jeudi 28 janvier 2010

Le développement personnel du micro cosmos

"Quand on entend parler des femmes que l'on viole
Pour beaucoup d'entre nous ça reste des paroles
Hier j'ai rencontré une de ces victimes
Pour la police c'est affaire de routine
Et pour les autres ce n'est guère qu'une histoire
Moi j'ai vu la détresse au fond de son regard
J'ai lavé son corps couvert de sperme et de sang
L'individu était presque un adolescent
Très vite il a fait cela sans amour ni plaisir
Il paraît qu'il a pleuré avant de s'enfuir
Mon Dieu qu'avons-nous fait pour en arriver là
Que faut-il faire pour arrêter tout cela
Ma tête se révolte et mon cœur est meurtri
Et j'ai eu mal pour elle et j'ai honte pour lui
Mais qui d'entre nous n'a jamais violé quelqu'un
Pour ne parler que de ces petits viols mesquins.
(Georges MOUSTAKI, Chanson-cri)

Il y eut un jour, dans la soupe primordiale, une longue molécule d'azote (N), de carbone (C) et d'hydrogène (H) qui donna avec l'électricité atmosphérique une première étincelle de vie avec ce que l'on appelle les "acides aminés" rassemblés dans la molécule spiralée de l'ADN (Acide Désoxyribonucléique) et une molécule jumelle (Janus) mais "photocopieuse" l'ARN (Acide Ribonucléique messager), soit la base des cellules unicellulaires composées d'un noyau comprenant ADN-ARN, d'un cytoplasme et d'une membrane.

Cette base aquatique de la vie évolua vers une structure polycellulaire végétale puis animale où les cellules au départ autonomes se fédèrent, se spécialisent et travaillent ensemble comme un organisme avec des lois internes, des contraintes ET des qualités émergentes dites d'évolution.. Lorsque nous survalorisons notre cerveau qui nous donne un film de représentations mentales, nous avons tendance à négliger cette base de notre organisme complexe : les cellules de notre gros orteil qui, parfois en surcharge d'azote à cause du Bourgogne, nous donnent la goutte, ce qui assombrit notre humeur par la douleur.

Les biologistes peuvent remonter cette évolution et déceler notre pré-encéphale reptilien, base des pulsions, des besoins et de la chasse mais n'ayant, au-delà de ses caractéristiques de prédateur aucune mémoire. Puis, pour faire bref, le méso-encéphale ou système limbique ou cerveau des mammifères (que nous sommes toujours) avec les qualités des émotions et de la mémoire. Enfin le primate redressé développa son cerveau pensant avec le néo-encéphale ou néocortex, cette petite couche externe des cellules grises, les neurones, qui nous donnent l'intelligence (l'anticipation de projet et la réflexion), la conscientisation (introspection et méditation) et l'angoisse de la mort (névrose). Notre branche cousine des Néanderthaliens disparut et nous sommes donc la seule espèce de la race de l'HOMO SAPIENS SAPIENS, nous sommes tous parents et tous différents, parfois en guerre ou en conflit, ce qui est désolant puisque nous sommes tous frères microscopiques à l'échelle du cosmos.

L'homme est un être grégaire qui vit en clan, village, ville et foule de mégapole. Si seuls nous sommes capables de réflexion et de compréhension humaniste, par contre, lorsque nous redevenons amas cellulaires comme à l'échelle d'une foule, nous perdons nos capacités réflexives pour redevenir les cellules influençables d'un troupeau. De la bande de jeunes casseurs de Bruxelles aux hordes fascistes, c'est un peu comme si le fonctionnement en groupe réduisait l'individu à un état émotif décervelé capable d'être manipulé par une passion religieuse ou de politique populiste. On dit qu'Adolf HITLER avait lu les travaux de TARDE et de Gustave LE BON[1] sur la psychologie des foules (bien avant l'actuel Pierre MOSCOVICI [2]).


Hitler se serait donc inspiré des recherches de LE BON et en effet, lorsque dans des documents historiques, on voit 44 millions d'allemands faire le salut d'allégeance ("ZIG HEIL") lors du passage du Führer, on se doute qu'il n'y avait pas 44 millions de nazis mais une influence de masse exploitée non seulement par le Maréchal Goebbels, Ministre de la Propagande mais aussi par des artistes comme Léni RIEFENSTAHL [3], cinéaste du Reich mettant en scène des grandes messes des bons petits soldats allemands bien alignés sous les longs étendards rouges à croix gammée noire sous cercle blanc et à la chaude lumière des torches, nostalgie de certains flamingants.

Dans cette dimension psychologique massive d'une agglomération cellulaire d'hommes différents mais rassemblés par l'uniforme et la foi dans des rituels guerriers, la personnalité consciente et critique s'évanouit et il se forme une âme collective, provisoire certes mais où toutes les consciences sont orientées dans la même direction : tuer l'ennemi du Reich (66 millions de morts est ce prix énorme de la seconde guerre mondiale). C'est le principe des sectes, des castes, des classes (comme le National-socialisme) et des religions guerrières (comme l'islamisme) avec la croyance en la supériorité d'une race (même s'il ne s'agit que d'une ethnie ou d'une religion puisqu'il n'y a qu'une seule race, avons-nous dit).

Nous avons un inconscient énorme (comme les 9/10ème d'un iceberg enfoui) dans lequel nous refoulons l'ombre de notre versant lumière et il en va de même en psychologie des foules : nous abandonnons nos esprits critiques et/ou nos fraternités pour faire un bloc nauséabond sous l'influence de mobiles cachés qui – of course – nous échappent et gèlent par la suite nos consciences : 6 millions de juifs, bébés compris tués par la SHOAH, 1.800.000 dans les génocides des mini-états du Rwanda et du Burundi, et il en a été de même en Bosnie, au Cambodge, etc. Combien de frères humains se sont-ils entretués lors du siècle dernier, c'est glacial [4]. Jamais un prédateur d'une espèce ne s'attaque à ses frères, l'homme est pire qu'un loup pour l'homme. Ce ne fut même pas en dominance pour le profit mais pour le pouvoir d'un Reich de 1000 ans ou de la suprématie d'une ethnie sur l'autre avec une étoile jaune new look sur les cartes d'identité tamponnées TUTSI ou HUTU par exemple.

Regardons aujourd'hui notre pays riquiqui surréaliste dirigé par la majorité politique flamande sans alternance qui se plaint de son manque d'indépendance face à notre communauté wallonne francophone et ouvre des bureaux de propagande à New-York avec des lapsus calami où la Flandre jouxte la France (sans la Wallonie intermédiaire) et où Bruxelles est le centre de la Flandre. Yves Leterme, 1er Ministre ne semble guère compétent pour chanter "la Brabançonne"(Hymne belge) en la confondant avec la Marseillaise française, mais cela importe-t-il puisqu'il représente 800.000 cellules non pensantes flamandes ?

Avez-vous déjà vu un wallon minoritaire demander à l'autre ethnie du pays de faire un effort pour négocier ce qui n'est qu'une revendication tribale de cette autre ethnie sans échange désiré (comme la fin de la sécurité sociale commune par exemple) ? Les wallons sont soucieux des droits de l'homme et de la démocratie (un concept qui échappe aux politiciens) alors que les flamingants n'ont toujours pas compris l'atrocité germanique et revendiquent le droit du sol et l'obligation de connaître leur pitoyable idiome pour ceux qui voudraient au nom des droits de l'homme y résider (85% des communes de la périphérie flamande sont francophones et la région flamande refuse toujours de nommer les Bourgmestres francophones désignés par le peuple). En 1830, la Belgique se donna une constitution et choisit comme langue officielle le français; ainsi, dans les familles wallonnes s'efforça-t-on de ne plus parler notre langue devant les enfants; aujourd'hui, la priorité des écoles est donnée à l'immersion néerlandaise linguistique et non aux enfants les plus faibles risquant l'échec scolaire ? Selon le rapport européen PISA, les écoles wallonnes sont parmi les plus mauvaises d'Europe à cause de leur taux d'échecs élevés. Devant l'apathie du groupe cellulaire face à ceux qui les dirigent mais ne les représentent pas, on peut faire l'hypothèse que les prochaines écoles d'immersion seront en langue arabe mais qu'il n'y aura toujours aucun projet de remédiation contre les échecs scolaires excessifs ?

Précisons que les millions de musulmans ne sont pas concernés pas les extrémistes islamistes fanatiques qui se transforment en bombe humaine aveugle car le principe est de tuer des infidèles, femmes et enfants compris, et de mourir en martyr pour aller au paradis d'Allah cocher 72 vierges avec du sang d'innocents sur les mains; c'est un grand mépris du Coran que ces djihadistes qui réclament la conversion de tous à l'Islam et qui reçoivent en réponse une indifférence crasse. Un jour, les autres cellules humaines de la planète se secoueront
et, comme si c'était un cancer, se débarrasseront d'eux, hélas femmes et enfants compris.
La bande de Gaza en est l'illustration cynique et dramatique, ils sont sous embargo parce qu'ils ont élu le Hamas, groupe clairement terroriste au pouvoir chez eux, ceci ne justifiant pas les conduites inqualifiables des juifs d'aujourd'hui face à ces populations.

La manipulation des foules consiste donc à hypnotiser de façon collective les cellules humaines pour tuer avec férocité et se faire tuer au nom d'une croyance d'amour ou pour la gloire et l'honneur de devenir martyr en massacrant son semblable non armé. Y a-t-il un seul occidental qui s'est fait sauter comme kamikaze devant une école ou dans un marché musulman grouillant de vies ? NON ! Ils osent seulement faire des caricatures et sont victimes de fatwa incitant à la violence la plus abjecte de la part des religieux arabo-musulmans. La seule offense vérifiée de l'Occident est que des GI's ont perquisitionné dans les chambres des dames pour voir s'il n'y avait pas d'arme sans même les violer (ce qui se fait beaucoup au Kivu) Est-ce que cette ridicule offense à la pudeur mérite d'abattre de sang froid des centaines de femmes, d'enfants et de vieillards avant de comparaître, après un tel forfait, devant Allah le miséricordieux (le Dieu de tous, quel que soit son nom)? Ces pauvres imbéciles tueurs sont un cauchemar pour l'humanité vivante. Notons toutefois que mes amis musulmans tolérants sont – après le pèlerinage à La Mecque – encore plus spiritualistes et tolérants.

La foule est toujours intellectuellement inférieure à l'homme isolé qui prend le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes. D'une manière générale donc, l'homme est un suiveur et comme les moutons de Panurge bêle lorsque les autres le font; avec Salomon ASCH, on appelle cela le conformisme. Toutefois, l'homme est capable de juguler sa barbarie, de se couper de ses compulsions malsaines à faire ou à voir (les PUB à la TV par exemple).

L'homme peut prendre du plaisir à écouter une musique qui l'enchante et/ou à apprendre par un livre qui le captive. Il est aussi capable de méditer ce qu'il a appris et de triturer/malaxer ce savoir pour se l'approprier.

Dernièrement je me suis fait insulté de pédagogue (les sciences de l'Education) par un érudit. Lorsque nous comprenons qu'une critique personnelle nous fait du mal (ce n'est jamais le message seul mais aussi le ton désobligeant qui l'enrobe), il est vain de se fâcher, de se mettre en colère mais intéressant de conscientiser que nous sommes tous des êtres sensibles et que si nous ne pouvons changer l'autre, nous pouvons évoluer nous-mêmes. Ainsi lorsque nous recevons des insultes, si elles ne sont que ponctuelles, pourquoi y répondre; il existe assez de souffrance comme cela, sourions et taisons-nous. De même, si nous percevons une question comme fielleuse, n'obéissons pas à la convention qui veut que l'on répondre à une question, alors que l'auditeur n'a rien à faire d'une quelconque réponse.

Nous pouvons avec la vigilance d'une pleine conscience tenter de nous améliorer par le choix d'une pensée positive, ce qui ne veut pas dire que nous deviendrions des anges sans parfum, car il n'y a rien de pire que de croire que notre côté obscur n'existe pas. Nous avons tous un inconscient avec ce qui y a été refoulé comme dans une poubelle, notre part d'ombre, le dénier, c'est le laisser régner sur notre moi comme de faux enfants de cœur.

Le plus souvent, les entités humaines vivent à deux ou à plusieurs (les couples polygames) et au fil du temps s'irritent l'une l'autre. La grande vérité à comprendre est que l'on ne peut pas changer l'autre mais on peut nous changer nous-mêmes et modifier nos rapports à l'autre si ceux-ci nous font souffrir. La meilleure démarche est d'abord d'identifier nos colères ou tristesses (sans les projeter sur un responsable externe) pour les relativiser et s'en détacher, puis s'améliorer en ne faisant pas – par vengeance – la même chose à l'autre.

Nous n'aimons pas être jugés et nous jugeons. Nous n'aimons pas les gens qui nous cataloguent avec leurs préjugés et nous le faisons. L'autre nous gonfle parfois mais nous ne supportons pas être seul et incompris. Nous critiquons les autres sans les connaître ou en leur déniant leur altérité (surtout les hommes qui veulent modeler LEUR femme), alors que nous voulons être acceptés pour ce que nous sommes ?

En petit groupe, nous allons faire des apartés, avoir des fous rires ou lancer des sarcasmes pour humilier les autres car nous voulons prouver notre valeur supérieure et nous placer au-dessus d'eux. L'humour et l'autodérision sont des baumes de la communication bien sûr mais non l'ironie, entreprise méchante de déstabilisation d'autrui.

"Laisse-moi faire !" dit-on à l'autre du couple, non pour l'aider mais parce que l'on pense qu'il est incapable de faire l'action aussi bien que nous. Nous sommes constamment dans des relations dialectiques avec les autres, mais aussi avec nous-mêmes, entre notre raison et nos émotions, entre la réflexion sereine et le cœur, entre la science et la spiritualité, entre le conscient et l'inconscient.

L'homme travaille comme un baudet, dépassé et écrasé par son activisme, ses charges, son travail, ses obligations envers des ancêtres grabataires, ses devoirs en général, ses tracas, les critiques de ses chefs, de sa femme et de sa belle-mère et il ne voit plus les beautés de la vie ici et maintenant. Alors, il va faire comme les autres, devenir mesquin et méchant; est-ce la seule alternative ?

Son principal problème est qu'il ne s'accepte pas tel qu'il est ("sois ce que tu es déjà !"dit le soufiste MEVLANA, XII°), il ne s'aime pas assez avec ses imperfections bien naturelles et il en souffre au lieu de s'interroger sur cette stupide évaluation de l'excellence (que serait donc un homme parfait ? physiquement? psychiquement ? intellectuellement ?).

On peut certes avoir des finalités souhaitables mais impossibles (l'inaccessible étoile de Jacques BREL), pour nous guider dans une autoformation; par contre, rêver que nous les atteindrons serait de la démence (Force, Sagesse et Beauté). L'homme fait aux autres des projections et des reproches de ce qui ne va pas chez lui. Ce n'est pas sa faute ni celle de ses parents mais d'un conditionnement (éducation) de la négativité qui remonte à nos ancêtres. Nous ne pourrons jamais dépasser nos mesquineries et nos conditionnements sociaux et familiaux, juste en prendre conscience pour nous en libérer progressivement le plus possible.

Lorsque nous aurons commencé notre métamorphose, nous comprendrons que cette personnalité construite (la persona) est une simple représentation de l'esprit que celui-ci a construite pour nous protéger des plus perfides attaques personnelles et que cette image que nous défendons crocs et ongles est un fantasme. L'homme mangé par sa partie animale de la possession de son territoire et de ses femelles lutte contre les autres pour plus de tout : d'espace, de puissance, d'argent, de nourriture, de signes ostentatoires de richesse alors que dans son cercueil, il n'aura rien !

Par contre, un homme ayant conscientisé le côté éphémère de toute chose (lui-même retournera en poussière) peut continuer à se battre – sans violence, ni haine – pour les moins nantis, pour plus de justice, pour les droits de l'homme, pour des politiciens intègres, etc. Il reste dans le combat d'HERACLITE ("le conflit est la mère de toute chose !") mais en étant alors désintéressé de ses propres soifs, envies.

Le sujet qui tente de se perfectionner ne fonctionne plus à la réaction primaire égoïste, il ne ressent plus la nécessité illusoire d'être le plus fort ou le plus intelligent (techniquement) et lâche prise avec la vanité de son ego; il s'applique à quitter l'embourbement de la glaise des possessions pour se libérer, pour s'envoler vers sa liberté par un détachement de tout ce qui constitue nos pauvres enjeux si petits, si minables.

Ne plus attaquer lorsque notre amour propre est en jeu ne veut pas dire se détacher de tout et on peut encore se battre de façon non-violente en disant le non-dit, la parrêsia des grecs, pour défendre les petites gens spoliés.

Nos valeurs doivent changer. En effet, l'homme qui hurle son besoin d'être aimé reste désespérément seul car trop autocentré; l'homme qui cherche un partenaire pour faire l'amour et respecter les conventions sociales - point barre perd sa courtoisie, son affabilité et la simplicité de son honnêteté d'homme refusant tant bien que mal les rôles appris alors que, dans nos sociétés sans repère, nous avons tellement besoin de recréer le respect de la différence, la dignité pour l'autre et la fraternité/l'affection. Jacques LACAN nous donne (dans son séminaire, livre IV) une définition de l'amour : "l'amour, c'est le regard de bienveillance que je vois dans celui de l'autre", ce qui sous-entend une nécessité de réciprocité pour le moyen terme ? Mais si j'ai si peu d'estime pour moi, comme pourrais-je en secréter pour l'autre ? SPINOZA nous en apporte la clé : "souciez -vous d'être bien avec vous-mêmes et c'est ainsi que vous serez le plus utile aux autres".

Nous n'avons pas besoin de cet excès d'agressivité devenu norme ordinaire : la violence (passage à l'acte), les piques, les petites médisances sournoises, les critiques non réclamées, etc. mais au contraire, la nécessité d'être libres et vrais, d'être nous-mêmes même si le monde environnemental est chaotique. Nous ne pourrons pas seuls changer les plaies climatiques de la planète, certes, mais nous pouvons nous changer nous et l'autre aussi peut le faire. La violence est en lien avec la peur et l'orgueil, la peur de l'autre et de sa domination. Et pourquoi ne pas inverser ce mécanisme des valeurs étriquées et au contraire, respecter de façon exquise la vie qui est en face de nous avec toute son altérité ? Voire mieux : appuyer notre force sur l'aspect complémentaire des différences de l'autre ?


Le fort sera l'homme qui ne se sent plus le besoin de jouer un scénario de brute insensible par exemple jouant de son pénis comme s'il avait un révolver mais qui comprend qu'il doit demander à l'autre son estime et son affection, sans mendier pour une dignité partagée. Attention toutefois au conseil névrotique du philosophe Jésus : "il ne faut jamais tendre la joue gauche lorsque l'on a été giflé sur la droite" mais réagir illico pas nécessairement par la violence mais par une légitime agressivité défensive. En effet, il serait trop facile de s'imaginer que, si nous avons pris un chemin, l'autre a fait de même; cela ferait de nous de simples têtes à claque. Par exemple, lorsque quelqu'un nous attaque avec des jugements de valeur ad hominem, demandons lui ce qu'il gagne en voulant ainsi nous faire du mal ?Nous aider malgré nous ? parce qu'il est convaincu de sa supériorité ?...

"La civilisation a été construite sur la répression des instincts" a dit FREUD. Notre surmoi fut nécessaire pour nous formater à une morale sociale minimale (pensons aux génocides des grands lacs) mais il est aujourd'hui hyper disproportionné et nous sommes inhibés ou culpabilisés à l'avance pour nous défendre. Un jeune mâle poussé par sa libido et qui va faire un "compliment" à une jeune collègue ne sera-t-il pas taxé d'harcèlement sexuel ? Alors il fuit dans sa tête mais où pourrait-il tenter ce compliment ailleurs ? sur un site virtuel ?

Pourquoi travaillons-nous comme des esclaves sinon pour être appréciés de nos parents et reconnus socialement ? Pourquoi gagnons-nous de l'argent sinon pour nous payer ce qui nous fait plaisir ? Mais nous allons oublier ces objectifs lointains et nous continuerons, au-delà du nécessaire, pour amasser ce que nous n'utiliserons pas…alors qu'à chaque seconde, un enfant meurt de faim dans le tiers-monde. J'ai reçu un jour un insight du moine zen Thick Nhat Hank : un Gi pleure sur sa barbarie en racontant au moine qu'il a mitraillé de son hélicoptère des femmes, des enfants et des bébés, il y a plus de trois décennies, à My-Laï. Le moine le regarde et lui dit : "je n'ai que faire de tes lamentations, de ton autoapitoyement; ceux que tu as tués sont morts et tu ne peux rien faire avec le passé; par contre, à chaque seconde un enfant meurt et toi qu'attends –tu pour agir ?"

En synthèse : nous avons été conditionnés par notre éducation/élevage dans la tendre enfance et nous ne pouvons nier cet imprinting qui a laissé des cicatrices sur l'enfant qui est encore en nous. Mais pourquoi nous lamenter en boucle ? Nous pouvons avec un formateur-coach ou avec une petite équipe positive retravailler notre négativité pour par exemple sortir du rôle de la victime de service et pardonner à nos parents et donc nous élever dans et par une spiritualité immanente et fraternelle. Certes, nous n'arriverons pas au bout du parcours à nous nettoyer de nos blessures psychiques mais l'important n'est pas la fin mais le chemin buissonnier de la promenade en lâchant prise avec nos gémissements et nos rigidités correspondantes. ("J'ai souffert, donc…!").Tournons la page!

En Europe, est-ce que tous les ritualismes des églises ont occulté la spiritualité ? Les symboles signifient-ils un moyen mnémotechnique pour raviver l'essentiel effacé par le temps de l'ennui ?
Dans un de ses exercices "le rêve éveillé", FREUD demande à son patient de se relaxer complètement, de s'allonger, de fermer les yeux et de laisser fonctionner son imaginaire. "Vous avez 7 ans !", dit-il, "et vous retrouvez à la cave (ou au grenier) une malle ancienne qui, vous le pressentez, contient des traces de votre prime jeunesse insouciante." Nous pourrions modifier les prémisses de l'histoire et changer la malle en une pièce mystérieuse, l'essentiel étant de l'ouvrir et d'y retrouver des objets symboliques qui vous éclairent.

Dans cette pièce, une fois la porte ouverte, il y a une foule de gens qui crient en souriant : "Bienvenue Jean-Marie, tu n'es pas seul !". Il y a là vos proches, vos amis, et aussi vos chers disparus ainsi que des fantômes dont le visage vous est familier (des portraits de famille), il y a vos amis d'école, vos amies, et vos animaux de compagnie : chiens, chats, perroquet, lézard qui vous lèchent de partout affectueusement ou font aller leur queue lorsqu'ils en ont une (le lézard l'a perdue). Vous retrouvez vos plantes et vos cailloux fidèles à eux-mêmes, peu bavards. Non, ce n'est pas le paradis pour Disney Land mais des structures moléculaires réaménagées.

Un ancêtre vous explique que le cosmos est très vaste et plein de poussières et de vide, que notre terre n'est pas plus grosse qu'une tête d'épingle comparée à Betelgeuse et qu'ensemble, sur la planète bleue, nous avons développé la vie organique avec les générations de frères qui se succèdent pour faire de la place à d'autres vivants et cette énergie est en connivence avec le soleil, la nature et ses plantes qui fabriquent de l'O2. Le Monsieur jovial qui se présente comme Carl Gustav termine son laïus en disant : "Nous sommes l'archétype de la société primitive universelle avec la terre, le ciel, l'eau et le feu qui forment l'énergie de la nature vivante. Que l'on soit femme, homme ou cancrelat serrons-nous la pince, nous vivons ensemble et partageons le même air dans nos poumons ainsi que la même eau. Il n'y a ni noir, ni juif, ni bleu, juste des différences culturelles pour exprimer le sacré de la vie et construire ensemble une humanité aimante."

La vie n'a pas d'autre sens que celle d'être vécue puis de mourir et de se décomposer pour faire de la place aux nouveau-nés. Dans l'entretemps, pour ne pas mourir d'ennui et nous épanouir, nous avons besoin de tendresse, d'amour, de caresses et de sexe aussi. Tout ce qui inhibe le plaisir de vivre est intoxication (l'argent, le pouvoir, l'orgueil et la vanité). Pourtant, ce côté ombre existe aussi et c'est au libre-arbitre de l'homme (décrété ou non par lui-même) de choisir ce dont il a besoin pour sa vie avec sa raison et ses émotions. Choisir entre le surtravail ou l'affection permanente et surtout ne plus croire que l'un apporte l'autre car ils sont antinomiques. De plus, comme disait La Palisse, le travail, c'est fatiguant.

Il n'y a que poussières certes,
Mais la vie éphémère existe aussi ici

Jean-Marie LANGE,
27.01.2010
[1] LE BON Gustave, Psychologie des foules, Paris, Flammarion, 2009.

[2] MOSCOVICI S., L'âge des foules, Paris, Fayard, 1981.

[3] RIEFENSTAHL Léni, L'Afrique de Léni, Gütersloh, Mohndruck, 1984.

[4] SEMELIN Jacques, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, Paris, Seuil, 2005.

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