mardi 24 août 2010

Pour une société de civilisation

Pour une société de civilisation
Notre société est individualiste et consommatrice, elle est froide comme le calcul et l’avoir, l’accumulation des biens et l’exploitation du travail plutôt que la qualité de la vie. Il faudrait inverser cette aberration de l’avoir à l’être avec ses émotions (la joie, la peine, le malheur, le plaisir, l’esthétique du beau, l’éthique du bien et la passion d’apprendre).
Les interactions entre les cerveaux par le langage et la culture font émerger l’esprit. Tout corps en développement développe des contraintes (des règles, des lois) ainsi que des propriétés émergentes comme l’art et l’esprit chez certains humains, une qualité virtuelle/potentielle, absente dans le cerveau de nos cousins chimpanzé Bonobos. Cette qualité va s’épanouir dans le rapport cerveau/culture des humains avec la connaissance et la compréhension, la conscience et la réflexion.
Nous voulons l’autonomie mais celle-ci n’est possible que si nous acceptons aussi une relation humble de dépendance vis-à-vis de nos environnements tant des humains que de la nature. Un être vivant, même lorsqu’il dort, reste en activité avec l’extériorité : ses cellules sont actives, son cœur bat, ses neurones fonctionnent et il respire en échangeant son CO2 contre l’O2 fourni par les végétaux, un ressourcement énergétique grâce à l’environnement (sauf à Moscou en cette première moitié d’août 2010).
Pour un multiculturalisme sélectif refusant toute violence
Une image choc publicitaire qui a marqué mon esprit est celle d’un Papou tout nu in situ avec son étui pénien et sa perruque en plumes d’oiseaux de paradis qui tenait dans sa main une cannette de Coca-Cola. L’image subliminale pour moi était dans le pourtour du sujet : une forêt primaire abattue pour rien, si ce n’est le profit d’une pâte à papier non taxée par une autorité planétaire et aucune obligation de reboisement. Le monde technologique industriel désintègre les communautés et les solidarités traditionnelles, les cultures du don, les rites du potlatch et l’entraide de tous où le chef a été désigné parce que le plus riche de tous mais reste un guignol sans pouvoir autre que celui de donner aux plus pauvres ses cochons et ses biens.
Chez nous en Occident, nous avons sombré corps et biens dans l’individualisme et la propagande du genre « Euro million » : un jour, nous serons riches tout seuls par notre soif du profit et de l’égocentrisme de l’incompréhension totale de la misère d’autrui, des 2/3 de la planète, et puis, grosse farce cosmique, nous mourrons comme les plus pauvres car cela est notre destin. Notre société technique segmentée et compartimentée classe les individus (en principe égaux) en faisant fi de la solidarité de l’ensemble des cellules humaines dispatchées dans divers corps. Les SDF, sans-papiers et autres malheureux en hiver sont à peine aidés par des asbl chichement subsidiées. Par contraste, le développement des buildings des métropoles a un caractère amoral de manque de responsabilité collégiale. Il en va de même dans le tiers-monde où le phénomène de la corruption généralisée empêche tout développement, y compris jusqu’à l’entretien des infrastructures coloniales d’il y a un demi-siècle.
L’aide internationale octroyée se dilue avant d’arriver aux ayant-droits mais en plus, elle ne répond pas au qualitatif de l’entraide et de l’autonomie villageoise car elle a été construite sur le quantifiable du calcul (les indices de croissance). Ces rares investissements économiques et non de développement social (le besoin d’écoles par exemple) sont très vite phagocytés par de nouveaux riches sans scrupule qui s’achètent des « Mercédès blanches », c’est la caricature pitoyable de l’européocentrisme et de l’islamocentrisme des pétrodollars.



C’est la solitude dans la richesse (et les barbelés) et non le relèvement des traditions communautaires[1] dans le partage. Bien sûr, les droits de l’homme sont une condition mondiale nécessaire mais non suffisante à opposer à l’obscurantisme des religions judéo-chrétiennes tout comme au djihad des fondamentalistes islamistes fanatisés par Al Quaida. Nous évoluons tous (l’humanité) avec un sous-développement psychique, moral et affectif qui nous fait refuser d’accepter avec bienveillance les différences ethniques pour autant qu’elles ne dévient pas dans la barbarie faite aux femmes sous couvert d’une tolérance malsaine s’apparentant à de la lâcheté.
Nous perdons l’aptitude à relier, à parler globalement en respectant les différences (aussi bien du côté des occidentaux que du côté du tiers-monde islamiste). L’hyperspécialisation et l’hyper individualisme des ethnies des blancs riches conduisent à des sociétés de mal à être, de la perte du sens collégial et de l’autre côté du proverbial accueil de l’étranger. Alors chez les occidentaux, sous le stress d’un hyper-travail de plus en plus compétitif, on se tourne vers les drogues ou l’alcool et parfois, vers des sagesses venues d’Orient (zen et tao). Les sous-développés du tiers-monde ont l’animisme et les superstitions magiques bien récupérées au nom de l’islam par les marabouts et nous, nous avons l’illusion que l’argent thésaurisé et non partagé fait le bonheur, nous avons l’illusion de la techno-science des canons et du progrès par la consommation effrénée des I-pood par exemple.
Nous allons en solitaire sur une autoroute de la technologisation là où les générations et les ethnies ne savent plus communiquer dans le temps qui file. J’utilise le courriel (e-mail) et internet pour des fonctions précises (comme par exemple trouver le plan d’un ville avec la fonction maps) mais pour continuer à apprendre, je lis, c’est plus facile pour moi. Dans quelques temps, mes petits-enfants me demanderont « c’est quoi un livre ? ».. J’apprends le jeu des échecs à des jeunes adultes qui eux m’aident à régler mes gadgets électroniques de plus en plus complexes comme par exemple, le patch internet+router+TV que l’on peut installer soi-même selon une publicité encore mensongère de BELGACOM.
L’effet papillon existe en économie ; pour augmenter les profits, des employés de banques sont virés et remplacés par des robots. Je vois ensuite de vieilles personnes qui sont ainsi contraintes aux guichets automatiques et qui sont désemparées car leur cerveau ne fonctionne pas aussi vite que les machines et ils sont toujours en train d’essayer de comprendre lorsque l’automate clignote avec la mention : « Retirez votre carte. Echec de la transaction ! ».
Comment pourrait-on restaurer l’entraide et la convivialité ?
Dans certaines familles, chacun mange seul lorsqu’il a faim, il n’y a plus de repas commun propice aux échanges familiaux, aux identifications réciproques. Dans les entreprises, face à un licenciement suspect, il n’y a plus de mouvement de solidarité syndicale ; au contraire même, les travailleurs précarisés pensent chacun « ouf ! ce n’est pas encore moi cette fois ! ». Sont-ils heureux ? Dans les aires de repos des autoroutes, il y a des poubelles mais les détritus et cannettes vides sont jetés à côté. Etc. Il nous faudrait impérativement réintroduire une éducation citoyenne à l’école ; celle que des familles déchirées, mal recomposées ou non instruites n’ont pas transmise, la notion de biens collectifs comme le mobilier urbain pour tous par exemple. Qui dégrade les sièges des bus, ceux qui ont des voitures ou ceux pour qui cela a été instauré ?
A côté de ce déni des biens communs à gérer en « bon père de famille » et de l’apothéose du consommateur solitaire enfermé sur son MP3 ou son GSM, il y a les « paumés », les exclus vivant en-dessous du seuil de la pauvreté mais criblés de dette (grâce aux organismes de prêts faciles).
Puis, il y a les fanatiques religieux islamistes qui font du terrorisme à l’aveugle car c’est plus facile de poser une bombe dans le métro que d’attaquer un poste de police. En effet, d’une part, les femmes, les enfants et les vieillards ne sont pas armés et d’autre part, les martyrs de cette pseudo-révolution de la lâcheté bénéficient de l’effet de surprise. Par exemple l’Afghanistan, avec la complicité hypocrite du Pakistan pour les Talibans perpètre à la fois des attentats aveugles et viole les droits élémentaires des femmes de ses tribus.
Enfin, il y a les nouveaux riches, comme les chinois, qui disent en substance aux occidentaux : « vous avez pollué le monde pendant plus d’un siècle, pourquoi pas nous à présent ! »Et avec le milliard et plus d’individus qu’ils représentent dans la bêtise mondiale, ils ne seront pas tués par leur énorme production d’oxyde de carbone (CO des voitures remplaçant leurs vélos) mais par les inondations de fleuves de boue de leurs collines déboisées. Rappelons que ce sont les seuls opposants aux derniers accords possibles de Stockholm. Et puis, cerise sur le gâteau du gâchis, il y a les russes et les feux de forêt dus à la canicule et à des gosses non éduqués à la citoyenneté, feux qui menacent leurs silos de missiles à têtes nucléaires.
Entre ces catastrophes attendues et le gamin qui n’est pas chez lui mais qui s’est invité dans notre pays et lacère au cutter les sièges du bus public, il y a un commun dénominateur : la pulsion de mort. L’homme est la seule race capable d’égorger un combattant qui demande grâce, ce qui existe chez les animaux prédateurs mais non entre eux. Je suis pessimiste mais non nihiliste, il n’y a pas d’espoir mais juste une petite espérance : celle que l’homme se change lui-même très vite et institue des lois pour la civilisation et non comme jusqu’à maintenant pour le profit et le pillage des ressources.
Pour conclure par la flamme vacillante d’une bougie d’espérance
Redécouvrons la liberté que les néolibéraux ont confisquée pour l’exploitation de l’homme par l’homme, stoppons le développement néolibéral pour une régularisation responsable de nos diverses consommations (eau, essence, électricité, 4x4, avions, alimentation exotique importée en hiver, etc.), non pas pour une décroissance absurde à la ROUSSEAU mais une authentique politique de l’homme et de la civilisation multiculturelle.
Une femme canaque de Nouméa – devant une pièce de théâtre jouée conjointement par des canaques, des caldoches et des blancs – eut la réaction étonnée suivante : « Je n’aurais jamais cru qu’ils puissent se mélanger ! ». Du mélange culturel au métissage des populations, c’est notre seule issue, celle de devenir des citoyens du monde. L’avenir n’est pas dans la dialectique du maître et de l’esclave où il y a deux perdants mais dans une reconfiguration de nos certitudes culturelles : un changement radical entre la croissance techno-instrumentale basée sur la valeur du profit (pour des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres) et celle qui consisterait à créer une politique de l’humanité avec pour commencer une allocation de vie (fric) raisonnable égale pour tous et donc en corolaire le contrôle des quelques milliardaires de la planète qui ne payent pas encore une obole proportionnée au développement durable des humains. Notre européocentrisme reste encore aujourd’hui un mauvais modèle, celui d’un instrument de colonisation des « sous-développés » du sud par le nord.Le néolibéralisme est quantitatif pour ce qui l’arrange mais ne calcule pas l’égalité d’espérance de vie, la souffrance, la joie, l’amour et la faim. Il nous faut un modèle qualitatif de développement (ISO 9000) qui prenne en compte les qualités de l’existence, de la solidarité, du milieu et des autres richesses non statistiquement calculables, un système qui pratique – selon des modalités à définir ensemble – un transfert de la richesse (potlatch), le don, la conscience et la dignité.
Que chacun connaisse les fondements religieux et laïques de tous pour moins juger et imposer des stéréotypes de guerre. Que les sagesses orales et rituelles des civilisations archaïques soient non seulement connues mais aussi comprises. Enfin que les pollueurs en hydrocarbures notamment soient emprisonnés à vie (tous les cadres) pour crime irréversible contre la planète. Comme un corps physique, le corps social doit se régénérer en réveillant des cellules souches endormies dans les scléroses sociales. La finalité devrait être de se solidariser et non de spéculer sur la mort avec le prix de médicaments essentiels par exemple mais surtout instituer des services pour lutter contre les injustices majoritaires dans le tiers-monde, là où des humains sont le plus dépourvus de respect et de considération.


JM.Lange, 15.08.2010


[1] « - Les principes qui te tiennent à cœur ? L’affirmation de l’égalité des cultures, la préservation de la planète et de ses ressources, le pouvoir libérateur de la science et du savoir,….
- Je ne t’entends pas beaucoup parler de l’égalité homme-femme, dit-elle. Ou peut-être estimes-tu que ce principe contredit celui de la liberté religieuse ?
- Tu fais sans doute allusion au fait que je suis musulman ?? demanda-t-il ?
- Je le suis également, répondit Malawati. Mais contrairement à toi, cela ne me donne pas le droit de lapider mon conjoint s’il m’est infidèle, ni même de le couvrir des pieds à la tête dès qu’il sort dans la rue. » BELLO Antoine, Les falsificateurs, roman, Paris, Folio, 2008, p.155.

mardi 17 août 2010

CAPI n°29b Sep..Oct2010 Le GAP :procédure et évaluation

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;


CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP

N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – nov.dec.09
N°25 – Janv.fev10 : la matière, le vide, la nature et l’éducation.
N°26 – Mars-Avril10 : Le sexisme, forme principale de racisme.
N°27 – Mai-juin 10 : Sorcellerie et ethnopsychiatrie
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative
N°29b – Sep-oct10 : Le GAP – stratégie, procédure et évaluation









CAPI N°29b Sept-oct : Le GAP : Stratégie, procédure et évaluation

Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune
confession et à aucun parti politique.

Rappel de la structure opérationnelle du Groupe d’Autoformation Psychosociale

Finalités

Au niveau des sujets : épanouissement personnel et émancipation sociale. L’ensemble des adultes d’un village a le droit de s’exprimer lors des réunions de celui-ci.
Au niveau du groupe/de la collectivité : autonomisation de fonctionnement par la démocratie participative dans le cadre strict du respect des droits de l’homme et de la tolérance (toutes les croyances sont respectables mais ne peuvent entraver nos projets techniques ni perturber l’ordre du jour du GAP).

Objectifs

· Permettre à chacun (homme et femme) de s’exprimer sans crainte d’un quelconque jugement (ou moquerie) ou encore de rétorsion ultérieure.
· Aider à la mise sur pied d’associations autonomes de gestion villageoise au service de la collectivité (non de l’enrichissement personnel direct ni d’un quelconque institué).
· Participation citoyenne à toutes les propositions de développement émanant de la collectivité et/ou des projets cibles du GAP, autant pour l’amélioration et/ou l’adaptation de projets que pour l’implication des acteurs qui prendront les relais des intervenants psychosociaux toujours provisoires.

Stratégie

Avec une personne de confiance locale pouvant traduire les dialectes spécifiques et/ou les langues vernaculaires, discussion du projet, de ses limites et de son côté « ONE SHOT » initiateur et non paternaliste. Par exemple, le lancement d’une formation couture ou d’un élevage de cochons implique de la part du GAP l’utilisation optimale des dons reçus (transformation en outils par exemple) et un protocole de faisabilité (cultures en terrasses par exemple), des conseils techniques (pas d’engrais ni de produits phytopharmaceutiques) mais non une aide permanente dans le temps (par exemple la visite du vétérinaire ou une recapitalisation permanente de l’atelier couture).

Tactiques

Un engagement de tous dans le travail avec les noms de tous les membres qui s’impliquent dans une association locale telle TUGWIZIMBUTO (à Kayoba, Burundi) formant contrat écrit pour le lancement de la coopérative « jardins » avec la synergie du GAP pour l’apport en semences et outils. L’association locale doit avoir comme finalité de s’autogérer en asbl autonome endéans les deux ans (un suivi ponctuel après la première année est toujours possible).

Evaluation et suivi

L’équipe initiatrice en synergie d’un projet concret impliquant les villageois revient un an après pour constater s’il y a auto-investissement en travail des acteurs ou détournement à des fins personnelles. En cas de réponse positive au rapport des évaluateurs, le GAP peut prendre en compte l’aide à d’autres projets complémentaires (toujours avec un contrat écrit spécifiant qu’il ne s’agit pas de cadeau mais de réciprocité) et ouvrir un compte bancaire d’amortissement auquel chaque membre s’engage à verser 10% des recettes vendues sur le marché et une caisse de secours mutuels de 5% par membre. La participation effective au Conseil d’Administration demandera à tous d’être au préalable en ordre de cotisation, soit 15%. Dans la seconde perspective (détournement), aucune suite ne sera accordée pour une quelconque relance.

Pour illustrer ce règlement interne, à KAYOBA(sud BURUNDI), l’association TUGWIZIMBUTO est autonome ainsi que la gestion des fours solaires aux deux maternités de MAKAMBA (Chef-lieu). Par contre, l’atelier couture, qui devait fournir un métier au village pour les jeunes filles n’ayant pas eu une scolarisation de par la guerre, a été s’installé à Makamba pour être plus près du marché et a nécessité dès lors de nombreux frais supplémentaires (loyer d’un magasin, meubles, outils,…). Ce projet a chuté pour mauvaise gestion de l’animatrice s’octroyant un salaire équivalent au formateur. Celui-ci a « déserté » en emportant une des meilleures machines et le bilan du projet après un an est la formation d’une seule stagiaire, donc fin irrévocable d’un quelconque suivi et demande de la restitution des 4 autres machines, du four solaire, des ciseaux, des meubles et autre matériel à l’animatrice « couture » pour réinvestir dans un autre projet avec des partenaires plus fiables.
Notons toutefois à décharge que, pour les burundais, suivre une formation implique pour eux d’être payés et non comme partout dans le monde payer eux la formation reçue augmentant leur savoir-faire, ce qui crée des quiproquo et maintient un sous-développement chronique. Nous faisons l’hypothèse que la stagiaire formée a été payée pour sa formation, ceci expliquant cela.

Pourquoi la Coopération belge ne subsidie pas le GAP qui se veut libre de tout parti ?

Depuis 1988 (Nombori, falaise DOGON, Mali), notre association de fait a été sensible à l’aide humanitaire en Afrique avec des gestes simples comme apport de médicaments utiles et non périmés et de matériel scolaire. En 2005, nous sommes devenus une asbl avec des projets ciblés et structurés et surtout soumis à évaluation (toujours dans le cadre des droits de l’homme et de l’autonomisation alimentaire des villages pilotes).

Un ancien marxiste (devenu socialiste) nous reprochait notre utopie « idéaliste » : « C’est comme en politique, disait-il, si vous n’avez pas de programme, ce n’est pas sérieux ! ». Mais à quoi bon avoir un programme et des promesses électorales sans moyens concrets/financiers pour les atteindre ? Il en va de même avec la coopération belge au développement. C’est très bien d’avoir de beaux objectifs du Millénaire 1990-2015 mais sans indicateur d’évaluation, cela restera un enfer pavé de bonnes intentions ? ou de désinformation ?

Lorsque je reproche à l’aide à la coopération de publier une brochure : « Pourquoi l’aide de la Belgique au tiers-monde échoue-t-elle depuis trente ans ? »(authentique), je leur recommande aussi d’avoir recours à des spécialistes experts autres qu’en agronomie. Pourquoi pas des pédagogues experts en évaluation et formés à la pédagogie du projet? Du coup, mon ami socialiste un peu ronchon m’insulte dans le ton en me traitant sans humour de « sale pédagogue ! ». C’est beau le surréalisme dans un pays en voie de disparition. Toutefois, est-il possible de mordre la main qui devrait nous nourrir au lieu de la lécher ? Y a-t-il place dans le royaume pour un esprit critique non inféodé, non contrôlé.

Cela étant dit et pour justement rester fidèle à l’esprit critique, il faut reconnaître qu’en 2006, le Ministère des Affaires Etrangères a fait un bel effort pour fixer les 7 objectifs du Millénaire (le 8ème étant de la compétence internationale , du FMI et de la Banque mondiale) sans parler des moyens à investir pour concrétiser les projets tout en confondant finalités et objectifs opérationnels (soit jeter de la poudre aux yeux). En effet, en 1969, il y a 40 ans, l’aide « aux pays sous-développés » était de 0,50% du PNB et dans tous les rapports, on prévoyait d’atteindre le 1%.[1] Celui-ci n’a jamais été atteint et ne le sera pas davantage dans l’avenir puisque les belges non consultés ont préféré aider les banques plutôt que les « nécessiteux » sous le seuil de la pauvreté. « Nous » avons choisi BNP-Paribas plutôt que l’humanité du tiers-monde.

Cela constituait le 1er objectif : réduire de 50% entre 1990 et 2015 la population ayant un revenu inférieur à un dollar par jour : ECHEC TOTAL ! car nous sommes à la mi-2010 sans gouvernement, avec des menaces d’éclatement du pays et avec un budget catastrophique pour notre propre pays (O,7% de boni en 2010) mais une dette exponentielle ?).

Le deuxième sous-objectif du 1er était de réduire de moitié la proportion de la population qui souffre de la faim. Les seules mesures que j’ai vues partiellement au Mali sont à Bamako la construction récente (en 2008) d’un hôtel à 200 €/nuit pour les expatriés qui luttent contre la faim (pas pour les autochtones) et à Hombori (route de Gao) deux 4x4 avec le sigle « lutte contre la faim » sur les portières ?
Des véhicules avec toutes les options (échappement surélevé, climatisation d’enfer, etc.) et 8 jeunes gens en sortir qui, lorsqu’ils ont vu notre petite équipe du GAP dans la seule gargote de l’endroit (seule construction en banco à Hombori bord de route), ont déguerpi aussitôt sans même un bonjour. C’est honteux de faire - comme les politiciens - des effets d’annonce mensongers comme des objectifs aussi vitaux sans moyens d’application financiers détaillés (je lis régulièrement « Dimension 3 » la revue creuse du Ministère des Affaires Etrangères) expliquant quelle est la part du budget pour les populations locales. OXFAM l’a fait une fois à la télévision puis a été censuré après 2 jours, l’essentiel du message étant, que lorsque l’enveloppe de l’aide arrive aux ayant-droits, celle-ci est vide !

Aujourd’hui les prévisions météorologiques à long terme prévoient une chute des précipitations de 30% dans le Sahel en 2011, ce qui veut dire le retour des grandes famines où l’on se bornera, après des scoops pour faire de l’audience médiatique, àlancer des appels éplorés à la charité des gens pour une aide alimentaire d’urgence qui n’arrivera pas aux « nécessiteux ». En 2007, sur internet, la FAO annonçait l’aide à 12.000 familles dans la région de Makamba où nous avions des chantiers. Nous avons été sonner à la porte de l’antenne locale pour demander où étaient les houes et les semences de haricots promises et on nous a répondu candidement que le recensement des « nécessiteux » n’était pas fini, comme si on ne savait pas où ils étaient ? Les haricots ont-ils été mangés par les charançons ou par des non-nécessiteux ?

L’objectif 2 était d’assurer une éducation primaire pour tous. C’était déjà l’objectif atteint au Congo belge avant l’indépendance par les bons pères ou alors c’était de la propagande catholique et coloniale? Dans les années 1960,à la période des indépendances africaines, de quoi souffrait-on pour réussir les souverainetés nationales : de l’absence de cadres, si possible universitaires ! Nous sommes dans le meilleur des mondes de Big Brother avec une manipulation cynique des données. En Belgique, en 1977, la Ministre socialiste publie « Mon école comme je la veux » un sommet de propagande démagogique qui une fois encore ne relie pas les bonnes intentions avec des moyens financiers étudiés. On va inonder les écoles primaires d’ordinateur s (en payant les logiciels Microsoft à Bill Gates) et ceux-ci seront entassés comme je l’ai vu dans des classes abandonnées car il faudrait en préalable une réfection de la toiture et il pleut sur les ordinateurs. J’ai été chargé de mission au CEF (Conseil de l’Enseignement et de la Formation) où pendant deux ans, j’ai demandé aux Ministres qu’ils envoient des Missi Dominici dans toutes les écoles pour écouter en direct les besoins de base des enseignants - peine perdue - et il en va de même en ce qui concerne la coopération qui échoue depuis des décennies et où les responsables impunis se demandent pourquoi ?[2]

Lorsqu’en 2002, pour un programme du FED (Fond Européen de Développement), je forme à l’animation rurale et de gestion des cadres bac+3 à Mopti (Mali), des étudiants me demandent comment poursuivre leurs études en Europe. Que puis-je répondre sinon la vérité que la corruption est partout aussi bien en Afrique qu’en Occident : es-tu le fils d’un ministre corrompu ou l’enfant d’un riche trafiquant de coltan ? (Par exemple Kigali (RWANDA) est le premier exportateur du monde de ce minerai nécessaire aux GSM et ce minerai n’existe pas sur son sol ? Oye Kagamé élu à 98%). Alors pas de problème, sinon le minerval pour non européen en Haute Ecole est déjà de 2000 euros plus les frais usuels de vie et les frais scolaires (kot, alimentation, transport, achat de livres,…). Comment faire si le salaire annuel du jeune est totalement disproportionné ? J’en rajoute une couche : envoyons leur des ordinateurs portables pour décorer puisqu’il n’y a pas d’électricité dans les villages ?

L’objectif 3 est de prévoir l’autonomisation des femmes. Celle-ci sont mutilées de leur clitoris à 90% au Soudan et encore à 80% au Mali. Elles ont droit à l’école primaire puis la pression des mères et grand-mères les réclament aux tâches ménagères pendant que les gamins (parfois moins doués intellectuellement) fainéantisent à longueur de soirée devant la TV. Juste avant ma prise de retraite, deux de mes étudiantes assistantes en psychologie sont parties au Mali (à Bamako, à l’hôpital du Point G) pour réaliser leur recherche pour la rédaction de leur mémoire de fin d’étude sur des problématiques typiquement féminines. Après trois semaines de stage, à leur retour, je ne leur ai posé qu’une seule question : « Avez-vous rencontré des femmes en direct ? » Et la réponse fut non. Par contre, comme objet sexuel, elles avaient été draguées ad nauseum.

L’objectif 4 veut réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans. C’est aussi un des projets cible que nous avons pour l’école de NANDO (Dogon plateau, Mali) en 2011 : la lutte contre la malnutrition par l’octroi à tous les élèves (380) d’un repas chaud de midi : du riz au poulet (protéines) avec des compléments alimentaires (vitamines et minéraux). Nous apporterons les compléments reçus en don par les firmes pharmaceutiques peut-être sinon nous les achèterons ainsi que le reste : les poulets, les casseroles, les 380 bols et cuillers, et bien sûr le riz aux producteurs locaux auxquels il faudra ajouter le salaire des cuisinières.

Je tiens ici à rendre hommage à mon ami SANOGO ingénieur hydraulicien, chef de projet VRES (Valorisation des Ressources en Eaux de Surface) sous-payé par le FED car il n’est pas blanc pour le travail de sa vie, installer des périmètres irrigués tout au long du fleuve Niger et alimenter ceux-ci avec des motopompes. Enfin un vrai projet de développement pensé et réalisé par les autochtones y compris d’immenses silos pour stocker les surproduction de riz. Lors des émeutes de la faim au Sénégal (doublement du prix du riz), le Mali lui était autosuffisant. Hélas, c’était sans compter les bêtises stratégiques des blancs car le PAM (Programme Alimentaire Mondial) des Nations Unies s’est trompé de pays et a surchargé les marchés maliens locaux de riz gratuit, ce qui a entraîné la faillite des petits producteurs : les magnifiques silos sont vides !? Ce n’est pas une mauvaise blague mais les résultats réels des organismes internationaux comme l’ONU ou le FED.

L’objectif 5 est grotesque et superfétatoire car si nous luttons avec l’objectif 4 contre la malnutrition, nous luttons aussi contre la dénutrition entraînant la mortalité des mères et des enfants (nonobstant la nécessité des médicaments couverts par l’objectif 6). Personne ne proteste ni ne dénonce (à part moi, semble-t-il, utopiste attardé, et le sociologue suisse Jean Ziegler avec ses statistiques accablantes) le ridicule de cette déclaration qui a permis depuis toujours d’envoyer des experts catholiques flamands enseigner dans la francophonie de l’Afrique.
L’imbécile Karel De Gucht Ministre des Affaires Etrangères a par trois fois commis des erreurs inqualifiables en taxant KABILA de chef d’Etat corrompu. Bien sûr qu’il est corrompu comme tous les chefs d’Etat africains mais par qui sinon l’Europe, les Etats-Unis, la Libye et aujourd’hui la Chine et la Corée du Nord. De GUCHT avec son soi-disant franc parler aurait dû être révoqué dès la première fois par le gouvernement pour atteinte aux droits souverains d’un autre Etat (qui n’est plus son ex-colonie) et à la place, il a été nommé commissaire européen ; c’est kafkaïen, la promotion pour faire taire les imbéciles.

L’objectif 6 consiste à combattre les graves maladies comme le paludisme et le sida. Au Burundi, des jeunes voulant avoir des relations sexuelles doivent d’abord se déclarer aux autorités communales publiques car par exemple l’homosexualité est strictement interdite par une loi de 2009. En 2007, à Makamba (Burundi), nous avons remis aux enseignantes et infirmières 500 préservatifs à laisser prendre en toute discrétion par les élèves intéressés par cette protection jugée non catholique (eux ils préfèrent la mort HIV). Il devrait y avoir des limites et des contrôles sur les superstitions religieuses catholiques responsable par leur fanatique de la mort à terme de jeunes aux relations non protégées, sans compter les abus sexuels du clergé contrarié des lois divines naturelles par le célibat et qui glisse dans la pédophilie (pas tous quand même). Pour la malaria, c’est bien plus grave, plus mortel et avec des moyens d’un Etat (comme la Belgique, l’a fait en son temps pour la mouche tsé-tsé), on pourrait assainir des zones marécageuses favorables à la propagation des anophèles et/ou pratiquer par des pulvérisations aériennes la stérilisation des moustiques mâles. Plus simple encore, le creusement dans chaque village d’un puits d’eau potable dans la nappe aquifère pour ce droit élémentaire à l’eau propre.

L’objectif 7 cumule dans le flou artistique avec son slogan « assurer un environnement durable ». En réalisant un contrôle drastique des exploitations forestières qui détruisent les forêts primaires ? Mais aussi pour revenir à l’objectif 6 à fournir de l’eau potable et des égouts pour tous, raser les bidonvilles et construire de petits habitations décentes en interdisant l’importation des grosses Mercédès blanches pour les élus des régimes totalitaires. Ouvrons les yeux et regardons l’effort mondial pour reconstruite Port-au-Prince : RIEN ! Ou encore les dons pour l’après tsunami asiatique : RIEN !

Pour conclure ces explications du pourquoi nous ne sommes pas subsidiable par les princes

Que faisons-nous, nous, petite association inconnue avec nos projets pilotes ciblés ? Sans jouir des moyens financiers confortables de l’aide au développement (nous ne sommes ni flamands, ni libéraux ou catholiques), nous pratiquons l’aide dans la dignité, le « food for work » soit la fierté d’un échange entre égaux. Par rapport à notre future action à Nando (Mali), en échange d’un repas chaud aux élèves pendant un mois (le temps de notre séjour), nous demanderons à chaque jeune qu’il plante un arbre et en prenne soin pendant deux ans (80% des plans de reboisement meurent faute d’arrosage la première année). Ce n’est pas beaucoup mais cela permet de regagner en fertilité agraire sur le désert qui avance sans cesse.

Pour le suivi du projet, nous laisserons nos 380 bols, casseroles etc. à la responsabilité des sages et des enseignants en leur promettant de poursuivre les compléments alimentaires si eux fournissent le riz acheté aux agriculteurs de leur village et un an après si l’évaluation de terrain est positive, nous offrirons (comme au Burundi) des fours solaires pour la cantine scolaire contre la malnutrition et le déboisement. Ce n’est pas sorcier de faire autre chose que de luxueuses plaquettes en papier glacé ? Ne donnez plus rien à la coopération belge qui ne nous a jamais versé un sou en 5 ans mais faites un versement au GAP de 20 ou 30 euros (DEXIA cpte N°068-2426901-85 mention « aide humanitaire ») et nous nous engageons à vous fournir un rapport précis de l’utilisation de vos dons. Nous sommes des retraités et autofinançons nos déplacements avion, voiture et autres frais ; pas le moindre euro ne sera détourné des gens à qui il doit légitimement échoir, c’est-à-dire les pauvres des plus pauvres. Par vérification écrivez à la DGCD (15, rue des Petits Carmes, 1000 Bruxelles) pour recevoir ce type de rapport annuel sur leur job, je gage qu’ils ne vous répondront pas plus qu’à nous. Merci d’avance de vos soutiens citoyens du monde.

Que voulons-nous en bref : un humanisme citoyen qui permettra l’éclosion d’associations à dimension humaine respectueuses de tous les citoyens du monde et une réforme de la manière politique de concevoir la coopération.

Jean-Marie LANGE, formateur GAP, 17.08.2010

« Les journaux abordaient le sujet « brûlant » de l’immigration. « Immigration zéro » était devenu le slogan principal des partis de droite et de gauche. Les frontières européennes se fermaient, les expulsions se multipliaient, l’extrême droite revancharde, goguenarde, s’en réjouissait. Les douaniers et les gardes-côtes des régions les plus exposées aveint reçu l’ordre de tirer sans sommation sur les clandestins qui essayaient par tous les moyens de s’introduire dans le bunker paradisiaque européen. » BORDAGE Pierre, Porteurs d’âmes, roman, Paris, Livre de Poche, 2009, p.49.


« On a de mauvaises chaussures - L’argent cousu dans nos doublures - Les passeurs doivent nous attendre - Le peu qu’on a ils vont le prendre. Et après …
Est-ce que l’Europe est bien gardée ? - Je n’en sais rien - Est-ce que les douaniers sont armés - On verra bien - Si on me dit, c’est chacun chez soi - Moi je veux bien, sauf que chez moi - Sauf que chez moi y’a rien.
Pas de salon, pas de cuisine - Les enfants mâchent des racines - tout juste un carré de poussière - Un matelas jeté par terre - Au-dessus…Inch’allah. (Francis CABREL, « African Tour », Des roses et des orties, Chandelle productions, 2008.
[1] Le 8ème objectif : l’allégement de la dette. Désinformation «En 2002, les pays industrialisés s’étaient engagés à augmenter leurs aides, substantiellement, sans toutefois les chiffrer à hauteur de 0,70% du produit intérieur brut (PIB) comme demandé depuis les années septante par les pays du sud. La moyenne européenne est de 0,36% en 2004, la Belgique veut, nota bene, atteindre 0,7% en 2010. C’est un engagement qui a été inscrit dans la loi belge en 2002. On en était , en 2004, à 0,41%. Avec une augmentation de 0,05 % par an dans les années qui suivent, le but devrait être atteint. » in Si 2015 m’était conté…ou la véridique histoire des Objectifs du Millénaire pour le Développement à Bamtaré, une petite ville quelque part en Afrique, SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur et coopération au développement, rue des Petits Carmes, 15, 1000 Bruxelles, Fév. 2006, p.25. N’importe quel étudiant historien en feuilletant les revues de la DGCD (Direction générale de la Coopération au développement) pourrait prouver cette désinformation en remontant à 1969.
[2] « A l’école primaire de Bamtaré (…) en sixième année, en 2015, les écoliers sont familiarisés avec l’utilisation du petit ordinateur portable (logiciel libre et accumulateur à manivelle résultant d’un partenariat public-privé mondial) que reçoivent aussi tous les élèves qui rentrent en secondaire. » 2015 à Bamtaré, ibid.,p.4. Mais pourquoi, pour quel intérêt des partenaires privés feraient-ils cela ?

samedi 14 août 2010

Brève du GAP

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;

La faim dans les régions isolées d’Afrique présage la fin du monde des humains civilisés
Nous, les enfants de l’après seconde guerre mondiale, nous avons tous vu les actualités Pathé Marconi au cinéma : des documentaires sur l’horreur des camps de concentration nazis, les charniers et les zombies hébétés et rescapés de ces génocides des juifs libérés par l’armée US, d’où l’engagement de tous dans la résistance à la soumission à l’autorité : « Plus jamais cela ! ».
En 1991, avec deux amies vétérinaires, mon épouse assistante sociale et moi-même, nous avions décidé - à partir des vieux plans de Marcel Griaule (de 1932) - de remonter vers le nord la partie non touristique de la falaise de Bandiagara (MALI). Le jeune guide DOGON voulant peut-être frimer devant les dames nous a épuisés dès le premier jour par une marche forcée de 35Km dans le désert et sous 40°C à l’ombre pour atteindre d’une traite YOUGO PIRI. (Ce que nous avions prévu en cinq jours, nous le ferons en fait en deux avec une semaine de récupération ensuite). Nous avons donc escaladé des dunes de sable, puis escaladé les rochers réfléchissant le soleil. Ma chemise était à tordre de transpiration et mon organisme était tellement bousculé que je vomissais tout le temps la moindre gorgée d’eau. Lorsque nous arrivons épuisés à la tombée de la nuit, le guide-boy s’occupe du repas et on nous désigne un toit de case sur lequel nous essayerons de dormir en vain. Le village est collé contre une falaise et celle-ci se termine par un aplomb formant auvent sous lequel des milliers de chauve-souris hurlent toute la nuit.
Nous sommes autour du feu où cuit notre riz, sales de transpiration avec dans nos gourdes de l’eau rationnée pour boire sans toucher à l’eau saumâtre résiduelle des mares brunâtres, sans endroit stable dans la rocaille pour déféquer ou pisser et nous observons cette casserole sur le feu, pleine d’une quantité excessive de riz pour nos quatre estomacs noués, tordus par l’effort. Une nuit sans étoile et un silence total (les chauve-souris se sont tues) ; par intuition, j’allume ma torche électrique et je balaye les alentours. Tout autour de notre petit cercle, un second cercle à un mètre de nous à peine où il fait noir de monde : tout le village est là, silencieux et concentré pour se partager nos éventuels restes. D’un commun accord, nous décidons de ne pas dîner et nous demandons au guide d’effectuer le partage du repas dans la dignité.
Le lendemain, à la lueur du jour, nous découvrirons l’horreur : tous les habitants sont nus avec des côtes saillantes, des bras et des jambes squelettiques, les petits avec des grosses têtes, un corps osseux et un gros ventre signe de malnutrition ; nous assistons en fait à la mort lente d’un peuple par la famine. Les hommes sont munis de lance-pierres et chassent les minuscules chauve-souris comme nourriture commune. Nous saluons les chefs et la population et nous nous sauvons littéralement de ce mouroir d’humains. Nous serons bloqués par une grosse pluie d’été sous un auvent où nous devrons attendre pour ne pas glisser dans la caillasse glissante et j’achèterai à un enfant son lance-pierre, seule preuve au fond que nous n’avons pas rêvé.
Un Euro est égal à 655 francs CFA et représente une fortune « relative » pour des gens en-dessous du seuil de la pauvreté dans des limites inhumaines. S’il vous plaît, donnez-nous au moins un euro pour le GAP (DEXIA : GAP : 068-246901-85) plutôt que de le jeter négligemment dans la sébile d’un mendiant drogué vivant dans notre pays reconnaissant le droit à l’aide sociale. Avec nos copains retraités, nous faisons le maximum pour payer de nos propres retraites nos vols, les frais de logements et de déplacements ainsi que la nourriture pour ne pas distraire un euro des dons versés au GAP. Et sur place, nous ne donnons pas d’argent mais de la nourriture pour les enfants (avec compléments nutritifs) ou des outils pour les agriculteurs faisant nôtre ce vieux dicton : « Si tu veux qu’un homme mange aujourd’hui donne-lui un poisson, si tu veux qu’il mange tous les jours, apprends lui à pécher », ce qui reste problématique lorsque l’on annonce une diminution des pluies de 30% pour 2011. Merci mille fois d’avance de conscientiser que si nôtre combat n’est qu’une goutte d’eau dans la misère, il est aussi le vôtre par la fraternité qui devrait prévaloir.

Jean-Marie Lange, formateur GAP, 14.08.2010.

lundi 9 août 2010

L'eau, l'arbre et la vie

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;

L’eau, l’arbre et le SAHEL
La théorie du chaos et de l’augmentation de l’entropie qui dégrade et forme un nouvel ordre est proche de la psychologie systémique et de la philosophie du TAO basée sur deux koans eux-mêmes bouddhistes :
- Tchouang tseu rêve qu’il est un papillon, il se réveille et s’interroge ; n’est-ce pas plutôt un papillon qui rêve qu’il est Tchouang tseu s’éveillant ? Beaucoup de nos représentations mentales sont issues de nos projections telles notre personnalité ou encore notre bonne conscience vis-à-vis d’1/4 de l’humanité en malnutrition parce que les plus riches veulent encore plus de profit.
- Le battement d’aile d’un papillon peut s’amplifier et se répercuter à l’autre bout de la terre en une tornade, c’est l’interdépendance des phénomènes que nous sommes en train de constater par les bouleversements climatiques dus aux pollutions industrielles ou de surconsommation.
J’étais chez mon ami Bounafou SANOGO au Mali dans sa parcelle du barrage de Sélingué, proche de la ville de Kangaré et nous étions tous les deux navrés de voir que son voisin agriculteur avait abattu tous les arbres et bosquets délimitant son champs pour élargir celui-ci. Dans ces régions du Sahel en voie de désertification, couper un arbre est un crime aussi grand que de couper le clitoris d’une petite fille (excision). Ce sont deux crimes issus de la bêtise humaine, le premier reposant sur la volonté du profit à court terme (transformer le bois en charbon de bois) et le second de la propriété privée des corps des filles. Mon ami, ingénieur hydraulicien a travaillé pour le FED (Fond Européen de Développement) sur les projets VRES (Valorisation des Ressources en Eaux de Surface). Cela consistait à installer un système d’irrigation avec des motopompes tout le long du Niger pour développer la culture du riz. Nous échangeons souvent sur le devenir de l’Afrique et en particulier du Sahel en parlant franchement de la corruption. Non pas uniquement celle des hauts cadres maliens qui vendent les terres de tous à la Lybie ou à la Corée mais aussi celle plus feutrée de la coopération belge qui détourne le budget voté au profit et pour le luxe de ses experts souvent pistonnés, ce qui a comme conséquence une énorme entropie de l’aide et une enveloppe quasi-vide pour l’agriculteur du terrain qui en aurait le plus besoin.
L’eau est un problème au Sahel, il y a eu au Mali une terrible sécheresse entre les années 1972 et 1984 et on prévoit pour le proche avenir de 2011 une baisse de 30% de la moyenne des précipitations annuelles, ce qui signifie le retour des famines et de la mort assurée de milliers de bébés par malnutrition et personne ne prend des mesures pour enrayer ce futur problème humain.
Notre petite association le GAP asbl (Groupe d’Autoformation Psychosociale) vise la formation managériale de cadres et l’utilisation de nos émoluments pour une aide humanitaire ciblée sur l’un ou l’autre village pilote. Notre action ne représente qu’une goutte d’eau désespérante dans le désert. Ne voulant pas être dépendants de parti politique ou de religion, nous ne nous référons qu’à la déclaration universelle des droits de l’homme et son principe de tolérance envers ceux qui pratiquent une autre religion ou qui préfèrent la liberté de conscience. C’est pour cela qu’elle n’est pas subsidiée par notre Etat fédéral (elle n’est ni chrétienne, ni flamande, ni socialiste, ni libérale) mais elle œuvre pour les citoyens du monde laissés à l’abandon au niveau développement par les Etats. Nous aidons à l’autonomie villageoise en soutenant le lancement de jardins maraîchers et l’équipement des écoles pour lutter contre le sexisme par manque d’instruction et la malnutrition par manque de connaissance en équilibre nutritionnel.
Une équipe du GAP part ce mois d’août 2010 au sud Burundi, chargée de trois fours solaires (deux ont déjà été fournis) pour le village pilote de KAYOBA et les maternités de MAKAMBA, une manière d’éviter la déforestation hors du Sahel mais aussi de répondre à la créativité des infirmières locales. Avec l’eau chaude fournie par les fours, elle remplissent des bouillottes pour protéger les nouveau nés prématurés installés dans les squelettes des couveuses désaffectées d’avant les indépendances.
Lors de la préparation de projets, on ne se rend pas compte de l’importance de tenir compte de l’avis des gens AVANT de fournir une quelconque technologie occidentale.
Nous comptons réitérer le projet four solaire au Mali dans le petit village DOGON plateau de NANDO mais ce sera après en avoir discuter avec les chefs coutumiers locaux et les instituteurs. A la mi-janvier 2011, nous allons établir un contact concret pour les bénéfices de deux petites classes CM1 et CM2 , soit environ 380 apprenants et apprenantes, en organisant une cantine scolaire de midi pour tous les enfants avec un repas chaud enrichi de protéines et de compléments nutritifs pour combattre la malnutrition et le KWASHIORKOR, maladie du gros ventre causée par un sevrage trop précoce (naissance souvent du deuxième enfant).
Selon l’unicef, près de 195 millions d’enfants souffriraient de malnutrition, ce qui constitue la cause du décès de 8 millions d’enfants de moins de 5 ans. Selon MSF, la distribution d’aliments équilibrés et de qualité pourrait réduire de 60% ne nombre d’enfants atteints de malnutrition aigüe sévère.
Après le pré-projet « Une école pour Nando », nous envisagerions l’équipement en fours solaires pour prévenir le déboisement de cette région déjà si pe fournie e ares. La seconde étape serait la conscientisation au reboisement avec des espèces locales et adaptées comme les acacias (et non les eucalyptus) et la culture en « poquets » adjacents (trous peu profonds pour concentrer les rares mais violentes pluies vers les racines des plantes). Il ne s’agit plus de haies délimitatives mais d’introduire des arbres dans les cultures vivrières pour une RNA : Régénération Naturelle Assistée et donc de reconstruire des écosystèmes arborés pour la protection contre les vents de sable, un maintien de l’humidité au sol et un paillage naturelle avec les feuilles tombées des arbres poussés naturellement dans les champs. Ceci n’est pas contradictoire avec un reboisement systématique dans un terrain en friche si les plants sont arrosés régulièrement (sinon 80% des arbres replantés meurent endéans un ou deux ans).
Enfin, il y a aussi la synergie en respectant le droit coutumier et le respect des aînés à décider de sauver leur environnement proche et les apprenants qui pour une fois n’aurait pas seulement une propagande religieuse mais écologique en renouvellement durable. En effet, si nous demandons en échange de repas chauds pendant un mois que chaque enfant plante un arbre et en prenne soin, nous aurons alors apporter de l’eau sans que ce soit une seule goutte.
Notons cependant le progrès de la scolarisation des filles aujourd’hui dans les petites classes mais du peu de développement des écoles supérieures. A Mopti, en 2002, un cadre bac+3 faisant partie d’une formation que j’animai m’a demandé comment poursuivre des études en Europe ? Je lui ai répondu que s’il n’avait pas un parent bien placé dans un ministère ou une famille ayant beaucoup d’argent, que c’était impossible.
Au fond, depuis BOURDIEU, rien n’a changé et nous avons toujours avec l’école bourgeoise la reproduction des classes sociales d’origine et quelques nouveaux riches. L’hypocrisie étant que les fils/filles de pauvres peuvent s’inscrire à l’université mais auront moins de chance d’être diplômé si leur famille n’a pas un socle culturel, ne lit pas et n’a pas de moyens suffisants. Le centre des problèmes reste bien l’inégalité, le manque de liberté et l’absence d’éducation à la fraternité. Partout où nous sommes nous devons dénoncer ce statuquo qui mine toutes les civilisations.

Jean-Marie Lange, 10.08.2010

Combat pour la démocratie participative

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
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L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;


CAPI – Cahiers d'Autoformation Psychosociale en Pédagogie institutionnelle -
SOMMAIRE des précédents articles de cette revue bimensuelle de réflexions pédagogiques du GAP

N°1 – Janv-Fév. 2006 : Qu'est ce que le GAP ?
N°2 – Mars-Avril 06: Le cahier des offres de formation du GAP.
N°3 - Mai-Juin 06 : La colère des enseignants (gestion des conflits – opus 1)
N°4 – Juill.-août 06 : La pensée rationnelle (gestion des conflits – opus 2)
N°5 – Sept.-Oct.06 : Totem et tabou
N°6 – Nov. Déc. 06 : Jalousie et fonctionnement à la croyance (Médiation couple – opus 1)
N°7 – Janv.Fév. 07 : L'Avant-projet pédagogique BURUNDI
N°8 – Mars-Avril 07 : La Dynamique des Groupes, l'organisation sociale et l'homme de la singularité.
N°9 – Mai-Juin 07 : Histoire de vie en groupe et aide sociale (Proposition au Congrès international des professionnels francophones de l'intervention). Pédagogie du projet.
N°10 – Juillet-Août 07 : Rapport d'activité "Enfants de Kayoba" première phase "Voyage d'études et de faisabilité 2007"
N°11 – Sept.Oct.07 : Le chaman et le formateur
N°12 – Nov.Dec. 07 – L'identité personnelle, une insertion sociale ?
N°13 – Janv.Fév.08 – La genèse des alchimistes pour l'éducation à une spiritualité laïque
N°14 – Mars-avril 08 - Le travail des intervenants sociaux (1) : Pour une insertion sociale et multiculturelle citoyenne.
N°15 – Mai-Juin 08 – Le travail des intervenants sociaux (2) : Emploi, travail et méthodes d'intervention.
N°16 – Juillet-Août 08 – Le travail des intervenants sociaux (3) : Fantasme de toute puissance, démocratie ou génocide.
N°17 – Sept. Oct. 08 : La souffrance du désir et le détachement
N°18 – Nov. Déc.08 : Le stress et les consciences
N°19 – Janv-Fev 09 : Le triangle rouge de la lutte contre tous les racismes
N°20 – Mars-Avril 09 : La psychologie des émotions.
N°21- Mai-juin 09 : La raison sensible (combattre les fidèles au nom des infidèles).
N°22 – Juill-Août 09 : Le néant et l'être affamé
N°23 – Sept-Oct 09 : Multiculturalisme et autoformation
N°24 – nov.dec.09
N°25 – Janv.fev10 : la matière, le vide, la nature et l’éducation.
N°26 – Mars-Avril10 : Le sexisme, forme principale de racisme.
N°27 – Mai-juin 10 : Sorcellerie et ethnopsychiatrie
N°28 – Juil-août10 : Pour une introduction à l’anthropologie culturelle et sociale
N°29 – Sept-oct10 : Le combat perpétuel de la démocratie participative

N°29 Septembre-Octobre 2010 :






Le combat perpétuel de la démocratie participative

A la mémoire du résistant Marcel DEPREZ

« L’histoire ne progresse pas de façon frontale mais par des déviances devenant tendances. »(MORIN)[1]

« Quand ils ont arrêté les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste ; quand ils ont arrêté les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicalistes ; quand ils ont arrêté les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif ; quand ils sont venus m’arrêter, il n’y avait plus personne pour protester. »(Martin NIEMÖLLER, Pasteur allemand antinazi).

Préambule

« Dynamique des groupes et démocratie participative ». Très souvent, j’ai réfléchi sur ces thèmes associés sur le plan des techniques et/ou sur le plan des valeurs mais non de la faisabilité d’une utopie de gauche, avec une créativité institutionnelle. Je prends ici la précaution, pour éviter l’étiquette de sénile précoce qui rabâche toujours ses mêmes idées, de faire un bref rappel de mes développements précédents en les illustrant dans le contexte de ma propre histoire de vie.

Avec les autres coopérants belges, ,j’ai été éjecté en 1972 du Congo-Zaïre du dictateur MOBUTU lors de son opération « zaïrianisation des cadres ». De retour à Verviers, je reprends des études d’éducateur spécialisé et j’adhère au mouvement d’EDUCATION PERMANENTE « Peuple et Culture – France ». Avec un de mes profs, ma militance consistait à nous rendre dans des endroits culturellement défavorisés armés des fiches de lecture de PEC (de la rue Cassette, à Paris) pour raconter l’histoire d’un livre en moins de 50 minutes. L’objectif était la lutte contre l’illettrisme, redonner le goût de lire et d’apprendre par soi-même

En 1974, j’adhère à PEC-Wallonie qui deviendra asbl en 1976 et où la méthodologie ENTRAÎNEMENT MENTAL (EM) prend l’essentiel du travail en oubliant le sens premier : l’aide aux défavorisés. J’ai toujours dit à l’époque qu’il valait mieux que les non-nantis fassent du mauvais EM mais retrouvent un peu de confiance en eux plutôt que d’être « grondés » sur des points de détail de la méthode. Ce sera pour moi une histoire d’amour et de haine car l’EM deviendra de plus en plus le credo avec le charisme de l’excellent formateur Pierre DAVREUX. Lors de nos réunions entre formateurs, je clame que nous devons continuer à apprendre nous-mêmes, notamment à animer et à conduire une réunion de façon à ce que les plus timides s’expriment et on me répond avec le livre saint : « l’EM peut tout : animer et digérer des briques ! ».

En 1977, frustré par PEC Wallonie/Bruxelles et sa caste d’inspecteurs généraux de la culture (les lamas de PEC), bien différents de la plèbe dont je suis, j’applique à moi-même mon intuition et je m’inscris à un séminaire de « DYNAMIQUE DES GROUPES »(DG) au CDGAI (Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse Institutionnelle) du service de psychologie sociale de l’ULG. J’y resterai jusqu’en 1992 (la loi de Bondt interdisait après 1992 le moindre cumul aux enseignants mais non aux politiciens). Il me faudra 5 ans pour devenir animateur-dynamicien de groupe. Ensuite, ce sera plus facile : licence en FAEP (Formation des Adultes et Education Permanente), agrégation, 3ème cycle (DES) en intervention psychosociale et doctorat d’Etat en 1991. J’y serai coopté comme collaborateur de l’université et formateur au CDGAI.

La DG dit en substance qu’en respectant des règles d’animation et de conduite de réunion, on peut dans de petits groupes communaux instaurer un réel fonctionnement de démocratie participative avec des règles évaluables et renégociables et que cet apprentissage de microcosme pourrait aisément être transféré au macrocosme d’une politique citoyenne qui ne serait plus axée sur la pensée unique ultralibérale mais sur les besoins et les responsabilités impliquées des gens. Notons enfin que je suis traversé par la psychologie systémique de l’Ecole de Palo Alto (Californie) avec Bateson, Watzlawick , Erickson,… « La Nouvelle alliance » des belges Prigogine et Stengers et l’œuvre du français Edgar MORIN (notamment « La méthode » en six volumes). Morin sera mon fil rouge pour les présentes réflexions. J’arrête ici ce préambule et je renvoie les lecteurs intéressés à mes précédents articles sur la démocratie participative.

Engagements

J’ai toujours adhéré à la gauche libertaire non-violente, pour une créativité alternative dès que, (venant du fond de la brousse) en 1972, j’ai repris contact avec les livres et l’actualité. Je ne pouvais ignorer le bolchevisme stalinien, ses déportations, tortures et exécutions massives, l’invasion de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie, Pol Pot, les Khmers rouge et le génocide cambodgien soutenu par les armes chinoises, la guerre ethnique des serbes contre leurs voisins et leur massacre systématique des hommes, les génocides au Rwanda et au Burundi, etc. Trente ans plus tôt, j’aurais certainement été communiste pour lutter contre le fascisme mais, à mon époque, même sourd et aveugle, il était impossible de soutenir cette forme de totalitarisme, un déni total des Lumières et de la déclaration universelle des droits de l’homme (ONU, 1948).

Mon premier engagement, avec mon épouse, fut dès 1972 de lutter pour la libération des prisonniers d’opinion, contre la torture et la peine de mort pendant 8 ans avec Amnesty International. Ce fut lorsque j’écrivis à Robert Badinter, alors Garde des Sceaux pour réclamer la libération d’un autonomiste breton emprisonné parce que en tant qu’objecteur de conscience il refusait d’accomplir son service militaire que cela s’est gâté avec Londres.

Mon deuxième fut philosophique pour la dialectique d’Héraclite et de Gurvitch, non pas une dialectique apologétique et consolante et nécessairement ascendante comme celle de Marx mais une façon de penser par delà le bien et le mal, toujours en terme de contradictions, avec Proudhon, Bakounine, Reclus, Michel, Stirner, Marcuse, Reich, l’Ecole de Francfort, Castoriadis, Bouddha, etc.

Ma troisième axiologie fut la libération par l’éducation avec Freire, et le tiers-monde, là où les enfants ne sont pas scolarisés, surtout les filles, mais où les gens meurent de faim parce que l’on spécule au Nord. On prévoit, pour 2011, 30% d’augmentation des famines en Afrique. Pourquoi dès lors l’Europe va-t-elle détruire ses excédents agricoles ? Pour la stabilité des marchés au détriment de vies humaines ? Je suis pour le développement des pays sous-développés, disait-on alors, et non pour celui de la corruption généralisée dans le sud. Lorsque des projets d’aide de la coopération belge sont programmés, quelle est la part du budget qui arrive concrètement aux « nécessiteux » et la part logistique pour les experts (frais de dossier, voyages, 4x4 climatisée, hôtel à 200 euros la nuit, etc.). En 2007, la FAO a annoncé sur internet un projet de don de houes et de haricots pour 12.000 familles dans la région de Makamba où notre asbl d’aide humanitaire a un chantier. Nous avons été voir la FAO pour connaître leur répartition et il nous fut répondu que le recensement des nécessiteux n’était toujours pas achevé, bonjour la joie des charançons sur les semences de haricots. Notre asbl le « Groupe d’Autoformation Psychosociale »(GAP) est pour l’autonomie de chacun par un enseignement de qualité, pour l’émancipation sociale et l’autonomisation économique solidaire des villages, pour la compréhension interculturelle et une meilleures qualité de vie grâce à des salaires décents mais aussi pour un enveloppement dans le cocon culturel des traditions et initiations sociales et civiques, pour le respect des modes de vie des peuples à tradition orale, pour la convivialité et la lenteur qui permettent la fraternité par la palabre et le développement d’une vie intérieure, d’une spiritualité laïque débarrassée des peurs et culpabilisations de l’obscurantisme de l’animisme ou des religions. Pourquoi amalgamer les jeteurs de sorts et tueurs à gage avec les guérisseurs et chamans ? Pourquoi cet anthropocentrisme (européocentrisme) où nous avons toujours ce besoin de juger en noir et blanc, dichotomie malsaine juste acceptable par des bambins de 5 ans et génératrice de racisme ?

Mon quatrième engagement est pour l’écologie mondiale que le néolibéralisme de la globalisation assassine. Nous ne voulons pas de la croissance au prix de la non survie de notre planète mais nous ne voulons pas non plus de décroissance romantique où nos femmes retourneraient laver le linge à la rivière , en hiver, comme le prône le Vénérable moine zen vietnamien THICH NHAT HANH, un remake de Jean-Jacques ROUSSEAU et du bon sauvage et de la société qui le corrompt. Nous devons trouver un équilibre avec nos valeurs de gauche et l’écologie mondiale sans renier les bonnes choses de nos civilisations.

Mon cinquième engagement est la probité et la résistance au pouvoir dominant la Wallonie depuis plus de 40 ans, ma région d’Europe menacée par les flamands du nord qui réfutent le droit des gens au profit du droit du sol dans la belle indifférence de l’Europe et de l’OCDE. C’est pourquoi je me suis engagé avec utopie dans le Mouvement Socialiste Plus opposé aux politiciens gestionnaires des partis socialistes centristes (social-démocratie) où les experts et les statistiques ont remplacé l’écoute valorisante des citoyens. Pourquoi ai-je poursuivi une si longue quête de diplômes universitaires ? Parce j’étais révolté du clientélisme du PS et de son contrôle du contre-pouvoir syndical. Comment engage-t-on les enseignants ? En allant débaucher les meilleurs cerveaux dans le privé ? Que nenni ! On cherche partout l’économie et les agents pas trop diplômés seront moins couteux ; tant pis s’ils sont un peu inexpérimentés.
Avec un bac+3 et un CAPAES stupide, ils auront ainsi un titre pédagogique mais un statut moindre, soit tout bénéfice pour les enveloppes fermées des écoles mais non pour les apprenants. Avant, les étudiants des Hautes Ecoles avaient des professeurs invités venus du privé qui parlaient de leur expérience, trop cher aujourd’hui. Pourquoi les services publics sont-ils partout privatisés alors que les dégâts sont visibles dès les premières tentatives comme l’explique le cinéaste anglais engagé Ken Loch (« The Navigator ») à propos du chemin de fer britannique, comme la privatisation de Belgacom avec des milliers de travailleurs licenciés (essayer de contacter les services Belgacom sur leur numéro vert en moins de 5 jours si vous êtes en panne, toutes les lignes sont occupées et ils n’ont pas d’e-mail), comme aujourd’hui les chemins de fer belges et demain la poste déjà vendue à un opérateur privé danois qui sous-payera les facteurs. La dernière lutte syndicale qui semblait correcte fut contre la directive européenne BOLKERSTEIN qui voulait libéraliser le marché du travail, elle a été retirée puis votée trois mois après. Aujourd’hui, les autobus polonais débarquent chaque semaine ces travailleurs moins coûteux au coin de la rue de La Goffe et de la rue de la Cité, près de la place St Lambert, sans problème dans une Europe de droite et des marchés. Pas de chance pour les sans-papiers !

Rêvons certes à un monde meilleur mais avec lucidité et sans naïveté, les libertaires de gauche ont tous entre 60 et 70 ans. Les politiciens actuels sont des technocrates et les ex-travailleurs qui votaient socialiste ou communiste en France, écœurés de leurs leaders mous, votent pour le Front National de Jean-Marie LE PEN, l’extrême-droite. Nous sommes le cul entre deux chaises froides : sur l’une, la barbarie de LE PEN, de la haine et du mépris des autres ethnies (le XX° s nous a saoulés de boucheries humaines appelées guerres et nos dirigeants n’ont toujours pas compris ce froid mortel du fascisme venu de la nuit des temps) et sur l’autre, la barbarie déshumanisée du profit et de la technique. Au moment où j’écris ces lignes, le groupe BP pollue depuis plus d’un mois et de façon irréversible les côtes de la Louisiane et du Golfe du Mexique. Mais les spéculateurs ne seront pas punis, on fait juste sauter un boulon : le directeur général british est remplacé par un américain !? Notons que depuis l’EXON Valdès, jamais aucune mesure préventive n’a été prise et qu’il n’y a pas que BP qui est en lui-même une nuisance ; pensons à Total qui soutient la junte birmane contre le peuple du MYANMAR réduit en esclavage.

Analyse

Un service public n’a pas à être rentable mais performant, il s’agit d’un service à la population et non d’une entreprise qui doit réaliser des bénéfices. Si j’étais invité à recruter un directeur d’école, je regarderais ses compétences transversales morales et humaines. Sera-t-il bienveillant pour son personnel ? Respectueux de ses collaborateurs et encourageant ? Dévoué à son institution plutôt qu’à la bureaucratie de la Communauté Française ? Ayant un souci de dynamisation de ses collaborateurs pédagogiques ? Pratiquant des valeurs d’équité, de justice et de compassion ?

Personnellement, dans mon expérience peut-être isolée, mis à part deux directeurs, en 40 ans de carrière, je n’ai reçu que des remontrances, des blâmes pour initiatives de pédagogie de projet, diverses tentatives pour me faire perdre mon emploi (avec collusion syndicale), jamais de félicitations pour mon travail zéro défaut et sans journée d’absence (sauf une pour lumbago et un mois pour pied cassé auquel on a rajouté les deux mois de vacances). Pourtant, la recherche en management est sans ambiguïté : un travailleur heureux et bien dans sa peau transmettra son rayonnement aux enfants dont il a la charge d’éduquer l’esprit critique et pas seulement instruire et sélectionner.

Cela étant posé et pour éclaircir ces propos d’engagement par la psychologie systémique, il nous faut inclure la complexité de toutes les actions.

Après le XIX°s et son idéologie positiviste d’Auguste COMTE et le XX°s et son idéologie behaviorisme (psychologie du seul comportement observable, stimulus-réponse), nous devons prendre en compte un des premiers concepts systémiques : le FEED-BACK ou RETROACTION.

Par exemple, pendant une guerre, le tireur d’obus observe où son projectile tombe pour ensuite mieux ajuster son canon à sa cible. De même, au temps du béhaviorisme, on observait la réaction à un stimulus perturbant et en refaisant mille fois l’expérience. Aujourd’hui en application en sciences humaines, cette simplification ne peut être transposée aux humains qui réfléchissent et modulent leurs réponses en cas d’échec de celle-ci, ce qui veut dire que l’on ne peut pas prédire la/les réactions. Tout acte échappe aux intentions premières de l’expérimentateur, nous dit MORIN, pour réagir avec les divers et contradictoires feed-back du milieu, ce qui peut donc déclencher le contraire de l’effet souhaité.

« LE CONFLIT EST LE PÈRE DE TOUTE CHOSE »(HERACLITE). Dans les couples, il y a rencontre par le désir qui vient du désir de rien, celui de posséder ce que l’on n’a pas et ensuite, s’il n’y a ni estime réciproque ni jeux communs et plaisir, il y aura l’ennui, principal facteur de rupture qui appelle un changement,…pour d’autres désirs (pas seulement sexuel).

Dans les groupes, le premier moment est toujours de timidité et de réserve face à un groupe que l’on ne connaît pas, on appelle cela l’UNIVERSALITE : tout le monde est beau et gentil car on a peur des jugements de ce groupe d’inconnus. Puis avec le temps, il y a adaptation et apparition de conflits interpersonnels où l’on dit à l’autre ce qui nous agace chez lui, ce sont les conflits avec le stade de PARTICULARITE où tous s’affrontent avec leurs différences, leurs spécificités. C’est le moment où cela passe ou craque; si les membres du groupe ont un quelconque intérêt à ce que celui-ci survive (qu’il a vraiment besoin de ses membres), on va alors négocier et mettre de l’eau dans son vin pour faire des compromis car on n’est pas obligé de s’aimer tous pour travailler ensemble, c’est le moment de la maturité et de la SINGULARITE où l’on agit pour l’intérêt général tout en conservant nos particularités et où l’unanimité n’est pas nécessaire. Toutefois, si l’on n’est pas vigilant à conserver l’équilibre des différences, on retombe dans le ronron des habitudes et l’illusion groupale (le groupe fusionnel) sans tension, ce qui est impossible et va peu à peu raviver des conflits et on repart…

Dans une société, il en va de même; il y a un chef nommé l’INSTITUE (le roi, le parti dominant) et ce pouvoir absolu va générer une opposition, les déviants qui vont s’organiser et entrer en conflit avec le pouvoir en place, les INSTITUANTS. Ceux-ci seront peut-être matés/écrasés ou s’ils sont très forts et pugnaces (comme les altermondialistes s’opposant au G8 et au G20), le pouvoir va alors négocier avec eux, c’est le moment de l’INSTITUTIONNALISATION (soit par le compromis, soit, plus rare, là où le chef de la révolution devient le chef du pays, Fidel CASTRO par exemple).

Les Grecs du temps de PERICLES préconisaient de ne pas gérer le pouvoir de la cité pendant plus de 5 ans car celui-ci « monte à la tête » et les maîtres oublient alors les citoyens ; l’analyse institutionnelle fondée par le sociologue et philosophe Cornélius CASTORIADIS ne dit pas autre chose. L’ex-instituant va oublier qu’il s’est battu pour le peuple et devient à son tour l’INSTITUE avec des prisonniers de conscience/d’opinion, ceux qui le critiquent. Une nouvelle vague instituante (non programmable dans le temps) viendra à son tour le renverser et le mouvement en spirale continuera et pas nécessairement une spirale ascendante vers le progrès.

Il n’y a eu que dans les religions laïques marxistes l’exposition d’un possible paradis communiste sans conflit sur terre, la sotériologie tournant autour d’un prolétariat rédempteur, un non-sens niant l’énergie, le mouvement et le changement permanent.

L’erreur des partis socialistes, en tout cas pour ce qui concerne celui de la Wallonie, a été d’infiltrer, pour le contrôler, le contre-pouvoir syndical (ce n’est pas normal d’être à la fois un permanent syndical décideur et un député décideur s’il y a conflit d’intérêt). Lors de la prochaine montée instituante (pas nécessairement violente), le syndicat coursera derrière un mouvement spontané pour le contrôler mais n’y arrivera plus car il a aujourd’hui trop croqué la pomme du pouvoir dit légitime, il a ses permanents à vie (des experts) et non des citoyens responsables et anonymes. Avec mes camarades, nous avons été des « formateurs extérieurs » de la Fondation André RENARD (FAR à Liège) et puis tous remerciés par rationalisation (ce qui n’a rien à voir avec la raison) car nous représentions une gauche plurielle et non des apparatchiks du PS.



L’absence brillante de la démocratie cognitive

« Le fossé qui s’accroît entre une techno-science hyperspécialisée, et les connaissances dont disposent les citoyens, crée une dualité entre les connaissants - dont la connaissance est du reste morcelée, incapable de contextualiser et globaliser – et les ignorants, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens. Ce qui nous amène à la nécessité d’œuvrer pour une démocratisation de la connaissance, c’est-à-dire une démocratie cognitive. Cette tâche peut sembler absurde aux technocrates, soit impossible aux citoyens eux-mêmes : elle ne peut être entreprise qu’en favorisant la diffusion des savoirs au-delà de l’âge étudiant par une réforme de pensée qui permettrait d’ articuler les savoirs les uns aux autres. »[2]

J’ai quitté l’enseignement au meilleur de ma forme quatre ans trop tôt parce que je ne me sentais plus respecté.
Il faut être capable de dire le non-dit : par les nord-africains en majorité (et non par les africains) manquant de la politesse la plus élémentaire mais aussi par cette ouverture massive des Hautes Ecoles à des jeunes qui n’y sont pas préparés et qui portent plainte au directeur (dans l’enseignement laïque) parce que l’enseignant ne respecte pas assez leur foi catholique, ou d’autres qui entrent en classe comme dans un moulin (avec ¼ d’heure à 20 minutes de retard ) et qui se sentent victimes s’ils ont des remarques (en classe de bac+3), d’autres encore qui contestent en justice l’évaluation du prof dès la première session, etc. Les écoles prises dans le tourbillon néolibéral visent, elles aussi, le quantitatif au détriment du qualitatif et confondent les instructions technologiques avec l’éducation de base qui n’est plus au programme, ce qui fait que des magrébins venus de l’Atlas profond n’ont pas les repères de l’école bourgeoise et pas de parents qualifiés pour les leur enseigner. Notons pour insister, avec BOURDIEU, qu’un jeune fils de bonne famille de Rabat qui vient suivre des études de médecine chez nous n’aura aucun problème et passera inaperçu car très courtois.

Il en va de même pour l’apprentissage de la solidarité humaine. Peut-être un jour la Belgique n’existera-t-elle plus car l’ethnie riche et dominante des flamands veut supprimer les mécanismes d’entraide de la sécurité sociale envers notre ethnie francophone pauvre et dominée (la Wallonie). Les belges étaient fiers de leur sécurité sociale de l’après-guerre affirmant une solidarité entre les communautés ; pourtant aujourd’hui, elle se délite dans une bureaucratie administrative sans âme avec des politiciens flamands séparatistes.

Depuis les années 1990, la qualité de l’aide sociale se dépersonnalise et s’alourdit de processus complexes bureaucratiques qui déstabilisent les vieux, les malades et les sans emploi, ceux qui ne s’adaptent pas aux bouleversements de la technologie informatique. La formation des assistants sociaux (AS) suit le même mouvement : on traite des dossiers mais il n’y a plus d’AS pour discuter, sécuriser et valoriser les « paumés » (pas rentable). Les sujets sont donc atomisés dans une foule urbaine et subissent des souffrances dues à la difficulté de s’y retrouver dans les arcanes de plus en plus ubuesques de la machinerie administrative. Les agents chargés de l’aide sociale ne sont plus convenablement formés à des techniques d’approche relationnelle, ils se retrouvent impuissants devant la solitude, le malheur et le désespoir des couches moins favorisées avec des outils instrumentalisés et non adaptés à l’humanisme, soit à un minimum de compassion par la conversation.

De même, la police renforce les effectifs de ses cadres administratifs, mais les drogués, mendiants agressifs sont légions et les petits vieux angoissent de sortir au cœur de Liège après 18h : ils redoutent les agressions de rue car lorsque la foule qui protège se dissipe, il en va de même des patrouilles de police (qui deviendraient à ces heures utiles). Dans mon quartier, l’espace St Léonard, limite d’une ghettoïsation volontaire des maghrébins et non des autochtones, les gens du cru garent leurs voitures dans les rues maghrébines pour ne pas se retrouver avec les vitres brisées (même s’il n’y a rien à voler).

Le mal sociologique ethnique n’est pas dû à la non intégration des jeunes délinquants d’origine nord africaine mais aux ratés de l’intégration. Les vols, les viols, la drogue, les tags et les dégradations urbaines des gangs de jeunes désœuvrés sont d’abord dus à un manque de régénération du tissu social, à un manque d’une « POLITIQUE DE CIVILISATION ». Notons pour l’anecdote que lorsque l’opportuniste SARKOSY a récupéré ce slogan d’Edgar MORIN, celui-ci, sur les chaînes télévisées, était furieux de ce détournement de sens.

Les gens sont de plus en plus lâches et dans les bus liégeois du centre ville, lorsque qu’une équipe de trois jeunes filles Rom pratique le pickpocket organisé, les gens restent amorphes, il n’y a que quelques vieux cons comme moi qui crient tout haut pour avertir les autres voyageurs par solidarité. Inutile de dire que cette équipe de voleuses spécialisées ne m’apprécie pas et me montre un vilain doigt avant de déguerpir chaque fois que l’on se croise dans un bus. De même, lorsqu’un petit groupe de jeunes gens à des heures scolaires (donc pas des étudiants) agressent une jeune fille dans le bus avec des visées sexuelles, on dirait que tous les autres voyageurs sont paralysés, tétanisés et se font tout petits alors qu’ensemble, avec un sens de la solidarité, ils représenteraient une force par rapport aux voyous toujours impunis. Notons pour l’anthropologie comparée que, lorsque je suis sur un marché densément peuplé au Mali et qu’un malandrin s’intéresse de trop prês à mon sac à dos, la foule spontanément réagit et il y a très peu de voleurs de ce type. Chez nous, c’est un peu comme si les individus pensaient chacun : « ce n’est pas mon rôle, je risque de ramasser un mauvais coup et d’ailleurs, il y a les flics pour cela ! ».

Le mal initial est une dérive civilisationnelle par manque d’éducation civique et éthique qui crée la solitude et la peur mais la misère sociale ne sera prise en compte que lorsqu’elle dérapera sous une forme psychosomatique ou psychiatrique.



Prospectives

La soft révolution que nous appelons de nos vœux serait encore à écrire mais sans atermoiement pour sanctionner tout ce qui dégrade et exploite l’homme par l’homme, contre les dépendances, les assujettissements, les humiliations, les ségrégations.

La formule de Proudhon « la propriété, c’est le vol ! » est obsolète et devrait être radicalisée pour la survie planétaire en inscrivant dans toutes les constitutions que l’exploitation de l’homme par l’homme est un délit punissable au même titre que la traite des êtres humains (prostitution, travail des enfants,…). Etienne de La BOETIE nous disait : « vous êtes des milliers d’assujettis, arrêtez de soutenir les colosses aux pieds d’argile et ils s’effondreront tout seuls ».

Aujourd’hui, à chaque sommet du G8 ou du G20, il y a des manifestants sortis de nulle part qui contestent violemment le pouvoir de gestion du monde par les plus riches de la planète et cette information relayée par les télévisions arrive dans les bidonvilles des plus pauvres et enseigne que l’on peut se révolter. Aujourd’hui les fanatiques islamistes d’Al Quaida assassinent dans le désert du Mali un septuagénaire blanc voulant construire des écoles pour les jeunes Touaregs, en Afghanistan une jeune femme a le nez coupé ainsi que les oreilles par son mari taliban, parce qu’elle voulait s’enfuir de chez lui. Quid des milliers de musulmans pacifistes qui reçoivent cette mal-image de l’islam que s’approprient les terroristes, ils ont la honte. On parle des Etats voyous de la Somalie (le piratage), de la Corée du Nord et de l’Iran (leur bombe atomique) ou de l’Afghanistan et ses attentats aveugles dans les marchés sur sa propre population mais qui fournit ces barbares en armes de destruction massive, en plutonium enrichi et en technologie de manipulation télévisuelle si ce n’est certains membres du G8 qui jouent double jeu ?

La démocratie participative de demain ne pourra être qu’écologique et devra en finir radicalement avec cette farce des structures partidaires existantes. L’idée même de privilégier ceux de son parti au détriment des autres est un non-sens à une époque où la terre est un village planétaire. Il n’y a qu’une seule humanité qui ne veut ni les partis (à l’Europe les verts siègent avec les séparatistes flamingants de la N-VA) ni le totalitarisme (de gauche comme de droite) mais une démocratie soucieuse des gens (pensions, soins de santé, éducation, aide sociale,…), du respect des particularités culturelles de chaque communautés sur son territoire(pour éviter la prolifération des églises catholiques au Maghreb par exemple) afin d’enrayer le phénomène de transhumance mythique vers un El Dorado mais d’accueillir avec courtoisie et assistance tous les sans-papiers quels qu’ils soient pour autant qu’ils respectent les droits des femmes et ne soient pas des délinquants ou dealers de drogue notoires. Nous voulons un monde meilleur, plus humain et non un genre de système à la Big Brother chez nous, par l’hypnose télévisuelle.

La raison, les raisonnements lucides et l’esprit critique doivent nous animer contre les rationalisations de n’importe quoi basculées d’un ton neutre par les médias. Nous ne sommes plus à l’époque du communisme où un sauveur, MARX, remplaçait la croyance en dieu. Avec le socialisme totalitaire, le terme s’est dégradé et plus personne ne croit qu’il suffirait de détruire la capitalisme pour extirper la volonté de pouvoir et de domination de certains nains de jardin. Nous savons que LE politique s’est noyé dans l’économique et qu’il n’y a plus de fraternité prolétarienne solidaire (la précarité, la mobilité et les emplois renouvelables sont là pour enrayer une renaissance de cette solidarité). Nous sommes des gens conditionnés et formatés à ne plus rêver des alternatives sociales équitables mais à consommer et posséder chacun dans nos clapiers de l’argent caca que l’on placera dans nos cercueils. Il n’est pas question non plus de rejouer l’horreur ou l’indifférence (îles Caïmans par exemple), ce ne sont plus des alternatives acceptables. Nous irons vers un changement non prédictible : vers l’anéantissement (la disparition de la planète) ou l’adaptation de notre espèce en chassant les nuisibles clairement identifiés. La guerre froide et la course aux armements permettaient déjà amplement de détruire la planète mais le danger est plus grave encore. Peu de personnes ont conscientisé, lors du sommet de Stockholm, l’horreur des chinois refusant de s’autoréguler au niveau de leur suprématie en pollution. Les écosystèmes détruits ne seront pas réparables et personne ne nous sauvera s’il n’y a pas de changement éducatif radical. Pour prévenir de la peste ; il faut éviter la prolifération des rats et nous devons faire de même face aux consortiums militaro-industriels, aux spéculateurs et aux politiciens, il faut faire disparaitre cette nuisance (pas les hommes mais les chancres qu’ils représentent).

Sur le plan personnel, les sujets sont malades de cette société sans sens autre que celui absurde du travail aliénant (de plus en plus et de plus en plus vite) où l’on ne prend plus le temps de fixer des limites/repères à nos enfants. Le prozac (euphorisant) est une drogue lénifiante qui fait fureur aux Etats-Unis ; chez nous ce sont davantage les psy, l’alcool et autres dérivatifs comme le sport regardé qui programmeront des sujets béats et soumis.
Lorsque je vais chez mes amis maliens, il n’y a pas d’argent ni de technologie mais un respect pointu des autres et c’est ce que nous devrions enseigner dans les familles et les écoles en interdisant par exemple la banalisation de la violence par les jeux vidéos et les consoles D.S. Nous sommes tous dans un sous-développement éthique et affectif profond, nous aimons nos enfants mais nous ne les maîtrisons pas ; alors, ils pètent les plombs et leurs repères et les parents divorcent. Rappelons-nous que l’amour est un mythe entre le désir vide et l’ennui de la répétition. Nous avons des devoirs d’éducateurs envers ces petits, celui de dire NON à ces technologies sournoises qui valorisent des héros solitaires et violents , comme CONNARD/CONAN le barbare.

Que nous montre la télévision : l’entraide et la coopération Nord/Sud, non mais des jeux où il faut être « le seul survivant » (KHO-LANTA) ou des séries américaines où la torture et les meurtres sont banalisés. Pourquoi n’y a-t-il pas la moindre chaîne programmant des émissions de réflexion sur les philosophies comparées ? Une éducation pour vivre ensemble. Le journal télévisé, lorsqu’il n’est pas monopolisé par les compétitions sportives, annonce négligemment la venue prochaine de nouvelles famines dans le Sahel (30% de précipitation en moins).

Nous avons réellement la possibilité technique de nourrir toute la planète et d’assurer une vie décente à tous démontre le sociologue suisse Jean ZIEGLER, chiffres à l’appui mais les gouvernements ne bougeront pas et on détruira les excédents agricoles européens alors que la famine frappera ¼ de l’humanité et nous ne bougerons pas non plus, nous les gens de gauche, leurrés par les partis socialistes ? Imaginez que vous avez un bébé squelettique dans les mains et qu’il rend le dernier soupir et peut-être auriez-vous alors une émotion. Mais nous sommes manipulés pour avoir bonne conscience, « médecins sans frontière » s’en occupe ou encore « SOS Faim » et où va l’aide bilatérale prévue au tiers-monde ? Le phénomène de la distance a été étudié en psychologie sociale : si vous demandez à un quidam de trancher la gorge d’un bébé avec un couteau, il refusera cette horreur, mais si vous le placez dans un bombardier et que vous lui dites de presser le bouton de largage, il va le faire et tuer des milliers de bébé vietnamiens, par exemple.

Les citoyens sont fatigués d’avoir été manipulés et abusés par les politiciens à la solde du grand capital, ils sont fatigués des élections obligatoires où les promesses ne sont jamais tenues (il faudrait donc arrêter d’en faire par démagogie), il y a une dépolitisation massive car personne n’est assez motivé pour lutter contre cette merde de la particratie (notre dernière chance aurait pu être les syndicats mais c’est trop tard, ils sont infiltrés avons-nous déjà dit). Les politiciens honnêtes dans les partis devraient œuvrer à leur propre sabordage et virer les technocrates (qui confondent service au public et rentabilité) mais c’est trop tard, les gens sont dépossédés des problèmes de la cité. La régression démocratique est comme un gigantesque tsunami qui noie les petits poissons mais s’il ne reste que les prédateurs, ils mourront tout seuls faute de proies.

C’est le mythe de Sisyphe, tout progrès relationnel vient d’un travail de maturation que nous accomplissons – ou non – sur nous-mêmes. Nous ne pouvons changer l’autre mais bien notre manière de réagir à l’autre (par la désobéissance civile par exemple). Mais tout progrès sera toujours récupéré et détourné par des avides de pouvoir personnel sans état d’âme et qui oublient de consulter les gens au nom de qui, en principe, ils parlent. Notons que le phénomène est complémentaire et beaucoup d’entre nous sont paresseux et adorent être dirigés par d’autres (la soumission exquise étudiée par le psychologue social Jean-Léon BEAUVOIS).

Nous sommes ennemis les uns des autres et ennemis de nous-mêmes. Ce serait à partir de là qu’il faudrait reconstruire une anthropologie émancipatrice de Soi et de la fraternité avec les autres. Dans une période de 1966 à 1968, nous étions sur la route en autostop (KEROUAC) et au bivouac le soir, les différents stoppeurs se rassemblaient et partageaient leurs quelques victuailles ; c’était le temps du franquisme en Espagne où les douaniers coupaient de force les cheveux longs des beatniks. Mais aujourd’hui, sous une autre forme, avec internet, nous voyons des jeunes qui voyagent et créent des amitiés de par le monde en demandant juste à d’autres jeunes de pays plus éloignés un canapé pour y passer une nuit, soit une réécriture d’un tourisme humain qui ne se coupe pas des autochtones et ne dépense pas un franc dans le système hôtelier, chouette ?

Nous sommes une seule race HOMO SAPIENS avec des diversités culturelles. Nos connaissances du cosmos nous laissent sans espoir devant l’immensité glacée. Notre galaxie est secondaire et notre soleil fatigué s’éteindra un jour, ce qui signifie que nous ne laisserons aucune trace sur la planète bleue car la terre elle-même disparaîtra.



En attendant, il nous reste cette espérance provisoire de l’humanité à construire en nous appuyant, non plus cette fois sur des religions avides de sang et de conversions forcées (djihad), mais sur la révolution à portée mondiale sur le modèle de la France de 1789 avec ses finalités : LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE et la chartre des droits de l’homme qui protège le faible contre le fort, l’enfant contre les abuseurs (curés ou soldats).

Entre la tecno-science handicapée affective et le retour annoncé des guerres saintes et barbares, nous n’avons que ce choix du milieu : réformer la mauvaise gouvernance de la planète (la seule utilisation du budget de la force de frappe britannique pourrait à elle seule faire démarrer l’économie sociale de tous les pays du Sahel sous réserve de la suppression des accords de corruption tacites de part et d’autre) et réinventer le concept de citoyen du monde. L’égalité restera toujours un vœu souhaitable dans l’absolu mais cependant, on pourrait interdire les inégalités nocives (comme le droit de polluer côté en bourse) et imposer correctement les grosses fortunes au prorata des gains ?

La liberté est impossible car nous serons toujours prisonniers de nos inconscients, déterminismes et préjugés mais on pourrait en partager une plus grosse portion en ne la confondant plus avec le néolibéralisme liberticide ? La fraternité enfin ne pourra jamais s’imposer par décret mais s’enseigner dans les écoles et se pratiquer dans les quartiers. Il existe réellement des peuples pauvres et fiers qui n’ont rien mais donneraient leur chemise car posséder des choses est un mythe alors que l’échange peut devenir une réalité. Et nous n’avons pas besoin d’une unanimité pour l’essayer, nous sommes l’écrasante majorité qui doit se réveiller.

Nous avons des ressources mentales dont nous ignorons encore à ce jour l’utilité, nous pouvons faire l’hypothèse que cette intelligence non éveillée pourra l’être un jour au service de la création d’une harmonie sociale. Toutefois, tout comme l’éducation doit être permanente, le combat social aussi. Il faut - sans haine , ni violence - se battre avec pugnacité contre les injustices sociales et les arrivistes pistonnés qui ne pensent qu’à leur pouvoir (le père et le fils SARKOSY par exemple), pour l’inaccessible étoile d’une humanité des droits de l’homme et de la femme et une démocratie planétaire participative, en sachant qu’il n’y a pas de récompense, juste l’avenir de nos enfants et la survie limitée de notre monde car tout est impermanent.

Jean-Marie LANGE,01-08.08.10

[1] MORIN Edgar, MA gauche, Paris, François BOURIN, 2010, p.237.
[2] MORIN Edgar, Ma gauche, Paris, François Bourin, 2010, p.108.