GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Association Sans But Lucratif (a.s.b.l.) n°874273371
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique: Jean-Marie LANGE jm.lange@skynet.be
DEXIA : 068-2426901-85; IBAN BE89 0682 4269 0185 BIC GKCCBEBB
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires. L'association de formation des cadres GAP est une association (asbl) spécialisée en management associatif, en recherche-action participative et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde en partenariat avec les villageois. Avant-hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali (2002) et hier, c'était l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi (de 2007 à 2010). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap.belgique3.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – nov.dec.09
N°25 – Janv.fev10 : la matière, le vide, la nature et l’éducation.
N°26 – Mars-Avril10 : Le sexisme, forme principale de racisme.
N°27 – Mai-juin 10 : Sorcellerie et ethnopsychiatrie
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative
N°30 – Nov-dec10 : Les sans-papiers
N°31 – Janv-Fév 11 : le couple et l’institution du mariage (Médiation couple - opus 2)
N°31 Janv. Fév. 2011 :
Le couple dans le monde et l’institution du mariage (Médiation couple – opus 2)
« Partout les mariages arrangés restent la règle. Le tiers des mariages dans le monde concerne des enfants, souvent encore très jeunes, et reste parfois combiné avant leur naissance. Dans certains pays le port du voile, même intégral se généralise sous prétexte de protéger les jeunes filles et femmes des prétendues « turpitudes » de l’Occident. Il arrive encore très souvent que des jeunes filles soient excisées et vendues lors du règlement de contentieux entre familles, comme c’était encore légal au Pakistan en 2007.Dans biens des lieux en terre d’islam comme en Occident, certains tentent d’enfermer les femmes derrière un voile parce qu’ils ne peuvent plus enfermer derrière les murs d’un harem.(…). Dans le même temps, avec l’extension à la planète de l’économie de marché, s’industrialise le commerce sexuel : prostitution, traite des femmes et des enfants, pornographie et tourisme sexuel. 10 millions de femmes se prostituent en Inde, 2 millions en Thaïlande, 1 million auxEtats-Unis, 200.000 en Allemagne (etc.)Les enfants sont de plus en plus victimes de la prostitution : selon des évaluations incertaines : 400.000 enfants sont prostitués en Inde. Tous les ans , près d’un quart de million de femmes et d’enfants d’Asie du Sud-est sont « achetés » ; en Thaïlande, un enfant prostitué peut vendre ses « services sexuels » jusqu’à 2.000 hommes chaque année. »[1]
Louise MICHEL, héroïne de la Commune Paris a eu cette brève déclaration avec emphase : « Ô Homme, si vous saviez combien vous seriez plus heureux, si vos femmes étaient libres ! ». Le mariage est une institution d’enfermement, comme la clôture d’un champ, qui permet à l’homme propriétaire de croire que ses enfants sont bien issus de lui. L’église catholique , l’alliée du sabre et du goupillon a essayé en vain de sédentariser les hommes auprès d’une famille intangible mais ce sera la bourgeoisie du XVII° qui y arrivera plus ou moins. On confond les délices du couple et du coït et son plaisir sexuel avec une pérennité ennuyeuse. Comment voulez-vous qu’un couple reste ensemble durant plus de quarante ans d’existence, il en existe sûrement mais ce n’est en aucun cas la règle naturelle.
Les spécificités culturelles sexuelles selon les ethnies du monde ne constituent pas « un mal en soi », comme les croyances le sous-entendent, mais une adaptation à l’environnement, par exemple l’andragogie (une femme vit avec plusieurs hommes) est pratiquée au Tibet pour ne pas morceler les terres arables assez rares et qui restent ainsi dans une même famille. De même , la polygynie (un homme avec plusieurs femmes en Afrique et en Asie) est en soi une manière de ne pas abandonner les plus vieilles épouses car ce type de relations est très codifié par des obligations de passage que doit respecter l’époux.
Le mal en soi est plutôt dans l’œil de l’Occidental qui porte un jugement, par un regard européocentriste sur des coutumes différentes des siennes. Il faut donc distinguer le musulman, qui à l’instar du Prophète a quatre femmes (en suivant ou en même temps) et essaye dans sa polygamie d’être le plus juste possible, du sultan qui a 3.000 femmes dans son harem( souvent des gamines enlevées de force et qui parfois ne connaîtront jamais le loup) ; dans le second cas, on doit parler clairement de la traite des êtres humains. Ce n’est plus la force de travail d’hommes esclaves que l’on prélève mais la beauté, la jeunesse et la blancheur de jeunes népalaises que l’on achète aux parents pour en faire des prostituées pour le sous-continent indien tant qu’elles sont fraîches. Je suis franchement ébahi de la malhonnêteté intellectuelle des musulmans qui fustigent la traite des « nègres » des Amériques en oubliant que ce sont eux qui ont inventé ce trafic d’hommes bien avant cet engouement temporellement limité des capitalistes américains. Qu’Allah leur pardonne !
En effet, il faut et il faudra de plus en plus d’esclaves sexuelles féminines aux Pakistanais, aux Afghans et aux Indiens du nord car dans les plus petites villages de montagne sont aujourd’hui installées des machines à échographie qui peuvent déceler si l’embryon est fille ou garçon ; s’il s’agit d’une fille, on fera avorter de force la mère car les garçons, c’est plus prestigieux, détournement horrible de l’utilisation de matériel scientifique par des barbares. Amin Maalouf dans son roman « Le premier siècle après Béatrice » décrit un monde d’émeutes car les femmes sont trop rares pour les besoins des hommes. Ce n’est qu’un roman mais nous savons qu’aujourd’hui déjà existent des villages entiers peuplés à 80% d’enfants mâles qui voudront un jour fonder une famille ?
Au-delà de ce triste constat de l’augmentation de la traite des jeunes femmes et des petits garçons, il y a bien sûr aussi des unions heureuses même si elles ont été décidées par les parents et des formules originales, telle cette jeune femme de 19 ans qui a demandé à un guérisseur de 60 ans de l’épouser pour ainsi lui transmettre son métier de chaman.
Au-delà du nombre de partenaires dans un couple (polyandrie, polygynie, hétéro ou homosexualité,…), deux divisions ethniques séparaient auparavant le monde. La plus vieille datant du temps des déesses mères était le matriarcat. L’amant de la mère donnait son sperme certes mais l’enfant appartenait au clan de la mère. Le père était un compagnon de jeu de l’enfant mais l’autorité parentale était représentée par le frère aîné de la mère, l’oncle. A l’inverse, dans le patriarcat qui se développera avec les dieux mâles, la famille de l’époux donne une dot à la famille de l’épouse et celle-ci appartient ainsi à son mari ainsi que ses enfants et à la branche patrilinéaire. Chez les Mongo du Congo, on plaçait de lourds anneaux de cuivre aux chevilles des épouses (5 kg/pièce) ; ainsi, si une épouse trop battue par son mari voulait s’enfuir pour retourner chez ses parents, elle partait avec un handicap à la course et il fallait la récupérer à temps sous peine de repayer un complément de dot.
Nous sommes connu en Occident la famille élargie où les vieux vivaient avec le jeune couple soit en lui rendant la vie impossible, soit en étant exploités à l’inverse par celui-ci sur le plan des travaux domestiques et de leur retraite (cf. « La terre » d’Emile ZOLA). Notre époque de l’après seconde guerre mondiale a vu naître la famille mononucléaire : papa-maman et moi et évolue, semble-t-il, vers la monoparentalité des mères avec un droit de visite appelé « garde partagée » pour les géniteurs ou pères, chacun des ex-partenaires vivant dans un clapier séparé.
Si le couple se débarrasse de la mauvaise conscience sexuelle instillée par les prêtres jaloux, on pourrait peut-être réinventer ce qui fut appelé « la parenthèse enchantée » ou une certaine libération sexuelle distincte de l’affection entre les adultes et les enfants biologiques ou non.
Le survol historique de Jacques ATTALI
Nous sommes des primates supérieurs de l’espèce unique Homo Sapiens Sapiens et nous partageons avec les singes Bonobo 99% d’un même génome mais non leur comportement très libre car nous sommes inhibés par nos normes, nos cultures et nos injonctions morales télévisuelles (où les meurtres et les tortures ne sont pas tabous), alors que nos cousins jouent, mangent, dorment et cochent beaucoup car le plaisir sexuel est en principe plus attrayant que la torture d’un être de la même espèce. Les hommes civilisés modernes travaillent avec stress au minimum 8h/jour mais après se délassent-ils ? Les études des anthropologues Marshall SHALING et Pierre CLASTRE[2] nous apprennent que les tribus les plus primitives de l’Amazonie travaillent 3 heures/jour, n’ont pas de chef tout puissant et se peignent, chantent, jouent et cochent le reste du temps. La civilisation est-elle vraiment un choix démocratique de société ou bien une subtile aliénation pour que les gens produisent dans la peine des objets inutiles au lieu qu’ils ne se caressent ?
Jacques ATTALI (et sa collaboratrice Stéphanie BONVINCI) nous donne un moderne survol de l’histoire relationnelle. Le coup de foudre est une programmation intéressante de la survie de l’espèce. Adam et Eve avaient le désir de coucher ensemble et puis après…ils remettent cela car le plaisir ne se refuse pas. Ce ne sera qu’après une certaine période que les partenaires un peu lassés vont – si les normes sociales le permettent – chercher d’autres partenaires. L’église catholique dominante va essayer de fixer les couples dans la durée (sans se soucier de la répercussion des femmes battues par la frustration des mâles enchaînés). En 586, au Concile de Macon, les Evêques décident enfin que les femmes ont une âme, soit l’ébauche des droits de la femme qui n’est plus alors un élément du cheptel (sauf pour les arabo-musulmans). Les Evêques réinsistent sur le fait que la sexualité est là uniquement pour la reproduction de l’espèce et échouent donc dans la fidélisation des ménages. Ce ne sera qu’avec la révolution bourgeoise que le couple va se sédentariser dans le temps et l’espace. Notons qu’au XIV°, l’espérance de vie est brève (40 ans), les séparations de couple sont fréquentes ainsi que l’abandon des progénitures trop longues à assumer ; le tiers des enfants ne vivent pas avec leurs géniteurs, ils sont en apprentissage chez un patron.
Au XV°, les grandes épidémies de peste s’éloignent, la sexualité va se libérer. L’obsession de la propriété impose le mariage monogame que l’église n’avait pas réussi à instaurer. La grande peste a fait mourir tant de parents et d’amis que l’on prend conscience de l’importance de la vie en germe dans les enfants. Ceux-ci vivent en moyenne 7 ans avec les parents mais sont alors plus aimés et protégés par la famille au sens large. A partir de 1517, avec le grand schisme de LUTHER dénonçant la luxure des prêtres, non seulement les gens vont parfois se marier en monogame (bigame, c’est déjà un progrès pour eux) mais les prêtres ont eux une interdiction de copuler avec les femmes et doivent respecter le célibat. Nous savons aujourd’hui qu’il n’est jamais bon de contrecarrer les lois naturelles de notre Seigneur et que beaucoup de jeunes gamins auront à souffrir de l’homosexualité annoncée des prêtres.
Dès la révolution de 1789, sous l’influence des Lumières, le mariage se débarrasse des contraintes religieuses pour donner à tous le droit de contracter un mariage civil, accepter le principe du divorce et en finir avec l’obsession catholique de la monogamie de contraintes. Olympe de Gouges, au-delà des dominations sexuelles des mâles, revendique l’égalité complète entre homme et femme notamment par le droit de vote, le droit au patrimoine (octroyé après 1970) et le droit au divorce. En 1804, Le Code civil de Napoléon impose le mariage civil et déclare le mariage religieux facultatif. Lors de la Restauration, le contre-révolutionnaire Louis de BONALD (déjà opposé au progrès en 1801) obtient en 1816 la suppression du divorce et la restauration de l’autorité masculine. La loi BONALD sera abolie en 1884 par la loi NAQUET : la Commune de Paris aura réimpulsé l’idée d’un mariage entre égaux. La femme peut refuser un mariage imposé et choisir qui elle aime.
En 1923, la génétique confirme l’égalité : le sexe s’hérite par le jeu de deux chromosomes, double XX pour les femmes et XY pour les hommes. Dès les années 1950, la liberté des amours se propage grâce au tourne-disque portatif qui permet aux enfants de danser ensemble (parade prénuptiale) en-dehors de la présence des parents. C’est l’ouverture à la libération des mœurs avant le mariage. On peut ainsi aimer et faire l’amour sans vouloir enfanter, au grand dam de l’église. En 1966, l’étude de MASTERS and JOHNSON (Human Sexual Response) révèle ce qui avait été occulté par les pudibonds et les curés de toutes sortes : l’ABC de la sexualité et le clitoris. En 1968, la jeunesse revendique avec sa musique Yé-yé à « jouir sans entrave » et à redécouvrir « sous les pavés la plage », ce sera l’époque des Beatniks et des Hippies, une libération sexuelle qui déviera hélas vers les drogues, soit le glissement du plaisir naturel vers une addiction à un plaisir de dépendance…et de dégénérescence neuronale. En 1975, l’adultère en Occident n’est plus un délit et l’IVG est légalisée. En 1985 environ, le SIDA (HIV) referme le couvercle de la sexualité libérée. Le Primat de Belgique, Mgr Léonard parlera en 2010 de « justice (divine) immanente » sans être désavoué par le Vatican qui lui permet enfin l’usage du préservatif dans certaines circonstances (la fièvre du samedi soir, par exemple) après des milliers de morts du SIDA qui avaient le tort d’être croyants et africains. Jacques Attali avec son regard d’historien ne nous donne pas les interactions complexes des couples mais leur évolution à travers le temps et les pouvoirs.
Très complémentaire, l’anthropologue Sarah Blaffer HRDY[3] nous explique elle le côté universel de la polygamie et le poids statique des traditions qui en fait sont tenues et transmises par les femmes.
Par exemple, ce ne sont pas les pères qui poussent le plus à la barbarie de l’excision et de l’infibulation au Mali et au Soudan pour que la femme n’ait comme plaisir sexuel que la pénétration mais les grands-mères qui trop souvent kidnappent la petite fille si la mère est absente ou distraite pour la « faire couper » (ablation du clitoris) dans des conditions d’hygiène déplorables avec des complications médicales prévisibles.[4]
L’aspect psychosocial relationnel
Il nous reste à aborder la relation du couple dans l’ici et maintenant de ses relations quotidiennes avec cette pratique agréable de la sexualité devenue coutume de contrainte par nos cultures de la pérennité. Reprenons le synopsis classique avant d’explorer les diverses pistes possibles pour notre époque. En plus des transformations du corps, les jeunes gens subissent à la puberté des transformations d’hormones qui vont influencer leurs attitudes et comportements avec d’une part le désir et d’autre part la perte des repères de l’enfance. L’adolescence est souvent un moment où l’on prend ses parents comme têtes de Turc mais aussi où la personnalité du jeune se structure et est capable de dire NON ! Et hélas aussi de se suicider (cf.. les travaux de Durkheim).
La société aurait là une attitude plus mature et responsable à avoir pour protéger cet âge critique. Dans ces moments des premiers émois où le cœur bat d’amour pour l’autre et le corps de désir sexuel, c’est dommage que cela soit toujours entaché par une honte parentale et que l’on ne fournisse pas à ces jeunes un moyen de confort pour jouir de leur corps. (Par exemple, une auberge de jeunesse avec des chambres nuptiales sponsorisées par la marque de condom du Vatican « la calotte »). C’est dommage que l’on n’incite pas ces jeunes (avec la protection papale bien sûr) à profiter de ces moments heureux d’expérience en toute légitimité (comme en Amazonie, dit CLASTRE). Qui ne se souvient du poète RONSARD disant (à peu près) « Mignonne, lorsque votre âge fleuronne, cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. Demain, vous pourrez dire, Ronsard me célébrait du temps où j’étais belle ».
Les premiers moments de la vie avec un autre humain amant sont un florilège qui va donc durer de 6 mois à 2 ans et qui s’effilochera en un lent et imperceptible effritement dû peut-être à la routine, à l’ennui répétitif. On se marie et on fait un ou deux enfants (au lieu de partir et de redécouvrir le monde à deux) en espérant apporter de la nouveauté.
Hélas, avec le mariage, certains hommes se sentent à nouveau propriétaire (l’atavisme) et se laissent aller ; les enfants crient, le père leur crie dessus puis la mère crie sur le père qu’il exagère et celui-ci qui n’avait pas plus que cela l’envie de jouer le père fouettard ne crie plus et prend l’habitude de fréquenter des cafés sans femme ou des bordels s’il n’a pas la migraine.
Le couple marié devient alors une unité économique de production et le premier centre d’éducation se crée. Pour la qualité de vie de nos jeunes générations, on devrait créer un nouveau code de conduite amoureuse, du genre, les 10 premières années rester à deux puis choisir ou non des enfants désirés (plutôt qu’un avortement dont de toute façon seule la propriétaire du ventre peut décider et non Mgr Léonard), cette norme n’étant pas obligatoire en l’état de la surpopulation. Si vous décidez de concevoir un petit, donnez-vous un contrat tacite et responsable de rester alors engagés encore 8 ans ensemble pour aider les jeunes à se structurer dans un milieu sécure. Ni signez plus en aveugle des contrats sans fin sous l’influence malsaine des religions, nous serons tous seuls dans notre cercueil ou dans notre urne sans électeur. On pourrait imaginer se marier 20 ans puis recommencer avec d’autres données, d’autres personnes, d’autres valeurs et en jetant les habitudes.
Notons en passant que s’il n’y a que le sexe, un module de 10 à 20 ans est trop long, il faut aussi une estime réciproque qui dure (pas de désamour ou de peur du changement), des projets et du rire. Toutefois, les flux hormonaux tarissent leur impétuosité et il se peut tout à fait que les gens devenus plus calmes, plus sereins, décident sciemment de poursuivre encore un bout de chemin ensemble. On oppose trop souvent l’amour à la haine ; or, il s’agit là d’un couple dialectique indissociable : aimer l’autre ne veut pas dire ne jamais ressentir de tensions à son égard ou ne pas vivre des conflits hurlants ; aimer l’autre suffisamment, c’est revenir vers lui après l’avoir haï. Notons qu’en histoires de vie, les exceptions sont légions, il y eut un beau film avec Jean Gabin et Simone Signoret sur des haines qui durent ; « Le chat » est le titre de ce film où l’un et l’autre ne se parlent plus. Nous connaissons, dans la réalité, la même rigidification des rôles où les deux époux partagent la même maison et le même lit mais sans jamais s’adresser la parole depuis trente ans ; l’enfer est très facile à créer sur terre.
Le véritable ennemi de l’affection est moins bête mais plus sournois, c’est l’indifférence. L’homme qui s’attelle à une tâche ménagère ne le fait pas par goût mais pour aider son épouse en participant par amour aux travaux du ménage. Pourtant, avez-vous jamais vu un homme capable de voir la poussière sur les meubles ailleurs que chez un célibataire ? Autre exemple modeste, être là pour aller la rechercher à une réunion tardive ou encore apprendre à la laisser sortir seule ou avec d’autres voire les nuits (ce qui n’implique pas nécessairement partouze) et bien sûr penser à son anniversaire et à l’anniversaire du fameux mariage car si on dit les hommes plus logiques, les femmes par contre pensent à tout et ont une mémoire affective d’éléphante.
La meilleure pédagogie est celle qui s’exprime pas des exemples didactiques (qui ne peuvent qu’être réducteurs puisqu’ils sont juste illustratifs). Madame a préparé un petit dîner aux chandelles entre « amoureux fatigués » et Monsieur rentre en retard avec une bande de copains puant la bière, pour regarder une nouvelle fois la retransmission d’un match à la télé. Et les garçons crient lorsqu’il y a un but et réclament des chips pour accompagner les bières de la maison puis raisonnablement vers minuit s’en vont. Et Monsieur de reprocher à Madame d’avoir « tiré la gueule » toute la soirée juste quand il recevait ses amis. Il n’y a pas besoin d’être d’un genre sexuel ou de l’autre pour comprendre cette muflerie ! La vie à deux ne peut consister à prendre (comme si les besoins de l’autre n’existaient pas) et surtout sans donner des compensations, ce que l’autre attend. Nos choix nous créent libres et décideurs ; nous pouvons dire « dehors les gars, j’avais oublié notre anniversaire » et nous excuser auprès du conjoint, par exemple de ne pas avoir téléphoné auparavant ? La journaliste Françoise GIRAUD avait trouvé cette élégance de vivre à un étage et son compagnon à celui du dessus et ils se téléphonaient lorsqu’ils avaient envie de se voir pour vérifier que l’autre était disponible. En effet, pourquoi s’étouffer réciproquement au lieu de vivre plus longtemps une vie d’amants et de sorties amusantes ?
Il s’agit là d’une question de respect mutuel permanent qui réclame une vigilance de toute une vie. Le brave homme qui rentre chez lui sans saluer sa partenaire, s’assied à table et mange sa soupe en silence tout en faisant de grand « slurp ! » puis va se vautrer sur son canapé pour regarder la retransmission du match en exigeant ses pantoufles et en buvant quelques bières, de cuver ensuite puis d’aller dormir en se grattant des endroits sensibles, n’est pas le même, esthétique mise entre parenthèses, que celui qui parfumé dans un pyjama Cardin et une robe de chambre embrasse sa compagne et lui demande des nouvelles de sa journée avec empathie.
Cela étant dit, il faut arrêter de chercher un quelconque responsable, un bourreau et une victime. En effet, si chaque fois que le premier sujet développe son scénario névrotique, sa femme lui prend la tête et coupe d’autorité la TV, elle sera peut-être dans le top 10 des 7 femmes sur 10 battues par son mari mais elle préférera plutôt crier pour prouver qu’elle existe et qu’elle n’est pas une potiche.
Le mariage est certes une institution obsolète mais non le couple avec ses variantes. Il est possible de vivre un couple WIN-WIN si chacun y met du sien, il n’y a jamais des vainqueurs et des perdants mais des résignés et nous devons alors modifier la routine par de la vigilance de part et d’autre. Avec l’âge, certains deviennent grincheux et d’autres acariâtres ; pour les dames, un remède miracle existe : des compléments hormonaux post-ménopause. Pour les hommes, je ne connais pas de remède, juste un changement d’attitude. En thérapie familiale, je demande toujours aux partenaires que, s’ils font dix critiques à l’autre, ils se forcent à faire aussi un compliment. Lacan disait : l’amour est le regard d’amour que l’autre pose sur moi.
C’est bien ce que font encore les YANOMAMI de l’Amazone où la jeune femme enceinte et portant un bébé sur la hanche entre dans le hamac de l’homme qu’elle a choisi en lui demandant avec un beau sourire s’il veut bien lui faire l’amour. Notons que ce genre de comportement est assez rare à Paris et également que le bon sauvage de Jean-Jacques ROUSSEAU n’a jamais existé mais on peut imaginer une autre existence que celle de l’aliénation au travail, n’est-il pas ? Dans un club anglais réservé aux hommes que je fréquente, les gentlemen entre eux disent à l’unanimité qu’ils se sentent bien ainsi sans la coquetterie des femmes et leur conversation. Mais si nous faisions tous un effort pour apprendre à écouter, et donc surtout à nous taire, ne serait-ce pas une bonne alternative à ce qui se profile, à savoir que chacun vive sans joie dans sa niche, hyper propre ou crasseuse ? (Notons que, dans les monastères du Tibet, on sait directement si on approche d’une confrérie de moines ou de moniales, à la crasse ambiante sur les murs, les vêtements et les corps !).
Pour conclure dans l’utopie de voir un jour notre espèce sous l’égide des droits de l’homme et de la femme (enfin débarrassés des scories religieuses qui avilissent les femmes dans une soumission dévote), je rêve de rencontrer une jeune femme arabo-musulmane, égyptienne comme DALIDA par exemple, sur une plage avec un tout petit bikini dont elle aurait enlevé le haut (topless) pour montrer la beauté de ses seins. Je rêve qu’en soirée, cette jeune femme passe au café embrasser son père qui boit son thé et fume son narguilé entouré de la seule gente mâle pour lui dire qu’elle sort toute la nuit en boîte pour s’éclater avec ses copines et qu’elle forniquera probablement au petit matin avec l’une d’elles juste pour jouir de son corps (bien sûr, la provocation est pédagogique). Je rêve d’une police d’ingérence (donc pas du genre ONU, toujours incompétente depuis les années 1960) qui empêche ce père, simple géniteur d’égorger la colombe et rappelle fermement que tous les êtres humains ont les mêmes droits et que le temps du droit de mort sur le genre féminin est révolu et constitue un délit punissable. Je rêve d’êtres humains libres et égaux dans une société de douceur fraternelle sans obsédés sexuels (aurait pu dire Wilhelm REICH), car cette frustration n’aurait plus de raison d’être mais je ne crois plus en St Nicolas et je déplore le père fouettard.
Jean-Marie Lange, 06.12.2010
[1] ATTALI Jacques, AMOURS, Histoires des relations entre les hommes et les femmes », Paris, Livre de Poche, Fayard, 2007, p.182 et 187.
[2]CLASTRES P., La société contre l'Etat, Recherches d'anthropologie politique, Paris, De Minuit, 1978.
COLLEYN J.P., Eléments d'anthropologie sociale et culturelle, Bruxelles, Université de Bruxelles, 1988.
D'HERTEFELT M., Anthropologie culturelle, Formation des approches, Liège, Presse Universitaire de Liège, 1984.
LIOGER R. La folie du chaman. Histoire de l’ethnopsychanalyse, Paris, PUF, 2002
MALINOWSKI B.,La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives, Paris, pbp, 1932, 2001.
MAUSS M., Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950, 2009.
MEAD M., Moeurs et sexualité en Océanie, Paris, Plon, 1982.
ROHEIN G., Origine et fonction de la culture, Paris, Gallimard, 1973.
SAHLINS M., Age de pierre, âge d'abondance, L'économie des sociétés primitives, Paris, Gallimard, 1978.
[3] HRDY Blaffer S., La femme qui n’évoluait jamais, Paris, pbp, 2001 : « Le plus étonnant dans les mutilations féminines, c’est qu’elles continuent de se pratiquer. On estime que plus de 20 millions de femmes dans le monde sont concernées aujourd’hui, en dépit des complications médicales qu’elles entraînent dont la septicémie, l’hémorragie et le traumatisme, aussi bien que de graves problèmes urinaires et obstétriques, et des menaces qu’elle fait peser sur la fertilité féminine. L’opération d’infibulation est si importante – le clitoris est excisé et le tissu qui l’entoure sacrifié afin que la fusion avec les lèvres se produise pendant la cicatrisation – qu’environ 9% des petites filles souffrent après d’hémorragies et de traumatismes. Les femmes infibulées sont réouvertes en partie au mariage, et doivent l’être totalement à l’accouchement, après quoi on les recoud. »(p.282).
[4] Toutes les illustrations sont tirées de la revue ChalieHebdo.
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