mardi 12 janvier 2010

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Site : http://soutien.et.autonomie.free.fr
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique: Jean-Marie LANGE gap.belgique@skynet.be
DEXIA : 068-2426901-85; IBAN BE89 0682 4269 0185 BIC GKCCBEBB
Site : http://soutien.et.autonomie.free.fr;

COACHING : la méthodologie des Histoires de vie en groupe

"Si je désire une maison, un verre d'eau, un corps de femme, comment ce corps, ce verre, cet immeuble peuvent-ils résider en mon désir et comment mon désir peut-il être autre chose que la conscience de ces objets comme désirables ?"[1]

"Pour nous, l'homme se caractérise par le dépassement d'une situation, par ce qu'il parvient à faire de ce que on a fait de lui." [2]

"Le sujet réflexif s'autorise à penser par lui-même, à affirmer ses croyances, ses idées, à fonder ses opinions sur sa "raison", à rechercher la cohérence entre ce qu'il sait, ce qu'il ressent et ce qu'il exprime, à confronter ses croyances à celles des autres sans se laisser imposer un point de vue extérieur. C'est toujours en définitive une parole qui fonde la capacité d'une perte du sujet de son histoire. Le sujet acteur trouve la confiance en lui-même dans ses capacités d'action qui lui permettent de se réaliser à travers ses œuvres, ses conquêtes, ses travaux, ses productions sociales. Devenir producteur de sa propre vie, c'est d'une certaine façon la créer comme un artiste crée une œuvre d'art, ou comme un artisan produit un objet."[3]

II est incohérent de séparer les sentiments/émotions internes du MOI/JE/EGO du milieu social dans lequel il baigne. Les accompagnateurs seront à l'écoute du vécu, de l'expérience. Ils considéreront que la subjectivité consciente et inconsciente est nécessairement couplée avec les phénomènes sociaux (époque, ethnie, culture, famille, secret de famille,…). Il s'agit de comprendre les faits sociaux de l'extérieur comme structure et normes culturelles qui conditionnement le sujet ainsi que la rétroaction du Je/EGO sur les pressions sociales (révolte, soumission, conformisme, apathie, dépression…). La remise en question du lien social en nous modifie également les valeurs d'assujettissement du moi interne

L'externe et l'interne se nourrissent l'un de l'autre tout comme la sociologie et la psychologie, le psychisme et le social. Nous avons interaction de notre hémisphère gauche logique rationnel et analysant des faits visibles et de notre hémisphère droit, notre ressenti émotionnel, notre connaissance sensible, nous dit Pierre JANET. Le perçu, le vécu et le conçu.




Consignes méthodologiques

La psychologie relationnelle est une psychosociologie clinique qui rompt avec la psychologie expérimentale et le cliché du savant en blouse blanche qui s'intéresse à la maladie mais non au patient. En psychosociologie, il s'agit d'écouter le vécu des acteurs sociaux, il s'agit de s'intéresser à ce qu'ils ont à dire sur le social qui les concerne.
L'aspect clinique favorise l'empathie, la compréhension mutuelle, la co-recherche et la confrontation entre les théories et les vécus expérientiels.
Le formateur est à la fois impliqué et conserve une petite distanciation analytique capable de reformuler une histoire sur un autre plan, un autre registre. Différents fils rouges sont proposés au groupe par les formateurs : roman familial, trajectoire sociale, amour, argent, deuil, loyauté familiale, etc. avec des supports projectifs écrits ou graphiques.

Les groupes de parole en psychosociologie (10 personnes maximum) sont toujours dans l'autoformation assistée, donc dans une recherche permanente et dans l'implication la plus authentique possible. Il s'agit d'un espace d'exploration entre adultes matures et équilibrés (Parfois en résidentiel, souvent de 3,4 jours. Notons qu'aux Etats-Unis, des groupes de parole se rencontrent une année durant, une fois par semaine.). On y fait des liens entre les histoires personnelles, familiales, sociales et professionnelles.

Stratégies

L'animateur annonce le tour de table de présentation de chacun et de ses objectifs mais auparavant explique le concept d'APARTE qui peut être un parasite redoutable pour la confiance du groupe.
Il énonce les règles de base :
- demander la parole en levant la main (l'animateur veille à ce que celui qui parle ne soit pas interrompu et que tous aient accès à la parole),
- ne pas interrompre un travail en cours par un jugement de valeur intempestif avant la fin d'un exercice en groupe,
- conserver la discrétion sur ce qui se dit en séance,
- rebasculer les informations perçues dans les couloirs ou dans l'entre-deux séances,
- dire toujours ce que l'on pense, mais avec courtoisie,
- ne jamais se forcer pour la participation à un quelconque exercice mais s'interroger sur ce qui constitue les freins en nous,
- employer les messages-Je ou le prénom de la personne à qui le message s'adresse mais jamais évoquer le "on" impersonnel,

Tactiques

- Le formateur reformule systématiquement toutes les interventions en s'assurant que son interprétation est fidèle. Il veille sans toucher au contenu à le simplifier et à le dédramatiser.
- Le COACHING s'apparente aux thérapies brèves systémiques (cinq séances puis évaluation) et utilise la psychologie relationnelle où le formateur s'implique en faisant écho avec sa propre histoire (composante chamanique), en formulant le non-dit des boucles névrotiques et parfois en proposant une aide-soutien (attitude de PORTER), tactiques qui permettent à la personne de se libérer elle-même de sa personnalité imaginaire de l'ego.
- Il apporte des théories avec "à propos" et toujours avec l'orientation d'une pensée positive.
- Il induit la prise de conscience des moments heureux avec la question : "qu'est-ce que je fais aujourd'hui pour moi et qui m'a procuré de la joie ? du plaisir ?"
- Il crée des ponts entre le malaise interne refoulé et les conditionnements sociaux et familiaux (les prophéties faites aux enfants).
- Il ne prend jamais parti sur des problèmes religieux, sauf si certaines croyances sont nuisibles pour le sujet (risque de suicide, par exemple)
- Il demande à tous les membres du groupe de ne rien changer à leur vie dans la précipitation mais après avoir mûri les grains, l'idée des gains et des pertes.
- Les sujets seront toujours respectés en adultes, dans leur culture spécifique, ils sont des cochercheurs à leurs diverses problématiques d'existence.





Protocole spécifique pour groupe de femmes insécurisées

La vie économique devient de plus en plus âpre, les gens sont frustrés et mécontents, on assiste à un nouveau phénomène de société : la violence envers les femmes par leurs propres compagnons; des groupes de parole en histoires de vie peuvent aborder ce choc postraumatique banalisé, surtout si ce sont des femmes qui parlent à d'autres femmes. La féministe Valérie COLIN-SIMARD[4] énonce six principes pour une attitude plus féminine, douce et ferme dans les relations conflictuelles, six conseils aux femmes pour s'éveiller à leur spécificité et se désaliéner du comportement d'assujettie. Les femmes ont voulu l'émancipation et pour cela, croyaient-elles, il fallait crier aussi fort que les hommes. Nous sommes une seule espèce qui le plus souvent se fait la guerre ou se dispute parce que le seul hémisphère gauche masculin de l'action est valorisé. Et si nous essayions de réfléchir la féminité avec l'hémisphère cérébral droit, celui de l'intuitif, du ressenti, nous dit le psychologue Pierre JANET.

"Oser être soi". Une jeune fille, parce qu'elle n'avait pas eu de porteur de phallus chez elle, traitait dans l'entreprise qui l'employait ses supérieurs hiérarchiques avec une trop grande familiarité mettant ainsi en acte l'adage "pas de père, pas de repère". J'ai toujours dit dans mes cours : oui à l'authenticité et non à la spontanéité. Cette confusion des rôles est spécifique des filles sans père qui peuvent aussi bien sauter au cou de leur patron que pleurer sur son épaule. Nous n'avons pas à utiliser cette machinerie économique du macho et basée sur l'avoir, la conquête et le profit. Nous pouvons rester dans un cadre contractuel pendant les heures de service et être authentiques avec notre cerveau droit tout le reste de la journée, en étant centrées sur l'être, l'écoute et les émotions. Les hommes offrent un modèle de conquête centré sur l'avoir, les femmes peuvent être plus à l'écoute de leurs émotions et plus centrées sur l'être sans rapport de pouvoir et de domination et sans non plus se conformer à un chromo de Walt Disney, celui de la belle patiente et douce.
"Oser négocier". Dans nos cultures machistes, l'homme décide trop souvent, y compris pour les choix de sa compagne. En analyse transactionnelle, cela s'appelle alors "coller des timbres" et à un moment, lorsque le carnet est plein, on craque de façon disproportionnée. Pourquoi ne pas dire le non-dit en demandant à l'autre ce qui lui ferait plaisir et puis en enchaînant avec nos propres désirs. Il est toujours plus facile de donner que de demander; c'est donc un apprentissage de longue haleine.
"Oser plaire". Etre à la fois une femme séduisante s'octroyant des moments pour elle et son couple et aussi une mère attentive élevant une petite marmaille de bout'chou criards et aux fantasmes de toute-puissance. Elle va donner les règles, les limites mais aussi les câlins, l'attachement, l'attention et les caresses mêmes si elles sont parfois factices. A un petit bout'chou de 4 ans, j'ai entendu une mère donner une belle leçon positive de savoir-vivre ensemble: un glacier, papa, maman et la grande fille ont terminé leur glace et maman fait remarquer à Romain qu'il est le dernier et que par respect pour lui, les trois autres personnes ne quittent pas la table, ce serait bien que la prochaine fois que ce sera lui le premier, il y pense aussi ?
Beaucoup d'hommes, lorsque leur compagne est enceinte, vont voir "ailleurs" et rechercher une autre femme plus jeune et plus disponible car la croyance normative (donc susceptible d'évoluer) dit qu'une fois mère, la femme est accaparée par son enfant sa maman et parfois traite son époux comme un enfant surnuméraire ("Il ne sait rien faire tout seul !" est un fantasme typiquement féminin). A contrario, il en va de même et les autres, celles qui ne se sont pas souciées que leurs hommes ne voient pas leurs enfants, ni les petits-enfants, ni les arrières-petits enfants, s'étonnent qu'on leur rende si peu visite. La vérité est la voie du milieu, aurait dit le Bouddha.

"Ne pas faire" WOU-WEI. Lorsque quelqu'un entre en colère, il attise la nôtre qui lui répond. Pourquoi ne pas envisager la passivité ?
Ne pas répondre à l'attaque mordante dont le seul but est de faire mal, même par une attitude négative mais plutôt attendre la fin de l'orage ou que son contentieux s'essouffle tout seul. Il en va de même dans l'action de self-combat des moines zen, ne pas agir, se concentrer et se déplacer pour éviter les coups. Ne pas laisser la colère de l'autre trouver des prises en nous. Attendre plutôt que d'entrer dans son jeu et briser ainsi la cercle de la répétitivité.
"Savoir se taire." Oser ne rien faire, c'est aussi savoir se taire et ne pas intervenir à tout bout de champ. Il s'agit là de casser le modèle parental ("tu dois, tu ne dois pas, il faut") qui nous a conditionnés. Sortir de la répétitivité névrotique de nos parents en rejetant par nous-mêmes l'entrée dans le jeu "parent-enfant" de domination comme eux l'étaient lorsqu'ils étaient petits. Dompter notre impulsivité, lorsque nous sentons une colère monter en nous, l'interroger sur ses causes premières : pourquoi cette rage éclot-elle en moi ? Les animaux n'ont pas la conscience de soi et nous, nous l'utilisons à peine, même pas quelques secondes d'analyse par notre conscience du Soi : réfléchir aux conséquences de nos paroles, prendre du recul avant de dire ou de faire.
"Oser exploser". Il faut se méfier de la généralisation de la passivité en acte et en parole, il s'agit de tactiques du court terme. Il est bon, quand le beau temps le permet, de revenir avec douceur sur les questions litigieuses et d'employer une métacommunication où chacun essaye de se remettre en question pour comprendre les germes de ce coup de colère et si possible à l'avenir les éviter. Il n'est pas bon que quelqu'un refoule sans exploser, sans laisser sortir sa fureur (en criant au bout du jardin par exemple) pour ne pas finir par imploser.

Conclusions

Finalité : La personne est le produit de son histoire dont elle veut devenir le sujet.
Objectif : permettre au sujet, après analyse de ses conflits internes et externes, de trouver ses propres réponses pour une vie plus satisfaisante.

Jean-Marie LANGE, formateur-intervenant GAP
10.01.2010
[1] SARTRE Jean-Paul, L'Être et le néant, Paris, Gallimard, 1943, 1979, p.616.

[2] SARTRE Jean- Paul, L'existentialisme est un humanisme, Paris, Nagel, 1946, 1959, p.127.

[3] De GAULEJAC Vincent, Qui est "je" ? Paris, Seuil, 2009, p.25-26.
[4] "La grande popularité dont nous jouissons aujourd'hui, nous les psychothérapeutes, est un des symptômes de cette désagrégation des liens. Beaucoup viennent chercher chez nous à restaurer la confiance, la sécurité et la disponibilité nécessaires à la naissance de cette relation d'être à être qu'est l'intimité. Joseph a un bon travail, une jolie femme, une magnifique petite fille. C'est comme s'il avait installé partout dans son jardin les bons tuyaux d'arrosage et que, chaque fois qu'il voulait s'en servir, il posait le pied dessus. Il s'est coupé de l'échange, coupé de la vie. Beaucoup de mes patients comme lui ont un long travail. Ils ont parfois une compagne ou un compagnon. Ils ont un enfant. Ils ont de l'argent, une maison. Ils ne sont pas heureux et ne comprennent pas pourquoi. Citoyens à part entière de notre société de consommation, ils ont tout misé sur l'avoir, valeur masculine. Au détriment de l'être, valeur féminine. Comme Joseph, ils souffrent de la distance qu'ils ont instaurée avec leur entourage. Ils veulent retrouver le chemin du cœur. Leur intimité."COLIN-SIMAR V., Quand les femmes s'éveilleront…,Paris, Albin Michel, 2008, p.254

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