaient à nous ressembler. Aujourd’hui, ils revendiquent leur altérité et certains (les islamiques) nous regardent come des déviants religieux par rapport à leurs coutumes en oubliant qu’ils sont sur notre territoire. Notre dernière révolution culturelle dont nous sommes tous fiers était mai 1968, la révolte de la jeunesse et la place égalitaire des femmes dans notre société grâce aux moyens anti-conceptuels (la pilule notamment). C’est en prenant le contre-pied de nos victoires émancipatrices, contre la mixité et le respect des identités sexuées que le repli dit « moral » des fondamentalistes intégristes s’est opéré dans les dernières décennies dans les quartiers immigrés. Dans les années 1960, les femmes d’Alger ou d’Oran se promenaient tête nue, cheveux au vent avec des jupes ou des robes bien jolies qui mettaient en valeur leur féminité sans provocation outrancière.
Aujourd’hui, le foulard est une provocation et un faux problème. Si ma religion est celle du sous-commandant Marcos des guérilleros mexicains du Chiapas et que je porte la cagoule sur ma carte d’identité, je vais être rappelé à l’ordre et il en ira de même des femmes qui se servent de l’HIDJAB pour dissimuler leurs traits…en France. Par contre, laisser apparaître le visage et porter un foulard, nos grands-mères le faisaient déjà. L’inadmissible est lorsque l’on a une charge publique (assistants sociaux, enseignants, parlementaires,…) de s’exhiber avec ce signal religieux qui constitue en soi un manque de respect pour les autres religions ou les non croyants. Donc lorsque l’on représente la citoyenneté nationale, le respect de tous implique la non exhibition de ces signes ostentatoires.
Dans la Belgique de 2010, il y a deux vagues distinctes de migrants : ceux dits de la deuxième génération qui n’ont pas toujours su comprendre les sacrifices de leurs parents pour qu’ils se scolarisent et s’intègrent et puis, il y a les nouveaux migrants que l’on stigmatise comme illégaux ou « sans-papiers ». Il s’agit de milliers de travailleurs exploités au noir par les entreprises de la construction notamment et exploités en plus par les marchands de sommeil. Ils travaillent au lieu de glander ou de dealer, ils paient des taxes et des impôts, scolarisent leurs enfants, sont bien des êtres humains vivants mais considérés par nos gouvernants au même titre que des délinquants et sont enfermés dans des « centres fermés (Vottem notamment,…)avec femmes et enfants ou expulsés de gré ou de force. Il existe alors également une minorité de voyous qui se servent de l’Islam pour l’instrumentaliser en une violence contre les occidentaux pour camoufler leurs activités maffieuses. Les réels voyous marocains engorgent de leur « race » (ndlr il n’y a qu’une seule race humaine l’Homo Sapiens Sapiens) les places disponibles dans notre prison 3 étoiles avec TV de Lantin (Liège). Pourquoi ne pas inverser ce mauvais surréalisme à la belge et expulser de force ceux qui ont agressés des personnes physiques (crimes, car-jacking, braquages armés, diffusion de drogues dures, traite des êtres humains,…). Notons qu’il y a aussi d’autres délinquants de la migration comme la mafia albanaise par exemple, ce qui ne change rien à notre situation confuse. Les sans-papiers, derniers arrivés des réfugiés économiques n’ont rien à voir avec cette pègre religieuse par opportunisme, le respect des droits des primo-arrivants est une question de dignité humaine à coupler avec une tolérance zéro et une expulsion ferme pour les bandits majeurs et les mineurs récidivistes qui connaissant nos lois les trahissent sans vergogne.
L’agenda caché
Les extrémistes islamistes saoudiens manipulant la majorité des maghrébins à Bruxelles et ailleurs utilisent à présent le lobbying pour s’introduire dans nos instances de démocratie parlementaire, les maghrébins visent l’oligarchie de centre-droite du PS (social-démocratie) un peu partout. A Oslo, la secrétaire d’Etat et membre du PS a expliqué que l’image des piscines est un domaine où l’on doit restreindre la mixité car 38% des élèves de l’école élémentaire sont des étrangers musulmans. Les lieux de tensions ouvertes, déstabilisation, émeutes, inconduite et délinquance en Europe sont tenus par les enfants en échec scolaire et/ou sans profession de la deuxième génération, une évolution dangereuse vers un islam puritain, abstrait, à l’encontre de la tolérance de leurs pères et de l’esprit d’ouverture du livre saint, le Coran. La montée d’une religiosité islamiste radicale prônant le djihad se combine avec les jeunes frustrés revanchards vivant dans des cités ghettos.
L’échec scolaire précoce chez les ados favorise un sentiment de dévalorisation de soi d’autant plus qu’au départ, ils avaient intégré l’idéologie méritocratique et compétitive. Cette humiliation d’être dans les laissés-pour-compte débouche sur des affrontement sociaux basés sur un islam revisité par les fondamentalistes. Par réaction de honte (une valeur exacerbée au Maghreb) d’avoir échoué dans le système de la méritocratie, ils se focalisent sur une critique de l’Occident et des droits de l’homme en instrumentalisant l’Islam de leurs pères dans un islam fait d’une déviance haineuse et envieuse. Essayer de trouver un seul de ses islamistes (tous les musulmans ne sont pas à amalgamer) capable d’autocritique : « pour avoir détruit des ambassades pour venger des caricatures ? » Nada ! Ce sont des fanatiques intellectuellement malhonnêtes. Trouvez un scientifique occidental qui fonctionne pareillement au dogmatisme et ce ne sera pas un scientifique car la science se remet en question perpétuellement.
La recherche en sociologie sur les ghettos
Contrairement à nos croyances populaires, selon les travaux de LAGRANGE, il n’y a pas ségrégation à l’embauche par délit de faciès à notre époque (interdit dans nos lois antiracistes) mais par absence de diplôme et de qualification (compétence). La formation des ZUS (Zone Urbaine Sensible, nom donné en France aux cités et quartiers qui font l’objet de politique de la ville) a commencé dans les années 1970 avec l’édification des HLM et leur relative mixité sociale dans un premier temps. Puis, on a assisté au départ massif des couches moyennes en réaction à l’arrivée d’une population africaine de migration (trop de bruit la nuit, trop de dégradation des ascenseurs et de l’environnement, etc.). Les places libérées par les classes moyennes ont été très provisoirement occupées par des ouvriers repartis vers des pavillons de banlieue et réinvesties, dès le regroupement des familles en 1974, par des populations africaines. La ségrégation sociale a précédé la ségrégation ethnoculturelle de la grande couronne parisienne.
Dans les années 1980, les ménages les mieux intégrés (ouvriers qualifiés, employés) s’éloignent donc de la ZUS pour accéder à la petite propriété en pavillon et laissent entre eux les immigrés d’origine africaine. En 2000, la proportion des familles africaine était de 26% et les familles venues de l’Europe de l’est de 11%. En 2008, le taux d’africanisation des ZUS est de 40%.
Rappelons brièvement que les élites autochtones sont parties dès les années 1970 et ne sont pas revenues dans ces quartiers qui manquent d’ « élite » sociale. Les populations des grands ensembles s’homogénéisent par le bas (racket, mauvaise réputation, dealers et faible qualité des écoles, ou plutôt des écoliers). Un embryon d’élite issus de l’immigration maghrébine (les grands frères) déserte également les ZUS dans les années 1990, les conséquences sont désastreuses en terme d’émulation, de modèle éducatif et d’émancipation pour les populations africaines. Les départs socialement sélectifs amplifient la ségrégation ethnique, il n’est plus question du modèle marxiste bourgeois/prolérariats mais d’accès à l’instruction et à la culture (la langue) ou non.
Dans notre petite ville de Liège en Belgique, le même phénomène a eu lieu avec les HLM de Droixhe. Dans les années 1970, par solidarité sociale, des assistants sociaux et des enseignants s’y étaient installés et puis ont fui l’environnement peu respectueux des voisins (les poubelles vidées par les fenêtres dans les espaces fleuris plutôt que de les descendre au lieu ad hoc, les cages d’escaliers taguées servant aussi de dépotoirs (à seringues), les bruits, les cris, la musique nocturne, les intimidations de jeunes caïds auprès de vieilles personnes, les tournantes de jeunes filles d’ethnie africaine dans les caves,…).
Aujourd’hui LAGRANGE[1] fait le constat désolant du rapprochement des géographies de l’échec scolaire, des surfaces d’émergence de la délinquance et de la concentration des familles « africaines ». Son étude se base sur les commune situées autour de Mantes-la-Jolie (France).

Que peut-on faire ?
J’ai un grand ami malien qui est venu chez moi en Europe il y a plus de vingt ans et à qui nous avons appris le « savoir-vivre » de nos coutumes (utilisation des sanitaires, rincer sa baignoire après un bain, ne pas mettre un peu de tout sur sa tartine au petit dej, etc., bref l’utilisation du confort moderne ave le mode d’emploi). Par contre, des réfugiés émargeant d’un CPAS ouvraient en hiver les fenêtres de leur logement de dépannage par méconnaissance du thermostat des radiateurs. D’autres, dans des appartements loués, faisaient du feu sur un parquet ancien par méconnaissance de l’utilisation des plaques vitrocéramiques ; d’autres encore faisaient leurs besoins sur la corniche par méconnaissance des sanitaires etc. Lors d’une enquête pour la revue TOUDI, j’ai pu investiguer cette non bonne gestion en père de famille suscitant un racisme réactionnel de non compréhension, du racisme d’attitude mais non de comportement (Une étude de LAPIERE de la côte ouest à la côté est des Etats-Unis a montré que dans les motels dont le gérant avait une attitude raciste, celui-ci louait cependant la chambre lorsque se présentait un client noir, donc une nuance significative entre l’attitude et le comportement). Le racisme proprement dit (si j’ose m’exprimer ainsi ) est bien illustré par l’Apartheid de l’Afrique du sud ou encore le nauséabond Le Pen voulant rejeter avec Jeanne d’Arc tous les étrangers à la mer, ou pire encore celui des deux communautés américaines et le contentieux esclavagiste vieux de plus de 300 ans qui se montre par la faible taux de mariages interraciaux en référence avec les autres continents.
Je suis convaincu que tout primo-arrivant, au lieu d’être enfermé dans un centre fermé peu distinct d’une prison, devrait bénéficier d’un accueil éducationnel par des éducateurs spécialisés qui, tout en veillant à l’autonomie des personnes, les aideraient pendant le premier mois par exemple à faire leurs courses avec discernement et répondraient à chaque question en expliquant les singularités de la vie moderne qui sont pour nous des évidences. En parallèle donc à l’alphabétisation et à la maîtrise de la langue régionale(y compris bien sûr pour les femmes), dans la ligne de Jules FERRY, il faut que l’école obligatoire et gratuite pour tous leur soit accessible sans ségrégation et sans céder à leur demande de piscine séparée.
Nous nous sommes battus pour l’égalité des genres et l’utilisation de piscines municipales réservées aux seules musulmanes est un affront de bienséance aussi grave que si j’entrais dans une mosquée avec mes chaussures. Toutefois, il ne s’agit pas comme dans le passé d’intégration forcée par assimilation mais d’une compréhension multiculturelle pour tous les humains vivant ensemble. On peut faire une fête et savoir qu’après 22h, il s’agit de tapage nocturne. On peut utiliser les espaces publics sans jeter ses cannettes sur le sol mais en les déposant dans les poubelles publiques. On peut utiliser le mobilier et les transports urbains sans lacérer les sièges du bus au cutter, en payant son ticket, sans insulter le chauffeur et sans briser les parois de verre des abris bus. On peut entretenir son jardin sans qu’il ne devienne un entrepôt de vieilles machines à laver et de vieux pneus gênant le voisinage. Et de même, on peut voir de jeunes maghrébines en bikini à la piscine sans qu’elles soient offensées par un quelconque regard lubrique occidental. En gros, respecter nos sites et coutumes tels qu’il existaient avant les vagues migratoires ni plus ni moins.
2. Plaidoyer pour la revalorisation de l’image des mères en éducation
« A l’inverse de ce qui se passe en Orient et en Afrique, dans l’immigration en Europe ce ne sont pas les élites sociales qui sont le fer de lance de la réaction morale mais les jeunes en échec scolaire vivant dans les quartiers pauvres et ségrégés. »[2]
Du temps des Grecs, nous dit Michel FOUCAULT, il y avait le devoir de la PARRÊSIA[3], dire le non-dit, même aux puissants, même lorsque l’on craint de paraître politiquement incorrect.
Je me définis comme un progressiste de gauche. J’ai toujours aidé les étudiantes assistantes sociales maghrébines qui sollicitaient mes avis. J’ai toujours eu des amis musulmans tolérants comme moi mais je n’ai jamais fréquenté les petits coqs imbéciles et haineux qui pourrissent nos villes aujourd’hui
La première génération de travailleurs migrants marocains était composée de gens très bien, pauvres et fiers, attachés à l’honneur mais aussi à une culture normative rétrograde vis-à-vis des femmes, une position qui n’a fait qu’empirer en 50 ans avec les migrations afghanes et la burqua ainsi que l’influence sectaire waabite de l’Arabie Saoudite soutenue par les américains (unanimement détestés dans le monde arabo-musulmans pour leur peu de respect des autres cultures). L’ouvrage récent du sociologue Hugues LAGRANGE, chercheur au CNRS, produit un savoir accablant sur les méfaits de nos « auto-invités » envers les êtres humains femmes qui sont aussi nos sœurs dans l’humanité.
Une femme arabo-musulmane est cloîtrée chez elle pour ne pas exciter la convoitise libidinale des mâles du coin (c’est dire le peu de contrôle de leur pulsion) et si elle doit sortir, elle doit être couverte comme un sac poubelle et accompagnée d’un enfant mâle (de 7 à 12 ans) à la fonction délatrice devant faire un rapport au père-mari. Nous savons tous, depuis FREUD, que les petits enfants sont des pervers polymorphes, leur sentiment de toute-puissance doit être contré par l’éducation des parents sinon il n’aura aucune limite. C’est bien là le drame du jeune gamin qui, sur l’injonction du père, doit surveiller sa mère et se noie dans son fantasme de toute-puissance. Lorsque sa mère lui dit, pour son bien, de faire ses devoirs, il l’insulte, la frappe éventuellement et critique sa liberté vestimentaire au point de la contraindre au silence. Le hic est que le père ne parle pas non plus d’éducation et de respect pour la mère. Le petit maghrébins (en Belgique à dominance marocaine, en France à dominance algérienne) va reproduire le même type de comportement irrespectueux envers ses profs féminins, voulant leur imposer une « valeur » de respect, concept qu’il ne maîtrise pas dans son manque d’éducation et qu’il devrait plutôt lui appliquer envers ses professeures.
Peu préparé en général pour les études et la concentration mentale, il va récolter la monnaie de sa pièce et s’il lui manque un seul point au conseil de classe, l’enseignante qu’il a insultée toute l’année ne le lui remettra pas car il y a des limites à la mansuétude.
Le jeune va probablement se retrouver dans l’enseignement professionnel ou pire dans l’enseignement CEFA (alternance avec le milieu professionnel), il va comprendre qu’il est sur une voie de garage avec un sentiment de rancœur vis-à-vis de notre société.
Il ne faut pas confondre la révolte contre une injustice ciblée avec une rancœur, une envie de ce que d’autres possèdent sans pour autant maintenir un effort scolaire soutenu. Albert CAMUS distinguait bien cette forte nuance entre la révolte et le ressentiment :
« Le mouvement de révolte est plus qu’un acte de revendication, au sens fort du mot. Le ressentiment est une auto-intoxication, la sécrétion néfaste, en vase clos, d’une impuissance prolongée. La révolte au contraire fracture l’être et l’aide à déborder.. L’envie colore fortement le ressentiment. Mais on envie ce que l’on n’a pas, tandis que le révolté défend ce qu’il est. Le ressentiment, selon qu’il croît dans une âme forte ou faible, devient arrivisme ou aigreur. Mais dans les deux cas, on veut être autre que ce qu’on est. Le révolté, au contraire, dans son premier mouvement, refuse que l’on touche à ce qu’il est. Il lutte pour l’intégrité d’une partie de son être. Il ne cherche pas d’abord à conquérir ».[4]
Bien sûr que les femmes musulmanes peuvent se promener avec un foulard sur la tête, pour autant qu’il ne masque pas le visage et permette l’identification.
Nos lois sur la démocratie et le pluralisme réclament par contre fermement qu’une élue politique, une enseignante, une AS de CPAS, etc. n’affichent pas leurs préférences religieuses lorsqu’elles sont au service de tous les citoyens, elles doivent rester neutres.
S’il y avait un effort politique pour investir dans des structures d’accueil et d’éducation (pour les mères, les filles et les petits; pour les délinquants, c’est trop tard), on pourrait peut-être traiter le mal à sa racine pour les prochaines générations ? Le père réfugié dans sa dévotion peut continuer ses cinq prières à la mosquée mais aussi veiller à ce que SES enfants respectent SON épouse de façon à ce que celle-ci puisse les éduquer pour qu’ils aient un avenir meilleur (et nous aussi). On peut en Belgique être musulman grâce à la séparation des églises et de l’Etat (aucun belge n’a jamais comme à Bagdad pris des otages dans un lieu de culte d’une religion différente) mais est-il nécessaire de vouloir contrôler nos gouvernants socialistes par des lobbyings pour avoir des piscines réservées aux seules musulmanes à Bruxelles. Ce ne sont plus des revendications mais des diktats, ce n’est plus de l’intégration (comme la première génération) mais du ressentiment, de la revanche. Pourquoi nos autorités sont-elles si laxistes ? En France, quelle que soit l’unanimité anti-SARKOSY, il faut reconnaître que ceux qui pratiquent des actes de barbarie sur les petites filles (comme l’excision ou l’infibulation) sont passibles de peines de prison ferme ; pourquoi pas en Belgique où se pratique aussi l’ablation du clitoris en toute impunité ? Il est exclu de tolérer ce genre de pratiques barbares, il est exclu que les droits de l’homme ne soient pas respectés chez nous, il est exclu qu’il y ait des tentatives d’intimidation aux alentours de la gare du Midi (fief marocain) pour en chasser les autochtones. Il est exclu que des rappeurs chantent « Je baise la Belgique (pour le fric) et je me marie au Maroc ». Il est exclu que trop de mes jeunes étudiantes marocaines partent en vacances au pays et y soient mariées de force. Il est exclu qu’une manifestation aille se prosterner dans notre palais de justice, lieu symbolique de lutte contre les barbaries, que des manifestants pour le foulard agressent des spectateurs portant un chapeau avec la mention « il n’y a pas de Dieu ? » Il est exclu que quiconque impose par la force et l’intimidation sa seule vérité théologale.
«( Les jeunes migrants africains) ont tout « zappé »,sans bagage scolaire, ils ne veulent pas des emplois dans le secteur comme le bâtiment ou la restauration, ils veulent encore moins être ouvriers d’usine comme leurs pères. Les violences dans les quartiers et les écoles des cités sensibles se développent selon des lignes de clivage nouvelles, marquées par les effets de la ségrégation ethnique, des différences linguistiques et religieuses que notre culture politique prétend ignorer. Chaque groupe se ferme sur la conception la plus étroite et la plus défensive de ses valeurs. Les difficultés scolaires se présentent comme un échec de chaque individu et alimentent le ressentiment : chacun tente de reconstruire l’estime de soi dans une situation perçue comme injuste. L’humiliation perçue à l’école par les adolescents issus des migrations prend un relief particulier dans un contexte où le regard des autres a pris une place centrale. Cette perte d’estime de soi apparaît comme la souffrance majeure d’une personnalité extro-déterminée. »[5]
Je fais appel aux sages musulmans, non à ces jeunes en rupture d’école qui veulent le beurre et l’argent du beurre, je fais appel à mes amis musulmans qui meurent de faim dans le Sahel tout en conservant leur dignité et les 5 principes du Coran, dont un m’interpelle, celui de la charité que nous laïques appelons la fraternité.
Une fois que les population autochtones d’un naturel accueillant seront respectées dans leurs coutumes par les étrangers qui s’invitent tout seuls mais méprisent nos habitus et dénient nos droits de l’homme et de la femme, on pourra rêver d’une humanité fraternelle non sottement et agressivement religieuse (chacun respectant les convictions privées et non publiques de l’autre), d’une relation WIN-WIN où l’on apprendrait l’un de l’autre dans un respect exquis des différences. Mes frères humains musulmans, soyez les bienvenus et profitez de nos infrastructures, financées par nos ancêtres, tout en nous respectant et en exigeant de vos enfants un effort de civisme, de scolarisation et d’éducation (à laquelle ceux restés en Afrique n’ont pas accès hélas). Comprenez que chez nous depuis 1789, soit 211 ans, nous nous sommes battus pour nous émanciper de l’obscurantisme religieux et que la science est revenue chez nous grâce aux sages du monde arabo-musulman.
Jean-Marie Lange, 11.11.2010

[1] LAGRANGE H., Le déni des cultures, Paris Seuil : « La proportion des familles issues de l’immigration africaine est corrélée par la proportions des adolescents impliqués dans des délits et le taux d’échec au brevet des collèges. »(p.129)
[2] LAGRANGE Hugues, Le déni des cultures, Paris, Seuil, 2010, p.89.

[3] « Une des significations originaires du mot grec parrêsia, c’est le « tout dire », mais on le traduit de fait, beaucoup plus souvent, par le franc-parler, la liberté de parole, etc. Cette notion désigne une vertu, une qualité (il y a des gens qui ont la parrêsia et d’autres qui n’ont pas la parrêsia) ; c’est un devoir aussi (il faut effectivement, et surtout dans un certains nombre de cas et de situations, pouvoir faire preuve de parrêsia) ; et enfin c’est une technique, c’est un procédé : il y a des gens qui savent se servir de la parrêsia et d’autres qui ne savent pas se servir de la parrêsia. Et cette vertu, ce devoir, cette technique doivent caractériser, entre autres et avant tout, l’homme qui est en charge de quoi ? Eh bien de diriger les autres, et particulièrement de diriger les autres dans leur effort, dans leur tentative pour constituer un rapport à eux-mêmes qui soit un rapport adéquat. Autrement dit, la parrêsia est une vertu, devoir et technique que l’on doit rencontrer chez celui qui dirige la conscience des autres et les aide à constituer leur rapport à soi. » FOUCAULT Michel, Le gouvernement de soi et des autres, Paris, Gallimard, Seuil, 2008, p.43.
[4] CAMUS Albert, L’homme révolté, Paris, Folio/essais, 2010, p.32.
[5] LAGRANGE Hugues, Le déni des cultures, Paris, Seuil,2010, p.98.

La liberté (II) et la résistance

La LIBERTE (II) et la résistance :
1. La faille des pouvoirs publics dans l’accueil aux migrants
Les migrants étrangers, autrefois, s’appliquaient à nous ressembler. Aujourd’hui, ils revendiquent leur altérité et certains (les islamiques) nous regardent come des déviants religieux par rapport à leurs coutumes en oubliant qu’ils sont sur notre territoire. Notre dernière révolution culturelle dont nous sommes tous fiers était mai 1968, la révolte de la jeunesse et la place égalitaire des femmes dans notre société grâce aux moyens anti-conceptuels (la pilule notamment). C’est en prenant le contre-pied de nos victoires émancipatrices, contre la mixité et le respect des identités sexuées que le repli dit « moral » des fondamentalistes intégristes s’est opéré dans les dernières décennies dans les quartiers immigrés. Dans les années 1960, les femmes d’Alger ou d’Oran se promenaient tête nue, cheveux au vent avec des jupes ou des robes bien jolies qui mettaient en valeur leur féminité sans provocation outrancière.
Aujourd’hui, le foulard est une provocation et un faux problème. Si ma religion est celle du sous-commandant Marcos des guérilleros mexicains du Chiapas et que je porte la cagoule sur ma carte d’identité, je vais être rappelé à l’ordre et il en ira de même des femmes qui se servent de l’HIDJAB pour dissimuler leurs traits…en France. Par contre, laisser apparaître le visage et porter un foulard, nos grands-mères le faisaient déjà. L’inadmissible est lorsque l’on a une charge publique (assistants sociaux, enseignants, parlementaires,…) de s’exhiber avec ce signal religieux qui constitue en soi un manque de respect pour les autres religions ou les non croyants. Donc lorsque l’on représente la citoyenneté nationale, le respect de tous implique la non exhibition de ces signes ostentatoires.
Dans la Belgique de 2010, il y a deux vagues distinctes de migrants : ceux dits de la deuxième génération qui n’ont pas toujours su comprendre les sacrifices de leurs parents pour qu’ils se scolarisent et s’intègrent et puis, il y a les nouveaux migrants que l’on stigmatise comme illégaux ou « sans-papiers ». Il s’agit de milliers de travailleurs exploités au noir par les entreprises de la construction notamment et exploités en plus par les marchands de sommeil. Ils travaillent au lieu de glander ou de dealer, ils paient des taxes et des impôts, scolarisent leurs enfants, sont bien des êtres humains vivants mais considérés par nos gouvernants au même titre que des délinquants et sont enfermés dans des « centres fermés (Vottem notamment,…)avec femmes et enfants ou expulsés de gré ou de force. Il existe alors également une minorité de voyous qui se servent de l’Islam pour l’instrumentaliser en une violence contre les occidentaux pour camoufler leurs activités maffieuses. Les réels voyous marocains engorgent de leur « race » (ndlr il n’y a qu’une seule race humaine l’Homo Sapiens Sapiens) les places disponibles dans notre prison 3 étoiles avec TV de Lantin (Liège). Pourquoi ne pas inverser ce mauvais surréalisme à la belge et expulser de force ceux qui ont agressés des personnes physiques (crimes, car-jacking, braquages armés, diffusion de drogues dures, traite des êtres humains,…). Notons qu’il y a aussi d’autres délinquants de la migration comme la mafia albanaise par exemple, ce qui ne change rien à notre situation confuse. Les sans-papiers, derniers arrivés des réfugiés économiques n’ont rien à voir avec cette pègre religieuse par opportunisme, le respect des droits des primo-arrivants est une question de dignité humaine à coupler avec une tolérance zéro et une expulsion ferme pour les bandits majeurs et les mineurs récidivistes qui connaissant nos lois les trahissent sans vergogne.
L’agenda caché
Les extrémistes islamistes saoudiens manipulant la majorité des maghrébins à Bruxelles et ailleurs utilisent à présent le lobbying pour s’introduire dans nos instances de démocratie parlementaire, les maghrébins visent l’oligarchie de centre-droite du PS (social-démocratie) un peu partout. A Oslo, la secrétaire d’Etat et membre du PS a expliqué que l’image des piscines est un domaine où l’on doit restreindre la mixité car 38% des élèves de l’école élémentaire sont des étrangers musulmans. Les lieux de tensions ouvertes, déstabilisation, émeutes, inconduite et délinquance en Europe sont tenus par les enfants en échec scolaire et/ou sans profession de la deuxième génération, une évolution dangereuse vers un islam puritain, abstrait, à l’encontre de la tolérance de leurs pères et de l’esprit d’ouverture du livre saint, le Coran. La montée d’une religiosité islamiste radicale prônant le djihad se combine avec les jeunes frustrés revanchards vivant dans des cités ghettos.
L’échec scolaire précoce chez les ados favorise un sentiment de dévalorisation de soi d’autant plus qu’au départ, ils avaient intégré l’idéologie méritocratique et compétitive. Cette humiliation d’être dans les laissés-pour-compte débouche sur des affrontement sociaux basés sur un islam revisité par les fondamentalistes. Par réaction de honte (une valeur exacerbée au Maghreb) d’avoir échoué dans le système de la méritocratie, ils se focalisent sur une critique de l’Occident et des droits de l’homme en instrumentalisant l’Islam de leurs pères dans un islam fait d’une déviance haineuse et envieuse. Essayer de trouver un seul de ses islamistes (tous les musulmans ne sont pas à amalgamer) capable d’autocritique : « pour avoir détruit des ambassades pour venger des caricatures ? » Nada ! Ce sont des fanatiques intellectuellement malhonnêtes. Trouvez un scientifique occidental qui fonctionne pareillement au dogmatisme et ce ne sera pas un scientifique car la science se remet en question perpétuellement.
La recherche en sociologie sur les ghettos
Contrairement à nos croyances populaires, selon les travaux de LAGRANGE, il n’y a pas ségrégation à l’embauche par délit de faciès à notre époque (interdit dans nos lois antiracistes) mais par absence de diplôme et de qualification (compétence). La formation des ZUS (Zone Urbaine Sensible, nom donné en France aux cités et quartiers qui font l’objet de politique de la ville) a commencé dans les années 1970 avec l’édification des HLM et leur relative mixité sociale dans un premier temps. Puis, on a assisté au départ massif des couches moyennes en réaction à l’arrivée d’une population africaine de migration (trop de bruit la nuit, trop de dégradation des ascenseurs et de l’environnement, etc.). Les places libérées par les classes moyennes ont été très provisoirement occupées par des ouvriers repartis vers des pavillons de banlieue et réinvesties, dès le regroupement des familles en 1974, par des populations africaines. La ségrégation sociale a précédé la ségrégation ethnoculturelle de la grande couronne parisienne.
Dans les années 1980, les ménages les mieux intégrés (ouvriers qualifiés, employés) s’éloignent donc de la ZUS pour accéder à la petite propriété en pavillon et laissent entre eux les immigrés d’origine africaine. En 2000, la proportion des familles africaine était de 26% et les familles venues de l’Europe de l’est de 11%. En 2008, le taux d’africanisation des ZUS est de 40%.
Rappelons brièvement que les élites autochtones sont parties dès les années 1970 et ne sont pas revenues dans ces quartiers qui manquent d’ « élite » sociale. Les populations des grands ensembles s’homogénéisent par le bas (racket, mauvaise réputation, dealers et faible qualité des écoles, ou plutôt des écoliers). Un embryon d’élite issus de l’immigration maghrébine (les grands frères) déserte également les ZUS dans les années 1990, les conséquences sont désastreuses en terme d’émulation, de modèle éducatif et d’émancipation pour les populations africaines. Les départs socialement sélectifs amplifient la ségrégation ethnique, il n’est plus question du modèle marxiste bourgeois/prolérariats mais d’accès à l’instruction et à la culture (la langue) ou non.
Dans notre petite ville de Liège en Belgique, le même phénomène a eu lieu avec les HLM de Droixhe. Dans les années 1970, par solidarité sociale, des assistants sociaux et des enseignants s’y étaient installés et puis ont fui l’environnement peu respectueux des voisins (les poubelles vidées par les fenêtres dans les espaces fleuris plutôt que de les descendre au lieu ad hoc, les cages d’escaliers taguées servant aussi de dépotoirs (à seringues), les bruits, les cris, la musique nocturne, les intimidations de jeunes caïds auprès de vieilles personnes, les tournantes de jeunes filles d’ethnie africaine dans les caves,…).
Aujourd’hui LAGRANGE[1] fait le constat désolant du rapprochement des géographies de l’échec scolaire, des surfaces d’émergence de la délinquance et de la concentration des familles « africaines ». Son étude se base sur les commune situées autour de Mantes-la-Jolie (France).

Que peut-on faire ?
J’ai un grand ami malien qui est venu chez moi en Europe il y a plus de vingt ans et à qui nous avons appris le « savoir-vivre » de nos coutumes (utilisation des sanitaires, rincer sa baignoire après un bain, ne pas mettre un peu de tout sur sa tartine au petit dej, etc., bref l’utilisation du confort moderne ave le mode d’emploi). Par contre, des réfugiés émargeant d’un CPAS ouvraient en hiver les fenêtres de leur logement de dépannage par méconnaissance du thermostat des radiateurs. D’autres, dans des appartements loués, faisaient du feu sur un parquet ancien par méconnaissance de l’utilisation des plaques vitrocéramiques ; d’autres encore faisaient leurs besoins sur la corniche par méconnaissance des sanitaires etc. Lors d’une enquête pour la revue TOUDI, j’ai pu investiguer cette non bonne gestion en père de famille suscitant un racisme réactionnel de non compréhension, du racisme d’attitude mais non de comportement (Une étude de LAPIERE de la côte ouest à la côté est des Etats-Unis a montré que dans les motels dont le gérant avait une attitude raciste, celui-ci louait cependant la chambre lorsque se présentait un client noir, donc une nuance significative entre l’attitude et le comportement). Le racisme proprement dit (si j’ose m’exprimer ainsi ) est bien illustré par l’Apartheid de l’Afrique du sud ou encore le nauséabond Le Pen voulant rejeter avec Jeanne d’Arc tous les étrangers à la mer, ou pire encore celui des deux communautés américaines et le contentieux esclavagiste vieux de plus de 300 ans qui se montre par la faible taux de mariages interraciaux en référence avec les autres continents.
Je suis convaincu que tout primo-arrivant, au lieu d’être enfermé dans un centre fermé peu distinct d’une prison, devrait bénéficier d’un accueil éducationnel par des éducateurs spécialisés qui, tout en veillant à l’autonomie des personnes, les aideraient pendant le premier mois par exemple à faire leurs courses avec discernement et répondraient à chaque question en expliquant les singularités de la vie moderne qui sont pour nous des évidences. En parallèle donc à l’alphabétisation et à la maîtrise de la langue régionale(y compris bien sûr pour les femmes), dans la ligne de Jules FERRY, il faut que l’école obligatoire et gratuite pour tous leur soit accessible sans ségrégation et sans céder à leur demande de piscine séparée.
Nous nous sommes battus pour l’égalité des genres et l’utilisation de piscines municipales réservées aux seules musulmanes est un affront de bienséance aussi grave que si j’entrais dans une mosquée avec mes chaussures. Toutefois, il ne s’agit pas comme dans le passé d’intégration forcée par assimilation mais d’une compréhension multiculturelle pour tous les humains vivant ensemble. On peut faire une fête et savoir qu’après 22h, il s’agit de tapage nocturne. On peut utiliser les espaces publics sans jeter ses cannettes sur le sol mais en les déposant dans les poubelles publiques. On peut utiliser le mobilier et les transports urbains sans lacérer les sièges du bus au cutter, en payant son ticket, sans insulter le chauffeur et sans briser les parois de verre des abris bus. On peut entretenir son jardin sans qu’il ne devienne un entrepôt de vieilles machines à laver et de vieux pneus gênant le voisinage. Et de même, on peut voir de jeunes maghrébines en bikini à la piscine sans qu’elles soient offensées par un quelconque regard lubrique occidental. En gros, respecter nos sites et coutumes tels qu’il existaient avant les vagues migratoires ni plus ni moins.
2. Plaidoyer pour la revalorisation de l’image des mères en éducation
« A l’inverse de ce qui se passe en Orient et en Afrique, dans l’immigration en Europe ce ne sont pas les élites sociales qui sont le fer de lance de la réaction morale mais les jeunes en échec scolaire vivant dans les quartiers pauvres et ségrégés. »[2]
Du temps des Grecs, nous dit Michel FOUCAULT, il y avait le devoir de la PARRÊSIA[3], dire le non-dit, même aux puissants, même lorsque l’on craint de paraître politiquement incorrect.
Je me définis comme un progressiste de gauche. J’ai toujours aidé les étudiantes assistantes sociales maghrébines qui sollicitaient mes avis. J’ai toujours eu des amis musulmans tolérants comme moi mais je n’ai jamais fréquenté les petits coqs imbéciles et haineux qui pourrissent nos villes aujourd’hui
La première génération de travailleurs migrants marocains était composée de gens très bien, pauvres et fiers, attachés à l’honneur mais aussi à une culture normative rétrograde vis-à-vis des femmes, une position qui n’a fait qu’empirer en 50 ans avec les migrations afghanes et la burqua ainsi que l’influence sectaire waabite de l’Arabie Saoudite soutenue par les américains (unanimement détestés dans le monde arabo-musulmans pour leur peu de respect des autres cultures). L’ouvrage récent du sociologue Hugues LAGRANGE, chercheur au CNRS, produit un savoir accablant sur les méfaits de nos « auto-invités » envers les êtres humains femmes qui sont aussi nos sœurs dans l’humanité.
Une femme arabo-musulmane est cloîtrée chez elle pour ne pas exciter la convoitise libidinale des mâles du coin (c’est dire le peu de contrôle de leur pulsion) et si elle doit sortir, elle doit être couverte comme un sac poubelle et accompagnée d’un enfant mâle (de 7 à 12 ans) à la fonction délatrice devant faire un rapport au père-mari. Nous savons tous, depuis FREUD, que les petits enfants sont des pervers polymorphes, leur sentiment de toute-puissance doit être contré par l’éducation des parents sinon il n’aura aucune limite. C’est bien là le drame du jeune gamin qui, sur l’injonction du père, doit surveiller sa mère et se noie dans son fantasme de toute-puissance. Lorsque sa mère lui dit, pour son bien, de faire ses devoirs, il l’insulte, la frappe éventuellement et critique sa liberté vestimentaire au point de la contraindre au silence. Le hic est que le père ne parle pas non plus d’éducation et de respect pour la mère. Le petit maghrébins (en Belgique à dominance marocaine, en France à dominance algérienne) va reproduire le même type de comportement irrespectueux envers ses profs féminins, voulant leur imposer une « valeur » de respect, concept qu’il ne maîtrise pas dans son manque d’éducation et qu’il devrait plutôt lui appliquer envers ses professeures.
Peu préparé en général pour les études et la concentration mentale, il va récolter la monnaie de sa pièce et s’il lui manque un seul point au conseil de classe, l’enseignante qu’il a insultée toute l’année ne le lui remettra pas car il y a des limites à la mansuétude.
Le jeune va probablement se retrouver dans l’enseignement professionnel ou pire dans l’enseignement CEFA (alternance avec le milieu professionnel), il va comprendre qu’il est sur une voie de garage avec un sentiment de rancœur vis-à-vis de notre société.
Il ne faut pas confondre la révolte contre une injustice ciblée avec une rancœur, une envie de ce que d’autres possèdent sans pour autant maintenir un effort scolaire soutenu. Albert CAMUS distinguait bien cette forte nuance entre la révolte et le ressentiment :
« Le mouvement de révolte est plus qu’un acte de revendication, au sens fort du mot. Le ressentiment est une auto-intoxication, la sécrétion néfaste, en vase clos, d’une impuissance prolongée. La révolte au contraire fracture l’être et l’aide à déborder.. L’envie colore fortement le ressentiment. Mais on envie ce que l’on n’a pas, tandis que le révolté défend ce qu’il est. Le ressentiment, selon qu’il croît dans une âme forte ou faible, devient arrivisme ou aigreur. Mais dans les deux cas, on veut être autre que ce qu’on est. Le révolté, au contraire, dans son premier mouvement, refuse que l’on touche à ce qu’il est. Il lutte pour l’intégrité d’une partie de son être. Il ne cherche pas d’abord à conquérir ».[4]
Bien sûr que les femmes musulmanes peuvent se promener avec un foulard sur la tête, pour autant qu’il ne masque pas le visage et permette l’identification.
Nos lois sur la démocratie et le pluralisme réclament par contre fermement qu’une élue politique, une enseignante, une AS de CPAS, etc. n’affichent pas leurs préférences religieuses lorsqu’elles sont au service de tous les citoyens, elles doivent rester neutres.
S’il y avait un effort politique pour investir dans des structures d’accueil et d’éducation (pour les mères, les filles et les petits; pour les délinquants, c’est trop tard), on pourrait peut-être traiter le mal à sa racine pour les prochaines générations ? Le père réfugié dans sa dévotion peut continuer ses cinq prières à la mosquée mais aussi veiller à ce que SES enfants respectent SON épouse de façon à ce que celle-ci puisse les éduquer pour qu’ils aient un avenir meilleur (et nous aussi). On peut en Belgique être musulman grâce à la séparation des églises et de l’Etat (aucun belge n’a jamais comme à Bagdad pris des otages dans un lieu de culte d’une religion différente) mais est-il nécessaire de vouloir contrôler nos gouvernants socialistes par des lobbyings pour avoir des piscines réservées aux seules musulmanes à Bruxelles. Ce ne sont plus des revendications mais des diktats, ce n’est plus de l’intégration (comme la première génération) mais du ressentiment, de la revanche. Pourquoi nos autorités sont-elles si laxistes ? En France, quelle que soit l’unanimité anti-SARKOSY, il faut reconnaître que ceux qui pratiquent des actes de barbarie sur les petites filles (comme l’excision ou l’infibulation) sont passibles de peines de prison ferme ; pourquoi pas en Belgique où se pratique aussi l’ablation du clitoris en toute impunité ? Il est exclu de tolérer ce genre de pratiques barbares, il est exclu que les droits de l’homme ne soient pas respectés chez nous, il est exclu qu’il y ait des tentatives d’intimidation aux alentours de la gare du Midi (fief marocain) pour en chasser les autochtones. Il est exclu que des rappeurs chantent « Je baise la Belgique (pour le fric) et je me marie au Maroc ». Il est exclu que trop de mes jeunes étudiantes marocaines partent en vacances au pays et y soient mariées de force. Il est exclu qu’une manifestation aille se prosterner dans notre palais de justice, lieu symbolique de lutte contre les barbaries, que des manifestants pour le foulard agressent des spectateurs portant un chapeau avec la mention « il n’y a pas de Dieu ? » Il est exclu que quiconque impose par la force et l’intimidation sa seule vérité théologale.
«( Les jeunes migrants africains) ont tout « zappé »,sans bagage scolaire, ils ne veulent pas des emplois dans le secteur comme le bâtiment ou la restauration, ils veulent encore moins être ouvriers d’usine comme leurs pères. Les violences dans les quartiers et les écoles des cités sensibles se développent selon des lignes de clivage nouvelles, marquées par les effets de la ségrégation ethnique, des différences linguistiques et religieuses que notre culture politique prétend ignorer. Chaque groupe se ferme sur la conception la plus étroite et la plus défensive de ses valeurs. Les difficultés scolaires se présentent comme un échec de chaque individu et alimentent le ressentiment : chacun tente de reconstruire l’estime de soi dans une situation perçue comme injuste. L’humiliation perçue à l’école par les adolescents issus des migrations prend un relief particulier dans un contexte où le regard des autres a pris une place centrale. Cette perte d’estime de soi apparaît comme la souffrance majeure d’une personnalité extro-déterminée. »[5]
Je fais appel aux sages musulmans, non à ces jeunes en rupture d’école qui veulent le beurre et l’argent du beurre, je fais appel à mes amis musulmans qui meurent de faim dans le Sahel tout en conservant leur dignité et les 5 principes du Coran, dont un m’interpelle, celui de la charité que nous laïques appelons la fraternité.
Une fois que les population autochtones d’un naturel accueillant seront respectées dans leurs coutumes par les étrangers qui s’invitent tout seuls mais méprisent nos habitus et dénient nos droits de l’homme et de la femme, on pourra rêver d’une humanité fraternelle non sottement et agressivement religieuse (chacun respectant les convictions privées et non publiques de l’autre), d’une relation WIN-WIN où l’on apprendrait l’un de l’autre dans un respect exquis des différences. Mes frères humains musulmans, soyez les bienvenus et profitez de nos infrastructures, financées par nos ancêtres, tout en nous respectant et en exigeant de vos enfants un effort de civisme, de scolarisation et d’éducation (à laquelle ceux restés en Afrique n’ont pas accès hélas). Comprenez que chez nous depuis 1789, soit 211 ans, nous nous sommes battus pour nous émanciper de l’obscurantisme religieux et que la science est revenue chez nous grâce aux sages du monde arabo-musulman.
Jean-Marie Lange, 11.11.2010

[1] LAGRANGE H., Le déni des cultures, Paris Seuil : « La proportion des familles issues de l’immigration africaine est corrélée par la proportions des adolescents impliqués dans des délits et le taux d’échec au brevet des collèges. »(p.129)
[2] LAGRANGE Hugues, Le déni des cultures, Paris, Seuil, 2010, p.89.

[3] « Une des significations originaires du mot grec parrêsia, c’est le « tout dire », mais on le traduit de fait, beaucoup plus souvent, par le franc-parler, la liberté de parole, etc. Cette notion désigne une vertu, une qualité (il y a des gens qui ont la parrêsia et d’autres qui n’ont pas la parrêsia) ; c’est un devoir aussi (il faut effectivement, et surtout dans un certains nombre de cas et de situations, pouvoir faire preuve de parrêsia) ; et enfin c’est une technique, c’est un procédé : il y a des gens qui savent se servir de la parrêsia et d’autres qui ne savent pas se servir de la parrêsia. Et cette vertu, ce devoir, cette technique doivent caractériser, entre autres et avant tout, l’homme qui est en charge de quoi ? Eh bien de diriger les autres, et particulièrement de diriger les autres dans leur effort, dans leur tentative pour constituer un rapport à eux-mêmes qui soit un rapport adéquat. Autrement dit, la parrêsia est une vertu, devoir et technique que l’on doit rencontrer chez celui qui dirige la conscience des autres et les aide à constituer leur rapport à soi. » FOUCAULT Michel, Le gouvernement de soi et des autres, Paris, Gallimard, Seuil, 2008, p.43.
[4] CAMUS Albert, L’homme révolté, Paris, Folio/essais, 2010, p.32.
[5] LAGRANGE Hugues, Le déni des cultures, Paris, Seuil,2010, p.98.

mercredi 3 novembre 2010

La liberté

La LIBERTE de passer le pont de nos croyances
Mc Lean et Laborit
Selon Mc LEAN, nous dit Henri LABORIT[1], au fil de l’évolution, nous avons conservé les traces de nos cerveaux antérieurs :
1)le cerveau reptilien agressif et mu par les besoins et pulsions primaires (manger, boire, copuler,…) sans mémoire et donc aussi sans état d’âme.
2)Le cerveau des mammifères ou système limbique avec l’intuition, le ressenti, les affects (telle la peur par exemple) et la mémoire processuelle animale, base de l’apprentissage. La biche reconnaît le fusil du chasseur et tremble de peur de ses quatre pattes en se camouflant.
3) Le néo-cortex, dernière couche avec les neurones, spécifique à l’homme et qui nous donne la faculté de penser, d’anticiper, de créer. Donc aussi notre angoisse d’exister et d’appréhender la douleur ainsi que l’angoisse exsistentielle devant la mort.
Ces trois couches du cerveau fonctionnent ensemble et parfois l’une ou l’autre prédomine selon le contexte.Une soirée bien arrosée et la sexualité du prédateur seepent est titilée (l’homme a 5 fois plus de testostérone que la femme). Une carresse ou un mot gentil et notre partie animale ronronne. Une problème abstrait et nos cellules grises réfléchissent jusqu’à l’ « EUREKA ! » de la compréhension.
Toutefois, nous ne sommes pas libres car conditionnés par nos déterminismes sociaux (culturel et époqual), notre famille et notre histoire de vie mais aussi par notre cerveau qui triche avec notre perception du réel. Par exemple, mon cerveau m’envoie des signaux de douleur de la goutte de mon gros orteil alors que j’ai eu la jambe coupée. Mes yeux constatent l’absence de cette jambe mais la souffrance imprimée est toujours réelle même si je n’ai plus de gros orteil.
Le phénomène le plus étudié au sujet de notre peu de liberté de conscience est celui de la « dissonnance cognitive » de Léon FESTINGER qui dit en substance que nous réarrangeons nos souvenirs en les transformant. Cette expérience de 1967 est le socle explicatif de toutes les manipulations mentales : la rationalisation est à l’opposé de la raison.
Une dame devant une vitrine hésite entre deux robes similaires, l’une rouge, l’autre bleue, elle les essaye et toujours pas de déclic. La vendeuse lui dit que la bleue lui va mieux car assortie à ses yeux, elle l’achète et se dit qu’en effet elle a bien fait d’acheter la bleue. Ce dérapage de notre intelligence influencée est bien connu des marchands par correspondance qui font des courriers personnalisés et des cadeaux de pacotille. Mais le pire est dans l’exploitation de la détresse d’autrui.
Une veuve va consulter un charlatan marabout ; celui-ci la rassure sur le bien-être de son époux dans l’au-delà et au moment de payer ne lui réclame rien. Elle revient et ce sera une petite somme, puis un peu plus et ainsi de suite et le raisonnement biaisé chez la personne victime est en quelque sorte : « on en veut pour notre investissement ! ». La vieille dame de cette histoire de vie a vendu sa maison pour communiquer avec feu son époux via le charlatan. Elle vit depuis à l’hospice.
La liberté est un concept polysémantique. Est-ce la liberté de jouir ? Si c’est cela, je me drogue, je bois et je fais l’amour comme un fou avec viagra, une position hédoniste où l’on brûle la vie par tous les bouts. Une anecdote en passant, une souris de laboratoire dressée pour s’autoalimenter dans une cage de Skinner en poussant une pédalle ad hoc et à laquelle on branche une électrode sur son centre cervical du plaisir n’appuie plus que sur cette seconde commande et se laisse mourir de faim par abus d’orgasme.
Est-ce la liberté de faire ce que je veux ? On appelle cela le néolibéralisme, le fort exploitant le faible. Plus de service public gratuit, privatisons tout, polluons sans retenue et que les ¾ de l’humanité dite le tiers-monde crève de faim et de misère. On sent dans cette définition que notre globalisation économique est le mal à l’état brut et ne correspond plus avec le mot d’ordre de 1789 : « Liberté ainsi que Egalité ainsi que Fraternité ».
Donc avec les déterminismes sociaux, les répressions internes inconscientes du surmoi et les dérives de l’esprit du concept à la fois par les dissonances et les influences externes font que nous n’avons qu’une petite marge de liberté et de libre arbitre mais nous pouvons l’utiliser si nous nous servons à la fois d’une conscience awareness et de notre raison. Une petite vieille dépassée par un robot genre bancontact s’énerve, se fait du mauvais sang et recommence inlassablement ses erreurs, ce qui ne sera pas le cas d’une personne qui réfléchit et s’interroge sur elle-même et ses gestes.
Les deux cerveaux

Nous avons l’hémisphère cérébral gauche à dominance analytique et logique et l’hémisphère droit plus poétique, intuitif et créatif. Avec l’un, nous voyons les détails de l’arbre et avec l’autre, l’ensemble de la forêt et la perception de sa beauté. Cet hémisphère dit féminin (mais que les hommes possèdent aussi et vice versa) est celui de la conscience profonde dite awareness.
Que sommes-nous à l’échelle du cosmos ? Ma liberté est de vivre au mieux une vie d’insecte éphémère en résistant à ceux qui veulent encore plus me conditionner (les religieux) puis de retourner à la terre, au substrat de la nature sans forme. Je fais partie d’un tout qui me dépasse car je suis emprisonné dans mes concepts de temps et d’espace qui sont relatifs. Un cosmonaute voyageant dans l’espace à une vitesse lumière pourrait revenir de son périple plus jeune que son fils, nous dit Einstein.
Si nous allions notre raison gauche avec la créativité droite, nous pouvons percevoir « l’arroseur arrosé » par ses propres concepts. La science est toujours provisoire et relative mais nous allons très vite pour nous réinventer des certitudes. Nous avons une représentation du monde et de nous-mêmes qui dépend de multiples paramètres. Arrêtons de croire en notre égo, ce que nous appelons notre personnalité construite de bric et de broc puis rationnalisée et lissée dans le temps. Nos souvenirs sont reformatés et idéalisés et le futur n’existe pas encore, il n’y a donc que le moment présent de l’ici et maintenant pour apprendre à vivre et à mourir avec notre petite marge de liberté.
Les états modifiés de conscience
Dans les prochaines décennies grâce à l’imagerie médicale du cerveau (IRM), nous allons faire de grands progrès dans la connaissance encore peu connue de nos mécanismes mentaux et du contrôle ou non de nos émotions anxieuses. Edgar MORIN, chercheur au CNRS, commente le tableau de FISCHER des états modifiés de conscience avec une sorte de potentiomètre dont le zéro est le centre.
Ce tableau montre en substance que lorsque nous nous excitons mentalement dans la création comme dans la colère, nous sommes possédés dans notre comportement par une hyper-activité cérébrale (liée avec le cortisol et l’adrénaline) qui court-circuite notre conscience. Si nous nous maintenons dans cet état d’esprit (c’est le cas de le dire), nous allons vers des états schizoïdes avec une catatonie ou des hallucinations (apparitions), nous entendons des voix et enfin nous pouvons sombrer dans l’extase mystique.
Par contre, si nous essayons de calmer notre esprit en écoutant nos émotions et en distinguant les illusions (non étayées sur des faits) et les colères de vanité, nous nous approchons d’une hypoactivité mentale avec le yoga et le zen. La médiation zen débarrassée de ses fioritures religieuses puériles est une gymnastique de l’esprit très intéressante, sans pour autant être verbalisable car cela concerne le cerveau droit : « Comment voulez-vous partager le goût d’un fruit exotiques avec quelqu’un qui ne l’a jamais goûté ? », dit un sage. L’enjeu de la pratique méditative zen est à la fois simple et difficile : 1) arrêter de penser ; 2) se concentrer sur ce que l’on fait (conscience awareness).
En conclusion sommaire
Une fois débarrassé des influences externes directes (les critiques et jugements de valeur souvent négatifs de nos proches), une fois que nous avons pris conscience de nos déterminismes sociaux, une fois que nous acceptons que nous avons trop de certitudes et des préjugés (ou des stéréotypes professionnels) pour enfin pouvoir nous recadrer sur notre autoévaluation et notre perfectionnement sans donner des leçons à autrui, nous pouvons accéder à une introspection partielle et limitée de notre être intérieur, sans pour autant nier notre raison.
Qu’est-ce que je veux ? Réussir pour être reconnu socialement ? Foutaise ! Baiser comme un dieu ? Foutaise, c’est le reptile qui parle ! Etre aimé et reconnu par mes proches ? Bien sûr, mais c’est la biche ou le petit toutou qui parle en moi (système limbique). Alors qu’est-ce que je veux ? Souffrir le moins possible, vivre bien et préparer ma mort en en ayant conscience ?
C’est peut-être une conscientisation modeste mais fondamentale et qui devrait donner de la saveur à l’instant vécu. En effet, avec notre angoisse de mort, nous n’arrêtons pas de nous agiter, de travailler, de faire des tas de choses comme un enfant sage qui veut plaire à ses parents mais cet activisme maladif qui pousse certains d’entre-nous au burn-out est un simple camouflage de notre grande trouille de la mort. Il nous faut intellectuellement l’accepter : nous n’avons qu’une vie et lorsque nous serons morts, il ne restera que notre cadavre, noud dis Epicure.
Un adage chrétien disait « ma liberté est limitée à celle des autres », dans nos fantasmes réciproques de soumission au « qu’en dira-t-on ? » ; un autre, plus progressiste à mon sens, dit : « la liberté des autres étend la mienne à l’infini ». Et c’est bien là mon choix, celui de distribuer partout dans mes contacts humains des autorisations à vivre plutôt que des interdits variables d’une époque à l’autre, tout en restant bien entendu cadré par le respect des droits de l’homme.
La liberté limitée dans le temps et dans l’espace que nous avons comme existant est celle de vivre avec le moins de douleur possible (et donc sans autosacrifice et mortification imbéciles pour un au-delà imaginaire de consolation) et avec nos proches d’une qualité (et égalité) relationnelle intéressante. Comme disaient les alchimistes, il nous faut sublimer une morale de contrainte en une éthique du don généreux et sans façon. Arrêter de demander, de l’affection par exemple, mais en donner car tous les êtres humains sont en soif de reconnaissance affective.
Soyons nous-mêmes sur notre propre chemin et luttons contre notre dressage de jeunesse à la critique négative, un conditionnement ; pour, au contraire, encourager les autres à dépasser leur peur pour vivre ensemble le peu de liberté et de joie que seuls nous-mêmes pouvons nous octroyer.
« Mourir pour des idées, d’accord mais de mort lente. »(BRASSENS)
Jean-Marie Lange,
11.11.2010.
[1] LABORIT H., Eloge de la fuite, Paris, Gallimard, 1989. LABORIT H., L'agressivité détournée, Paris, 10/18, 1981. LABORIT H., La légende des comportements, Paris, Flammarion,1994.