CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°38b
GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°36
GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – Nov.-Dec.09 : Les Etats Modifiés de Conscience (extase, possession, hypnose et zen)
N°25 –Janv-Fev 2010 La matière, le vide, la nature, l'éducation
N°26 – Mars-Avril 2010 L'intelligence des femmes
N°27 - Mai-Juin 2010 L’imaginaire, le symbolique et la réalité sociale
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative
N°30 – Nov-dec10 : Les sans-papiers
N°31 – Janv-Fév 11 : le couple et l’institution du mariage (Médiation couple - opus 2)
N°32 – Mars –avril 11 : La psychologie systémique et le chamanisme
N°33 – Mai-juin 11 : Vers une éthique sociale contre les barbaries
N°34 – Juil-Août11 : Nous sommes tous contre le fascisme.
N°35 Sept-Octobre 11 : le méta point de vue et le non-agir.
N°36 Nov. Dec. 11 : Fidélité et soumission.
N°37 Janv-Fev. 2012 : L’autonomie et l’émancipation des femmes au tiers-monde (1ère partie)
N°38 Mars-avril 2012 : L’autonomie des femmes au Mali (2ème partie).La faim ou la fin : l’humanité en pérril
L’excision au Mali
Les filles qui survivent restent alors en retraite et celles qui en mourront seront enterrées, c’est après un mois de retraite que si le mari arrache une poignée de paille à la toiture que la mère saura que sa fille n’a pas survécu. Les survivantes « défigurées » ne seront plus razziée par mes arabes : le « produit » étant déprécié pour les harems des Sultan. Environ 300 km plus au sud sur la Maringa autour de la ville de Basankusu vivent les MONGO et les NGOMBE et des informateurs de ces deux ethnies m’ont racontés la même rationalisation du pourquoi des excisions.
L’excision au Mali
Des attes sont étalées, les mères couchent les fillettes sur le dos puis avec l’aide de tantes immobilisent les jambes et les bras. La forgeronne brandit son coutelas (porté autour du cou) pour couper les clitoris. Le même couteau parfois rouillé (ou un morceau de verre ou une vieille lame de rasoir mélangera les sangs de toutes (non seulement risque de tétanos et de septicémie mais aussi de contamination SIDA). La chair tranchée est aussitôt enterrée près de la natta il y a pour certaines jeunes filles des hémorragies fatales et pour d’autres, là où l’on a coupé aussi dans la vessie des incontinences à vie. Les gamines vont ensuite jusqu’à la taille dans la rivière à l’eau froide puis on les sèchent avec des couvertures avant de leur offrir des cadeaux.
Les filles iront alors dans leur dortoir sous la surveillance de la Bâwo et on les protégeras avec des gri-gri MBELKI (écorce amère du calceidrat ?) au cou et à la cheville un cauris (coquillage) pendant à une cordelette (protection des excisées). Si une petite meurt, on accusera aussitôt une vieille femme de sorcellerie pour trouver une chèvre-émissaire et détourner l’attention de l’exciseuses responsable.
Pendant la semaine (ici) de réclusion les excisées sont invitées chaque fois qu’elles « rafraîchisse l’eau aux toilettes »(uriner) de protéger la blessure avec de la poudre de Gawdé (antiseptique naturel paraît-il). Les filles devenues femmes auront des parures et défileront à la queue leu leu dans toutes les maisons du village. Lorsqu’une des jeunes filles se marie, les relations sexuelles ne sont pas faciles avec la blessure parfois mal cicatrisée et purulente même si on utilise un gri-gri de marabout comme le MBINDOUDI (eau noire après le levage d’écriture sur une tablette du marabout), nous n’avons pas le sentiment d’une grande efficacité. Contrairement aux travaux de l’anthropologue HDRY « La femme qui n’évoluait jamais », les mères se remettent en question et ne veulent plus cette pratique dangereuse pour la santé de leurs filles, ce sont les belles-mères les plus attachées à cette coutume qui peuvent enlevé la fillette et la faire couper malgré le refus de la mère.
« Jai appris que vous voulez exciser la petite MATÂDO ?
- Qu’y a-t-il à cela ?
- Fâti, je te demande de ne pas le faire. Tu sais que l’Association des Femmes est contre l’excision !
- - Pourquoi voulez-vous introduire de tells idées dans le village ? Une femme non excisée n’est qu’une BILACORO ! »(une femme de mauvaise vie, vulgaire et non mature)
Etat des lieux de l’excision
A la suite des cycles de conférences-débat réalisée par Ali Guido en 2009 et Marie-Claire LANGE (MC)en 2012 à sévaré auprès des animatrices faîtières et au pays Dogon à Nando et à Endé (deux jours de route) il semblerait que le sujet n’est plus tabou et que l’évolution positive est rapide. Notre carte du monde a eu beaucoup d’effet : les gens constatent Mali 85% et le pays à côté le Niger 2,2 % et aucun pays hors d’Afrique. Les hommes sont aussi favorables à l’abandon de cette pratique car les blessures provoquant parfois des kystes et des pertes verte et altérant sérieusement la bonne volonté des femmes au relations sexuelles qui ne sont pas pour elles des parties de plaisir.
Une participante que sa fille excisée à 6h du matin n’arrêtais pas de saigner, elle l’a conduite elle-même l’après-midi à l’hôpital et elle s’est jurée que plus jamais elle ne serait complice de ces MGF. De nombreux témoignages montrent que les décès de fillettes ne sont pas rares.
Nous nous attendions à une hostilité de la part des extrémistes mais au contraire, les danses de bienvenue (à mille lieu des danse folklorique des masques) exprimait une remerciement aux autres sœurs d’Europe qui se situent aussi de leur situation de protection des fillettes. Cela dit, la guerre intérieure contre l’envahisseur Tamasheq/touareg armés sur les stock d’armes de Lybie progresse. Ils sont insaisissable car ils se déplacent dans le désert en-dehors des routes carrossables. Ajoutons à cela que le Président (proche du dictateur Kadhafi) s’accroche au pouvoir après ses deux mandats démocratiques, l’insurrection interne peut éclater d’un jour à l’autre, la tension est vive à Bamako.
La femme et ses capacités cognitives supérieures
Des étudiantes assistantes sociales (bac+3) m’ont demandé un jour de faire une conférence dans leur classe portant sur l’infériorité cognitive des filles. J’avais accepté si leur titulaire, ma collègue était avertie par politesse.
J’ai commencé par parler de l’hémisphère cérébral gauche analytique plus développe chez les hommes et de l’hémisphère droit plus globalisant et créatif, plus développés chez les femmes. Par exemple, bon nombre de femmes ont difficile de se retrouver sur une carte routière car souvent avec un problème de latéralité (gauche-droite). Puis j’ai exposé que les filles étaient non seulement plus appliquée à l’école (capacité de concentration) mais aussi plus intelligente avec, dans l’enfance, un développement mesuré d’une avance de deux ans sur les petits garçons.
Le cortex s’occupant du langage (aire de Broca) révèle par IRM (Imagerie médicale par Résonance Magnétique) est en effet moins latéralisé que chez les garçons car il faut appel à une organisation plus complexe liant le langage aux contacts sociaux. « Les filles sont donc deux ans plus précoces que les garçons aussi bien pour le langage que pour le raisonnement et la concentration sur l’apprentissage. »
Notons à ce propos que le machisme des hommes n’a rien à voir avec le cognitif mais ressort du domaine culturel ; les modèles vus par le petit garçon vont être intégrés et il les reproduira à l’âge adulte. Ce n’est pas une fatalité et ce qui a été appris peut se désapprendre s’il y a une conscientisation et une volonté de dépasser le stéréotype des blondes étiquetées « Sois belle et tais-toi ! ». Notons également que dans les conflits de couple d’aujourd’hui ce n’est plus nécessairement parce que le mari est volage, c’est plutôt qu’il existe un autre pôle d’attraction pour lui avec l’ordinateur et internet et donc au lieu de se faire des câlins (communiquer) l’homme hypnotisé par son écran se couche à une heure avancée de la nuit….puis à ce rythme, un jour le couple divorce car la femme ne se sent pas heureuse dans cette a relation.
Je fais l’hypothèse que ce qui manque le plus aux femmes, le plus souvent, c’est le regard d’amour que l’homme ne porte plus sur elles. Il y a encore du travail d’éducation affective à fournir pour que les humainsne se regardent plus comme des meubles juxtaposés mais puissent vivre dans la dignité et la reconnaissance mutuelle quel que soit le genre sexuel.
J’ose ici une hypothèse hardie, les hommes sont émoustillés par les sexes de femme parce que ceux-ci à cause d’eux sont cachés et peu disponibles à l’encontre de nos cousins les Bonobos. Imaginons la révolution sexuelle de Wilhelm REICH où cette relation, si elle fait plaisir aux deux, ne serait plus tabou et aussi banalisée que de manger un bout avec une amie, nous n’aurions plus cette énergie de frustration permanente et comme les Bonobos nous pourrions alors penser à nous épouiller, nous caresser avec tendresse. Pour cela il faudrait combattre d’abord les spoliateurs et tous ceux qui s’enrichissent au détriment des gens (1% des revenus est partagés par 50% de la population) et comprendre l’adage de Pierre-Joseph PROOUDHON : « La propriété c’est le vol ! ». Notons toutefois le paradoxe où si les gens « pouvaient jouir sans entrave », il n’aurait alors plus d’énergie rancunière pour faire une révolution contre l’oligarchie et la particratie de façade masquant à peine la globalisation ultralibérale. La soumission automatique des brebis serait encore pire qu’aujourd’hui (même si les Grecs se réveillent à 1000.000 dans les rues après deux ans d’austérité, là où la pression du citron s’accentue encore (400 €/mois de salaire minimal garanti alors que le salaire d’un député européen est de 13.500 €/mois sans ses jetons de présences à côté)
« La vocation des humains est de communiquer, c’est-à-dire d’échanger leur vécu pour tisser des liens et nourrir la relation à l’autre. C’est ce qu’il faut apprendre aux hommes tout en respectant certainement leur plus grande difficulté à le faire. »
Pendant deux/trois décennies j’ai animé des formations en histoires de vie (l’objet de ma thèse) et sans statistique je peux affirmer que les femmes se remettent plus volontiers en question que les hommes plus rigides. Je limitais par soucis d’efficacité mes groupes de travail à dix personnes et la proportion était souvent de 9 femmes pour un homme avec en plus – très souvent chez l’homme une résistance au changement, un blocage pour parler vrai –et à ne pas entendre ce que le groupe en autoformation lui reflète même si en plus je reformulais les remarques respectueuses. C’est probablement cette sensibilité propre aux femmes qui dans son versant emprise hypnotique, souise à la violence de l’autre, elle pardonnent. L’acceptation tacite des femmes (retirer leur plainte par exemple) renforce dialectiquement l’autoritarisme et le passage à l’acte violent des hommes.
« En France, selon le secrétariat d’Etat à la solidarité, 137 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint en 2006, soit une moyenne une femme tous les trois jours. Mais combien d’hommes dans le même temps ? 0,1 ou 2 ? Il est difficile de le dire, car cette même année seuls deux cas semblaient possiblement être comparables, ce qui nous donne le score affligeant de 137 à 2, qui ne peut que nous évoquer le score délirant d’une finale sportive homme-femme dans laquelle l’éducation et la testostérone viendraient naturellement à bout, sur le plan physique, de la mémoire et de la sensibilité. » (à suivre avec les données pratiques) (…)
La faim ou la fin : l’humanité en péril
« Le Krack boursier de 1929 déclenche dans une société angoissée, frustrée, disloquée, l’accession légale au pouvoir du nazisme, lequel suscite un processus conflictuel qui conduisit à la guerre de 1939-1945. La crise actuelle exacerbe tout ce qui est ruptures, peurs, haines et nous achemine vers de nouveaux abîmes.(…) La gauche elle-même en crise, n’a pas encore réussi à orienter les mécontentements vers une issue émancipatrice. »
En France, le candidat SARKOSY est renommé SARKOSY-Le Pen pour son discours d’extrême-droite et dont la précédente campagne de 2007 fut soutenue par le dictateur libyen KHADHAFI qui planta sa tente dans les jardins de l’Elysée pour bien le faire comprendre ; en face, au PS français, François HOLLAND n’a pas la carrure d’un leader et n’arrête pas de s’excuser d’avoir raison. Et il en va de même partout ; en Belgique, on va surtaxer les fumeurs pour ne surtout pas taxer les grosses fortunes. Une journaliste disait que le chauffeur d’Albert Frère (un richissime belge) paye plus d’impôts que son patron. Cette complicité affichée du PS au centre-droite rend les derniers idéalistes de gauche malades et cette fois-ci ils payeront cette forfaiture. Les gens sont déprimés et n’ont plus d’espoir en un imaginaire révolutionnaire pour une démocratie effective. Je conserve ma non-violence à la Thoreau (ne pas participer sans haine ni violence à la mascarade) mais beaucoup de mes amis en ont marre des fausses négociations et veulent eux-mêmes sanctionner des ministres et des responsables puisque personne ne le fait. La Grèce a montré le chemin de l’austérité à cause d’une mal gouvernance ; que ceux qui s’en sont mis dans les poches payent.
Nous venons de passer 2000 ans dans l’ère des poissons où le Christ appelait à l’amour du prochain et ce fut en fait un bain de sang des Chrétiens contre les Cathares, les Juifs, les sorcières, la réforme des Huguenots et aujourd’hui contre les extrémistes salafistes (moins de 1%). L’humanité s’adapte mais ne progresse pas sur le plan moral et éthique avec son karma collectif (elle progresse seulement dans la techno- science et dans son détournement pour exploiter encore plus la femme par l’homme).
Avec le XXI°s., nous entrons dans l’ère du Verseau et en principe d’une évolution vers l’humanité, mais ceux qui, comme moi sont athées et donc opposés à l’astrologie, craignent le contraire : que l’humanité soit encore plus en péril. La Chine et la Russie laissent se perpétrer le massacre du peuple syrien par ce despote fou El- HASSAD en « ne donnant pas à l’ONU l’autorisation d’arrêter ce génocide interne »(droit de veto). La planète est en danger car les américains et les chinois ne veulent pas d’un contrôle de la pollution critique, nous allons, à cause de leurs besoins économiques non régulés, vers un réchauffement irrémédiable de la planète. Il serait VITAL d’ouvrir une guerre contre la Chine et les Etats-Unis ; qu’en dit le Grand Duché du Luxembourg et M ITTAL ?
Enfin, la chrétienté essoufflée, par le pouvoir et les turpitudes du Vatican (pour l’argent contrôlé par l’OPUS DEI), passe la main au gendarme économique du monde aliéné par la consumérisme, les Etats-Unis (et ses lobbies militaro- financiers) dont ; entre autres, les soldats urinent sur les cadavres talibans, brûlent des Coran, et tout dernièrement un fou GI’s a massacré dans leurs maisons des femmes et des enfantsdeà Kandahar. N’oublions pas non plus de relier sans jugement à Guantanamo (enclave illicite au sein de l’Île de CUBA) où la torture psychologique basée sur l’humiliation sexuelle ne trouve à condamner que des sous-fifres et non des responsables.
Notons, pour rester dialectique, que lancer des bombes sur des ambassades parce qu’il y a eu des caricatures enlève tout crédit à la contestation arabe et plus encore lorsqu’il s’agit d’un temple de la liberté de pensée comme Charlie Hebdo (Paris). La critique massive et irrémédiable du monde entier envers le monde musulman (pour mémoire, rappelons qu’il existe comme partout des chics types dans cette mouvance) est de ne pas permettre la reproduction d’une idole évoquant Dieu - non pas seulement dans leur religion – mais aussi dans celles des autres. Depuis des millénaires, on assiste de la part des musulmans de l’est à un génocide culturel systématique martelant les figures du Bouddha comme des Pharaons, détruisant ce qui est en fait la propriété de l’humanité. Le comble fut atteint en Afghanistan avec les talibans dynamitant les grands Bouddha sacrés de BÂNYÂN.
Chez des Américano-Occidentaux fous de beauté, on peut encore parfois admirer des sculptures de la Bactriane du temps de cette fusion de l’art grec avec l’art indien et l’art bouddhiste, devenant l’art du Gandhara après les conquêtes d’Alexandre le Grand. Toutefois, la plupart des œuvres sont devenues des cailloux de schiste, de grès ou de plâtre sous les coups nerveux du petit marteau d’un taliban accroupi (ils urinent assis) devant des champs de pavots qui ondulent à perte de vue(vie) et qui donneront l’opium-base pour pervertir nos propres enfants, cette culture de la drogue étant moins fatigante et surtout plus lucrative, d’autant que le PAM (Programme Alimentaire Mondiale de l’ONU) distribue le riz gratuit et non « Food for works). De l’autre côté, en Afrique, on reproche aux musulmans des atteintes physiques au sexe des fillettes (excisions, infibulations et complications de toutes sortes) alors que ces pratiques barbares et malsaines ne sont pas mentionnées dans Le Coran mais relèvent d’une tradition séculaire et sont condamnées par tous les Etats démocratiques respectant les droits humains (parfois plus mollement par des théocraties mais aloirs avec des amendements neutralisateurs.
Nous nous préparons une guerre ethnique, tribale, religieuse par la haine que les américains accumulent contre eux (grâce à leurs télévisions) dans tout le monde arabe. Et l’issue est écrite d’avance, car avec la sophistication de la technologie guerrière, les USA (qui contrôlent l’OTAN) se serviront cette fois-ci non d’un mensonge d’Etat (Bush est-il en prison ?) non sanctionné comme d’habitude mais de la menace nucléaire de l’IRAN SCHIITE . L’histoire nous apprend qu’une guerre se prépare en diabolisant l’ennemi futur à tuer pour les forces du Bien. Cette fois, cette guerre fera tâche d’huile (on compte sur Israël) pour détruire toutes les cultures du monde musulman et ils iront éventuellement jusqu’à atomiser l’Indonésie pour « finir le job » puisque – comme les nazis – GOD est avec eux(sur le billet d’un dollar en tout cas). Ce sont les mêmes préparations qu’en 14-18, habilement orchestrées par la CIA et contre les militants pacifistes dont je me revendique. Avec les missiles EXOCET ou TOMAHWAK et autres nouveautés, nous avons des stocks illimités. Avec l’arsenal de destruction du genre humain que nous possédons, nous pourrions, avec une vraie démocratie participative, éradiquer - non pas les autres formes de pensée – mais la misère alimentaire qui pèse de plus en plus sur l’Afrique entière en récupérant ces budgets prévus pour tuer nos frères.
« Le peuple comme tel ne peut être consulté chaque fois qu’une décision le concernant doit être prise ou même simplement débattue, et que l’on ne saurait se passer de délégués ou de représentants ; mais alors ils doivent être révocables ad nutum, c’est-à-dire à tout moment et sans discussion. Dès qu’il y permanence, même temporaire de la représentation, « l’autorité, l’activité et l’initiative politiques sont enlevées au corps des citoyens. CASTORIADIS se moque en comparant les élections à l’Eucharistie. »
La société ne repose pas sur des faits concrets, objectifs, nous dit en substance CASTORIADIS mais sur un imaginaire tiré de notre inconscient belliqueux et qui affiche la face angélique des chiffres et des statistiques pour prouver que nous allons combattre les forces du mal (aux E-U, personne n’a lu NIETZSCHE, à part Woody Allen).
« C’est encore défendre la raison que de combattre ceux qui masquent sous les dehors de la raison leur abus de pouvoir ou qui se servent des armes de la raison pour asseoir ou pour justifier une emprise arbitraire. »
Les institutions internationales (comme le FMI) font des analyses dont les recommandations finales ne découlent en rien des analyses, juste un jeu de dupes du langage mais ces institutions imaginaires utilisent le conformisme, l’autocensure, l’exclusion des alternatives et une attitude instituée rigide (spécifique dans l’analyse institutionnelle) avec une mauvaise foi bien étayée par un un langage qui paraît objectif. Ce sont des virtuoses des biais méthodologiques pour conclure « soi-disant rationnement » en validant dans les conclusions les présupposés de leurs commanditaires : l’expertise au service du pouvoir de l’aliénation et non pour le bien-être du peuple.
La science repose sur le doute systématique ; or, il se fait qu’en politique, il y a amalgame entre raison scientifique et imaginaire démocratique.
S’il n’y a plus de contre-pouvoir (le parti dominant en Wallonie a fait de l’entriste au sein du leadership syndical), il n’y a plus de doute, de contestation de terrain à volonté démocratique et la prétendue objectivité des chiffres refusant de taxer les grosses fortunes devient ainsi un instrument d’oppression totalement irrationnel, une collusion entre toutes les fausses forces de la particratie opposée à la démocratie participative. La nouvelle religion est déjà là, c’est celle du marché et de la consommation individualiste à outrance. Ite Missa et !
Contre les invasions théocratiques et pour la liberté des femmes du tiers-monde
« Plus les gens ont un niveau d’éducation élevé – en supposant que l’éducation ne signifie pas simplement l’apprentissage d’une savoir-faire technologique -, plus ils sont conscients de leur individualité et moins la structure de la société se trouvera organisée à la manière d’une ruche. Que les intellectuels soient opposés à toute la machine gouvernementale et qu’ils veuillent simplement mener une vie simple et naturelle, tous ces gens ont une chose en commun leur opposition à la tyrannie de l’Etat. »
Après la seconde guerre mondiale, l’économie de l’Occident s’est développée jusqu’à la première crise de 1973-1974. Ce moment a vu l’interruption de l’immigration des travailleurs étrangers remplacée dans les années 1980-1990 par une immigration des pauvres des pays pauvres d’Afrique prenant l’Europe pour un El Dorado, où il suffit de mettre une carte dans une machine bancaire pour que celle-ci délivre des billets de banque, sans la contrepartie de travailler…un peu.
Les migrants vers l’Europe continentale viennent surtout des régions rurales d’Afrique et de la Turquie via l’Allemagne, les migrants asiatiques privilégiant la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, les milieux pauvres de chez nous à qui on demande encore plus d’austérité sont en colère contre les migrants du sud qui en plus ne respectent pas nos normes, valeurs et coutumes et veulent imposer leurs primitivismes religieux dans les quartiers qu’ils contrôlent. (En Grèce, le salaire minimal est réduit à présent à 400 €/mois avec un coût de la vie européen, ce qui est indigne mais on peut vivre correctement avec cette somme en Afrique d’où les transferts de fonds des migrants vers leurs familles restées in situ). Les autochtones occidentaux sont de plus en plus menacés de baisse des retraites, de chômage, d’emplois précaires (donc sans possibilité syndicale), de baisse de salaire (inflation des denrées), de l’augmentation constante de l’énergie fossile vendue par les richissimes de ces pays (qui ne construisent pas d’écoles pour leur population), nous allons droit dans le mur d’une troisième guerre mondiale ethnique où ces pauvres seront massacrés à la louche technologique par les forces de frappe de l’OTAN dirigées par les USA (un débouché pour les consortiums militaro-financiers US).
De plus, les dernières invasions (sans invitation des pays exploités) sont trop souvent constituées de bandits des pays pauvres ou d’une seconde génération de migrants incapable de s’intégrer. Cette vague de feu qui brûle des voitures, en révolte par frustration et non avec un schéma de révolution se montre globalement irrespectueuse aussi bien de nos compagnes nos égales du genre féminin comme de leurs propres femmes à la limite de l’esclavage. Partout une réaction islamophobe se lève contre ces boucs émissaires hallal qui vont jusqu’à infiltrer nos partis politiques corrompus par l’attrait de voix et arrivent par exemple à se réserver jusqu’à des plages horaires uniquement pour musulmanes, dans certaines piscines communales (à Molenbeeck ?), autrement dit l’appropriation de mobiliers urbains qu’ils n’ont pas financé.« Accroître le déficit de la pensée au sein de la culture. Du moins une dévalorisation de la pensée en tant qu’instrument de civilisation des mœurs a tendance à s’imposer constamment et profondément dans les dispositifs de culture au cours de ces dernières décennies. Il y a véritablement au sein de nos sociétés renversement entre les moyens et les fins, entre les activités socio-économiques et les exigences du vivant, entre la logique du marché et les aspirations comme les angoisses du « vivre ensemble ». »
ls sont également mal vus, les marocains tout particulièrement, en raison des sommes économisées chez nous et rapatriées dans leur pays d’origine (cf. les caravanes et autos bourrées de nos mois d’été qui partent rarement en Scandinavie) où ils vivent en seigneur et marient leurs filles sans leur consentement (tant pis si elles se suicident ou si elles sont malheureuses, ce ne sont que des femmes). Les réactions sont à la hauteur de l’antipathie qui s’affiche de plus en plus vis-à-vis des Occidentaux à plumer : une politique identitaire, la fermeture des frontières aux non européens, le développement d’une politique sécuritaire, le retour des partis d’extrême-droite avec xénophobie voire racisme, l’échec des écoles à discrimination positive (par exemple ma famille étant ouverte, ma petite-fille est dans une « vraie » école à discrimination positive (seule autochtone) et invite ses amies de classe pour sa fête des 7 ans…pas une seule n’est venue honorer l’invitation de cette chienne d’infidèle, elle pleurait !) et - cerise sur le gâteau - les luttes tribales sur notre sol qui cassent les vitrines des PME locales à Noël (Matongé lors de l’élection de Kabila au Congo, Kurdes et Turcs, etc.).
Notons qu’il n’y a pas que des africains dans les néo-bandits en Belgique (80 % de la population carcérale à Paris est sahélienne, chiffre affiché par le sociologue Lagrange) mais aussi des albanais et roumains, mineurs d’âge qui pratiquent l’art du pickpocket dans les bus et métros et sont relâchés plusieurs fois dans la même journée car mineurs ; cela fatigue les autochtones qui aimeraient – comme auparavant – sortir se promener le soir mais les rues ne sont plus sécurisées. « Aujourd’hui, le monde entier se dirige vers une société extrêmement planifiée où la liberté personnelle est abolie et où l’égalité sociale est inexistante. C’est ce que désirent les masses, car pour elles la sécurité est plus importante que toute autre chose. L’intellectuel se rend compte que ce ne sont pas tant l’argent et le statut social qui lui manquent que la liberté, ainsi qu’un monde que la machine n’aurait pas détérioré et qui aurait encore une âme : voilà ce qui compte réellement. L’homme de la rue sentira-t-il jamais que la liberté d’esprit est aussi importante et qu’elle a tout autant besoin d’être défendue que son pain quotidien ? »
Les dérives des quartiers cités (ghettoïsation) survivent sur une politique sociale généreuse alors qu’en Afrique, les travailleurs sociaux non mafieux (il y en a) essayent de restaurer la dignité par la réciprocité avec l’adage « WORK for FOODS » (réfection des routes de village trop défoncées par les habitants en échange des sacs de riz du PAM). En Europe par contre, nous voyons des mères analphabètes cloîtrées chez elle, sans la possibilité de sortir faire des courses sauf si accompagnées d’un jeune mâle délateur ; nous constatons un laxisme éducatif (car les mères sont dépassées par leurs enfants) et un manque d’intérêt pour les études pourtant seule porte d’intégration pour les enfants. (Vous avez déjà vu un fils de bourgeois de Rabat venant faire des études de médecine au CHU de Liège se faire remarquer ?). A contrario, il y a tous ces loosers à mobylette qui glandent et « dealent » par ennui toutes sortes de drogues aux enfants des écoles(pas à leurs frangins qui eux doivent manger hallal à la cantine), sans parler de la fauche bien sûr et de la prostitution forcée d’êtres humains du genre féminin qui rapporte sans travailler en plus des allocations. Malgré les lois belges condamnant les délits de faciès à l’embauche, loi antiraciste que j’applaudis, il faut arrêter cette hypocrisie formelle : certains jeunes qui se présentent sur le marché du travail, à la limite de la grossièreté sont fatigués de naissance, sans concentration ni motivation et si je suis un petit entrepreneur dont l’avenir repose sur 5 travailleurs, je ne vais pas me faire hara-kiri. Ils veulent bien des diplômes mais achetés sans étudier pour les obtenir car alors « on souffre trop ! » ; leur alternative est la violence distillée par les salafistes : devenir des soldats de Dieu du genre Al Quaida ou Tariq RAMADAN (un beau parleur sans le moindre scrupule et extrémiste jusqu’au gland).Notons qu’il en va de même pour les parents, il y a chez les aînés un perte d’exigence pour leur descendance car alors celle-ci se montre trop violente avec eux. Quelles seraient alors les possibilités win-win d’avenir ?
Je parle sans beaucoup d’expérience, j’ai travaillé 4 ans en Afrique avant de créer mon association d’aide humanitaire (il y a25 ans) pour aider les enfants du tiers-monde à se scolariser et les jeunes mères à ne pas tomber dans la prostitution grâce à une autonomie économique, au Congo, au Burundi et au Mali et cela fonctionne pour les petites gens de l’intérieur qui par exemple aujourd’hui refusent les coutumes sanglantes comme l’excision et l’infibulation.
Où sont les indicateurs de sursaut civilisationnel : lorsqu’un vendeur de drogues poursuivi en voiture par la police se fait tuer, radiotrottoir ameute la communauté indignée et cela frôle l’insurrection alors que les migrants devraient être honnêtes et dénoncer ces malfrats plutôt que les protéger. (Notons, par comparaison légitime, que lorsqu’un commando allemand de 30 guerriers investit une entreprise à Sprimont, la police ne demande même pas leur identité, alors ?).
Le cœur du problème est là ; dans une majorité de la population issue de l’immigration, il y a ce refus de faire des efforts pour respecter les normes culturelles du pays envahi et non demandeur. Il faut que l’on arrête notre lâcheté présentée comme tolérance ; on ne peut être tolérant avec des gens qui exploitent le genre humain, il faut être ferme, pas de concession par la société d’accueil pour des délits : la prison s’ils se sont débrouillés pour acquérir la nationalité ou le charter de rapatriement pour les autres (je déteste SARKOSY mais là il a raison).
On ne peut pas négocier lorsque les lois de l’Islam sont placées au-dessus des droits de l’homme ; alors, c’est chacun chez soi. De plus, trop de jeunes et naïfs innocents victimes des mafieux faisant traverser la Méditerranée meurent ; s’il y a un arraisonnement par les forces de contrôle, la marchandise « coke en stock » est virée à la mer, pas de preuve mais bien des tueurs patentés.
Avec l’intégrisme, il y a une suraffiliation à des valeurs moyenâgeuses dans nos contrées et institutions. Une jeune fille aux cheveux flottants, au décolleté flatteur et à la petite jupe qui fleuronne sera insultée en ville comme à la campagne, de jour comme de nuit par des groupes de jeunes avec djellaba blanche et chèche blanche (et barbe si possible) exprimant leur sainte indignation agressive, avec une police locale payée par nos impôts (pas les leurs) qui ne réagit pas de peur de mauvais coups et donc cautionne de fait ce délitement du lien social au nom d’une théocratie importée, infiltrée par l’Arabie Saoudite au niveau financement (les alliés des américains !) et nullement officialisée chez nous. Les tortures MGF (Mutilations Génitales Féminines) comme l’excision et l’infibulation sont passibles d’une peine de prison (déjà appliquée) de 7 ans en France, de 3 ans en Belgique, un jour ?
Pour illustrer par une anecdote récente, la théocratie d’importation, lors d’une manifestation pour l’obligation du port du voile HIDJAB (foulard) en Belgique par les jeunes filles, un militant laïque courageux et bruxellois arborait sur les premières marches de la bourse un canotier avec l’inscription « je suis athée », un groupe de jeunes fanatiques est venu le raisonner, pourquoi ? Une liberté de pensée à deux vitesses ? Face à cette désastreuse vague migratoire de complexés intolérants, il faudrait, comme à Anvers ou en Hollande, des cours de civisme, de respect des aînés et des femmes, de savoir-vivre acceptant les valeurs du terroir sans pour autant y adhérer mais non plus les attaquer comme en territoire conquis ; en bref, il faudrait une éducation obligatoire parallèle au droit d’asile, et pourquoi pas la signature d’une charte établissant les devoirs qui accompagnent les droits accordés.
Face aux doléances inadmissibles des nouveaux migrants, disons aussi notre non-dit : y a-t-il UN SEUL PAYS des indépendances africaines de la vague des années 1960 qui se soit un tout petit peu développé en 52 ans ? Il y a bien sûr, comme chez nous, de la corruption mais il a fallu en croquer beaucoup lorsque objectivement on observe les travaux réalisés en un demi-siècle (les routes, les ponts, l’économie, l’habitat) alors qu’à part KHADHAFI, beaucoup de despotes tyrans sont morts dans leur lit. Le discours réactionnaire que l’on entend est « laissez les se débrouiller tout seuls ! plus un euro pour l’Afrique ! » Oui mais alors, quid des enfants, des filles-mères et des vieillards, on les mange ?
Comme je le signalais, je me promène depuis 25 ans en Afrique parce que j’adore les petites gens de ces pays qui ont pourtant perdu les solidarités claniques et ont été mangés par notre logique de marché et d’individualisme et j’y constate que toutes les filles travaillent du matin au soir alors que les garçons restent dolents devant la TV.« Une communauté humaine progresse et se civilise, non pas quand elle détruit ou abandonne ce qui la caractérise (par exemple sa langue ou son accent) mais, au contraire, chaque fois qu’elle parvient à s’ouvrir à d’autres groupes, c’est-à-dire à remplacer, dans ses rapports avec eux, le mépris et la violence initiale par différentes modalités de l’échange symbolique. (…)
Quand donc un individu revendique, haut et fort, sa liberté et son droit à s’accomplir comme il l’entend, nous ne savons toujours pas ce que signifie sa révolte ni à quel type d’homme nous avons vraiment affaire. Peut-être, pour reprendre la distinction de Thoreau, n’est-il un si mauvais sujet que parce qu’il est un bon voisin et un ami du peuple. Alors, peut s’appliquer à lui la fière définition de Camus : « C’est un homme libre, personne ne le sert ». Mais peut-être que ce qu’il refuse si ostensiblement, sous son invocation perpétuelle de la liberté, c’est l’existence de tout pouvoir qu’il n’exercerait pas lui-même et en personne. Auquel cas, sa rébellion constitue évidemment une imposture et n’est que le masque philosophique de la volonté de puissance et des passions tristes. » . Après la peste brune et rouge, irions-nous vers la peste verte ?
Les filles sont plus travailleuses, volontaires, concentrées sur les études et ont deux ans d’avance de maturité sur les garçons, pourquoi dès lors ne pas les pousser vers une émancipation féminine logique de par le monde plutôt que de les confiner dans des travaux domestiques et des obligations matrimoniales et sexuelles ? Le problème est culturel mais toutes les cultures peuvent évoluer. On oublie parfois que - en Afrique musulmane - les femmes ne partagent pas le repas à table avec les hommes et les invités, elles ne sont pas leurs égales, il n’y a ni mixité ni égalité entre les sexes mais exploitation. Combien de professeures africaines donnent cours à l’université de Bamako ?
Pourquoi fait-on semblant de rien devant des mœurs barbares et patriarcales et une religiosité devenant de plus en plus étroite ? Pour sortir de cette impasse de domination machiste et religieuse d’un demi-siècle, pourquoi ne pas aider SEULEMENT les femmes qui travaillent et les protéger de la vampirisation de leurs mecs ? Il y a certes un fossé culturel entre occidentaux et africains mais il y en a un autre entre les genres sexuels en Afrique ! L’action publique internationale doit intégrer cette donnée et protéger de la spoliation par les hommes ces femmes laborieuses qui se soucient de leurs enfants (soins, travaux à la maison et à l’extérieur, cours du soir et crèche). Y a-t-il des intermariages ? Oui, si le jeune homme de chez nous se fait musulman mais non le contraire. Combien de jeunes étudiantes assistantes en psychologie (bac+3) ne m’ont-elles pas confié leur peur de rentrer en vacances au Maroc pour épouser un vieux par un mariage arrangé entre familles !
« Penser les dérives des adolescents issus des immigrations africaines comme une conséquence de l’augmentation de la monoparentalité est trop simplificateur ; en ce qui concerne les familles du Sahel, cela est même faux. Les modalités spécifiques de la construction des situations de monoparentalité dans les familles venues du Sahel expliquent cet écart : elle traduit la pugnacité des femmes. Dans ce sens, une étude de la Banque mondiale concernant sept pays d’Afrique subsaharienne affirme que les enfants ont des taux de scolarisation et d’achèvement de la scolarité plus élevés dans les ménages dirigés par les femmes que dans les autres. »
En synthèse
En écrivant ces lignes, je pressens une potentielle crispation du lecteur vis-à-vis de ces jeunes irrémédiablement désœuvrés parce que le travail est trop fatiguant. Lors d’une carrière de 40 ans d’enseignement, beaucoup m’ont proposé de « niquer ma mère » non pas parce qu’elle avait un zeste de sex-appeal mais pour le seul désir de faire mal parce qu’eux-mêmes étaient en déshérence. Mais malgré ma compréhension, je ne peux que développer une solidarité non avec eux mais avec leurs victimes, les jeunes femmes qu’ils maltraitent. Je voudrais combattre ces barbares de façon plus offensive mais d’un autre côté, il y aurait alors une récupération de mes analyses par les barbares d’extrême-droite comme Marine LE PEN et ses néofascistes qui veulent rejeter les étrangers à la mer (pas à la mienne, de mère). Je me refuse à l’islamophobie, je connais trop de types biens qui sont de pieux croyants musulmans dont j’admire la probité et la spiritualité.
Au XII°s. à KONIA en Turquie, le fondateur du soufisme MEVLANA disait « Parais comme tu es, sois comme tu apparais ! ». Ce mouvement mystique de l’islam existe toujours dans des confréries (TARIQA) au Maroc et en Algérie. Certains de ces philosophes spiritualistes ont été persécutés par les oulama (les docteurs de la charia). Pour le soufiste, l’orgueil est un frein à une quelconque recherche de spiritualité mais le frein le plus évident est celui de la peur…de la vie que l’on n’ose pas vivre (par conformisme). Nous existons dans nos normes et valeurs transmises mais nous pouvons aussi vivre debout tel que l’on est : l’art du libre-arbitre.
Hélas, nous préférons contrôler nos existences dans une quotidienneté répétitive plutôt que de nous ouvrir à l’expérience qui vient chambouler nos repères si stables. Nous privilégions la sécurité du connu. Nous avons peur de la mort certes mais notre peur de vivre est encore plus grande. Nous sommes des troupeaux de moutons poussés par les conventions vers la complicité tacite de la destruction écologique de notre planète. La croyance en un Dieu immatériel est un baume sur notre peur mais il a fait couler beaucoup de sang ; à l’autre bout d’un anneau de Moebius, il suffirait de nous renfermer sur nos passions animales, ce qui n’est pas plus heureux dirait Casanova. Au-delà des morales de contraintes et des religions rigides, il y a ce juste milieu si difficile de dire oui à la vie HIC & NUNC, une forme de spiritualité horizontale. Nous sommes une poussière dans l’univers mais la vertu pourrait dépasser la mort par une ébauche civilisationnelle plus fraternelle.
Pour terminer avec ce sociologue LAGRANGE n’ayant pas peur des étiquettes, entendons sa proposition d’en finir avec les HLM et ghettos qui se dégradent par paresse (non éducation) des locataires (qui comme à Droixhe (Liège) jettent leurs poubelles non triées par les fenêtres) par une alternative à celle sécuritaire du Président SARKOSY : non pas encore plus d’autorité dans les quartiers immigrés mais un encouragement à la scolarisation et à l’autonomie. Pour y arriver, il faudrait alors une protection sévère de la future autonomie des femmes issues de l’immigration, une protection de leur dignité, de leur liberté.
Indignons-nous mes frères humains contre toutes les barbaries.
Jean-Marie LANGE, 15.03.2012
jeudi 15 mars 2012
mercredi 14 mars 2012
L'émancipation des femmes n°38
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°38
GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°36
GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – Nov.-Dec.09 : Les Etats Modifiés de Conscience (extase, possession, hypnose et zen)
N°25 –Janv-Fev 2010 La matière, le vide, la nature, l'éducation
N°26 – Mars-Avril 2010 L'intelligence des femmes
N°27 - Mai-Juin 2010 L’imaginaire, le symbolique et la réalité sociale
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative
N°30 – Nov-dec10 : Les sans-papiers
N°31 – Janv-Fév 11 : le couple et l’institution du mariage (Médiation couple - opus 2)
N°32 – Mars –avril 11 : La psychologie systémique et le chamanisme
N°33 – Mai-juin 11 : Vers une éthique sociale contre les barbaries
N°34 – Juil-Août11 : Nous sommes tous contre le fascisme.
N°35 Sept-Octobre 11 : le méta point de vue et le non-agir.
N°36 Nov. Dec. 11 : Fidélité et soumission.
N°37 Janv-Fev. 2012 : L’autonomie et l’émancipation des femmes au tiers-monde (1ère partie)
N°38 Mars-avril 2012 : L’autonomie et l’émancipation des femmes au Mali (2ème partie)
Les filles qui survivent restent alors en retraite et celles qui en mourront seront enterrées, c’est après un mois de retraite que si le mari arrache une poignée de paille à la toiture que la mère saura que sa fille n’a pas survécu. Les survivantes « défigurées » ne seront plus razziée par mes arabes : le « produit » étant déprécié pour les harems des Sultan. Environ 300 km plus au sud sur la Maringa autour de la ville de Basankusu vivent les MONGO et les NGOMBE et des informateurs de ces deux ethnies m’ont racontés la même rationalisation du pourquoi des excisions.
L’excision au Mali
Des nattes sont étalées, les mères couchent les fillettes sur le dos puis avec l’aide de tantes immobilisent les jambes et les bras. La forgeronne brandit son coutelas (porté autour du cou) pour couper les clitoris. Le même couteau parfois rouillé (ou un morceau de verre ou une vieille lame de rasoir mélangera les sangs de toutes (non seulement risque de tétanos et de septicémie mais aussi de contamination SIDA). La chair tranchée est aussitôt enterrée près de la natte il y a pour certaines jeunes filles des hémorragies fatales et pour d’autres, là où l’on a coupé aussi dans la vessie des incontinences à vie. Les gamines vont ensuite jusqu’à la taille dans la rivière à l’eau froide puis on les sèchent avec des couvertures avant de leur offrir des cadeaux.
Les filles iront alors dans leur dortoir sous la surveillance de la Bâwo et on les protégeras avec des gri-gri MBELKI (écorce amère du calceidrat ?) au cou et à la cheville un cauris (coquillage) pendant à une cordelette (protection des excisées). Si une petite meurt, on accusera aussitôt une vieille femme de sorcellerie pour trouver une chèvre-émissaire et détourner l’attention de l’exciseuses responsable.
Pendant la semaine (ici) de réclusion les excisées sont invitées chaque fois qu’elles « rafraîchisse l’eau aux toillettes »(uriner) de protéger la blessure avec de la poudre de Gawdé (antiseptique naturel paraît-il). Les filles devenues femmes auront des parures et défileront à la queue leu leu dans toutes les maisons du village. Lorsqu’une des jeunes filles se marie, les relations sexuelles ne sont pas faciles avec la blessure parfois mal cicatrisée et purulente même si on utilise un gri-gri de marabout comme le MBINDOUDI (eau noire après le levage d’écriture sur une tablette du marabout), nous n’avons pas le sentiment d’une grande efficacité. Contrairement aux travaux de l’anthropologue HDRY « La femme qui n’évoluait jamais », les mères se remettent en question et ne veulent plus cette pratique dangereuse pour la santé de leurs filles, ce sont les belles-mères les plus attachées à cette coutume qui peuvent enlevé la fillette et la faire couper malgré le refus de la mère.
« Jai appris que vous voulez exciser la petite MATÂDO ?
- Qu’y a-t-il à cela ?
- Fâti, je te demande de ne pas le faire. Tu sais que l’Association des Femmes est contre l’excision !
- - Pourquoi voulez-vous introduire de tells idées dans le village ? Une femme non excisée n’est qu’une BILACORO ! »(une femme de mauvaise vie, vulgaire et non mature)
-
Etat des lieux de l’excision
A la suite des cycles de conférences-débat réalisée par Ali Guido en 2009 et Marie-Claire LANGE (MC)en 2012 à sévaré auprès des animatrices faîtières et au pays Dogon à Nando et à Endé (deux jours de route) il semblerait que le sujet n’est plus tabou et que l’évolution positive est rapide. Notre carte du monde a eu beaucoup d’effet : les gens constatent Mali 85% et le pays à côté le Niger 2,2 % et aucun pays hors d’Afrique. Les hommes sont aussi favorables à l’abandon de cette pratique car les blessures provoquant parfois des kystes et des pertes verte et altérant sérieusement la bonne volonté des femmes au relations sexuelles qui ne sont pas pour elles des parties de plaisir.
Une participante que sa fille excisée à 6h du matin n’arrêtais pas de saigner, elle l’a conduite elle-même l’après-midi à l’hôpital et elle s’est jurée que plus jamais elle ne serait complice de ces MGF. De nombreux témoignages montrent que les décès de fillettes ne sont pas rares.
Nous nous attendions à une hostilité de la part des extrémistes mais au contraire, les danses de bienvenue (à mille lieu des danse folklorique des masques) exprimait une remerciement aux autres sœurs d’Europe qui se situent aussi de leur situation de protection des fillettes. Cela dit, la guerre intérieure contre l’envahisseur Tamasheq/touareg armés sur les stock d’armes de Lybie progresse. Ils sont insaisissable car ils se déplacent dans le désert en-dehors des routes carrossables. Ajoutons à cela que le Président (proche du dictateur Kadhafi) s’accroche au pouvoir après ses deux mandats démocratiques, l’insurrection interne peut éclater d’un jour à l’autre, la tension est vive à Bamako.
La femme et ses capacités cognitives supérieures
Des étudiantes assistantes sociales (bac+3) m’ont demandé un jour de faire une conférence dans leur classe portant sur l’infériorité cognitive des filles. J’avais accepté si leur titulaire, ma collègue était avertie par politesse.
J’ai commencé par parler de l’hémisphère cérébral gauche analytique plus développe chez les hommes et de l’hémisphère droit plus globalisant et créatif, plus développés chez les femmes. Par exemple, bon nombre de femmes ont difficile de se retrouver sur une carte routière car souvent avec un problème de latéralité (gauche-droite). Puis j’ai exposé que les filles étaient non seulement plus appliquée à l’école (capacité de concentration) mais aussi plus intelligente avec, dans l’enfance, un développement mesuré d’une avance de deux ans sur les petits garçons.
Le cortex s’occupant du langage (aire de Broca) révèle par IRM (Imagerie médicale par Résonance Magnétique) est en effet moins latéralisé que chez les garçons car il faut appel à une organisation plus complexe liant le langage aux contacts sociaux. « Les filles sont donc deux ans plus précoces que les garçons aussi bien pour le langage que pour le raisonnement et la concentration sur l’apprentissage. »
Notons à ce propos que le machisme des hommes n’a rien à voir avec le cognitif mais ressort du domaine culturel ; les modèles vus par le petit garçon vont être intégrés et il les reproduira à l’âge adulte. Ce n’est pas une fatalité et ce qui a été appris peut se désapprendre s’il y a une conscientisation et une volonté de dépasser le stéréotype des blondes étiquetées « Sois belle et tais-toi ! ». Notons également que dans les conflits de couple d’aujourd’hui ce n’est plus nécessairement parce que le mari est volage, c’est plutôt qu’il existe un autre pôle d’attraction pour lui avec l’ordinateur et internet et donc au lieu de se faire des câlins (communiquer) l’homme hypnotisé par son écran se couche à une heure avancée de la nuit….puis à ce rythme, un jour le couple divorce car la femme ne se sent pas heureuse dans cette a relation.
Je fais l’hypothèse que ce qui manque le plus aux femmes, le plus souvent, c’est le regard d’amour que l’homme ne porte plus sur elles. Il y a encore du travail d’éducation affective à fournir pour que les humainsne se regardent plus comme des meubles juxtaposés mais puissent vivre dans la dignité et la reconnaissance mutuelle quel que soit le genre sexuel.
J’ose ici une hypothèse hardie, les hommes sont émoustillés par les sexes de femme parce que ceux-ci à cause d’eux sont cachés et peu disponibles à l’encontre de nos cousins les Bonobos. Imaginons la révolution sexuelle de Wilhelm REICH où cette relation, si elle fait plaisir aux deux, ne serait plus tabou et aussi banalisée que de manger un bout avec une amie, nous n’aurions plus cette énergie de frustration permanente et comme les Bonobos nous pourrions alors penser à nous épouiller, nous caresser avec tendresse. Pour cela il faudrait combattre d’abord les spoliateurs et tous ceux qui s’enrichissent au détriment des gens (1% des revenus est partagés par 50% de la population) et comprendre l’adage de Pierre-Joseph PROOUDHON : « La propriété c’est le vol ! ». Notons toutefois le paradoxe où si les gens « pouvaient jouir sans entrave », il n’aurait alors plus d’énergie rancunière pour faire une révolution contre l’oligarchie et la particratie de façade masquant à peine la globalisation ultralibérale. La soumission automatique des brebis serait encore pire qu’aujourd’hui (même si les Grecs se réveillent à 1000.000 dans les rues après deux ans d’austérité, là où la pression du citron s’accentue encore (400 €/mois de salaire minimal garanti alors que le salaire d’un député européen est de 13.500 €/mois sans ses jetons de présences à côté)
« La vocation des humains est de communiquer, c’est-à-dire d’échanger leur vécu pour tisser des liens et nourrir la relation à l’autre. C’est ce qu’il faut apprendre aux hommes tout en respectant certainement leur plus grande difficulté à le faire. »
Pendant deux/trois décennies j’ai animé des formations en histoires de vie (l’objet de ma thèse) et sans statistique je peux affirmer que les femmes se remettent plus volontiers en question que les hommes plus rigides. Je limitais par soucis d’efficacité mes groupes de travail à dix personnes et la proportion était souvent de 9 femmes pour un homme avec en plus – très souvent chez l’homme une résistance au changement, un blocage pour parler vrai –et à ne pas entendre ce que le groupe en autoformation lui reflète même si en plus je reformulais les remarques respectueuses. C’est probablement cette sensibilité propre aux femmes qui dans son versant emprise hypnotique, souise à la violence de l’autre, elle pardonnent. L’acceptation tacite des femmes (retirer leur plainte par exemple) renforce dialectiquement l’autoritarisme et le passage à l’acte violent des hommes.
« En France, selon le secrétariat d’Etat à la solidarité, 137 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint en 2006, soit une moyenne une femme tous les trois jours. Mais combien d’hommes dans le même temps ? 0,1 ou 2 ? Il est difficile de le dire, car cette même année seuls deux cas semblaient possiblement être comparables, ce qui nous donne le score affligeant de 137 à 2, qui ne peut que nous évoquer le score délirant d’une finale sportive homme-femme dans laquelle l’éducation et la testostérone viendraient naturellement à bout, sur le plan physique, de la mémoire et de la sensibilité. »
PARTIE PRATIQUE : L’ENQUËTE DE TERRAIN
L’enquête conscientisante (Paolo FREIRE) par questionnaire à réponse ouverte a été posée oralement par une vingtaine de collaborateurs maliens (enseignants, anthropologues, psychopédagogues, ingénieur,…) dans la langue d’origine de l’interviewé. Mon expérience de terrain m’a fatigué des questionnaires à remplir dans des milieux où l’on a peur d’être jugé sur ses fautes et où l’on se ferme comme une huitre en répondant OUI et Non là où on demande un développement.
Les questions ont été construites à la fois pour dire les préoccupations et récolter des avis (en évitant bien entendu que les réponses soient suggérées dans les questions. Des questions de relance et de recoupage ont été comprises pour traiter d’un même thème et voir s’il y avait ou non cohérence dans les réponses (à une même question formulée autrement).
Ci-après le questionnaire de départ qui sera adapté à la langue de la personne interrogée par nos enquêteurs. La consigne donnée aux enquêteurs et de ne pas remettre le questionnaire mais de noter les réponses et le les transmettre par le net, pour éviter aussi le biais de l’analphabétisme fréquent chez les femmes des campagnes, le Macina et le pays Dogon étant de tradition orale.
« AUTONOMIE : autos-nomos (se donner soi-même ses lois. Il ne s’agit pas, pour l’autonomie, de déciuvrir dans une Raison immuable une loi qu’elle se donnerait une fois pour toutes – mais de s’interroger sur la loi et ses fondements, et de ne pas rester fascinée par cette interrogation, mais de faire et d’instituer (donc aussi de dire). L’autonomie est l’agir réflexif d’une raison qui se crée dans un mouvement sans fin, comme à la fois
GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°36
GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – Nov.-Dec.09 : Les Etats Modifiés de Conscience (extase, possession, hypnose et zen)
N°25 –Janv-Fev 2010 La matière, le vide, la nature, l'éducation
N°26 – Mars-Avril 2010 L'intelligence des femmes
N°27 - Mai-Juin 2010 L’imaginaire, le symbolique et la réalité sociale
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative
N°30 – Nov-dec10 : Les sans-papiers
N°31 – Janv-Fév 11 : le couple et l’institution du mariage (Médiation couple - opus 2)
N°32 – Mars –avril 11 : La psychologie systémique et le chamanisme
N°33 – Mai-juin 11 : Vers une éthique sociale contre les barbaries
N°34 – Juil-Août11 : Nous sommes tous contre le fascisme.
N°35 Sept-Octobre 11 : le méta point de vue et le non-agir.
N°36 Nov. Dec. 11 : Fidélité et soumission.
N°37 Janv-Fev. 2012 : L’autonomie et l’émancipation des femmes au tiers-monde (1ère partie)
N°38 Mars-avril 2012 : L’autonomie et l’émancipation des femmes au Mali (2ème partie)
Les filles qui survivent restent alors en retraite et celles qui en mourront seront enterrées, c’est après un mois de retraite que si le mari arrache une poignée de paille à la toiture que la mère saura que sa fille n’a pas survécu. Les survivantes « défigurées » ne seront plus razziée par mes arabes : le « produit » étant déprécié pour les harems des Sultan. Environ 300 km plus au sud sur la Maringa autour de la ville de Basankusu vivent les MONGO et les NGOMBE et des informateurs de ces deux ethnies m’ont racontés la même rationalisation du pourquoi des excisions.
L’excision au Mali
Des nattes sont étalées, les mères couchent les fillettes sur le dos puis avec l’aide de tantes immobilisent les jambes et les bras. La forgeronne brandit son coutelas (porté autour du cou) pour couper les clitoris. Le même couteau parfois rouillé (ou un morceau de verre ou une vieille lame de rasoir mélangera les sangs de toutes (non seulement risque de tétanos et de septicémie mais aussi de contamination SIDA). La chair tranchée est aussitôt enterrée près de la natte il y a pour certaines jeunes filles des hémorragies fatales et pour d’autres, là où l’on a coupé aussi dans la vessie des incontinences à vie. Les gamines vont ensuite jusqu’à la taille dans la rivière à l’eau froide puis on les sèchent avec des couvertures avant de leur offrir des cadeaux.
Les filles iront alors dans leur dortoir sous la surveillance de la Bâwo et on les protégeras avec des gri-gri MBELKI (écorce amère du calceidrat ?) au cou et à la cheville un cauris (coquillage) pendant à une cordelette (protection des excisées). Si une petite meurt, on accusera aussitôt une vieille femme de sorcellerie pour trouver une chèvre-émissaire et détourner l’attention de l’exciseuses responsable.
Pendant la semaine (ici) de réclusion les excisées sont invitées chaque fois qu’elles « rafraîchisse l’eau aux toillettes »(uriner) de protéger la blessure avec de la poudre de Gawdé (antiseptique naturel paraît-il). Les filles devenues femmes auront des parures et défileront à la queue leu leu dans toutes les maisons du village. Lorsqu’une des jeunes filles se marie, les relations sexuelles ne sont pas faciles avec la blessure parfois mal cicatrisée et purulente même si on utilise un gri-gri de marabout comme le MBINDOUDI (eau noire après le levage d’écriture sur une tablette du marabout), nous n’avons pas le sentiment d’une grande efficacité. Contrairement aux travaux de l’anthropologue HDRY « La femme qui n’évoluait jamais », les mères se remettent en question et ne veulent plus cette pratique dangereuse pour la santé de leurs filles, ce sont les belles-mères les plus attachées à cette coutume qui peuvent enlevé la fillette et la faire couper malgré le refus de la mère.
« Jai appris que vous voulez exciser la petite MATÂDO ?
- Qu’y a-t-il à cela ?
- Fâti, je te demande de ne pas le faire. Tu sais que l’Association des Femmes est contre l’excision !
- - Pourquoi voulez-vous introduire de tells idées dans le village ? Une femme non excisée n’est qu’une BILACORO ! »(une femme de mauvaise vie, vulgaire et non mature)
-
Etat des lieux de l’excision
A la suite des cycles de conférences-débat réalisée par Ali Guido en 2009 et Marie-Claire LANGE (MC)en 2012 à sévaré auprès des animatrices faîtières et au pays Dogon à Nando et à Endé (deux jours de route) il semblerait que le sujet n’est plus tabou et que l’évolution positive est rapide. Notre carte du monde a eu beaucoup d’effet : les gens constatent Mali 85% et le pays à côté le Niger 2,2 % et aucun pays hors d’Afrique. Les hommes sont aussi favorables à l’abandon de cette pratique car les blessures provoquant parfois des kystes et des pertes verte et altérant sérieusement la bonne volonté des femmes au relations sexuelles qui ne sont pas pour elles des parties de plaisir.
Une participante que sa fille excisée à 6h du matin n’arrêtais pas de saigner, elle l’a conduite elle-même l’après-midi à l’hôpital et elle s’est jurée que plus jamais elle ne serait complice de ces MGF. De nombreux témoignages montrent que les décès de fillettes ne sont pas rares.
Nous nous attendions à une hostilité de la part des extrémistes mais au contraire, les danses de bienvenue (à mille lieu des danse folklorique des masques) exprimait une remerciement aux autres sœurs d’Europe qui se situent aussi de leur situation de protection des fillettes. Cela dit, la guerre intérieure contre l’envahisseur Tamasheq/touareg armés sur les stock d’armes de Lybie progresse. Ils sont insaisissable car ils se déplacent dans le désert en-dehors des routes carrossables. Ajoutons à cela que le Président (proche du dictateur Kadhafi) s’accroche au pouvoir après ses deux mandats démocratiques, l’insurrection interne peut éclater d’un jour à l’autre, la tension est vive à Bamako.
La femme et ses capacités cognitives supérieures
Des étudiantes assistantes sociales (bac+3) m’ont demandé un jour de faire une conférence dans leur classe portant sur l’infériorité cognitive des filles. J’avais accepté si leur titulaire, ma collègue était avertie par politesse.
J’ai commencé par parler de l’hémisphère cérébral gauche analytique plus développe chez les hommes et de l’hémisphère droit plus globalisant et créatif, plus développés chez les femmes. Par exemple, bon nombre de femmes ont difficile de se retrouver sur une carte routière car souvent avec un problème de latéralité (gauche-droite). Puis j’ai exposé que les filles étaient non seulement plus appliquée à l’école (capacité de concentration) mais aussi plus intelligente avec, dans l’enfance, un développement mesuré d’une avance de deux ans sur les petits garçons.
Le cortex s’occupant du langage (aire de Broca) révèle par IRM (Imagerie médicale par Résonance Magnétique) est en effet moins latéralisé que chez les garçons car il faut appel à une organisation plus complexe liant le langage aux contacts sociaux. « Les filles sont donc deux ans plus précoces que les garçons aussi bien pour le langage que pour le raisonnement et la concentration sur l’apprentissage. »
Notons à ce propos que le machisme des hommes n’a rien à voir avec le cognitif mais ressort du domaine culturel ; les modèles vus par le petit garçon vont être intégrés et il les reproduira à l’âge adulte. Ce n’est pas une fatalité et ce qui a été appris peut se désapprendre s’il y a une conscientisation et une volonté de dépasser le stéréotype des blondes étiquetées « Sois belle et tais-toi ! ». Notons également que dans les conflits de couple d’aujourd’hui ce n’est plus nécessairement parce que le mari est volage, c’est plutôt qu’il existe un autre pôle d’attraction pour lui avec l’ordinateur et internet et donc au lieu de se faire des câlins (communiquer) l’homme hypnotisé par son écran se couche à une heure avancée de la nuit….puis à ce rythme, un jour le couple divorce car la femme ne se sent pas heureuse dans cette a relation.
Je fais l’hypothèse que ce qui manque le plus aux femmes, le plus souvent, c’est le regard d’amour que l’homme ne porte plus sur elles. Il y a encore du travail d’éducation affective à fournir pour que les humainsne se regardent plus comme des meubles juxtaposés mais puissent vivre dans la dignité et la reconnaissance mutuelle quel que soit le genre sexuel.
J’ose ici une hypothèse hardie, les hommes sont émoustillés par les sexes de femme parce que ceux-ci à cause d’eux sont cachés et peu disponibles à l’encontre de nos cousins les Bonobos. Imaginons la révolution sexuelle de Wilhelm REICH où cette relation, si elle fait plaisir aux deux, ne serait plus tabou et aussi banalisée que de manger un bout avec une amie, nous n’aurions plus cette énergie de frustration permanente et comme les Bonobos nous pourrions alors penser à nous épouiller, nous caresser avec tendresse. Pour cela il faudrait combattre d’abord les spoliateurs et tous ceux qui s’enrichissent au détriment des gens (1% des revenus est partagés par 50% de la population) et comprendre l’adage de Pierre-Joseph PROOUDHON : « La propriété c’est le vol ! ». Notons toutefois le paradoxe où si les gens « pouvaient jouir sans entrave », il n’aurait alors plus d’énergie rancunière pour faire une révolution contre l’oligarchie et la particratie de façade masquant à peine la globalisation ultralibérale. La soumission automatique des brebis serait encore pire qu’aujourd’hui (même si les Grecs se réveillent à 1000.000 dans les rues après deux ans d’austérité, là où la pression du citron s’accentue encore (400 €/mois de salaire minimal garanti alors que le salaire d’un député européen est de 13.500 €/mois sans ses jetons de présences à côté)
« La vocation des humains est de communiquer, c’est-à-dire d’échanger leur vécu pour tisser des liens et nourrir la relation à l’autre. C’est ce qu’il faut apprendre aux hommes tout en respectant certainement leur plus grande difficulté à le faire. »
Pendant deux/trois décennies j’ai animé des formations en histoires de vie (l’objet de ma thèse) et sans statistique je peux affirmer que les femmes se remettent plus volontiers en question que les hommes plus rigides. Je limitais par soucis d’efficacité mes groupes de travail à dix personnes et la proportion était souvent de 9 femmes pour un homme avec en plus – très souvent chez l’homme une résistance au changement, un blocage pour parler vrai –et à ne pas entendre ce que le groupe en autoformation lui reflète même si en plus je reformulais les remarques respectueuses. C’est probablement cette sensibilité propre aux femmes qui dans son versant emprise hypnotique, souise à la violence de l’autre, elle pardonnent. L’acceptation tacite des femmes (retirer leur plainte par exemple) renforce dialectiquement l’autoritarisme et le passage à l’acte violent des hommes.
« En France, selon le secrétariat d’Etat à la solidarité, 137 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint en 2006, soit une moyenne une femme tous les trois jours. Mais combien d’hommes dans le même temps ? 0,1 ou 2 ? Il est difficile de le dire, car cette même année seuls deux cas semblaient possiblement être comparables, ce qui nous donne le score affligeant de 137 à 2, qui ne peut que nous évoquer le score délirant d’une finale sportive homme-femme dans laquelle l’éducation et la testostérone viendraient naturellement à bout, sur le plan physique, de la mémoire et de la sensibilité. »
PARTIE PRATIQUE : L’ENQUËTE DE TERRAIN
L’enquête conscientisante (Paolo FREIRE) par questionnaire à réponse ouverte a été posée oralement par une vingtaine de collaborateurs maliens (enseignants, anthropologues, psychopédagogues, ingénieur,…) dans la langue d’origine de l’interviewé. Mon expérience de terrain m’a fatigué des questionnaires à remplir dans des milieux où l’on a peur d’être jugé sur ses fautes et où l’on se ferme comme une huitre en répondant OUI et Non là où on demande un développement.
Les questions ont été construites à la fois pour dire les préoccupations et récolter des avis (en évitant bien entendu que les réponses soient suggérées dans les questions. Des questions de relance et de recoupage ont été comprises pour traiter d’un même thème et voir s’il y avait ou non cohérence dans les réponses (à une même question formulée autrement).
Ci-après le questionnaire de départ qui sera adapté à la langue de la personne interrogée par nos enquêteurs. La consigne donnée aux enquêteurs et de ne pas remettre le questionnaire mais de noter les réponses et le les transmettre par le net, pour éviter aussi le biais de l’analphabétisme fréquent chez les femmes des campagnes, le Macina et le pays Dogon étant de tradition orale.
« AUTONOMIE : autos-nomos (se donner soi-même ses lois. Il ne s’agit pas, pour l’autonomie, de déciuvrir dans une Raison immuable une loi qu’elle se donnerait une fois pour toutes – mais de s’interroger sur la loi et ses fondements, et de ne pas rester fascinée par cette interrogation, mais de faire et d’instituer (donc aussi de dire). L’autonomie est l’agir réflexif d’une raison qui se crée dans un mouvement sans fin, comme à la fois
mardi 6 mars 2012
L'autonomie et l'émancipation des femmes (2)
Hessel Stéphane & MORIN Edgar le chemin de l’espérance, Paris, Fayard, 2011.
[1] « Dans le domaine du travail, une transformation consciente de la technologie est nécessaire afin que le procès du travail cesse d’être une mutilation de l’homme et devienne terrain d’exercice de la libre créativité des individus et des groupes, ce qui présuppose la coopération étroite des travailleurs-utilisateurs des instruments et des techniciens, plus d’ intégration dans de nouveaux ensembles dominant la production, par conséquent la suppression de la bureaucratie dirigeante, privée ou publique et la gestion ouvrière avec tout ce que celle-ci implique par ailleurs. CASTORIADIS Cornélius, Les carrefours du labyrinthe, Paris, Seuil, 1978, p.246.
[1] Ce qui tient une société ensemble, c’est l’institution (normes, valeurs, langage, outils, ,procédures et méthodes de faire (…). Les institutions imposent leur validité affective, superficiellement et dans quelques cas seulement, moyennant la coercition et les sanctions. Moins superficiellement, et plus amplement, moyennant l’adhésion, le soutien, le consensus, la légitimité, les croyances, l es partis. Mais en dernière analyse : au moyen et et au travers de la formation (fabrication) de la matière première en individu social, en lequel sont incorporés aussi bien les institutions elles-mêmes que leur « mécanisme » de leur perpétuation. » CASTORIADIS C., Domaine de l’homme, les Carrefours du labyrinthe II, Paris, Seuil, 1977, 1986 On pense ici aussi aux travaux du sociologue Pierre BOURDIEU sur la reproduction » par les mécanismes de l’école et de la sélection des élites « Les héritiers ».
[1] HESSEL S., Indignez-vous ! Montpellier, Indigène, 2000.
[1] LALANDE André, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1980, p.263.
[1] (Sol a 6 ans) « Sur le site sanglot web, on peut voir des centaines de filles et de femmes en train de se faire brutalement violer gratis et c’est écrit qu’on leur a réellement fait mal devant les caméras. En tout cas elles n’ont pas l’air de s’amuser, surtout quand elles sont bâillonnées et ligotées. Parfois en plus de les baiser dans la bouche ou le vagin ou l’anus(…).. Il suffit de télécharger et on peut voir les filles se faire violer dans le vagin ou l’anus par des chevaux ou des chiens ou tout ce qu’on veut, clic clic clic avec le sperme de la bête sur leurs lèvres souriantes. » HUSTON Nancy, Lignes de faille, Babel, Actes Sud, 2006, p. 25 et 27.
[1] GORI Roland, La dignité de penser, LLL, Les liens qui libèrent, 2011, p16 et 17.
[1] CASTORIADIS C., La Montée de l’insignifiance. Les Carrefours du labyrinthe IV, Paris, Seuil, 1996, p.127.
[1] « L’histoire récente et présente montre des exemples massifs et épouvantables où les dernières traces de réflexivité et de volonté propre que peuvent posséder des êtres humains sont ramenées à zéro par l’institution sociale (et politique). C’est en tant qu’il se fait subjectivité que l’être humain peut se mettre en cause et se considérer comme origine, certes partielle, de son histoire passée, comme aussi vouloir une histoire à venir et vouloir en être le co-auteur.(…) Sans une telle subjectivité – sans le projet mais déjà en cours de réalisation d’une telle subjectivité – non seulement toute visée de vérité et de savoir s’effondre, mais toute éthique disparaît, puisque toute responsabilité s’évanouit. » CASTORIADIS C. Le Monde morcelé, Les Carrefours du labyrinthe III, Paris, Seuil, 1990, P.223.
[1] LAGRANGE Hugues (sociologue), Le déni des cultures, Paris, Seuil, 2010, P.189
[1] « La colère est l’expression d’un refus. Elle est un chemin qui favorise l’expression de l’agressivité face au mal, le rejet de la destructivité dont ce mal est porteur. Elle est parfaitement justifiée et nécessaire lorsqu’il s’agit de dire non à la maltraitance, à la tricherie et au non-sens. Face à toutes les tentatives de neutralisation des « risques psychosociaux » , il faut réhabiliter la colère, favoriser son expression, libérer le potentiel d’agressivité qu’elle contient, cultiver toutes les bonnes raisons de se mettre en colère contre toutes les pratiques qui ne relèvent pas du bien-être. » de GAULEJAC Vincent, Travail, les raisons de la colère, Paris, Seuil, 2011, p.71. C’est également la position de la psychologie allemande de la GESTALT.
[1] De GAULEJAC Vincent & LEGRAND Michel, Intervenir par les récits de vie, Romanville-St-Anne,Erès, 2008, p.317.
[1] « Dans le domaine du travail, une transformation consciente de la technologie est nécessaire afin que le procès du travail cesse d’être une mutilation de l’homme et devienne terrain d’exercice de la libre créativité des individus et des groupes, ce qui présuppose la coopération étroite des travailleurs-utilisateurs des instruments et des techniciens, plus d’ intégration dans de nouveaux ensembles dominant la production, par conséquent la suppression de la bureaucratie dirigeante, privée ou publique et la gestion ouvrière avec tout ce que celle-ci implique par ailleurs. CASTORIADIS Cornélius, Les carrefours du labyrinthe, Paris, Seuil, 1978, p.246.
[1] Ce qui tient une société ensemble, c’est l’institution (normes, valeurs, langage, outils, ,procédures et méthodes de faire (…). Les institutions imposent leur validité affective, superficiellement et dans quelques cas seulement, moyennant la coercition et les sanctions. Moins superficiellement, et plus amplement, moyennant l’adhésion, le soutien, le consensus, la légitimité, les croyances, l es partis. Mais en dernière analyse : au moyen et et au travers de la formation (fabrication) de la matière première en individu social, en lequel sont incorporés aussi bien les institutions elles-mêmes que leur « mécanisme » de leur perpétuation. » CASTORIADIS C., Domaine de l’homme, les Carrefours du labyrinthe II, Paris, Seuil, 1977, 1986 On pense ici aussi aux travaux du sociologue Pierre BOURDIEU sur la reproduction » par les mécanismes de l’école et de la sélection des élites « Les héritiers ».
[1] HESSEL S., Indignez-vous ! Montpellier, Indigène, 2000.
[1] LALANDE André, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1980, p.263.
[1] (Sol a 6 ans) « Sur le site sanglot web, on peut voir des centaines de filles et de femmes en train de se faire brutalement violer gratis et c’est écrit qu’on leur a réellement fait mal devant les caméras. En tout cas elles n’ont pas l’air de s’amuser, surtout quand elles sont bâillonnées et ligotées. Parfois en plus de les baiser dans la bouche ou le vagin ou l’anus(…).. Il suffit de télécharger et on peut voir les filles se faire violer dans le vagin ou l’anus par des chevaux ou des chiens ou tout ce qu’on veut, clic clic clic avec le sperme de la bête sur leurs lèvres souriantes. » HUSTON Nancy, Lignes de faille, Babel, Actes Sud, 2006, p. 25 et 27.
[1] GORI Roland, La dignité de penser, LLL, Les liens qui libèrent, 2011, p16 et 17.
[1] CASTORIADIS C., La Montée de l’insignifiance. Les Carrefours du labyrinthe IV, Paris, Seuil, 1996, p.127.
[1] « L’histoire récente et présente montre des exemples massifs et épouvantables où les dernières traces de réflexivité et de volonté propre que peuvent posséder des êtres humains sont ramenées à zéro par l’institution sociale (et politique). C’est en tant qu’il se fait subjectivité que l’être humain peut se mettre en cause et se considérer comme origine, certes partielle, de son histoire passée, comme aussi vouloir une histoire à venir et vouloir en être le co-auteur.(…) Sans une telle subjectivité – sans le projet mais déjà en cours de réalisation d’une telle subjectivité – non seulement toute visée de vérité et de savoir s’effondre, mais toute éthique disparaît, puisque toute responsabilité s’évanouit. » CASTORIADIS C. Le Monde morcelé, Les Carrefours du labyrinthe III, Paris, Seuil, 1990, P.223.
[1] LAGRANGE Hugues (sociologue), Le déni des cultures, Paris, Seuil, 2010, P.189
[1] « La colère est l’expression d’un refus. Elle est un chemin qui favorise l’expression de l’agressivité face au mal, le rejet de la destructivité dont ce mal est porteur. Elle est parfaitement justifiée et nécessaire lorsqu’il s’agit de dire non à la maltraitance, à la tricherie et au non-sens. Face à toutes les tentatives de neutralisation des « risques psychosociaux » , il faut réhabiliter la colère, favoriser son expression, libérer le potentiel d’agressivité qu’elle contient, cultiver toutes les bonnes raisons de se mettre en colère contre toutes les pratiques qui ne relèvent pas du bien-être. » de GAULEJAC Vincent, Travail, les raisons de la colère, Paris, Seuil, 2011, p.71. C’est également la position de la psychologie allemande de la GESTALT.
[1] De GAULEJAC Vincent & LEGRAND Michel, Intervenir par les récits de vie, Romanville-St-Anne,Erès, 2008, p.317.
GAPI n°37 Emancipation des femmes au Mali
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°37
GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – Nov.-Dec.09 : Les Etats Modifiés de Conscience (extase, possession, hypnose et zen)
N°25 –Janv-Fev 2010 La matière, le vide, la nature, l'éducation
N°26 – Mars-Avril 2010 L'intelligence des femmes
N°27 - Mai-Juin 2010 L’imaginaire, le symbolique et la réalité sociale
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative
N°30 – Nov-dec10 : Les sans-papiers
N°31 – Janv-Fév 11 : le couple et l’institution du mariage (Médiation couple - opus 2)
N°32 – Mars –avril 11 : La psychologie systémique et le chamanisme
N°33 – Mai-juin 11 : Vers une éthique sociale contre les barbaries
N°34 – Juil-Août11 : Nous sommes tous contre le fascisme.
N°35 Sept-Octobre 11 : le méta point de vue et le non-agir.
N°36 Nov. Dec. 11 : Fidélité et soumission.
N°37 Janv-Fev. 2012 : L’autonomie et l’émancipation des femmes au tiers-monde (1ère partie)
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°37 Janv. Fev. 2012
L’autonomie et l’émancipation des femmes aux tiers-monde : 2012 a été déclarée par l’ONU l’année de la coopération et des coopératives, vœu pieux ?
Etude microsociale de l’impact des changements économiques sur les rapports homme/femme dans un pays en développement – Mémoire pour le concours 2013 de l’Académie Royale des Sciences d’Outre-mer, Classe des sciences humaine.
FINALITE
Aborder l’aspect économico-relationnel des rapports hommes/femmes selon la situation concrète insatisfaisante des uns et des autres, en particulier dans un pays de développement comme le Mali, et les répercussions de crises de 2008 et de 2011 avec tous les épiphénomènes que cela implique. La méthodologie psychosociale
Cette approche sociologique et pédagogique est dite qualitative. Pour les techniques, nous nous appuierons sur la dynamique des groupes (Kurth LEWIN), la socioanalyse (analyse institutionnelle) et sur les histoires de vie (Jurgën Habermas, Cornélius Castoriadis,…). L’analyse institutionnelle axée sur la pensée de Cornélius CASTORIADIS considère en bref que les institutions sont le jeu dialectique de trois instances en mouvement :
- L’INSTITUE où le pouvoir en place (qui correspond en dynamique des groupes à l’universalité = déni des conflits) serait en quelque sorte l’histoire du pouvoir officiel (comme Napoléon avait un historien un peu « hagiographe »).
- L’INSTITUANT est le contre-pouvoir des citoyens associés (syndicats par exemple) ou isolés et qui se donne à voir dans les histoires de vie. Celles-ci recoupées permettent de mieux lire dans une époque ce qu’elle a effacé par le pouvoir de contrôle des médias. L’instituant dans les groupes correspond à la phase de particularité des sujets ainsi que de l’affirmation des différences et conflits dans les couples comme dans les groupes.
- L’INSTITUTIONNALISATION est en fait la négociation entre les deux forces pour déboucher sur une évolution des institutions (le compromis) ou un traitement des conflits pour éviter les divorces. Dans les groupes, c’est le moment de la singularité où tout le monde s’efforce de comprendre l’autre au lieu de le juger et condamner.
Les « histoires de vie », outre l’aspect sociologique mis en place par l’Ecole de Chicago lors des vagues de migrants polonais aux USA (1918-1922), sont utilisées aussi par la pédagogie (Gaston PINEAU de l’Université de Montréal et Matthias FINGERS de l’Université de Genève), par la psychosociologie (Vincent de GAULEJAC de ParisVII) ainsi que par des psychanalystes ayant dépassé le Freud du XIX° (François ROUSTANG, Nicolas ABRAHAM et Maria TÖROK,…). Cette psychanalyse psychogénéalogie a une vision différente de l’inconscient, il ne s’agit plus du refoulé de la petite enfance mais du non su, du non conscientisé, des secrets de famille qui englobent le sujet au-delà de sa propre génération par le caché des ancêtres par exemple. Pour revenir au plan sociologique, SARTRE et BOURDIEU disaient que, dans une histoire de vie, il y avait, sans fard, l’histoire d’une époque « non retouchée ».
Le lieu d’où je parle et mon utopie
J’aurais voulu être anthropologue (plutôt que ces sciences humaines éclatées) ; je m’essaierais alors à être passeur d’âme auprès de gens de cultures différentes (orale et écrite par exemple) ou de coutumes différentes en abordant les conflits individuels et collectifs mais toujours sans haine ni violence. J’aurais voulu être un médiateur entre ceux qui vivent de colère et/ou de frustration et de déprime et les passionnés qui aiment ce qu’ils font parce qu’ils sont sensibles à la beauté, sûrs de leur force et de leur sagesse conduisant à l’harmonie.
J’aurais voulu être un passeur d’expérience qui transmet ce qu’on lui a appris en savoir-faire et en savoir-être donc en savoir-aimé tout en s’aimant soi-même. Je voudrais qu’il n’y ait plus de guerre entre les spéculateurs riches que l’on dit combattre, tout comme dans les couples où l’on doit trouver un arrangement WIN-WIN pour chacune des parties voulant imposer sa personnalité à l’autre au détriment des enfants déchirés par l’éclatement de leur milieu sécure. Je voudrais enfin en soi-même la paix entre la raison et le désir. On ne saurait se passer ni de l’un ni de l’autre mais, si en on privilégie un, ce ne sera que ruine de l’âme ou à l’inverse de la robotique instrumentalisée. Celui qui n’écoute plus que son désir cède la place à notre animalité et au plaisir brut, un désir sans cesse à recommencer. Le juste milieu est de désirer en création avec les émotions et les constructions analytiques.
Je m’appelle Jean-Marie LANGE, j’ai 65 ans, marié et père de trois filles (et grand-père de 5 petits- enfants). Je suis issu d’un milieu modeste (père ouvrier et mère vendeuse en grande surface), j’ai fait des études de technicien en agriculture tropicale (bac+1) avant de travailler pendant 4 ans au Congo(RDC) dans des plantations privées (palmiers à huile, caféiers, hévéas). Chassé comme tous les expatriés en 1972 du Congo devenu Zaïre par le dictateur MOBUTU (collaborateur de la CIA) lançant la zaïrianisation des cadres (sans formation adéquate pour les remplaçants), j’ai retrouvé une place de surveillant externe d’école et dans la foulée j’ai repris un graduat éducateur (bac+2). En 1974, je suis devenu, sans clientélisme, par mon expérience utile du métier, professeur d’agriculture, ce qui me permettra aussi de m’inscrire à l’université de Liège pour une licence en pédagogie (bac+5) option éducation permanente. Je continuerai ensuite un DES (Diplôme d’Enseignement Spécialisé) en intervention psychosociale et en même temps l’agrégation (en deux ans) et ensuite, je préparerai le DEA (Diplôme d’Enseignement Académique) en 4 ans. J’ai obtenu mon doctorat d’Etat le 1° février 1991 et j’enseignerai alors en Haute Ecole sociale (assistants sociaux, assistants en psychologie et communicateurs) et comme moniteur et collaborateur de l’université pour les formations pratiques de psychologues sociaux.
La soutenance de ma thèse portait sur l’étude de la méthodologie des histoires de vie appuyée sur la dialectique de l’Ecole de Francfort (Jürgen HABERMAS). Notons que depuis 1974, j’ai toujours travaillé également comme formateur de terrain en milieu associatif (Peuple et Culture, Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente, formation des objecteurs de conscience, militant pacifiste de l’Internationale des Résistants à la Guerre (IRG), militant d’Amnesty International, formateur au Centre d’Alternative Non-violente (CAN),etc.) La synthèse de ma thèse sera publiée en 1993 « Autoformation et développement personnel » par les Editions Chronique Sociale (Lyon).
Le Mali
Le Mali économique
A MOPTI (région du Macina), on sert rarement des brochettes de Capitaine (carpe du Nil) dans les restaurants, pourquoi ? Parce que pour des brochettes, il faudrait des morceaux conséquents ; or, les poissons péchés sont trop petits. Il y a surpêche et de plus, les eaux du fleuve Niger baissent constamment car il y a de plus en plus de périmètres irrigués, ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose puisque cela permet l’autosuffisance alimentaire en riz du Mali (au moment où le Sénégal connaît les émeutes de la faim). Le problème est en fait une guerre larvée dans le Macina entre les agriculteurs bambara (pour la plupart) et les éleveurs peulh et tamasheq qui eux voudraient une extension des bourgoutières pour leurs cheptels. Il y a dans ce centre urbain du delta intérieur une bataille en puissance pour l’espace vital : le planning familial avec la régularisation des naissances serait une solution mais cela est considéré comme TABOU par les Imams musulmans s’appuyant sur les Kaddishs du Coran.
Bien sûr, le FED (Fonds Européen de Développement) n’investit pas assez auprès des gens de la base (il paye une fortune aux prétendus experts expatriés peu expérimentés car souvent très jeunes et de plus crée une disparité raciste dans ses cadres : un ingénieur autochtone compétent et expérimenté gagne le quart d’un jeune européen !).
Il y a aussi bien entendu la problématique interne : corruption, népotisme, clientélisme, élites surpayées, détournement des ressources par la capitale au détriment de l’intérieur du pays, racket constant par les policiers des carrefours au détriment des taximen et transports locaux, croissance industrielle sabotée (sauf pour les chinois ?), pots de vin hallucinants (comme au Sénégal) pour les décideurs du FMI, partage du gâteau sans miette entre les membres des ministères, guerre interne entre l’ensemble des populations noires et les Tamasheq/Touareg(anciens propriétaires des esclaves noirs ou Bella).
Pour éviter des émeutes, on saupoudre le peuple avec du pain (excellent par ailleurs) et des jeux (matchs de foot en l’occurrence), ce qui permet aux gens frustrés de se décharger en brûlant des voitures, même si le Mali est vainqueur (cela jugule une éventuelle révolution). De plus, il y a une collusion évidente entre le gouvernement et le secteur privé français qui arrose (Bolloré, Bouygues, Total, France Télécom, BNP Paribas, Air France,…).
Pourtant l’alternative démocratique et écologique est possible avec le soleil permanent comme source d’énergie pour créer des infrastructures convenables, avec une industrie agroalimentaire bien gérée, une relance du tourisme apportant des devises, une exploitation planifiée des sous-sols (phosphates), une gestion intelligente de la pèche, etc. Par exemple, le projet allemand DESERTE d’un coût estimé à 310 milliards d’euros consiste à couvrir 0,5% des déserts chauds du nord par des panneaux solaires pour assurer les besoins de l’Occident en énergie (sans compter les bénéfices secondaires de ne plus utiliser de carburant fossile).
Le Mali culturel
Fréquentant ce pays depuis 25 ans et appréciant tout particulièrement la brousse des alentours de Mopti et du pays DOGON, nous sommes frappés par un paradoxe récurrent de ce pays musulman à 100% : d’une part l’ouverture d’esprit à nos cycles de conférences de lutte contre les Mutilations Génitales Fémines (MGF) comme l’excision et l’évolution rapide et positive des mères très concernées par l’avenir de leurs fillettes et d’autre part, l’individualisme dangereux (partagé hélas dans les autres pays africains que nous connaissons) qui fait que là où les structures claniques sont détruites, il y a le « chacun pour soi » et l’absence de fraternité-solidarité (même si un des 5 piliers du Coran parle de charité). Un de mes amis érudits de Bamako me le disait sans détour : son pays évolue vers le sous-développement et le primitivisme (une circulation anarchique, un non respect des files, des arnaques sans vergogne, peu de commisération pour les moins nantis, etc.). Par exemple, de petites bonnes (de 8 à 15 ans)venues de la campagne (la brousse du pays DOGON par exemple) sont payées 12 €/mois (FCFA 7.500) à MOPTI pour un travail de lessive et de nettoyage de 6h du matin à 22h le soir en portant en plus sur le dos les bébés de leur maîtresse et régulièrement, les patrons ne les payent pas prétextant qu’ils n’ont pas d’argent. Une asbl suisse MALI-AVEC protège par un service juridique ces enfants exploités financièrement et sexuellement par les leurs. Je n’ai pas l’ambition ici de tirer une loi du genre mais d’illustrer par quelques exemples comparatifs.
Un dépanneur TOURING, en ce dur hiver 2012, me confiait que systématiquement, lorsqu’un africain l’appelait pour un service, il disait d’abord qu’il n’avait pas d’argent et quand le dépanneur répondait « alors pas de service » il en retrouvait (je pense qu’il doit y avoir des exceptions mais c’est bien là un agacement culturel). Je pense que le comportement asocial est fréquent dans les transports en commun chez nous où la majorité des africains prennent un billet seulement si le contrôleur passe (sinon c’est gratuit !). N’ayons pas peur de dire le non-dit, cela ne nous découragera pas d’aider sans calcul les enfants africains dans la misère. Dernière anecdote, je suis assis (problème de dos) à l’aéroport de Bamako et lorsque je me lève pour jeter à la poubelle un mètre devant moi un papier (à quoi bon), une dame se précipite et à mon ami lui disant que cette place est occupée, elle répond ulcérée « Je suis ici chez moi ! ». La même phrase dans la bouche d’un toubabou à Bruxelles serait considérée comme un acte raciste.
A Paris comme à Bruxelles, il est navrant de constater en parallèle la montée de l’intégrisme islamiste et la montée de la délinquance.
Selon un travail récent de sociologie très scientifique de Hugues LAGRANGE[1], à Paris et en proche banlieues 80% des délits seraient attribués à des sahéliens.
Je me répète mais cela n’entame pas notre antiracisme de combat, confirmons toutefois qu’au Mali la campagne progresse et les femmes n’y ont plus leur langue dans leur poche tandis que Bamako, la capitale de polyculturelle régresse.
Notons que la cote d’un otage blanc est de 5 millions de FCFA (1 € = 650 FCFA), la guerre entre le nord Touareg bien équipé par les stocks d’armes de la Lybie de l’ex-Kadhafi progresse car les rebelles sont payés alors que les soldats de l’armée régulière ne le sont pas régulièrement (sauf les 80 généraux grassement payés par eux-mêmes). La tension supplémentaire d’un climat insurrectionnel (ce 5/6 février 2012) est liée au Président allié de Kadhafi contre l’OTAN et à la fin de son second mandat et qui ne veut pas partir (la crise va peut-être éclater bientôt, c’es la même problématique de l’attachement au pouvoir comme au Sénégal, en Côte d’Ivoire,…). Un autre fléau est dans la violence de l’individualisme, nous avons traversé Bamako pour prendre l’avion dans la nuit du 5 au 6 février et notre ami conducteur avait prédit que quels que soient les résultats du match de foot du Mali, il y aurait du grabuge et des voitures brûlées, nous avons traversé des foules en liesse qui tapaient « chahutaient » sur notre véhicule et le secouaient comme dans une émeute d’indépendance « tchatcha ».
Il n’y a plus de blancs : ni coopérant, ni enseignant, ni touriste et sans regretter notre action pour les écoliers nous déconseillerions à tous de passer par Bamako. Pour nous, c’était peut-être la dernière fois car nous ne croyons pas au miracle et nous avons constaté cette corruption grandissante du régime. La démocratie a échoué. Seules les écoles auraient pu enseigner l’adage universel de la culture « Liberté-Egalité-Fraternité » et des droits de l’homme. La richissime Arabie Saoudite construit partout des mosquées (y compris en Europe) mais jamais une seule école sur le sol africain ; faut-il rester ignorant pour être bon croyant ? Mes amis africains privilégiés de Bamako ne font plus confiance en l’enseignement officiel et ont recours à l’enseignement catholique idéologique d’importation et à des enseignants privés. Nous ne pouvons pas rester neutres même si nos valeurs des droits de l’homme comprennent la tolérance car ce sont les plus défavorisés qui sont analphabètes et qui vont mourir du choléra et/ou de la faim, du sida et/ou du paludisme.
Le cadre situationnel des femmes
Les situations des femmes d’aujourd’hui au Mali (pour 100% de musulmans avec 85% d’excision) est préoccupante. Les maliens ont une ensemble d’ethnies (Peulh, Bambara, Senoufo, Minyanka, Dogon, Bozo, Sonrhaï, Tamasheq, Touareg, Bella,…) vivant en paix (sauf avec les anciens esclavagistes Touaregs qui conservent leurs esclaves) dans un islam tolérant et formant un peuple fier et accueillant, que je fréquente depuis 25 ans avec notre association asbl GAP (Groupe d’Autoformation Psychosociale) pour de l’aide humanitaire concrète aux écoliers, écolières et mères seules. Notre groupe initie des projets de villages pilotes (pédagogie du projet) pour le reboisement de l’école et du village si les plants sont arrosés et protégés des chèvres, des bibliothèques pour faire connaître des auteurs africains, des ouvrages techniques (pédagogie ou agroforesterie) pour les enseignants.
Et surtout, l’action qui a fait un « tabac » malgré nos craintes des « réactionnaires » : un cycle de conférences (relayé par la radio locale et des affiches placardées) pour la lutte contre les mutilations sexuelles féminines (l’excision dont le 6 février sera la journée mondiale de lutte) et autres violations des droits de l’homme (comme par exemple les mariages arrangés par les parents, le non droit à la terre pour les femmes en cas d’héritage, etc.). Notons que l’excision est une coutume antérieure au Coran et non prescrite par le livre saint ; toutefois, lorsque des couples se marient à la commune, le mari (seul) doit choisir son régime matrimonial (monogame ou polygame) ; les hommes choisissent par tradition la polygamie même s’ils restent de fait monogame par défaut de moyens financiers ou par choix.
Les filles peuvent accéder à l’école mais poursuivent peu souvent des études supérieures (un peu comme chez nous dans l’après guerre avec les écoles ménagères pour former de bonnes épouses). Les jeunes filles sont trop souvent captées pour aider aux tâches ménagères par les femmes plus âgées alors que les garçons indolents regardent la télévision. Elles ne sont pas poussées à atteindre un équilibre avec le genre masculin. Notons que cette situation était aussi la nôtre en Belgique de l’après-guerre pas seulement pour les études verrouillées pour les hommes (médecins par exemple) mais surtout par des barèmes inférieurs (la revendication des féministes de l’époque était « Travail égal = salaire égal).
Les violences faites aux femmes entre sorcellerie et rationalisation
Qu’est-ce que la violence ?
Indubitablement, les mutilations génitales et les mariages forcés sont des passages à l’acte. La colère peut susciter des conflits normaux (« Le conflit est le père de toute chose » HERACLITE), les différends peuvent être traités par une argumentation en étant conscient de notre subjectivité permanente. Notons toutefois que les mots peuvent être aussi blessants que les coups (cf. ci-après le harcèlement moral), une déconstruction de l’autre du couple qui est souvent la femme.
Certaines femmes d’Afrique tellement bien conditionnées à la violence disent parfois « mon mari ne m’aime plus puisqu’il ne me bat plus ! ». Plus les hommes et les femmes seront épanouis et plus ils pourront trouver des solutions win-win à leurs conflits quotidiens. Les hommes violents ne sont pas coupables mais victimes de ce qu’ils ont eux-mêmes vécus dans leur famille étant enfant. Un père qui bat la mère et les enfants, imprime un modèle et le fils devenu adulte peut reproduire ce cycle pervers s’il n’en a pas pris conscience pour maîtriser et donc arrêter à temps ses colères. La racine du problème est là dans le modèle parental et également dans la non confiance en lui de l’homme qui, à court d’arguments, recourt à l’agression physique et frappe. Nous sommes des obsédés de la solution qui s’imposerait si les bailleurs de fonds européens avaient des experts convenables : une éducation gratuite (subsidiée par le FED) accessible pour tous, de l’alphabétisation aux Hautes Ecoles et une formation civique et affective sur le fait qu’il n’existe qu’un type humain quel que soit le genre. Il suffit de ne pas donner d’argent mais de construire des écoles et d’y payer les profs diplômés, ayant en plus fait preuve de leur compétences (car en Afrique les diplômes peuvent s’acheter).
Le harcèlement moral
Ce double jeu est pratiqué plus souvent en Europe où le mari se montre aimable en société mais « méchant », dévalorisant en privé avec son conjoint. Il ne s’agit pas bien sûr de classifier « le bien ou le mal » comme dirait NIETZSCHE, mais de dépasser ces attitudes et comportements pour devenir plus authentique. Plus les femmes, face à cette violence insidieuse, pourront ne plus perdre confiance en elles-mêmes et plus elles seront des éducatrices modèles pour leurs enfants, capables de leur expliquer avec fierté la charte indépassable de la déclaration universelle des droits de l’homme (ONU, 1948).
Nous sommes engagés pour la lutte contre les violences physiques faites aux femmes (comprennant donc les mutilations génitales féminines) mais comme nous l’avons dit, il y a autant de violence dans les mots.
Avec mon épouse, nous discutions avec un couple du monde ouvrier (mais cela peut se reproduire dans n’importe quel milieu cf. les études de Marie-France HIRIGOYEN) et chaque fois que la dame s’exprimait, son mari la « rabrouait » de façon insultante en lui disait par exemple « Tais-toi un peu, sotte, tu n’y connais rien ! » et elle, sous son emprise, subissait cette violence verbale du pauvre « couillon » frustré. Cela litanie répétée est énervante pour un observateur externe, et je me rappelais mes grands-parents. Mon grand-père casanier, parlant peu, disait à ma grand-mère en boucle plusieurs fois par jour : « tu ne m’écoutes même pas ! » et elle de répondre avec résignation : « Mais si Léon, je t’écoute ! ». Le pervers dans un couple peut donc être aussi hypocrite en se montrant prévenant vis-à-vis de sa femme en public et sarcastique en privé. Ainsi, la dame qui se plaint à des amies, les étonne et elles lui retournent qu’elle le trouvent charmant, ce qui va enfoncer encore plus le détricotage/dévalorisation de la confiance en elle de l’épouse.
Il faut rester dialectique et bien sûr, les femmes sont parfois cancanières certes mais n’atteignent pas la méchanceté des coqs de très basse-cour. Par rapport à certains mâles frustrés, on pourrait prendre ce dicton ancien : « Si tu n’as pas de chien, bats ta femme ! ». 80% des violences faites aux femmes le sont dans un cadre familial, y compris les violences verbales et/ou l’absence de communication. Un ami, sage musulman me disait simplement que pour lui une harmonie de couple est une force et parler d’une même voix pour l’éducation des enfants constituait une structure stable. Pourtant, bon nombre de couples se divisent face à une provocation d’un petit enfant (pervers polymorphe car sans surmoi disait FREUD) qui peut dresser les parents l’un contre l’autre pour assouvir ses désirs immédiats.
Le mariage et les liens sociaux
Dans les villages du pays Dogon et du Macina (Mopti), tout le monde sait tout sur tous ; cela constitue un contrôle social très strict qui par exemple va interdire les maîtresses. Rappelons qu’en Afrique, les couples sont très différents, il y a une juxtaposition entre la société des hommes et de la société des femmes. Au Mali notamment, les femmes mangent rarement à la table des hommes. Dans l’iconographie DOGON, on peut voir parfois des représentations de couples mais un couple dont la mère tiendrait un bébé est impensable, les bébés sont affaires de femmes. Toutefois, pratiquement tous les jeunes gens ont « gouté la chose » avant le mariage et l’hymen est en soi peu important. Les préservatifs sont appréciés par les jeunes filles car si l’une tombe enceinte, elle ne se mariera jamais et dans la famille ce sera la honte et le déni : personne ne lui confiera de tâche, elle sera mise au banc de la société et ne trouvera jamais de mari (sauf à la capitale peut-être), ce qui impliquent l’infanticide ou l’adoption.
Il n’y a que peu de jeunes gens mariés à Mopti car la dot et la fête coûtent tellement cher que ce serait un endettement de plus de vingt ans, d’où cette nouvelle coutume de concubinage urbain monogame. Lors d’une sortie en brousse de jeunes mères, si l’une n’a plus de lait pour son bébé, sa voisine peut nourrir le bébé mais alors il y a incompatibilité d’un éventuel mariage entre ces deux familles (tabou de l’inceste). Lors de l’initiation, le groupe des futurs hommes sont tous coresponsables et si l’un fait une faute, tous sont punis. Les jeunes mangent tous ensemble et défèquent ensemble, un déni de l’individualisme occidental et une formation au lien social par la proximité. Il en va de même pour l’excision des filles si ce n’est qu’au lieu de couper un morceau de peau (prépuce), on ampute un organe très innervé avec de sanglantes conséquences. On ne peut prendre une seconde épouse qu’avec l’accord de la première ( !). Les premiers moments de cohabitation sont accompagnés de jalousie puis, si le mari ne fait pas de différence dans ses faveurs, l’harmonie peut quelquefois s’installer.
La régulation des naissances
Beaucoup d’africains considèrent que les blancs, avec beaucoup de morgue, viennent donner des leçons aux ex-colonisés. Ils sont au courant de tout avec la télévision et attachés à leurs coutumes. Ainsi, on peut essayer d’enfoncer un coin, celui des MGF (Mutilations Génitales féminines) mais il ne faut pas aller trop vite pour le reste.
Par exemple, certaines familles avec un homme et deux épouses ont jusqu’à 20 enfants en charge, même en ces temps de disette mais dans ces contrées d’un islamisme très pieux et cependant assez tolérant envers les mécréants, il ne faudrait pas venir leur parler de l’IVG par exemple (sacrilège !). Un collègue malien dans son ouvrage « La Blessure » a trouvé à mon avis une bonne formule pour le planning familial et fait dire au personnage « Malâdo » (ne sachant pas avoir d’enfant car son excision a détruit son vestibule) : « Il y a une autre situation qui demeure un goulot d’étranglement au bonheur des femmes, les nombreuses naissances : il faut les espacer. C’est une condition sine qua non pour qu’elles vivent heureuses leur vie ! » [2]
En tout cas, nous pensons qu’il s’agit là d’une bonne stratégie progressive, comme dans la philosophie du Bouddha ne pas obliger à choisir entre tout ou rien mais plutôt le juste milieu. Les traditions et coutumes stabilisent la société malienne ainsi que la religion de l’islam. Même si toutes les religions sont néfastes par leur tendance à la culpabilisation et à la mortification, casser cet équilibre serait faire évoluer à rebours vers les états bandits comme la Somalie, le Soudan, le Nigéria, la Lybie et le Congo RDC où les droits et les vies des hommes ont peu de poids face aussi à l’exploitation néocoloniale toujours bien présente en 2012.
Donc dans nos échanges avec les maliens, nous conseillons de laisser le corps des femmes se reposer trois ans entre les grossesses, tout en rappelant que nous savons que la grande richesse a toujours été des bébés bien nourris et en bonne santé et qu’ils représentent les bâtons de vieillesse dans les sociétés où tout était basé sur l’agriculture manuelle (là où les retraites existent peu). La solidarité familiale est absolument nécessaire pour nourrir les vieux parents. Mais si les enfants sont moins nombreux, on peut alors faire le sacrifice utile de leur payer des études.
Les mariages arrangés
Comme les gens dotés de terre chez nous mariaient des familles entre elles plutôt que des personnes proprement dites, il en va de même en Afrique, en Inde et ailleurs dans le tiers-monde. Deux familles peuvent se promettre dès la naissance le petit garçon de l’une et la petite fille de l’autre. La petite fille sera fiancée à 8 ans et mariée dès les premières règles (premiers sangs) vers 12 ans à un homme ayant souvent de 30 à 40 ans de plus qu’elle. Je n’ai jamais entendu d’homme se plaindre de cette coutume; par contre, dans des cas non rares, la fille se sauve, se suicide ou au mieux demande le divorce mais alors elle sera rejetée par sa famille qui devra rembourser la dot.
Auparavant, chez les Mongo du Congo, de lourds anneaux décoratifs de cuivre brut (5 kg chacun) étaient fixés aux chevilles des filles mariées, ce qui fait que, si une femme s’enfuyait, elle avait un handicap à la course et pouvait être rattrapée par son mari avant d’atteindre la case de ses parents. L’époux devait quand même repayer un complément de dot pour la récupérer. Aujourd’hui, des parents éclairés (la TV est partout) envoient parfois des filles à l’université de Bamako, ce qui peut leur procurer un emploi mais ce qui éloigne les prétendants. Pour prendre une illustration, une membre malienne de notre association est anthropologue, fine, jolie et cultivé et à 25 ans toujours pas mariée. On dirait que la culture chez une femme impressionne trop les faibles hommes pour que ceux-ci courtisent celles-là.
Je fais l’hypothèse que, dans certains cas, la femme n’est pas considérée comme compagne affective et égale mais comme proie sexuelle et ensuite dépendante et battue si mariage il y a. Je prends comme illustration deux de mes étudiants assistantes en psychologie (toubab) qui ont fait leur travail de fin d’étude au Mali sur les femmes. Elles n’en ont pas rencontrées ; par contre, elles étaient fatiguées des sollicitations sexuelles incessantes des hommes sans autre thème de communication que le basique.
Je reviens à mon « leit motif » : seule l’éducation massive et égalitaire des filles pourrait fournir un fondement pour le changement associé à une autonomie financière non dépendante, une insertion économique.
La sorcellerie
Les marabouts sont appelés aussi « charlatans » car le maraboutage n’est pas que la pratique des envoûtements mais aussi gruger de pauvres gens et se faire beaucoup d’argent. Les sorciers sont craints et parfois contrés par des anti-sorciers. Les sorciers on ne sait pas les distinguer en plein jour mais de nuit, ils dégagent un halo et, comme dans les autres pays d’Afrique, ils peuvent se transformer en crocodile par exemple ou se dédoubler (ubiquité). Un sorcier coincé par un anti-sorcier va tourner en rond ; pour s’en sortir, il pond un œuf puis défèque, il laisse donc une trace. Notons qu’il ne faut pas confondre avec les devins DOGON qui lisent des carrés de sable, y jettent quelques arachides puis le lendemain viennent lire les augures laissées par les traces de pattes du chacal.
Notons aussi que beaucoup d’informations sur la cosmogonie des DOGON recueillies en 1931 par un seul informateur par Marcel GRIAULE (sans être recoupée) sont qualifiées souvent de propos de bistrots et d’inventions d’avinés. Ces révélations sorcières heurtent souvent le côté rationnel des européens, je me rappelle que lors d’une de mes premières enquêtes de terrain (en 1988) où j’enregistrais des cassettes, une femme envoutée avait accouché d’un canari et j’avais bêtement demandé avec sérieux si c’était avec ou sans la cage, preuve de ma sottise. Le canari est une petite poterie de terre cuite avec couvercle, mais également difficile à accoucher.
Le Dieu AMMA des Dogon a une première fois cherché à s’accoupler avec la terre et a engendré le « renard pâle » (le mal et le devin), le chacal symbole du chaos, du désordre. Cet accouplement a échoué parce que les femmes avaient au-dessus du sexe une petite termitière qu’il fallait couper (le clitoris). Après, il n’y aura plus de problème ; AMMA a engendré avec la terre le NOMMO, les jumeaux du premier couple qui donneront les 8 ancêtres (8 groupes familiaux). La sorcellerie est différente de la divinité, elle repose sur l’animisme (les forces de la nature maîtrisée, par exemple les faiseurs de pluie surtout par temps orageux). Les anti-sorciers peuvent prendre des plantes (comme l’Iboga au Gabon) qui les placent en état second , la catalepsie, les esprits peuvent alors voyager dans l’entre-deux monde pour récupérer l’âme perdue d’un patient. En Côte d’Ivoire, les sorciers qui transforment des personnes en esclaves Zombies sont appelés des « mangeurs d’âmes ».
Une anecdote : un ami très cher me disait qu’un avion s’était écrasé et que le seul survivant l’était parce qu’il avait un talisman, un gri-gri, un bracelet DOGON autour du bras, je lui ai répondu que tous les voyageurs décédés devaient probablement porter le même bracelet. Il m’a raconté alors une autre histoire qui m’a confondu avec la psychologie appliquée : une femme avait un amant, le mari le savait ; alors, il a commandé chez un marabout un charme qu’il a cloué au chambranle de l’intérieur de sa porte; lorsque l’amant s’est présenté, la femme lui a raconté et « il a été noué » (érection impossible). Le mari et l’amant iront voir ensemble le marabout pour délier le charme contre argent et le mari divorcera de sa femme.
La sorcellerie est une plaie en Afrique car le simple fait qu’un membre de la famille réussisse peut attirer chez lui toute sa parenté (un ami congolais avait dans son arrière-cour pas moins de quarante bouches à nourrir chaque jour, des sangsues). La coutume de l’entraide veut que l’on accepte mais le moteur est aussi la peur que le rejeté jaloux fasse envoûter le parent qui réussit. Sans aller jusqu’à la famille mononucléaire occidentale, ce serait bien que l’homme s’occupe en priorité de ses femmes et de ses enfants notamment pour la scolarité. Dernière anecdote sur cet acteur de l’obscurantisme : si une exciseuse rate son opération, elle accuse une sorcière. L’a trouve et la chèvre-émissaire est bannie à vie du village avec toute sa famille, cela choque notre rationalisme mais cela se pratique couramment (nous y reviendrons dans le chapitre excision au Mali).
L’hypothèse
Je formule l’hypothèse principe que les femmes sont excisées (et/ou infibulées dans d’autres contrées comme le Soudan, l’Egypte et la Somalie) pour les couper du plaisir clitoridien et ainsi les dissuader d’être volages dans des familles polygames (un homme et 4 femmes comme le Prophète).
Notons que ce seraient les hommes qui chez nous (avec la complicité sournoise de l’église catholique) ont inventé les grillages des prés et la propriété privée de leur épouse (eux continuant à semer à tout vent) pour être sûrs que leurs descendants sont bien issus de leur sang. Je me garde de tout ethnocentrisme (européocentrisme) concernant les formules de couple car je pense que la polygamie est un état naturel chez les mammifères et la monogamie un état culturel (…mais parfois hypocrite), l’androgamie étant rare et plutôt motivé par des raisons économiques de non partage des terres entre frères (Tibet, Népal).
Je vais confirmer ou infirmer cette hypothèse de départ par une étude de terrain (enquête qualitative à questions ouvertes) dans la région de Mopti-Sévaré (Mali) en 2011 et 2012 avec une vingtaine d’enquêteurs rompus aux sciences humaines et j’en écrirai les conclusions en 2013.
Pour développer l’hypothèse, je postule que la polygamie n’est une cause de cette mainmise sur les femmes par mutilation sexuelle que dans notre espèce humaine. Comme chez les primates, la polygamie est la règle naturelle ; la différence est que seuls les mâles humains martyrisent en mutilant les petites filles, en Afrique particulièrement. Cette barbarie n’a pas lieu dans le reste du monde. Le désir sexuel est une réalité et le plaisir procure un apaisement par la noradrénaline (cf système endocrinien). S’il est frustré régulièrement, le mâle avec sa testostérone (5X plus que la femelle), développera alors tension, colère et adrénaline.[3]
Une dame malienne me disait que « lorsque son mari ne la frappe plus, elle pense qu’il ne l’aime plus. »(sans commentaire). La propriété des corps n’est pas venue seulement par les religions et le capitalisme, comme l’explique le sociologue allemand Max WEBER mais aussi par la propension du mâle humain à se servir de sa force musculaire supérieure pour battre l’autre genre, les femmes. L’adage de 1968 « faites l’amour pas la guerre ! » est en soi une philosophie du bien-être humain que l’on retrouve d’Epicure à Spinoza.
Le problème est dans la primauté lourde des coutumes sur l’éducation, d’où nos cycles de conférence conscientisante sur l’excision en pays DOGON : « Les violences faites aux femmes » sous forme de conférence-débat, sans les hommes lorsque cela est possible et bien entendu sans apporter « nos » solutions européocentristes mais en fournissant d’autres informations aux femmes de villages et notamment celle qu’elles ne sont pas toutes seules à travers « la journée mondiale contre l’excision » fixée le 06 février de chaque année.
Notons enfin à propos du désir qu’on peut l’envisager sous deux angles : celui érectile qui n’est pas nécessairement avec des sentiments (partie animale only, cf. les viols) et celui des femmes qui n’est pas que réflexe mécanique mais qui « doit » découler d’un véritable désir pour une relation, ce qui amène parfois à des malentendus ou…des violences comme le viol conjugal.
La genèse de l’hypothèse
Lorsque en 1971, je travaillais dans l’Oubangui du Congo entre Gemena et la République Centre-Afrique, les femmes étaient excisées vilainement par une ablation rude formant un vide carré au-dessus de la vulve et provoquant beaucoup d’hémorragies et de septicémies. Les jeunes filles de l’ethnie NGBWAKA sous l’influence des deux religions mais toujours animistes avaient de grandes libertés sexuelles et le sens de l’accueil. Cependant, selon « la légende » de mon informateur, certains arabes du nord venaient parfois s’installer dans un village pour ouvrir un petit commerce et s’adapter. Un an après, ils demandaient légitimement en mariage une femme « qui soit très jeune » payaient la dot mais ne touchaient pas la fille à peine nubile. Les femmes pudiques n’en parlaient pas. Puis le mari disait au village qu’il partait chez lui présenter son épouse à ses parents quoi de plus normal et il revendait à prix d’or la jeune vierge pour le harem d’un riche Sultan. Ce serait donc une autre motivation de la mutilation génitale dans ces régions mais j’emploie le conditionnel.
Au niveau du rite cérémoniel de l’excision, les filles dansent avec une jupette de raphia dont le pan avant est très court. Dans le pagne intérieur (la culotte) un lange avec une substance anesthésiante, elles agitent un petit panier, genre maracas tout en dansant au son des tam-tam. Lorsqu’elles sont en quasi transe, elle se couche sur le dos sur la face avant de leur marraine pour ainsi se protéger du contact de la terre. L’exciseur (homme dans cette région) opère alors sa boucherie comme s’il énucléait un œil à une pomme de terre, en raclant les bords pour en faire un carré.
Les filles qui survivent restent alors en retraite tandis que celles qui en meurent sont enterrées. C’est après un mois de retraite que la mère saura que sa fille n’a pas survécu si son mari arrache une poignée de pailles à la toiture de la case. Les survivantes « défigurées » ne seront plus razziées par les arabes, le « produit » étant déprécié pour les harems des Sultans.
Environ 300 km plus au sud, sur la Maringa autour de la ville de Basankusu vivent les MONGO et les NGOMBE et des informateurs de ces deux ethnies m’ont raconté la même rationalisation du pourquoi des excisions.
L’excision au Mali
Des nattes sont étalées, les mères couchent les fillettes sur le dos, puis avec l’aide de tantes, immobilisent les jambes et les bras. La forgeronne brandit son coutelas (porté autour du cou) pour couper les clitoris. Le même couteau parfois rouillé (ou un morceau de verre ou une vieille lame de rasoir) mélangera les sangs de toutes (non seulement risque de tétanos et de septicémie mais aussi de contamination SIDA). La chair tranchée est aussitôt enterrée près de la natte, il y a pour certaines jeunes filles des hémorragies fatales et pour d’autres, là où l’on a endommagé des organes proches des incontinences à vie ou d’autres problèmes. Les gamines s’immergent ensuite jusqu’à la taille dans la rivière à l’eau froide puis on les sèche avec des couvertures avant de leur offrir des cadeaux.
Les filles iront alors dans leur dortoir sous la surveillance de la Bâwo et on les protégera avec des gri-gri MBELKI (écorce amère du calceidrat ?) au cou et à la cheville un cauris (coquillage) pendant à une cordelette (protection des excisées). Si une petite meurt, on accusera aussitôt une vieille femme de sorcellerie pour trouver une chèvre-émissaire et détourner l’attention de l’exciseuses responsable. Pendant la semaine de réclusion, les excisées sont invitées, chaque fois qu’elles « rafraîchissent l’eau aux toilettes »(uriner), à protéger la blessure avec de la poudre de Gawdé (antiseptique naturel paraît-il). Les filles devenues femmes auront des parures et défileront à la queue leu leu dans toutes les maisons du village. Lorsqu’une des jeunes filles se marie, les relations sexuelles ne sont pas faciles avec la blessure parfois mal cicatrisée et purulente même si on utilise un gri-gri de marabout comme le MBINDOUDI (eau noire après le levage d’écriture sur une tablette du marabout), nous n’avons pas le sentiment d’une grande efficacité. Contrairement aux travaux de l’anthropologue HRDY[4] « La femme qui n’évoluait jamais », les mères se remettent en question et ne veulent plus de cette pratique dangereuse pour la santé de leurs filles ; ce sont les belles-mères les plus attachées à cette coutume qui peuvent enlever la fillette et la faire couper malgré le refus de la mère.
« J’ai appris que vous voulez exciser la petite MATÂDO ?- Qu’y a-t-il à cela ? - Fâti, je te demande de ne pas le faire. Tu sais que l’Association des Femmes est contre l’excision !- Pourquoi voulez-vous introduire de telles idées dans le village ? Une femme non excisée n’est qu’une BILACORO ! »(une femme de mauvaise vie, vulgaire et non mature)[5]
Etat des lieux de l’excision
A la suite des cycles de conférences-débats réalisés par Ali Guindo en 2009 et Marie-Claire LANGE (MC) en 2012 à Sévaré auprès des animatrices faîtières et au pays Dogon à Nando et à Endé (deux jours de route de Mopti), il semblerait que le sujet n’est plus tabou et que l’évolution positive est rapide. Notre carte des excisions dans le monde a eu beaucoup d’effet : les gens constatent pour le Mali 85% d’excisions tandis que le pays voisin le Niger n’en compte que 2,2 % et aucun pays hors d’Afrique ne le pratique. Beaucoup d’hommes sont aussi favorables à l’abandon de cette pratique car les séquelles, provoquant notamment des kystes et des pertes altèrent sérieusement la bonne volonté des femmes pour les relations sexuelles qui ne sont pas pour elles des parties de plaisir.
Une participante dont la fille excisée à 6h du matin n’arrêtait pas de saigner, l’a conduite elle-même l’après-midi à l’hôpital et elle s’est jurée que plus jamais elle ne serait complice de ces MGF. De nombreux témoignages montrent que les décès de fillettes ne sont pas rares.
Nous nous attendions à une hostilité de la part des extrémistes mais au contraire, les danses de bienvenue (à mille lieues des danses folkloriques des masques) exprimaient les remerciements aux autres sœurs d’Europe qui se soucient aussi de la situation de protection des fillettes. Cela dit, la guerre intérieure contre l’envahisseur Tamasheq/touareg armé sur les stocks d’armes de Lybie progresse, ils sont insaisissables car ils se déplacent dans le désert en-dehors des routes carrossables. Ajoutons à cela que le Président (proche du dictateur Kadhafi) s’accroche au pouvoir après ses deux mandats démocratiques et que, l’insurrection interne peut éclater d’un jour à l’autre, la tension est vive à Bamako.
La femme et ses capacités cognitives supérieures
Des étudiantes assistantes sociales (bac+3) m’ont demandé un jour de faire dans leur classe une conférence portant sur l’infériorité cognitive des filles. J’ai commencé par parler de l’hémisphère cérébral gauche analytique plus développé chez les hommes et de l’hémisphère droit plus globalisant et créatif, plus développé chez les femmes. Par exemple, bon nombre de femmes ont des difficultés à lire une carte routière, souvent à cause d’un problème de latéralité (gauche-droite). Puis j’ai exposé que les filles étaient non seulement plus appliquées à l’école (capacité de concentration) mais aussi plus intelligentes avec, dans l’enfance, un développement mesuré d’une avance de deux ans par rapport aux petits garçons.
Le cortex s’occupant du langage (aire de Broca) révèlé par IRM (Imagerie médicale par Résonance Magnétique) est en effet moins latéralisé que chez les garçons car il fait appel à une organisation plus complexe liant le langage aux contacts sociaux. « Les filles sont donc deux ans plus précoces que les garçons aussi bien pour le langage que pour le raisonnement et la concentration sur l’apprentissage. »[6]
Notons à ce propos que le machisme des hommes n’a rien à voir avec le cognitif mais ressort du domaine culturel ; les modèles vus par le petit garçon vont être intégrés et il les reproduira à l’âge adulte. Ce n’est pas une fatalité et ce qui a été appris peut se désapprendre s’il y a une conscientisation et une volonté de dépasser le stéréotype des blondes étiquetées « Sois belle et tais-toi ! ». Notons également que dans les conflits de couple aujourd’hui ne surviennent plus nécessairement parce que le mari est volage, mais plutôt parce qu’il existe un autre pôle d’attraction pour lui avec l’ordinateur et internet et donc au lieu de faire des câlins (communiquer), l’homme hypnotisé par son écran se couche à une heure avancée de la nuit….puis à ce rythme, un jour le couple divorce car la femme ne se sent pas heureuse dans cette arelation.
Je fais l’hypothèse que ce qui manque le plus aux femmes, c’est le plus souvent, le regard d’amour que l’homme ne porte plus sur elles. Il y a encore du travail d’éducation affective à fournir pour que les humains ne se regardent plus comme des meubles juxtaposés mais puissent vivre dans la dignité et la reconnaissance mutuelle quel que soit le genre sexuel.
J’ose ici une hypothèse hardie, les hommes sont émoustillés par les sexes de femme parce que ceux-ci, à cause d’eux, sont cachés et peu disponibles à l’inverse de nos cousins les Bonobos. Imaginons la révolution sexuelle de Wilhelm REICH où cette relation, si elle fait plaisir aux deux, ne serait plus tabou mais aussi banalisée que de manger un bout avec une amie ; nous n’aurions plus cette énergie de frustration permanente et, comme les Bonobos, nous pourrions alors penser à nous épouiller, nous caresser avec tendresse. Pour cela, il faudrait combattre d’abord les spoliateurs et tous ceux qui s’enrichissent au détriment des gens (1% des revenus est partagé par 50% de la population et les 99% autre ?) et comprendre l’adage de Pierre-Joseph PROUDHON : « La propriété, c’est le vol ! ». Notons toutefois le paradoxe où, si les gens « pouvaient jouir sans entrave », ils n’auraient alors plus d’énergie rancunière pour faire une révolution contre l’oligarchie et la particratie de façade masquant à peine la globalisation ultralibérale ou encore de travailler toute leurs vies pour des marchandises parfaitement inutiles. La soumission automatique des brebis serait encore pire qu’aujourd’hui (même si les Grecs se réveillent à 1000.000 dans les rues après deux ans d’austérité, là où la pression du citron s’accentue encore (400 €/mois de salaire minimal garanti alors que le salaire d’un député européen est de 13.500 €/mois sans les jetons de présence complémentaires et que nos ministres acceptent une réduction de 5% de leur traitement alors que l’inflation dans les foyers pauvres est de 30%).
« La vocation des humains est de communiquer, c’est-à-dire d’échanger leur vécu pour tisser des liens et nourrir la relation à l’autre. C’est ce qu’il faut apprendre aux hommes tout en respectant certainement leur plus grande difficulté à le faire. »[7]
Pendant deux à trois décennies j’ai animé des formations en histoires de vie (l’objet de ma thèse) et sans statistiques, je peux affirmer que les femmes se remettent plus volontiers en question que les hommes plus rigides. Je limitais par soucis d’efficacité mes groupes de travail à dix personnes et la proportion était souvent de 9 femmes pour un homme avec en plus très souvent chez l’homme une résistance au changement, un blocage pour parler vrai et une difficulté à entendre ce que le groupe en autoformation lui reflètait même si en plus je reformulais les remarques respectueuses. C’est probablement cette sensibilité propre aux femmes qui, dans son versant emprise hypnotique, pousse elles qui sont soumises à la violence de l’autre, à pardonner. L’acceptation tacite des femmes (retirer leur plainte par exemple) renforce dialectiquement l’autoritarisme et le passage à l’acte violent des hommes.
Petite élève de Nando recevant sn plant de karité avec un ruban rose.
« En France, selon le secrétariat d’Etat à la solidarité, 137 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint en 2006, soit une moyenne d’une femme tous les trois jours. Mais combien d’hommes dans le même temps ? 0,1 ou 2 ? Il est difficile de le dire, car cette même année seuls deux cas semblaient possiblement être comparables, ce qui nous donne le score affligeant de 137 à 2, qui ne peut que nous évoquer le score délirant d’une finale sportive homme-femme dans laquelle l’éducation et la testostérone viendraient naturellement à bout, sur le plan physique, de la mémoire et de la sensibilité. »[8]
(à suivre : en principe l’en quête de terrain. Mon expérience de terrain m’a fatigué des questionnaires à remplir dans des milieux défavorisés où l’on a peur d’être jugé sur ses fautes et où l’on se ferme comme une huitre en répondant OUI et NON là où l’on demande des explications. L’enquête conscientisante (Paulo FREIRE) par questionnaire à réponse ouverte sera posée par une vingtaine de collaborateurs malines, dans la langue d’origine de l’interviewé, et qui eux noteront les réponses…en principe !)
Intervention du GAP au Mali – Janv.Fév. 2012. Jean-Marie Lange, formateur, 29.02.2012
[1] « Le départ des couches moyennes des quartiers populaires, qui n’a pas été perçu sur le moment, s’est produit en général à la fin des années 1970, avant que les familles d’origine africaine ne soient nombreuses dans les cités. Les cadres et professions intermédiaires sont alors remplacés par les ouvriers européens…très provisoirement. Ces cités sont rapidement devenues des pôles de regroupement des immigrés d’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne et des Turcs. La ségrégation sociale qui se développe parallèlement à la formation des « cités » a généralement précédé la ségrégation ethnoculturelle à l’intérieur même des communes. » Hugues LAGRANGE, Le déni des cultures, Paris, Seuil, 2010, p.112.
[2] PAMANTA Emba ABOUBACAR, « La blessure », Bamako, Togune Edition, 2006, p.56.
[3] « L’action combinée de la testostérone sur le muscle et sur l’humeur, dont elle est un stimulant, contribue à lui conférer des propriétés énergétiques. La testostérone est un facteur d’énergie pouvant aller jusqu’à l’agressivité. »BRENOT Philippe, Les violences ordinaires des hommes envers les femmes », Paris, Odile Jacob, 2011, p.25.
[4] HRDY Srah BLAFFER, La femme qui n’évoluait jamais, Paris, pbp, 2002.
[5] PAMANTA Emba ABOUBACAR, « La blessure », Bamako, Togune Edition, 2006, p.13
[6] SCHMITHORST V.J. & HOLLAND S.K., « Sex differences in the dévelopment of neuroatomical functional connectivity underlyingintelligence found using boyesion Connectivity analysis » in NeuroImage,2007, p.406-419.
[7] BRENOT Philippe, Les violences ordinaires des hommes envers les femmes, Paris, Odile Jacob, 2011, p. 43-44.
[8] BRENOT Ph., ibid., p.27.
GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali. Aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Demain ce sera le soutien à des écoles fondamentales au pays DOGON (Mali). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP
N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – Nov.-Dec.09 : Les Etats Modifiés de Conscience (extase, possession, hypnose et zen)
N°25 –Janv-Fev 2010 La matière, le vide, la nature, l'éducation
N°26 – Mars-Avril 2010 L'intelligence des femmes
N°27 - Mai-Juin 2010 L’imaginaire, le symbolique et la réalité sociale
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative
N°30 – Nov-dec10 : Les sans-papiers
N°31 – Janv-Fév 11 : le couple et l’institution du mariage (Médiation couple - opus 2)
N°32 – Mars –avril 11 : La psychologie systémique et le chamanisme
N°33 – Mai-juin 11 : Vers une éthique sociale contre les barbaries
N°34 – Juil-Août11 : Nous sommes tous contre le fascisme.
N°35 Sept-Octobre 11 : le méta point de vue et le non-agir.
N°36 Nov. Dec. 11 : Fidélité et soumission.
N°37 Janv-Fev. 2012 : L’autonomie et l’émancipation des femmes au tiers-monde (1ère partie)
CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle N°37 Janv. Fev. 2012
L’autonomie et l’émancipation des femmes aux tiers-monde : 2012 a été déclarée par l’ONU l’année de la coopération et des coopératives, vœu pieux ?
Etude microsociale de l’impact des changements économiques sur les rapports homme/femme dans un pays en développement – Mémoire pour le concours 2013 de l’Académie Royale des Sciences d’Outre-mer, Classe des sciences humaine.
FINALITE
Aborder l’aspect économico-relationnel des rapports hommes/femmes selon la situation concrète insatisfaisante des uns et des autres, en particulier dans un pays de développement comme le Mali, et les répercussions de crises de 2008 et de 2011 avec tous les épiphénomènes que cela implique. La méthodologie psychosociale
Cette approche sociologique et pédagogique est dite qualitative. Pour les techniques, nous nous appuierons sur la dynamique des groupes (Kurth LEWIN), la socioanalyse (analyse institutionnelle) et sur les histoires de vie (Jurgën Habermas, Cornélius Castoriadis,…). L’analyse institutionnelle axée sur la pensée de Cornélius CASTORIADIS considère en bref que les institutions sont le jeu dialectique de trois instances en mouvement :
- L’INSTITUE où le pouvoir en place (qui correspond en dynamique des groupes à l’universalité = déni des conflits) serait en quelque sorte l’histoire du pouvoir officiel (comme Napoléon avait un historien un peu « hagiographe »).
- L’INSTITUANT est le contre-pouvoir des citoyens associés (syndicats par exemple) ou isolés et qui se donne à voir dans les histoires de vie. Celles-ci recoupées permettent de mieux lire dans une époque ce qu’elle a effacé par le pouvoir de contrôle des médias. L’instituant dans les groupes correspond à la phase de particularité des sujets ainsi que de l’affirmation des différences et conflits dans les couples comme dans les groupes.
- L’INSTITUTIONNALISATION est en fait la négociation entre les deux forces pour déboucher sur une évolution des institutions (le compromis) ou un traitement des conflits pour éviter les divorces. Dans les groupes, c’est le moment de la singularité où tout le monde s’efforce de comprendre l’autre au lieu de le juger et condamner.
Les « histoires de vie », outre l’aspect sociologique mis en place par l’Ecole de Chicago lors des vagues de migrants polonais aux USA (1918-1922), sont utilisées aussi par la pédagogie (Gaston PINEAU de l’Université de Montréal et Matthias FINGERS de l’Université de Genève), par la psychosociologie (Vincent de GAULEJAC de ParisVII) ainsi que par des psychanalystes ayant dépassé le Freud du XIX° (François ROUSTANG, Nicolas ABRAHAM et Maria TÖROK,…). Cette psychanalyse psychogénéalogie a une vision différente de l’inconscient, il ne s’agit plus du refoulé de la petite enfance mais du non su, du non conscientisé, des secrets de famille qui englobent le sujet au-delà de sa propre génération par le caché des ancêtres par exemple. Pour revenir au plan sociologique, SARTRE et BOURDIEU disaient que, dans une histoire de vie, il y avait, sans fard, l’histoire d’une époque « non retouchée ».
Le lieu d’où je parle et mon utopie
J’aurais voulu être anthropologue (plutôt que ces sciences humaines éclatées) ; je m’essaierais alors à être passeur d’âme auprès de gens de cultures différentes (orale et écrite par exemple) ou de coutumes différentes en abordant les conflits individuels et collectifs mais toujours sans haine ni violence. J’aurais voulu être un médiateur entre ceux qui vivent de colère et/ou de frustration et de déprime et les passionnés qui aiment ce qu’ils font parce qu’ils sont sensibles à la beauté, sûrs de leur force et de leur sagesse conduisant à l’harmonie.
J’aurais voulu être un passeur d’expérience qui transmet ce qu’on lui a appris en savoir-faire et en savoir-être donc en savoir-aimé tout en s’aimant soi-même. Je voudrais qu’il n’y ait plus de guerre entre les spéculateurs riches que l’on dit combattre, tout comme dans les couples où l’on doit trouver un arrangement WIN-WIN pour chacune des parties voulant imposer sa personnalité à l’autre au détriment des enfants déchirés par l’éclatement de leur milieu sécure. Je voudrais enfin en soi-même la paix entre la raison et le désir. On ne saurait se passer ni de l’un ni de l’autre mais, si en on privilégie un, ce ne sera que ruine de l’âme ou à l’inverse de la robotique instrumentalisée. Celui qui n’écoute plus que son désir cède la place à notre animalité et au plaisir brut, un désir sans cesse à recommencer. Le juste milieu est de désirer en création avec les émotions et les constructions analytiques.
Je m’appelle Jean-Marie LANGE, j’ai 65 ans, marié et père de trois filles (et grand-père de 5 petits- enfants). Je suis issu d’un milieu modeste (père ouvrier et mère vendeuse en grande surface), j’ai fait des études de technicien en agriculture tropicale (bac+1) avant de travailler pendant 4 ans au Congo(RDC) dans des plantations privées (palmiers à huile, caféiers, hévéas). Chassé comme tous les expatriés en 1972 du Congo devenu Zaïre par le dictateur MOBUTU (collaborateur de la CIA) lançant la zaïrianisation des cadres (sans formation adéquate pour les remplaçants), j’ai retrouvé une place de surveillant externe d’école et dans la foulée j’ai repris un graduat éducateur (bac+2). En 1974, je suis devenu, sans clientélisme, par mon expérience utile du métier, professeur d’agriculture, ce qui me permettra aussi de m’inscrire à l’université de Liège pour une licence en pédagogie (bac+5) option éducation permanente. Je continuerai ensuite un DES (Diplôme d’Enseignement Spécialisé) en intervention psychosociale et en même temps l’agrégation (en deux ans) et ensuite, je préparerai le DEA (Diplôme d’Enseignement Académique) en 4 ans. J’ai obtenu mon doctorat d’Etat le 1° février 1991 et j’enseignerai alors en Haute Ecole sociale (assistants sociaux, assistants en psychologie et communicateurs) et comme moniteur et collaborateur de l’université pour les formations pratiques de psychologues sociaux.
La soutenance de ma thèse portait sur l’étude de la méthodologie des histoires de vie appuyée sur la dialectique de l’Ecole de Francfort (Jürgen HABERMAS). Notons que depuis 1974, j’ai toujours travaillé également comme formateur de terrain en milieu associatif (Peuple et Culture, Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente, formation des objecteurs de conscience, militant pacifiste de l’Internationale des Résistants à la Guerre (IRG), militant d’Amnesty International, formateur au Centre d’Alternative Non-violente (CAN),etc.) La synthèse de ma thèse sera publiée en 1993 « Autoformation et développement personnel » par les Editions Chronique Sociale (Lyon).
Le Mali
Le Mali économique
A MOPTI (région du Macina), on sert rarement des brochettes de Capitaine (carpe du Nil) dans les restaurants, pourquoi ? Parce que pour des brochettes, il faudrait des morceaux conséquents ; or, les poissons péchés sont trop petits. Il y a surpêche et de plus, les eaux du fleuve Niger baissent constamment car il y a de plus en plus de périmètres irrigués, ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose puisque cela permet l’autosuffisance alimentaire en riz du Mali (au moment où le Sénégal connaît les émeutes de la faim). Le problème est en fait une guerre larvée dans le Macina entre les agriculteurs bambara (pour la plupart) et les éleveurs peulh et tamasheq qui eux voudraient une extension des bourgoutières pour leurs cheptels. Il y a dans ce centre urbain du delta intérieur une bataille en puissance pour l’espace vital : le planning familial avec la régularisation des naissances serait une solution mais cela est considéré comme TABOU par les Imams musulmans s’appuyant sur les Kaddishs du Coran.
Bien sûr, le FED (Fonds Européen de Développement) n’investit pas assez auprès des gens de la base (il paye une fortune aux prétendus experts expatriés peu expérimentés car souvent très jeunes et de plus crée une disparité raciste dans ses cadres : un ingénieur autochtone compétent et expérimenté gagne le quart d’un jeune européen !).
Il y a aussi bien entendu la problématique interne : corruption, népotisme, clientélisme, élites surpayées, détournement des ressources par la capitale au détriment de l’intérieur du pays, racket constant par les policiers des carrefours au détriment des taximen et transports locaux, croissance industrielle sabotée (sauf pour les chinois ?), pots de vin hallucinants (comme au Sénégal) pour les décideurs du FMI, partage du gâteau sans miette entre les membres des ministères, guerre interne entre l’ensemble des populations noires et les Tamasheq/Touareg(anciens propriétaires des esclaves noirs ou Bella).
Pour éviter des émeutes, on saupoudre le peuple avec du pain (excellent par ailleurs) et des jeux (matchs de foot en l’occurrence), ce qui permet aux gens frustrés de se décharger en brûlant des voitures, même si le Mali est vainqueur (cela jugule une éventuelle révolution). De plus, il y a une collusion évidente entre le gouvernement et le secteur privé français qui arrose (Bolloré, Bouygues, Total, France Télécom, BNP Paribas, Air France,…).
Pourtant l’alternative démocratique et écologique est possible avec le soleil permanent comme source d’énergie pour créer des infrastructures convenables, avec une industrie agroalimentaire bien gérée, une relance du tourisme apportant des devises, une exploitation planifiée des sous-sols (phosphates), une gestion intelligente de la pèche, etc. Par exemple, le projet allemand DESERTE d’un coût estimé à 310 milliards d’euros consiste à couvrir 0,5% des déserts chauds du nord par des panneaux solaires pour assurer les besoins de l’Occident en énergie (sans compter les bénéfices secondaires de ne plus utiliser de carburant fossile).
Le Mali culturel
Fréquentant ce pays depuis 25 ans et appréciant tout particulièrement la brousse des alentours de Mopti et du pays DOGON, nous sommes frappés par un paradoxe récurrent de ce pays musulman à 100% : d’une part l’ouverture d’esprit à nos cycles de conférences de lutte contre les Mutilations Génitales Fémines (MGF) comme l’excision et l’évolution rapide et positive des mères très concernées par l’avenir de leurs fillettes et d’autre part, l’individualisme dangereux (partagé hélas dans les autres pays africains que nous connaissons) qui fait que là où les structures claniques sont détruites, il y a le « chacun pour soi » et l’absence de fraternité-solidarité (même si un des 5 piliers du Coran parle de charité). Un de mes amis érudits de Bamako me le disait sans détour : son pays évolue vers le sous-développement et le primitivisme (une circulation anarchique, un non respect des files, des arnaques sans vergogne, peu de commisération pour les moins nantis, etc.). Par exemple, de petites bonnes (de 8 à 15 ans)venues de la campagne (la brousse du pays DOGON par exemple) sont payées 12 €/mois (FCFA 7.500) à MOPTI pour un travail de lessive et de nettoyage de 6h du matin à 22h le soir en portant en plus sur le dos les bébés de leur maîtresse et régulièrement, les patrons ne les payent pas prétextant qu’ils n’ont pas d’argent. Une asbl suisse MALI-AVEC protège par un service juridique ces enfants exploités financièrement et sexuellement par les leurs. Je n’ai pas l’ambition ici de tirer une loi du genre mais d’illustrer par quelques exemples comparatifs.
Un dépanneur TOURING, en ce dur hiver 2012, me confiait que systématiquement, lorsqu’un africain l’appelait pour un service, il disait d’abord qu’il n’avait pas d’argent et quand le dépanneur répondait « alors pas de service » il en retrouvait (je pense qu’il doit y avoir des exceptions mais c’est bien là un agacement culturel). Je pense que le comportement asocial est fréquent dans les transports en commun chez nous où la majorité des africains prennent un billet seulement si le contrôleur passe (sinon c’est gratuit !). N’ayons pas peur de dire le non-dit, cela ne nous découragera pas d’aider sans calcul les enfants africains dans la misère. Dernière anecdote, je suis assis (problème de dos) à l’aéroport de Bamako et lorsque je me lève pour jeter à la poubelle un mètre devant moi un papier (à quoi bon), une dame se précipite et à mon ami lui disant que cette place est occupée, elle répond ulcérée « Je suis ici chez moi ! ». La même phrase dans la bouche d’un toubabou à Bruxelles serait considérée comme un acte raciste.
A Paris comme à Bruxelles, il est navrant de constater en parallèle la montée de l’intégrisme islamiste et la montée de la délinquance.
Selon un travail récent de sociologie très scientifique de Hugues LAGRANGE[1], à Paris et en proche banlieues 80% des délits seraient attribués à des sahéliens.
Je me répète mais cela n’entame pas notre antiracisme de combat, confirmons toutefois qu’au Mali la campagne progresse et les femmes n’y ont plus leur langue dans leur poche tandis que Bamako, la capitale de polyculturelle régresse.
Notons que la cote d’un otage blanc est de 5 millions de FCFA (1 € = 650 FCFA), la guerre entre le nord Touareg bien équipé par les stocks d’armes de la Lybie de l’ex-Kadhafi progresse car les rebelles sont payés alors que les soldats de l’armée régulière ne le sont pas régulièrement (sauf les 80 généraux grassement payés par eux-mêmes). La tension supplémentaire d’un climat insurrectionnel (ce 5/6 février 2012) est liée au Président allié de Kadhafi contre l’OTAN et à la fin de son second mandat et qui ne veut pas partir (la crise va peut-être éclater bientôt, c’es la même problématique de l’attachement au pouvoir comme au Sénégal, en Côte d’Ivoire,…). Un autre fléau est dans la violence de l’individualisme, nous avons traversé Bamako pour prendre l’avion dans la nuit du 5 au 6 février et notre ami conducteur avait prédit que quels que soient les résultats du match de foot du Mali, il y aurait du grabuge et des voitures brûlées, nous avons traversé des foules en liesse qui tapaient « chahutaient » sur notre véhicule et le secouaient comme dans une émeute d’indépendance « tchatcha ».
Il n’y a plus de blancs : ni coopérant, ni enseignant, ni touriste et sans regretter notre action pour les écoliers nous déconseillerions à tous de passer par Bamako. Pour nous, c’était peut-être la dernière fois car nous ne croyons pas au miracle et nous avons constaté cette corruption grandissante du régime. La démocratie a échoué. Seules les écoles auraient pu enseigner l’adage universel de la culture « Liberté-Egalité-Fraternité » et des droits de l’homme. La richissime Arabie Saoudite construit partout des mosquées (y compris en Europe) mais jamais une seule école sur le sol africain ; faut-il rester ignorant pour être bon croyant ? Mes amis africains privilégiés de Bamako ne font plus confiance en l’enseignement officiel et ont recours à l’enseignement catholique idéologique d’importation et à des enseignants privés. Nous ne pouvons pas rester neutres même si nos valeurs des droits de l’homme comprennent la tolérance car ce sont les plus défavorisés qui sont analphabètes et qui vont mourir du choléra et/ou de la faim, du sida et/ou du paludisme.
Le cadre situationnel des femmes
Les situations des femmes d’aujourd’hui au Mali (pour 100% de musulmans avec 85% d’excision) est préoccupante. Les maliens ont une ensemble d’ethnies (Peulh, Bambara, Senoufo, Minyanka, Dogon, Bozo, Sonrhaï, Tamasheq, Touareg, Bella,…) vivant en paix (sauf avec les anciens esclavagistes Touaregs qui conservent leurs esclaves) dans un islam tolérant et formant un peuple fier et accueillant, que je fréquente depuis 25 ans avec notre association asbl GAP (Groupe d’Autoformation Psychosociale) pour de l’aide humanitaire concrète aux écoliers, écolières et mères seules. Notre groupe initie des projets de villages pilotes (pédagogie du projet) pour le reboisement de l’école et du village si les plants sont arrosés et protégés des chèvres, des bibliothèques pour faire connaître des auteurs africains, des ouvrages techniques (pédagogie ou agroforesterie) pour les enseignants.
Et surtout, l’action qui a fait un « tabac » malgré nos craintes des « réactionnaires » : un cycle de conférences (relayé par la radio locale et des affiches placardées) pour la lutte contre les mutilations sexuelles féminines (l’excision dont le 6 février sera la journée mondiale de lutte) et autres violations des droits de l’homme (comme par exemple les mariages arrangés par les parents, le non droit à la terre pour les femmes en cas d’héritage, etc.). Notons que l’excision est une coutume antérieure au Coran et non prescrite par le livre saint ; toutefois, lorsque des couples se marient à la commune, le mari (seul) doit choisir son régime matrimonial (monogame ou polygame) ; les hommes choisissent par tradition la polygamie même s’ils restent de fait monogame par défaut de moyens financiers ou par choix.
Les filles peuvent accéder à l’école mais poursuivent peu souvent des études supérieures (un peu comme chez nous dans l’après guerre avec les écoles ménagères pour former de bonnes épouses). Les jeunes filles sont trop souvent captées pour aider aux tâches ménagères par les femmes plus âgées alors que les garçons indolents regardent la télévision. Elles ne sont pas poussées à atteindre un équilibre avec le genre masculin. Notons que cette situation était aussi la nôtre en Belgique de l’après-guerre pas seulement pour les études verrouillées pour les hommes (médecins par exemple) mais surtout par des barèmes inférieurs (la revendication des féministes de l’époque était « Travail égal = salaire égal).
Les violences faites aux femmes entre sorcellerie et rationalisation
Qu’est-ce que la violence ?
Indubitablement, les mutilations génitales et les mariages forcés sont des passages à l’acte. La colère peut susciter des conflits normaux (« Le conflit est le père de toute chose » HERACLITE), les différends peuvent être traités par une argumentation en étant conscient de notre subjectivité permanente. Notons toutefois que les mots peuvent être aussi blessants que les coups (cf. ci-après le harcèlement moral), une déconstruction de l’autre du couple qui est souvent la femme.
Certaines femmes d’Afrique tellement bien conditionnées à la violence disent parfois « mon mari ne m’aime plus puisqu’il ne me bat plus ! ». Plus les hommes et les femmes seront épanouis et plus ils pourront trouver des solutions win-win à leurs conflits quotidiens. Les hommes violents ne sont pas coupables mais victimes de ce qu’ils ont eux-mêmes vécus dans leur famille étant enfant. Un père qui bat la mère et les enfants, imprime un modèle et le fils devenu adulte peut reproduire ce cycle pervers s’il n’en a pas pris conscience pour maîtriser et donc arrêter à temps ses colères. La racine du problème est là dans le modèle parental et également dans la non confiance en lui de l’homme qui, à court d’arguments, recourt à l’agression physique et frappe. Nous sommes des obsédés de la solution qui s’imposerait si les bailleurs de fonds européens avaient des experts convenables : une éducation gratuite (subsidiée par le FED) accessible pour tous, de l’alphabétisation aux Hautes Ecoles et une formation civique et affective sur le fait qu’il n’existe qu’un type humain quel que soit le genre. Il suffit de ne pas donner d’argent mais de construire des écoles et d’y payer les profs diplômés, ayant en plus fait preuve de leur compétences (car en Afrique les diplômes peuvent s’acheter).
Le harcèlement moral
Ce double jeu est pratiqué plus souvent en Europe où le mari se montre aimable en société mais « méchant », dévalorisant en privé avec son conjoint. Il ne s’agit pas bien sûr de classifier « le bien ou le mal » comme dirait NIETZSCHE, mais de dépasser ces attitudes et comportements pour devenir plus authentique. Plus les femmes, face à cette violence insidieuse, pourront ne plus perdre confiance en elles-mêmes et plus elles seront des éducatrices modèles pour leurs enfants, capables de leur expliquer avec fierté la charte indépassable de la déclaration universelle des droits de l’homme (ONU, 1948).
Nous sommes engagés pour la lutte contre les violences physiques faites aux femmes (comprennant donc les mutilations génitales féminines) mais comme nous l’avons dit, il y a autant de violence dans les mots.
Avec mon épouse, nous discutions avec un couple du monde ouvrier (mais cela peut se reproduire dans n’importe quel milieu cf. les études de Marie-France HIRIGOYEN) et chaque fois que la dame s’exprimait, son mari la « rabrouait » de façon insultante en lui disait par exemple « Tais-toi un peu, sotte, tu n’y connais rien ! » et elle, sous son emprise, subissait cette violence verbale du pauvre « couillon » frustré. Cela litanie répétée est énervante pour un observateur externe, et je me rappelais mes grands-parents. Mon grand-père casanier, parlant peu, disait à ma grand-mère en boucle plusieurs fois par jour : « tu ne m’écoutes même pas ! » et elle de répondre avec résignation : « Mais si Léon, je t’écoute ! ». Le pervers dans un couple peut donc être aussi hypocrite en se montrant prévenant vis-à-vis de sa femme en public et sarcastique en privé. Ainsi, la dame qui se plaint à des amies, les étonne et elles lui retournent qu’elle le trouvent charmant, ce qui va enfoncer encore plus le détricotage/dévalorisation de la confiance en elle de l’épouse.
Il faut rester dialectique et bien sûr, les femmes sont parfois cancanières certes mais n’atteignent pas la méchanceté des coqs de très basse-cour. Par rapport à certains mâles frustrés, on pourrait prendre ce dicton ancien : « Si tu n’as pas de chien, bats ta femme ! ». 80% des violences faites aux femmes le sont dans un cadre familial, y compris les violences verbales et/ou l’absence de communication. Un ami, sage musulman me disait simplement que pour lui une harmonie de couple est une force et parler d’une même voix pour l’éducation des enfants constituait une structure stable. Pourtant, bon nombre de couples se divisent face à une provocation d’un petit enfant (pervers polymorphe car sans surmoi disait FREUD) qui peut dresser les parents l’un contre l’autre pour assouvir ses désirs immédiats.
Le mariage et les liens sociaux
Dans les villages du pays Dogon et du Macina (Mopti), tout le monde sait tout sur tous ; cela constitue un contrôle social très strict qui par exemple va interdire les maîtresses. Rappelons qu’en Afrique, les couples sont très différents, il y a une juxtaposition entre la société des hommes et de la société des femmes. Au Mali notamment, les femmes mangent rarement à la table des hommes. Dans l’iconographie DOGON, on peut voir parfois des représentations de couples mais un couple dont la mère tiendrait un bébé est impensable, les bébés sont affaires de femmes. Toutefois, pratiquement tous les jeunes gens ont « gouté la chose » avant le mariage et l’hymen est en soi peu important. Les préservatifs sont appréciés par les jeunes filles car si l’une tombe enceinte, elle ne se mariera jamais et dans la famille ce sera la honte et le déni : personne ne lui confiera de tâche, elle sera mise au banc de la société et ne trouvera jamais de mari (sauf à la capitale peut-être), ce qui impliquent l’infanticide ou l’adoption.
Il n’y a que peu de jeunes gens mariés à Mopti car la dot et la fête coûtent tellement cher que ce serait un endettement de plus de vingt ans, d’où cette nouvelle coutume de concubinage urbain monogame. Lors d’une sortie en brousse de jeunes mères, si l’une n’a plus de lait pour son bébé, sa voisine peut nourrir le bébé mais alors il y a incompatibilité d’un éventuel mariage entre ces deux familles (tabou de l’inceste). Lors de l’initiation, le groupe des futurs hommes sont tous coresponsables et si l’un fait une faute, tous sont punis. Les jeunes mangent tous ensemble et défèquent ensemble, un déni de l’individualisme occidental et une formation au lien social par la proximité. Il en va de même pour l’excision des filles si ce n’est qu’au lieu de couper un morceau de peau (prépuce), on ampute un organe très innervé avec de sanglantes conséquences. On ne peut prendre une seconde épouse qu’avec l’accord de la première ( !). Les premiers moments de cohabitation sont accompagnés de jalousie puis, si le mari ne fait pas de différence dans ses faveurs, l’harmonie peut quelquefois s’installer.
La régulation des naissances
Beaucoup d’africains considèrent que les blancs, avec beaucoup de morgue, viennent donner des leçons aux ex-colonisés. Ils sont au courant de tout avec la télévision et attachés à leurs coutumes. Ainsi, on peut essayer d’enfoncer un coin, celui des MGF (Mutilations Génitales féminines) mais il ne faut pas aller trop vite pour le reste.
Par exemple, certaines familles avec un homme et deux épouses ont jusqu’à 20 enfants en charge, même en ces temps de disette mais dans ces contrées d’un islamisme très pieux et cependant assez tolérant envers les mécréants, il ne faudrait pas venir leur parler de l’IVG par exemple (sacrilège !). Un collègue malien dans son ouvrage « La Blessure » a trouvé à mon avis une bonne formule pour le planning familial et fait dire au personnage « Malâdo » (ne sachant pas avoir d’enfant car son excision a détruit son vestibule) : « Il y a une autre situation qui demeure un goulot d’étranglement au bonheur des femmes, les nombreuses naissances : il faut les espacer. C’est une condition sine qua non pour qu’elles vivent heureuses leur vie ! » [2]
En tout cas, nous pensons qu’il s’agit là d’une bonne stratégie progressive, comme dans la philosophie du Bouddha ne pas obliger à choisir entre tout ou rien mais plutôt le juste milieu. Les traditions et coutumes stabilisent la société malienne ainsi que la religion de l’islam. Même si toutes les religions sont néfastes par leur tendance à la culpabilisation et à la mortification, casser cet équilibre serait faire évoluer à rebours vers les états bandits comme la Somalie, le Soudan, le Nigéria, la Lybie et le Congo RDC où les droits et les vies des hommes ont peu de poids face aussi à l’exploitation néocoloniale toujours bien présente en 2012.
Donc dans nos échanges avec les maliens, nous conseillons de laisser le corps des femmes se reposer trois ans entre les grossesses, tout en rappelant que nous savons que la grande richesse a toujours été des bébés bien nourris et en bonne santé et qu’ils représentent les bâtons de vieillesse dans les sociétés où tout était basé sur l’agriculture manuelle (là où les retraites existent peu). La solidarité familiale est absolument nécessaire pour nourrir les vieux parents. Mais si les enfants sont moins nombreux, on peut alors faire le sacrifice utile de leur payer des études.
Les mariages arrangés
Comme les gens dotés de terre chez nous mariaient des familles entre elles plutôt que des personnes proprement dites, il en va de même en Afrique, en Inde et ailleurs dans le tiers-monde. Deux familles peuvent se promettre dès la naissance le petit garçon de l’une et la petite fille de l’autre. La petite fille sera fiancée à 8 ans et mariée dès les premières règles (premiers sangs) vers 12 ans à un homme ayant souvent de 30 à 40 ans de plus qu’elle. Je n’ai jamais entendu d’homme se plaindre de cette coutume; par contre, dans des cas non rares, la fille se sauve, se suicide ou au mieux demande le divorce mais alors elle sera rejetée par sa famille qui devra rembourser la dot.
Auparavant, chez les Mongo du Congo, de lourds anneaux décoratifs de cuivre brut (5 kg chacun) étaient fixés aux chevilles des filles mariées, ce qui fait que, si une femme s’enfuyait, elle avait un handicap à la course et pouvait être rattrapée par son mari avant d’atteindre la case de ses parents. L’époux devait quand même repayer un complément de dot pour la récupérer. Aujourd’hui, des parents éclairés (la TV est partout) envoient parfois des filles à l’université de Bamako, ce qui peut leur procurer un emploi mais ce qui éloigne les prétendants. Pour prendre une illustration, une membre malienne de notre association est anthropologue, fine, jolie et cultivé et à 25 ans toujours pas mariée. On dirait que la culture chez une femme impressionne trop les faibles hommes pour que ceux-ci courtisent celles-là.
Je fais l’hypothèse que, dans certains cas, la femme n’est pas considérée comme compagne affective et égale mais comme proie sexuelle et ensuite dépendante et battue si mariage il y a. Je prends comme illustration deux de mes étudiants assistantes en psychologie (toubab) qui ont fait leur travail de fin d’étude au Mali sur les femmes. Elles n’en ont pas rencontrées ; par contre, elles étaient fatiguées des sollicitations sexuelles incessantes des hommes sans autre thème de communication que le basique.
Je reviens à mon « leit motif » : seule l’éducation massive et égalitaire des filles pourrait fournir un fondement pour le changement associé à une autonomie financière non dépendante, une insertion économique.
La sorcellerie
Les marabouts sont appelés aussi « charlatans » car le maraboutage n’est pas que la pratique des envoûtements mais aussi gruger de pauvres gens et se faire beaucoup d’argent. Les sorciers sont craints et parfois contrés par des anti-sorciers. Les sorciers on ne sait pas les distinguer en plein jour mais de nuit, ils dégagent un halo et, comme dans les autres pays d’Afrique, ils peuvent se transformer en crocodile par exemple ou se dédoubler (ubiquité). Un sorcier coincé par un anti-sorcier va tourner en rond ; pour s’en sortir, il pond un œuf puis défèque, il laisse donc une trace. Notons qu’il ne faut pas confondre avec les devins DOGON qui lisent des carrés de sable, y jettent quelques arachides puis le lendemain viennent lire les augures laissées par les traces de pattes du chacal.
Notons aussi que beaucoup d’informations sur la cosmogonie des DOGON recueillies en 1931 par un seul informateur par Marcel GRIAULE (sans être recoupée) sont qualifiées souvent de propos de bistrots et d’inventions d’avinés. Ces révélations sorcières heurtent souvent le côté rationnel des européens, je me rappelle que lors d’une de mes premières enquêtes de terrain (en 1988) où j’enregistrais des cassettes, une femme envoutée avait accouché d’un canari et j’avais bêtement demandé avec sérieux si c’était avec ou sans la cage, preuve de ma sottise. Le canari est une petite poterie de terre cuite avec couvercle, mais également difficile à accoucher.
Le Dieu AMMA des Dogon a une première fois cherché à s’accoupler avec la terre et a engendré le « renard pâle » (le mal et le devin), le chacal symbole du chaos, du désordre. Cet accouplement a échoué parce que les femmes avaient au-dessus du sexe une petite termitière qu’il fallait couper (le clitoris). Après, il n’y aura plus de problème ; AMMA a engendré avec la terre le NOMMO, les jumeaux du premier couple qui donneront les 8 ancêtres (8 groupes familiaux). La sorcellerie est différente de la divinité, elle repose sur l’animisme (les forces de la nature maîtrisée, par exemple les faiseurs de pluie surtout par temps orageux). Les anti-sorciers peuvent prendre des plantes (comme l’Iboga au Gabon) qui les placent en état second , la catalepsie, les esprits peuvent alors voyager dans l’entre-deux monde pour récupérer l’âme perdue d’un patient. En Côte d’Ivoire, les sorciers qui transforment des personnes en esclaves Zombies sont appelés des « mangeurs d’âmes ».
Une anecdote : un ami très cher me disait qu’un avion s’était écrasé et que le seul survivant l’était parce qu’il avait un talisman, un gri-gri, un bracelet DOGON autour du bras, je lui ai répondu que tous les voyageurs décédés devaient probablement porter le même bracelet. Il m’a raconté alors une autre histoire qui m’a confondu avec la psychologie appliquée : une femme avait un amant, le mari le savait ; alors, il a commandé chez un marabout un charme qu’il a cloué au chambranle de l’intérieur de sa porte; lorsque l’amant s’est présenté, la femme lui a raconté et « il a été noué » (érection impossible). Le mari et l’amant iront voir ensemble le marabout pour délier le charme contre argent et le mari divorcera de sa femme.
La sorcellerie est une plaie en Afrique car le simple fait qu’un membre de la famille réussisse peut attirer chez lui toute sa parenté (un ami congolais avait dans son arrière-cour pas moins de quarante bouches à nourrir chaque jour, des sangsues). La coutume de l’entraide veut que l’on accepte mais le moteur est aussi la peur que le rejeté jaloux fasse envoûter le parent qui réussit. Sans aller jusqu’à la famille mononucléaire occidentale, ce serait bien que l’homme s’occupe en priorité de ses femmes et de ses enfants notamment pour la scolarité. Dernière anecdote sur cet acteur de l’obscurantisme : si une exciseuse rate son opération, elle accuse une sorcière. L’a trouve et la chèvre-émissaire est bannie à vie du village avec toute sa famille, cela choque notre rationalisme mais cela se pratique couramment (nous y reviendrons dans le chapitre excision au Mali).
L’hypothèse
Je formule l’hypothèse principe que les femmes sont excisées (et/ou infibulées dans d’autres contrées comme le Soudan, l’Egypte et la Somalie) pour les couper du plaisir clitoridien et ainsi les dissuader d’être volages dans des familles polygames (un homme et 4 femmes comme le Prophète).
Notons que ce seraient les hommes qui chez nous (avec la complicité sournoise de l’église catholique) ont inventé les grillages des prés et la propriété privée de leur épouse (eux continuant à semer à tout vent) pour être sûrs que leurs descendants sont bien issus de leur sang. Je me garde de tout ethnocentrisme (européocentrisme) concernant les formules de couple car je pense que la polygamie est un état naturel chez les mammifères et la monogamie un état culturel (…mais parfois hypocrite), l’androgamie étant rare et plutôt motivé par des raisons économiques de non partage des terres entre frères (Tibet, Népal).
Je vais confirmer ou infirmer cette hypothèse de départ par une étude de terrain (enquête qualitative à questions ouvertes) dans la région de Mopti-Sévaré (Mali) en 2011 et 2012 avec une vingtaine d’enquêteurs rompus aux sciences humaines et j’en écrirai les conclusions en 2013.
Pour développer l’hypothèse, je postule que la polygamie n’est une cause de cette mainmise sur les femmes par mutilation sexuelle que dans notre espèce humaine. Comme chez les primates, la polygamie est la règle naturelle ; la différence est que seuls les mâles humains martyrisent en mutilant les petites filles, en Afrique particulièrement. Cette barbarie n’a pas lieu dans le reste du monde. Le désir sexuel est une réalité et le plaisir procure un apaisement par la noradrénaline (cf système endocrinien). S’il est frustré régulièrement, le mâle avec sa testostérone (5X plus que la femelle), développera alors tension, colère et adrénaline.[3]
Une dame malienne me disait que « lorsque son mari ne la frappe plus, elle pense qu’il ne l’aime plus. »(sans commentaire). La propriété des corps n’est pas venue seulement par les religions et le capitalisme, comme l’explique le sociologue allemand Max WEBER mais aussi par la propension du mâle humain à se servir de sa force musculaire supérieure pour battre l’autre genre, les femmes. L’adage de 1968 « faites l’amour pas la guerre ! » est en soi une philosophie du bien-être humain que l’on retrouve d’Epicure à Spinoza.
Le problème est dans la primauté lourde des coutumes sur l’éducation, d’où nos cycles de conférence conscientisante sur l’excision en pays DOGON : « Les violences faites aux femmes » sous forme de conférence-débat, sans les hommes lorsque cela est possible et bien entendu sans apporter « nos » solutions européocentristes mais en fournissant d’autres informations aux femmes de villages et notamment celle qu’elles ne sont pas toutes seules à travers « la journée mondiale contre l’excision » fixée le 06 février de chaque année.
Notons enfin à propos du désir qu’on peut l’envisager sous deux angles : celui érectile qui n’est pas nécessairement avec des sentiments (partie animale only, cf. les viols) et celui des femmes qui n’est pas que réflexe mécanique mais qui « doit » découler d’un véritable désir pour une relation, ce qui amène parfois à des malentendus ou…des violences comme le viol conjugal.
La genèse de l’hypothèse
Lorsque en 1971, je travaillais dans l’Oubangui du Congo entre Gemena et la République Centre-Afrique, les femmes étaient excisées vilainement par une ablation rude formant un vide carré au-dessus de la vulve et provoquant beaucoup d’hémorragies et de septicémies. Les jeunes filles de l’ethnie NGBWAKA sous l’influence des deux religions mais toujours animistes avaient de grandes libertés sexuelles et le sens de l’accueil. Cependant, selon « la légende » de mon informateur, certains arabes du nord venaient parfois s’installer dans un village pour ouvrir un petit commerce et s’adapter. Un an après, ils demandaient légitimement en mariage une femme « qui soit très jeune » payaient la dot mais ne touchaient pas la fille à peine nubile. Les femmes pudiques n’en parlaient pas. Puis le mari disait au village qu’il partait chez lui présenter son épouse à ses parents quoi de plus normal et il revendait à prix d’or la jeune vierge pour le harem d’un riche Sultan. Ce serait donc une autre motivation de la mutilation génitale dans ces régions mais j’emploie le conditionnel.
Au niveau du rite cérémoniel de l’excision, les filles dansent avec une jupette de raphia dont le pan avant est très court. Dans le pagne intérieur (la culotte) un lange avec une substance anesthésiante, elles agitent un petit panier, genre maracas tout en dansant au son des tam-tam. Lorsqu’elles sont en quasi transe, elle se couche sur le dos sur la face avant de leur marraine pour ainsi se protéger du contact de la terre. L’exciseur (homme dans cette région) opère alors sa boucherie comme s’il énucléait un œil à une pomme de terre, en raclant les bords pour en faire un carré.
Les filles qui survivent restent alors en retraite tandis que celles qui en meurent sont enterrées. C’est après un mois de retraite que la mère saura que sa fille n’a pas survécu si son mari arrache une poignée de pailles à la toiture de la case. Les survivantes « défigurées » ne seront plus razziées par les arabes, le « produit » étant déprécié pour les harems des Sultans.
Environ 300 km plus au sud, sur la Maringa autour de la ville de Basankusu vivent les MONGO et les NGOMBE et des informateurs de ces deux ethnies m’ont raconté la même rationalisation du pourquoi des excisions.
L’excision au Mali
Des nattes sont étalées, les mères couchent les fillettes sur le dos, puis avec l’aide de tantes, immobilisent les jambes et les bras. La forgeronne brandit son coutelas (porté autour du cou) pour couper les clitoris. Le même couteau parfois rouillé (ou un morceau de verre ou une vieille lame de rasoir) mélangera les sangs de toutes (non seulement risque de tétanos et de septicémie mais aussi de contamination SIDA). La chair tranchée est aussitôt enterrée près de la natte, il y a pour certaines jeunes filles des hémorragies fatales et pour d’autres, là où l’on a endommagé des organes proches des incontinences à vie ou d’autres problèmes. Les gamines s’immergent ensuite jusqu’à la taille dans la rivière à l’eau froide puis on les sèche avec des couvertures avant de leur offrir des cadeaux.
Les filles iront alors dans leur dortoir sous la surveillance de la Bâwo et on les protégera avec des gri-gri MBELKI (écorce amère du calceidrat ?) au cou et à la cheville un cauris (coquillage) pendant à une cordelette (protection des excisées). Si une petite meurt, on accusera aussitôt une vieille femme de sorcellerie pour trouver une chèvre-émissaire et détourner l’attention de l’exciseuses responsable. Pendant la semaine de réclusion, les excisées sont invitées, chaque fois qu’elles « rafraîchissent l’eau aux toilettes »(uriner), à protéger la blessure avec de la poudre de Gawdé (antiseptique naturel paraît-il). Les filles devenues femmes auront des parures et défileront à la queue leu leu dans toutes les maisons du village. Lorsqu’une des jeunes filles se marie, les relations sexuelles ne sont pas faciles avec la blessure parfois mal cicatrisée et purulente même si on utilise un gri-gri de marabout comme le MBINDOUDI (eau noire après le levage d’écriture sur une tablette du marabout), nous n’avons pas le sentiment d’une grande efficacité. Contrairement aux travaux de l’anthropologue HRDY[4] « La femme qui n’évoluait jamais », les mères se remettent en question et ne veulent plus de cette pratique dangereuse pour la santé de leurs filles ; ce sont les belles-mères les plus attachées à cette coutume qui peuvent enlever la fillette et la faire couper malgré le refus de la mère.
« J’ai appris que vous voulez exciser la petite MATÂDO ?- Qu’y a-t-il à cela ? - Fâti, je te demande de ne pas le faire. Tu sais que l’Association des Femmes est contre l’excision !- Pourquoi voulez-vous introduire de telles idées dans le village ? Une femme non excisée n’est qu’une BILACORO ! »(une femme de mauvaise vie, vulgaire et non mature)[5]
Etat des lieux de l’excision
A la suite des cycles de conférences-débats réalisés par Ali Guindo en 2009 et Marie-Claire LANGE (MC) en 2012 à Sévaré auprès des animatrices faîtières et au pays Dogon à Nando et à Endé (deux jours de route de Mopti), il semblerait que le sujet n’est plus tabou et que l’évolution positive est rapide. Notre carte des excisions dans le monde a eu beaucoup d’effet : les gens constatent pour le Mali 85% d’excisions tandis que le pays voisin le Niger n’en compte que 2,2 % et aucun pays hors d’Afrique ne le pratique. Beaucoup d’hommes sont aussi favorables à l’abandon de cette pratique car les séquelles, provoquant notamment des kystes et des pertes altèrent sérieusement la bonne volonté des femmes pour les relations sexuelles qui ne sont pas pour elles des parties de plaisir.
Une participante dont la fille excisée à 6h du matin n’arrêtait pas de saigner, l’a conduite elle-même l’après-midi à l’hôpital et elle s’est jurée que plus jamais elle ne serait complice de ces MGF. De nombreux témoignages montrent que les décès de fillettes ne sont pas rares.
Nous nous attendions à une hostilité de la part des extrémistes mais au contraire, les danses de bienvenue (à mille lieues des danses folkloriques des masques) exprimaient les remerciements aux autres sœurs d’Europe qui se soucient aussi de la situation de protection des fillettes. Cela dit, la guerre intérieure contre l’envahisseur Tamasheq/touareg armé sur les stocks d’armes de Lybie progresse, ils sont insaisissables car ils se déplacent dans le désert en-dehors des routes carrossables. Ajoutons à cela que le Président (proche du dictateur Kadhafi) s’accroche au pouvoir après ses deux mandats démocratiques et que, l’insurrection interne peut éclater d’un jour à l’autre, la tension est vive à Bamako.
La femme et ses capacités cognitives supérieures
Des étudiantes assistantes sociales (bac+3) m’ont demandé un jour de faire dans leur classe une conférence portant sur l’infériorité cognitive des filles. J’ai commencé par parler de l’hémisphère cérébral gauche analytique plus développé chez les hommes et de l’hémisphère droit plus globalisant et créatif, plus développé chez les femmes. Par exemple, bon nombre de femmes ont des difficultés à lire une carte routière, souvent à cause d’un problème de latéralité (gauche-droite). Puis j’ai exposé que les filles étaient non seulement plus appliquées à l’école (capacité de concentration) mais aussi plus intelligentes avec, dans l’enfance, un développement mesuré d’une avance de deux ans par rapport aux petits garçons.
Le cortex s’occupant du langage (aire de Broca) révèlé par IRM (Imagerie médicale par Résonance Magnétique) est en effet moins latéralisé que chez les garçons car il fait appel à une organisation plus complexe liant le langage aux contacts sociaux. « Les filles sont donc deux ans plus précoces que les garçons aussi bien pour le langage que pour le raisonnement et la concentration sur l’apprentissage. »[6]
Notons à ce propos que le machisme des hommes n’a rien à voir avec le cognitif mais ressort du domaine culturel ; les modèles vus par le petit garçon vont être intégrés et il les reproduira à l’âge adulte. Ce n’est pas une fatalité et ce qui a été appris peut se désapprendre s’il y a une conscientisation et une volonté de dépasser le stéréotype des blondes étiquetées « Sois belle et tais-toi ! ». Notons également que dans les conflits de couple aujourd’hui ne surviennent plus nécessairement parce que le mari est volage, mais plutôt parce qu’il existe un autre pôle d’attraction pour lui avec l’ordinateur et internet et donc au lieu de faire des câlins (communiquer), l’homme hypnotisé par son écran se couche à une heure avancée de la nuit….puis à ce rythme, un jour le couple divorce car la femme ne se sent pas heureuse dans cette arelation.
Je fais l’hypothèse que ce qui manque le plus aux femmes, c’est le plus souvent, le regard d’amour que l’homme ne porte plus sur elles. Il y a encore du travail d’éducation affective à fournir pour que les humains ne se regardent plus comme des meubles juxtaposés mais puissent vivre dans la dignité et la reconnaissance mutuelle quel que soit le genre sexuel.
J’ose ici une hypothèse hardie, les hommes sont émoustillés par les sexes de femme parce que ceux-ci, à cause d’eux, sont cachés et peu disponibles à l’inverse de nos cousins les Bonobos. Imaginons la révolution sexuelle de Wilhelm REICH où cette relation, si elle fait plaisir aux deux, ne serait plus tabou mais aussi banalisée que de manger un bout avec une amie ; nous n’aurions plus cette énergie de frustration permanente et, comme les Bonobos, nous pourrions alors penser à nous épouiller, nous caresser avec tendresse. Pour cela, il faudrait combattre d’abord les spoliateurs et tous ceux qui s’enrichissent au détriment des gens (1% des revenus est partagé par 50% de la population et les 99% autre ?) et comprendre l’adage de Pierre-Joseph PROUDHON : « La propriété, c’est le vol ! ». Notons toutefois le paradoxe où, si les gens « pouvaient jouir sans entrave », ils n’auraient alors plus d’énergie rancunière pour faire une révolution contre l’oligarchie et la particratie de façade masquant à peine la globalisation ultralibérale ou encore de travailler toute leurs vies pour des marchandises parfaitement inutiles. La soumission automatique des brebis serait encore pire qu’aujourd’hui (même si les Grecs se réveillent à 1000.000 dans les rues après deux ans d’austérité, là où la pression du citron s’accentue encore (400 €/mois de salaire minimal garanti alors que le salaire d’un député européen est de 13.500 €/mois sans les jetons de présence complémentaires et que nos ministres acceptent une réduction de 5% de leur traitement alors que l’inflation dans les foyers pauvres est de 30%).
« La vocation des humains est de communiquer, c’est-à-dire d’échanger leur vécu pour tisser des liens et nourrir la relation à l’autre. C’est ce qu’il faut apprendre aux hommes tout en respectant certainement leur plus grande difficulté à le faire. »[7]
Pendant deux à trois décennies j’ai animé des formations en histoires de vie (l’objet de ma thèse) et sans statistiques, je peux affirmer que les femmes se remettent plus volontiers en question que les hommes plus rigides. Je limitais par soucis d’efficacité mes groupes de travail à dix personnes et la proportion était souvent de 9 femmes pour un homme avec en plus très souvent chez l’homme une résistance au changement, un blocage pour parler vrai et une difficulté à entendre ce que le groupe en autoformation lui reflètait même si en plus je reformulais les remarques respectueuses. C’est probablement cette sensibilité propre aux femmes qui, dans son versant emprise hypnotique, pousse elles qui sont soumises à la violence de l’autre, à pardonner. L’acceptation tacite des femmes (retirer leur plainte par exemple) renforce dialectiquement l’autoritarisme et le passage à l’acte violent des hommes.
Petite élève de Nando recevant sn plant de karité avec un ruban rose.
« En France, selon le secrétariat d’Etat à la solidarité, 137 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint en 2006, soit une moyenne d’une femme tous les trois jours. Mais combien d’hommes dans le même temps ? 0,1 ou 2 ? Il est difficile de le dire, car cette même année seuls deux cas semblaient possiblement être comparables, ce qui nous donne le score affligeant de 137 à 2, qui ne peut que nous évoquer le score délirant d’une finale sportive homme-femme dans laquelle l’éducation et la testostérone viendraient naturellement à bout, sur le plan physique, de la mémoire et de la sensibilité. »[8]
(à suivre : en principe l’en quête de terrain. Mon expérience de terrain m’a fatigué des questionnaires à remplir dans des milieux défavorisés où l’on a peur d’être jugé sur ses fautes et où l’on se ferme comme une huitre en répondant OUI et NON là où l’on demande des explications. L’enquête conscientisante (Paulo FREIRE) par questionnaire à réponse ouverte sera posée par une vingtaine de collaborateurs malines, dans la langue d’origine de l’interviewé, et qui eux noteront les réponses…en principe !)
Intervention du GAP au Mali – Janv.Fév. 2012. Jean-Marie Lange, formateur, 29.02.2012
[1] « Le départ des couches moyennes des quartiers populaires, qui n’a pas été perçu sur le moment, s’est produit en général à la fin des années 1970, avant que les familles d’origine africaine ne soient nombreuses dans les cités. Les cadres et professions intermédiaires sont alors remplacés par les ouvriers européens…très provisoirement. Ces cités sont rapidement devenues des pôles de regroupement des immigrés d’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne et des Turcs. La ségrégation sociale qui se développe parallèlement à la formation des « cités » a généralement précédé la ségrégation ethnoculturelle à l’intérieur même des communes. » Hugues LAGRANGE, Le déni des cultures, Paris, Seuil, 2010, p.112.
[2] PAMANTA Emba ABOUBACAR, « La blessure », Bamako, Togune Edition, 2006, p.56.
[3] « L’action combinée de la testostérone sur le muscle et sur l’humeur, dont elle est un stimulant, contribue à lui conférer des propriétés énergétiques. La testostérone est un facteur d’énergie pouvant aller jusqu’à l’agressivité. »BRENOT Philippe, Les violences ordinaires des hommes envers les femmes », Paris, Odile Jacob, 2011, p.25.
[4] HRDY Srah BLAFFER, La femme qui n’évoluait jamais, Paris, pbp, 2002.
[5] PAMANTA Emba ABOUBACAR, « La blessure », Bamako, Togune Edition, 2006, p.13
[6] SCHMITHORST V.J. & HOLLAND S.K., « Sex differences in the dévelopment of neuroatomical functional connectivity underlyingintelligence found using boyesion Connectivity analysis » in NeuroImage,2007, p.406-419.
[7] BRENOT Philippe, Les violences ordinaires des hommes envers les femmes, Paris, Odile Jacob, 2011, p. 43-44.
[8] BRENOT Ph., ibid., p.27.
Inscription à :
Articles (Atom)