samedi 20 novembre 2010

Lutte contre l'échec scolaire des migrants

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Association Sans But Lucratif (a.s.b.l.) n°874273371
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique: Jean-Marie LANGE jm.lange@skynet.be
DEXIA : 068-2426901-85; IBAN BE89 0682 4269 0185 BIC GKCCBEBB
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires. L'association de formation des cadres GAP est une association (asbl) spécialisée en management associatif, en recherche-action participative et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde en partenariat avec les villageois. Avant-hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali (2002) et hier, c'était l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi (de 2007 à 2010). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap.belgique3.blogspot.com;
La scolarisation et la lutte contre l’échec scolaire[1]
Après les Lumières (Diderot, Voltaire, Rousseau,…), nous avions l’Education Permanente (EP) qui visait l’émancipation sociale, c’est-à-dire permettre à des travailleurs qui, parce qu’ils n’ont pas de relations d’être accompagnés fraternellement par un formateur psychosocial pour sortir de l’obscurantisme et pour s’impliquer dans la citoyenneté responsable. Cela n’est possible que s’il n’y a pas d’élitisme, c’est-à-dire pas d’obligation de contacts privilégiés pour accéder au savoir-être, ce qui serait absurde car seul le sujet par lui-même peut décider s’il est ou non apte et être pour lui-même son propre flambeau (sans être en préalable coopté par des personnes hors de ses fréquentations habituelles) dit le BOUDDHA.
Bref survol historique[2]
· Le 29.07.1953, la loi HARMEL (psc) fixe la structure de l’Enseignement Technique et Professionnel dans les deux réseaux (public/privé) avec les prémisses de l’élitisme pour les uns et de la relégation pour les autres par réorientation ou glissement de l’enseignement général vers l’enseignement technique puis ensuite la relégation du technique au professionnel.
· L’Arrêté Royal du 01.07.1957 dit loi COLLARD (PS) confirme la ségrégation de 1954 avec d’autres intitulés A3 = ETSI, A2 = ETSS, A1 = ETS, les sections professionnelles A4 = EPSI existant depuis 1933. Par peur de raviver contre l’Etat la guerre scolaire d’une communauté privée mais habituée à diriger le pays, Léo COLLARD fige pour des décennies le progrès de l’école officielle dans un marasme sans fond.
· Une tentative timide d’humanisation verra le jour en 1976 avec la sortie du décret de l’Education Permanente dont les objectifs étaient constitués par les formations culturelles, civiques et citoyennes, ce dont l’école a tant besoin pour éviter dès la base les différents racismes en instaurant un cours obligatoire pourtant sur l’ensemble des philosophies religieuses et laïques pour permettre aux jeunes de faire un vrai choix avec leur esprit critique. L’EP sera vidée de son contenu sociopolitique par le prl-MR en lien avec le PS : « La Ligue de l’Enseignement et de l’EP »(Bx.) qui transformera les cours d’émancipation sociale en un récréatif loisir (batik, brame du cerf, danses orientales, chants, poteries …).
· Pour éviter de payer trop de jeunes chômeurs, la loi ONKELINX porte le 29.06.1983 l’obligation scolaire jusqu’à 18 ans et ouvre ainsi la boîte de Pandore des dégoutés de l’école qui pourrissent la manne des fruits encore sauvages. Du temps de l’après-guerre, travailler en entreprise dès 14 ans était moins humiliant que d’être obligé d’être présent de corps jusque 18 ans dans l’école (pour en fait des statistiques manipulées) et se retrouver de toute façon par après sans travail par causes d’échecs scolaires répétés dans le CV. Cette situation dévalorisante peut se transformer en échec de vie et en un assistanat permanent d’une famille dont les normes sont de vomir l’école et qui dépendra des pouvoirs publics sur plusieurs générations. Pour illustrer mon propos, j’ai entendu dans un bus un grand-père exclu (cela s’entend, cela se voit) qui expliquait à son petit-fils que l’école était une connerie et que lui avait bien vécu sans, ce qui est normal dans le chef du grand-père pour sauvegarder de sa dignité humaine.
· On s’enfoncera encore un peu plus dans le gouffre en créant le 12 .12.1986 un sous-enseignement professionnel : les CEFA (Centre d’Education et de Formation en Alternance). L’enseignement à horaire réduit consiste à suivre deux jours d’école et 3 jours d’entreprise en imaginant que l’entreprise va payer des moniteurs pour s’occuper des jeunes fâchés avec l’école ?
· Notre système est fondamentalement pernicieux car les dirigeants qui commettent des erreurs irrémédiables ne sont ni remerciés, ni sanctionnés (on peut être contre la peine de mort et exiger des peines d’emprisonnement ferme pour des actes répétés de mauvaise gestion du biens publics?). L’école officielle sera détruite par ONKELYNX pour rentrer dans la zone EURO sans toucher au catho, en permettant la salle de bain d’ARENA, les hélicoptères de COEME et les multiples affaires de pot de vin et de détournement de Seraing à Charleroi, sans compter les voyages du groupe HAPPART au Mexique, les parachutes dorés ou encore l’absentéisme époustouflant sur les bancs de la chambre par cumul de mandats? Notons pour mieux faire comprendre que, par la loi de Bondt de 1992, un enseignant ne peut lui exercer un seul mandat supplémentaire.
J’ai connu des tracasseries administratives parce plein temps dans ma Haute Ecole Troclet, j’étais collaborateur de l’université de Liège pour des formations ponctuelles ; j’ai démissionné de l’ULG, la loi fut abrogée mais c’était trop tard et j’ai toujours regretté cette contrainte idiote.
· En 1987, la Belgique est condamnée par l’Europe pour sa création de la voie sans issue des sections professionnelles supérieures. On invente alors en hâte une septième année de remise à niveau de cours généraux, une connerie immense pour les petits enfants de milieux défavorisés car c’est alors permettre artificiellement à des jeunes n’ayant pendant six ans jamais reçu des cours de base sérieux de les enseigner et l’horreur se vérifie lorsque de nombreux jeunes ne sachant pas écrire sans faute au tableau deviennent instituteurs !?
· En juillet 1997, la Ministre ONKELINK place la cerise sur le gâteau de l’horreur en publiant de façon anonyme (sans signer de son nom) le « Décret Mission » soufflé pour la plupart des articles par les cathos (car il semblerait que, dans les universités d’Etat, il n’y ait pas de pédagogue valable ?), ce sont des objectifs généraux très beaux tels épanouissement des élèves, émancipation sociale, lutte contre l’échec, formation de qualité mais sans le moindre moyen financier budgétisé pour les atteindre et sans méthodes probantes.
Le lieu d’où je parle
Auparavant existait une filière intermédiaire avant les sections professionnelles que l’on appelait l’enseignement technique qui donnait bien sûr des cours techniques MAIS AUSSI des cours généraux (math, français, physique, langues, biologie,…). Ma propre histoire de vie en est un témoignage, je me suis retrouvé technicien en agriculture alors que j’ai horreur de l’agriculture mais grâce aux cours généraux, j’ai pu – à mon époque – présenter à Bruxelles le jury central d’accès à l’enseignement supérieur et réussir ainsi sans vraiment de problème deux doctorats car le gros de la discrimination (pour fils d’ouvrier ou de migrant) se fait dans le secondaire. J’ai eu la chance de vivre une époque progressiste (les années 1970) et je n’aurais plus du tout les mêmes chances aujourd’hui de devenir pédagogue et psychologue d’intervention. Dans les années 1980, la réforme Chevènement en France supprimait la ségrégation pour s’aligner sur les pays nordiques, où théoriquement après une base convenable de bac+2, on peut alors faire un véritable choix de l’enseignement professionnel sans une altération de l’estime de soi. En Belgique (CFB), la Ministre PS ONKELINX, pour ne pas déplaire à l’école privée catholique, a maintenu à grands frais les deux réseaux (faisant double emploi au lieu de financer la seule école officielle) en rognant sur les subsides et en coupant les ailes aux meilleurs profs de l’enseignement technique tellement attaqués (cf. YLIEFF à la TV) que l’on ne trouve plus aujourd’hui de techniciens compétents pour s’engager dans ce métier.
De plus, nous avons copié la France avec les ZEP (Zone d’Education Prioritaire) en les nommant chez nous « Ecole à discrimination positive » et là aussi par manque de rigueur gouvernementale, la plupart des écoles (mêmes élitistes) ont droit à ce subside.
Analyse sociologique actuelle : corrélation échecs et délinquances
Selon BOURDIEU et PASSERON dans « Les Héritiers » et « La reproduction », nous étions tous conditionnés par les normes bourgeoises de l’école élitiste. Cela n’est plus le cas pour les jeunes issus des classes défavorisées. Il n’y a plus le soutien d’une volonté parentale pour que les petits soient mieux armés en valorisant l’ascenseur social que représentent l’école et les diplômes. Cette déliquescence de l’intérêt pour une classe de référence distincte de la classe d’appartenance se donne à voir dans l’irrespect des étudiants migrants envers les enseignants qui sont à leur service (et payés pour une forte partie par l’Etat). Du temps de nos parents, l’instit et le curé étaient les deux personnes les plus respectées du village. Aujourd’hui, dans l’enseignement supérieur post-bac, plus de 10% des étudiants (souvent des maghrébins, il faut le dire) nous parlent comme à des chiens, une inculture stupide puisque ce sont les profs qui ont en main les clefs de la réussite ou non, s’il s’agit d’un grossier personnage. Bien sûr, on dira que le comportement en classe n’a rien à voir avec les performances, libre aux naïfs de la croire mais en conseil de classe, une professeure qui a été agressée par un harcèlement sexuel constant fera-t-elle preuve de mansuétude envers son bourreau ?
En aucun cas, il récoltera au contraire ce qu’il aura lui-même semé. Cette nouvelle vague d’étudiants issus de populations migrantes en grande partie ignorantes n’ont pas les codes culturels pour devenir « les Héritiers ».
Très vite, le système de sélection se met en place et ces « handicapés » de la politesse, du respect et de la dignité du maître (les plus faibles du tiers-monde et du quart-monde) comprendront qu’ils sont condamnés dès 20 ans vers des filières stigmatisées et non rentables, celles dont personne ne veut.
Par contre, les élèves « non caractériels » (terme péjoratif, on devrait plutôt dire les élèves sans problème de discipline) comprennent aussi qu’ils ont une longue route avant de gagner des tunes (un médecin généraliste aujourd’hui 9 ans, un spécialiste 13 ans après le bac).Parmi les enseignants ayant pris conscience de cette sélection à peine feutrée, il y a des praticiens idéalistes des pédagogies relationnelles (Freinet, de groupe, du projet, différenciée, institutionnelle,…) qui veulent redresser la barre et susciter chez les apprenants le goût de l’effort, la volonté d’auto-apprentissage. En face, à droite, les profs moffleurs et élitistes eux n’ont pas de problèmes éthiques puisqu’ils visent justement la sélection naturelle des moins adaptés, soit 70 à 80% d’échecs scolaires pouvant devenir des échecs de vie qui constitue la norme subjective de ces moffleurs en série. Quelques-unes de leurs victimes seront sauvées par le conseil de classe, ce qui rabaisse le seuil du gâchis à 50 % d’échecs chaque année scolaire ! En principe, en fonction des objectifs généraux annoncés par la Communauté Française de Belgique, les profs formateurs devraient être soutenus face aux profs moffleurs. Non seulement, il n’en est rien mais les profs formateurs sont moins bien payés que les moffleurs ; en effet, ils préparent plus longtemps des exercices et jeux de rôle interactifs, ils se tiennent au courant de l’actualité et photocopient des documents récents, ils refondent chaque été de vacances leur syllabus pour les actualiser et sont rarement absents mais gagnent le même barème que les profs rigides qui lisent leur cours, ne préparent rien et sont d’une santé fragile chronique. C’est terriblement injuste mais c’est bien cela ! moins on en fait et proportionnellement, mieux on est payé dans l’enseignement. C’est pourquoi, par économie personnelle, il y a lassitude et presque tous finissent par revenir aux cours ex-cathedra des exposés moins investissant que des débats préparés. Tout le monde sait que pour certains, l’enseignement est un apostolat mais qu’il y a aussi des tire-au flanc à la santé ultra-fragile et le gouvernement hypocrite ferme les yeux.
« De notre temps ! » disent les professeurs qui enseignent de façon magistrale depuis les Grecs à un public intelligent certes mais ayant aujourd’hui des difficultés à se concentrer et justement à supporter la frustration d’un discours ex-cathedra ennuyeux. Les rigides ne comprennent pas pourquoi les élèves ne sont plus les enfants sages qu’ils croient qu’ils ont été. Alors, ils s’aigrissent et mofflent en haïssant notre génération de pédagogues. Ils jugent (jugement de valeur à partir de préjugés) que ceux qui pratiquent une pédagogie relationnelle abdiquent la transmission du savoir et rien n’est plus faux car ils l’enrichissent du savoir faire et du savoir-être. Avec la pratique d’une relation pédagogique de la communication, le prof, par l’échange, rencontre le besoin de savoir des élèves en les faisant parler. Mon propre maître Gilbert DE LANDHSEERE a dans une recherche montré que 80% du temps de parole dans une classe traditionnelle étaient monopolisés par le maître, les élèves étant considérés comme des récipients à remplir.
Toutefois, depuis que l’école n’est plus une conquête mais un droit disponible à chacun, il suffit parfois d’une pomme pourrie, présente juste pour les allocations familiales pour contaminer en négatif le groupe-classe. Un saboteur du travail d’un groupe-classe d’apprenants a en fait un grand pouvoir de destruction du fait d’une part de sa propre démotivation et d’autre part des sarcasmes dont il peut influencer les autres. N’en déplaise à ROUSSEAU, l’homme n’est pas bon et il peut être vil et destructeur en allant par exemple se plaindre au directeur de l’école (« il n’y a pas de fumée sans feu » dira la rumeur) et le directeur soucieux des inscriptions assurant les subsides risque d’écraser l’autorité du maître. On appelle cela l’effet CAPLOV dit de politisation où le numéro 1 (l’élève) d’une hiérarchie se plaint au numéro 3 du numéro 2 (le prof). Cette attitude malsaine entraîne une réaction en chaîne déstabilisante pour la motivation. L’enseignant comprend que quoi qu’il fasse, qu’il donne un cours barbant comme les autres ou qu’il construise laborieusement après journée des jeux de rôle, il aura le même salaire car tout le monde s’en fout des résultats obtenus. Donc il devient à son tour un « zombie » et le groupe-classe avec lui du fait d’un comportement démagogique d’un directeur qui n’est après tout qu’un fonctionnaire comme lui mais qui se mêle de sa pédagogie.
Pour créer un climat convivial et relationnel positif, l’enseignant doit « mouiller sa chemise », s’engager pour que les apprenants le suivent, inventer des méthodes attrayantes et donner à chaque séance un show pour accrocher son groupe-classe ravi… Hélas, cela n’intéresse personne dans la hiérarchie, surtout pas les ministres aux portefeuilles interchangeables.
L’école développe donc un discours hypocrite affichant des objectifs généraux humanistes d’épanouissement des jeunes et d’émancipation sociale et à l’épreuve des faits, elle pratique toujours la sélection sociale dénoncée par BOURDIEU, il y a un demi-siècle.
Les élitistes opposent les élèves « abstraits », chevaux de course pour les filières intellectuelles et l’intelligence des mains (sans neurone) des élèves « concrets » à qui correspondraient mieux les mulets des enseignements des filières techniques et professionnelles. Rien n’est plus faux que cet amalgame ségrégationniste. Le boucher comme le chirurgien travaillent tous les deux la chair mais tout les sépare : le chirurgien a choisi la médecine et est entré spécialisation qui lui donnera une valorisation sociale éminente et un salaire confortable alors que le boucher s’est retrouvé peut-être dans cette filière par réorientations successives le plus souvent et plus rarement par choix (sauf s’il est fils de).
Pour un accueil sincère des migrants
La mixité sociale est un mythe car les parents choisissent des écoles élitistes catholiques pour avoir le mieux pour leurs enfants qui….parfois y échouent faute de soutien parental pour les devoirs à la maison. Cette discrimination des écoles a été lancée comme rumeur par l’enseignement catholique (bien managé sans état d’âme par le SéGEC – Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique) et bon nombre de parents ne se rendent pas compte de l’absurdité de cette légende. Ce serait un peu comme si tous les profs médiocres choisissaient l’enseignement officiel et les meilleurs l’enseignement catholique ! Bon nombre de mes collègues ayant travaillé dans les deux réseaux confirment qu’il y a des bons et des mauvais partout avec toutefois une légère supériorité qualitative (selon les statistiques) chez les enseignants de l’officiel moins angoissés par d’éventuelles pertes d’emploi pour des raisons dépendant de leur vie privée (cfr. Mgr LEONARD).
Par contre, il est vrai que l’échec scolaire est corrélé avec la délinquance des adolescents. L’entrée et la réussite en CM2 en France (2ème degré, 2ème année primaire) est elle-même corrélée avec la réussite du CP (cours préparatoire) équivalent à la 3ème maternelle et du CM1. Toutefois, l’amalgame avec des déterminismes racistes est éventé par les études sociologiques récentes : la prise en compte des cultures différentes pourrait juguler les échecs scolaires ! La maman du Sahel est une excellente mère qui cajole et s’occupe très bien de ses bambins mais lorsqu’ils ont une autonomie physique, elles les laissent alors se débrouiller seuls pour s’occuper des plus jeunes (les familles ont de 5 à dix enfants). Par contre, les enfants des migrants asiatiques imprégnés de confucianisme (une culture vieille de 2000ans) et de la nécessité de la réussite scolaire s‘ennuient dans les collèges trop faciles dans l’attente du lycée.
Le temps consacré aux devoirs à domicile est également très significatif ainsi que l’importance de la fratrie.
Une famille malienne avec juste deux enfants est difficile à trouver alors que ce sera une norme en milieu asiatique et vivre dans une seule pièce avec les deux parents et un nombre important d’enfants devant la télévision ouverte en permanence n’est pas un facteur favorable de réussite scolaire.
Grosso modo, on constate aujourd’hui en France que pour un délinquant européen (de l’est par exemple), il y a deux délinquants turcs, 4 maghrébins et 8 sahéliens. Notons qu’en Belgique où, dans certains quartiers de Bruxelles, un bruxellois sur deux est marocain, les deux derniers chiffres sont inversés et nos prisons renferment 80% d’africains avec une nette dominance marocaine. Les actes de délinquance sont liés à une mésestime de soi due à l’échec scolaire.
Les réformes pour se réjouir ou pour pleurer
Chaque fois qu’il y a une énième réforme de l’enseignement (En France comme en Belgique) bricolée de bric et de broc avec des concepts anciens et obsolètes, les enseignants font le gros dos et attendent qu’elle s’étiole d’elle-même. Pendant deux ans, en tant que chargé de mission au CEF (Conseil de l’Enseignement et de la Formation de la CFB), je n’ai pas arrêté de demander aux attachés et experts des ministres qu’ils s’informent à la base, envoyant des missi dominici dans les classes pour discuter avec les gens de terrain sur ce qu’il serait bon ou non de faire ; en vain, « j’ai pissé dans un violon ». Pourtant, dans les années 1971-1972, nous avons eu « l’enseignement rénové », un magnifique outil qui prônait le travail de/en groupe sans en préalable former les enseignants à l’animation de groupe ; lynchons nos ministres et cela ne pourra pas être pire. On a fermé cette réforme environ vingt ans après parce que trop coûteuse à financer en même temps qu’un doublon de l’enseignement officiel (l’enseignement catholique).
Pour une réforme efficace et préventive de nos institutions scolaires, il suffirait comme les saumons de remonter la rivière pour agir à la source : le CP ou la 3ème maternelle. J’ai pu m’extasier au Québec, à Montréal devant des classes de 3ème maternelle où avec un petit groupe de 14-16 élèves (et non 32 comme chez nous, selon le bon vouloir du directeur), l’institutrice pratique une pédagogie de l’éveil (autoformation) assistée de deux orthopédagogues qui repèrent les gosses qui ne suivent pas et pratiquent alors avec eux en individuel de la pédagogie différenciée. Qu’est-ce que cela doit coûter, diront nos ministres ? Probablement beaucoup moins que l’entretien de nos prisons et les allocations sociales pour les exclus permanents de chez nous .
En synthèse pour lutter concrètement contre l’échec scolaire et la prévention de la délinquance
Au niveau de l’institution :
- Diminuer la surcharge par classe.
- Etoffer la formation des maîtres à l’animation des groupes et à la psychologie relationnelle.
- Evaluer sur des critères stricts l’efficacité et la présence effective des ministres permanents interchangeables.
Au niveau des parents :
- Disposer pour l’enfant d’un endroit sans TV bruyante pour les devoirs.
- Faire les devoirs avec l’enfant une heure chaque jour.
Au niveau de l’apprenant :
- Respecter les enseignants (politesse par exemple).
- Etre le moins possible absent et participer à toutes les activités proposées (y compris la piscine pour les filles).
- Poser des questions sur ce qui n’est pas compris.
- Faire des résumés chaque jour de ce que l’on a appris.
Je vois d’ici des ministres blasés me répondre qu’ils ont été enseignants eux-mêmes et que cela ne marchera jamais et je sais aussi que pendant 40 ans, j’ai donné ces règles à mes apprenants avec à la fois de fortes exigences qualitatives et un excellent taux de réussite. Alors, avec une petite campagne d’information/formation des parents, des mères surtout en réexpliquant ces 9 points, qu’est-ce que l’on risquerait, à part perdre dans le rapport PISA notre record d’être parmi les plus mauvaises écoles d’Europe à cause de notre indécente sélection gabegie ?

Jean-Marie Lange, formateur GAP
20.11.2010
[1] HIRTT N., L'école prostituée, L'offensive des entreprises sur l'enseignement, Bruxelles, Labor, 2001 ; DUBET François, DURU-BELLAT Marie, L’hypocrisie scolaire, Paris, Seuil, 2000..

[2] LANGE Jean-Marie, Pédagogie émancipatrice et revalorisation de l’enseignement technique, Paris, L’Harmattan, 2002 ; Mémoires de licences pourtant sur la lutte contre l’échec scolaire (2 tomes) « Pour que chacun entre dans la vie par le plafond », Liège, ULG, 1987.

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