samedi 14 novembre 2009

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;

L'art de vivre lucide ici et maintenant

"Ma grand-mère avait la maladie de Parkinson, mon grand-père l'a pris avec légèreté. Cela m'a conduit à penser plus tard qu'on fait de la maladie grave une montagne ou une taupinière selon la façon dont la famille la vit, l'accepte en souriant, ou la dramatise; car je garde le souvenir de ma grand-mère cessant de trembler au piano et des petits baisers tendres dont mon grand-père l'entourait en lui souriant du fond du cœur. Le regard qu'il posait sur ma grand-mère la faisait vivre comme une jeune femme, belle, normale, aimée par lui et donc par nous tous.(Anne Ancelin Schützenberger)[i]

L'enfer est sur terre ce que nous en faisons, on peut vivre de grands handicaps et de sérieuses souffrances avec le sourire de la vie ou on peut pleurnicher sur soi constamment parce que l'on n'a pas gagné au Lotto; c'est l'écœurement du philosophe espagnol CIORAN [ii]devant les commères qui jouent à "je souffre plus toi !"

La psychologie ne peut être appréhendée sans le côté social relationnel, une psychosociologie; nous ne sommes pas un petit prince unique vivant seul sur une planète. Le sujet vit des conflits intra-individuels ainsi que des conflits interindividuels et sociaux. C'est pourquoi l'un des premiers objets de cette science humaine est bien le traitement des conflits.

Le clown SARKOSY pistonne par népotisme à une des plus hautes fonctions de l'EPAD (Etablissement Public d'Aménagement de la Défense), à Paris, son gamin Jean qui a 23 ans et son bac et non un pedigree de l'ENA ou d'une autre Grande Ecole et tout le monde grogne bien sûr mais se tait. Il n'y a pas de révolution devant cet énorme abus de pouvoir ? Où est la démocratie ? Alors que dans un autre temps, le président de la France aurait pu être COLUCHE, un clown aussi, mais lui lucide.

La Dynamique des Groupes (DG)[iii] fait l'objet depuis la dernière guerre mondiale d'une recherche-action permanente basée sur l'observation effective in situ de groupes restreints (21 personnes maximum) quels qu'ils soient. Il s'agit de comprendre les phénomènes et les tensions dans le tissu social, de distinguer les rôles et les statuts et, à partir d'une situation toujours particulière, de proposer une gestion rationnelle du dit groupe par la mise à plat des conflits sociocognitifs et par la conduite de réunion. Par exemple, si une partie du groupe a le point de vue A et l'autre partie le point de vue B, on ne va pas étouffer le différend (cf. SARKOSY) mais en débattre et argumenter et trouver des compromis en respectant les personnes (donc pas de jugement de valeur ad hominem, du genre il est petit et plein de tics). Notons que dans notre exemple, Jean SARKOSY est le symptôme et que l'objectif du débat devrait porter sur le type de sanction que doit subir SARKOSY père pour s'être moqué aussi cyniquement du peuple.

Kurt LEWIN (1890-1947) [iv], américain d'origine allemande sera blessé à la guerre de 1914-1918 et son frère y sera tué. Psychologue, il a suivi la GESTALT de Max WEIRTHEIMER, Kurt KOFFKA et Wolfgang KOHLER à l'université de Berlin. En GESTALT (psychologie de la forme), chaque situation comme chaque sujet représente une figure fond/forme fluctuante. Parfois, la forme de l'histoire de vie domine; parfois, c'est le fond environnemental, le phénomène étant constitué des deux parties. Par exemple, une histoire de vie contrariée (par la guerre, la maternité,…) ne retrouvera la sérénité que lorsque la boucle du projet sera reprise (un projet important non terminé est comme un cercle de vie non fini), on appelle cette histoire cassée qui veut reprendre, "l'effet ZEIGARNIK" du nom d'une élève russe de LEWIN.

Pour LEWIN, la psychologie est liée à la vie, à ce qui se passe dans la vie quotidienne et active. Avec le conflit sociocognitif écouté et entendu, on peut parfois modifier nos préjugés ou nos rigidités et adopter sans s'en rendre compte le point de vue de l'autre. Du microcosme du petit groupe, on peut passer au macrocosme social malgré les résistances au changement des leaders institués devenus permanents et héréditaires. Les formations qui en découlent ont donc comme double finalité concrète de faire des choses utiles aux gens et de leur donner des outils qui pourraient leur servir dans le fonctionnement d'une démocratie participative.

Il découvre que dans un groupe : "la somme des possibilités est supérieure à la simple addition des parties", ce qui signifie qu'il y a, de par la structure d'animation, des contraintes, des règles à respecter mais également des propriétés émergentes. C'est pourquoi, lorsque l'on débute une formation, il faut être rigoureux et présent à chaque séance du groupe car celui-ci réagit comme une entité et la moindre absence perturbe son bon fonctionnement. Mais dans un autre contexte, celui des groupes à longue durée et en tenant compte de l'entropie, de l'usure, un groupe ne peut jamais être fermé sur lui-même (les anciens combattants sans nouvelle guerre) mais toujours ouvert et accueillant à de nouveaux membres. De même, si un des membres arrive inopinément en retard, on ne va pas privilégier la seule fonction de production (centrée sur la tâche, le programme) mais on va activer la fonction d'entretien (d'accueil) en faisant un petit feed-back de ce qui s'est déjà passé de façon à accueillir le retardataire.

Chaque sujet conserve les traces des cerveaux de l'évolution (théorie des trois cerveaux de McLEAN reprise par Henri LABORIT[v] ). Le plus primitif, le plus enfoui mais toujours également en fonction est le cerveau reptilien égoïste qui capte parfois notre intelligence globale pour sa volonté de pouvoir, de domination en réduisant une situation complexe à une simplification dichotomique avec le bon (nous) et le méchant (l'autre). Le cerveau des mammifères est constitué du système limbique et de la grosse masse des deux hémisphères cérébraux. Le cortex rationnel est limité à la dernière couche des cellules grises (neurones) et permet lui la réflexion et l'anticipation (telle l'angoisse existentielle).

En 1937-1938, LEWIN étudie les climats de groupe : autoritaire, démocratique et laisser-faire. Mais ce sera en 1942 qu'il fera sa plus grande expérience à la demande de Margared MEAD et portant sur les habitudes alimentaires (les bas morceaux du bœuf et les morceaux de choix), la variable placebo étant pour le groupe témoin la publicité et pour le groupe cobaye la participation active. Ce qui a réellement fait changer les décisions des ménagères sur leurs habitudes alimentaires, c'est qu'il s'agissait de leurs propres idées après discussion libre en petits groupes et entre pairs. La grande découverte pour la civilisation est cette possibilité de démocratie effective : on soutient les projets auxquels on a participé et que l'on a créés ensemble. Six mois après l'expérience, lors d'une évaluation de contrôle de l'expérience, les ménagères maintenaient toujours leurs nouveaux comportements acquis.

En 1956, à Ann Arbor (USA), Léon FESTINGER [vi] sera le premier à étudier les manipulations mentales en groupe avec son concept de DISSONANCE COGNITIVE : en un mot, lorsqu'une situation nous dérange, qu'elle est dissonante à nos oreilles au point de vue de nos valeurs, nous allons la réinterpréter, la rationaliser en en changeant le contenu pour la rendre à nouveau consonante. Par exemple, des parents ayant arrêté les études de leur enfant lui disent 20 ans plus tard qu'ils ont toujours voulu le pousser vers des études supérieures.

En DG, les acteurs sont invités à prendre leurs responsabilités sans paternalisme de la part de l'animateur. On évite systématiquement le triangle de KARPMAN (analyse transactionnelle) où il y a un bourreau, une victime et un sauveur (qui jouent des rôles stéréotypés). Toutefois, l'effet de groupe tend vers la régulation, l'homéostasie : l'ensemble des acteurs va demander aux leaders naturels de mettre une sourdine à leur ego, ce qui donne ainsi un leadership tournant et ils demandent également aux plus taiseux d'apporter leur richesse et expérience à l'ensemble du groupe dans le présent de l'ici et maintenant des séances. Les gens silencieux ne sont pas des grands timides comme ils le croient mais des personnes ayant été blessées un jour par l'une ou l'autre réflexion cherchant à faire mal ou même une simple attitude, un sourire narquois ou un fou rire lorsque le sujet s'exprime.

L'animateur est donc vigilant à tout ce qui se dit ou qui se donne à voir dans l'attitude non-verbale des stagiaires. Nous parlons avec notre voix mais aussi avec nos intonations, nos insinuations (le signifiant du signifié) et aussi avec nos mimiques et notre attitude générale. Un stagiaire au sourire moqueur, c'est une attitude; un stagiaire qui tourne le dos au locuteur, c'est un comportement (comme la parole blessante). C'est le rôle de gardien de l'animateur d'une réunion ou du formateur d'une session de verbaliser sans ambigüité (et sans violence) ce non-dit et de l'interdire pour permettre à la communication de se poursuivre.
Notons donc plus finement que toute question n'est pas vraiment une vraie question sollicitant sincèrement une réponse. On dit que souvent en groupe, les filles sont plus fielleuses mais ce n'est là qu'un préjugé que je colporte, une rumeur.

L'animateur va aussi avoir une fonction de recadrage par rapport à l'objectif du débat, de clarification en reformulant une intervention trop longue ou brouillonne et de régulation en faisant taire les plus bavards pour permettre – sans obligation – l'expression des plus taiseux. Dans la fonction de recadrage, il y a aussi la stratégie de la dédramatisation systématique (non pas le déni de ce que la personne dit) pour éviter que les émotions et les ressassements ne reviennent en boucles névrotiques obsessionnelles. Il s'agit d'une volonté technique de pensée positive et non larmoyante, l'opposé des catharsis des groupes bouddhistes qui ne veulent que du vécu saignant et qui veulent enseigner la psychologie en refusant d'apprendre à changer eux-mêmes, à se remettre en question (c'est là le côté pervers de toute religion).

Pleurer sur soi-même inlassablement à longueur de vie n'est pas un bon choix pour la seule existence que nous avons. Quel que soit le malheur qui nous accable, il nous faut pouvoir en faire le deuil pour rebondir dans la vie, c'est ce que l'on nomme avec CYRULNIK[vii] la résilience (se soigner soi-même) et s'occuper aussi des souffrances des autres. Toutefois, il ne faut pas nier non plus sa peine mais prendre le temps d'en faire le deuil. Toute souffrance est un facteur de stress qui en plus diminue nos capacités immunitaires. On peut assister à la mort d'un parent proche sans ressentir autant de douleur que pour la perte d'un animal de compagnie, cela ne se discute pas. J'écris cela parce que aujourd'hui, j'ai du faire euthanasier ma vieille chatte et c'est dur.

L'animateur donc fixe des normes ("ne pas mordre psychiquement son voisin"), un cadre (demander la parole et ne pas faire d'aparté avec son voisin car c'est perçu par celui qui s'exprime en groupe comme une marque de non intérêt, d'irrespect), dire le non-dit conflictuel en termes courtois et en argumentant, reformuler pour vérifier si ce que l'on a entendu est bien ce qui a été exprimé, faire des contrepropositions et terminer par des décisions concrètes. Le feeling de l'animateur sera d'écouter avec empathie et de reformuler en dédramatisant et en valorisant les actions positives en s'exprimant avec congruence (authenticité).

La prise de décision dans le microcosme du groupe doit être démocratique; ce n'est pas celui qui crie le plus fort qui doit mener le jeu ou celui qui a le moins de scrupules (cf. je jeu KO-LANTA de TF1) mais celui qui rassemble autour de lui par sa pondération et sa maturité les votes majoritaires. Le consensus (comme en rêve l'Europe) est difficile à obtenir car un seul peut bloquer l'ensemble du groupe alors que pour un projet, si l'un ou l'autre est opposé, on le réalisera quand même car nous devons dépasser ce conditionnement religieux de "la brebis égarée" qui fait négliger le reste du troupeau.

Lorsqu'il y a une tension interpersonnelle qui paralyse le groupe, on peut recourir à la gestalt de base ou à un psychodrame et faire jouer le conflit avec un jeu de rôle contre-attitudinal. Par exemple, l'époux joue le rôle de l'épouse et vice-versa de manière à se mettre dans la peau de l'autre et mieux comprendre ses émotions.

Anne ANCELIN-SCHÜTZENBERGER [viii] fut une des premières psychologues françaises à vulgariser en Europe les séminaires de DG de LEWIN et les psychodrames de Jacob-Lévy MORENO [ix]. Beaucoup de formateurs en DG ont élargi leur répertoire en ajoutant, à l'ici et maintenant du groupe, l'histoire de vie inscrite dans des perspectives transgénérationnelles avec la loyauté familiale invisible. La loyauté familiale se donne à voir par nos pseudo-choix de vie car soit nous prenons en exemple le modèle de nos parents, soit nous choisissons le contre-pied, ce qui est toujours du déterminisme. On a également perçu avec les travaux cliniques du Dr HILLGARD le syndrome d'anniversaire, par exemple en mourant d'un cancer au même âge, voire le même jour, que sa mère. Se défaire de cette loyauté absurde permet parfois à certains cancéreux une rémission. Mais globalement, nous avons donc peu de marge de liberté (faire la même chose ou strictement l'inverse de ses parents); notre petite liberté consiste à ne plus répéter ce scénario mais à se distancier de ce qui a été fait et non fait par nos ancêtres et surtout à pardonner dans notre cœur pour nous libérer des haines figées. Si on ne comprend pas son histoire et ses antécédents familiaux, alors on n'est pas libre. Nous ne vivons plus dans le même contexte socio-historique que celui de notre jeunesse, alors il nous faut prendre conscience de la façon dont notre histoire de vie agit sur nous pour changer notre possibilité de futur plus serein.

Dans les années 1960, ROSENTHAL et JACOBSON [x] firent des expériences sur "l'effet œdipien de la prédiction (effet Pygmalion, 1971) et ils ont montré l'importance d'un regard d'amour et d'intérêt pour l'épanouissement de la pleine personnalité des sujets. Autrement dit, si on félicite un enfant, on l'encourage à l'effort d'apprendre dans la joie (la récompense étant la reconnaissance) et a contrario, si on le gronde ou pire que l'on l'ignore, il va croire en son incompétence et intégrer ce jugement destructif venu de l'extérieur.

Un autre grand psychosociologue de l'après-guerre s'intéressant à la pédagogie a été Stanley MILGRAM avec ses expériences sur la "soumission à l'autorité". Il part du postulat que nous pourrions être tous des nazis qui ne font qu'obéir aux ordres en perpétrant des génocides et des crimes contre l'humanité. C'est ce que dira le tortionnaire Adolph EICHMAN à son procès de Jérusalem en 1961-1962 : "Je n'ai fait qu'obéir !". L'idée principale à en retirer est que nous sommes des moutons qui, sous une simple contrainte verbale, peuvent tuer leur voisin. Nous savons difficilement résister à un ordre injuste et nous relever en résistant. Placés dans un protocole expérimental où seul un prof en blouse blanche est l'incitateur, 66% des cobayes tuent (fictivement) un acteur par des chocs électriques (voir à ce sujet l'excellent film "I comme Icare").

A la suite de MILGRAM, à Genève dans les années 1980, Jean-Léon BEAUVOIS et Robert JOULE[xi] étudieront les facteurs de la manipulation mentale en groupe et la déviance actuelle néolibérale : comment se servir de cette lâcheté innée pour vendre des produits par la technique de l'amorçage. Regardons à ce sujet la technique de vente du Reader's Digest américain (BP 2616, 2600 BERCHEM), l'exploitation des plus faibles au mépris du respect des principes des droits de l'homme.

En synthèse :
Règles de dynamique des groupes pour un fonctionnement harmonieux des équipes de travail

1. La Courtoisie (deux personnes qui se fâchent ne produisent rien d'autre que deux émotions). Sans intimidation (hausser le ton, crier, couper la parole, quitter la table des négociations,…), on doit respecter la susceptibilité de chacun. Il est en effet nécessaire de préciser que la communication est complexe et que prendre la parole n'est que de l'expression qui n'est pas en soi structurée.
2. L'Argumentation : Dire une chose certes mais l'étayer sur des arguments probants; à défaut de vérité, qu'ils soient au moins valides.
3. Contre-proposition : Si je ne suis pas d'accord avec un autre projet (en plus de la courtoisie et des arguments), je dois aussi m'impliquer et proposer un projet de remplacement plutôt que de rester évaluateur.
4. Pas de critique ad hominem : Eviter les jugements de valeur et les projections du genre "moi à ta place".
5. Démocratie appliquée : Lors d'une décision commune, tous doivent participer. Imaginons une équipe d'intervention de 5 membres où une personne fait une proposition et une autre l'exact contraire, il ne peut être question qu'un seul acteur décide pour 5 et tous doivent se prononcer.
6. Pas de sacrifice : On ne doit pas se forcer ou s'épuiser et notre bien-être est aussi important que nos projets. Si nous faisons une chose par devoir, il n'y aura plus de la solidarité mais de l'obscurantisme.
7. Respecter sa parole : ses engagements vis-à-vis du temps des autres, des rendez-vous, des tâches,…On commence un projet à l'heure dite et on le finit également à l'heure. Le timing est une notion occidentale mais aussi une valeur (la précision et le respect de l'autre qui nous attend).
8. Réseau maillé : En organisation du travail moderne, le système le plus performant est le réseau maillé. Comme un paquet de cordes où tous les nœuds sont des intervenants interchangeables, ce que l'un sait faire, l'autre le peut aussi, ce qui donne l'opportunité de se remplacer.
9. Agir notre spécificité : Nous pouvons apporter à l'équipe nos spécificités : ceux qui font les comptes, ceux qui parlent les langues vernaculaires, ceux qui gagnent de l'argent, ceux qui rédigent des rapports ou alimentent un blog. Il est donc conseillé à chacun de s'impliquer et d'en faire état lors de réunion.
10. L'Animateur : en début de réunion pointera les présents à l'heure, les excusés, les absents ainsi que pendant la réunion ceux qui doivent partir car ils ont mieux à faire ailleurs. Les réunions ne doivent pas être trop longues pour ne pas lasser (2 h), l'animateur demandera pour chacune un secrétaire rapporteur qui dactylographiera son rapport pour chacun. L'animateur sera directif sur la forme (ne pas se couper la parole par exemple) et permissif sur le fond (créativité), il reformulera les idées émises de façon à ce que le secrétaire ait le temps de noter et pour ne pas se perdre en redondance. Pendant la réunion, il veillera que l'on ne s'écarte pas de l'ordre du jour, il reformulera des propositions trop touffues et fera taire les plus bavards pour donner la parole aux plus silencieux. L'animateur termine la réunion sur des prises de position avec des responsabilités (qui fait quoi ?) et des projets d'action concrets en accord avec les objectifs du groupe.
11. ELUCIDATION : Avant de débuter la réunion suivante, l'animateur demandera une évaluation détaillée de la précédente et des engagements de chacun et ces informations seront actées aux cahiers des rapports. Evaluer, c'est vérifier si oui ou non une proposition est atteinte et non critiquer une personne par des jugements affectifs. Elucider une problématique permettra de ne pas recommencer les mêmes erreurs.
12. Pédagogie du projet : Construire des projets, c'est partir de l'écoute des besoins des gens, puis de l'analyse in situ de la faisabilité de ceux-ci par une équipe. Dans le tiers-monde par exemple, le besoin majeur et légitime sera toujours celui d'argent pour consommer et peu de projets d'autonomie ou de solidarité villageoise. Les projets doivent être modestes, concrets, délimités, et évaluables.

Conclusions

Plutôt que de se gargariser de mots sans moyen d'application comme la mixité sociale (mon petit-fils est le seul belge de sa classe) ou de la pseudo-discrimination positive (subside alloué à pratiquement toutes les écoles et qui correspond au ZEP français) dans les écoles, où on veut bien les subsides complémentaires mais sans ébaucher la moindre remédiation, on pourrait tout simplement donner des matières telles que "comment vivre en groupe ?" et apprendre le civisme et la politesse.

On peut se demander si les responsables de l'école ont lu et compris la nécessité de cours de civisme responsable pour former, après LEWIN, des citoyens responsables et la nécessité d'une pédagogie comme celle de John DEWEY ("apprendre à apprendre") au lieu de la sinistre et stupide sélection scolaire qui prévaut ?

L'école est un enjeu humaniste et pour les démocrates un outil d'émancipation sociale (pour les petites filles d'Afghanistan et d'Asie en général) tandis que pour les conservateurs, il s'agit d'un outil de reproduction comme le signalait il y a 50 ans le sociologue Pierre BOURDIEU [xii], là où les élites se reproduisent entre gens de bonnes familles bourgeoises.

L'école est le plus bel instrument pour l'épanouissement personnel, l'émancipation sociale et la socialisation responsable mais elle est de droite dans sa gestion (y compris lorsque c'est le PS qui gère l'enseignement). En effet, choisir de saturer les écoles primaires d'ordinateurs qui pourrissent en monticule dans une classe abandonnée car insalubre (là où il pleut) ou d'équiper de grillages des écoles secondaires avec des vigiles en plus est une utilisation de l'argent public avec des valeurs néolibérales; celles que nous préconisons (la très très grosse majorité du corps enseignant depuis plus de 20 ans) est dans la revalorisation salariale et psychique des enseignants ET dans des cours d'apprentissage de l'art de vivre et de vivre ensemble soit des échanges encadrés (donc dans des classes non surchargées ne dépassant pas 20 personnes) et donc entraînés par des profs formés à la DG et des débats avec animation structurée pour s'entraîner à la citoyenneté responsable (des heures pour les profs de morale par exemple).

Mais au contraire, depuis l'échec des grandes grèves enseignantes de l'hiver 1990-1991, le pouvoir politique fait "toujours plus de la même chose" et pour avoir détruit la qualité de l'enseignement pour entrer dans le système euros la Wallonie est aujourd'hui classée par le rapport européen PISA comme étant parmi les plus mauvais enseignements d'Europe à cause de son taux d'échec trop élevé, donc trop élitiste. Pourtant on peut donner des formations excellentes et exigeantes sans pour cela humilier des enfants et leur faire perdre confiance en eux par l'échec. De même, la coopération au développement devrait rendre des comptes aux citoyens : combien d'écoles dans le tiers-monde soutenues par la Belgique avec efficacité?

Enfin épinglons les valeurs des enseignants : il y a les "moffleurs en série", ceux qui veulent redresser par la contrainte de l'échec en attachant un tuteur garrot au cou de la créativité des jeunes et il y a les jardiniers, compagnons expérimentés, qui font confiance à l'héliocentrisme des humains et aide à grandir sans brimade. Laissons le mot de la fin à Michel de MONTAIGNE : "Pour un enfant, je voudrais qu'on fût soucieux de lui choisir un guide qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine"; il ajoute "Que le précepteur ne loge rien dans la tête de son élève par pure autorité ou en abusant de sa confiance" et il termine par une citation de Dante : "Car, non moins que savoir, douter m'est agréable"(Les Essais, Gallimard, 2009).


Jean-Marie LANGE,
Maître assistant honoraire de la Haute Ecole TROCLET,
11.11.2009.
[i] ANCELIN-SCHÜTZENBERGER, Le plaisir de vivre, Paris, Payot, 2009, p.58.

[ii] CIORAN, Le crépuscule des pensées, Paris, Livre de Poche, 2004.

[iii] ANZIEU D., Le groupe et l'inconscient, L'imaginaire groupal, Paris, Dunod, 1981.
ANZIEU D., Le Penser, Du Moi-peau au Moi-pensant, Paris, Dunod, 1994.
ANZIEU D. & MARTIN J.Y., La dynamique des groupes restreints, Paris, PUF, 1968.

[iv] LEWIN K., Psychologie dynamique, Paris, PUF, 1959.

[v] LABORIT H., Eloge de la fuite, Paris, Gallimard, 1989.
LABORIT H., L'agressivité détournée, Paris, 10/18, 1981.
LABORIT H., La légende des comportements, Paris, Flammarion,1994.
LAINE A., Faire de sa vie une histoire, Paris, Desclée de Brouwer, 1998.
LA METTRIE J.O. de, Discours sur le bonheur, 1750, Paris, L'Arche, 2000.
LANGE J.M., Autoformation et développement personnel, Lyon, Chronique sociale, 1993.
LANGE J.M., Une introduction à la psychopédagogie, Liège, Editions du CEFAL, 2001.
LANGE J.M., Une introduction à la psychosociologie, Liège, Editions du CEFAL, 2002.
LANGE J.M., Pédagogies émancipatrices et revalorisation de l'enseignement technique, Paris, L'Harmattan, 2002.
LANGE J.M., Une introduction à la médiation, Liège, Editions du CEFAL, 2003.
LANGE J.M. Une introduction à la psychologie relationnelle, Paris, L'Harmattan, 2005.

[vi] FESTINGER L., A Theory of Cognitive Dissonance, Evanston, Row 1 Peterson, 1957.

[vii] CYRULNIK B., Les nourritures affectives, Paris, Odile Jacob, 2.000.
CYRULNIK B. Sous le signe du lien, Paris, Hachette,2003.
CYRULNIK B. L'ensorcellement du monde, Paris, Odile JACOB, 2001.
CYRULNIK B. Un merveilleux malheur, Paris, Odile JACOB, 2002.
CYRULNIK B. Parler d'amour au bord du gouffre, Paris, Odile JACOB,2004.
CYRULNIK B., Les vilains petits canards, Paris, Odile JACOB, 2004.
CYRULNIK B., De chair et d'âme, Odile JACOB, 2006.
CYRULNIK B., La naissance du sens, Paris, Hachette, 2006.
CYRULNIK Boris, Autobiographie d'un épouvantail, Paris, Odile JACOB, 2008.
CYRULNIK B., Je me souviens, Paris, L'Esprit du temps, 2009.

[viii] ALLOUCHE-BENAYOUN J. & PARIAT M., La fonction formateur, Toulouse, Privat, 1993.
AMADO G. & GUITTET A. Dynamique des communications dans les groupes, Paris, A. Colin, 1991.
ANCELIN SCHUTZENBERGER Anne, Le psychodrame, Paris, pbp, 2002.
ANCELIN SCHUTZENBERGER A., Aïe, mes aïeux !, Paris, Desclée de Brouwer, 1998.
ANCELIN SCHÜTZENBERGER A., Psychogénéalogie, Paris, Payot, 2007.
ANCELIN SCHÜTZENBERGER A., Le plaisir de vivre, Paris, Payot, 2009.

[ix] MORENO J.L., Psychothérapie de groupe et psychodrame, Paris, PUF "Quadrige", 2007.

[x] ROGERS C.R., Le développement de la personne, Dunod, 1966, 1991.
ROGERS C.R., Liberté pour apprendre, Paris, Dunod, 1973.
ROSENTHAL R., JACOBSON L., Pygmalion à l'école. L'attente du maître et le développement intellectuel des élèves, Paris, Casterman, 1971.

[xi] BEAUVOIS J.-L., Traité de la servitude libérale, Analyse de la soumission, Paris, Dunod, 1994.
BEAUVOIS J.L. & JOULE R., Soumission et idéologies, Psychosociologie de la rationalisation, Paris, PUF, 1981.
BEAUVOIS J.L. & JOULE R., La soumission librement consentie. Comment amener les gens à faire librement ce qu'ils doivent faire ?, Paris, PUF, 1998.

[xii] BOUDON R., La place du désordre; critique des théories du changement social, Paris, PUF, 1984.
BOUMARD P., Les savants de l'intérieur, L'analyse de la société scolaire par ses acteurs, Paris, A. Colin, 1989.
BOURDIEU P., Questions de sociologie, Paris, De Minuit, 1984.
BOURDIEU P., Contre-feux. Propos pour servir à la résistance contre l'invasion néolibérale, Paris, Raisons d'Agir, 1998.
BOURDIEU P. La domination masculine, Paris, Seuil, 1998.
BOURDIEU P., La misère du monde, Paris, Seuil, 1993, Points, 1998.
BOURDIEU P., & PASSERON J.Cl., La reproduction, Eléments pour une théorie du système d'enseignement, Paris, De Minuit, 1970.

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