jeudi 28 janvier 2010

Le développement personnel du micro cosmos

"Quand on entend parler des femmes que l'on viole
Pour beaucoup d'entre nous ça reste des paroles
Hier j'ai rencontré une de ces victimes
Pour la police c'est affaire de routine
Et pour les autres ce n'est guère qu'une histoire
Moi j'ai vu la détresse au fond de son regard
J'ai lavé son corps couvert de sperme et de sang
L'individu était presque un adolescent
Très vite il a fait cela sans amour ni plaisir
Il paraît qu'il a pleuré avant de s'enfuir
Mon Dieu qu'avons-nous fait pour en arriver là
Que faut-il faire pour arrêter tout cela
Ma tête se révolte et mon cœur est meurtri
Et j'ai eu mal pour elle et j'ai honte pour lui
Mais qui d'entre nous n'a jamais violé quelqu'un
Pour ne parler que de ces petits viols mesquins.
(Georges MOUSTAKI, Chanson-cri)

Il y eut un jour, dans la soupe primordiale, une longue molécule d'azote (N), de carbone (C) et d'hydrogène (H) qui donna avec l'électricité atmosphérique une première étincelle de vie avec ce que l'on appelle les "acides aminés" rassemblés dans la molécule spiralée de l'ADN (Acide Désoxyribonucléique) et une molécule jumelle (Janus) mais "photocopieuse" l'ARN (Acide Ribonucléique messager), soit la base des cellules unicellulaires composées d'un noyau comprenant ADN-ARN, d'un cytoplasme et d'une membrane.

Cette base aquatique de la vie évolua vers une structure polycellulaire végétale puis animale où les cellules au départ autonomes se fédèrent, se spécialisent et travaillent ensemble comme un organisme avec des lois internes, des contraintes ET des qualités émergentes dites d'évolution.. Lorsque nous survalorisons notre cerveau qui nous donne un film de représentations mentales, nous avons tendance à négliger cette base de notre organisme complexe : les cellules de notre gros orteil qui, parfois en surcharge d'azote à cause du Bourgogne, nous donnent la goutte, ce qui assombrit notre humeur par la douleur.

Les biologistes peuvent remonter cette évolution et déceler notre pré-encéphale reptilien, base des pulsions, des besoins et de la chasse mais n'ayant, au-delà de ses caractéristiques de prédateur aucune mémoire. Puis, pour faire bref, le méso-encéphale ou système limbique ou cerveau des mammifères (que nous sommes toujours) avec les qualités des émotions et de la mémoire. Enfin le primate redressé développa son cerveau pensant avec le néo-encéphale ou néocortex, cette petite couche externe des cellules grises, les neurones, qui nous donnent l'intelligence (l'anticipation de projet et la réflexion), la conscientisation (introspection et méditation) et l'angoisse de la mort (névrose). Notre branche cousine des Néanderthaliens disparut et nous sommes donc la seule espèce de la race de l'HOMO SAPIENS SAPIENS, nous sommes tous parents et tous différents, parfois en guerre ou en conflit, ce qui est désolant puisque nous sommes tous frères microscopiques à l'échelle du cosmos.

L'homme est un être grégaire qui vit en clan, village, ville et foule de mégapole. Si seuls nous sommes capables de réflexion et de compréhension humaniste, par contre, lorsque nous redevenons amas cellulaires comme à l'échelle d'une foule, nous perdons nos capacités réflexives pour redevenir les cellules influençables d'un troupeau. De la bande de jeunes casseurs de Bruxelles aux hordes fascistes, c'est un peu comme si le fonctionnement en groupe réduisait l'individu à un état émotif décervelé capable d'être manipulé par une passion religieuse ou de politique populiste. On dit qu'Adolf HITLER avait lu les travaux de TARDE et de Gustave LE BON[1] sur la psychologie des foules (bien avant l'actuel Pierre MOSCOVICI [2]).


Hitler se serait donc inspiré des recherches de LE BON et en effet, lorsque dans des documents historiques, on voit 44 millions d'allemands faire le salut d'allégeance ("ZIG HEIL") lors du passage du Führer, on se doute qu'il n'y avait pas 44 millions de nazis mais une influence de masse exploitée non seulement par le Maréchal Goebbels, Ministre de la Propagande mais aussi par des artistes comme Léni RIEFENSTAHL [3], cinéaste du Reich mettant en scène des grandes messes des bons petits soldats allemands bien alignés sous les longs étendards rouges à croix gammée noire sous cercle blanc et à la chaude lumière des torches, nostalgie de certains flamingants.

Dans cette dimension psychologique massive d'une agglomération cellulaire d'hommes différents mais rassemblés par l'uniforme et la foi dans des rituels guerriers, la personnalité consciente et critique s'évanouit et il se forme une âme collective, provisoire certes mais où toutes les consciences sont orientées dans la même direction : tuer l'ennemi du Reich (66 millions de morts est ce prix énorme de la seconde guerre mondiale). C'est le principe des sectes, des castes, des classes (comme le National-socialisme) et des religions guerrières (comme l'islamisme) avec la croyance en la supériorité d'une race (même s'il ne s'agit que d'une ethnie ou d'une religion puisqu'il n'y a qu'une seule race, avons-nous dit).

Nous avons un inconscient énorme (comme les 9/10ème d'un iceberg enfoui) dans lequel nous refoulons l'ombre de notre versant lumière et il en va de même en psychologie des foules : nous abandonnons nos esprits critiques et/ou nos fraternités pour faire un bloc nauséabond sous l'influence de mobiles cachés qui – of course – nous échappent et gèlent par la suite nos consciences : 6 millions de juifs, bébés compris tués par la SHOAH, 1.800.000 dans les génocides des mini-états du Rwanda et du Burundi, et il en a été de même en Bosnie, au Cambodge, etc. Combien de frères humains se sont-ils entretués lors du siècle dernier, c'est glacial [4]. Jamais un prédateur d'une espèce ne s'attaque à ses frères, l'homme est pire qu'un loup pour l'homme. Ce ne fut même pas en dominance pour le profit mais pour le pouvoir d'un Reich de 1000 ans ou de la suprématie d'une ethnie sur l'autre avec une étoile jaune new look sur les cartes d'identité tamponnées TUTSI ou HUTU par exemple.

Regardons aujourd'hui notre pays riquiqui surréaliste dirigé par la majorité politique flamande sans alternance qui se plaint de son manque d'indépendance face à notre communauté wallonne francophone et ouvre des bureaux de propagande à New-York avec des lapsus calami où la Flandre jouxte la France (sans la Wallonie intermédiaire) et où Bruxelles est le centre de la Flandre. Yves Leterme, 1er Ministre ne semble guère compétent pour chanter "la Brabançonne"(Hymne belge) en la confondant avec la Marseillaise française, mais cela importe-t-il puisqu'il représente 800.000 cellules non pensantes flamandes ?

Avez-vous déjà vu un wallon minoritaire demander à l'autre ethnie du pays de faire un effort pour négocier ce qui n'est qu'une revendication tribale de cette autre ethnie sans échange désiré (comme la fin de la sécurité sociale commune par exemple) ? Les wallons sont soucieux des droits de l'homme et de la démocratie (un concept qui échappe aux politiciens) alors que les flamingants n'ont toujours pas compris l'atrocité germanique et revendiquent le droit du sol et l'obligation de connaître leur pitoyable idiome pour ceux qui voudraient au nom des droits de l'homme y résider (85% des communes de la périphérie flamande sont francophones et la région flamande refuse toujours de nommer les Bourgmestres francophones désignés par le peuple). En 1830, la Belgique se donna une constitution et choisit comme langue officielle le français; ainsi, dans les familles wallonnes s'efforça-t-on de ne plus parler notre langue devant les enfants; aujourd'hui, la priorité des écoles est donnée à l'immersion néerlandaise linguistique et non aux enfants les plus faibles risquant l'échec scolaire ? Selon le rapport européen PISA, les écoles wallonnes sont parmi les plus mauvaises d'Europe à cause de leur taux d'échecs élevés. Devant l'apathie du groupe cellulaire face à ceux qui les dirigent mais ne les représentent pas, on peut faire l'hypothèse que les prochaines écoles d'immersion seront en langue arabe mais qu'il n'y aura toujours aucun projet de remédiation contre les échecs scolaires excessifs ?

Précisons que les millions de musulmans ne sont pas concernés pas les extrémistes islamistes fanatiques qui se transforment en bombe humaine aveugle car le principe est de tuer des infidèles, femmes et enfants compris, et de mourir en martyr pour aller au paradis d'Allah cocher 72 vierges avec du sang d'innocents sur les mains; c'est un grand mépris du Coran que ces djihadistes qui réclament la conversion de tous à l'Islam et qui reçoivent en réponse une indifférence crasse. Un jour, les autres cellules humaines de la planète se secoueront
et, comme si c'était un cancer, se débarrasseront d'eux, hélas femmes et enfants compris.
La bande de Gaza en est l'illustration cynique et dramatique, ils sont sous embargo parce qu'ils ont élu le Hamas, groupe clairement terroriste au pouvoir chez eux, ceci ne justifiant pas les conduites inqualifiables des juifs d'aujourd'hui face à ces populations.

La manipulation des foules consiste donc à hypnotiser de façon collective les cellules humaines pour tuer avec férocité et se faire tuer au nom d'une croyance d'amour ou pour la gloire et l'honneur de devenir martyr en massacrant son semblable non armé. Y a-t-il un seul occidental qui s'est fait sauter comme kamikaze devant une école ou dans un marché musulman grouillant de vies ? NON ! Ils osent seulement faire des caricatures et sont victimes de fatwa incitant à la violence la plus abjecte de la part des religieux arabo-musulmans. La seule offense vérifiée de l'Occident est que des GI's ont perquisitionné dans les chambres des dames pour voir s'il n'y avait pas d'arme sans même les violer (ce qui se fait beaucoup au Kivu) Est-ce que cette ridicule offense à la pudeur mérite d'abattre de sang froid des centaines de femmes, d'enfants et de vieillards avant de comparaître, après un tel forfait, devant Allah le miséricordieux (le Dieu de tous, quel que soit son nom)? Ces pauvres imbéciles tueurs sont un cauchemar pour l'humanité vivante. Notons toutefois que mes amis musulmans tolérants sont – après le pèlerinage à La Mecque – encore plus spiritualistes et tolérants.

La foule est toujours intellectuellement inférieure à l'homme isolé qui prend le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes. D'une manière générale donc, l'homme est un suiveur et comme les moutons de Panurge bêle lorsque les autres le font; avec Salomon ASCH, on appelle cela le conformisme. Toutefois, l'homme est capable de juguler sa barbarie, de se couper de ses compulsions malsaines à faire ou à voir (les PUB à la TV par exemple).

L'homme peut prendre du plaisir à écouter une musique qui l'enchante et/ou à apprendre par un livre qui le captive. Il est aussi capable de méditer ce qu'il a appris et de triturer/malaxer ce savoir pour se l'approprier.

Dernièrement je me suis fait insulté de pédagogue (les sciences de l'Education) par un érudit. Lorsque nous comprenons qu'une critique personnelle nous fait du mal (ce n'est jamais le message seul mais aussi le ton désobligeant qui l'enrobe), il est vain de se fâcher, de se mettre en colère mais intéressant de conscientiser que nous sommes tous des êtres sensibles et que si nous ne pouvons changer l'autre, nous pouvons évoluer nous-mêmes. Ainsi lorsque nous recevons des insultes, si elles ne sont que ponctuelles, pourquoi y répondre; il existe assez de souffrance comme cela, sourions et taisons-nous. De même, si nous percevons une question comme fielleuse, n'obéissons pas à la convention qui veut que l'on répondre à une question, alors que l'auditeur n'a rien à faire d'une quelconque réponse.

Nous pouvons avec la vigilance d'une pleine conscience tenter de nous améliorer par le choix d'une pensée positive, ce qui ne veut pas dire que nous deviendrions des anges sans parfum, car il n'y a rien de pire que de croire que notre côté obscur n'existe pas. Nous avons tous un inconscient avec ce qui y a été refoulé comme dans une poubelle, notre part d'ombre, le dénier, c'est le laisser régner sur notre moi comme de faux enfants de cœur.

Le plus souvent, les entités humaines vivent à deux ou à plusieurs (les couples polygames) et au fil du temps s'irritent l'une l'autre. La grande vérité à comprendre est que l'on ne peut pas changer l'autre mais on peut nous changer nous-mêmes et modifier nos rapports à l'autre si ceux-ci nous font souffrir. La meilleure démarche est d'abord d'identifier nos colères ou tristesses (sans les projeter sur un responsable externe) pour les relativiser et s'en détacher, puis s'améliorer en ne faisant pas – par vengeance – la même chose à l'autre.

Nous n'aimons pas être jugés et nous jugeons. Nous n'aimons pas les gens qui nous cataloguent avec leurs préjugés et nous le faisons. L'autre nous gonfle parfois mais nous ne supportons pas être seul et incompris. Nous critiquons les autres sans les connaître ou en leur déniant leur altérité (surtout les hommes qui veulent modeler LEUR femme), alors que nous voulons être acceptés pour ce que nous sommes ?

En petit groupe, nous allons faire des apartés, avoir des fous rires ou lancer des sarcasmes pour humilier les autres car nous voulons prouver notre valeur supérieure et nous placer au-dessus d'eux. L'humour et l'autodérision sont des baumes de la communication bien sûr mais non l'ironie, entreprise méchante de déstabilisation d'autrui.

"Laisse-moi faire !" dit-on à l'autre du couple, non pour l'aider mais parce que l'on pense qu'il est incapable de faire l'action aussi bien que nous. Nous sommes constamment dans des relations dialectiques avec les autres, mais aussi avec nous-mêmes, entre notre raison et nos émotions, entre la réflexion sereine et le cœur, entre la science et la spiritualité, entre le conscient et l'inconscient.

L'homme travaille comme un baudet, dépassé et écrasé par son activisme, ses charges, son travail, ses obligations envers des ancêtres grabataires, ses devoirs en général, ses tracas, les critiques de ses chefs, de sa femme et de sa belle-mère et il ne voit plus les beautés de la vie ici et maintenant. Alors, il va faire comme les autres, devenir mesquin et méchant; est-ce la seule alternative ?

Son principal problème est qu'il ne s'accepte pas tel qu'il est ("sois ce que tu es déjà !"dit le soufiste MEVLANA, XII°), il ne s'aime pas assez avec ses imperfections bien naturelles et il en souffre au lieu de s'interroger sur cette stupide évaluation de l'excellence (que serait donc un homme parfait ? physiquement? psychiquement ? intellectuellement ?).

On peut certes avoir des finalités souhaitables mais impossibles (l'inaccessible étoile de Jacques BREL), pour nous guider dans une autoformation; par contre, rêver que nous les atteindrons serait de la démence (Force, Sagesse et Beauté). L'homme fait aux autres des projections et des reproches de ce qui ne va pas chez lui. Ce n'est pas sa faute ni celle de ses parents mais d'un conditionnement (éducation) de la négativité qui remonte à nos ancêtres. Nous ne pourrons jamais dépasser nos mesquineries et nos conditionnements sociaux et familiaux, juste en prendre conscience pour nous en libérer progressivement le plus possible.

Lorsque nous aurons commencé notre métamorphose, nous comprendrons que cette personnalité construite (la persona) est une simple représentation de l'esprit que celui-ci a construite pour nous protéger des plus perfides attaques personnelles et que cette image que nous défendons crocs et ongles est un fantasme. L'homme mangé par sa partie animale de la possession de son territoire et de ses femelles lutte contre les autres pour plus de tout : d'espace, de puissance, d'argent, de nourriture, de signes ostentatoires de richesse alors que dans son cercueil, il n'aura rien !

Par contre, un homme ayant conscientisé le côté éphémère de toute chose (lui-même retournera en poussière) peut continuer à se battre – sans violence, ni haine – pour les moins nantis, pour plus de justice, pour les droits de l'homme, pour des politiciens intègres, etc. Il reste dans le combat d'HERACLITE ("le conflit est la mère de toute chose !") mais en étant alors désintéressé de ses propres soifs, envies.

Le sujet qui tente de se perfectionner ne fonctionne plus à la réaction primaire égoïste, il ne ressent plus la nécessité illusoire d'être le plus fort ou le plus intelligent (techniquement) et lâche prise avec la vanité de son ego; il s'applique à quitter l'embourbement de la glaise des possessions pour se libérer, pour s'envoler vers sa liberté par un détachement de tout ce qui constitue nos pauvres enjeux si petits, si minables.

Ne plus attaquer lorsque notre amour propre est en jeu ne veut pas dire se détacher de tout et on peut encore se battre de façon non-violente en disant le non-dit, la parrêsia des grecs, pour défendre les petites gens spoliés.

Nos valeurs doivent changer. En effet, l'homme qui hurle son besoin d'être aimé reste désespérément seul car trop autocentré; l'homme qui cherche un partenaire pour faire l'amour et respecter les conventions sociales - point barre perd sa courtoisie, son affabilité et la simplicité de son honnêteté d'homme refusant tant bien que mal les rôles appris alors que, dans nos sociétés sans repère, nous avons tellement besoin de recréer le respect de la différence, la dignité pour l'autre et la fraternité/l'affection. Jacques LACAN nous donne (dans son séminaire, livre IV) une définition de l'amour : "l'amour, c'est le regard de bienveillance que je vois dans celui de l'autre", ce qui sous-entend une nécessité de réciprocité pour le moyen terme ? Mais si j'ai si peu d'estime pour moi, comme pourrais-je en secréter pour l'autre ? SPINOZA nous en apporte la clé : "souciez -vous d'être bien avec vous-mêmes et c'est ainsi que vous serez le plus utile aux autres".

Nous n'avons pas besoin de cet excès d'agressivité devenu norme ordinaire : la violence (passage à l'acte), les piques, les petites médisances sournoises, les critiques non réclamées, etc. mais au contraire, la nécessité d'être libres et vrais, d'être nous-mêmes même si le monde environnemental est chaotique. Nous ne pourrons pas seuls changer les plaies climatiques de la planète, certes, mais nous pouvons nous changer nous et l'autre aussi peut le faire. La violence est en lien avec la peur et l'orgueil, la peur de l'autre et de sa domination. Et pourquoi ne pas inverser ce mécanisme des valeurs étriquées et au contraire, respecter de façon exquise la vie qui est en face de nous avec toute son altérité ? Voire mieux : appuyer notre force sur l'aspect complémentaire des différences de l'autre ?


Le fort sera l'homme qui ne se sent plus le besoin de jouer un scénario de brute insensible par exemple jouant de son pénis comme s'il avait un révolver mais qui comprend qu'il doit demander à l'autre son estime et son affection, sans mendier pour une dignité partagée. Attention toutefois au conseil névrotique du philosophe Jésus : "il ne faut jamais tendre la joue gauche lorsque l'on a été giflé sur la droite" mais réagir illico pas nécessairement par la violence mais par une légitime agressivité défensive. En effet, il serait trop facile de s'imaginer que, si nous avons pris un chemin, l'autre a fait de même; cela ferait de nous de simples têtes à claque. Par exemple, lorsque quelqu'un nous attaque avec des jugements de valeur ad hominem, demandons lui ce qu'il gagne en voulant ainsi nous faire du mal ?Nous aider malgré nous ? parce qu'il est convaincu de sa supériorité ?...

"La civilisation a été construite sur la répression des instincts" a dit FREUD. Notre surmoi fut nécessaire pour nous formater à une morale sociale minimale (pensons aux génocides des grands lacs) mais il est aujourd'hui hyper disproportionné et nous sommes inhibés ou culpabilisés à l'avance pour nous défendre. Un jeune mâle poussé par sa libido et qui va faire un "compliment" à une jeune collègue ne sera-t-il pas taxé d'harcèlement sexuel ? Alors il fuit dans sa tête mais où pourrait-il tenter ce compliment ailleurs ? sur un site virtuel ?

Pourquoi travaillons-nous comme des esclaves sinon pour être appréciés de nos parents et reconnus socialement ? Pourquoi gagnons-nous de l'argent sinon pour nous payer ce qui nous fait plaisir ? Mais nous allons oublier ces objectifs lointains et nous continuerons, au-delà du nécessaire, pour amasser ce que nous n'utiliserons pas…alors qu'à chaque seconde, un enfant meurt de faim dans le tiers-monde. J'ai reçu un jour un insight du moine zen Thick Nhat Hank : un Gi pleure sur sa barbarie en racontant au moine qu'il a mitraillé de son hélicoptère des femmes, des enfants et des bébés, il y a plus de trois décennies, à My-Laï. Le moine le regarde et lui dit : "je n'ai que faire de tes lamentations, de ton autoapitoyement; ceux que tu as tués sont morts et tu ne peux rien faire avec le passé; par contre, à chaque seconde un enfant meurt et toi qu'attends –tu pour agir ?"

En synthèse : nous avons été conditionnés par notre éducation/élevage dans la tendre enfance et nous ne pouvons nier cet imprinting qui a laissé des cicatrices sur l'enfant qui est encore en nous. Mais pourquoi nous lamenter en boucle ? Nous pouvons avec un formateur-coach ou avec une petite équipe positive retravailler notre négativité pour par exemple sortir du rôle de la victime de service et pardonner à nos parents et donc nous élever dans et par une spiritualité immanente et fraternelle. Certes, nous n'arriverons pas au bout du parcours à nous nettoyer de nos blessures psychiques mais l'important n'est pas la fin mais le chemin buissonnier de la promenade en lâchant prise avec nos gémissements et nos rigidités correspondantes. ("J'ai souffert, donc…!").Tournons la page!

En Europe, est-ce que tous les ritualismes des églises ont occulté la spiritualité ? Les symboles signifient-ils un moyen mnémotechnique pour raviver l'essentiel effacé par le temps de l'ennui ?
Dans un de ses exercices "le rêve éveillé", FREUD demande à son patient de se relaxer complètement, de s'allonger, de fermer les yeux et de laisser fonctionner son imaginaire. "Vous avez 7 ans !", dit-il, "et vous retrouvez à la cave (ou au grenier) une malle ancienne qui, vous le pressentez, contient des traces de votre prime jeunesse insouciante." Nous pourrions modifier les prémisses de l'histoire et changer la malle en une pièce mystérieuse, l'essentiel étant de l'ouvrir et d'y retrouver des objets symboliques qui vous éclairent.

Dans cette pièce, une fois la porte ouverte, il y a une foule de gens qui crient en souriant : "Bienvenue Jean-Marie, tu n'es pas seul !". Il y a là vos proches, vos amis, et aussi vos chers disparus ainsi que des fantômes dont le visage vous est familier (des portraits de famille), il y a vos amis d'école, vos amies, et vos animaux de compagnie : chiens, chats, perroquet, lézard qui vous lèchent de partout affectueusement ou font aller leur queue lorsqu'ils en ont une (le lézard l'a perdue). Vous retrouvez vos plantes et vos cailloux fidèles à eux-mêmes, peu bavards. Non, ce n'est pas le paradis pour Disney Land mais des structures moléculaires réaménagées.

Un ancêtre vous explique que le cosmos est très vaste et plein de poussières et de vide, que notre terre n'est pas plus grosse qu'une tête d'épingle comparée à Betelgeuse et qu'ensemble, sur la planète bleue, nous avons développé la vie organique avec les générations de frères qui se succèdent pour faire de la place à d'autres vivants et cette énergie est en connivence avec le soleil, la nature et ses plantes qui fabriquent de l'O2. Le Monsieur jovial qui se présente comme Carl Gustav termine son laïus en disant : "Nous sommes l'archétype de la société primitive universelle avec la terre, le ciel, l'eau et le feu qui forment l'énergie de la nature vivante. Que l'on soit femme, homme ou cancrelat serrons-nous la pince, nous vivons ensemble et partageons le même air dans nos poumons ainsi que la même eau. Il n'y a ni noir, ni juif, ni bleu, juste des différences culturelles pour exprimer le sacré de la vie et construire ensemble une humanité aimante."

La vie n'a pas d'autre sens que celle d'être vécue puis de mourir et de se décomposer pour faire de la place aux nouveau-nés. Dans l'entretemps, pour ne pas mourir d'ennui et nous épanouir, nous avons besoin de tendresse, d'amour, de caresses et de sexe aussi. Tout ce qui inhibe le plaisir de vivre est intoxication (l'argent, le pouvoir, l'orgueil et la vanité). Pourtant, ce côté ombre existe aussi et c'est au libre-arbitre de l'homme (décrété ou non par lui-même) de choisir ce dont il a besoin pour sa vie avec sa raison et ses émotions. Choisir entre le surtravail ou l'affection permanente et surtout ne plus croire que l'un apporte l'autre car ils sont antinomiques. De plus, comme disait La Palisse, le travail, c'est fatiguant.

Il n'y a que poussières certes,
Mais la vie éphémère existe aussi ici

Jean-Marie LANGE,
27.01.2010
[1] LE BON Gustave, Psychologie des foules, Paris, Flammarion, 2009.

[2] MOSCOVICI S., L'âge des foules, Paris, Fayard, 1981.

[3] RIEFENSTAHL Léni, L'Afrique de Léni, Gütersloh, Mohndruck, 1984.

[4] SEMELIN Jacques, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, Paris, Seuil, 2005.

mercredi 20 janvier 2010

TION PSYCHOSOCIAL
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique: Jean-Marie LANGE gap.belgique@skynet.be;
DEXIA : 068-2426901-85; IBAN BE89 0682 4269 0185 BIC GKCCBEBB
Site : http://soutien.et.autonomie.free.fr
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ECHECS SCOLAIRES… pour les moins nantis culturellement ?
Hommage au devoir de résistance du formateur Marcel DEPREZ

"Les débats sur l'école sont construits par la tension entre une école de l'intégration et de la socialisation, et une école de la diversification et de la compétition transparente (…)
(Dans l'expérience scolaire même) des élèves déclarent leurs intérêts, leurs passions, leurs enthousiasmes, ou au contraire leur ennui ou leur dégoût pour telle ou telle discipline, affirmant par là une double distance au conformisme de l'intégration et à la seule utilité scolaire. Et l'on sait que, pour bien des élèves, la séparation de la "vocation" et de l'utilité, c'est-à-dire de l'intérêt pour soi et de l'intérêt social, est au cœur de leurs relations au savoir. C'est d'ailleurs dans ce hiatus que se forment à la fois la subjectivation et l'aliénation scolaire, la révélation d'une vocation ou, au contraire, le sentiment de vide et d'absence de sens des études."(DUBET et MARTUCCELLI)[1]

Pour un monde plus humain dans l'utopie, développant la fraternité entre les classes sociales et la solidarité envers le Tiers-monde et la liberté de pratiquer la désobéissance civile envers le monde politique, qui nous dirige mais ne nous représente plus (et le monde policier qui nous sanctionne de PV pour aggraver encore la perte du pouvoir d'achat). Pour un monde de justice et d'égalité où nous laisserions une terre saine pour les générations à venir ainsi que des valeurs et une éducation sérieuse et non sélective à nos enfants.

Survol pour une analyse de l'institution école

Mon collègue sociologue fait passer les examens de repêchage en première année baccalauréat "Assistant en psychologie", ils devraient être trente, il n'y a aucun à se présenter ? Pourquoi cet abandon massif à l'issue d'une première année de l'enseignement supérieur ? Serait-ce dû au fait que le minerval est trop démocratique ? ou que des gens viennent "en touristes" pour voir? Serait-ce parce que le prof est trop sévère et décourage ? Parce que le sens de l'effort n'est plus à l'ordre du jour ? Je ne pense pas qu'une seule de ces hypothèses explicatives soit valide séparément mais elles influencent peut-être toutes la prise de décision individuelle des jeunes de décrochage. Le paysage des mal-à-être change et les névroses font place aux grosses fatigues à être Soi (l'apathie) ou le "pétage des plombs (l'impulsivité). Le diplôme ne miroite plus comme avant même si les études sont soi-disant démocratisées, car il n'y a pas nécessairement d'emploi à la clef et le CAPES (Certificat d'Aptitudes Pédagogique pour l'Enseignement Supérieur) que nous aurions rêvé en compagnonnage se résume à des devoirs didactiques dans une relation d'autorité, soit un modèle pervers.

Que pourrions-nous faire, nous enseignants, à notre niveau pour arrêter ce gaspillage des ressources humaines futures ?

L'école est une institution, elle ne peut être que ce que les hommes en font; c'est pourquoi, elle est à la fois sublime quand par l'éducation basique, elle permet à des enfants du Tiers-monde ou du Quart-monde de s'en sortir et hypocrite dans sa sélectivité de plus en plus sévère (mais il faut reconnaître que chez nous en Europe, beaucoup plus de jeunes se risquent dans les études supérieures). Depuis des décennies, les chercheurs se penchent sur les moyens de réduire le désintérêt, les échecs et le décrochage et ce sera en vain car le problème est d'abord politique.
Tant que l'action politique se limitera à faire des ghettos de discrimination positive pour que les bourgeois ne mettent surtout pas leurs enfants dans ces écoles, instillant que le sauvetage de cette gabegie aura lieu en général par le financement indirect de Microsoft et par les TIC en particulier, cela incite "la volonté du chef de famille" à choisir pour sa progéniture le meilleur, donc l'élitisme. Même s'il est absurde de penser que les bons profs sont tous dans les écoles sélectives et les mauvais dans les autres, c'est plus que des rumeurs sans fondement, c'est de la propagande jésuitique sous la bénédiction de l'Etat laïque.

L'affirmation de Soi est d'abord une question subjective de représentation mentale. Le diplôme est un symbole initiatique qui, comme tous les objets du désir, perd de sa valeur lorsqu'on le possède, mais fait fantasmer les autres.

L'école ne transmet pas que des connaissances mais aussi les normes de la culture scolaire bourgeoise. Un enfant qui n'a jamais vu de livres chez lui a un handicap. S'il voit que l'on ne s'intéresse pas à ses devoirs et qu'il doit les faire tout seul devant la TV allumée en permanence, il a alors un fardeau de handicap. Nous avons rencontré des parents analphabètes qui faisaient lire ou "réciter" leur enfant, c'est possible mais rare car ce n'est pas le modèle parental et de toute façon, les exceptions serviront à nier les travaux des sociologues de l'éducation comme Pierre BOURDIEU qui croit à la reproduction des inégalités sociales.

A Montréal, dès les années 1990, dans les écoles primaires avec des classes de 15 apprenants, j'ai observé que l'instituteur était secondé de deux orthopédagogues qui prenaient à part les enfants en difficultés pour une pédagogie différenciée. Chez nous, bon dernier dans le rapport PISA sur l'efficacité des systèmes scolaires à cause de nos trop nombreux échecs, la seule réponse sans rire sous la pression fanatique d'une ethnie flamande, ce sont les écoles d'immersion en néerlandais, là où il faudrait des écoles Freinet.

Depuis toujours j'ai pratiqué des méthodes de pédagogie active, ce qui demande dix fois plus de préparation qu'un cours ex-cathedra. Mais cela vaut le coup car mes apprenants apprenaient avec plaisir et enthousiasme. Mis à part mon dernier directeur de catégorie sociale, j'affirme sur l'honneur n'avoir jamais reçu de félicitations de la part de ma hiérarchie directe ou de mon e PO (l'enseignement de la province de Liège), en 36 ans d'enseignement, rien que des lettres de blâme que je conserve soigneusement. Si j'ai continué, c'est parce que je suis un passionné par ce travail d'accoucheur de jeunes à la vie professionnelle. Je fais toutefois l'hypothèse d'un management élémentaire que, si nos plus jeunes collègues font au début de leur carrière un effort de ce type et ne reçoivent que du déni de leur Direction Générale, ils reviendront bien vite au moindre coût des cours magistraux ennuyeux mais plus confortables pour eux, ce qui est légitime.

Moffleurs en série par défaut ?

Il n'y a pas de longues recherches à faire, les causes sont institutionnelles : d'une part, pour des caprices Erasmus profitant à une élite, les profs doivent concentrer leurs cours pour l'essentiel sur les trois mois d'automne, ce qui signifie donner cours 6 à 8 heures/jour, ce qui d'un part constitue me fatigue à l'excès et d'autre part démotive les jeunes enseignants. Notons toutefois que la non ponctualité de certains étudiants trop cools empêche les méthodes actives en groupe (les profs n'ayant plus de pouvoir disciplinaire pour des interactions fructueuses et non tueuses d'ambiance ne peuvent empêcher les "touristes" d'entrer dans une classe en travail régulièrement avec vingt minutes de retard).

Les jeunes ne sont plus concentrés, ni respectueux des profs certes mais le principal responsable de cette dégradation est notre système d'enseignement en général (CFB) mangé par la pseudo-rentabilité néolibérale. Nous ne sommes pas une entreprise privée mais un service public mal géré par des politiques irresponsables et la pression pour les économies est actuellement trop forte, ce qui se marque par une perte de qualité. Plus personne d'ailleurs ne parle d'excellence, de zéro défaut ou de qualité totale, cette idéologie est déjà dépassée. Les profs n'ont pas tous besoin d'être noyés sous les ordinateurs pour le profit de Microsoft, ils veulent par contre TOUS des groupes à visage humain (25 élèves par cour par exemple ce qui n'est pas possible avec des collègues placés par népotisme et qu'il faut favoriser) et des locaux décents (propres et chauffés, ce qui n'est pas non plus possible lorsque les techniciennes de surface font la loi via le syndicat).

Cela étant dit, il n'est pas rare dans l'institution scolaire locale de rencontrer des profs qui fassent échouer 50% d'une classe et cela depuis trente ans. Pourquoi les syndicats les protègent-ils ? Un travailleur qui raterait sa production à concurrence de 50%, ne fut-ce que quinze jours, serait licencié sur le champ ? Attention bien sûr à la pseudo-solution démagogique de faire réussir tout le monde y compris les touristes et ainsi dévaloriser le niveau d'exigence du projet pédagogique négocié par l'ensemble des enseignants d'un site. "Moffler" ne veut pas nécessairement dire non plus que les rescapés soient mieux formés grâce au nombre indécent d'échoués. Dans mon ouvrage "Pédagogies émancipatrices et revalorisation de l'enseignement technique"[2], je fais l'hypothèse que chacun économise ses efforts et calcule parfois trop juste son investissement. On confond les échecs de sélection avec les rigueurs d'exigence possible si l'appareil soutien et félicite les enseignants ( car ce n'est pas leur salaire qui pourrait les remotiver en cas de "grosse fatigue". Qui contrôle réellement l'efficience des directeurs généraux ? Et leur réclamer des comptes sur leurs missions à l'étranger, genre CHIRAC. J'affirme qu'avec des classes de 25 personnes, je pouvais faire réussir la majorité par la pédagogie différenciée et la pédagogie du projet, si le management d'une DG faisait son boulot correctement. Notons bien que je forme des directeurs d'école depuis dix ans et ce n'est pas de cet échelon hiérarchique que je parle mais des mafias politiques que j'ai côtoyé pendant trois décennies sans jamais avoir vu sanctionner leur incompétence par le pouvoir dit "citoyen bien encadré".

La pédagogie du projet

Les enseignants du terrain pratiquent pour la plupart un "apostolat", le prof qui prépare avec passion ses séances d'animation consomme le décuple de temps et de stress de celui ou celle qui est planqué(e) là par ses petits amis politiques. Qui peut dire sans rire que le piston n'existe pas dans l'enseignement ? Un changement radical serait de nettoyer l'enseignement de cette main mise politique (et parfois syndicale) selon deux axes : plus aucun clientélisme et une seule école pluraliste pour tous.

Pendant deux décennies, j'ai enseigné dans l'enseignement technique agricole avec la pédagogie du projet; à la même époque d'un enseignement rénové en voie de dégénérescence, mes collègues chargés des "activités d'éveil" faisaient construire par tous les élèves une balance pèse-lettre car cela plaisait bien à l'inspecteur (les fonctions). Les enfants mourraient d'ennui en pensant au "Temps Modernes" de Charlie Chaplin et au mieux le produit réalisé servait de décoration sur le poste de TV de la grand-mère (comme ces infâmes gribouillis des petits-enfants) et au pire finissaient à la poubelle. Qu'est-ce que les jeunes avaient appris de passionnant pour éviter le dégoût de l'école ? Pourquoi ne pas évaluer vraiment en demandant leur degré de satisfaction aux intéressés ?

Avec la pédagogie du projet, le groupe-classe devait à la majorité décider d'un projet commun rassembleur et réalisable. Ensuite, sans passer par la bureaucratie de l'école, on constituait prof et élèves la base financière de la coopérative pour acheter nos matières premières. Nous avons fait de l'élevage de lapins, de canards, de canaris, de poulets, de la culture de légumes, de la culture de champignons, etc. Chaque fois, il fallait tout penser (réfléchir): la construction des clapiers (les volumes et la prévision de la quantité de matériaux), la comptabilité, une comparaison scientifique élémentaire des rations alimentaires et enfin que faire de nos produits finis ? Le fil rouge des décisions, des travaux et des résultats fut tout le temps le plaisir et non l'apprentissage de l'obéissance. Le plaisir d'apprendre certes mais aussi de vivre et de rire sans être dégoûté par l'apprentissage.

Notons que la pédagogie du projet ne peut se passer de déboucher sur la pédagogie institutionnelle et bon nombre d'étudiants ont eu des retenues ou de mauvais points de conduite pour les projets. Par exemple, si on nourrit des lapins dans un hangar de l'école, vacances de Noël ou pas, il faut toujours les nourrir; ainsi, mes étudiants avaient mes clés du hangar (à tour de rôle) et une autorisation écrite de ma part avec mon téléphone et expliquant les tenants et aboutissants. Je pense que ces générations d'élèves ont fait beaucoup de bien pour l'école mais aussi pour eux, pour leur affirmation de Soi.

La pédagogie institutionnelle fait que les apprenants sont confrontés en direct avec l'arbitraire du pouvoir et avec l'hypocrisie des bureaucraties. Des jeunes qui s'amusent en apprenant non seulement travaillent avec plaisir mais apprennent très tôt les incohérences du système. Par exemple pourquoi tant d'heures de cours de X alors que le prof "ne sait plus quoi nous dire, arrive en retard et fait des pauses interminables" disent les apprenants, sur quoi l'évalue-t-on, sur l'intérêt des jeunes qu'il suscite pour sa matière ? Bien sûr que non, surtout pas s'il est pistonné. Développement : pour avoir un bon prof de menuiserie avec expérience, il ne faut pas attendre qu'il vienne mendier une place au pouvoir mais il faut au contraire aller le chercher par une démarche active, soit le débaucher pour l'embaucher. Mais c'est plus facile d'avoir 13 électriciens à la douzaine alors le cours de menuiserie sera donné par un électricien. Mon exemple est seulement didactique et ne vise pas les électriciens qui manquent (comme tous les profs de technique) dans l'enseignement secondaire.

En conclusion pour un niveau méta-organisationnel,

1. Avoir une formation des maîtres pas seulement disciplinaire et didactique mais également méthodologique,
2. Sélectionner ceux-ci à la fois sur leur motivation et si requis, sur leur expérience utile de plus de dix ans (selon la loi, trois ans d'expérience utile sont nécessaires pour le secondaire et une année pour l'enseignement supérieur).
Ces deux objectifs organisationnels impliquent donc sur le plan pratique :
1. Une formation technique aux méthodes pédagogiques participatives faisant de l'apprenant un acteur et non plus un récepteur passif.
2. Un examen d'entrée par un conseil de sages apolitiques qui refuserait le critère clanique d'un groupe politique d'appartenance (ou une religion) et gérerait une vérification des réelles motivations et compétences des futurs maîtres.
Ces deux objectifs opérationnels impliqueraient alors des moyens différents sur le plan tactique :
1. Une revalorisation totale de la fonction avec des locaux modernes et propres et des classes non surpeuplées.
2. Moins d'heures de cours marathon uniquement devant une classe mais des heures valorisées pour la recherche et l'actualisation des matières, soit un bureau avec ordinateur par enseignant à l'école ou si c'est chez lui, un défraiement.
(J'ai toujours financé mes déplacements sur mon salaire, mes photocopies dans l'enseignement technique pour éviter les démarches administratives et dans l'enseignement supérieur, mes ordinateurs, cartouches d'encre, papiers, etc. ont toujours été de ma poche, et cela n'est pas normal, chaque enseignant devrait recevoir un budget de fonctionnement).
3. Etre autorisé à cumuler une activité externe pour se tenir au courant de sa technique quand le cumul rémunéré de mandats reste autorisé aux politiciens de façon effarante.
Enfin sur un plan institutionnel (méta-organisationnel), un troisième objectif dont nous pourrions rêver serait celui de l'évaluation des profs par les étudiants.
Pour reprendre l'exemple du début avec la deuxième session en sociologie, donner selon la charte des droits de l'homme à chacun des devoirs et des droits comme la possibilité d'évaluer les maîtres? Pas sur une unique année bien entendu car il peut y avoir une année où le courant ne passe pas avec une classe donnée mais sur dix ans lissés pour comparer d'une part le manque d'intérêt récurrent des étudiants et d'autre part le manque de compassion du prof dans sa fonction sanction. Bien sûr, mes suggestions ne plairont pas à la bureaucratie syndicale mais fait-elle toujours son job de contre-pouvoir lorsque des délégués permanents sont liés avec le pouvoir ?

La base de tout projet est d'une part une organisation franche et fiable (sans tabou à ne pas questionner) et d'autre part une volonté d'expérimenter et de trouver ensemble entre intéressés (profs et élèves mais, par expérience, sans les politiciens) des preuves d'efficacité. Rêvons donc d'une école où toutes les énergies seraient centrées sur l'intérêt des enfants pour un apprentissage de haut niveau et non nécessairement sélectif.

Jean-Marie LANGE, 09.09.2008 et 18.01.2010.


[1] DUBET François, MARTUCCELLI Danilo, A L'ECOLE. Sociologie de l'expérience scolaire, Parsi, Seuil, 1996, p. 64 et 65.
[2] L'Harmattan, Paris, 2002.

mardi 19 janvier 2010

A propos de la misère du Tiers-monde

"Notre planète est devenue un même espace économique, un même espace politique, un même espace médiatique. Mais les détestations mutuelles, n'en sont que plus manifestes. En particulier, la cassure entre l'Occident et le monde arabo-musulman n'a cessé de s'aggraver au cours des dernières années, au point qu'elle semble à présent difficilement réparable.(…)Il nous faut inventer une vision enfin adulte de ce que nous sommes, de ce que sont les autres et du sort de la planète qui nous est commune. En un mot, il nous faut inventer une conception du monde qui ne soit pas seulement la traduction moderne de nos préjugés ancestraux; et qui nous permette de conjurer la régression qui s'annonce."

Ce 12 janvier 2010, le peuple d'Haïti est victime d'une catastrophe effroyable sans qu'il n'y ait un quelconque responsable du séisme. Les gens de Port-au-Prince, privé d'eau, de nourriture et d'intervention coordonnée (mis à part celle stupide des américains qui contrôlent l'aéroport et détournent les avions de l'aide internationale) expriment leur détresse par une prière Vaudou frappant la terre du pied pour la punir, pourquoi pas puisqu'il n'y a rien à faire pour ces milliers de morts et cette foule de survivants errants sans aide alimentaire sept jours après le séisme, nous ne pouvons qu'exprimer de la compassion pour ces malheureux et notre haine du capitalisme totalement incompétent puisqu'il ne s'agit pas d'économie et de profit mais d'entraide humaine.

Les populations du sud, de l'ouest et de l'est des pays dits du tiers-monde ne se contentent plus de regarder leurs bébés mourir en silence elles migrent vers l'El Dorado. Alors, les blancs d'Israël, de la frontière mexicaine ou de l'Europe construisent des murs physiques et/ou virtuels. Et les sans-papiers se noient ou sont reconduits à la frontière et ils recommenceront inlassablement, ils seront des millions à chercher refuge dans cette forteresse de l'argent; le mur de l'Allemagne de l'Est n'a pas été une leçon, les politiciens sont des autistes. On pourrait faire autre chose et par exemple par l'ONU interdire la spoliation des pays du sud par la Chine, sa souveraineté, ne prenant pas en compte la pollution de la planète, s'arrête à son territoire !

La corruption est partout, avons-nous vu; l'homme ne sait pas se métamorphoser en un frère HOMO SAPIENS au destin lié avec celui des autres, il faut qu'il exploite les pauvres (puisqu'il n'y a jamais de sanction internationale envers les politiciens et/ou hommes d'affaires véreux), épuise les richesses fossiles et pollue la biosphère malgré les signaux très clairs de la planète. Il est incapable de penser à l'avenir de ses enfants ou de ses petits-enfants.

La sorcellerie est partout; elle traduit le besoin d'espoir et le seuil de souffrance de la misère humaine avec les marabouts, les charlatans ou autres "pouvoirs magiques" des Nkisi ou des statuettes des saints et de leurs évocations pour des souhaits le plus souvent mesquins. Le gourou qui a réussi crée sa secte et celle-ci deviendra une église avec dogmes, idoles, quête, culpabilisation, pénitence, rituels et excommunications pour les mécréants, une pure nuisance pour l'émancipation des êtres humains qui n'ont pas plus besoin d'églises que de minarets. En Afrique, la peste noire qui s'installe est un tsunami qui va submerger la guéguerre chrétien-musulman ; ce sont les églises évangéliques américaines. J'ai rencontré à Bujumbura le Pasteur en chef de l'Eglise de Philadelphie (on s'agenouille pour lui servir un Fanta frais). Je lui parle de Philadelphie et il me dit qu'il ne connaît pas la ville car il suffit de récolter 1000 signatures et de donner un matabishe (pourboire à qui de droit) pour être reconnu église officielle, cela rapporte beaucoup avec le temps consacré à la quête. Notons en passant que depuis fin 2009, le Burundi considère les homosexuels hors la loi mais non les aigrefins appauvrissant la population. J'affirme que je peux désenvoûter gracieusement les maisons qui pleurent le sang ainsi que les statues de la vierge qui font de même et toute personne possédée car lutter contre les fantasmes macabres des gens ne devait pas devenir un business.

Les colonisations ont apporté beaucoup de souffrance et détruit des équilibres claniques basés sur les initiations mais, elles ont aussi apporté de bonnes choses comme la structure des routes. Toutefois, comme depuis 50 ans d'indépendance, aucun cantonnier n'a été payé pour les entretenir, celles-ci ne sont plus carrossables. Beaucoup de pays pauvres (de la Somalie au Nigéria et au Congo en passant par la Guinée, la Sierra Léone et l'Enclave de Cabinda) sont dirigés par des bandes de voyous incultes et sanguinaires qui détournent les fonds de l'Etat (le clan de feu Omar Bongo au Gabon) ou alors par des théocraties islamiques rétrogrades qui briment les femmes et massacrent les ethnies non musulmanes comme au Darfour du Soudan plutôt que de développer des écoles de qualité. Si ce n'est pas assez d'exemples, ajoutons la guerre civile en Côte d'Ivoire, le piratage maritime en Erythrée, l'esclavage institutionnalisé en Mauritanie. Mais il y a des exceptions comme le Ghana et le Mali, les seules que je connais.

Le pire reste à écrire car certains pays du tiers-monde sont dits aujourd'hui émergeants par la puissance militaire et nucléaire : Chine, Inde, Corée, Iran,…Il y a dix ans, KYOTO aurait pu devenir ce changement de civilisation auquel la majorité des peuples aspirent si le président le plus bête et méchant du monde de cette époque, l'incompétent texan Georges W. BUSH n'avait pas ratifié ce traité de protection climatique contre son industrie automobile.

A la fin 2009, à COPENHAGUE, les USA d'Obama (prix Nobel de la paix sans avoir rien fait) ont proposé 4% de réduction de CO2, l'Europe 20 à 30 % et la Chine refuse le moindre contrôle chez elle alors qu'il s'agit du pays le plus polluant de la planète (avec les USA). Les milliers de vélos qui sillonnaient les grandes artères de Pékin sont remplacés par des autos polluantes; l'Amérique et l'Europe ont bien pourri l'atmosphère, pourquoi pas nous pensent les chinois, malgré les fontes des glaciers. Ce jour-là, devant plus de 200 chefs d'Etat, la Chine a déclaré la guerre à la planète et à tous ceux qui n'étaient pas chinois. Les chinois ont pu, grâce à l'obséquiosité de l'Europe pu organiser les jeux Olympiques de Pékin en 2008 et pourtant, ils n'ont jamais respecté les droits de l'homme. Un opposant de conscience du temps de Tien An Men vient de se faire condamner à 11 ans de prison pour ses opinions, les chinois occupent le Tibet, ils torturent et tuent, y compris des prisonniers de droit commun psychopathes (au lieu de les soigner). Et surtout, ils recolonisent l'Afrique en maintenant les viols des bandes armées des grands lacs pour exporter via Kigali le Coltan et en louant des millions d'hectares au Congo pour produire des ressources agricoles pour leur propre population alors que celle du pays concernés sont au bord de la famine (Notons que la Corée fait de même à Madagascar). Remarquons que la lâcheté internationale qui a permis la progression du nazisme n'aurait pas eu lieu si le serpent avait été écrasé dans l'œuf. Pourquoi y-a-t-il encore des pays qui ne savent pas que la Chine est maléfique pour les autres peuples y compris lorsqu'elle fait du soi-disant développement ? La souveraineté pour eux mais non pour les pays qu'ils ravisent?

Le monde capitaliste est devenu complètement fou, les investissements industriels n'ont plus lieu, juste de la spéculation boursière, le profit est de plus en plus insensé et cynique. Les pays riches promettent une aide de O,5 % de leur PIB et envoient des experts aux salaires plantureux dans des hôtels super luxe avec des 4x4 climatisées, si bien qu'il ne reste plus un franc CFA pour l'agriculteur local.

La violence est inutile, les dominants en ont le monopole. La révolution est inutile, cela consiste à remplacer une oligarchie héréditaire par une autre. Mais repensons à la désobéissance civile de Henri David THOREAU : refusons de consommer les produits importés qui coûtent cher en kérosène pour la planète, la non-violence de Gandhi pourrait également être repensée pour boycotter tous les bras armés dirigés par quelques tyrans gouvernementaux. Si je roule sur l'autoroute au-delà de 120km/h, est-il vrai que je constitue un danger en Belgique alors qu'en France, la limite est à 130Km/H et non fixée en Allemagne ?Pourquoi nos gouvernants soutiennent-ils les banques privées avec l'impôts de tous (crise de fin 2008) quand celles-ci organisent en échange des galas somptueux à Monaco ? Retirons nos sous des banques pour rire un peu aussi. Pourquoi les perches du Nil importées par les mafias russes et payées en kalachnikov éliminent-elles toutes les espèces du lac Tanganyika. Parce qu'il n'y a aucune autorité supérieure à ce qui est fait au vu et au su de tous ?

Mes frères humains, nous n'avons pas besoin de retourner dans l'inconfort mais de simplement changer nos habitudes de vie. Il a existé des voitures qui roulaient à l'eau (H20) et on a noyé les brevets pour ne pas faire de l'ombre au gaspi des 4x4 ! Nous pouvons vivre, manger et nous promener comme avant, en nous désaliénant de la publicité pour les parfums érotiques hors prix, des voitures qui donnent l'image de la puissance individuelle, des parachutes dorés (Merci au socialiste José HAPPART), des voyages long courrier lorsque nos campagnes sont si belles, des bijoux et autres signes ostentatoires de richesse ou de potlatch dans des restaurants 3 étoiles au Michelin.

A la place diminuons chacun nos rations de viande, éteignons nos appareils électriques au lieu de les mettre en veillent, coupons nos TV pendant les pubs, prenons un bain à deux ou une douche pour économiser l'eau potable, arrêtons de surconsommer des médicaments par peur de la mort, (certains médecins ne consultent plus, ils font des ordonnances en série), buvons l'eau du robinet et mangeons les produits de notre terroir sans croire ni à Dieu ni à Diable. Vivons chaque minute que nous pouvons conscientiser en rêvant de l'utopie qu'Edgar MORIN appelle la METAMORPHOSE en une société d'amour et d'amitié plutôt que de compétitivité et de haine; c'est possible maintenant !

Jean-Marie LANGE,
12.01.2010
Groupe d'Autoformation Psychosociale – GAP
Secrétariat – Marie-Claire LANGE-DENGIS,
Cour St Antoine, 3, BE 4000 Liège
Mcl.lange@skynet.be, tel : 0495/400656


Liège, le 17.01.2010


Compte-rendu de la réunion de travail du 16.01.2010 – Projet Burundi 2010

Présents : Birgit, Régine, Marie-Claire, Bernard, Jean-Marie.
Excusés : Sylvianne, Patrick.

1. Lecture du PV de la réunion du 31.10.09 et informations complémentaires

A) A propos des fours solaires :

Des résultats au niveau de la maternité,
Résistances d'utilisation au niveau des écoles car il faut se déplacer pour organiser l'activité et les enseignants ont des difficultés pour demander aux enfants d'apporter des vivres en raison de la situation des parents des enfants,
Pas de résultat au niveau de la colline en raison de la résistance au déplacement mais aussi des problèmes d'ensoleillement trop court : le four n'a pas convaincu et ne semble pas convainquant.

B) A propos de la formation :

Elle est bien donnée gratuitement aux futurs formateurs par l'Etat mais par contre, ils ne reçoivent pas de salaire alors que pendant cette période ils n'ont pas la possibilité de travailler aux champs,
Elle est organisée à Makamba et se donne régulièrement sans attendre qu'il y ait un groupe suffisamment important de candidats et elle donne droit à une attestation.

C) A propos du moulin à grains :

C'est la première demande exprimée par l'organisation,
Il faut aller le chercher en Tanzanie,
Il génère des idées complémentaires comme moudre des graines entrant dans la composition des bouillies pour les bébés, mettre la farine obtenue en sachet et les vendre au marché.

2. Réactions des intervenants

A) A propos des fours solaires :

Birgit nous explique qu'à Gani-Dah (Mali), le four a été installé à l'école (terrain neutre) et que c'est là que chaque jour, cinq femmes préparent le repas de midi pour les élèves. Elles en ont donc toutes appris l'utilisation et les bienfaits et c'est maintenant qu'elles en demandent chacune pour leur famille. Une heure d'ensoleillement, c'est suffisant mais c'est bien de le sortir dès le matin et d'y mettre déjà de l'eau à chauffer. Il existe e plus petits modèles mais ils ne sont pas utilisables car leur temps d'utilisation est encore plus long.
Nous nous heurtons à différents problèmes : la durée du séjour des intervenants pour un écolage efficace, les mentalités et la résistance bien normale au changement,….
Le fait que celui de la maternité n'est pas utilisé par les écoles malgré l'existence d'une convention en est une illustration supplémentaire.
Le four de KAYOBA ne doit pas rester inutilisé ni risquer de se dégrader et logiquement, il faudrait donc le récupérer pour l'installer là où il y a une demande, c'est-à-dire soit pour Béatrice (maternité ou cours nutritionnels) ou pour les écoles.

B) A propos des formations :

L'idéal serait d'y envoyer 2 personnes volontaires et choisies parmi et par les membres de l'association TUGWIZIMBUTO qui, à leur tour, pourraient répercuter leur savoir à tous les membres de l'association. Il faut bien sûr qu'elles aient un minimum de bagages de départ comme savoir lire et écrire par exemple. En envoyant deux personnes, eles pourraient se relayer au niveau de la formation.
Si ces volontaires ne reçoivent pas de salaires pendant leur propre formation, ni lorsqu'ils travaillent comme formateurs, il semble nécessaire de les rétribuer. Le salaire moyen d'un enseignant au Burundi est de +/- 6O euros/mois.

C) A propos du micro-crédit :

Birgit rappelle que le micro-crédit ne peut servir qu'à aider à organiser , étendre ou apporter un plus à quelque chose qui existe déjà.
Il existe au Burundi une fondation STAMM qui s'occupe d'écoles, d'orphelinats, d'agriculture mais aussi de micro-crédits; elle a de bons contacts avec eux et s'occupe de maintenir ce contact pour un futur éventuel.

D) A propos des leçons à tirer de ce qui a été fait :

Il y a une maturation qui doit se faire au niveau des interventions : nous avons apporté nos idées avec nos visions, notamment au niveau de l'écologie (problème de l'utilisation des ressources forestières par exemple) et nous nous sommes heurtés à la résistance au changement.
Il faut partir de la demande des gens mais ils doivent aussi comprendre que ce que nous apportons n'est pas simplement un cadeau, que nous nous engageons en fait l'un et l'autre dans un processus de réciprocité donnant/donnant; il faut donc en revenir à la philosophie du projet, autonomisation et responsabilisation.
Il est important que notre interlocuteur ne soit pas une seule personne mais un groupe représentant la collectivité. L'association jardin semble bien structurée, bien organisée et fonctionne bien. Elle doit donc devenir notre interlocuteur essentiel.
Pour que tout soit clair, il faut dorénavant fonctionner systématiquement avec des conventions où chaque partie sait à quoi elle s'engage.

3. Décisions

A) Priorité :

En fonction des leçons que nous avons tirées, la PRIORITE actuelle est la formation : il faut donner à chacun la possibilité de se prendre en charge, de se responsabiliser et d'acquérir les compétences minimales requises. Si ce préalable n'est pas acquis, nous irons à nouveau droit à l'échec.
Le GAP donnera donc à l'association les moyens d'envoyer 2 personnes en formation et de permettre à ces 2 personnes de dispenser à chaque membre ce qu'elles auront appris. Il est essentiel par exemple que chacun puisse estimer les coûts, faire un budget, tenir les comptes et les formations sont aussi dispensées dans ce sens-là.

Estimation du coût :
- 3 mois de formation pour 2 personnes = 3O € X 3 X 2 = 18O €
NB : Nous avons estimé que puisque cela représentait également un acquis pour le futur formateur, nous ne devions pas lui donner l'entièreté d'un salaire.
Cette somme ne sera dûe que si la formation est bien suivie régulièrement et débouche sur l'attestation délivrée.
- 3 mois de formation dispensée par ces 2 formateurs aux membres de l'association =
6O € X 3 X 2 = 36O €
- TOTAL : 54O €

B) Moulin à grains :
Puisque la demande vient de Kayoba, ce serait bien que l'association jardin fasse un petit mot pour le GAP, ce qui pourrait déjà constituer le premier pas vers la responsabilisation.
Le GAP, sur une base estimée de 1.OOO €, avancerait l'argent pour l'achat du moulin et en ferait don à l'association moyennant une convention d'utilisation qui prévoirait que :
- l'association est responsable de l'utilisation du moulin, de sa gestion et s'engage à s'en acquitter en bon père de famille,
- chaque utilisateur du moulin paie pour l'utiliser, qu'il soit membre de l'association ou vienne de l'extérieur,
- l'argent récolté est réparti en 3 parts (pourcentage à définir) :
. une part sur un compte de gestion journalière en vue de l'achat du carburant, du paiement des entretiens ou des petites réparations nécessaires et des frais de fonctionnement généraux,
. une part sur un compte de fond social de solidarité correspondant à ce que l'association a déjà mis au point et qui octroie aux membres une prime destinée à les aider en cas de décès, de naissance ou autre coup dur à définir
. une part sur un compte non géré par l'association qui constituerait un remboursement symbolique du prix d'achat avancé par le GAP mais qui serait en fait un fond d'amortissement bloqué qui pourrait avoir diverses utilisations : remplacement du moulin plus tard, achat d'un autre moulin ou d'un autre outil jugé utile par l'association, garantie pour l'obtention d'un micro-crédit plus tard …

C) Micro-crédit :
Il est trop tôt pour envisager quoi que ce soit au niveau de projets financiers par micro-crédit maintenant. Il n'y a pas encore de maturité ni de responsabilisation suffisante et donc on laisse dormir.

D) Cultures en terrasses :
· Il semble que l'idée fasse tout doucement son chemin (recherche de terrains notamment) mais il est trop tôt pour en juger. On laisse donc murir et on attend l'évolution pour faire le point à partir de faits .On laisse donc l'association gérer cet aspect pour le moment.
· Zébédé n'a pas répondu à JM sur ce sujet et il n'y a pas de groupe de 5 femmes constitué. Le projet de 2 vachettes vient peut-être un peu tôt également.

E) Les fours :
· Birgit signale qu'elle peut à présent en obtenir chez Egsolar à 1OO € en échange du fait qu'elle a aidé l'entreprise à se faire connaître. Elle doit en commander pour Gani-Dah et propose d'en commander 3 de plus qu'elle offrirait à Makamba. Chaque four pèse 15 kgs et est bien conditionné pour pouvoir voyager en bagage accompagné.
· Si le projet moulin à grains démarre pour l'association, le four de Kayoba descendrait à Makamba et nous disposerions ainsi de 4 fours :
- un pour la maternité de Béatrice,
- un pour ses cours d'équilibre nutritionnel (qui ne sont pas dispensés au même endroit)
- un pour l'école de Makamba I
- un pour l'école de Makamba II.


4. En pratique

Bernard et Régine partiront le 13 ou le 2O/O8 (pas encore décidé) pour 4 semaines afin de s'occuper de leurs projets personnels. Ils sont prêts à consacrer 8 à 1O jours de leur temps (à moduler) pour accueillir et breafer les autres intervenants;
Jean-Marie et Marie-Claire sont indisponibles en raison de l'état de santé du papa de celle-ci.
Birgit est indisponible en 2O1O en raison de son projet malien mais sera à nouveau disponible dès le début de 2O11. Si les intervenants en partance peuvent se charger de l'acheminement des fours (sauf Bernard et Régine), elle les monterait à ce moment-là. Elle s'occuperait également des lettres à préparer par les rotariens allemands pour Donatien au cas où les fours seraient considérés comme du matériel entrant même en bagage accompagné et devraient être dédouanés. Ceci nécessite qu'elle connaisse au plus tôt les dates de départ éventuelles.
On demande à Sylvianne si elle est toujours partante et à quelle date, auquel cas on lui demande de transporter un four (15 kgs sur les +/- 44 autorisés). Etant donné sa formation, on lui demande aussi de penser à des modèles de convention.
On demande à Patrick s'il est toujours partant et à quelle date éventuelle auquel cas on lui demande également de transporter un four. Il s'occuperait de la partie financière puisqu'il est le trésorier du GAP et pourrait également ouvrir le compte d'amortissement.
Ceci constitue un document et une proposition de travail qui se veut le reflet de notre réunion et qui doit être soumis à l'approbation des 2 intervenants excusés pour ce qui les concerne.



M.Cl. Lange-Dengis,
secrétaire du GAP

mardi 12 janvier 2010

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Site : http://soutien.et.autonomie.free.fr
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique: Jean-Marie LANGE gap.belgique@skynet.be
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COACHING : la méthodologie des Histoires de vie en groupe

"Si je désire une maison, un verre d'eau, un corps de femme, comment ce corps, ce verre, cet immeuble peuvent-ils résider en mon désir et comment mon désir peut-il être autre chose que la conscience de ces objets comme désirables ?"[1]

"Pour nous, l'homme se caractérise par le dépassement d'une situation, par ce qu'il parvient à faire de ce que on a fait de lui." [2]

"Le sujet réflexif s'autorise à penser par lui-même, à affirmer ses croyances, ses idées, à fonder ses opinions sur sa "raison", à rechercher la cohérence entre ce qu'il sait, ce qu'il ressent et ce qu'il exprime, à confronter ses croyances à celles des autres sans se laisser imposer un point de vue extérieur. C'est toujours en définitive une parole qui fonde la capacité d'une perte du sujet de son histoire. Le sujet acteur trouve la confiance en lui-même dans ses capacités d'action qui lui permettent de se réaliser à travers ses œuvres, ses conquêtes, ses travaux, ses productions sociales. Devenir producteur de sa propre vie, c'est d'une certaine façon la créer comme un artiste crée une œuvre d'art, ou comme un artisan produit un objet."[3]

II est incohérent de séparer les sentiments/émotions internes du MOI/JE/EGO du milieu social dans lequel il baigne. Les accompagnateurs seront à l'écoute du vécu, de l'expérience. Ils considéreront que la subjectivité consciente et inconsciente est nécessairement couplée avec les phénomènes sociaux (époque, ethnie, culture, famille, secret de famille,…). Il s'agit de comprendre les faits sociaux de l'extérieur comme structure et normes culturelles qui conditionnement le sujet ainsi que la rétroaction du Je/EGO sur les pressions sociales (révolte, soumission, conformisme, apathie, dépression…). La remise en question du lien social en nous modifie également les valeurs d'assujettissement du moi interne

L'externe et l'interne se nourrissent l'un de l'autre tout comme la sociologie et la psychologie, le psychisme et le social. Nous avons interaction de notre hémisphère gauche logique rationnel et analysant des faits visibles et de notre hémisphère droit, notre ressenti émotionnel, notre connaissance sensible, nous dit Pierre JANET. Le perçu, le vécu et le conçu.




Consignes méthodologiques

La psychologie relationnelle est une psychosociologie clinique qui rompt avec la psychologie expérimentale et le cliché du savant en blouse blanche qui s'intéresse à la maladie mais non au patient. En psychosociologie, il s'agit d'écouter le vécu des acteurs sociaux, il s'agit de s'intéresser à ce qu'ils ont à dire sur le social qui les concerne.
L'aspect clinique favorise l'empathie, la compréhension mutuelle, la co-recherche et la confrontation entre les théories et les vécus expérientiels.
Le formateur est à la fois impliqué et conserve une petite distanciation analytique capable de reformuler une histoire sur un autre plan, un autre registre. Différents fils rouges sont proposés au groupe par les formateurs : roman familial, trajectoire sociale, amour, argent, deuil, loyauté familiale, etc. avec des supports projectifs écrits ou graphiques.

Les groupes de parole en psychosociologie (10 personnes maximum) sont toujours dans l'autoformation assistée, donc dans une recherche permanente et dans l'implication la plus authentique possible. Il s'agit d'un espace d'exploration entre adultes matures et équilibrés (Parfois en résidentiel, souvent de 3,4 jours. Notons qu'aux Etats-Unis, des groupes de parole se rencontrent une année durant, une fois par semaine.). On y fait des liens entre les histoires personnelles, familiales, sociales et professionnelles.

Stratégies

L'animateur annonce le tour de table de présentation de chacun et de ses objectifs mais auparavant explique le concept d'APARTE qui peut être un parasite redoutable pour la confiance du groupe.
Il énonce les règles de base :
- demander la parole en levant la main (l'animateur veille à ce que celui qui parle ne soit pas interrompu et que tous aient accès à la parole),
- ne pas interrompre un travail en cours par un jugement de valeur intempestif avant la fin d'un exercice en groupe,
- conserver la discrétion sur ce qui se dit en séance,
- rebasculer les informations perçues dans les couloirs ou dans l'entre-deux séances,
- dire toujours ce que l'on pense, mais avec courtoisie,
- ne jamais se forcer pour la participation à un quelconque exercice mais s'interroger sur ce qui constitue les freins en nous,
- employer les messages-Je ou le prénom de la personne à qui le message s'adresse mais jamais évoquer le "on" impersonnel,

Tactiques

- Le formateur reformule systématiquement toutes les interventions en s'assurant que son interprétation est fidèle. Il veille sans toucher au contenu à le simplifier et à le dédramatiser.
- Le COACHING s'apparente aux thérapies brèves systémiques (cinq séances puis évaluation) et utilise la psychologie relationnelle où le formateur s'implique en faisant écho avec sa propre histoire (composante chamanique), en formulant le non-dit des boucles névrotiques et parfois en proposant une aide-soutien (attitude de PORTER), tactiques qui permettent à la personne de se libérer elle-même de sa personnalité imaginaire de l'ego.
- Il apporte des théories avec "à propos" et toujours avec l'orientation d'une pensée positive.
- Il induit la prise de conscience des moments heureux avec la question : "qu'est-ce que je fais aujourd'hui pour moi et qui m'a procuré de la joie ? du plaisir ?"
- Il crée des ponts entre le malaise interne refoulé et les conditionnements sociaux et familiaux (les prophéties faites aux enfants).
- Il ne prend jamais parti sur des problèmes religieux, sauf si certaines croyances sont nuisibles pour le sujet (risque de suicide, par exemple)
- Il demande à tous les membres du groupe de ne rien changer à leur vie dans la précipitation mais après avoir mûri les grains, l'idée des gains et des pertes.
- Les sujets seront toujours respectés en adultes, dans leur culture spécifique, ils sont des cochercheurs à leurs diverses problématiques d'existence.





Protocole spécifique pour groupe de femmes insécurisées

La vie économique devient de plus en plus âpre, les gens sont frustrés et mécontents, on assiste à un nouveau phénomène de société : la violence envers les femmes par leurs propres compagnons; des groupes de parole en histoires de vie peuvent aborder ce choc postraumatique banalisé, surtout si ce sont des femmes qui parlent à d'autres femmes. La féministe Valérie COLIN-SIMARD[4] énonce six principes pour une attitude plus féminine, douce et ferme dans les relations conflictuelles, six conseils aux femmes pour s'éveiller à leur spécificité et se désaliéner du comportement d'assujettie. Les femmes ont voulu l'émancipation et pour cela, croyaient-elles, il fallait crier aussi fort que les hommes. Nous sommes une seule espèce qui le plus souvent se fait la guerre ou se dispute parce que le seul hémisphère gauche masculin de l'action est valorisé. Et si nous essayions de réfléchir la féminité avec l'hémisphère cérébral droit, celui de l'intuitif, du ressenti, nous dit le psychologue Pierre JANET.

"Oser être soi". Une jeune fille, parce qu'elle n'avait pas eu de porteur de phallus chez elle, traitait dans l'entreprise qui l'employait ses supérieurs hiérarchiques avec une trop grande familiarité mettant ainsi en acte l'adage "pas de père, pas de repère". J'ai toujours dit dans mes cours : oui à l'authenticité et non à la spontanéité. Cette confusion des rôles est spécifique des filles sans père qui peuvent aussi bien sauter au cou de leur patron que pleurer sur son épaule. Nous n'avons pas à utiliser cette machinerie économique du macho et basée sur l'avoir, la conquête et le profit. Nous pouvons rester dans un cadre contractuel pendant les heures de service et être authentiques avec notre cerveau droit tout le reste de la journée, en étant centrées sur l'être, l'écoute et les émotions. Les hommes offrent un modèle de conquête centré sur l'avoir, les femmes peuvent être plus à l'écoute de leurs émotions et plus centrées sur l'être sans rapport de pouvoir et de domination et sans non plus se conformer à un chromo de Walt Disney, celui de la belle patiente et douce.
"Oser négocier". Dans nos cultures machistes, l'homme décide trop souvent, y compris pour les choix de sa compagne. En analyse transactionnelle, cela s'appelle alors "coller des timbres" et à un moment, lorsque le carnet est plein, on craque de façon disproportionnée. Pourquoi ne pas dire le non-dit en demandant à l'autre ce qui lui ferait plaisir et puis en enchaînant avec nos propres désirs. Il est toujours plus facile de donner que de demander; c'est donc un apprentissage de longue haleine.
"Oser plaire". Etre à la fois une femme séduisante s'octroyant des moments pour elle et son couple et aussi une mère attentive élevant une petite marmaille de bout'chou criards et aux fantasmes de toute-puissance. Elle va donner les règles, les limites mais aussi les câlins, l'attachement, l'attention et les caresses mêmes si elles sont parfois factices. A un petit bout'chou de 4 ans, j'ai entendu une mère donner une belle leçon positive de savoir-vivre ensemble: un glacier, papa, maman et la grande fille ont terminé leur glace et maman fait remarquer à Romain qu'il est le dernier et que par respect pour lui, les trois autres personnes ne quittent pas la table, ce serait bien que la prochaine fois que ce sera lui le premier, il y pense aussi ?
Beaucoup d'hommes, lorsque leur compagne est enceinte, vont voir "ailleurs" et rechercher une autre femme plus jeune et plus disponible car la croyance normative (donc susceptible d'évoluer) dit qu'une fois mère, la femme est accaparée par son enfant sa maman et parfois traite son époux comme un enfant surnuméraire ("Il ne sait rien faire tout seul !" est un fantasme typiquement féminin). A contrario, il en va de même et les autres, celles qui ne se sont pas souciées que leurs hommes ne voient pas leurs enfants, ni les petits-enfants, ni les arrières-petits enfants, s'étonnent qu'on leur rende si peu visite. La vérité est la voie du milieu, aurait dit le Bouddha.

"Ne pas faire" WOU-WEI. Lorsque quelqu'un entre en colère, il attise la nôtre qui lui répond. Pourquoi ne pas envisager la passivité ?
Ne pas répondre à l'attaque mordante dont le seul but est de faire mal, même par une attitude négative mais plutôt attendre la fin de l'orage ou que son contentieux s'essouffle tout seul. Il en va de même dans l'action de self-combat des moines zen, ne pas agir, se concentrer et se déplacer pour éviter les coups. Ne pas laisser la colère de l'autre trouver des prises en nous. Attendre plutôt que d'entrer dans son jeu et briser ainsi la cercle de la répétitivité.
"Savoir se taire." Oser ne rien faire, c'est aussi savoir se taire et ne pas intervenir à tout bout de champ. Il s'agit là de casser le modèle parental ("tu dois, tu ne dois pas, il faut") qui nous a conditionnés. Sortir de la répétitivité névrotique de nos parents en rejetant par nous-mêmes l'entrée dans le jeu "parent-enfant" de domination comme eux l'étaient lorsqu'ils étaient petits. Dompter notre impulsivité, lorsque nous sentons une colère monter en nous, l'interroger sur ses causes premières : pourquoi cette rage éclot-elle en moi ? Les animaux n'ont pas la conscience de soi et nous, nous l'utilisons à peine, même pas quelques secondes d'analyse par notre conscience du Soi : réfléchir aux conséquences de nos paroles, prendre du recul avant de dire ou de faire.
"Oser exploser". Il faut se méfier de la généralisation de la passivité en acte et en parole, il s'agit de tactiques du court terme. Il est bon, quand le beau temps le permet, de revenir avec douceur sur les questions litigieuses et d'employer une métacommunication où chacun essaye de se remettre en question pour comprendre les germes de ce coup de colère et si possible à l'avenir les éviter. Il n'est pas bon que quelqu'un refoule sans exploser, sans laisser sortir sa fureur (en criant au bout du jardin par exemple) pour ne pas finir par imploser.

Conclusions

Finalité : La personne est le produit de son histoire dont elle veut devenir le sujet.
Objectif : permettre au sujet, après analyse de ses conflits internes et externes, de trouver ses propres réponses pour une vie plus satisfaisante.

Jean-Marie LANGE, formateur-intervenant GAP
10.01.2010
[1] SARTRE Jean-Paul, L'Être et le néant, Paris, Gallimard, 1943, 1979, p.616.

[2] SARTRE Jean- Paul, L'existentialisme est un humanisme, Paris, Nagel, 1946, 1959, p.127.

[3] De GAULEJAC Vincent, Qui est "je" ? Paris, Seuil, 2009, p.25-26.
[4] "La grande popularité dont nous jouissons aujourd'hui, nous les psychothérapeutes, est un des symptômes de cette désagrégation des liens. Beaucoup viennent chercher chez nous à restaurer la confiance, la sécurité et la disponibilité nécessaires à la naissance de cette relation d'être à être qu'est l'intimité. Joseph a un bon travail, une jolie femme, une magnifique petite fille. C'est comme s'il avait installé partout dans son jardin les bons tuyaux d'arrosage et que, chaque fois qu'il voulait s'en servir, il posait le pied dessus. Il s'est coupé de l'échange, coupé de la vie. Beaucoup de mes patients comme lui ont un long travail. Ils ont parfois une compagne ou un compagnon. Ils ont un enfant. Ils ont de l'argent, une maison. Ils ne sont pas heureux et ne comprennent pas pourquoi. Citoyens à part entière de notre société de consommation, ils ont tout misé sur l'avoir, valeur masculine. Au détriment de l'être, valeur féminine. Comme Joseph, ils souffrent de la distance qu'ils ont instaurée avec leur entourage. Ils veulent retrouver le chemin du cœur. Leur intimité."COLIN-SIMAR V., Quand les femmes s'éveilleront…,Paris, Albin Michel, 2008, p.254