samedi 4 septembre 2010

Le "Brol" de Bruxelles à Bamako

Le « Brol » de Bruxelles à Bamako (B.B.B.) : Le droit des minorités en voie de disparition

« Pour toute société, et pour l’humanité dans son ensemble, le sort des minorités n’est pas un dossier parmi d’autres ; il est, avec le sort des femmes, l’un des révélateurs les plus sûrs de l’avancement moral, ou de la régression. Un monde où on respecte chaque jour un peu mieux la diversité humaine, où toute personne peut s’exprimer dans la langue de son choix, professer paisiblement ses croyances et assumer sereinement ses origines sans encourir l’hostilité et le dénigrement, que ce soit de la part des autorités ou de la population, c’est un monde qui avance, qui progresse, qui s’élève. »(Amin MAALOUF)[1]
Thèse
La planète terre est notre village planétaire qui a développé une race de primates dotés d’un cortex permettant l’abstraction : l’HOMO SAPIENS SAPIENS. Nous sommes proches de nos cousins les grands primates par 99% de notre génome. Mais nous sommes encore plus proches de nos frères de la seule famille humaine qui se distinguent par différentes langues et coutumes ethniques, un charme culturel à protéger comme toutes les ethnies en voie de disparition. Or, depuis son développement sur terre, l’homme est un loup pour l’homme et n’arrête pas de faire souffrir ou de tuer son voisin, d’opprimer ou de torturer ses femelles. Il nous faudrait penser avec l’utopie une méga-révolution, cette fois non pour savoir qui a le plus gros zizi mais comment nous entraider sans nous spolier comme des bêtes.

Cela signifierait civiliser la terre par les droits de l’homme et la démocratie participative en rejetant les dictatures et les diverses formes de corruption (lorsque Sarkozy prend des vacances sur le yacht de son ami, est-ce uniquement de l’altruisme de la part de son ami ?) et en promouvant l’existence et l’expression des minorités et des contestataires, autrement dit permettre l’expression des idées hérétiques et déviantes. Nous sommes honteux que l’Inquisition catholique ait existé et furieux que cette barbarie recommence avec les fanatiques islamistes. Nous sommes par contre pour le respect de toutes les croyances et demandons que l’on respecte également notre laïcité et que notre pays, la Belgique sous tutelle flamande et catholique, puisse se nourrir de la diversité que nous « wallons » représentons. Le N-VA, parti dominant flamand et séparatiste est le mauvais chemin du retour des haines tribales. Sans nier nos spécificités identitaires, nous voulons un ré-enracinement dans l’identité humaine terrestre en gardant nos racines, sans obligation de parler la langue flamande mais en en ayant le libre choix.

Développement : de la Belgique au Pakistan
Sur le plan microscopique à l’échelle du cosmos, je fais partie d’une ethnie exploitée par une tribu majoritaire (de seulement un million d’êtres) qui revendique de plus en plus de droits sur nous et de moins en moins de solidarité avec nous (l’ethnie pauvre). Je suis un wallon de la Belgique du sud et de Bruxelles francophone et qui le sont toujours à 85% mais à qui les flamands conquérants veulent imposer leur langue « mondiale » et refusent de reconnaître les Bourgmestres (Maires) élus au suffrage universel en français. L’OCDE a déjà envoyé deux missions guimauves de conciliation pour expliquer aux politiciens flamands que dans toute l’Europe existait le droit des gens (un homme = une voix) et non leur ridicule droit du sol d’un âge barbare dépassé (la loi du plus fort et des colonies).Selon deux démographes de l’UCL, André Lambert et Louis Lohlé-Tart, il n’y a que 5,3% de flamands (55.000 personnes) dans ce qu’ils appellent leur capitale : BRUXELLES ; ainsi que 66,5% de francophones et 28,1% d’étrangers (la quasi-totalité des bébés nés de parents étrangers deviennent belges francophones.[2]
Notre pays, la Belgique toujours un peu surréaliste avec sa devise « L’Union fait la force » a été créé de toute pièce en 1815-1830 comme un Etat tampon entre les adversaires français, anglais et allemands. Ce sont les wallons et les bruxellois qui se sont battus à Bruxelles pour l’Indépendance. Notre première constitution nationale proclamait le français comme étant la langue de tous. C’est pourquoi, lorsque nous étions petits, les vieilles personnes et les adultes ont abandonné le wallon de façon à ce que nous ne pratiquions plus que le français (d’où notre sentiment d’injustice, si maintenant les flamands revendiquent avec des inspecteurs flamands dans les écoles francophones l’usage de la double langue ; pourquoi ne devraient-ils pas eux connaître le wallon ?). De plus, comment vouloir apprendre sous la pression une langue que nous n’aimons pas et qui n’a aucune ouverture sur le monde : l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le chinois, cela serait raisonnable. Les voisins hollandais des flamands ont eux-mêmes abandonné ce dialecte néerlandais et parlent tous l’anglais dans les affaires. Nous avons le droit à notre culture et à nos traditions, et il faudrait arrêter ces ingérences culturelles flamandes et réinstaurer, au choix des langues mondiales ou notre propre dialecte le wallon. Lorsqu’à 20 ans je rêvais de l’Afrique, je n’avais aucune chance d’aller comme prof de français au Congo francophone réservé aux catholiques flamands.
Dans les années 1960, il y eut d’abord un acte raciste national avec les agitateurs flamingants de l’université internationale de LEUVEN et leur slogan « WALLEN BUITEN ! » (Wallons hors de notre université) , l’Etat construisit en hâte dans la province du Brabant une nouvelle université « Louvain-la-Neuve » pour éviter une guerre civile sur ce patrimoine moyenâgeux commun. Puis encore plus grave, une ligne de démarcation faisant une scission linguistique entre le nord flamand et le sud wallon et tracée, au cordeau, une quasi ligne droite de scission des territoires sans consulter les populations comme on en traçait au temps des colonies dans le Sahara vierge. Je fais l’hypothèse lourde que les wallons n’ont rien gagné au change (les Fourons voulant pendant 20 ans leur rattachement à Liège, les communes à facilités linguistiques qui perdent leurs facilités et Bruxelles qui est enclavé dans le territoire flamand et qui est revendiqué comme leur capitale). Les tracasseries continuent : les séparatistes catholiques ne veulent plus de la royauté symbole de l’unité bien sûr, les wallons n’ont pas le droit de faire construire un bien sur le sol flamand s’ils ne parlent pas la langue, le contraire est possible par contre. La dernière loufoquerie serait de rattacher les eaux internationales de la mer du nord à la Flandre (comme les bretons et les corses revendiqueront alors pour leurs eaux ?).

L’entreprise de déconstruction de notre Etat Belgique a toujours été du fait de fanatiques flamands, il en va de même sur un autre plan avec la guerre des fondamentalistes islamiques contre l’Occident : y a-t-il un seul occidental qui a été au Sahel tuer un seul innocent ?

Sur le plan macroscopique, à l’échelle cette fois de la planète, on ne peut que constater des similitudes avec les Etats conquérants du Nord sur les économies des gens du sud, en particulier en Afrique. Ce fut d’abord les conquêtes armées des colonisateurs avec la suprématie des armes et la volonté de convertir, puis le contrôle des marchés pour maintenir les gens du sud producteurs de ressources à faible valeur d’échange et approvisionnant les industries de transformation du nord, autrement dit la poursuite de l’exploitation des pauvres par delà les Indépendances. Les indépendances ont eu lieu là aussi dans le début des années 1960 et 50 ans après, ces pays sont toujours « en voie de développement » exploités par l’achat à vil prix de leurs matières premières agricoles et minérales (sauf le pétrole), avec des salaires très bas pour les travailleurs privés de droits syndicaux, spoliés par la corruption de leurs gouvernements (qui corrompt ? avec quel argent ?), appauvris par les monocultures importées par les blancs. ET à présent, un cran de plus dans le dénuement des peuples, on vend la terre des africains aux chinois, coréens du nord et au libyens qui exporteront directement les denrées produites pour leurs populations. Quid des petits villages compris sur ces terres ? leurs coutumes ? leurs cimetières avec les ancêtres ? Les paysans sans ressource, chassés de leur terre pour que en échange les chinois construisent des palais à leurs dirigeants(en RDC). Ils forment des bidonvilles de ruraux déracinés aux alentours des villes. Les quelques rares agriculteurs qui subsistent ne peuvent vendre leur riz à des prix décents puisque les marchés locaux sont gorgés de riz quasi-gratuits du PAM (Programme alimentaire Mondial de l’ONU).

Au Pakistan, le dérèglement climatique se montre par des inondations torrentielles rasant les habitations de banco, l’Europe promet une aide financière de 140 millions d’euros mais comment donner la première tranche de 70.000 via des institutions corrompues ? Nos télévisions nous montrent les images de désolation puis les numéros pour l’aide humanitaire spontanée des gens et personne n’approvisionne plus ces comptes. Pourquoi ? Parce que le compte du Croisant rouge n’apparaît plus, il ne ferait plus d’aide humanitaire ? Parce que le Pakistan est une base arrière pour les fanatiques Talibans d’Afghanistan et que les gens en ont marre de faire la charité pour recevoir des bombes ? Une fois encore, il y a un fossé entre des dirigeants incompétents et vénaux et le peuple : lorsque l’on interroge des sinistrés, ils disent clairement qu’au lieu de renforcer les barrages, l’Etat a fait construire une autoroute à six voies que personne n’emprunte ! Je fais l’hypothèse que l’autoroute est un projet soufflé par l’étranger en échange d’un peu de l’âme de ce pays ?

Avec une équipe d’intervenants psychosociaux du Groupe d’Autoformation Psychosociale (GAP-asbl)), nous allons en janvier 2011 construire pour les 380 élèves des écoles de Nando un projet d’équilibre nutritionnel à travers l’élaboration d’une cantine scolaire, une goutte d’eau, une larme d’humanité pour agir concrètement malgré l’inertie de nos Etats riches et bêtes. Je reçois, en ce début septembre 2010, une information de l’Ambassade de France disant que le MALI est à éviter pour les touristes car il y a des enlèvements et des exécutions d’otages blancs. Cela peut être une grande sollicitude mais tout aussi bien une intoxication médiatique à la Sarkozy qui expulse les ROMS de France vers la Roumanie tout comme il l’a fait des maliens parisiens vers Bamako les années précédentes ? Cette information aura de graves répercussions économiques sur les plus pauvres par manque de devises des touristes effrayés. Certes, quelques crapules droguées ont tué un petit vieux qui faisait de l’humanitaire mais des crapules, il y en a aussi dans les cités bordant Paris puisque le pieux Nicolas allait les nettoyer au karcher, rappelez-vous ?
Les faits : « l’affaire Michel GERMANEAU enlevé le 26.07.2010 au Sahel par Abou Moussab ABDELWADOUD, l’un des chefs de l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), groupe terroriste se réclamant de la mouvance Ben Laden »(Source Le Nouvel Observateur, n°2386 du 29.07au 04.08.2010).
SARKOSY a choisi la violence et avec l’aide des forces spéciales franco-mauritaniennes a attaqué les bases des rebelles. L’Emir en représailles aux 6 hommes tués dans ce raid aurait fait abattre cet ingénieur à la retraite, de 78 ans, souffrant d’une maladie de cœur et détenus par plus de 50°C à l’ombre…ou il est mort tout seul du fait des conditions extrêmes. Là n’est pas la question, mais dans cette violence d’Etat qui appelle une violence réactionnelle d’office parce que la vie d’un homme vaut moins que de discuter de sa rançon.

Il y a des bons et des méchants partout, pas seulement des spéculateurs, mais des imbéciles qui se transforment en bombes humaines et tuent des victimes civiles et que l’on proclame ensuite martyres de l’imbécilité qui tue des blancs seulement par haine de leur richesse potentielle sans savoir qu’il sont là pour apporter modestement leur aide humanitaire. Seuls les politiciens sont des gens obligatoirement mauvais car nantis d’un bras armé pour leurs frappes chirurgicales. OBAMA tout comme Tony BLAIR, en faisant tuer, n’ont fait que leur devoir, assumé leur responsabilité totale y compris envers de jeunes adolescents mâles de leur pays ; ce furent des GI’s envahisseurs mais c’étaient aussi des enfants à la fleur de leur vie. Je lance donc une fatwa sur tous les imbéciles qui osent envisager la mort d’un seul d’entre nous, les frères humains. Notons qu’il n’y a jamais eu un seul terroriste blanc qui a tué un enfant au Maghreb en représailles pour une caricature, mais que les GI’s eux ont tué probablement beaucoup d’enfants pour les pétrole du Koweït.
Synthèse
Dans toutes les histoires guerrières de nos civilisations, ce fut toujours le même scénario des armées bien nourries prêtes pour le combat et des civils affamés que l’on tue comme du bétail ou qui meurt tout seul de faim ou des suites de malnutrition. Il n’y a plus de touristes au Mali après les mises en garde inquiétante de SARKOSY via l’Ambassade de France ;alors, de quoi vont vivre les enfants des zones sahéliennes où l’on annonce pour 2011 un déficit des précipitations de plus de 30% ?

Nando, 2009
Regardez ces petites filles de NANDO, un village DOGON du Mali déserté par les touristes, les grandes sœurs portent sur le dos les derniers bébés des mères. Une des petites suce un caillou, ce n’est pas du chewing-gum et ce n’est pas non plus pour le goût, mais un truc pour tromper sa faim. Le crâne du bébé de la seconde fillette accuse des tâches de dépigmentation, il s’agit d’un signal de malnutrition, au même titre que les gros ventres vides typiques du KAWASINOROR.
Nous n’avons pas de réponse, sauf nos actions symboliques, non reconnues par notre communauté, que nous maintiendrons, non pour un devoir de charité venu d’une mauvaise conscience vaguement religieuse - nous sommes des scientifiques donc des athées - mais parce que nous n’avons pas d’autre choix pour une vie éthique que de rechercher pour tous les hommes la possibilité de vivre dans la dignité, la liberté, l’égalité et la fraternité.
« Des exemples venus de tous les continents montrent que ceux qui se battent habilement contre la tyrannie, contre l’obscurantisme, contre la ségrégation, contre le mépris, contre l’oubli, peuvent souvent obtenir gain de cause. Et aussi ceux qui se battent contre la famine, l’ignorance ou l’épidémie. Si l’on croit en quelque chose (l’homme par exemple), si l’on porte en soi-même suffisamment d’énergie, suffisamment de passion, suffisamment d’appétit de vivre, on peut trouver dans les ressources qu’offre le monde d’aujourd’hui les moyens de réaliser quelques-uns de ses rêves. »[3]
L’ennemi n’est pas dans l’imbécilité de l’Emir ou dans la vanité profonde de SARKOSY, il est en nous-mêmes, dans nos représentations ethnocentristes, dans notre égocentrisme et dans notre mode de pensée étriqué Ce qui valait avant pour la nation flamande ou encore pour la patrie envahie par les boches est devenu obsolète, le combat valide d’aujourd’hui est dans la fraternité envers toute la communauté humaine, croyants et non-croyants, un combat sans fin.

Jean-Marie LANGE, 05.09.2010,
Intervenant psychosocial, GAP.

[1] MAALOUF A., Le dérèglement du monde, Paris, Grasset, 2009, p.69.

[2] La Libre Belgique, Gazette de Liège du 03.09.2010 p.6-7 : « Qui habite à Bruxelles ? En 2006, la Direction générale Statistique et Information économique (DGSIE, ex-INS) publiait la ventilation des nationalités à Bruxelles-capitale. Ce sont les derniers chiffres disponibles. Les voici : Belge : 745.111 soit 73,14% - Français : 41.716 – Marocains : 40.646 – Italiens : 27.097 – Espagnol : 19.725 – Portugais : 15.824 – Turcs : 10.939 –Polonais : 9.766 – Britannique : 8.856 – Grecs : 8.338 – Allemands : 8.322 – Congolais (RDC) : 6.856 – Américains : 3.081. »
[3] MAALOUF A., Les identités meurtrières, Paris, Grasset, 1998, p.166.

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