mardi 1 décembre 2009

La KABBALE (SEFER HA ZOHAR)

"L'Un est le processus (l'énergie)
Le Deux est le Ciel (YANG) et la Terre (YIN)
Le Trois, ce couple et l'harmonie de leur devenir."
(Les Trois Précieux du TAO)

Hypothèse

Aujourd'hui, les droits de l'homme (et surtout de la femme) sont critiqués par les barbares islamistes terroristes. Le psychologue Carl Gustav JUNG, chercheur scientifique sans peur des hypothèses et non mystique, évoque la probabilité d'archétypes communes à l'humanité en ce qui concerne les valeurs les plus sacrées (au-delà des trois religions abrahamiques, dites du livre) comme par exemple, le soufisme, la Kabbale, le Tao, les Upanishads, la philosophie sans Dieu du zen, etc. Ci-après une lecture laïque des dix sefirot du ZOHAR. Nous ne sommes qu'une seule humanité qui voudrait rassembler les gens de bonne volonté dans une écologie citoyenne pour la dignité humaine et une spiritualité éthique, car nous sommes nombreux comme les épis de blé mais les tueurs fascistes sont et seront toujours là, le côté obscur de la force.

Les dix sefirot



1. KETER ou "la couronne" ou encore la volonté de vivre qui agit dans notre entité, dans l'ici et maintenant pour évoluer et sortir de nous-mêmes : "je serai !". Nous devons connaître les racines de notre histoire de vie sans pour autant nous enfermer dans un passé nostalgique bloquant. Tout comme le futur ne doit pas devenir une fuite activiste en avant, dans le faire névrotique. L'idée est de rester vivant tout en faisant des projets non aliénants.
La couronne est une forme qui encercle le lieu et le temps et nous nous sommes dans le présent de l'ici et maintenant avec sérénité, tout en restant concentrés sur l'action de l'instant et non sur le plus tard: "Quand j'écris, j'écris!" dit également le TAO (la Voie).

2. KOKHMA ou "la sagesse". L'éveil de la conscience commence lorsque l'on est capable de se remettre en question et de s'interroger sur toutes nos certitudes, celles qui ne font pas de doute. L'homme n'a pas d'autre sens que d'être, il n'y a pas d'essence, juste l'existence d'une entité biologique. Voyager n'est pas partir vers des continents lointains mais conscientiser – au-delà des habitudes et des routines - la présence des humains proches qui nous entourent.
Posons un regard et redécouvrons l'autre, ouvrons-nous par la pensée positive et le sourire à son altérité.
Comme à l'aube de l'humanité, regarder avec notre cœur d'enfant non encore figé dans des habitudes, préjugés, convictions, foi et théories non vérifiées.
L'homme que nous étions hier n'est plus, nous sommes en perpétuel devenir, nous émergeons toujours différents au-delà des simples rides reflétées dans le miroir du temps. Si nous arrêtons d'apprendre et de changer, nous serons phagocytés par notre entropie en "vieux qui ne bougent plus et qui attendent !"(BREL).
Soyons humbles et à l'écoute sincère de la parole de l'autre, améliorons les idées des autres de nos commentaires créatifs plutôt que de les juger et de les combattre. Interrogeons au lieu de vouloir convaincre, affinons nos questions plutôt que d'accepter dans la hâte des réponses superficielles. Le KOKHMA est appelé "père".

3. BINA ou "l'intelligence". La Bina dite également Ima est appelée "mère", c'est la possibilité de déduire ou d'induire par l'intuition créative à partir de la logique analytique masculine. Celle-ci permet une insertion dans la technologie du monde avec le lien cause-effet. BINA est reliée à la langue maternelle, elle est à gauche du corps et activée par le cerveau droit.
Les matières techniques, technologiques et verbales sont traitées par le cerveau gauche masculin, les perceptions visuelles et les émotions permettant le choix dans diverses logiques sont de la capacité de l'hémisphère cérébral droit.


3. DHAAT. La BINA et la sefira de HOHKMA sont reliées par la sefira cachée DHAAT pour former un SEYOL soit un triangle équilatéral avec la base en haut, c'est le symbole de la paix, de l'équilibre et de l'harmonie. Le lien entre le rationalisme et un intellectualisme ouvert différent de la pensée logique. Entre la raison et l'intuition poétique, le DHAAT ou intelligence émotionnelle résulte de l'expérience de notre histoire de vie, la joie ou la tristesse que nous pouvons ressentir. En dynamique des groupes, on parle à cet effet du "Ressenti".

Notre civilisation a développé une hyper activation de notre hémisphère gauche logique; or, nous avons bien, homme et femme, les deux hémisphères, le droit est actif et sous-employé et donc à se réapproprier (surtout par les hommes à la sensibilité un peu étouffée). C'est le principe du psychosociologue Kurth LEWIN : "la somme est supérieure à l'addition des parties" et avec nos hémisphères en phase, nous avons l'émergence EN PLUS de la raison et des émotions. Ce sont en effet ces dernières qui nous permettent de décider sur les spéculations du gauche, ce qui fait notre supériorité sur le travail mécanique plus mathématique de l'ordinateur qui lui ne peut que supputer indéfiniment et non réussir à faire des choix dans la complexité humaine.

4. GUEVOURA ou DIN (la rigueur masculine) et
5. HESSED (l'amour féminin) dont le SEGOL est l'harmonie :
6. TIFERET avec les notions de bien et de mal reliées.
"Le roi Salomon envoya chercher Hiram de Tsor. Il était plein de sagesse, de discernement et de pénétration. Il vint vers le roi Salomon et réalisa le temple. Il forma les deux colonnes de bronze. Elles étaient creuses et d'une épaisseur de quatre doigts.
Il éleva la colonne de droite et nomma son nom, YAKHIN. Il éleva la colonne de gauche et nomma son nom, BOAZ."(Livre des rois, I, 7,21) Les deux colonnes creuses ont un rôle symbolique. Elles permettent à la lumière de l'infini de descendre et de circuler à l'intérieur. La première colonne, yakhin signifie : "Il rend ferme, il donne un sens à l'existence, il fonde le "oui" du monde. La seconde colonne, boaz, signifie :"en lui la force". La colonne yakhin est le héssèd. La colonne boaz, le din. Nous avons parlé de trois colonnes dans la Kabbale. En fait, c'est l'homme lui-même qui réalise la troisième en se situant entre les deux colonnes; il harmonise en lui le din et le héssèd."[1]

Est "bien" tout ce qui tend à être en accord avec la force créatrice du vivant. Est "mal" tout ce qui s'oppose à la vibration de cette force/souffle/énergie. Mais nuançons, le mal peut être ce qui s'oppose aux pulsions psychopathes, aux instincts animaux et au néolibéralisme et à notre monde imparfait en général. Mais aussi, l'homme qui agit sa liberté a le courage de croquer la pomme de la connaissance pour poursuivre sa croissance intellectuelle et son perfectionnement, dans ce cas le "bien " de Dieu devient un "mal" qui sanctionne la volonté de croissance de sa créature en l'excluant du jardin d'Eden, la loi de Dieu opposée à la liberté de l'esprit et aux lois de la nature qu'il aurait créée en étant parfait ?

Tout ce qui fige, qui affaiblit, qui veut contrôler par des répétitions mécaniques, des inhibitions, des culpabilisations, des habitudes, des certitudes et la passivité est le mal. Le "bien absolu" d'une hypothèse divine est le mal absolu qui exclut la liberté et l'évolution de la créature, dit clairement la Kabbale. Selon les contextes donc, il nous faut jongler dialectiquement avec NIETZSCHE entre parfait et imparfait pour dépasser ce paradoxe de la subjectivité.

Le cercle par ses lois enferme tout progrès de la liberté, son rayon, la droite qui va de l'avant symbolise la réalité en développement, l'ouverture du mouvement du centre vers la périphérie inconnue. La vérité est dans cette harmonie entre les lois répétitives et innovatrices, entre din et héssèd. Le din, c'est la loi naturelle de la physique et de la gravitation, c'est l'orientation sociale de l'institué avec la rigueur et la justice; le din, c'est donc le cercle mais aussi le point refermé sans espace ni temps, c'est une configuration close qui a besoin de la force instituante de la créativité en mouvement du héssèd. Les lois sont le cercle et la droite créée par la règle peut dépasser le rayon, dans une poussée utopiste pour les lois de demain.

Le héssèd abolit le repos, le statique, la ligne est dynamique et opposée au point et par le mouvement, elle crée l'énergie vitale, le don et l'amour, la bonté et le geste vers l'autre mais aussi le désir insatiable d'être autre, soit aussi bien le feu de la passion que le désir de se perfectionner. Un monde ordonné et structuré qui manquerait de rêves et de la créativité serait étouffant, un monde qui ne serait que poésie, imagination et amour serait éthéré, sans forme stable. TIFERED unit la structure stable du cercle clos (din) avec le souffle vital, le cercle ouvert en spirale (héssèd). La pulsation de la vie et la rigueur des institutions pour vivre ensemble en harmonie dans nos institutions démocratiques toujours fluctuantes et dans le changement, sinon risquant de devenir totalitaire.

"Le but de l'initiation humaine est la réintégration de l'homme dans son essence, à la fois par l'intellect et par le cœur, par une sorte de nostalgie d'un rythme de Lumière et d'Harmonie dont le souvenir et l'espérance demeurent au plus profond de nous. Nous rappelons ici que ce "souvenir" est l'un des archétypes de Carl Gustav JUNG. La phrase tirée de la Table d'Emeraude d'Hermès Trismégiste est célèbre : "Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, pour accomplir le miracle de l'unité.""[2]. Le lien entre l'univers et l'homme poussière d'étoile.

7. NETSAH (Victoire) et 8. HOD (Splendeur) forment le SEYOL 9. YESSOD (Transmettre).
Nétsah est la maîtrise (victoire sur nos pulsions ?). L'homme en Education permanente a d'abord travaillé son émancipation et accepté d'être dans ce qu'il fait (et non dans la soumission à la volonté des autres) : KETER.
Puis, il a organisé son esprit pour utiliser ses analyses rationnelles et sa créativité intellectuelle (KOKHMA-BINA-DAAT), il a ensuite posé ses repères avec la règle et l'équerre de la rigueur de la terre et le compas du ciel et de la lune pour les confronter avec la compassion et la passion (l'eau et le feu) pour enfin découvrir une harmonie qui lui est propre à partir des éléments symboliques fondamentaux. L'homme maîtrise ses pulsions mais refuse de se contenter de la contemplation pour au contraire s'investir dans l'action sociale, pour la veuve et l'orphelin, le changement du monde. Il a la force pour aider à une organisation sociale plus équitable, que le monde soit plus juste pour le plus grand nombre.

Une porte ne peut être à la fois ouverte et fermée et lorsque nous ne nous engageons pas pour la sagesse et la responsabilité, nous soutenons le monde tel qu'il est, selon la volonté de Dieu, avec les grandes famines qui vont être en recrudescence en 2010 résultant de la surexploitation néolibérale. Le pragmatisme technique de NTESAH serait de tendre au contrôle de la politique pour en exclure l'oligarchie politicienne avant de sombrer à nouveau dans un totalitarisme réactionnel provoqué par le népotisme et la corruption.

8. HOD est le sefira de la beauté, de l'esthétique. L'œuvre d'art fait rêver l'âme et réjouit le cœur, le voyage vers des contrées lointaines aux sites époustouflants peut être aussi une mise en mouvement vers la beauté quotidienne. Regarder une belle femme avec ses courbes harmonieuses, de petits seins fermes, de petites fesses et un sourire qui donne à voir son âme n'est pas paillardise et luxure mais au contraire sublimation car comme la beauté d'un masque africain, pourquoi vouloir toujours posséder ce que l'on peut admirer (le couché de soleil par exemple) au lieu de se limiter à la maîtrise de soi. A ce sujet, la Kabbale, nous dit : "Il est interdit d'être vieux" car "vivre, c'est naître à chaque instant" (FROMM[3]) dans l'émotion de toutes les beautés qui nous entourent.

En ces temps troublés par la violence sanguinaire des intégristes islamistes, soulignons les poètes du soufisme [4] ("Tout est en tout"), comme Attar (crucifié en 922 sous les Abbasides) :
"Désormais, il n'y a plus entre moi et Dieu d'intermédiaire, ni nécessité de démonstration pour me convaincre. J'ai renié le culte de Dieu; ce reniement était pour moi un devoir, j'ai vu mon seigneur par l'œil du cœur. Je dis "Qui es-tu ?". Il répondit : "Toi"(…) Ayant bu des mers entières, nous restons tout étonnés que nos lèvres soient encore aussi sèches que la plage et toujours cherchons la mer pour les y tremper. Sans voir que nos lèvres sont la plage et que nous sommes la mer.", ou encore Omar Khayyâm (XII°) : "Maintenant, ni hier, ni demain (car) hier est bien loin, mon ami, et demain n'est pas encore venu. Rends heureux maintenant ton cœur malade d'amour. Au clair de la lune, bois le vin, car cet astre nous cherchera demain et ne nous verra plus."[5]

9. YESSOD ou "le fondement" de la transmission et en-dessous de lui mais en lien il y a le dernier sefira: 10. MALKHOUT, recevoir. C'est la conjonction de donner et recevoir, du YIN et du YANG. Il faut pouvoir donner ce que l'on a soi-même reçu. L'enseignement des valeurs unit, alimente le lien intergénérationnel. Il ne restera rien de notre corps et de notre esprit mais nos parcelles de sagesse peuvent migrer dans les nouvelles générations. Savoir donner est facile mais il faut aussi être capable de recevoir avec humilité. Etre ouvert, réceptif aux lumières de Socrate ou de Diderot qui nous viennent en quelque sorte des deux premiers sefirot HOKHMA (sagesse) et BINA (tendresse). Notons que chaque sefira est à la fois masculin et féminin, il s'agit de symboles. Recevoir et donner, c'est partager, nos rêves et découvrir le plaisir d'EPICURE, la joie et l'éthique de SPINOZA et le lien entre la pensée et l'action.

En conclusion sommaire

La joie est liée à cette capacité d'échanger, de se dire pour briser le cercle des pensées toutes faites, c'est l'homme qui s'invente par son histoire de vie acceptée et exprimée. Il ne devrait pas y avoir de barrières entre l'intellect et le corps, la joie d'être en bonne santé et la lumière de l'orgasme. Nous devons prendre soin de notre histoire (passé-présent-futur) dans l'axe, pour nous linéaire, de la temporalité : ce que nous sommes ici et maintenant, ce que nous avons été et ce que nous pourrons devenir.
Nous pourrions réécrire la formule de René DESCARTES "je pense donc je suis !" avec le bouillonnement de la vie-mort ; je lis, j'interprète, je pense, je critique, je m'oppose, j'écoute, j'écris, je questionne, je réponds, je cite, je raconte, je nomme, je discute, j'interpelle, j'apprends, j'enseigne, donc je vis, je suis, même s'il n'y a pas de JE, juste l'énergie et le mouvement : une harmonie.

Jean-Marie Lange,
24.11.2009.

[1] OUAKNIN Marc-Alain, MYSTERES de la KABBALE, Paris, Assouline, 2005, p.217.

[2] RIFFLET Jacques, Les Mondes du sacré, Bruxelles, Mols, 2009, p.710-711.

[3] FROMM E., SUZUKI D.Z., de MARTINO R., Bouddhisme zen et psychanalyse, Paris, PUF, 1981 : " Après avoir réussi à s'épargner le travail et avoir acquis tout le loisir désirable pour se consacrer au plaisir ou à n'importe quelle autre forme d'occupation, les peuples modernes s'affairent à découvrir mille raisons pour se plaindre' de l'insatisfaction de leur vie et à inventer des armes capables de tuer des milliers d'êtres humains par la simple pression d'un bouton. A les entendre, c'est pour préparer la paix !
N'est-il pas stupéfiant de voir que si le mal fondamental, dissimulé dans la nature humaine, n'est pas détruit et que le champ libre est laissé entièrement à l'intellect, il s'escrimera à découvrir le moyen le plus facile et le plus rapide pour se rayer de la surface de la terre."(p.78-79).

[4] LINGS Martin, Qu'est-ce que le soufisme ?, Paris, Points, 1977.

[5] RIFFLET J., ibid., p.353.

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