samedi 29 mai 2010

Histoire d'une rencontre entre un couple et une adorable princesse du Mali




IRINA 01.01.2008

Novembre 2007. Mon époux et moi même regardions un reportage sur la culture des cacahuètes dans un village africain. Des enfants à peine âgés de 7 ans passaient leurs journées, sous un soleil de plomb, à ramasser la maigre culture du champ asséché. Le village tout entier comptait sur le fruit de cette récolte afin d’obtenir l’équivalent d’une dizaine d’euros, et ainsi pouvoir s’alimenter de riz et de légumes. Besoin primaire de base dans la pyramide des besoins. Mon époux et moi même étions en train de prendre l’apéro, constitué de vin, de chips et fromage avant d‘entamer un somptueux repas sur protéinés. Nous nous sommes regardés. J’avais les yeux remplis de larmes : dans quel monde injuste vivons-nous. Voir ces enfants vêtus de t-shirt en lambeau et peinant en sueur à aider la collectivité à se nourrir ! Quel avenir pour eux ? Un enfant de cet âge doit pouvoir aller à l’école, jouer, s’amuser, rire à pleines dents. La télévision nous envoyait une réalité bien loin de cet idéal.

Loin de moi d’estimer que le modèle de vie occidentale prévaut sur les autres, et qu’il offre une vie meilleure. Au contraire, prenons l’exemple se situant aux antipodes de notre concept de vie : les tribus indigènes. Un peuple vivant entièrement nu (quelle liberté de ne pas supporter des chaussures à talons, des strings inconfortables, des cravates serrantes !), dont la journée se résume à la chasse/pêche pour les hommes, et la cuisine et l’éducation des enfants pour les femmes, ainsi que la sieste pour tous. Quel autre reflet du bonheur que les sourires affichés sur la bouille des enfants s’essayant à la pêche, jouant dans la rivière… Pas d’école, pas de technologie, pas de luxe, sauf celui de vivre sans montre. Le savoir est dispensé par les anciens, l’éducation se limite à savoir se nourrir, combattre les animaux dangereux, l’honneur se concrétise par les rituels et passage de vie. Dans ce cas de figure, extrême je le concède, ce serait un crime d’imposer notre mode de vie.

Mais je m’écarte du sujet de départ, et du fameux reportage sur ce village en Afrique. Lorsque j’ai dit à mon époux, la gorge serrée : « ce n’est pas juste, un enfant ne devrait pas vivre ça », celui-ci m’a répondu : « tu as raison, veux-tu qu’on adopte un enfant ? »… Notre projet était lancé.

Très vite nous avons pris contact avec les organismes officiels et seuls légaux en Belgique pour entamer la procédure d’adoption internationale, très vite nous avons informé notre entourage de notre intention.

En ce qui concerne l’entourage, nous avons fort heureusement reçu beaucoup de soutien, ce qui nous a permis de partager au fur et mesure les bonheurs et les peurs de cette longue démarche.

Soutien qui manqua cruellement (et l’adverbe est bien choisi) aux divers professionnels en la matière que nous avons rencontrés.

Tout d’abord une formation longue de 2 séances d’information, 3 séances de sensibilisation et 5 séances chez un psychologue « homologué ». La première réunion débute par le discours « si vous souhaitez adopter pour sauver un enfant, vous vous trompez ». Ah ?!

Près d’un an s’écoulera entre l’inscription et l’attribution du document « M et Mme ont participé à la formation » nous permettant de continuer les démarches en demandant au juge du Tribunal de la Jeunesse l’autorisation d’adopter. Le politique ne nous demande alors qu’une seule chose : participer à chaque séance. Il n’y a pas de gagnant ou de perdant à cette étape. Pas encore.

Le Juge, afin de juger de notre aptitude ou non d’accueillir un enfant qui se trouve alors sans père ni mère, dans un orphelinat ou pouponnière à charmer une nounou ou se battre pour recevoir une cuillère de nourriture, ou un lange propre, se doit de demander un enquête sociale. La pire expérience qu’il m’ait été donné de vivre.

Moi même assistante sociale, je ne doutais pas un seul instant que l’on puisse douter de notre aptitude, en comparaison à ce qu’il m’est imposé de voir dans mon quotidien professionnel. Et pourtant… Une psychologue, les bras en croix, on ne peut plus fermée à tout dialogue, et une assistante sociale donnant l’air de se sentir inférieure à sa collègue diplômée d’une université se permettent en 2 entretiens d’un demi heure, d’établir un rapport, qui nous marquera d’une empreinte indélébile jusqu’à la fin de notre parcours.

Un rapport long de 20 pages nous targuant d’être des personnes bienveillantes, équilibrées, conscientisées sur la problématique de l’adoption, d’être un couple heureux et serein, capable d’offrir une éducation à 1 voire 2 enfants et j’en passe, se solde pourtant sur une réserve à notre aptitude à adopter car 3 questions les taraudent.

Primo nous ne prenons pas de moyens de contraception et pour elles, il est scientifiquement ? impossible de mener les 2 projets de l’enfant biologique et adopté de front. Sur ce point, nous ferons profil bas, afin de pouvoir nous donner en priorité sur notre projet en cours.

Deusio, il leur semble que le deuil de l’enfant biologique n’est pas établi car nous refusons d’entamer des tests fastidieux concernant le « coupable » de notre stérilité. Comme je l’expliquerai au Juge dans une lettre annexe au rapport sans intermédiaire déformant nos propos, propre à toute communication verbale où nous passons du « le patron s’est cassé le pied » au « le patron est mort », il n’y a pas de priorité. Pour ma part, l’adoption est un projet de vie. Mon enfant ne sera pas une roue de secours, utilisé en solution d’un utérus inutilisable ou de spermatozoïdes paralysés. Dans cette démarche, mon enfant sera un enfant adopté, simplement parce que ses parents ont ce désir. Si la psy estime que notre projet est peu conventionnel comparé à l’habituel adoption si stérilité ou après l’enfant fait maison, il n’en est pas pour autant légitime et réfléchi. Il y a un jour J où l’on arrête la prise de pilule contraceptive, et un jour J où l’on entame les démarches fastidieuses de l’adoption. Le reste ne nous appartient pas. Si je croyais en Dieu, je dirai que le sort de notre couple est entre ses mains. Malheureusement pour l’instant il est entre les mains de ces technocrates.

Tertio, le point le plus aberrant de leurs réflexions : nous idéalisons notre enfant adopté ! Vu la réserve émise, il semble que ce soit un tort de penser que notre enfant deviendra quelqu’un de bien et que tout se passera bien. Les femmes se caressent-elles le ventre arrondi par le bébé qui grandit en elle en se disant « je vais accoucher d’un débile profond qui finira sa vie en prison pour avoir violé un cadavre d’une vache sacrée en Inde » ?

Je me permets cet intermède afin de montrer par quelles étapes longues, jonchées de doutes, mais aussi « gestaponiennes » nous sommes passés avant la rencontre déterminante avec Madame le Juge de la Jeunesse.

Heureusement (pour nous), cette dernière devant faire face aux mêmes réalités de terrain qui me sont imposées professionnellement s’est elle aussi retrouvée dubitative face aux conclusions d’un rapport pourtant élogieux. Nous ressortons de l’audience fiers de notre prix concourt : l’autorisation d’adopter un ou deux enfants, peu importe le sexe et le pays d’origine et âgés de 0 à 5 ans, comme nous l’avions demandé, depuis près de 2 ans.

Nous n’avions pas de préférence quant au pays d’origine, pour le Maroc pour lequel nous devions nous convertir à la religion musulmane alors que nous sommes agnostiques. Quant au sexe, il eut été indécent d’énoncer notre préférence. Quant à l’âge il correspondait simplement à l’avant obligation scolaire

Après avoir contacté les 7 organismes francophones dont un ne se consacre qu’aux enfants dits belges consacrés aux stériles avérés et un autre aux enfants dits à particularité terme moins effrayant qu’handicapés, il nous restait le choix dans le quotta d’enfants disponibles entre le Mali, le Nigéria et l’Afrique du Sud. Je ne veux choquer personne dans les mots utilisés dans cet écrit, mais il s’agit bel et bien du jargon qu’il nous ait été offert d’entendre.

Le délai d’attente pour l’Afrique du sud est de 2 ans et l’organisme se trouve à Bruxelles. Pour le Nigéria, il n’y a pas de délai d’attente, mais en reviendrons-nous vivants ou ensemble ? Reste le Mali… et pourquoi pas. Tant d’éloges sur ce beau pays et la gentillesse des maliens. Tant d’amour dans les yeux de nos amis lorsqu’ils en parlent ou tentent de nous instruire sur l’art qui en est issu. Et puis l’Afrique m’est chère pour y avoir vécu près d’un tiers de ma vie actuelle.

Notre enfant sera Malien, nous sommes décidés.

Après une nouvelle enquête psychosociale, des examens médicaux, des séances d’information, la constitution d’un dossier lourd comme un encyclopédie, notre demande est envoyée au Mali. Il ne nous reste plus qu’à attendre. A partir de ce moment, les minutes ressemblent à des heures, les semaines à des mois.

Et puis, 6 mois plus tard, alors que je prenais ma pause déjeuner avec une amie, mon téléphone sonne, affichant un numéro inconnu. « Bonjour, je suis Mme G, j’ai reçu des nouvelles du Mali. Il y a une petite fille de 2 ans et demi » Comme mes pleurs de joie m’empêchaient de prononcer un mot, la directrice finit par me demander « Vous la prenez ? »… Quelle question ! Evidemment que je la « prends » Je pleure de joie, pas de « merde c’est une fille, ou de merde elle a déjà 2 ans… ». Je suis maman. A cet instant je suis devenue concrètement une maman d’une petite fille présumée née à Bamako le 01/01/2008 au doux prénom de Sendé.

Il m’est impossible d’exprimer ce que je ressentais à cet instant. Je ne peux trouver les mots qui traduiraient le plus justement ce que je vivais. D’écrire ces 2 derniers paragraphes me retourne encore le ventre.

Le 29 avril 2010, nous voilà dans l’avion pour le Mali. Nous partons à 2 et reviendrons une semaine plus tard à 3.

Le 30 avril 2010, nous voilà dans un jeep à Bamako. Nous partons vers la pouponnière d‘Etat. Une dame bienveillante nous proposera de nous asseoir dans son bureau de 6 m2. Une autre nous demandera le nom de l’enfant que nous sommes venus chercher. Nous lui donnons le nom du Mali et celui qu’elle portera dorénavant. Pourvu qu’elle ne se trompe pas d’enfant.

Ils l’apprêtent… Ah ?!

10 minutes plus tard, une petite fille vêtue d’une robe rose, au crâne rasé, au visage surhuilé et talqué, apeurée mais docile se présente à nous.

J’avais tant envie de pleurer et de serrer ce petit corps contre moi pour l’étouffer de baisers. Je suis fière d’avoir eu la force et la décence de juste m’accroupir à sa hauteur, de lui caresser tendrement ses petites jambes en lui embrassant ses petites mains.

Le bonheur à l’état pur m’envahissait, mais aussi les doutes. Les yeux d’un enfant ne trompent pas. Et les yeux de notre petite étaient imprégnés de peur, de colère, d’incompréhension.

Quelques heures plus tard, en silence, des larmes perlaient sur son visage. A deux ans, un enfant pleure de faim, de mal, de peur ou de caprice. Mais pas de tristesse. Mais notre ange pleurait d’une tristesse accablante. Et puis les cris d’angoisse retentirent. Avons-nous bien fait ? Notre projet était-il juste égoïste pour combler le vide d’enfant dans notre quotidien?

Les premiers jours avec notre Sendé (prénom malien) – Irina (prénom que nous lui avons choisi) se sont résumés en de longues et délicieuses heures de bercement, baisers, tendresses.

Peu à peu, de petits riens qui représentent pourtant des étapes importantes dans nos relations respectives ont fait notre bonheur. Irina a d’abord accepté de nous regarder, puis elle demandait le contact physique, puis un premier intérêt au jeu, un premier sourire, un premier « maman », puis « papa », et les premiers éclats de rire qui continuent à résonner dans notre maison 3 semaines plus tard. Irina nous a rapidement à son tour adoptés.

Nous sommes fin mai. Cela fait moins d’un mois que nous nous sommes rencontrées. Et si j’étais maman avant de la voir, Irina fait de moi une maman comblée. Elle me surprend de jour en jour par sa gaieté, sa curiosité, son étonnement face aux choses que nous ne voyons même plus. Avec quelques cailloux dans une boite, nous apprenons à compter, à dire merci, à lancer, … bref à parler et rire juste avec quelques cailloux. Bill Gates ne parviendra pas à inventer un objet aussi simple et communiquant que cela.

Bien sûr que tout n’est pas aussi rose. Mon histoire n’est pas l’œuvre de Barbara Cartland.

Irina est adoptée, ne l’oublions pas. Elle a un passé et un vécu que je ne connais pas, elle a des peurs et des angoisses que je ne sais pas comment calmer. Et puis l’éducation de n’importe quel enfant requiert du temps, de la patience, et de l’énergie, surtout si l’on s’interdit l’aide de la nounou télévision.

Les muscles de mes bras sont endoloris à force de porter Irina qui préfère la douceur de nos bras aux trottoirs asphaltés. Si parfois je prends le temps de me maquiller pour rester une maman coquette, je n’arrive pas à camoufler les cernes qui se dessinent sous les yeux.

Et puis Irina reste une enfant ayant atteint l’âge des caprices et du non. Même s’il n’est pas toujours facile de supporter les crises, je la félicite de nous faire assez confiance pour se permettre de nous défier. Elle sait déjà que nous ne l’abandonnerons pas. Alors je suis fière de ce que nous sommes parvenus à lui apporter et je prends tellement de plaisir à voir ma fille sourire, jouer, danser et chanter.

Voilà l’histoire d’une maman d’une petite princesse de 2 ans qui ne devra jamais ramasser des cacahuètes pour survivre.

L’adoption est-elle une solution ? elle l’est peut-être pour répondre à une problématique de femmes s’essayant à des avortements clandestins à l’issue parfois mortelle pour elles, ou handicapante pour l’enfant survivant malgré tout. Pour éviter que des enfants nés hors désirs ne soient battus à mort à coups de pierres sur la tête ou abandonnés dans un lieu si peu fréquenté qu’ils finissent par mourir de faim, de déshydratation, de froid ou dans la gueule d’un quelconque animal.

Mais l’idéal ne serait-il pas qu’il n’y ait plus d’enfant à adopter ? Que le Politique puisse faire face aux difficultés financières des pays pauvres évitant ainsi aux veuves d’abandonner leur enfant, aux jeunes de se livrer à la prostitution pour recevoir un repas par jour? Que le Pape vante enfin les mérites de la pilule contraceptive et du préservatif afin que les couples puissent enfanter le nombre d’enfants qu’ils sont capables d’assumer ?

Je suis heureuse d’avoir adopté Irina parce qu’elle n’avait pas de parents pour la choyer et la protéger. J’espère que les rires d’un 2ème enfant, bio ou adopté viendront un jour résonner en chœur avec ceux d’Irina. Mais je rêve surtout qu’un jour, il n’y ait plus aucun enfant malheureux sur cette Terre. Un enfant n’a pas le devoir de supporter la faim, la soif et la misère, mais a le droit de vivre une vie d’enfant…

ESSER Sandrine

vendredi 14 mai 2010

Qu'est-ce que la recherche-action de la dynmaique des groupes

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires. L'association de formation des cadres GAP est une association (asbl) spécialisée en management associatif, en recherche-action participative et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde en partenariat avec les villageois. Avant-hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali (2002) et hier, c'était l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi (de 2007 à 2010). Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
Qu’est-ce que la recherche-action participative du projet NANDO (Mali) ?
Pendant longtemps, les recherches en psychologie ont perdu leur temps car, en voulant copier les protocoles des sciences exactes, elles atomisaient leur objet en variables contrôlables stimulus-réponse. Ce fut donc le béhaviorisme ou psychologie du comportement qui étudiait les réponses stéréotypées des souris à des stimulations simples. Mais nous ne sommes pas des mammifères basiques et nous pouvons, pour un même stimulus, fournir en feed-back des réponses variées. L’approche de la psychologie systémique a balayé ce vernis scientifique pour aller à l’essentiel et accepter la complexité de l’ici et maintenant. Il faut que « l’observateur s’observe observant », nous dit Edgar MORIN, ce qui signifie qu’il fait partie de la chose observée. Fini le temps étriqué d’un professeur en blouse blanche qui interfère dans le champ observé. Pensons à une classe scolaire, lorsqu’apparaît une inspectrice qui dit : « faites comme si je n’étais pas là ! », tout le dispositif pédagogique est dès lors perturbé ?
Notre association « GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE »(GAP) donne des formations pointues aux cadres occidentaux et à l’aide des émoluments engrangés finance elle-même (sans subside car nous voulons rester neutres et non redevables à l’un ou l’autre parti politique) en partenariat avec des villages du Tiers-monde des recherches-actions coopératives où les besoins locaux sont écoutés ainsi que les propositions structurelles du GAP pour renforcer les compétences individuelles et collectives. La finalité est une transformation autonome des réalités sociales villageoises, autrement dit, cela signifie que si la dimension collective se perd au profit d’une appropriation individuelle des outils, il n’y a plus la réciprocité de la recherche-action et plus de raison de poursuivre. Le GAP ne fait jamais des cadeaux individuels mais des échanges réciproques de procédés technologiques (et de matériel) en contrepartie des travaux effectifs des villageois.
« Toute recherche-action repose sur quatre principes :
· Une volonté de changement des acteurs locaux ;
· Le double objectif de la résolution de problèmes concrets et de la progression des connaissances institutionnelles de la démocratie participative ;
· Un travail conjoint des intervenants psychosociaux et des acteurs de terrain ;
· Un cadre éthique négocié et accepté par tous. » (FAURE G. et al., « Innover avec les acteurs du monde rural : la recherche-action en partenariat », Gembloux, Quae, CTA, 2010, p.29.
Nous débuterons un nouveau projet au Mali en 2011 pour une recherche-action dans des villages DOGON du plateau, désertés par les devises des touristes avec le village pilote de NANDO. L’étape initiale sera de définir les problèmes, structurer un collectif spécifique, palabrer ensemble sous le Toguna avec des anciens et des profs pour associer ceux-ci comme acteurs concernés par l’EDUCATION PERMANENTE. La finalité de cette démarche andragogique est d’impliquer les acteurs dans leur autonomisation pour l’épanouissement des apprenants et dans une action d’autosuffisance du village par cette nouvelle génération instruite.

Jean-Marie Lange, 11 mai 2010,
Technicien en agriculture tropicale,
Docteur en intervention psychosociale (DES-ULG),
Docteur en Education Permanente (DEA-ULG),

vendredi 7 mai 2010

LA SURCONSCIENCE
Jean-Marie LANGE
« La femme est l’avenir de l’homme » (ARAGON - Jean FERRAT)
« Mon roman 1984, n’a pas été conçu comme une attaque contre socialisme mais comme une dénonciation des perversions auxquelles une économie centralisée peut être sujette et qui ont déjà été partiellement réalisées dans le communisme et le fascisme. Je ne crois pas que le type de société que je décris arrivera nécessairement, mais je crois que quelque chose qui y ressemble pourrait arriver. Je crois également que les idées totalitaires ont partout pris racine dans les esprits des intellectuels, et j’ai essayé de pousser ces idées jusqu’à leurs conséquences logiques (…) le totalitarisme, s’il n’est pas combattu, pourrait triompher partout. »(Georges ORWELL , 1949)[1]

Le freudisme est-il une croyance laïque ?
J’ai eu le plaisir de lire l’ensemble de l’œuvre de FREUD traduite (hormis les « correspondances » trafiquées en « morceaux choisis » jusqu’en 2057) ; comme dans toutes les œuvres humaines, il y a d’excellentes choses (en particulier pour son époque pudibonde du début du XX°s.)… et de moins bonnes (sa condamnation des homosexuels et sa défiance des femmes par exemple).[2] En 1896, avec son mentor Josef BREUER, il cosigne « Etudes sur l’hystérie » ( ouvrage, selon ma subjectivité comparative de peu d’intérêt). En 1899, il écrit seul « L’interprétation des rêves » base de la psychanalyse (concept venant de BREUER) et construit sur le socle des idées empruntées - mais sans le citer - à Georg GRODDECK (« Le livre du ça »). Il élabore en fait une méthode de recherche originale et osée, basée sur les associations et le déplacement et ce sera, par ricochet, qu’elle deviendra une thérapie qui a été certainement très utile pour aider des gens à se sortir d’une souffrance psychique mais qui est aussi une addiction, une dépendance, une aliénation rituelle de la cure.
FREUD, au-delà de ses contradictions internes (écrire « le roman familial » comme une théorie alors qu’il en est un sujet didactique), a toujours été un athée se voulant chercheur scientifique rigoureux mais pourtant sa création - dont il était très jaloux (il éliminera de ses relations tous ses disciples de l’époque, entre autres FERENCZI, ABRAHAM , RANK, JUNG, ADLER,…sauf son biographe américain Ernest JONES et sa fille Anna) - se profile aujourd’hui comme une sorte de religiosité sans dieu, ni spiritualité (à la différence de JUNG qui en a parfois trop, mais peut-on vraiment faire fi de l’histoire de nos ancêtres ?).
De plus, aujourd’hui, en particulier dans le vent de la crise économique mondiale démarrée à la fin 2008, qui pourrait se payer une psychanalyse régulière d’une durée de 8 à 12 ans ? A l’époque déjà, ce genre de cure était réservée à la bourgeoisie, non pas que la classe populaire ne pouvait pas avoir d’état d’âme, mais au vu de son coût élevé.
Enfin d’un point de vue de rigueur, comment évaluer des résultats et améliorer sa pratique de thérapeute, si chaque fois que le patient émet des critiques, on vide celles-ci de leurs contenus en parlant de résistance à la cure ?
Son condisciple au cours d’hypnose de Jean-Martin CHARCOT, à l’hôpital La Salpêtrière à Paris, s’appelait Pierre JANET, beaucoup plus méthodique dans ses recherches et ne suscitant cependant pas à Paris le même engouement du public que son collègue autrichien. Il faudra attendre l’émancipation du dauphin JUNG de la tutelle freudienne pour que le psychologue suisse mentionne JANET. Puis sa redécouverte dans les années 1970 par l’Ecole de psychologie systémique de Palo Alto (Californie).
Je suis sans ambigüité partisan de cette école plus pragmatique centrée sur le « comment » sortir d’un mal être psychique rapidement (les thérapies brèves de cinq séances) plutôt que de dériver (pour le profit de qui ?) sur un coûteux « pourquoi » des refoulements de la petite enfance dans un inconscient des profondeurs qui selon sa définition ne peut jamais devenir conscient.
L’évaluation d’une thérapie brève est possible : est-ce que le sujet a réussi, à l’aide d’un coach, à s’éclairer lui-même pour son intérêt vital, oui ou non ? Les praticiens, refusant et la dépendance et l’esprit de lucre, fixent dès le départ, après ARISTOTE, une unité de temps, de lieu et d’action. Quels sont les objectifs particuliers à atteindre par le sujet tournant souvent autour de la finalité d’émancipation sociale et d’épanouissement personnel (nos scrupules judéo-chrétiens allant à l’encontre) pour regarder avec lucidité notre si petite marge de liberté (au vu des déterminismes sociaux, temporels et familiaux) pour activer notre liberté de choix (libre-arbitre) dans la seule existence que nous vivrons.
La supériorité, du temps des philosophes grecs, était de ne pas scinder d’une part les sciences et d’autre part la philosophie et la psychologie.
Nous avons des perceptions et des intuitions contraintes et déformées par notre culture, notre époque et notre histoire de vie ainsi que par l’imprégnation de nos ancêtres. Il est donc vain de se convertir en des doctrines « en isme » comme le libéralisme, le communisme, le socialisme ou le psychologisme (depuis Auguste COMTE et son positivisme jusqu’ y compris la psychanalyse freudienne).
La seconde conscience
Pour FREUD, la libido est limitée à la pulsion sexuelle organique ; par contre, pour JUNG, la libido est l’énergie psychique qui comprend à la fois la pulsion avec une partie sublimée par la volonté de la conscience et une intuition peu transformable en mots.
Notons qu’il ne peut y avoir de volonté de percevoir l’obscurité sans connaissance, d’où l’adage de « bête et méchant » car quelqu’un qui ne réfléchit pas et ne se distancie pas au moins partiellement de ses « instincts » reste un animal égoïste rabaissant les autres à des objets pour ses besoins. Ceci se donne particulièrement bien à voir chez les très vielles personnes tellement préoccupées d’elles-mêmes qu’elles en deviennent cruelles et asociales.
Il peut y avoir une dissociation de la psyché entre la bête désirante que nous sommes tous et l’esprit, aussi bien au niveau conscient que subconscient c’est-à-dire comprenant en partie de l’inconscient. C’est ce que nous enseignent au fond nos frères vivants proches encore de l’animisme : chez les sorciers NGANGA des bantous, chaque homme a un double invisible qui peut faire le mal, un peu comme en Amérique, les personnalités multiples.
Si nous concevons que des contenus de mémoire puissent être refoulés dans l’inconscient par perte d’énergie, pourquoi le flux ne pourrait-il être aussi dans l’autre sens, c’est-à-dire que des processus inconscients deviennent conscients par augmentation d’énergie ? Faire donc l’hypothèse qu’entre l’inconscient et la conscience, des ponts existent ainsi que la possibilité d’une conscience secondaire (l’autre de JUNG) consistant en ce que le processus inconscient soit « présenté » à un sujet qui choisit et décide. Pour cela, il faudrait que la conscience du moi ne se voile pas par manque de compréhension, cette prise de conscience transmise indirectement par des symboles.
En ethnopsychiatrie, c’est l’originalité du thérapeute Tobie NATHAN qui - après une mise en condition hypnotique – invite l’autre de la personne à se présenter et à dire quelles sont ses attentes, soit l’envers de l’exorcisme qui consisterait à arrêter de sommer « les démons » de se retirer, à ne pas les juger et à simplement les entendre, autrement dit, essayer de permettre le plus possible à l’inconscient passé dans la conscience secondaire de s’exprimer. Notons la particularité au niveau symbolique de l’expression freudienne que l’on devrait plutôt nommer « expression sémiotique » car, au fond, on n’exprime jamais symboliquement que ce que l’on ne connaît pas dans la réalité. Avec JUNG [3], nous devons distinguer les contenus refoulés des contenus non encore conscients, c’est-à-dire non encore perçus comme des représentations mythiques que ce soient les démons, les dieux ou les différents « ismes » des croyances laïques qui riment avec « fanatisme ».
Selon JUNG, se référant à Pierre JANET, la volonté psychique s’alimente partiellement dans la pulsion mais non de façon absolue sinon il n’y aurait ni libre-arbitre, ni volonté de choix. Il faut qu’une quantité limitée d’énergie se tienne à la libre disposition de la conscience (une libido donc aussi pour la liberté et le courage des choix). A la limite supérieure du psychisme, dit JANET, la fonction se détache de sa fin première (la reproduction), les pulsions perdent une partie de leur influence pour devenir motivation de la volonté. Mais la volonté ne pourra jamais dominer l’inconscient et sa pulsion de domination par exemple sur les esprits des autres (esprit étant un concept à ne pas réduire au seul intellect). La psyché se meut vers le bas dans la base organique sexuelle mais peut aussi se mouvoir vers le haut dans une spiritualité sans dieu. Rappelons que s’il n’y a aucune connaissance consciente, il n’y aura alors qu’une pure animalité qui n’a que faire d’une sublimation énergétique. Par contre, s’il y a une volonté de recherche avec une liberté (bien sûr restreinte) de choix, il peut alors y avoir une action NON SUE de la conscience pour modifier sa fonction organique basique. Un « champ transmarginal » de la conscience, dit William JAMES, une « subliminal consciousness » dit Frédéric MYERS ou encore une gestalt awareness, dit Kurt LEWIN.
Le mal absolu du fonctionnement à la croyance religieuse
Je me demande toujours pourquoi les humains éprouvent le besoin d’inventer des miracles, de croire au surnaturel (toujours sans réponse depuis des millénaires) alors que le merveilleux est là à portée de vue pour ceux qui cherchent à voir. Mes amis maliens sont des gens bien, de bons musulmans qui ne se rendent pas compte de leur sauvagerie banalisée envers les petites filles de leur ethnie qu’ils mutilent par l’excision ou l’infibulation. Une brutalité moyenâgeuse non conscientisée par ces peuples, dans un monde moderne où les droits de l’homme et de la femme sont respectés et déclarés par tous (sauf par les musulmans) comme inaliénables.

La Belgique, petit pays sur lequel des politiciens professionnels fatigués ont la main mise à vie a voté l’interdiction du port de la burka, je ne pourrais plus alors revendiquer de paraître cagoulé sur ma carte d’identité (par allégeance idéologique au sous-commandant Marcos du Chiapas révolutionnaire mexicain), alors que son voisin la France va à l’essentiel et condamne toutes mutilations sexuelles sur son territoire laïque (une séparation nette entre l’Etat et le religieux, pas comme dans un Royaume catholique) infligeant une peine de prison dissuasive à ceux qui ne savent pas lire l’esprit des lumières.
Les religions sont le mal absolu qui a inventé Satan pour faire diversion, comme les gouvernements totalitaristes inventent un ennemi extérieur ou intérieur (génocide). Pourtant mes amis maliens, concepteurs d’enfants, ne sont pas méchants mais bons croyants, au-delà de ce qui a été écrit dans Le Coran, en un déterminisme culturel imbécile où l’homme se croit tourné vers le ciel (le haut) et méprise plus que le bétail les femmes de son ethnie comme étant l’eau (le bas). Pour protéger sa propriété sexuelle, il faut lui enlever sa source de plaisir sexuel en lui coupant son clitoris pour qu’elle ne soit pas tentée de fréquenter des autres hommes, ce qui serait normal.
Nous, nous pouvons penser l’exact contraire : que l’homme qui est en bas dans sa vanité pourrait s’élever en quittant sa domination animale sur ses femelles et en vénérant la terre-mère de type chtonien comme ce qui est en haut, ni une vierge, ni une sorcière mais la source biologique de la vie que les hommes jalousent peut-être de façon inconsciente ; seuls les prêtres[4] expriment clairement leur haine de l’élément féminin…et FREUD, bien sûr.
La seconde conscience ou le non su de JUNG
JUNG postule donc qu’entre le moi conscient et l’inconscient, il y aurait une énergie circulante et non des tranches saucissonnées, soit des choses perçues mais non intellectualisées qui seraient le subconscient ou le surconscient (non pas une transcendance divine mais une dimension humaine). Si nous comparons les théories des grands psychologues de cette époque d’après-guerre, nous trouvons des recoupements avec des termes différents : JANET [5]place la conscience logique et intellectuelle dans l’hémisphère cérébral gauche et l’intuition, la créativité et la surconscience dans l’hémisphère droit plus à l’écoute du corps et des émotions mais sans mot pour s’exprimer dans la partie gauche accréditée comme savante. Cette partie que JUNG appelle l’ANIMA féminine pourrait être ce non su, ce non conceptualisé mais aussi non refoulé, comme la théorie de FREUD, dans un inconscient abyssal.
Un koan zen l’explique bien : « Comment voulez-vous décrire le goût d’un fruit exotique à quelqu’un que ne l’a jamais goûté ? ». C’est bien là la difficulté de parler de cette seconde conscience plus vraie mais n’employant pas les mêmes voies d’expression que l’intellect, alors que celui-ci peut être si menteur sans que nous n’en prenions conscience. C’est pourquoi, la pleine conscience réfléchie (awareness), du genre méditation zen, où nous pouvons méditer par exemple une heure sur une phrase de sage pour en goûter les symboles, va nous enseigner un autre type de connaissance que nous pourrons comprendre mais que nous ne pourrons expliquer.

Conclure brièvement avec les racines de la conscience
L’arbre est le symbole alchimiste de la vie et des quatre éléments : les racines enfoncées dans la terre et nourrie par l’eau qui solubilise les éléments nutritifs et le feuillage tendu vers le ciel échangeant par la respiration son oxygène et par la photosynthèse, grâce au feu du soleil, le carbone. C’est l’union des opposés, comme Hermès le dit dans la Table d’émeraude : « Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » et entre la terre-eau-mère et le soleil, il y a le tronc de l’arbre semblable à un lingam dressé comme un trait d’union entre les couples d’opposés (terre et eau femelles, air et feu mâles), la SYZGIE (Jung) où l’un n’est jamais séparé de l’autre, qui est son contraire et son complément.
Les gens frustres pensent que le mal et le bien sont séparés et NIETZSCHE[6] nous invite à penser par delà le bien et le mal. Par exemple, la mère donne la vie, nourrit et élève son enfant mais peut aussi tuer cet enfant physiquement ou plus souvent psychiquement si elle n’a pas un garde-fou (garde-folle) qui est l’homme du couple. Celui-ci cependant ne trouve plus sa place, refusant la violence en l’amalgamant à l’autorité, il se coupe ses gonades sans le savoir, sans le vouloir. Rêvons d’une humanité, où les femmes ne se languissent pas des mâles de jadis et où les mâles d’autres ethnies ne se vengent pas de leurs femmes en « coupant » leurs petites filles. Rêvons d’une humanité où le conflit inévitable serait admis mais géré grâce à une meilleure connaissance de nos mécanismes inconscients et à une élévation de nos esprits humains, que l’on soit de n’importe quel sexe, car nous sommes tous avant tout des êtres humains. Rêvons d’une société qui soit gérée par les femmes et non les hommes car celles-ci sont plus proches de la vie et donc plus distantes de la guerre.
Jean-Marie LANGE,
8 mai 2010.
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[1] ORWELL George, Ecrits politiques (1928-1949), Paris, Agone, 2009.

[2] « Lorsque j’abordais la constitution de l’identité homosexuelle, ou les modalités de la relation œdipienne, la connexion entre traumatisme infantile » et perturbation de la libido, la nécessité du passage de la zone clitoridienne à la zone vaginale pour rendre possible une sexualité féminine digne de ce nom, la résistance au discours psychanalytique comme signe de la nécessité de s’allonger sur un divan (…) je savais qu’il existait dans cette pensée un genre de sorcellerie à manier avec d’infinies précautions. La possibilité de devenir thérapeute, donc magicien, donc gourou, me gelait : on nous demandait d’enseigner une matière éminemment combustible auprès d’âmes inflammables. » ONFRAY Michel, Le crépuscule d’une idole, l’affabulation freudienne, Paris, Grasset, 2010, p.27.
Lorsque j’ai rédigé mon ouvrage « Une introduction à la psychologie relationnelle », L’Harmattan, 2005, j’ai, comme Michel ONFRAY, suivi mon programme, mais oublié lors de cette vulgarisation, à un moment, mon esprit critique et j’ai sottement écrit un chapitre à propos de l’homosexualité basé sur les travaux de FREUD et de DOLTO que je regrette aujourd’hui, ce sont hélas les aléas de la chose écrite.
[3] JUNG Carl Gustav : « Le subconscient désigne soit ce qui est « sous la conscience », soit un « bas » de la conscience, une conscience inférieure, c’est-à-dire une conscience secondaire. En même temps l’hypothèse d’un « subconscient » auquel vient immédiatement s’adjoindre un « supraconscient » laisse présager ce qui m’importe particulièrement ici, à savoir l’existence d’un second système psychique existant à côté de la conscience – quelles que soient les propriétés dont nous le soupçonnions – est d’une signification absolument révolutionnaire, étant donné que l’image que nous avons du monde pourrait s’en trouver transformée de fond en comble. Si nous pouvions faire passer dans la conscience du moi, ne serait-ce que les perceptions qui se reproduisent dans un second système psychique, nous obtiendrions la possibilité d’élargissements inouïs de l’image du monde. » Les racines de la conscience, Paris, Le Livre de Poche, 2008, p567.
[4] « Je ne vois pas contre quoi pouvait être dirigé le soulèvement dont Jésus est tenu, à raison ou à tort, pour l’instigateur, si ce n’était un soulèvement contre l’Eglise(…) contre la hiérarchie de la société – non contre sa corruption, mais contre la caste, le privilège, l’ordre, la formule ; c’était l’incroyance en ces « hommes supérieurs », le « non » proclamé contre tout ce qui était prêtre ou théologien. » NIETZSCHE F., L’Antéchrist, Paris, Folio/Essais, 2008, p.40.

[5] « La plupart des sentiments anormaux exprimés par les malades ne sont intelligibles qui si on suppose dans leur esprit une comparaison entre l’état actuel de maladie et un état de santé antérieur. Les sujets vous disent sans cesse qu’ils descendent, qu’ils ont perdu leur force, leur intelligence, leur personne : il faut donc admettre qu’ils aient été plus haut, qu’ils aient eu à un moment donné une autre force, une autre intelligence, une autre personne. » JANET Pierre, Les obsessions et la psychasthénie, tome 1, Paris, L’Harmattan, 2006, p.439.
[6] « Prêcher la chasteté est une incitation publique à la contre-nature. Mépriser la vie sexuelle, la souiller par la notion d’ »impureté », tel est le vrai péché contre l’esprit saint de la vie. » NIETZSCHE Friedrich, L’Antéchrist suivi de Ecce Homo, Paris, Folio/Essais, 2008, p.89.

jeudi 22 avril 2010

GROUPE D’AUTOFORMATION PSYCHOSOCIALE
Association pour le développement de l’autonomie et de la participation sociale
Siège social : 40, rue Saint-Lô, BE 5060 FALISOLLE,
Président Patrick LECEUX 0496/627678 patrick.leceux@mac.com
Coordination pédagogique Jean-Marie LANGE: gap.belgique@skynet.be ;
Groupe d'Autoformation Psychosociale : Formations des adultes et actions humanitaires.
L'association de formation des cadres GAP est une asbl spécialisée en management associatif et en prévention des conflits de groupe. Elle se veut résolument sans but lucratif; aussi, lorsqu'elle dégage un quelconque bénéfice, elle conçoit le projet d'une aide humanitaire technique et ciblée au Tiers Monde. Hier, il s'agissait de formations d'animateurs ruraux et d'animateurs de gestion au Mali et aujourd'hui, c'est l'aide à des associations locales à MAKAMBA au sud Burundi. Notre association n'est pas subsidiée par la coopération au développement de Belgique. Le GAP est un opérateur de terrain qui se réclame de l'application des droits de l'homme et ne se réfère à aucune confession et à aucun parti politique.
Site http://soutien.et.autonomie.free.fr Blog : http://gap-belgique.blogspot.com;
La Dynamique des Groupes (DG) pour une démocratie authentique
« Le problème de la pensée complexe est dès lors de penser ensemble, sans incohérence, deux idées pourtant contraires. Ce n’est possible que si l’on trouve, a) le méta-point de vue qui relativise la contradiction, b) l’inscription dans une boucle qui rende productive l’association des notions antagonistes devenues complémentaires. Ainsi pouvons-nous voir se dessiner un principe de pensée dans la transformation d’une disjonction ou alternative, irréductible sur le terrain de la pensée simplifiante, en liaison ou unité complexe. »[1] (MORIN E.)
La Dynamique des groupes restreints (20-21 personnes) a été étudiée par Kurt LEWIN dans une école d’éducateur à Bethel dans l’Etat du Maine (E-U). En 1947, LEWIN décède, ses successeurs reprennent ses travaux pour les relations d’équipe dans l’industrie et l’enseignement perd ainsi une magnifique ouverture vers une pédagogie participative. Notons pour information que LEWIN a été en 14-18 élève de l’école allemande de la GESTALT (psychologie de la forme) mais qu’aux Etats-Unis, la GESTALT en elle-même deviendra avec Friesz PERLS la gestalt-thérapie centrée sur la personne et son agressivité avec le groupe comme caisse de résonance alors que la DG travaille avec des acteurs impliqués dans un groupe dans l’ici et maintenant, ce qui n’est guère la même chose. Margaret MEAD, lors de l’effort de guerre pour le débarquement, commandera à LEWIN pour le compte des Etats-Unis une étude sur les habitudes alimentaires des ménagères, le problème étant que les bas morceaux du bœuf ne sont pas utilisés et donc qu’il existe un gaspillage des ressources qui seraient plus utiles dans l’effort d’armement.
LEWIN constitue deux groupes de ménagères, un groupe témoin (effet placebo) qui est matraqué de publicités patriotiques pour que ces ménagères utilisent aussi les bas-morceaux du bœuf (sur le moment, c’est OK, puis les habitudes reviennent) et un autre groupe à qui on ne dit pas ce qu’il faut faire mais que l’on intéresse à réfléchir au problème. Contrairement à la rumeur disant les citoyens un peu cons, il n’en est rien et les ménagères arrivent d’elles-mêmes aux conclusions logiques et rationnelles et proposent en plus des recettes pour convaincre les autres d’accommoder les bas-morceaux. Lorsqu’une équipe d’évaluation vient questionner les protagonistes six mois après, on constate que le groupe « publicité » est retourné à ses anciennes habitudes alors que le groupe « cobaye » continue à appliquer les comportements qu’il a lui-même trouvé. Ce fut une des premières lois fondamentales de la DG : « ON SOUTIENT LES PROJETS QUE L’ON A AIDE A CRÉER ! ».
Dans les écoles, les formateurs sont revenus à des exposés ex-cathedra avec le vernis des power-Points, dans les grosses entreprises, on utilise la DG pour aider à la motivation et convaincre ; dans le secteur de manipulation des masses par le média télévisuel, on détourne la DG en son contraire, l’individualisme par les shows de TV réalité comme KOH-LANTA(TF1) : « Il ne restera qu’un seul survivant ! ».
Nous avons alors avec le jeu télévisé une utilisation pour inverser le processus et montrer comme une normalité que l’homme est un loup pour l’homme, alors que la DG initiale, en passant par trois étapes dialectiques nécessaires, arrive à faire que les résultats d’un groupe sont supérieurs à la simple addition de ses parties.
On savait déjà en observant des groupes de rats que dans tout groupe il y a toujours les fonctions de leadership et de bouc-émissaire (pour détourner les mécontentements sur une tête de turc ou de kurde) et que, si par exemple dans un lot, on enlève ces deux joueurs de rôle, il va en émerger deux autres et ainsi de suite. Ce mécanisme élémentaire de groupe n’est plus de mise dans le contexte des relations humaines où selon les feed-back (rétroaction), nous pouvons avoir des réponses multiples et complexes.
Premier moment : l’UNIVERSALITE
Dans les premiers moments, d’un nouveau groupe, les gens sont un peu effrayés, ils perçoivent vaguement les autres formant un groupe hostile et montrent leur côté poli et bien élevé avec force sourire forcé, en se « regardant en chiens de faïence », sans se voir et en parlant pour éviter tout conflit à la troisième personne, (« il y en a ici qui ont dit… ! »).. Pas de tension apparente, donc pas de conflit.
Les gens ont horreur du conflit parce qu’ils assimilent cet état avec la violence et font donc tout ce qu’ils peuvent (y compris la soumission à l’autorité) pour fuir toute situation porteuse d’un conflit.
Pour dégeler l’atmosphère angélique, le formateur-animateur peut créer deux sous-groupes et les mettre en compétition (les jaunes et les rouges par exemple) ; aussitôt, la dynamique change et l’esprit de clocher se forge contre l’adversaire, l’ennemi. Ce que nous montre l’histoire du XX° (et les autres siècles) dans les macrocosmes trop souvent en guerre, dans la scission du sentiment amour-haine. Pourtant, ce qui fait tourner le monde, nous dit en substance HERACLITE, c’est le conflit (et non les boucheries de nos guerres modernes dites chirurgicales).
Deuxième moment : la PARTICULARITE
Lors d’un conflit interpersonnel, nous sommes toujours le bon/la bonne ou la victime et il en va de même en groupe, notre combativité est stimulée par l’hostilité que nous ressentons prétendument venant des autres. Pour empêcher cette agressivité de se dégrader en violence, le formateur va arrêter la montée en conflit et prôner la réconciliation en proposant des activités en grand groupe mais les affinités déjà établies resteront. Notons que lorsque deux amies ou un couple commencent ensemble une DG, ils forment déjà en soi un sous-groupe de repli et auront peu de chance d’apprendre sur les mécanismes du groupe. Notons également qu’une dynamique de groupe se vit dans l’ici et maintenant et il est peu conseillé de débuter les travaux avec par exemple une demi-journée de retard qui ne sera jamais comblée.
Comment est-il pensable de croire qu’un sous-groupe est bon et que l’autre , parce que culturellement différent, est mauvais (comme les réseaux scolaires par exemple) ? Il y a des bons et des stupides dans chaque groupe, sauf peut-être dans celui des élus de Dieu, choisis arbitrairement parmi l’ensemble des peuples de la terre. La recette pour faire une guerre permettant de camoufler une mauvaise gestion étatique par exemple est de monter l’opinion publique contre les voisins désignés ennemis (Les Wallons, les Maghrébins ?). Bien sûr, nous vivons à notre époque des provocations intolérables de la part des musulmans fondamentalistes qui sont nos hôtes, bien sûr les occidentaux ne perpétuent jamais d’attentat suicide aveugle dans les pays arabes, bien sûr imposer des rites barbares comme l’excision ou l’infibulation des petites filles est contraire aux droits de l’homme. Le foulard HIDJAB est un signe religieux qui ne doit pas devenir ostentatoire dans les services publics ouverts à tous ou chez nos représentants politiques qui représentent l’ensemble de la population et non la minorité marocaine infiltrée dans nos partis politiques MAIS je fais l’hypothèse que ces fanatiques religieux que l’on met en exergue sur la chaîne TV Al DJESIRA (pro-Al Quaida) ne sont nullement représentatifs de la grande majorité des musulmans pieux dont les coutumes traditionnelles ne sont pas dans l’irrespect des autres coutumes mais au contraire dans l’accueil bienveillant de l’étranger de passage. Je suis choqué lorsque l’on amalgame sans nuance les musulmans aux Talibans (résolument contre l’instruction des filles en Afghanistan).
Dans nos propres religions aliénantes, il y a eu aussi la barbarie de l’Inquisition contre les hérétiques, la Saint Barthélemy, les excommunications des mécréants, les croisades colonisatrices économiques et la mal-vie infiltrée dans les esprits par la pourriture de la culpabilisation instillée dans les confessionnaux. Donc, le musulman peu cultivé qui va dire « saleté de catholiques » et qui a une photo de Ben Laden dans son salon englobe une majorité d’honnêtes hommes et femmes dans les outrances de tous les clergés confondus se mêlant des affaires temporelles au lieu d’élévation spirituelle. L’idéal civilisationnel tout simple serait de respecter les croyances et non croyances de chacun plutôt que de vouloir le tuer parce qu’il ne pense pas comme nous ! Pour cela, il faudrait une école unique et neutre qui transmette à tous les enfants des connaissances et aussi une information la plus neutre possible sur les différents choix de conscience. Quel gouvernement laïque se vantant de la séparation de l’Etat et de la religion oserait interdire les écoles catholiques et les écoles coraniques pour que de jeunes enfants ne soient plus influencés à l’âge tendre sans connaissance des alternatives ?
Pour revenir au microcosme de la DG, le formateur, pour permettre aux individus de s’exprimer au-delà de l’éloquence des leaders qui s’imposent par la force de leur caractère, va lancer des mises en situation appelées jeu de rôle où l’on peut ainsi analyser tous une situation produite dans l’ici et maintenant sans s’embrouiller avec nos représentations du passé. Par exemple, à l’aide des petites maisons jouets, une équipe réunifiée est amenée à construire un village.
Il s’agit-là d’une surface de projection : par exemple, le jovial rassembleur (un rôle personnel construit ?) s’empare du café et le place au centre, l’introverti préfère une chaumière un peu à l’écart dans un bois, la dame rigide préfère des bâtiments carrés et fermés comme la police et la prison, etc. (mes exemples sont des caricatures bien entendu). Notons que, par la suite, il y aura peu d’échange d’affinité entre la gardienne de l’ordre et le barman (car leurs choix impliquent des options de vie ou de survie radicalement différentes) ; autrement dit, un groupe est la résultante de petits groupes d’affinité capables de travailler ensemble mais aussi de se dire les non-dits.
Ce sera là que le formateur va veiller à reformuler en termes de désaccord sans les jugements de valeur ou les expressions verbales de mépris qui assimilent l’autre à ses valeurs ou à ses propos du moment. Par exemple, on ne peut pas dire « tu es vraiment con ! » mais « je te respecte mais je ne suis pas en accord avec ce que tu viens de dire ! » puis argumenter. On découvre aussi que l’on peut travailler correctement en groupe sans pour cela s’aimer. De même, si un des membres du groupe n’est pas d’accord avec la majorité de celui-ci, c’est dommage mais nous ferons quand même le projet, plutôt que de subir la loi caprice du seul membre divergeant (la loi de la brebis égarée).
Dans les leaderships, il y a ceux qui veulent être chef (statut) et dont le rôle de commandant est au fil du temps peu apprécié quand par exemple, ils lancent des idées mais ne cherchent pas à se mobiliser pour les réaliser (beaucoup d’hommes politiques sont de ce type par exemple). Le groupe a une homéostasie régulatrice et va demander aux chefs autoproclamés qu’ils en fassent un peu moins tout en invitant les plus taiseux à enrichir le groupe de leurs réflexions et commentaires. Notons également, dans notre comparaison avec Koh-Lanta que s’il y a des épreuves souvent gagnées par des supers héros, cela va progressivement déplaire au reste du groupe. Dans ce jeu qui prône l’individualisme gagnant basé sur la lutte de « l’homme qui est un loup pour l’homme », il ne s’agit pas de former une équipe qui se dépasse par son organisation mais les membres sont invités à s’éliminer l’un l’autre pour qu’il n’y ait qu’un seul vainqueur. Dans ce jeu télévisuel, non seulement le côté émancipateur n’est pas évoqué mais les plus mauvais côtés des hommes sont exacerbés pour que les plus forts éliminent les plus faibles ou pour que les plus faibles s’unissent pour éliminer les plus forts dans un esprit de concurrence. S’il y a des gens francs et honnêtes (leaders naturels), il y aura des alliances, des coalitions soit pour les éliminer au conseil, soit pour saboter directement leur performance dans les jeux. Comme les jeux du cirque, le but de Koh-Lanta n’est pas de fonder un groupe harmonieux et de favoriser la coopération mais de divertir avec 14 personnes lâchées en mode de survie dans une nature paradisiaque et qui s’aperçoivent que le plus dur n’est pas de trouver de la nourriture mais de concilier les relations humaines.
Mais il existe aussi des leaders naturels qui se soucient des autres et de leurs opinions et qui peuvent eux être élus par consensus par après.
A l’inverse des premiers, ils ne prennent pas trop de place de parole et de décision (moins Moi-Je), ils savent écouter et argumenter tout en ménageant la susceptibilité de leurs compagnons. Notons ici un petit apport théorique : l’animateur est un « rôle », une fonction provisoire, il est le pouvoir délégué du groupe pour une séance tandis que le statut est un titre dans un organigramme. Il peut donc y avoir des directeurs pistonnés qui ont bien un poste statutaire mais pas de pouvoir car pas de savoir-faire en groupe.
Le troisième moment : la SINGULARITE
Les membres ont compris que sans organisation, ce seront toujours les « grandes gueules » pas nécessairement compétentes qui décideront, sans consultation démocratique. Alors, ils s’ORGANISENT avec un animateur (qui peut varier selon les compétences nécessaires), avec des objectifs fixés, une stratégie globale, des tactiques, une gestion du temps et une mémoire collective, c’est-à-dire un secrétariat tournant où les décisions sont actées noir sur blanc (le compte-rendu de réunion) et que chaque membre du groupe s’engage à respecter (le danger étant que, si après ce genre de prise de décision, le leader sauvage fait ce qui lui plaît en court-circuitant le travail d’élaboration du groupe, celui-ci va redevenir suiveur et amorphe par crainte des conflits).
En ce qui concerne les modes de prise de décision, le consensus de tous est un idéal mais il est difficile à obtenir. Le vote à la majorité simple est plus pratique mais aussi manipulable.
Par exemple, pour prendre dans mon background personnel, j’ai travaillé 8 ans pour Amnesty International ; lors d’une Assemblée Générale (AG) à 18h un jour à Namur, la réunion était mal conduite et à minuit, les décisions n’étaient toujours pas prises si bien que les gens s’en allaient fatigués. Ce fut lorsqu’il ne resta plus qu’une poignée de personnes que les prises de décision furent proposées et votées excluant ainsi la minorité que je représentais. Cela n’est pas de l’animation mais de la manipulation politique qui ne prend pas en compte le long terme et qui se prive ainsi d’une importante partie de la force du groupe. Le vote démocratique lui aussi peut faire des mécontents d’où l’importance de la cohérence, c'est-à-dire que les personnes qui se sont engagées dans une tâche et qui figurent avec leur nom dans le compte-rendu, réalisent bien la tâche promise. Un groupe, c’est un peu comme une chaîne, si un maillon n’est pas fiable, il n’y a plus de chaîne, plus de groupe d’où la nécessité d’exclure le membre immature qui récidive dans son défaut de responsabilité. Un groupe dans la SINGULARITE est authentique (on ne s’aime pas tous) et efficace (on peut compter sur tous), ce modèle de microcosme pourrait aisément se transposer aux autres microcosmes communaux.
Le néolibéralisme cependant a lui aussi compris le système et fait vivre à ses équipes de travailleurs des évènements fondateurs (rafting, sauts à l’élastique, team-building, etc.) pour son objectif de rendement (une équipe de vétérans qui ont un passé commun où ils en ont bavé ensemble).
Dans une formation en DG, la finalité est de conscientiser la nécessité d’élaborer des règles, les accepter scrupuleusement, les tester, puis les remettre en question avec des arguments objectifs pour améliorer le fonctionnement démocratique. Ainsi, lorsqu’un groupe prend forme, on conseille à la personne qui a la tâche d’animateur d’être souple sur le fond et ferme sur les règles. Ce sont de règles éprouvées de la dynamique des groupes (de Pékin à New-York) que je relaie après avoir enseigné celles-ci à l’université de Liège pendant cinq ans.
Remplacer le principe d’un chef autocratique par un conseil de prises de décision,, après l’Allemagne nazie que Kurt LEWIN avait fuie, c’était aussi un engagement social qui fut à la base des statuts de notre association de formation et d’aide aux tiers-monde (le GAP).
On va demander à celui qui gère l’animation du groupe de toujours respecter les trois principes de base de l’animation :
· DIRECTION : ne pas s’éloigner de l’objectif, de l’ordre du jour, ne pas confondre le moyen stratégique (four, moulin,…) avec la finalité ;
· FACILITATION : reformuler les idées de chacun de façon synthétique, réexpliquer une intervention trop longue ou touffue, faire des petites synthèses, gérer le temps et veiller à des prises de décisions avec des responsabilités personnalisées ;
· REGULATION : ne pas laisser monopoliser la parole par les plus verbeux ou ceux qui veulent diriger (parfois de façon inconsciente), donner la parole aux plus taiseux, vérifier s’il y a quelqu’un qui assume la fonction de secrétaire et donc ne pas laisser déraper le groupe dans de l’émotif ou le « pinaillage » sur des détails non significatifs.
Pour synthétiser : tout groupe en formation se pose la première question structurelle : « qui anime ? » puis « qui prend note ? » et avant de commencer la réunion que tous approuvent, les comptes-rendus antérieurs (il suffit de les lire) car sinon cela revient à une réunion du café du commerce où tous parlent sans s’écouter et personne ne fait rien, car il n’y a pas de conducteur de la réunion.
Notons enfin que tout groupe est comme un être vivant qui naît, se développe puis dégénère et il vaut mieux parfois saborder une structure ancienne qui est retombée dans la particularité, s’userait en conflits interpersonnels qu’essayer une quelconque réforme avec un contentieux. En clair, on ferme la structure moribonde et on en rouvre une nouvelle à côté, qui par exemple réaffirme les statuts initiaux, pour ne pas s’épuiser en querelles personnelles et stériles.
Un groupe se donne toujours des règles, l’important de cette approche DG est de transformer les règles implicites en règles explicites. Je commence souvent mes formations en DG par un jeu de rôle de mon collègue Robert DELHEZ. Il s’agit pour un groupe de six personnes de choisir sans méthode (puisque la formation commence) un nouveau directeur pour une maison de jeunes, chacun des six acteurs a le dossier des candidats et doit choisir en groupe et en vingt minutes. Un seul des acteurs a une consigne secrète : « Vous devez faire engager le candidat X ! », c’est-à-dire que, contrairement aux autres et aux observateurs, il a un projet froid et non la candide croyance partagée que tous sont des anges. Après le jeu, je demande aux acteurs et aux observateurs si le choix du candidat X leur paraît démocratique et après leurs acquiescements, je demande à mon « homme de paille » de lire à haute voix ses instructions secrètes avant d’ouvrir le débat. C’est pour cette raison que chaque fois que, dans un groupe, on nous dit pas de règle entre nous, je m’en vais car je n’ai pas de temps de vie à perdre en une pseudo-démocratie comme celle des partis politiques où des pré-réunions décisionnelles ont lieu avant l’AG. Pas de règle, signifie pas de règle explicite !
Dynamique des groupes et histoires de vie
La dynamique des groupes peut être utilisée aussi bien avec une finalité pédagogique avec les MEA (Méthodes d’Education Active) et les jeux de rôle permettant de renouer avec un gai savoir que dans une finalité thérapeutique car les tensions qui surgissent entre participants et sous-groupes sont des signaux de conflits informulés comme par exemple la maladie mentale. Pour cette finalité, on utilisera comme tactique plutôt le psychodrame qui travaille sur les émotions que le jeu de rôle qui travaille sur des processus. Le fondateur de la psychothérapie de groupe, Jacob Lévi MORENO (1889-1974), s’inspire de la catharsis développée par Aristote, une prise de conscience et une “purification” de la psyché.
Les formations en histoires de vie se situent aux confluents de ces deux sources, en permettant la libération des sentiments inhibés (pas le refoulé qui est l’objet de la psychanalyse) et en poursuivant la catharsis par une coéducation responsable aux interactions sociales, une finalité d’épanouissement personnel et d’émancipation sociale. Il s’agit d’une méthodologie douce qui repose sur la réappropriation de l’expression authentique des acteurs, un recadrage de la perception d’autrui et de la relation interpersonnelle, soit un travail d’accession à un “moi” plus sincère et plus profond.
L’écho positif des autres membres du groupe aide la personne en développement à se sentir moins seule dans sa souffrance psychique et/ou sociale, elle prend conscience que les autres aussi ont leurs problèmes et que les aliénations peuvent être dépassées.
Le rôle de l’apprentissage est important pour l’expérience consciente. Notre cerveau n’est pas un ordinateur mécanique mais possède une plasticité adaptative qui nous permet, par l’apprentissage, d’anticiper les conséquences de nos actes et donc de moduler nos réponses face à un environnement de groupe dynamique et mouvant. L’apprentissage par intégration de nouvelles perspectives (le conflit sociocognitif) modifie le poids de nos représentations dans notre conscience subjective et à l’autre bout du système mental, la prise de conscience amplifie les représentations importantes pour le contrôle souple de l’action ici et maintenant. La parole est nécessaire pour notre socialisation mais plus encore l’est l’action; c’est par l’agir que nous construisons notre perception du monde mais aussi notre monde. Le cortex permet le traitement des conflits en intégrant le contrôle moteur, le traitement cognitif et les questions affectives pour réaliser le meilleur choix d’action malgré les déterminismes, c’est-à-dire l’influence des facteurs socioculturels sur le raisonnement. Nos yeux et notre corps réagissent plus vite que notre esprit qui est toujours un peu décalé par rapport au stimulus; la pensée est une conscience interprétative ayant au préalable obtenu un consensus de diverses régions du cerveau dans un “espace de travail neural”, sorte de coordination. A ce système, il est nécessaire de coupler l’empreinte anthropologique et culturelle qui nous pousse à un fonctionnement à la croyance, à l’adaptation et à la répétition des comportements appris par l’observation directe de nos proches.
Cette catharsis est un soulagement en soi mais doit se poursuivre par une analyse de/en groupe qui va “recontextualiser” la problématique. Il y a utilisation de la double compétence cérébrale : l’émotion et l’intellectualisation (Yin & Yang). Ce travail sur le passé recomposé peut se poursuivre avec la généalogie, une recherche sur les spécificités de nos ancêtres, c’est la spécialisation d’une élève française de MORENO : Anne ANCELIN-SCHÜTZENBERGER avec la création de son outil, le génosociogramme. Il ne s’agit pas de trucs et ficelles technocratiques comme dans la PNL (Programmation Neuro-Linguistique); intervenir dans une formation en dynamique de groupe et en histoires de vie demande une formation de plusieurs années même pour les enseignants professionnels et les formateurs aguerris, il faut du doigté pour installer une ambiance sécurisante.
Un travail essentiel et primordial du formateur est d’induire des normes de tolérance et de non jugement de valeur. Lorsque, après un exercice structuré ou un jeu de rôle, la personne entend les analyses du groupe qui à l’inverse de nos mauvaises habitudes de la vie quotidienne ne sont pas faites de piques, de mesquineries et autres méchancetés verbales et non verbales (sourire moqueur, dédain, désapprobation, déni,...), des analyses de groupe faites de remarques ouvertes et positives, visant réellement un but constructif pour la personne, elle peut alors sortir du cercle vicieux du “faire semblant” et être - elle aussi - plus chaleureuse et plus libre.
Le groupe est plus intense qu’une confession en psychanalyse, la relation parlée, sentie et agie en groupe est une expérience émotionnelle forte car comme le dit Kurt LEWIN “le groupe est une addition supérieure à la somme arithmétique de ses parties”. Les gens ayant participé à des interactions relationnelles bien conduites sortent de l’expérience avec une meilleure façon de communiquer, une plus grande compréhension réciproque et un sentiment partagé, celui d’avoir vécu ensemble une vraie rencontre humaine.
Les cinq premières minutes de contact dans un groupe naissant sont importantes car des normes vont s'installer et le formateur va chercher à induire dès le départ un climat de confiance pour endiguer la peur de l'autre en groupe.







Par opposition au T-GROUP assez violent de l'époque de LEWIN [2], le formateur d'aujourd'hui par son attitude empathique invite le groupe à un fonctionnement tolérant. Il faut que les participants se sentent en confiance, soutenus et protégés par l'intervenant. On peut faire l'analogie entre un groupe naissant et un enfant qui a besoin de recevoir de la chaleur humaine, d'être regardé et reconnu pour pouvoir s'épanouir. L'acceptation inconditionnelle de l'autre, la congruence et l'empathie définies par Carl ROGERS sont des attitudes non verbales indispensables pour qu'il y ait communication d'abord en groupe (des individus juxtaposés) puis "de" groupe (des acteurs en interaction).
Dans une première partie de sensibilisation à la dynamique des groupes, le formateur anime et propose des actions et jeux de rôle mais si un échange sonne faux, l'animateur n'hésitera pas à utiliser son droit de veto pour arrêter la comédie. En effet, paradoxalement entrer dans un jeu de rôle demande à la fois de renouer avec son enfant intérieur et de "jouer sérieusement". Par exemple, un protagoniste qui - en se servant du jeu - se moquerait de ses partenaires, cela n'est pas tolérable.
En principe, un jeu de rôle est une mise en situation qui, après 15-20 minutes de jeu, permettra aux participants de pointer diverses observations (avec grilles fermées ou "attention flottante") à propos de ce vécu commun en groupe dans l'ici et maintenant. L'animateur conseille aux acteurs de ne pas intervenir dans un premier temps pour éviter les autojustifications oiseuses mais il n'oubliera pas dans un deuxième temps de les inviter à exprimer leur ressenti. Notons toutefois qu’il peut y avoir des dérapages, notamment une stagnation émotionnelle d’un “groupe fusionnel”, que Didier ANZIEU [3] appelle “l’illusion groupale”, où il est difficile de se quitter pour retrouver le monde de l’en-dehors du groupe. Ce phénomène est bien sûr largement exploité par les dérives sectaires...ou simplement religieuses.
Canevas structurel pour la dynamique des groupes
Pour éviter qu'un travail en groupe devienne une foire d'empoigne, il est courant en dynamique des groupes (DG) de poser en préalable quelques normes de fonctionnement pour faciliter les échanges; des petites règles formant un contrat tacite sont énoncées par le formateur:
· Présences régulières : dans un groupe qui se constitue, une seule personne absente va bouleverser l'ensemble des rapports implicites établis dans le groupe. De plus, comme on travaille sur du vécu, il est difficile de vraiment expliquer lors de son retour à l'absent ce qu'il a raté dans la dynamique,
le groupe a avancé dans son expérience spécifique et l'absent occasionnel va ressentir un manque, un décalage tout le reste de la session. C'est pourquoi, il est demandé d'être ponctuel et régulier : si, par exemple, il s'agit d'un module de quatre jours, il faut que celui qui s'y engage respecte son contrat et les autres sans faille.
· Authenticité et dire le non-dit : dans l'ici et maintenant du groupe avec des messages personnalisés, c'est-à-dire c'est JE qui s'adresse à TU sans avoir recours au "ON" impersonnel. Pour rester soi-même et exprimer librement son ressenti, il est cependant nécessaire de "mettre des gants" lorsque l'on s'adresse à l'autre. Si l'on ressent une émotion hostile, cela n'apporte rien à personne (même pas au sujet) d'insulter son interlocuteur et de laisser éclater sa colère. Nous-mêmes, lorsque l'on nous crie dessus, nous nous renfermons dans notre coquille (la cuirasse caractérielle de Wilhem REICH) et il n'y a plus de communication. Donc, sans nier le conflit ou les contentieux antérieurs inhérents à tous les rapports humains, il est nécessaire d'exprimer son désaccord avec des termes acceptables pour la susceptibilité de l'autre, un respect réciproque qui implique une auto-maîtrise de nos émotions.
· Communication de groupe et non "en groupe" : nous avons l'habitude de la communication interpersonnelle mais peu de pratique de la communication groupale. Lorsque par exemple, on regarde un film de Woody ALLEN où cinq personnes discutent ensemble, on s'aperçoit qu'il s'agit en fait de cinq monologues juxtaposés et chacun poursuit son récit sans se donner la peine d'écouter ceux des autres. En DG, il est bon de proscrire les apartés que l'on pourrait faire à un voisin lorsqu'un membre du groupe s'adresse à tous. Il est bon de délivrer notre message au groupe en regardant les autres et non nos pieds ou nos notes. Il est bon d'être attentif à ce que l'autre dit au point d'être capable de reformuler les principales idées qu'il a émises.
Règle de discrétion : cela concerne tout ce qui peut être dit de personnel dans le groupe et qui ne doit pas sortir du groupe. Il faut que les participants se sentent en sécurité sans déni (les apartés), sans moquerie ou ironie et sans risque que ce qu'ils confieraient en séance, quelqu'un de l'extérieur par après puisse en faire état contre l'un d'entre eux. Le climat convivial/sympa – s'identifier par les prénoms par exemple est nécessaire pour bousculer les statuts sociaux – n'est pas contradictoire avec une ambiance de travail concentrée.
Règle de restitution : parfois lors d'une pause, on repense au vécu de groupe et il nous vient une idée que l'on exprime à son voisin de tasse de café (il peut s'agir également d'une réflexion d'un entre deux week-ends par exemple). Lors de la reprise du travail, il est utile de rebasculer cette réflexion au groupe dans son entier. Il s'agit d'une mise en commun de nos ressources intellectuelles (l'effet multiplicateur du groupe) et cela évite aussi le fonctionnement en bruits de couloir où l'on dit en catimini et derrière une porte ce qu'il aurait fallu exprimer sans peur du conflit tout haut et à tous.
Règle d'abstention : le formateur est au service du groupe et donc au service de tous; au niveau symbolique inconscient, sa neutralité est nécessaire pour éviter les craintes et fantasmes d'être manipulé par une tendance quelconque à travers lui. L'équipe de formation en général va donc s'abstenir de rencontrer ou de fréquenter des participants "dans la vie courante" pendant la durée du travail.
Règle de non jugement : le formateur a pour finalité de permettre au groupe d'aller le plus loin possible dans sa communication et donc dans une autoformation réciproque de chaque membre du groupe. C'est pourquoi, contrairement au pédagogue, il ne va pas annoncer ses objectifs avant mais plutôt après une action de façon à ce que les participants puissent découvrir par eux-mêmes les mécanismes parfois occultés de la communication. Dans la même perspective, il peut provoquer/choquer le groupe pour susciter des remises en question sur des préjugés, stéréotypes et a priori. Or, notre société étant celle du zapping, il est courant que quelqu'un évalue une situation avant même que celle-ci ne soit complètement terminée. Le formateur n'est pas là pour se justifier constamment ni pour devenir un bouc émissaire commode et donc ses processus andragogiques sont sous sa seule responsabilité. Un temps en fin de formation sera consacré à la critique globale du dispositif par tous.
Autoformation impliquée : notre société technologique abuse du "power point" et jette de la poudre aux yeux dans des formations techniques parfois très chères pour faire au fond ce que l'on a toujours fait pour transmettre des matières : un cours ex-cathedra où une personne "supposée savoir" explique sa science à des sujets passifs et consommateurs (le modèle dominant/dominé néolibéral).

Le formateur Marcel LESNE parle de Mode de Transmission Pédagogique (MTP) et montre que l'exposé magistral que nous avons tous connu à l'école, ce qu'il appelle le MTP1, secrète l'ennui et ne permet pas à la personne de s'approprier un savoir trop désincarné. L'apprenant est réduit à un statut d'objet passif, une outre vide que le maître doit remplir. A cette pédagogie normative de la soumission, il oppose le MTP2 des Méthodes d'Education Active (MEA) où il va y avoir un dispositif analyseur actif (comme par exemple la médiation d'un jeu de rôle) pour créer une situation de vécu commune dans l'ici et maintenant que les participants vont ensemble analyser. Dans cette optique, le formateur est un animateur et l' apprenant a cette fois le statut de sujet s'appropriant ce qu'il juge utile pour lui et pour le fonctionnement ultérieur du groupe par le moyen des interactions. Marcel LESNE identifie enfin le MTP3 où le formateur s'efface pour devenir accompagnateur d'un groupe d'acteurs autonomes qui se passent des béquilles techniques et qui par le débat autorégulé progressent par compromis dans l'élaboration de projets communs. Une session équilibrée d'autoformation psychosociale se sert des trois MTP alternés au début (une praxis) pour se clore sur une pratique de MTP3 qui – en principe – doit se poursuivre en autogestion après le départ de l'équipe intervenante.

Le formateur peut montrer son implication en participant par exemple à la présentation du soi mais, par la suite, il ne prend pas part à l'action qu'il dirige pour rester à un lieu de méta communication d'une part et pour ne pas "manger" trop de place dans le groupe d'autre part. Il est au service du groupe et il serait malséant qu'il passe son temps à y raconter sa vie au fil des sessions. Il va veiller bien entendu à ce que tout le monde puisse s'exprimer et permettre sans obligation à une personne plus taiseuse de sortir de son isolement relatif en servant de caisse de résonance à ce qu'elle perçoit. Il s'agit donc aussi de pouvoir bénéficier de l'expérience des autres et de leurs points de vue spécifiques pour recadrer nos problématiques. A l’aide de différentes mises en situation apportées par le formateur, la dynamique des groupes consiste à se raconter en groupe non pas de façon structurée par le temps (du genre “je suis né le...”) mais en épinglant une préoccupation méthodologique ayant des répercussions sur le présent pour en réécrire la suite par un projet d'échanges de pratiques entre égaux. Il s'agit de provoquer un changement de type II c'est-à-dire de faire sauter les inhibitions et tabous qui bloquent le flux torrentiel de la vie. L'objectif visé est que le sujet retrouve sa particularité/intégrité/authenticité/naturalité, que la pulsion de vie coule à nouveau sans entrave dans une personne en harmonie avec son environnement, ce que Freud a appelé le principe de réalité. La distinction est dans le détachement par rapport aux émotions et aux passions. Regarder les événements que nous vivons sans vibrer avec ou à cause d'eux.
Il m'arrive une tuile, et alors ? Se tracasser fera-t-il avancer la situation ? Vivre en pleine conscience ne veut pas dire que l'on va magiquement ne plus subir des tracas mais seulement les regarder avec une certaine distance, les recadrer et conscientiser que le tracas que nous vivons a telle nature, tel effet sur nous mais qu'il n'est pas nous et qu'il n'est pas la fin du monde.
Les saboteurs d'une animation de groupe
Selon la grille d'observation des rôles en groupe d'après Chris ARGYRIS (traduction et adaptation de Anne ANCELIN SCHÜTZENBERGER), "l'obstructeur » (ou "blocker") entrave la progression du groupe et l'empêche d'avancer par divers moyens : entrave, bloque, fait traîner la discussion, revient sur ce qui a déjà été dit discuté et décidé, coupe les cheveux en quatre, sort continuellement hors champ et fait des remarques hors de propos, non pertinentes ("irrelevant"), n'ayant rien à voir avec la question." Comment un jeune animateur peut-il tenter de s'en sortir et de maintenir son objectif face à un saboteur (conscient ou inconscient) de sa réunion ? Notons qu'il est toujours plus facile de détruire un projet que d'aider à le construire et donc qu'il est facile - par un terrorisme intellectuel de la norme sauvage implicite - de casser une animation et/ou un projet se voulant démocratique et de briser une pensée positive. Par exemple, lorsqu'il s'agit d'une implication lors d'une dynamique des groupes (DG), il suffira à n'importe quel membre immature et peureux de disqualifier l'intervention d'un membre plus courageux et prenant des risques pour briser définitivement le fragile tissu de confiance. Nous faisons exister par nos représentations subjectives un réel qui ne l'était pas mais qui le devient. En effet, l'animateur – même s'il a demandé de ne pas faire des jugements de valeur de façon très explicite (du genre "je n'aime pas ton pull" est inqualifiable) va être détruit par le premier jugeur qui s'adressera à un participant pour l'évaluer. Un groupe, c'est comme une chaîne et c'est le maillon faible qui en détermine la solidité et la possibilité ou non de créer un projet commun ensemble. Imaginons qu'après l'intervention impliquée d'un tel, le destructeur dise tout haut une norme terroriste de son cru du genre "cela ne se fait pas de dire cela !", une allégation totalement gratuite (sans fondement négocié) pour casser l'engagement réciproque et qui va paralyser les prochaines interventions en permettant ainsi au saboteur de ne pas se sentir obligé lui aussi de s'impliquer avec la sincérité de celui qu'il a dénigré.
Le jugement de valeur classique d'un saboteur de réunion est dans la "projection" de ses peurs sur le reste du groupe qu'il dénonce. Par exemple : "je n'aime pas les jeux de rôle parce que ce sont des jugements" (alors que cette méthodologie sociale de la production d'un vécu "ici et maintenant" commun d'une situation dépassionalisée a été fondée justement pour contourner les jugements de valeur qui seront par contre privilégiés dans l'autre versant plus psychologique du psychodrame pour les analyser); ce genre de condamnation sans le constructivisme d'une contre-proposition alternative crédible (en lieu et place de ce que l'on veut détruire) est un facteur terroriste de destruction sans appel de la bonne volonté des autres du groupe au nom de notre peur de risquer de nous dévoiler.
De plus, en milieu scolaire, les sabotages les plus fréquents sont de "faire semblant de jouer le jeu" pour avoir "des points" (une crispation infantile par une minorité qui veut les avantages sans les responsabilités du mode de transmission pédagogique de type II de Marcel LESNE) par l'évaluation continue mais sans pour autant participer à la phase centrale de l'évaluation formative, de l'analyse mentale utilisant les fonctions supérieures de l'esprit pour apporter aux pairs (les autres participants du groupe) ses observations pertinentes. Certains sont tellement de mauvaise foi qu'ils vont - en se cachant derrière une auto absolution aberrante et trop pratique de timidité – ne pas dire un mot/une remarque/une réflexion d'apport à la recherche collective (ils sont là comme des pots uniquement pour être portés présents mais si, dans un autre contexte ils devaient payer assez cher ce type de formation, ils en voudraient alors pour leur argent). Ou pire encore, ils vont participer à un jeu de rôle de façon formaliste puis être dans l'obligation de partir pour l'essentiel de l'analyse alors que leur ressenti de joueur dans le jeu de rôle est incontournable. Lorsque par exemple un étudiant a le courage de se mettre au service du groupe pour une animation ponctuelle et didactique, comment peut-il ne pas devenir un bouc émissaire face à des bloqueurs malhonnêtes (pléonasme) voulant au fond contester son "rôle" démocratique (sans statut) pour peut-être "être Calife à la place du Calife" (le rêve d'IZNOGOUD) par des interventions de sabotage ? Qui alors assumera le leadership du groupe ?
Pour faire face à ce genre d'agression de pure destruction, nous préconisons aux jeunes, lorsqu'ils ont pris le risque positif d'animer un groupe de pair, trois attitudes préalables :
- Se donner un temps de réflexion avant de répondre.
- Demander au détracteur de reformuler sa question pour neutraliser son agressivité de premier jet.
- Ne jamais répondre de façon épidermique avec nos émotions.
Donc lorsque l'interpellation, souvent ad hominem/personnelle, a été reformulée et confirmée par le détracteur (dont, pour mémoire, l'intention implicite est de déstabiliser l'animateur parfois par simple jalousie), l'animateur va être tenté de demander à son agresseur – par une candeur touchante - ce qu'il aurait fait à sa place et donc lui donner ce pouvoir qu'il cherche à acquérir par la terreur. Ou encore il va essayer de se justifier par rapport aux pseudo arguments de son agresseur alors que l'enjeu n'est pas dans une clarification des propos mais dans la volonté de puissance, il tombe alors dans ce que l'on appelle la déviance "ping-pong" où l'animateur dialogue avec son contradicteur en oubliant l'objectif, sa mission de conducteur et l'intérêt général du groupe. Celui-ci va alors se désintéresser de la joute et glisser dans les apartés et être irrité de cette réunion qui se délite.
Les réponses tactiques idéales types de l'animateur seraient de faire écho au groupe de son ressenti et/ou de poser une "question reflet" en demandant au groupe concerné son avis avant de synthétiser la réponse du groupe au détracteur. La dernière hypothèse consiste à demander au groupe un vote de confiance pour son animation ou de confirmer le bien fondé de la critique dont il est l'objet (ce qui est fort rare) et si malgré tout, il était désavoué de partir en laissant au groupe le soin/la responsabilité de trouver en son sein un nouveau leadership…en espérant qu'il ne s'agisse pas du saboteur !
Jean-Marie LANGE, 1° novembre 2005 & 20 avril 2010



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[1] MORIN Edgar, La Méthode. I. La Nature de la Nature, Paris, Points, 1981, p.379.
[2] Quelques repères historiques :
Au début de la deuxième guerre mondiale en 1939, Kurt LEWIN (09.09.1890-12.02.1947) avec deux collègues Ronald LIPPITT et Ralph WHITE réalisent une recherche sur la gestion de groupe sous climats autocratiques, démocratiques, laxistes.
1942 – Carl ROGERS met au point sa thérapie centrée sur le client et son livre pivot "Le développement de la personne" sortira en français chez Dunod en 1965.
1945 – Kurt LEWIN fonde le Research Center for Group Dynamics au MIT (Massachusetts Institute of Technology près de Boston).
1947 – Naissance du Training-group ou T.group (First National Training et les premiers séminaires de sensibilisation aux relations humaines par Kenneth BENNE, Ronald LIPPITT et al, des collaborateurs de LEWIN à Béthel (Etat du Maine, USA).

[3] ANZIEU Didier, Le groupe et l’inconscient, l‘imaginaire groupal, Paris, Dunod, 1981 : “ L’illusion groupale représente une défense collective contre l’angoisse persécutrice commune dans une situation “invivable” et impossible. C'est une défense hypomaniaque. L’euphorie, la fête, que les participants connaissent alors, en est une preuve. La pulsion de mort ayant été “projetée” (sur un bouc émissaire, sur le groupe large, sur les ténèbres extérieures), les participants peuvent jouir d’éprouver entre eux un lien purement libidinal. Du point de vue topique, l’illusion groupale illustre le fonctionnement, dans les groupes, du Moi idéal.”(p. 84)